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  • La chambre des morts d’Alfred Lot ***

     

    La Chambre des morts - Mélanie Laurent
    La Chambre des morts - Mélanie Laurent

    Sylvain et Vigo, deux chômeurs jouent aux chauffards une nuit sur le parking désert d’une usine désaffectée près d’un champ d’éoliennes. Ils renversent un homme qui meurt sur le coup et découvrent un sac contenant deux millions d’euros. Ils décident de garder l’argent et de faire disparaître le corps. Parallèlement, une fillette retrouvée morte dans les parages, une autre enlevée le jour suivant font démarrer l’enquête menée par une équipe dont fait partie Lucie, jeune et douce « profileuse ». Les deux affaires vont rapidement avoir un rapport l’une avec l’autre.

    La référence est écrasante mais loin d’être indigne et dès le départ (et la scène finale où Lucie est seule dans le noir à parcourir des couloirs...) on ne peut s’empêcher d’évoquer « Le silence des agneaux » car même si Hannibal Lecter est absent de ce polar parfois horrifique, nul doute que Lucie (Mélanie Laurent, exceptionnelle) a la fragilité, les névroses, les casseroles, la ténacité et le flair de l’agent Clarice Starling. De rebondissements en péripéties, un scénario malin, impressionnant et palpitant nous balade jusqu’au dénouement, pas clairement explicite sur tout, mais peu importe, les deux heures d’enquête qui nous mènent aux portes de la peur sont captivantes. La faiblesse de ce premier film très réussi vient de l’historiette d’amour entre Lucie et son collègue, qui arrive comme un veuch sur la soupe sans convaincre… il faut dire, et j’en suis désolée, qu’Eric Caravaca en fantasme masculin : NON ! Heureusement, ce n’est qu’anecdotique mais ralentit sans intérêt l’action et plombe le film d’un gros quart d’heure de trop. Cette réserve faite, je déconseillerai aussi le film à ceux qui ne supporteront pas de voir des enfants et des animaux souffrir… mais ce cauchemar, d’une noirceur totale est un véritable ovni dans le paysage cinématographie français il me semble. La multiplication des personnages inquiétants et bien barrés (ah ! Jean-François Stévenin…) ne nous égarent jamais même si elle embrouille et met les enquêteurs sur de fausses pistes, et permet à quelques acteurs de faire de jolis numéros tarés ou borderline (Laurence Côté est méconnaissable).

    Cerise sur le clafoutis, c’est tourné à Dunkerque et à Lille… la mer du Nord… men plater land, tout ça.

    La Chambre des morts
  • Dans la Vallée d’Elah de Paul Haggis ***

     

    Dans la vallée d'Elah - Tommy Lee Jones
    Dans la vallée d'Elah - Charlize Theron

    Alors qu’il est de retour d’Irak, Mike est porté « absent » par son unité. Retraité de la Police Militaire, son père Hank enquête sur cette absence avec l’aide d’Emily Sanders, officier de police exemplaire et motivée du Nouveau Mexique où Mike a été vu pour la dernière fois. Ce que Hank et Emily vont découvrir au cours de leur enquête qui multiplie les zones d’ombre de plus en plus mystérieuses est indicible.

    Scénariste du « Million Dollar Baby » de Clint Eastwood, réalisateur du très voyant et démonstratif « Collision », Paul Haggis choisit cette fois la sobriété pour dévoiler l’horreur d’une guerre sale, d’une sale guerre avec une rigueur époustouflante. On est étourdi par tout ce qu’on découvre sur ce conflit, sur les séquelles des jeunes militaires de retour au pays égarés, abrutis et pratiquement déshumanisés par ce qu’ils ont fait et vu là-bas et maintenus avec la bénédiction de leur état-major dans le sexe, la drogue, l'alcool et donc, la violence. Certains ne rêvent même que de retourner en Irak ! Hank trouve des vidéos dégradées dans le portable de son fils qu’un champion de l’informatique va peu à peu réussir à décrypter. On découvre le contenu de ces vidéos au fur et à mesure de l’enquête et Hank y perd quelques certitudes. Ce que Mike a fait là-bas est au-delà de ce qu’un père peut croire de son fils. Ravagé de chagrin, rempli de larmes, Tommy Lee Jones, sobre comme jamais, n’en versera pas une. Sa présence imposante et magistrale à l’écran fait de sa prestation un modèle de retenue et d’évidence (et le concurrent numéro un à Brad et Casey pour les Oscar). Face à lui Charlize Theron est admirable, tout en retenue et en détermination.

