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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 64

  • Bug de William Friedkin **

    Agnès vit seule dans un motel miteux d’une banlieue minable dans la terreur de son ex qui sort tout juste de prison où il vient de purger deux ans pour violences conjugales et dans le souvenir de son fils. Une amie lui présente Peter, un vagabond triste et doux… mais zarbi !

    Agnès va mal. Ça se voit car elle a les cheveux gras et des T-shirts informes et lorsque Peter débarque chez elle, elle est bien la seule à ne pas comprendre qu’il est complètement bargeot… parce que dans la salle, je vous assure qu’on le voit illico qu’il a une araignée dans le plafond le beau gosse ! Peu importe, elle tombe raide dingue amoureuse de lui. Après une nuit youpi tralala, Peter et Agnès commencent à se gratter comme des furieux et Peter révèle à Agnès qu’il est un cobaye échappé de l’armée et que des « men in black » lui ont introduit des insectes espions sous la peau. Et youpla, la fête peut commencer : ça pique, ça gratte… il faut extraire les bestioles : ça coupe, ça tranche (à voir pour le croire : un arrachage de dents maison !!!). Plus la peau est scarifiée, plus ils s’aiment ces deux là et luttent ensemble contre ce secret d’Etat dont ils sont les victimes.

    En fait, c’est un film d’amour… si, si ! mais surtout c’est un cauchemar sur les peurs enfouies, l’obsession de la persécution et du complot, une réflexion sur la folie qui guette et, entre paranoïa et schizophrénie, comment il est facile (et commode ?) de basculer et d’y sombrer ! Le réalisateur referme le piège petit à petit pour en arriver à un huis clos bien barré et claustrophobe sur deux acteurs littéralement possédés (quelle actrice cette Ashley Judd !).

    Réalisé dans une pièce, avec deux acteurs et un téléphone : le strict minimum nécessaire, Friedkin s'amuse : "Le budget du film est de 4 millions de dollars, ce qui représente le budget cantine d'une film standard".  La suprême élégance étant de faire de la dernière scène bien flippante (dans un décor tout alu... superbe), un modèle de tension, non dans les images mais dans le dialogue halluciné et paroxystique des deux tourtereaux, et d’interrompre l’horreur de façon à la fois abrupte mais ô combien subtile…

    Chapeau !

  • Odette Toulemonde d’Eric Emmanuel Schmitt **

    Odette vit à Charleroi et a fait de son univers restreint un monde enchanté. Elle est vendeuse dans un grand magasin, a deux enfants (un fils coiffeur adorable et homosexuel, une fille rebelle et désoeuvrée) et habite un appartement minus. Ce qui rend sa vie si belle, c’est qu’elle est une optimiste forcenée, qu’elle est fan de la mer du Nord (la seule, la vraie, celle qui change de couleur tous les quarts d’heure), de Joséphine Baker et surtout, surtout de Balthazar Balsan, auteur à succès (féminins) de romans à l’eau de rose dont elle dit qu’il lui a sauvé la vie quand elle allait si mal...

    L’auteur déprime. Un jour, alors qu'Odette lui a adressé un courrier d'admiratrice énamourée, il frappe à sa porte…

    Voilà un film rose bonbon comme un roman Harlequin. C’est kitsch, bourré de clichés, dégoulinant de bons sentiments et pourtant le charme opère à condition de ne pas être trop exigeant et de laisser aller son côté midinette car il ne révolutionnera pas le 7ème art.

    Encore une fois, je n’ai rien compris à la critique qui s’est acharné sur ce film. Effectivement si E.E. Schmitt ne revendique pas la naïveté et la « fleurbleuitude » de son film, il faut qu’il consulte. Mais si, comme je le crois toute cette candeur est parfaitement assumée, on passe un bon moment. D’autant que le couple vedette est particulièrement attachant. Catherine Frot (mon actrice française préférée ex-aequo… j’aime TOUT chez elle ; elle est drôle, fine et vivante). Elle est tout à fait à l’aise et à sa place dans ce rôle de femme à la fois légère et positive qui répand le bonheur autour d’elle. Quant à Albert Dupontel (décidément très éclectique) il est un parfait séducteur.

    P.S. : MAIS ??? Elle n'est pas belle ma lettre à Clint qu'il ne vienne jamais frapper à ma porte ???

     

  • Je crois que je l’aime de Pierre Jolivet **

    Echaudé par des chagrins d’amour qui l’ont rendu dépressif, Lucas, PDG surbooké, se méfie lorsqu’il rencontre la trop parfaite Elsa. Il demande au responsable de la sécurité de sa société d’enquêter sur elle.

