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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 65

  • Le serpent d’Eric Barbier **

     

    Vincent et Hélène vont divorcer et s’envoient des vacheries et autres noms d’oiseaux par l’intermédiaire de leurs avocats respectifs. Vincent doit se battre, prouver qu’il est un bon père, pour qu’Hélène ne retourne pas s’installer en Allemagne, son pays d’origine, avec leurs deux enfants. C’est ce moment précis dont profite Joseph pour réapparaître dans la vie de Vincent alors qu’ils ne s’étaient pas vus depuis le collège. Joseph orchestre une manipulation infernale et virtuose dans laquelle Vincent sera accusé de viol, de meurtre et se retrouvera bien seul pour tenter de convaincre de son innocence.

    Thriller à l’américaine, ce « Serpent » est la version encore plus tordue d’« Harry, un ami qui vous veut du bien» et même s'il n’est pas absolument inédit (la cinéphile en a tant vu de scénarios tortueux !) la tension, l’intérêt et les revirements sont suffisamment maîtrisés pour mettre honorablement les nerfs à vif jusqu’au dénouement. Par ailleurs, en victime d’abord hébétée, Yvan Attal est parfait dans le rôle de l’homme ordinaire mis dans une situation extraordinaire. Quant à Clovis Cornillac, l’acteur à transformations du cinéma français, il se délecte de son rôle de psychopathe. Notons également Pierre Richard dans le premier rôle inattendu de sa belle carrière.

    De toute façon, découvrir (au cinéma) ce qui se passe dans un cerveau malade est toujours délectable.

    Cela dit, si au collège vous avez fait des blagues vaseuses à un petit copain souffre-douleurs, méfiez-vous !

  • Stranger than fiction de Marc Forster **

    Le titre français est tellement débile (« L’incroyable destin d’Harold Crick ») que je garde l’original…

    Harolc Crick, contrôleur fiscal terne (Will Ferell est donc idéal…) a une vie très solitaire réglée à la seconde et uniquement rythmée par son travail de fonctionnaire zélé. Tout va bien dans le plus banal et incolore des mondes jusqu’à ce qu’il commence à entendre une voix qui commente la moindre de ses actions. Le jour où cette voix lui annonce sa mort imminente il découvre que c'est celle d’une romancière à succès qui écrit le roman de sa vie. Avec l’aide d’un professeur de littérature il va chercher à découvrir de quel écrivain il s’agit et surtout à entrer en contact avec elle.

    Dommage qu’avec un scénario vraiment roublard et original on reste autant sur sa faim et sa fin au cours d’un film paresseux qui pourtant avait de belles occasions de s’envoler vers une fable farfelue flirtant avec le paranormal. Est-ce que cela tient aux acteurs ? Will Ferell est vraiment très très insipide, Emma Thompson, sadique et masculine, très grimaçante et Dustin Hoffman totalement absent. Seule Maggie Gyllenhaal éclaire l’histoire de sa fantaisie.

    Cela dit, on peut voir avec stupéfaction et bonheur à quel point ce sont de petits détails insignifiants qui peuvent nous sauver la vie (ou nous la faire perdre).

     

  • Piccolo, Saxo et compagnie de Marco Villamizar**

     

    Ceux qui comme moi ont reçu un jour un skeud… à l’époque ça s’appelait des 33 Tours (c’est tout dire…) nommé « Piccolo, Saxo et compagnie » comprendront la raison de ce bain d’enfance en compagnie d’une maternelle néodomienne !!!

    Sur la Planète Musique, l’orchestre philarmonique vit et s’exprime en parfaite harmonie sur le Volcan rouge. Un jour funeste, les clés Sol, Fa et Ut disparaissent mystérieusement. Dès lors, c’est la cacophonie, les bois accusent du vol les cuivres et réciproquement, quant aux notes, livrées à elles-mêmes, elles redeviennent sauvages. Par hasard, et contre l’avis de leur famille respective, un bois, Piccolo et un cuivre, Saxo deviennent amis et partent à la recherche des clés.