    Hors de tout sensationnel, ce film est poignant et s’il se termine, comme c'est souvent dans les films américains par un gros plan de la bannière étoilée,  c’est pour une fois important et hautement symbolique car ce drapeau est en train de perdre beaucoup d’éclat… D'ailleurs, Hank le hisse à l'envers ce qui est un S.O.S. signifiant "au secours, la patrie est en danger...".

    INDISPENSABLE.

  • Les promesses de l’ombre de David Cronenberg ***

    Les Promesses de l'ombre - Viggo Mortensen
    Les Promesses de l'ombre - Viggo Mortensen

    Une jeune fille russe de 14 ans meurt en mettant au monde une petite fille. Ana, la sage femme (d’origine russe) qui l’a accouchée découvre un journal intime dans son sac et se met en tête de le faire traduire pour découvrir qui était l’adolescente Elle se retrouve plongé dans l’univers de la mafia russe de Londres, autant dire que la brebis se jette dans la gueule du loup en rencontrant Semyon propriétaire d’un restaurant, son fils Kirril et leur chauffeur Nikolaï !

     Au bout d’une heure ma moitié accompagnante avait découvert un aspect à la fois secondaire mais primordial et assez déconcertant d’un des personnages. Moi j’ai dit « pfff, mais non, voyons, c’est n’imp’… », j’avais tort mais comme je le dis souvent, j’entre toujours pure et innocente dans chaque salle. La même moitié pense que si l’on découvre ce genre d’éléments c’est qu’il y a de grosses ficelles qui dépassent et ça fait désordre ! Peut-être mais néanmoins, on ne peut réduire ce film-ambiance à ces faiblesses car c’est du grand Cronenberg, fascinant. C’est une enquête et la lecture en voix off, sans cesse interrompue du carnet intime de la jeune morte où l’on découvre au fur et à mesure le calvaire qu’elle a vécu, l’a fait avancer. On plonge dans l’univers mafieux avec stupeur et tremblements tant les codes qui y sont érigés sont faits de faux-semblants, de trahison, de vengeance. Dès qu’on met les pieds dans cette machine de guerre impitoyable, il est difficile d’en échapper. Comment va s’en sortir la brebis ?

    Naomi Watts, avec son visage de boxer triste (le chien, pas le sportif) est trop fade, transparente voire absente par moments. Elle n’est pas à la hauteur. Quel dommage de passer à côté d’un aussi beau rôle ! Par contre, elle est entourée d’un casting haut de gamme et en forme. Armin Mueller-Stahl en patriarche séduisant et inquiétant fait de son regard de glace un atout et une arme implacable. Vincent Cassel, en fils dégénéré, alcoolique, violent mais perdu, très attiré sexuellement par Nikolaï est parfait et se régale visiblement à jouer les timbrés. Un jour il utilisera son visage véritable livre ouvert sans excès ni grimace et obtiendra c’est sûr SON rôle tout en sobriété ! Et évidemment, il est inconcevable de passer sous silence la prestation remarquable de Viggo Mortensen avec sa « gueule » véritablement taillée à la serpe, couturée de cicatrices, inquiétant, ambigu, énigmatique, raide et strict dans son costume. Il a la classe un peu vulgaire des mafieux, la présence imposante et impassible de l’homme à tout faire sans état d’âme. Il est l’atout numéro un du film et on ne se lasse pas de le voir évoluer, faire la moue, lever les sourcils imperceptiblement à chaque manifestation débile et furieuse de Kirril. Par ailleurs, il parle ou plutôt il chante et roucoule le russe et dans l’oreille se glisse comme un doux tvorog sucré une nouvelle chanson elfique… La désormais déjà célèbre (et culte ?) scène du hammam où il affronte seul et uniquement paré de ses tatouages deux sbires armés de cutters est une épreuve et un moment où l’on est littéralement scotché à l’écran. Inutile de préciser que pour Cronenberg la violence n’a rien de ludique, comme chez Tarantino par exemple, et que la chair et les jolis dessins qui couvrent le corps de Nikolaï souffrent, et nous aussi ! L’autre scène initiatique où Nikolaï doit renier ses parents pour entrer dans le « cercle de l’étoile », véritable rite au cours duquel d’autres tatouages lui seront gravés sur le corps est aussi un grand moment. Le film, mélancolique, dense et épuré est une succession d’instants tranchants comme des rasoirs.

