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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 66

  • La Californie de Jacques Fieschi**

    Encore un film ovni qui vaut surtout pour ses acteurs, des premiers aux seconds rôles, mais pas seulement. Une bonne surprise.

    Contrairement à son titre, l’histoire se situe en France, où La Californie est un quartier résidentiel de Cannes. Maguy dilapide ce qui lui reste de fortune dans une maison chic. Elle boit beaucoup, sort énormément et s’ennuie encore plus. Elle est entourée d’une douce et joyeuse bande de parasites qu’elle entretient. Elle les considère tantôt comme sa famille, tantôt comme ses employés. Les heurts sont inévitables avec cette femme capricieuse, lucide et pathétique.

    C’est terriblement sombre, infiniment désespéré, vraiment incroyable.
    Que dire de Nathalie Baye ? Elle est drôle, touchante, agaçante, blessée. Elle est magnifique, elle est sublime. Quant à Roschdy Zem, il est la douleur et la tristesse incarnées, sorte de bombe à retardement qui donne l’impression qu’il va exploser à tout instant.

    Deux acteurs immenses de cette force et de cette beauté, c’est impressionnant.

    Pour Ed., voici Roschdy Zem, un des merveilleux acteurs de "Indigènes"... plus merveilleux de film en film : un acteur immense qui fait faire des booms au coeur !

  • Ô Jérusalem d’Elie Chouraqui ***

    Est-ce du courage ou de l’inconscience de parler d’Israël aujourd’hui ? En tout cas, Elie Chouraqui s'y risque et réussit un fim digne, sincère et c’est ce qui est louable, entre autre. Il s’agit ici de raconter les trois années (de 45 à 48) qui ont marqué la naissance d’Israël après le vote de l’ONU qui décida du partage. L’origine du conflit actuel est là, bien raconté, bien expliqué. C’est à la fois limpide, inévitable et pourtant incompréhensible. Il y a le bien et le mal dans cette histoire MAIS ils sont des deux côtés. C’est évident qu’on va reprocher à Chouraqui son impartialité, moi je la trouve admirable !

    Saïd l’arabe, et Bobby le juif sont amis et illustrent parfaitement cette si belle « Union sacrée » qui a tant de mal à se faire. Ils vivent l’après-guerre dans l’euphorie à New-York puis s’embarquent pour Jérusalem avec les mêmes idées, les mêmes rêves, les mêmes espoirs mais sont contraints de devenir malgré eux, frères ennemis. On demande toujours aux hommes de choisir un camp !

    La folie des hommes, la bêtise des guerres sont prégnantes ici.

    S’il y a un message dans ce film, c’est Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté, mais la bonne volonté on a parfois un peu de mal à la trouver, hélas ! En tout cas, laissez-vous embarquer dans cette histoire, car au-delà du lourd pari pédagogique et pacifiste, c’est romanesque (ce qui sera évidemment aussi reproché au réalisateur, je n’en doute pas), émouvant et palpitant. Et puis, un acteur (inconnu) se détache du casting très impliqué (Saïd Tagmaoui, Patrick Bruel : très très bien), il s’appelle JJ. Field, il est magnifique !

    Comme le dit un des personnages : "Si Dieu n'est pas ici, à Jérusalem, où est-il ?" car Jérusalem ( רושלים - Yerushalayim en hébreu; القدس - Al-Qods en arabe) signifie ville de la paix, la ville trois fois sainte, car elle contient les lieux les plus sacrés des religions juive, chrétienne et musulmane.

    La Bible, le Coran et la Torah ne sont pas des livres guerriers.

    Mais j'ai une réponse qui n'est dans aucun des trois : Dieu n'est nulle part !

     

    Salam, Shalom !

    Jérusalem vue du mont des Oliviers (Dôme du Rocher et, en arrière plan, dômes du Saint-Sépulcre; à droite, la Porte dorée, murée, par où est attendue la venue ou le retour du Messie.

     

  • Transylvania de Tony Gatlif ***

    Zingarina parcourt la Transylvanie pour retrouver Milan qu’elle a aimé en France et qui a disparu. Elle le retrouve et il lui dit brutalement qu’il ne veut pas d’elle. Désespérée, seule et à demi-folle, elle se sépare de son amie Marie qui l’accompagnait et erre solitaire dans ce pays froid et hostile. Elle va rencontrer Tchangalo, homme seul comme elle mais libre ! Il va lui redonner confiance en la vie, en l’amour.

    Comme toujours Gatlif filme une histoire simple dans un tourbillon. C’est fou, poétique, totalement foutraque mais on est emporté par ce déchaînement lyrique grâce, en partie à la musique qui vous soulève et vous transporte. Dans ce pays de musiciens, on s’offre un orchestre comme on s’achèterait un CD chez nous. Un des personnages le dit : « la musique c’est pour la vie, pas pour se faire du mal ». C’est en chantant, en dansant que les personnages reprennent goût à exister et c’est beau, enivrant. On n’atteint pas le niveau de l’insurpassable (selon moi) « Gadjo Dilo » ni de « Exils », mais c’est du Gatlif, donc toujours meilleur que la moyenne ambiante. La sincérité, l’énergie, la folie, le rythme sont des arguments imparables. Et comme chez Kusturica, autre fou démesuré, on peut même croiser des ours sur la route.