    Voilà un film à l’idée assez géniale qui fait du bruit et met de l’animation en salle : ça rigole et ça tape des mains en rythme. Le cimetière des vieux instruments est gardé par le Métronome : Gardien du Temps, le Saxo lâche des vents, les cordes sont menées par sa Seigneurie La Contrebassitude, le Saxo et le Picolo sont « frères de vent », les percussions font un barouf d’enfer et n’écoutent jamais la caisse claire… C’est coloré (très), vivant et les dialogues sont drôles et bien écrits bien dans l’air du temps.

    Deux petites réserves : les instruments pour ceux qui ne les connaissent pas ne sont pas immédiatement reconnaissables, par ailleurs ce film est déconseillé aux plus de 10 ans !

  • Bad Times de David Ayer**

     

    Vétéran de la Guerre du Golfe et d’autres endroits où ça a chauffé, Jim, de retour au pays a ses nuits hantées de cauchemars sanglants. Traumatisé et bien fêlé il poursuit un nouveau but : entrer dans la police de Los Angeles ou des Services Secrets. Entre les séances de tests pour divers postes, il occupe le reste de son temps en errances lamentables avec son copain Mike, lui aussi chômeur, dans les bas fonds de la Cité des Anges.

    La virée des deux copains se fait de plus en plus alcoolisée, de plus en plus droguée et par conséquent de plus en plus violente jusqu’à un final auquel on voudrait ne pas s’attendre mais qui laisse complètement anéanti.

    On a l’impression souvent que les deux lascars font tout pour s’en sortir mais que la réinsertion est difficile, voire impossible. La lumière vient des femmes, qu’ils aiment, mais qui ne parviennent que par beaux moments de grâce où même eux y croient encore, à les sortir de leur infernale spirale.

    C’est sec, brutal, violent et dérangeant… mais hélas, Christian Bale est seul à se démener dans cet enfer avec une interprétation haut de gamme au cours de laquelle il peut passer dans la même scène de la tristesse à l’apaisement et à la folie pure. En regardant le générique on trouve en production Christian Bale himself ! Serait-ce une manœuvre de sa part de n’avoir choisi que des acteurs inexistants pour lui donner la réplique ??? En tout cas, c’est réussi, il n’y a que lui. Cet acteur est intense à la limite de l’hallucination par moments. C’est une bombe a-na-tomique et une bombe à retardement !

     

  • Déjà vu de Tony Scott **

     

    Etrange d’appeler un film « Déjà vu », non ? C’est vrai que les machines à remonter le temps on en a déjà vues et là c’est le FBI et autres « bac + 12 » pensants qui ont inventé un machin qui permet de jouer aux passe-murailles et de revivre ce qui s’est passé quatre jours avant tout en restant dans le présent ! Vous suivez ?

    Bon, on se calme. Doug (Denzel : magnifique, impérial, quel frimeur !!!) agent du gouvernement en lutte contre le tabac, l’alcool et les explosifs… (si !) rejoint un groupe d’enquêteurs pour rechercher l’auteur d’un attentat (Jim Caveziel, toujours beau et toujours psychopathe…) contre un ferry de la Nouvelle Orléans qui a fait des centaines de victimes.

    Efficace et nerveux, on ne lâche pas le super-héros (c’est Denzel je vous dis !) qui est tombé amoureux d’une victime et qui espère bien influer sur le cours des évènements pour pouvoir lui tenir tous les doigts de la main, et plus si affinités. Si elle fait la difficile la victime, je vais lui dire deux mots (c’est Denzel quand même !).

    Les voyages dans l’espace temps sont toujours bons à prendre quand c’est bien ficelé et c’est le cas ici, même si on ne doute pas un instant de l’issue (c’est Denzel le super costaud, vous avez bien lu !).

