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  • Freedom writers de Richard LaGravenese **

    Tirée de l’histoire vraie d’Erin, jeune enseignante idéaliste qui choisit pour son premier poste un collège difficile de Long Beach. A la suite du passage à tabac par des policiers et de la mort de Rodney King (frappé 56 fois en deux minutes) qui donnèrent lieu à des émeutes (et plus d’une centaine de morts) en 1992, les collèges reçurent l’obligation d’ « intégrer » toutes les populations d’américains (afro, hispano, sino…) dans les classes.

    Les élèves de la très jeune prof l’ignorent complètement et continuent en classe la guerre raciale des gangs qui sévit partout dans la ville. C’est la seule façon d’exister qu’ils connaissent. D’abord perdue, choquée puis interpellée par cette attitude, Erin va réussir à se faire accepter et donner à ses élèves le goût de la littérature en leur proposant des œuvres qui parlent d’eux. Elle cherche à les connaître, à comprendre leur histoire et découvre que ces enfants vivent dans un monde aberrant où hors de l’école, leur principale voire unique mission est de survivre.

    Comment avec un sujet aussi fort et intense, un tel personnage, sorte de Mère Teresa des ghettos, un casting en béton armé (Hilary Swank et tous ses élèves sont impliqués à 200 %) peut-on faire un film aussi dégoulinant ? Dommage que le réalisateur ne fasse pas plus confiance à son sujet et à ses spectateurs car un peu plus de pudeur et de retenue auraient été les bienvenues. Pourquoi se sent-il obligé de convoquer l’orchestre symphonique et les violons pour nous expliquer et nous intimer l’ordre de nous émouvoir… alors que le sort, le courage et l’avenir de ces jeunes sont tout simplement bouleversants ? Pourquoi ajouter le personnage secondaire et à côté de la plaque du mari qui regrette que sa Jeanne d’Arc de femme ne s’occupe pas assez de lui ?

    Pour l’histoire, pour les acteurs : oui. Côté cinéma : c’est le vide ! On connaît pourtant Richard LaGravenese plus inspiré puisqu’il est scénariste de… « Sur la route de Madison ».

    P.S. : le titre français est débile « Ecrire pour exister ».

     

  • Vincent Delerm

    Politesse et respect de gentleman, et de mémoire de « concerteuse » c’est la PREMIÈRE fois que je « surprends » un artiste à arriver à l’heure !

    Vincent Delerm pousse l'insolence jusqu’à être là avant d’y être car :

    rideau blanc sur la scène, un film de et sur Vincent est projeté : Vincent joue au ping-pong, Vincent joue au foot, Vincent nage… et déjà c’est drôle. Une partie de son public conquis l’attend. L’autre partie (qui accompagne les afficionados) sera rapidement sous le charme dès qu’à son piano il nous ravira les oreilles de quelques piqûres d’araignées. Moi j’y étais seule, sous le charme, en harmonie complète avec une salle comble avec qui Vincent Delerm installe instantanément une complicité, qui en dehors des chansons que l’on fredonne par cœur, est faite d’histoires drôles, de jeux de mots (très très lourds parfois…), de charades… une véritable conversation. C’est d’autant plus rare que cela semble un authentique besoin chez ce chanteur élégant, heureux d’être là comme s’il s’agissait de son premier concert.

    Cinéphile (chaque chanson est un « film » où plane une ombre) et musicien, il virevolte d’un instrument à l’autre, il occupe tout l’espace, sans jamais interrompre l’échange qui ne se limite jamais à quelques paroles polies entre chaque chanson.

    Il évoque son enfance, son adolescence qui forcément font écho à celles de chacun d’entre nous. Il parle de son époque, de sa ville, de ses amours enfantines, c’est ironique et délicat. Vincent est pudique, rêveur mais c’est aussi un clown. Il invite le public à chanter. Jamais il ne se fait prier, le public. Vincent réduit l’effectif : c’est au tour des « scorpions » de chanter, puis des « scorpions ascendant scorpions », puis des « scorpions qui ont le Bafa »…

    Les rappels se multiplient. Il revient toujours heureux, car j’en suis sûre à présent, c’était son premier concert ! Et le comble, c’est que c’est lui qui finit par nous remercier pour cette belle soirée.

    Hier soir, j’ai rencontré un Prince !

     

  • LE PRINTEMPS DU CINEMA !

    3 jours de cinéma au tarif de 3.50 €uros dans toute la France les dimanche 18, lundi 19 et mardi 20 mars 2007.

    Courez-y !

