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Sur la Route du Cinéma - Page 574

  • LE CAUCHEMAR DE DARWYN de Hubert Sauper ***

                                 
    La perche du Nil poisson soi-disant goûteux a été introduite par inadvertance dans le Lac Victoria en Tanzanie dans les années 60. Les serial-killer qui avait gros appétit a dévoré sans exception toutes les espèces animales présentes dans le lac provoquant ce qui est et sera une catastrophe écologique. Des officiels réunis pour envisager des solutions regrettent : « ce n’est pas bien de ne montrer que le mauvais côté des choses, il faut aussi montrer le côté positif… ». Le positif, cherchons-le.
    Ce poisson, très prisé en Europe fait depuis, l’objet d’un commerce qui en a enrichi… quelques-uns. Un ou deux cargos décollent chaque jour emportant avec lui environ 50 tonnes de poissons. Ce qui, au départ ne semblait être qu’une enquête sur un commerce et les risques écologique dans la « région » s’est avéré rapidement beaucoup plus édifiant. Il se trouve que la Tanzanie crève de faim, une véritable famine sévit. Des tonnes de poissons expédiés en Europe, il ne reste que les carcasses pourries (la tête et les arêtes) sur lesquelles grouillent les asticots. Des squelettes en décomposition des poissons émane de l’ammoniaque qui provoque des maladies. Ces restes sont distribués à même le sol à la population comme base de leur nourriture dans des espèces de camions poubelles…
    Les hommes pêchent le poisson, les femmes réduites à la prostitution s’offrent pour 10 dollars la nuit aux pilotes russes et australiens, des brutes alcooliques qui n’hésitent pas à les battre ou accessoirement à les tuer. Le sida fait des ravages : environ 10 à 15 personnes meurent chaque mois, sans avoir eu accès à aucun traitement. Les religieux (…) en profitent pour asséner leur couplet : « se prostituer c’est pas bien, mais porter un préservatif, c’est un péché… » (no comment, je préfère ça va m'énerver).
    Les enfants sont complètement livrés à eux-mêmes, abandonnés. Ils dorment en groupes par terre dans les rues : une cabane en carton serait un luxe. Les jeunes filles se glissent dans les groupes de garçons les plus jeunes car si elles s’approchent trop des ados, elles risquent de se faire violer. Quant aux jeunes garçons, ils utilisent les restes des emballages en plastique des poissons, les font fondre et se fabriquent une colle qu’ils sniffent le soir. Grâce à cela, ils s’endorment rapidement et s’ils se font tabasser ou violer pendant la nuit.. ils ne sentent rien !
    Devant ce constat, le réalisateur s’est posé la question de savoir ce que pouvaient bien apporter les avions en provenance de l’Occident. Des médicaments, de la nourriture ??? Des armes…

  • TROUBLE°° de Harry Cleven

    Deux Magimel pour le prix, c’est bon à prendre malgré ses cheveux jaune paille et sa mine renfrognée. C’est sans compter avec Natacha Régnier anti-actrice monolithique, mono-expressionniste et insupportable, Olivier Gourmet, acteur tragiquement tragique qui s’est fait la tête de Lénine pour l’occasion (je ne sais pas pourquoi), un enfant acteur tête à claques et un réalisateur qui essaie de faire du sous de Palma en recyclant du sous sous Hitchcock et qui balance un coup de cymbale tous les trois plans pour vous faire bondir de votre siège (sans cela c’est sûr, on pourrait dormir)/
    Les histoires de famille glauques avec cadavre dans le placard : non, non et non quand c’est filmé avec les pieds.

  • TEAM AMERICA – WORLD POLICE* de Trey Parker et Mark Stone

                  

    La première demi-heure est réjouissante : pastiche explosif à grand renfort de décibels des interventions étazuniennes à travers le monde et des films qui y font référence. Il ne manque ni un « mother fucker » ponctuant chaque phrase et ni une bannière étoilée flottant au vent. Les GI US interviennent partout pour sauver le monde des terroristes et chaque fois laissent le pays en ruines et les habitants hagards. Le Caire, sa Pyramide, son Sphyns, le Canal de Panama sont rayés de la carte. Paris n’est pas épargné : la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, le Louvre sont bousillés. La vision du français par l’américain est assez désopilante : il porte un béret, un machin ou un truc sur la tête, toujours mais pas forcément une baguette sous le bras, les voitures sont des DS, et le français s’appelle « Jean-François ».
    Les décors sont très beaux, les « poupées » expressives et tout allait bien jusqu’à la deuxième partie où là… revirement complet : les acteurs américains démocrates (Susan Sarandon, Tim Robbins, Sean Penn et compagnie) emmenés par Alec Baldwyn sont responsables de tous les maux de la terre et des « busheries » menées de par le monde. Michaël Moore comment un attentat suicide, les acteurs prennent les armes et sont tous exterminés par la World Police. Pas un mot des Schwarzie, Bruce Willis et Mel Gibson qui soutiennent leur président chéri qui n’est même pas cité.
    Tirez sur tout le monde : je suis d’accord, mais dans ce cas, il ne faut oublier personne.