    Quant aux acteurs, ils n’interprètent pas, ils SONT. Asia Argento qui ne fait jamais les choses à moitié… ne fait donc pas les choses à moitié, et Birol Ünel est fascinant.

    Un beau voyage enthousiasmant qui s’achève sur un lumineux sourire.

     

  • Le pressentiment de Jean-Pierre Darroussin**

    Charles, avocat, se désole de vivre dans un monde méchant où l’entraide et la solidarité ont disparu. Ne cherchez pas, ce n’est pas de la science-fiction on est bien en 2006 à Paris. Bourgeois nanti à héritage il rompt avec son milieu, son travail, sa famille (des frères et une sœur consternés de voir leur frère « devenu fou », une femme aristocrate insupportable et prétentieuse qui vit dans un appartement musée, un fils qui n’est peut-être pas de lui…) et part vivre, solitaire dans le quartier le plus populaire de Paris.

    Dans cet immeuble où tout le monde se connaît et s’épie il donne des conseils, prête de l’argent puis recueille une toute jeune fille dont le père a frappé un peu fort sur la mère !

    Très vite, il s’aperçoit que dans la France « d’en bas » comme dans celle « d’en haut »… le dévouement désintéressé est suspect, mal perçu et qu’il provoque des jalousies, des accusations infondées de la méchanceté… jusqu’à la révélation du « pressentiment ».

    Précédé de son indiscutable capital sympathie, il m’est impossible de dire le moindre mal du premier film de Jean-Pierre Darroussin, même s’il n’est pas toujours aisé de comprendre où est la frontière entre le « rêve », le fameux pressentiment et la réalité. Darroussin est le copain qu’on rêve tous d’avoir tant il incarne la douceur, la gentillesse assorties d’un humour désabusé qui fait toujours mouche. Ici, comme souvent il traîne sa carcasse désenchantée d’homme qui n’en peut plus et n’a plus guère d’illusions. Comme toujours il est parfait.

    Mention spéciale également à Valérie Stroh, si rare, et à Hippolyte Girardot impeccable qui, sourire ironique au coin des lèvres, semble vivre le rêve de son aîné par procuration.

     

  • La Méthode de Marcelo Pineyro***

    Bienvenue dans l’entreprise, cet univers impitoyable. 7 candidats (5 hommes, 2 femmes…) ont été sélectionnés pour pourvoir un poste de cadre dans une multinationale. Ils se retrouvent dans la même pièce et comprennent rapidement qu’ils vont devoir s’éliminer les uns les autres jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Lors des tests, sadiques et sophistiqués, chacun doit prouver pourquoi il est le meilleur. Le jeu de massacre peut commencer. Pour Eduardo, tapez 1, on connaît la chanson…

    C’est un huis clos asphyxiant, on ne sort pratiquement pas de la salle de tortures… mais c’est passionnant et jubilatoire, servi par des dialogues cyniques, cruels et plein d’humour et par une interprétation des plus réjouissantes (Eduardo Noriega et Pablo Echarry : muy caliente). La morale (y'en a t'il une ?)  n’est pas drôle du tout mais une fois encore on nous démontre jusqu’à quelles bassesses l’être humain est capable d’aller pour sauver sa peau.

     

  • Sarajevo, mon amour de Jasmila Zbanic***

     La vie quotidienne à Sarajevo, après la guerre. C’est une ville grouillante où tout le monde court, dans les bus, dans les rues, ça bouge. Tout semble « normal » et pourtant certains murs sont encore criblés d’impacts de balles. La jeunesse s’étourdit dans des bars où l’on danse au son de cette musique endiablée et si vibrante, chacun se rend à son travail ou à l’école. La vie a repris ses droits mais… ceux qui faisaient des études avant la guerre n’ont pas eu l’énergie de les reprendre après, les femmes se réunissent en groupes de paroles pour exorciser les démons ou tenter de cicatriser les plaies, les enfants sans père se les inventent héros… C’est le cas de Sara, ado boudeuse à la fois tendre et violente qui vit avec sa mère Esma, courageuse et abîmée qui semble cacher un secret à sa fille.

    Ce récit sobre et poignant a reçu l’Ours d’Or au Festival de Berlin. C’est mérité car il s’agit à nouveau d’une histoire qui rend hommage aux victimes oubliées des conflits. Pétri d’humanité et illuminé par ses deux actrices principales, impliquées et écorchées, ce film émouvant nous rappelle une fois encore les ravages irréparables des guerres et comment des êtres humains peuvent dévaster la vie d’autres êtres humains

  • 12 and holding de Michaël Cuerta ***

    Jacob, Malee et Léonard, sont amis. Ils ont douze ans et vont quitter l’enfance, chacun à leur façon en fonction des événements qui vont bouleverser leur existence.

