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MARYLINE

de Guillaume Gallienne *

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Avec Adeline D'Hermy, Vanessa Paradis, Alice Pol, Eric Ruf

Synopsis : Maryline a grandi dans un petit village. Ses parents ne recevaient jamais personne et vivaient les volets clos.

À 20 ans, elle "monte à Paris" pour devenir comédienne. Mais, elle n'a pas les mots pour se défendre. Elle est confrontée à tout ce que ce métier et le monde peuvent avoir d'humiliant mais aussi de bienveillant. C'est l'histoire d'une femme, d'une femme modeste, d'une blessure.

Je me réjouissais à l'idée de retrouver Guillaume Gallienne même si je savais que cette Maryline n'avait rien à voir avec Guillaume et les garçons, à table ! qui m'avait tant émue et tant fait rire en 2013. Guillaume Gallienne me ravit également les oreilles dans l'émission de France Inter ça ne peut pas faire de mal où il me fait la lecture. Ici, je n'ai pas ri, je n'ai pas été émue, je n'ai pas pleuré. Jamais. Même pas intéressée. Pourtant la mule est bien chargée en pathos. Sauf que jamais ça ne prend. On comprend que le réalisateur ait eu envie de filmer sa collègue du Français,  car la surprenante Adeline d'Hermy a le visage le plus étrange qui soit. Capable de paraître 15 ans dans une scène et 80 dans la suivante avec pour seul artifice une perruque moche différente.

Maryline rêve d'être actrice et ça tombe bien, à peine débarquée à Paris de son village de beaufs (oui la Province n'est peuplée que de beaufs tarés, suicidaires, insatisfaits ou alcooliques, voire tout cela à la fois) elle fait des essais et est choisie pour un film. Et à partir de là on ne comprend strictement plus rien. Parce que Guillaume ne nous donne aucune clé pour comprendre son personnage, fermé à double tour. On lui parle ? Elle ne répond pas. Elle tourne une scène ? Elle ne joue pas et se met à pleurer. Elle énerve tout le monde moi y compris et se met à boire. Beaucoup. Puis travaille dans une entreprise ou une fois encore, elle est malmenée, humiliée. Elle boit de plus belle. Mais son agent l'appelle. On n'a strictement aucune idée du laps de temps qui s'est écoulé entre son arrivée dans la Capitale, ses déconvenues et ce moment, mais ce type a dû se dire : "tiens cette mauvaise actrice pourrait faire l'affaire". Elle rencontre un réalisateur (Xavier Beauvois) qui a pile un rôle pour elle. Lors du premier rendez-vous elle ne répond pas à ses questions, fait la gueule comme à son habitude. Elle a peut-être vu ce film et se dit : "s'il me saute dessus, je vais me retrouver avec un âne mort sur le dos". Mais le réalisateur trouve qu'elle convient parfaitement. Là encore, au moment du tournage. Mutisme de l'actrice, incapable de comprendre qu'elle doit faire trois pas en avant et se mettre à parler. D'où lui vient cette attitude ? De sa vie dans sa Province de beaufs j'imagine. Est-elle timide, traumatisée, pétrifiée par le trac ? A nous de répondre ou d'imaginer ce qui hélas n'aide pas à rendre le personnage plus sympathique.

C'est à ce moment qu'interviennent les moments magiques. Soudain, alors qu'on ne s'y attend plus, la lumière entre dans le film en la personne de Vanessa Paradis. En mode Jeanne Moreau (d'ailleurs elle s'appelle Jeanne dans le film) et en deux scènes trop courtes, elle torpille tout, illumine tout... et parvient miraculeusement à faire sortir l'actrice aphasique de son silence.

Le spectateur doit TOUT deviner et ça en devient gênant. On apprend par hasard que le père de Maryline s'est suicidé. On voit que la mère n'a pas l'électricité à tous les étages. Mais alors dans ce cas, si on décide de ne jamais ouvrir la bouche, pourquoi choisir le métier d'actrice ou de comédienne ? Maryline ne fait pas un pas vers les autres. Enfermée dans son monde intérieur auquel on n'accède pas, dans ses névroses ou ses traumas (de l'enfance chez les beaufs de province), je l'ai trouvée agaçante et jamais touchante. J'ai bien vu qu'Adeline d'Hermy a du tempérament et est capable d'être lumineuse puis terne, so what ? Son jeu m'a semblé constamment dans la performance théâtrâââle ! Un rôle programmé pour un César ?