  • PRENDRE FEMME de Ronit Elkabetz ***

    prendre femme - 

    Entre un mari gentil, doux, qui ne boit pas, qui ne la bat pas, qui travaille (le rêve pour une femme) MAIS qui n’intervient dans l’éducation des quatre enfants que pour constater « voilà le résultat de l’éducation que tu leur donnes », et qui mène sa vie au rythme du Talmud et des prières à la synagogue, et un amant qui a trop hésité et lui offre en cadeau un sandwich à l’harissa… une femme hésite et pète un câble !
    C’est un film magnifique et surprenant : la plus grande scène de ménage hyper réaliste jamais vue depuis « Qui a peur de Virginia Woolf ».
    Un monde fou gravite autour de cette femme : son mari, quatre enfants, une grand-mère, un amant, des amies, quatre ou cinq frères, des oncles, des voisins… et tout se passe pratiquement dans les 10 m² d’une cuisine. Tout le monde réagit, intervient, se mêle pour que ce couple se réconcilie. On comprend que cette femme, malgré des velléités d’indépendance et d’émancipation étouffe et suffoque jusqu’à une scène d’hystérie insoutenable.
    La femme c’est Ronit Elkabetz, elle est divine, on dirait Maria Callas, le mari c’est Simon Abkarian (magnifique) et l’interprétation est sans faille.
    A voir avec en cerise sur gâteau une scène très « In the mood for love » avec violon obsédant, ralenti et pluie battante… et comble de la sensualité : UN BAISER ! Ce qui tendrait à prouver que les marocains sont plus entreprenants que les chinois.

  • MOOLAADE de Sembene Ousmane**

     

    Où l’on apprend que 38 pays sur 45 que compte l’Afrique pratique encore cette torture que les hommes appellent pudiquement « purification ». Comme eux sont naturellement purs, on ne leur coupe rien !
    Le traitement de ce sujet lourd est simple et l’interprétation enthousiaste et réjouissante. Deux scènes d’excision sont évoquées hors champs. C’est insoutenable. Les fillettes sont emmenées de force et leurs hurlements sont insupportables.
    Les hommes, plutôt consternants de bêtise et de lubricité ne sortent pas grandis de cette histoire. Les femmes par contre y sont à l’honneur, vaillantes, combatives, victimes non consentantes, admirables.
    Un beau film.

  • BE COOL de F. Gary Gray°


    Evidemment John Travolta est impayable en Chili Palmer imperturbable qui ne bouge pas une oreille même avec un gros calibre braqué entre les yeux. Evidemment Uma Thurman est délicieuse et magnifique et Harvey Keitel irrésistible.. Mais les autres !!! Ce ne sont que des caricatures de personnages bas de plafond et pas drôles.
    Comme il est toujours intéressant de chercher ce qui va dans un film plutôt que ce qui ne va pas, je dirai que Steven Tyler (chanteur d’Aérosmith), piètre acteur et pub vivante pour la chirurgie esthétique ratée est une bête de scène absolument ahurissante et qu’en une seule scène il capture l’écran. C’est toujours ça.
    La meilleure réplique, la voici. Un apprenti comédien harcèle Travolta pour obtenir une audition dit :
    « quand est-ce que vous me rappelez ???
    quand ton téléphone sonnera !! »
    Je sais, c’est peu.

  • OMAGH DE Pete Travis***

    (prononcer OMA).
    C’est l’été, c’est la fête au village et nous observons des terroristes préparer la bombe et venir la déposer en voiture en plein milieu du quartier commerçant en fête. Tout le monde est gai, personne ne se doute… alors que nous, spectateurs, nous savons. C’est insoutenable alors que sur l’écran il n’y a que gaieté et insouciance. Les terroristes avertissent qu’une bombe va exploser dans une demi-heure mais ils n’indiquent pas (volontairement) le bon endroit, si bien que les policiers vont faire évacuer la foule vers l’endroit même où la bombe explose…
    Un carnage : 31 morts, 160 blessés. Le reste, c’est l’affolement des familles qui viennent sur les lieux de l’hécatombe ou à l’hôpital ou directement dans une morgue improvisée. Puis c’est le deuil, le combat des familles qui veulent savoir, comprendre et que soient punis les responsables de l’attentat qui sont clairement identifiés.
    La justice et la police (anglaise et irlandaise) ne font rien qui risquerait de compromettre le processus de paix en marche !
    C’est hallucinant et très très fort. C’est filmé comme un documentaire avec néanmoins de vrais acteurs impressionnants, notamment le père d’une des victimes qui devient porte-parole presque malgré lui des familles. Il est calme, déterminé, muré dans son chagrin et pourtant il avance obstinément, toujours digne. Il est bouleversant.