    Sur la Route... vous recommande vivement :

    • Les témoins d'André Téchiné,
    • After the wedding de Susanne Bier,
    • Les lettres d'Iwo Jima de Clint Eastwood,
    • Le voile des illusions de John Curran,
    • Le come-back de Mark Laurence...

    et vous offre un souvenir (poussez le son !) :

  • Par effraction d’Anthony Minghella ***

     

     

    Le couple que Will forme avec sa compagne Liv traverse une grave crise conjugale. Ils sont confrontés au lourd problème de leur fille de 13 ans, autiste, anorexique, acrobate surdouée. Par ailleurs, les tout nouveaux bureaux de Will situés dans un quartier délicat de Londres sont cambriolés plusieurs fois. Will parvient à pister l’un des jeunes cambrioleurs, Miro, qui vit avec sa mère Amira, réfugiée bosniaque. Entre tous ces personnages qui vivent dans des mondes opposés, des liens inattendus vont se tisser.

    Si Anthony Minghella peine un peu à décrire une réalité sociale où se côtoient nantis et défavorisés et si sa morale est d’une naïveté confondante (tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil), il s’en sort beaucoup mieux avec la complexité des sentiments et les drames qui jalonnent la vraie vie des vraies gens. Il est aidé en cela par son éblouissant casting. Evidemment Robin Wright Penn est (comme toujours) dépressive et torturée… mais elle le fait si bien ! Juliette Binoche en bosniaque musulmane prête à tout pour aider son fils délinquant est magnifique, subtile, vraiment impressionnante et d’un naturel toujours aussi singulier. Quant à Jude Law, tantôt indécis, tantôt convaincant, tellement amoureux, en quête de l’amour plus précisément qu’on lui refuse (sont-elles folles ???), il exprime comme jamais, avec beaucoup de retenue et une émotion palpable la confusion des sentiments et cela lui va à merveille.

    Un beau film nonchalant et poignant.

     

  • LE COME BACK

     de Marc Lawrence**

    le come-back -

    Alex a fait partie d’un groupe « pop » dans les années 80. Aujourd’hui, has-been très lucide sur sa condition, il se produit dans les centres commerciaux et les parcs de loisirs, continuant à affoler les ménagères de moins de 50 ans par son célèbre déhanchement.

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  • After the wedding de Susanne Bier ***

    Jacob vit en Inde où il se consacre aux enfants d’un orphelinat menacé de fermeture. De retour au Danemark dans l’intention de récupérer les fonds indispensables, il rencontre un surprenant donateur qui l’invite dès le lendemain de son arrivée au mariage de sa fille. Il comprendra rapidement pourquoi.

    Le premier mélo familial sur fond d’aide humanitaire est né. Il est de Susanne Bier qui avait déjà signé le merveilleux « Open hearts ». La réalisatrice filme les mains en gros plan, elle traque les visages au plus près, scrute les regards, l’épiderme, le moindre battement de cils et sa caméra nerveuse donne au film une sensation d’urgence. Les révélations, (à la manière de « Festen » en moins uppercut…), les évènements s’enchaînent et la tension est maintenue car jamais ici on ne triche avec les sentiments.

    L’interprétation sans faille et viscérale de l’ensemble du casting (les quatre acteurs et actrices principaux ont un charme irrésistible) nous transporte dans un véritable flot d’émotions sans qu’on se sente jamais manipulé car on est constamment en empathie avec les personnages. Confrontés à des révélations qui bouleversent leur vie, ils sont contraints de faire brutalement des choix, des sacrifices, de céder à un chantage familial et affectif et de révéler ainsi leur humanité. Un magnifique film adulte qui n’exclut pas une extrême émotion (préparez vos mouchoirs).

    L’immense, magnifique, idéal, éblouissant… Mads Mikkelsen domine néanmoins une distribution impeccable.

     

  • Mon fils à moi de Martial Fougeron **

     

    Un pavillon bourgeois de province, un couple, deux enfants… Tout semble être calme et paisible, sans histoire mais le film commence alors qu’une ambulance est garée devant la maison. En un long flash-back, nous allons découvrir quel drame s’est joué ici. Le père est prof d’université, la mère « femme au foyer », l’aînée en fac va bientôt prendre une chambre en ville et le fils, Julien 12 ans, entre le collège, son piano, sa grand-mère et son amie Alice… doit faire face à sa mère envahissante qui l’aime et le déteste au-delà de toute mesure.