    On ne doute pas un instant de l’issue de cette histoire, mais c’est le principe même de la comédie romantique et ici il semble parfaitement assumé. Pas de prise de tête donc, juste du plaisir en barre de suivre ce conte survitaminé dont l’intérêt et le rythme ne faiblissent pas un instant. Les dialogues sont ciselés et les acteurs les savourent et les prononcent avec finesse. Le trio de tête est en grande forme et se réjouit autant que nous d’alterner les situations douces-amères ou franchement comiques. Vincent Lindon est craquant en amoureux timide et maladroit. Sandrine Bonnaire (mon actrice française préférée : j’aime TOUT chez elle, son rire, sa voix, son allure, son dynamisme) est à la fois simple et sublime, le naturel absolu. Et François Berléand est tout simplement grandiose (comme toujours je dirai) en ex.flic gaffeur aux méthodes extrêmes.

    Un régal, ne le boudez pas.

  • La nuit au musée de Shawn Levy **

    Pour pouvoir assurer la garde en alternance de son filston, Larry doit trouver un travail. Il devient gardien de nuit du Musée d’Histoire Naturelle de New York qui est en perte de vitesse niveau fréquentation. A la grande surprise de Larry, chaque nuit, tous les personnages en carton pâte ou en cire s’animent. C’est la folie car il doit composer avec Théodore Roosevelt, Attila et les Huns, un général romain, des cow-boys en manque d’action, la momie d’un pharaon, un tyranausore qui ne pense qu'à jouer... etc, et remettre de l'ordre dans ce chahut avant le lever du jour.

    Autant le dire, j’y allais pour m’amuser et je n’ai pas été déçue. Ben Stiller aux commandes est tordant, Robin Williams est en grande forme, Steeve Coogan et Owen Wilson forment un duo hilarant. L’ensemble n’a je pense nulle autre prétention que de distraire et c’est réussi. C’est fantaisiste et dynamisant, du niveau cour de récré et alors ? On nous promet bien une petite leçon d’histoire à un moment qui n’arrive jamais, mais peu importe. C’est marrant aussi de retrouver trois papys manifestement ravis d’être là : Mickey Rooney vieux ronchons de 87ans, Dick Van Dyke (82 ans), vous n’avez pas oublié le Bert élastique de « Mary Poppins » qui dansait sur les toits en ramoneur ?? et Bill Cobbs.

    Emmenez vos moutards à partir de 6 ans et vous vivrez une cure de jouvence en participant à leurs éclats de rire, bien plus salutaire que toute récente production bessonnienne… et qui sait cela leur donnera peut-être envie de visiter un musée qui fera travailler leur imagination !

  • Hannibal Lecter de Peter Webber **

    La seconde guerre mondiale : le jeune Hannibal assiste à la mort de ses parents lors d’un bombardement et au massacre de sa petite sœur chérie (dévorée par des pseudos nazis affamés..). Des années de traumatisme plus tard, il rejoint ce qui lui reste de famille en France : une belle tante japonaise !!! Il se fascine pour de brillantes études de médecine et organise sa cannibale vengeance.

    Ce pourrait être insupportable si chaque scène un peu gore (je dis bien un peu) n’était annoncée par un grand coup de cymbales donc, pas de problème on peut se cacher les yeux. Prétendre qu’on entre dans cette salle sans savoir ce qui nous attend est de la mauvaise foi, voilà pourquoi ça ne m’a déplu : je n’ai pas eu de surprise et donc pas de déception. Il faut aussi que j’avoue un gros gros faible pour Gaspard Ulliel (pas en temps que « fiancé » puisque mes attirances ont plus de 70 ans… (suivez mon regard) mais en tant qu’acteur, si si !). Et il fallait un sacré acteur pour rivaliser avec Anthony Hopkins, ne jamais sombrer dans la caricature et le grotesque et incarner ce qu’on présente comme « le mal absolu » non ? Et bien, le jeune Gaspard réussit le pari haut la main parce que son visage peut tour à tour être celui d’un ange ou d’un démon et qu’il n’est jamais ridicule en psychopathe impassible que rien (pas même l’amour) ne détournera de sa mission.

    Face à lui, l’impénétrable Gong Li, monolithique, presque fantomatique traverse le film imperturbable, à la limite de l’indifférence… et Gucci (je crois) peut la remercier de nous présenter la dernière collection printemps/été. Il est grand grand temps que Zang Yimou la reprenne en mains !!!

    Les fans du « Silence des Agneaux » crieront sans doute au scandale, pas moi. Hannibal me semble n’être qu’un prétexte… Ici il s’agit d’une vengeance implacable comme on en voit parfois : ni géniale, ni indigne. Et puis… Gaspard Ulliel quand même !

    Bon appétit.