    Jacob, frêle petit garçon au visage barré d’une tache de naissance, perd son frère jumeau dans un incendie à la fois criminel et accidentel et se retrouve animé d’un désir de vengeance. Malee, ado précoce et délaissée, use de tous les moyens pour séduire un homme sous le charme duquel elle est tombée. Léonard, garçon obèse dans une famille d’obèses cherche à se sauver et à sauver sa famille (contre son gré) de leur « infirmité ». Autour de ces enfants blessés, les adultes, les parents, ni pires, ni meilleurs que d’autres, déroutés par les circonstances, font ce qu’ils peuvent, et peuvent souvent peu et mal !

    A une aberration scénaristique près, le parcours des trois amis est filmé avec beaucoup d’intelligence et il se dégage de ce film, entre drame et comédie, énormément d’émotions et de douleurs. Les trois enfants, à des années lumières des pestes qui trépignent pour un match de base-ball ou un anniversaire…, sont absolument formidables, justes, touchants et étonnants.

  • Président de Lionel Delplanque **

     

    Voir un Président de la République propre sur lui et presque propre dans sa tête devenir un pourri de première, on connaît… on a ce qu’il faut sur le Trône de France depuis… je vous laisse remplir les points de suspension ! Par contre, ce qui est réjouissant c’est de voir les coulisses du pouvoir, le train de vie royal, les adultères, les compromissions, les disparitions suspectes et j’en passe. Ici, le bureau n’est pas ovale, il est rectangulaire mais les idées qui circulent sont quand même courbes.

    Au-delà de tout, c’est l’interprétation qui est impériale et emporte l’adhésion jusque dans les moindres seconds rôles de gardes du corps par exemple.

    Albert Dupontel, plus charismatique qu’on ne l’a jamais vu fait un excellent président, crédible, capable de faire un discours de rock star, de poser toutes dents dehors pour des magazines, aidé en cette mascarade par un maître ès communication (Jackie Berroyer, irrésistible). Jérémie Rénier excelle, film après film à jouer les arrivistes aux dents longues. Claude Rich, comme toujours, raide comme un piquet, se régale et nous régale à être le mentor, cynique, ambigu et séduisant.

    Lionel Delplanque enfonce le clou un peu profond avec une scène, très JFK où une tentative d’assassinat est récupérée aux fins de gagner des points dans l’opinion publique.

    Cet univers assez nauséabond est rendu de façon très contradictoire bien sympathique grâce à cette interprétation sans faille où tout le monde semble s’être bien amusé.

  • A scanner darkly de Richard Linklater ***

     

    2013 en Californie. Le flic Bob Arctor (Keanu Reeves) est chargé d’une mission d’infiltration auprès de junkies accros à une substance qui crée une dépendance inévitable et des dommages collatéraux irréversibles. Pour rendre sa mission plus crédible, il devient lui aussi dépendant…

    Avez-vous déjà vu un film d’animation avec de vrais acteurs animés ? Non. Alors courez voir celui-ci. Visuellement c’est magnifique et les acteurs (Keanu Reeves, Robert Downey Jr, Woody Harrelson) quoique stylisés, y sont remarquables. C’est paranoïaque, très bavard, souvent très drôle mais aussi inquiétant et vertigineux tant le héros se retrouve emmuré dans un piège inextricable.

    Le final, dérangeant et désespéré vous laisse complètement sonné.

    Jubilatoire sur le plan cinématographique, désespérément angoissant sur le plan intellectuel, ce film est une curiosité et une réussite.

  • Fair Play de Lionel Bailliu**

     Malgré un titre et une affiche loin d’être convaincants et attirants, voici un film hors du commun où, fait rarissime, pas un seul personnage n’est sympathique.

    Mettez cinq ordures ordinaires dans une entreprise (qu’on ne voit jamais… tout se passe à l’air libre et en dehors des heures de travail) et là tous les bas instincts se révèlent. Pour garder son travail, pour être promu, pour s’en sortir, tous les coups sont permis et surtout les plus méprisables. Soif de pouvoir, harcèlement (sexuel ou psychologique ou les deux), arrivisme, corruption, humiliation… à quelque niveau de la hiérarchie qu’ils se trouvent, rien n’arrête les personnages de cette histoire machiavélique. Le sport est vécu comme le lieu où chacun va se révéler et manifester ce dont il est capable. Même la plus innocente victime se transforme en pire bourreau. C’est à la fois réjouissant et écoeurant.

    Entre séances d’aviron, squash, parcours santé, golf, canyoning (les séquences les plus flippantes..), les acteurs (excellents) s’en donnent à cœur joie pour faire tomber les masques et les hommes… La partie de squash, assez longue, vaut à elle seule un court métrage et devrait être diffusée dans toutes les écoles de commerce.

    Bref, un film suffisamment différent et original (malgré ses faiblesses) pour ne pas le bouder