    Naïf et tarabiscoté certes mais tout de même : rêver d’un super héros qui permettrait de remonter le temps pour effacer les attentats terroristes ou les catastrophes naturelles, ça ne fait de mal à personne ! L’histoire est tournée à la Nouvelle-Orléans où les ravages de Katerina sont loin d’être réparés : impressionnant.

    Pour Denzel : hotissimo !

  • La faute à Fidel de Julie Gavras **

     

    La petite Anna, 9 ans, vit une vie tranquille et bourgeoise avec son petit frère et ses parents, fréquente une école privée et rêve de princesses en robe de mariée… Nous sommes en 1970 et la mort de son oncle en Espagne va bouleverser ce train-train lorsque ses parents vont prendre fait et cause en militant pour le Chili.

    Cet engagement va amener une véritable révolution : d’abord un déménagement inattendu dans un tout petit appartement mais aussi l’apprentissage de l’altruisme, du partage, la découverte du féminisme, des manifestations, des réunions…

    Cette histoire est filmée à hauteur d’enfants et c’est la petite Nina Kervel-Bey (épatante) boudeuse et réac’ qui mène la danse en essayant de combattre (pour un retour à sa vie d’avant) mais surtout de comprendre. Elle aurait pu être antipathique, elle est absolument remarquable !

    La reconstitution de l’époque est impeccable et on peut voir poindre une réflexion sur les limites de l’engagement.

    Le film se termine sur le suicide de Salvador Allende un certain 11 septembre…

     

  • La nativité de Catherine Hardwicke **

    Marie, toute jeune fille, vit dans le petit village de Nazareth avec ses parents. Les conditions de vie n’étant pas idéales, ses parents la promettent à Joseph en mariage pour qu’il subvienne à son tour à ses besoins. Un jour un ange, Gabriel, vient annoncer à Marie qu’elle va porter un enfant chargé de porter les péchés de l’humanité. Autant dire qu’il ne connaîtra jamais le chômage.

    Le premier film-crèche est arrivé et je dois dire que c’est une splendeur visuelle tant la reconstitution semble appliquée. Evidemment cela ressemble à une leçon de catéchisme mais c’est bien écrit, bien récité et c’est plutôt rare que nous soit montrée la vie des parents de Jésus avant qu’il n’arrive. Entre la foi inébranlable de Marie, son attachement progressif à son mari, les doutes, la bonté de Joseph, il ne manque rien : l’âne, le bœuf, Gaspard, Melchior et Balthazar. C’est beau je vous dis !

    La suite, on la connaît… les enfants : c’est bien du souci… surtout celui-là, les ennuis peuvent commencer.

     

  • Mauvaise foi de Roschdy Zem **

     

    Clara et Ismaël s’aiment. Ils vont vivre ensemble, ils vont avoir un bébé, ils ont un beau métier (lui : prof de piano au conservatoire, elle : psychomotricienne… dans un film étasunien, ils seraient architectes ou avocats), ils sont heureux, ils sont beaux (elle c’est Cécile de France, lui c’est Roschdy Zem). Cette comédie sentimentale aurait pu être un drame (Clara est juive, Ismaël est musulman), mais Roschdy est un optimiste qui a « foi » en la nature humaine.

    C’est à l’arrivée future du bébé que les problèmes se révèlent. Chacun doit présenter l’autre à ses parents et le poids des traditions remonte brusquement à la surface. Clara accroche une mezouza à la porte, Ismaël décrète que le fils qui naîtra (ce sera un fils) portera le prénom de son père, qui n’a pas un prénom facile : Abdelkrim… Les parents des tourtereaux, franchement décontenancés voire hostiles devant cette «union sacrée » déclarent qu’un enfant qui naîtra juif/arabe n’aura pas la vie facile !!! Comme les télés sont souvent allumées dans ce film, on sait qu’il se passe quelque chose actuellement du côté d’Israël et de la Palestine.