  • Molière de Laurent Tirard **

    1644 – Molière n’a que 22 ans. Il est criblé de dettes et poursuivit par ses créanciers. Il disparaît mystérieusement pendant plusieurs mois. C’est cet épisode méconnu de sa vie qui nous est conté. Cette période il l’a passera chez Monsieur Jourdain, bourgeois gentilhomme comme il se doit, où il rencontrera Elvire, Dorante, Henriette, Agnès etc… et trouvera la matière de ses plus célèbres personnages et de ses plus percutantes répliques !

    Curieux film qui commence par être décevant et réussit peu à peu insidieusement, voluptueusement à instiller son charme et à procurer finalement un vrai plaisir ! Au final, c’est cultivé, intelligent, léger et plein d'énergie. On a l’impression d’assister à une piècede théâtre à l’air libre, c’est un régal.

    Quant au casting, (exceptée Ludivine Sagnier, pas précieuse mais franchement ridicule) le plaisir que tous les acteurs prennent à déguster, digérer puis nous servir leurs réparties est communicatif.

    Edouard Baer en pédant opportuniste est savoureux. Fabrice Luchini est un Monsieur Jourdain grotesque à souhait dont la carapace se fissure peu à peu. Laura Morante est belle, douce, touchante, adorable. Et évidemment Romain Duris endosse, comme chacun de ses rôles, celui de Molière avec sa fougue, son exaltation. Il est épatant en acteur comique qui rêve de tragédies.

    Néanmoins, Molière au cinéma, pour moi, ce sera toujours LUI !

  • Blood Diamond d’Edward Zwick **

    1999 – Sierra Leone. Danny Archer, mercenaire trafiquant de diamants en Afrique, entend parler d’un diamant rose d’une inestimable valeur caché par un pêcheur local. Il est prêt à tout pour retrouver, aidé de Solomon le pêcheur, ce diamant qui lui permettrait de quitter le pays.

    Bien qu’émaillé de gros clichés : les américaines rêvent TOUTES d’avoir un gros diamant au doigt, les africains rêvent TOUS d’être le bras armé de causes plus ou moins sombres. Bien que l’histoire d’amour (heureusement secondaire), comme souvent dans ce genre de films, aussi incongrue que ridicule (comme peut-on admettre un instant qu'une femme puisse tomber amoureuse du pire salaud qu'elle prétend combattre ???) déboule comme un cheveu sur la soupe dans ce chaos, ce grand film d’aventures ne relâche ni la tension, ni les rebondissements, ni l’action.

    Mais c’est aussi un grand film d’action engagé qui dénonce :

    • les trafics de diamants qui servent au financement des guerres (il y en aurait 11 en Afrique) pour l’achat des armes,
    • l’enrôlement et le martyre des enfants-soldats (il en resterait actuellement 200 000 en Afrique),
    • le rôle des occidentaux dans ces carnages…

    Du coup, malgré la mauvaise conscience qui peut/doit encore travailler notre statut d’occidental, malgré la stupeur face à toutes ces horreurs perprétées à la connaissance de tous, il est difficile de se positionner et de « choisir » entre divertissement et indignation.

    Jennifer Connely, jolie poupée de porcelaine aux yeux myosotis, est aussi vraisemblable en baroudeuse humaniste que moi en Belle au Bois Dormant. Entourée d’hommes belliqueux armés jusqu’aux dents en pleine brousse elle n’abandonne jamais ses décolletés jusqu’au nombril : une vraie gravure de mode !

    Djimon Hounsou, quant à lui, enfin doté d’un vrai beau et grand rôle ne joue pas le faire-valoir de Léo. Il tient une place solide. Emporté dans la tourmente pour retrouver sa famille, il est crédible, obstiné et émouvant.

    Le plus réjouissant finalement est de voir, Leonardo Di Caprio, parfait en aventurier égocentrique qui ne renonce à aucune tricherie pour parvenir à ses fins, violent, insensible, enfin adulte, pas forcément sympathique, gravir film après film les échelons d’interprétations de plus en plus affûtées, complexes et assez prodigieuses, quoique toujours "christiques"... Un Oscar ?

    P.S. : Je m’interroge de savoir de quelle pathologie sera accusé Edward Zwick car les carnages succèdent aux scènes de tortures et de mutilation… pour ce film qui, contrairement à d’autres ne présente aucune interdiction !

     

  • Bobby d’Emilio Estevez **

    Une journée pas tout à fait comme les autres dans le luxueux hôtel Ambassador de Los Angeles où est attendu Robert F. Kennedey ancien Ministre de la Justice, candidat démocrate à la Maison Blanche et probable futur Président des Etats-Unis d’Amérique. Or, cette nuit là, dans cet hôtel « Bobby » sera assassiné. Tout l’hôtel est en ébullition et s’affaire pour préparer l’arrivée du futur héros.