    Ne ratez pas le Retour du Roi Mortensen !

  • Comme un juif en France d’Yves Jeuland ****

     

    Lorsque la télévision offre un tel programme, un documentaire de cette force et de cette intensité, passionnant, je ne peux qu’applaudir ! Ce deuxième volet, diffusé hier soir évoquait, de la libération en 1945, à nos jours, l’évolution et les rapports des juifs de France avec la République.

    De retour des camps, les juifs sont écrasés par le silence qu’on leur impose. Alors que les survivants attendent le retour des leurs, ils finissent par douter et finalement ne plus y croire en découvrant aux actualités l’horreur des camps. Seuls les résistants font office de martyrs alors que le génocide des juifs et des tziganes est passé sous silence. Apparaissent aussi les négationnistes. Il suffit d’un seul plan au réalisateur pour les évoquer, un plan unique, sidérant d’un intervenant (j'ai préféré oublier son nom) qui affirme « le zyclon est un pesticide encore utilisé de nos jours. Alors oui, les allemands ont gazé… les poux !!! ».

    Malgré la création de l’Etat d’Israël, les français restent en France mais les juifs réalisent à quel point il est dangereux d’être juifs, ils enfouissent cette appartenance au fond d’eux. Le retour des rapatriés juifs pieds noirs d’Algérie en 1962 est un tournant. Ceux là n’ont pas connu l’indicible de la barbarie et, d’Afrique du Nord ils rapportent les couleurs, la gaieté, les traditions. Être juif devient presque « fashion ». En 67, alors que Nasser veut jeter tous les juifs à la mer, la peur ressurgit. Mais David écrase Goliath en 6 jours et tout le monde descend dans la rue pour soutenir ce peuple. Le cliché du juif victime, peureux, lâche, incapable de se défendre est balayé. C’est la première (et la seule ?) fois que sont réunis juifs, arabes, musulmans, chrétiens… Voir des milliers et des milliers de gens dans les rues de Paris qui chantent à l’unisson « Hava Naguila » me fait plus d’effet que d’entendre « I will survive » (survivre à quoi ?) sur les Champs Elysées autour d’un ballon rond. Encore une fois le silence de l’État français est assourdissant si ce n’est l’intervention indigne de De Gaulle en novembre 67 qui affirme que les juifs font partie d’« Un peuple sûr de lui et dominateur »… Un dessin de Tim paraîtra dès le lendemain de cette déclaration dans l’Express et fera le tour du monde :

     

    S’ensuivent dans les années 80, l’attentat de la rue Copernic, celui de la rue des Rosiers, la profanation du Cimetière de Carpentras et les paroles malheureuses de Raymond Barre qui affirme que parmi les victimes se trouve « un français innocent qui passait par là par hasard »… les autres victimes (juives) ne sont donc pas innocentes ! Le juif est à nouveau désigné comme coupable et la résurgence de l’antisémitisme est inquiétante.

    Ce n’est que Chirac en 2003 qui reconnaîtra la responsabilité de la France et de la police française qui a prêté son concours aux rafles allemandes dès 1941. Mais ça n’est pas suffisant, il semblerait qu’actuellement les mêmes clichés, les mêmes amalgames qui font de tous les musulmans des terroristes, assimilent tout juif à un militaire israëlien. La France antisémite ? C’est inconcevable n’est-ce pas ?

    Le film se termine, non sans ironie sur la phrase d’un réalisateur juif qui affirme avoir la solution pour régler le problème. « La solution, dit-il, elle est simple : une conversion obligatoire et généralisée au judaïsme ! Ainsi tout le monde aurait de l’humour, tout le monde serait riche… ».

    Mais c’est la voix vibrante d’émotion, de colère, d’indignation et surtout hélas d’inquiétude de Robert Badinter qui résonne encore !

    Quelles justifications ont l’antisémitisme et TOUS les racismes ? AUCUNE !

    P.S. : pardonnez la maladresse de cette note !

  • Bientôt...

    reprise d'une activité "normale" sur ce blog. En attendant, essayez de trouver les films cachés ci-dessous. Comme c'était trop simple la dernière fois et que je suis de mauvaise humeur, c'est plus difficile cette fois...