J'ai trouvé ce film prétentieux et méprisant. Jamais émouvant, ça c'est évident, désolée de me répéter. Toujours au bord du ridicule, il y sombre lamentablement à deux reprises au moins. Lors de l'avant-dernière scène (la très loooooongue scène d'une pièce de théâtre sordide où il est encore bien question de faire passer les provinciaux des "régions" pour des tarés) et la toute dernière aussi loooooooooooooongue et totalement idiote, où la comédienne attablée dans une pizzeria reçoit un hommage appuyé et muet d'autres clients du restaurant qui la reconnaissent et lui font des offrandes en se prosternant. C'est complètement tarte et on comprend une fois encore très mal comment l'extrait de pièce auquel on vient d'assister puisse mériter un tel éloge !

En province (chez les cons), nous avons peu l'occasion de voir des pièces de théâtre, ce n'est pas ce film qui doit pourtant avoir été conçu en forme d'hommage qui va me donner envie de le regretter.

 

Néanmoins, Guillaume Gallienne tenait un diamant inexploité dans son film : Vanessa Paradis. Et malgré l'envie urgente de sortir de cet entre-soi asphyxiant où tout le monde se déteste, on reste jusqu'à la toute dernière seconde du générique, car Vanessa, encore et toujours elle, reprend et revisite une splendeur de Léo Ferré : Cette blessure.

Je vous mets au défi de quitter la salle...

 

Commentaires

  • Il s'est fait torpiller ce matin sur France-Inter par Laurent Delmas ; tu es dans la même tonalité ! Je vais écouter Vanessa Paradis et laisser tomber le film.

  • Moi du meme avis que Laurent ??? :-)))
    Oui en fait j'ai entendu mais javais écrit ma note hier. Je nen revenais pas qu'on soit si d'accord.
    Oui Vanessa... Dommage car ses 2 scènes sont les meilleures du film. Parachutées au milieu de ce machin.

  • Elle est quand même (enfin son personnage) bien agaçante à ne jamais parler ou répondre aux questions... pénible ce film.

  • C'est plutôt son personnage qui tire la tronche. Je n'en voudrais pas à l'actrice.

  • Evidemment c'est ce que je dis. Je dis bien que c'est son personnage qui est agaçant.
    On voit que la demoiselle a du potentiel même si ici elle est trop dirigée comme si elle était au théâtre.

  • Sans moi là aussi, Gallienne, devant ou derrière la caméra, c'est juste pas possible ..... :-)
    Bon dimanche.

  • J'ai de toute façon l'impression qu'après 1972 pas grand chose ne trouve grâce à tes yeux :-) mais là je ne peux qu'approuver ton refus.
    Bon dimanche.

  • Epok épic ! Un cinéma qui peine à se réinventer, ne raconte pas ou ( mal ) plus grand chose, c'est devenu difficile de rêver.
    Godart disait : le cinéma, c'est un oubli de la réalité ...... Je m'y retrouve plus là. :(

  • Heureusement que je m'y retrouve encore... même si j'enchaîne parfois les déceptions comme ici et le suivant... (qui va arriver).

  • Ha flute moi qui apprécie beaucoup Guillaume Gallienne, et ses lectures sur Inter. D'habitude je tente quand même mais là tu as l'air de décrire tout ce que je n'aime pas au cinéma donc je vais passer mon tour.
    Bonne journée

  • Certains critiques trouvent cela prodigieux. Donc ne rate peut-être pas le prodige.

  • J'avoue beaucoup aimé Les garçons et Guillaume... mais là j'avoue que ça me fait peur et toutes mes craintes sont dans ton billet! :o

  • Aïe. Mais tu as dû lire d'autres critiques très encourageantes !

  • Comme j'ai adoré son premier film, j'avais envie de voir celui-ci. Mais je n'irai pas car j'en ai un peu marre du cinéma en ce moment, et j'ai pas du tout envie de me faire "chier". Vu les critiques c'est ce qui m'attend, donc next.
    En revanche, je vais écouter la chanson, que je trouve magnifique et j'ai beaucoup apprécié dans la BA !

  • C'est une cata le ciné en ce moment.
    Le Musée des Merveilles relève le niveau et toi tu as aimé Diane !

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