    Quel dommage que Bobby n’ait que ce film en hommage pour l’instant !!! On sent bien qu’Emilio Estevez se fait la voix des américains qui pleurent encore ce qui fut un bel élan d’idéalisme. On entend clairement un discours où résonnaient très fort des mots tels que : non violence, tolérance, paix au Vietnam, justice, égalité et égalité des chances. Mais ici les problèmes sociaux et politiques ne sont qu’effleurés : le racisme, le sexisme, la misère, la guerre… Et malgré le casting stellaire, il règne (derrière et devant l’écran) un ennui poli… les stars ne se chargeant même pas de venir faire un numéro mais simplement de bâiller respectueusement et d’être, au mieux transparentes, au pire ridicules.

    Néanmoins, le film est parcouru d’images d’archives et de discours de Bobby et c’est dans ces moments là que le film devient absolument passionnant.

    Quant au dernier quart d’heure, il est animé d’une intensité telle qu’elle vous cloue littéralement à votre fauteuil. On sait que Bobby sera assassiné, néanmoins la ferveur de son dernier discours, l’espoir et la dévotion qui se lisent sur chaque visage rendent la fin du film à la fois bouleversante, insoutenable et on se prend à envisager à quel point la face du monde aurait pu en être changée si... On se prend à réfléchir, à imaginer et finalement, comme les américains, à regretter en pleurant, car des déclarations

    ANTI-RACISTES, ANTI-GUERRES, et ECOLOS

    qui datent de 1968 (d’une actualité sidérante et désolante finalement) je n’en entends aucune en 2007  !

    Un film qui ouvre sur une réflexion c’est vraiment bien au fond !

  • Pars vite et reviens tard de Régis Wargnier **

    Jean-Baptiste Adamsberg, flic instinctif qui fonctionne au flair perd son odorat lorsque le quitte sa douce et jolie Camille (LA Camille d’ « Indochine »). C’est le moment que choisit un énigmatique peintre pour orner les murs des portes des immeubles de Paris de 4 inversés. Ce signe annonce le retour d’un fléau mortel : la peste. Les premiers morts mystérieuses apparaissent. Adamsberg et son compère Danglard doivent résoudre un véritable casse-tête en forme de jeu de piste et trouver le lien entre elles !

    La tension, l’intérêt et le mystère vont crescendo dans ce polar bien ficelé, inspiré même, rondement mené à l’atmosphère lourde dans un Paris insolite entre ombre et lumière. La mise en scène est remarquable, fluide et sans temps mort. L’interprétation de José Garcia froid, tendu, dépressif, nerveux est parfaite et en dehors de Marie Gillain (transparente) tout le monde tient sa partition concerné avec application : Michel Serrault (érudit et fatigué), Lucas Belvaux (inquiet et impliqué (je l’aime)), Nicolas Cazalé (frémissant : qu’on lui offre des rôles enfin !!!)…

    Malgré toutes ces bonnes choses et le fait que les rebondissements soufflent en permanence réveillant chaque fois l’attention, j’ai envie de vous dire : sortez 10 minutes avant la fin (pour que dure le mystère) car le dénouement fait « flop » ou « pshiiit »...

    « Ah bon ? Tout ça pour ça ? » ai-je eu envie de dire ? Non, je l’ai dit !

  • Zone Libre de Christophe Malavoy **

    Quelques juifs et quelques « justes » qui les hébergent en zone libre néanmoins occupée par quelques allemands…

    Christophe Malavoy passe derrière la caméra et s’inspire de sa propre histoire (ses parents ont caché des juifs pendant la seconde guerre mondiale) pour raconter celle de cette famille. Fluide et joliment raconté avec une évidente sincérité et de réelles qualités, ce film hésite pourtant parfois entre drame et comédie. Dommage, compte tenu du thème, qu’il lui manque le souffle nécessaire pour en faire une œuvre bouleversante et que le petit garçon de l’histoire dont le rôle est très important soit interprété par un petit garçon qui joue très très mal... c’est-à-dire qu’on voit constamment qu’il joue.

    Néanmoins, cela est gommé par les interprétations absolument exceptionnelles de Lionel Abelanski et Jean-Claude Roussillon. Le premier est d’une justesse incroyable et absolument touchant lorsqu’il cache sa trouille permanente en explosant de colère régulièrement. Il est aussi capable en une seule réplique de faire passer à la fois sa peur et son évident talent comique lorsqu’il dit à sa belle-sœur enceinte : « c’est vraiment pas le moment de mettre au monde des petits youpinots alors qu’on sait pas quoi faire des anciens ! ». Quant à Jean-Claude Roussillon, il est simplement parfait. Tout le monde doit rêver de l’avoir pour grand-père, toute personne en difficulté doit rêver de le rencontrer.

    Pour eux deux donc, en priorité mais aussi pour l’histoire qui résonne toujours fort non ?