    Voici déjà les réponses qui ont été trouvées. Vous êtes vraiment forts !

    I -

    II -

    http://img208.imageshack.us/img208/2541/00000011ed.jpghttp://images.amazon.com/images/P/B0001ZXA9C.08._SCLZZZZZZZ_.jpg

    III -

    http://img217.imageshack.us/img217/9982/jarheadinnocence8oc.jpg

    IV -

    http://img86.imageshack.us/img86/8856/film28ng.jpg

    V -

    http://img144.imageshack.us/img144/200/sanstitre1copieraa2.jpg

    VI -

    http://img208.imageshack.us/img208/5783/4qq2.png

     

  • Barry Lyndon de Stanley Kubrick ****

     

     

    Il ne vous a sans doute pas échappé qu’actuellement et tout au long du mois de novembre, la chaîne Arte propose un cycle Stanley Kubrick. Il me semble que peu de réalisateurs peuvent se prévaloir de compter autant de chefs-d’œuvre à leur actif. Après « Full metal Jacket » la semaine dernière, oppressant pamphlet anti-guerre, ce lundi 5 novembre à 20 h 40 vous pourrez retrouver ou découvrir pour les chanceux qui ne l’ont pas encore vu :

    « Barry Lyndon »

    ou l’ascension et la dégringolade d’un aventurier ambitieux et opportuniste sans scrupules. Si Ryan O’Neal, idéal en faible arriviste et cruel ou cynique (il faut le voir souffler la fumée de sa cigarette dans le visage de sa femme avec un irrésistible sourire) et Marisa Berenson beauté diaphane et victime qui disparaît sous les perruques et le maquillage, y trouvaient (selon moi) LE rôle de leur vie, ce film est inoubliable et reste à jamais gravé dans la mémoire pour d’autres raisons encore. L’histoire qui nous est contée est passionnante, c’est un livre dont on tourne chaque page, les lumières, les couleurs, le rythme, les paysages comme les intérieurs s’impriment en nous. Tout est admirable, baroque et harmonieux. Quant à la musique (Schubert, Haendel…), jamais elle n’aura autant sublimé les images et réciproquement.

    « Barry Lyndon » est un chef-d’œuvre incontournable du 7ème art.

     

  • Le dernier gang d’Ariel Zeitoun ***

    Le Dernier gang - Patrick Dell'Isola, Sami Bouajila et Vincent ElbazLe Dernier gang

    Ce film est basé sur des faits réels. Simon, délinquant depuis l’enfance se retrouve au début des années 80 et après quelques mois passés à l’ombre, à la tête d’un gang. Les journalistes ne tarderont pas à l’appeler « Le gang des postiches » car pour réaliser leurs braquages, les membres se déguisent en bons bourgeois ce qui est censé inspirer confiance. La seule motivation de cette bande est l’argent qu’elle compte se procurer en multipliant les attaques de banque, et en s’amusant sans violence. Simon le dit : « notre but c’est le Guiness des records pas la rubrique nécro… ». Cela dit, Simon est lucide et persuadé que cette vie où tout lui réussit n'aura qu'un temps. Il entend bien la vivre à 100 à l'heure. L’une des particularités du gang est de ne jamais préparer ses coups. C’est en passant devant une banque qu’il décide d’y entrer ou pas. Cette méthode a donc donné bien du fil à retordre aux policiers qui l’a traqué pendant des années avant qu’un grain de sable vienne enrayer l’engrenage.

    Nerveux, efficace et rythmé sans relâchement (certaines scènes de braquage ou de cavale sont électrisantes), ce film est un peu le « Romanzo criminale » français et sans hésitation on est dès le début du côté des bandits. Il faut dire que le réalisateur n’y va pas de main morte pour rendre son personnage sympathique et le charisme de Vincent Elbaz fait le reste. Présent dans pratiquement chaque plan, il a la carrure et l’énergie idéales pour porter sur ses larges épaules ce personnage hyper actif, excentrique, non-conformiste et aussi très sentimental car Ariel Zeitoun n’oublie pas d’inclure une jolie histoire d’amour romantique à souhait avec la douce Clémence Poesy. En jeune chien fou, en chef de bande à l’amitié solide, en amoureux transi, en junkie, en papa, en nouveau bourgeois Vincent Elbaz est crédible de bout en bout. A ses côtés, on trouve le grand Sami Bouajila, toujours grand et aussi Gilles Lellouche (acteur transformiste…) qui en flic obsessionnel fout vraiment les jetons. La reconstitution des années 80, les images d’archives, l’élection de Mitterrand qui semble être à l’origine du fait que tous les riches (craignant l’arrivée du communisme en France) ont planqué leurs bijoux et leurs millions dans les coffres des banques ajoutent encore à la réussite de ce film jubilatoire.

