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  • JE RÊVE D'UNE COMÉDIE...

    sans femmes voilées à la merci des hommes et des guerres, sans bidonvilles, sans enfants soldats ou abandonnés, sans nazis, sans racisme, sans misère, sans religion...

    OK le monde ne va pas bien, mais si même au cinéma je ne suis plus à l'abri, je fais quoi ?

    Heureusement qu'il y a eu la parenthèse MÖBIUS et les bras de Jeannot...

    Je vous parle des films suivants, dès que possible.

     ELEFANTE BLANCO de Pablo Trapero *** Elefante Blanco : affiche

    LORE de Cate Shortland ** Lore : affiche

     ZAYTOUN de Eran Riklis **

    Zaytoun : affiche

     SYNGUÉ SABOUR - PIERRE DE PATIENCE de Atiq Rahimi ***

    Syngué Sabour - Pierre de patience : affiche

  • MÖBIUS de Éric Rochant ***

    Möbius : affiche

    Gregory Lioubov (notre Jeannot) officier des services secrets russes, oui madame, est chargé avec une équipe de bras cassés, de contrôler Rotovsky, puissant homme d'affaires russe, à Monaco. Le même service d'espions "recrute" Alice une tradeuse de haute voltige (responsable du krash financier mondial et tricarde aux Etats-Unis) pour approcher le vilain ruskof. En échange, elle pourra retourner aux States et retrouver son papounet subclaquant. Alice devient donc espionne russe, manipulée par la CIA. Mais chut ! Elle va rencontrer Gregory, rebaptisé Moïse pour l'occasion et ça lui va super bien. Mais c'est interdit de mélanger boulot et vie privée. Cette relation hotissime va compliquer sévèrement le tableau, d'autant qu'Alice ne connaissant pas la véritable indentié de Gregory va tout faire pour le protéger des malfaisants.

    Vous n'y comprenez rien ? Ce n'est pas grave. Jean Dujardin parle russe comme une vache espagnole ? On s'en fiche ! Car ce qui compte ici c'est Jean et Cécile, Alice et Moïse ! Evidemment Rochant, qui aime les espions et les intrigues tarabiscotées où l'on finit par ne plus savoir qui utilise qui et à quelles fins, réussit de bien belles scènes à haute teneur en adrénaline (aaaaaaaah la scène du téléphone). Les jeux de cache cache entre Gregory et son équipe, entre Gregory et Rostovsky qui en pince pour Alice, sont vraiment bien orchestrés. Gregory, obligé de se cacher pour protéger Alice devient finalement la proie de tous. Et Alice persuadée que son Moïse est un écrivain canadien tente elle aussi de ne pas l'exposer et se met en danger ! On tremble pour les deux puisqu'ils travaillent pour la même équipe sans le savoir. Enfin, si j'ai compris.

    C'est bien mais ce n'est pas LE film.

    Je demande pardon à Eric Rochant si son but était de réaliser un film d'espionnage car il a en fait réussi un grand, un beau, un vrai film d'amour. Et j'avoue qu'il y a une éternité que je n'avais vu, vécu une histoire d'amour passionnée aussi belle, réaliste (en dehors du contexte évidemment) et émouvante que celle d'Alice et Gregory. Au fait, je me trompe où Lioubov (le nom de Gregory) veut dire amour ? Et là, on peut dire que le Dujardin se fait offrir un rôle en or massif, très valorisant pour un garçon. Cécile ne cesse en effet de s'extasier sur ses attributs et performances !!! Et notre Jeannot reste là, imperturbable et souriant, B.E.A.U comme jamais.

    J'ai déjà dit à plusieurs reprises à quel point je trouvais les scènes d'amour et/ou de sexe à l'écran ridicules, risibles voire inutiles. Ici, les corps à corps, les peau à peau de Jean/Grégory (magnifique) et Cécile/Alice (sublime) sont vraiment sexys, charnels, sensuels et beaux à regarder. Evidemment Rochant est un garçon, on voit donc en très très très gros plan les très jolies fesses duveteuses de Cécile et pas celles de Jean, mais je pardonne, parce que leur couple est beau, crédible, il fonctionne ! Et c'est un crève-coeur de les voir ainsi courir à la cata !

    La fin mi fougue mi raison me laisse légèrement perplexe mais un couple aussi glamour et touchant, tellement assorti, en osmose... que Jean et Cécile est vraiment mémorable.

    Et ce qu'il reste encore ce sont leurs larmes, un tatouage, un cadeau et les bras de Jean Dujardin...

