Dès la scène d'ouverture, formidable, on comprend que Lila et Ely sont amies à la vie/à la mort depuis toujours. On comprend aussi qu'on est dans un "film de banlieue" mais pas tout à fait, un "film de trentenaires" mais pas encore, un "film d'ados" mais plus vraiment. C'est donc un film un peu comme, mais pas que, et surtout différent parce qu'il offre sur l'amitié, les filles, la banlieue, les rêves, la famille un regard différent. Et pourtant l'une est juive, l'autre pas. L'une a une famille solide, l'autre non. Mais personne n'est stigmatisé ou enfermé dans un carcan. Ce qui rassemble Lila et Ely ce sont leurs rêves d'autre chose, de Paris, de paillettes qu'elles imaginent plus grands, plus beaux, mieux que ce qu'elles ont, mais c'est surtout leur amitié, leur complicité qui les rendent uniques. Elles se connaissent, se "calculent" par coeur depuis toujours. Elles sont inséparables et pourtant les cachotteries et mensonges de Lila les sépareront un temps.
Cette chronique dans l'air du temps est emmenée tambour battant par deux petites bombes extraordinaires : Géraldine Nakache, également scénariste et réalisatrice et Leïla Bekhti (qui a approché de trop très près "Un prophète"...) qui, en plus d'être belles, ont une joie de vivre, une profondeur, une énergie, une tchatche et des talents de clowns vraiment stimulantes.
Il faut voir Leïla supplier Ely de lui faire l'imitation (très réussie) de Céline Dion, ou de lui faire le paon. Plus jamais je ne pourrai voir un paon de la même façon et sans penser à Ely. Tordante vraiment. Comme les djeunz de banlieue et d'ailleurs, elles semblent toujours prêtes à se mordre, elles s'aboient littéralement dessus et la seconde suivante, elles éclatent de rire, de nouveau complices. Très attirées par le côté "bling-bling" des fêtes chébrans parigotes, elles multiplient les combines pour entrer dans les soirées privées, se lient avec deux noceuses invétérées (Virginie Ledoyen pas mal et Linh Dan Phan absolument fabuleuse dans un rôle à l'opposé de ses rôles de jeune fille sage quoiqu'ici encore très mélancolique) Elles vont aussi renier un peu leurs origines modestes, leurs autres amis et leurs familles, notamment dans une scène d'une cruauté sans nom où le père d'Ely, d'une tendresse inouïe mais envahissante, va faire les frais d'un malentendu.
Elles vont être aveuglées par le clinquant de cette vie superficielle où seule l'apparence et les relations importent. Vont s'y brûler les ailes mais pas trop... Pour grandir peut-être, et se retrouver.
Dommage que les garçons ne soient vraiment pas à la hauteur. Il faut dire que les deux sensés incarner les princes pas très charmants manquent totalement d'envergure et de charisme face à ces deux tornades.