    Le Dernier gang - Clémence Poésy et Vincent ElbazLe Dernier gang

     

  • Le rêve de Cassandre de Woody Allen ****

    Le Rêve de Cassandre - Colin Farrell
    Le Rêve de Cassandre - Ewan McGregor

    Ian et Terry, deux frères aussi différents que possible mais complices comme les doigts de la main (oui madame !) s’offrent une folie bien au-dessus de leurs moyens : un voilier qu’ils baptisent « Le rêve de Cassandre », quelle idée, je vous demande un peu ! Non seulement ils s’endettent jusqu’au cou et même au-delà mais Terry, joueur invétéré perd une fortune aux cartes. Comment rembourser ces dettes ? Un providentiel oncle d’Amérique propose de les aider en échange d’un "petit" service : assassiner un associé gênant…

    Si trilogie londonienne il y a, cet opus est pour moi le meilleur. Cette mécanique bien huilée qui fait monter la pression et la tension jusqu’à un final surprenant (oui, je me laisse encore surprendre au cinéma, en poussant des oh et des ah !!!) digne d’une tragédie antique prouve à quel point Woody Allen peut encore et toujours se renouveler laissant le spectateur littéralement scotché à l’écran. Comme d’habitude les personnages pensent tout haut et les dialogues en cascade même s’ils ne font pas éclater de rire à chaque réplique sont savoureux. Par ailleurs, Woody a eu le génie supplémentaire de s’entourer d’un duo d’acteurs (des garçons, c’est étonnant) formidables dont le plus tordu n’est pas celui qu’on aurait pu croire. Ewan Mc Gregor inspire confiance sous des dehors lisses de premier de la classe mais il cache des trésors de cynisme et d’immoralité. Quant à Colin Farrell admirablement dirigé, prouve enfin quel acteur il peut être. Bombe à retardement, barbe et ongle crades, il intériorise, il est à fleur de nerfs et laisse parfois exploser ses angoisses et ses remords. Rongé de culpabilité et de désarroi, il est extraordinaire.

    Captivant et surprenant, filmé avec élégance, et même si je regrette toujours l’absence de Woody acteur, ce film, une totale réussite, est celui d’un jeune homme !

    Le Rêve de Cassandre - Colin Farrell et Ewan McGregor
  • L’heure zéro de Pascal Thomas **

    L'Heure zéro - Melvil Poupaud

    L’heure zéro c’est l’heure du crime et tout est mis en place dans cette adaptation d’Agatha Christie pour que sonne cette heure après que tous les protagonistes nous aient été présentés ! Camilla Tressilian richissime vieille dame indigne et opiomane (Danielle Darrieux, délicieuse) réunit pendant l’été dans sa splendide demeure bretonne quelques personnages qui se détestent plus ou moins cordialement. Guillaume Neuville (Melvil Poupaud, très beau, mince, chic et classe comme Cary Grant), star perdante du tennis et sa femme Caroline (Laura Smet, hystérique, vulgaire… son premier rôle ???), l’ex femme de Guillaume, la discrète Aude (Chiara Mastroiani, impériale comme… non…) ainsi que d’autres invités dont la présence est plus ou moins désirée par les uns et les autres, plus le personnel de maison.
    Deux meurtres plus tard, intervient le commissaire sous les traits de François Morel (décalé et savoureux qui chantonne : « Maigret, Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Colombo… ») pour mener l’enquête. Chacun de ces personnages dont aucun n’est réellement sympathique va révéler sa vraie nature comme on s’y attend.

    La partie de Cluedo peut commencer.
    La maison est agathachristienne, la musique hitchcockienne et le film s’achemine pépère vers un dénouement et des révélations que les plus malins (dont je ne suis pas) découvriront peut-être. Rien d’inoubliable mais plutôt l’occasion pour tous les acteurs de faire leur petit numéro. Plaisant !