    Ce premier film sec, dense et brutal nous parle de l’enfance maltraitée ou comment un amour excessif peut devenir destructeur. Les violences physiques succèdent aux violences psychologiques et l’on est horrifié d’assister à cette entreprise de dévastation d’un enfant. La grand-mère aimante ne parvient pas à canaliser la folie naissante de sa propre fille. On n’aura pas d’explication sur la descente progressive de cette femme vers la démence… juste une piste lorsque la grand-mère lui crie à travers une porte qui ne s’ouvrira pas : « tu as toujours été folle ma pauvre fille ! ». La grande sœur, inquiète essaie d’alerter le père : « Julien pleure encore dans sa chambreil va pas bien ». Mais le père, absent, distrait, inapte est plus préoccupé par son travail et la tendresse que sa femme ne lui porte plus que par son enfant : « c’est un ado, c’est dur pour tout le monde à cet âge là ».

    Voir cet enfant prostré, recroquevillé, pleurer dans un coin de chambre ou sous un lavabo est un crève-cœur. On dirait qu’il cherche à disparaître et en même temps il fait tout pour continuer à plaire à cette mère qu’il aime. Elle lui jettera à la figure les chocolats qu’il lui offre, s’évanouira presque lorsqu’elle s’aperçoit qu’il se rase. Elle refuse de le voir grandir, qu’il lui échappe. Elle l’aime et n’a aucune conscience de ses débordements nocifs et castrateurs. C’est sombre et violent, et la maison, la chambre de plus en plus dépouillée de cet enfant deviennent les témoins d’un huis clos étouffant.

    Nathalie Baye, à la fois vampire, autoritaire, cruelle et vulnérable est époustouflante d’ambiguïté dans ce rôle où elle joue, sur le fil du rasoir, la folie naissante et un amour disproportionné et interdit... Le jeune Julien, incarné par Victor Sévaux dont c’est le premier rôle, hyper sensible, hyper touchant est remarquable.

     

  • Les témoins d'André Téchiné ****

    Sarah (écrivain en panne d'inspiration) et Mehdi (flic) viennent d'avoir un bébé qui encombre Sarah. Manu, très jeune homme de 20 ans vit avec sa soeur Julie (artiste lyrique). Il devient platoniquement l'ami d'Adrien (médecin chercheur de 50 ans) après leur rencontre dans un lieu de « drague » pour garçons à Paris. Adrien lui est fou amoureux de Manu.
    Tous ces personnages, amis ou pas, se rencontrent, se jalousent, se manquent, se mentent, se cherchent, se trouvent, se quittent, s'aiment. Nous sommes en 1984 et c'est l'intrusion d'un invité inattendu, d'abord présenté comme un virus exotique qui va réellement sceller le destin et l'avenir de tous. Le nom de ce fléau assassin qui tue d'amour ne sera prononcé qu'une seule fois : le sida !
    Téchiné film avec fièvre et néanmoins sobriété quatre saisons dont une en hiver. Il évite avec virtuosité tous les pièges commodes qui lui étaient tendus avec un tel sujet. Jamais, à aucun moment il ne va nous faire sombrer dans le mélo et nous tirer des larmes faciles, ce qui aurait été si simple avec la tragédie qui se joue. Si les yeux restent secs, le coeur palpite néanmoins devant tant de maîtrise qui écarte d'emblée le pathos. L'épouvante reste encore à ce jour de donner la mort par amour. Le réalisateur nous le rappelle avec vigueur. L'état d'urgence est toujours d'actualité devant les sentiments purs qui s'imposent à nous parfois et qui se trouvent anéantis, ce qui était vu comme une punition par le légitime et tout aussi innocent désir sexuel.
    Mourir d'aimer !!!
    Téchiné répète ce que l'association de ces deux mots a de contradictoire et d'aberrant. C'est insensé et irrationnel. La mort est forcément au bout de ce voyage douloureux mais aussi et curieusement : la vie.
    Les personnages de l'histoire ne sont pas forcément ou immédiatement sympathiques. Sarah (Emmanuelle Béart), solaire dans ses robes jaune éclatant est une femme amoureuse, une amie passionnée qui ne parvient pas à aimer son enfant. Adrien (Michel Blanc) est l'amoureux éconduit, l'ami qui fait parfois défaut mais parvient à dépasser ses propres douleurs par compassion et dévouement. Julie (Julie Depardieu) que l'on découvre peut-être pour la première fois sans doute dans un rôle grave et fort, ne joue plus les farfelues de service ; ça lui va à merveille. C'est un ange ! Le jeune Manu (Johan Libéreau) est la révélation, plein de fougue, de jeunesse et de fraîcheur.
    Et puis, au-dessus de tous ces acteurs pourtant fabuleux, une nouvelle fois c'est Mehdi (Sami Bouajila) qui se montre le champion du monde toute catégorie de l'intensité. Il incarne et matérialise véritablement toutes les facettes de son personnage complexe, mélange d'évidence et d'ambigüité. Un acteur magnifique à tout point de vue.
    Ce film célèbre sans pathos le bonheur d'être VIVANT.

     Merci.