    On rit beaucoup dans cette histoire car c’est bien écrit et franchement attachant et si on ne tremble pas vraiment pour l’avenir des amoureux, on peut dégager l’esquisse d’une réflexion ce qui est rare dans une comédie sentimentale. On sent toute la générosité, la sincérité du projet et aussi quels sont les thèmes qui tiennent à cœur Roschdy Zen mais pour ce premier film (réussi) il a préféré dire que c’est l’amour qui triomphera de la balourdise humaine.

    Cécile et Roschdy forment un beau couple convaincant. Pascal Elbé et Antoine Chapey sont les amis fidèles et irrésistibles. Jean-Pierre Cassel (craquant), Martine Chevalier et Naïma Elmcherqui sont des parents évidents et Leïla Bekhti est une petite sœur battante et énergique.

    Allez-y ! Pour eux, pour cette jolie histoire bien racontée et parce qu’il faut montrer à Roschdy Zem qu’on attend un deuxième film.

  • Fast Food Nation de Richard Linklater**

    A la suite d’un contrôle qualité, on découvre de la matière fécale (autrement dit, de la merde) dans les hamburgers d’une grande chaîne de restaurants les « Michey’s Fast Food ». Un cadre de l’entreprise est chargé de visiter l’usine où sont conditionnés les surgelés ainsi que les élevages et les abattoirs.

    N’ayant jamais consommé un hamburger de ma vie, ce film ne changera rien à mes habitudes alimentaires mais hélas je ne pense pas qu’il révolutionne non plus les usages des plus fervents. Il me semble que la charge aurait pu (dû ?) être plus virulente. Or, elle ne l’est pas vraiment et le film ne fait que constater sans véritablement accuser ou dénoncer.

    Evidemment il y a des scènes à vomir littéralement au niveau du traitement de la barbaque mais plus encore à propos des conditions de vie des troupeaux et par-dessus tout évidemment en ce qui concerne l’exploitation des clandestins qui travaillent pour leur survie dans les abattoirs.

    Cela fait trop pour un seul film. Chaque thème est survolé et tout cela reste bien « light ».

    Dommage !

    Par contre rien à reprocher au casting grand luxe trois étoiles : Bruce Willis, Greg Kennear, Patricia Arquette, Catalino Sandino Moreno (la merveille de "Maria full of grace"), Ashley Johnson (la merveille, fille de Mel Gibson dans "Ce que pensent les femmes", photo), Ethan Hawke, Kris Kristofferson, Paul Dano (la merveille, frère de "Little Miss Sunshine), Luis Guzman...

    Quant au réalisateur, il est l'auteur du récent très beau et très désespérant "A scanner Darkly"

  • Nouvelle chance d’Anne Fontaine**

    Odette vieille actrice qui s’étiole parmi ses souvenirs dans une maison de retraite reprend du service par l’entremise d’Augustin, improbable metteur en scène, qui doit monter une pièce. Il choisit également Betty, héroïne de feuilletons télé pour compléter le casting.

    Ce film est une sucrerie douce et amère. On y rit, on y sourit, on sanglote aussi un peu. C’est bon et même si plusieurs idées sont complètement laissées en plan sans explication, les trois acteurs principaux se chargent de nous en faire oublier les faiblesses. Jean-Chrétien Sibertin-Blanc (frère de la réalisatrice) est un doux dingue, rêveur, un mix entre Woody Allen et Buster Keaton, je trouve. Il est épatant. Arielle Dombasle est délicieuse, à l’aise comme toujours dans son numéro de burlesque existentiel. Quant à Danielle Darrieux, elle est irrésistible dans ce rôle de vieille dame indigne qui exprime comme personne la disproportion que ce doit être de vivre dans un corps presque centenaire avec un esprit de vingt ans !

    Malgré la loufoquerie ambiante de cette comédie, son amoralité, son émotion et sa fantaisie… j’en suis sortie avec un malaise certain que je n’arrive ni à excuser ni à comprendre. La toute dernière scène, les trois dernières minutes et la toute dernière image sont d’une cruauté sans nom que je n’arrive pas à expliquer !