  • LES CHEVAUX DE DIEU de Nabil Ayouch ***

    Les Chevaux de Dieu : affiche

    Yassine a 10 ans et il est un enfant du bidonville de Casablanca Sidi Moumen. Il passe ses journées comme tous ses copains entre désoeuvrement et parties de foot sur un terrain vague entre deux voies de circulation. Son frère Hamid, un peu plus âgé, veille sur lui et se pose en terreur à coups de chaîne de vélo ! Le soir les enfants rentrent chez eux et retrouvent leur mère, invariablement plantée devant les programmes télé, leur père dépressif et un autre frère plus âgé et autiste. Lorsque Hamid agresse un flic pour épater la galerie, il est évidemment envoyé en prison. A sa sortie deux ans plus tard, sa rencontre avec l'Islam radical l'a métamorphosé. Il tente de convaincre son frère et ses amis de rejoindre "les frères". D'abord réticents, à la suite d'un drame accidentel Yassine et son ami finissent par céder. Ils rencontrent l'Imam Abou Zoubeir qui les amènera à accomplir le jihâd, les préparera et leur annoncera un jour qu'ils sont les heureux élus pour aller se faire exploser dans différents endroits de Casablanca.

    Ce film relate le cheminement qui a poussé de jeunes kamikazes marocains à accomplir dans la soirée du 16 mai 2003 une série d'attentats meurtriers à Casablanca. Bilan : 11 morts, une centaine de blessés et la stupeur des marocains qui s'attendaient à ce que ces terroristes soient des hommes surentraînés venus d'Afghanistan. Il n'en est rien et Nabil Ayouch s'applique dans la première partie à nous faire partager le quotidien de ces enfants certes destinés à la délinquance mais sans doute pas à se sacrifier en devenant des meurtriers ! Il ne cherche pas à excuser ces actes mais au contraire à dénoncer les méthodes des barbus dont le discours, le charisme et les promesses ne peuvent que séduire ces jeunes gens faibles, analphabètes, oubliés de tous dans des conditions de vie inommables. Ce qui leur est promis n'est ni plus ni moins que le paradis pour l'éternité entourés de jeunes vierges disponibles ! Honte et ignominie sur ces types manipulateurs qui envoient des gamins au sacrifice.

    La première partie s'attarde donc sur la vie de quatre enfants dans le bidonville sordide. Un dédale de ruelles crasseuses où l'intimité n'est pas permise. On peut se parler d'une habitation à l'autre sans sortir de chez soi. Mais comme ces gamins n'ont jamais rien connu d'autre que la promiscuité, les immondices et les parties de foot furieuses, l'insulte toujours au bord des lèvres, ils s'en accomodent. Les enfants s'adaptent à tout, c'est impressionnant. Plus tard, leur quotidien de désoeuvrement se partage entre des petits boulots rackettés (vendeur d'oranges !), des trafics, des deals, de la drogue, de l'alcool. Et la violence toujours proche et menaçante comme seul rempart à la misère. Sinistre, effrayant, douloureux. Ils ne sortiront finalement qu'une fois de leur bidonville pour découvrir la ville si proche et pourtant un autre univers, et mourir.

    La seconde partie est consacrée à l'endoctrinement. Un véritable lavage de cerveaux tout en douceur. Paradoxalement, les petits caïds deviennent doux et dociles alors qu'ils s'apprêtent à commettre l'irréparable. Hélas, si certains doutent ou ont brusquement peur de mourir et renoncent en s'enfuyant au dernier moment, plus rien n'arrête certains qui accomplissent leur abominable mission au nom de Dieu... Glaçant.

  • GOOD BYE MOROCCO de Nadir Moknèche ***

    Goodbye Morocco : affiche

    Responsables d'un chantier pour la construction d'un complexe immobilier à Tanger, Dounia et son amant, un architecte serbe, découvrent des fresques de tombes chrétiennes datant du IVème siècle. Consciente de la valeur de ce butin, Dounia entend bien en tirer un maximum. Le magot escompté doit lui permettre de quitter le pays avec son amant après avoir récupéré son fils que son ex-mari ne lui permet de voir qu'à doses homéopathiques. Les choses se compliquent lorsque Gabriel, ouvrier malien du chantier disparaît.

    Devant la quantité de thèmes abordés, on pouvait craindre un film brouillon et inabouti mais miraculeusement Nadir Moknèche ouvre mille pistes et réussit à cadenasser toutes les intrigues. Son personnage principal, tenu avec virtuosité par Lubna Azabal, est une femme autoritaire dont l'ambiguité permanente la rend mystérieuse et antipathique. Pourtant on la suit fébrilement dans un tourbillon de non-dits et de faux semblants qu'elle installe elle-même. Jusqu'où va t'elle aller ? Qui utilise t'elle réellement ? Pourquoi ne fait-elle que mentir, prendre les mauvaises décisions, faire les mauvais choix jusqu'à ce que tous les pièges se referment un à un sur elle ? L'agitation dans laquelle Dounia, femme de la petite bourgeoisie marocaine, se démène n'est pas sans évoquer les comédies grinçantes chabroliennes qui traquaient l'hypocrisie et les petites bassesses de la bourgeoisie française, tout en organisant d'habiles polars. La musique dissonnante, loin des compositions folkloriques souvent associées aux films du Maghreb, ajoute à la suggestion.

    Tout en brassant des thématiques aussi vastes que l'émigration et le travail clandestins, l'homosexualité dans un pays où elle est interdite et réprimée, la place et les droits de la femme sous haute domination masculine sous ces latitudes, le réalisateur réussit néanmoins un polar étouffant et le portrait d'une scandaleuse à Tanger.