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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 58

  • L’incroyable Hulk de Louis Leterrier **

    L'Incroyable Hulk - Edward Norton
    L'Incroyable Hulk - Edward Norton

    Pour tenter de contrôler son problème de « transformer », Bruce Banner est parti se planquer dans une favela brésilienne. Il prend des leçons de sel-control avec un sadique qui lui file des beignes et l’apprend à respirer avec le bide. Ça calme et ça l’empêche de devenir tout vert. Pour se débarrasser de son truc, il est aussi en contact via OutLook avec un mystérieux scientifique qui lui donne plein d’indications et lui fait tester son sang et tout et tout. Mais Bruce a d’autres problèmes. Vu qu’il lui faut pas d’émotions… il est obligé de regarder sa fiancée de loin se faire embrasser par un autre… s’il l’embrasse lui-même, il devient vert et casse tout (Hancock à côté, c’est un minus). Et c’est pas tout, l’armée le recherche pour en faire une arme fatale. Ce qu’il ne veut pas évidemment. Bruce, c'est un non violent. Alors voilà, tous les problèmes que Bruce il a. C’est pas triste et ça fait comme un film !

    La bonne idée c’est d’avoir remplacé cette quiche molle d’Eric Bana par le toujours juvénile, très charismatique… et allons-y c’est l’été, hyper bandant Edward Norton. Pour le reste tout est à la bonne place quand il faut dans ce genre de film… même si, curieusement, Hulk est bien le seul personnage qu’on n’a pas vraiment envie de voir apparaître. Il faut dire que la marionnette est pas terrible. Je vous dis ça alors que pourtant, le vert c’est ma couleur préférée. Mais franchement, King Kong était bien plus expressif. Mais trop poilu à mon goût. Et puis le costume trashos d’Hulk, franchement ça le fait pas et t’as pas trop envie d’être sa meuf si tu maîtrises pas la machine Singer (ce qui est mon cas évidemment). Donc, Hulk c’est pas mon genre. Mais Bruce/Edward, si, trop mon genre même. Alors du coup je préfère les scènes où il est seul, qu’il morfle et qu’il est triste et sale pire qu’un SDF. Oui, je sais c’est pas chrétien mais quand ça devient trop pyrotechnique, Edward n’est plus là et moi j’attends qu’il se calme. Hulk ! Il faut qu’il se calme pour qu’Edward revienne. Le combat final n’est pas terrible comme dans le film de l’autre jour.. ah oui, Iron Man ça s’appelait… mais dans l’intérieur d’Iron Man y’avait Robert Downey Junior et j’avais déjà très très chaud.

    Revenons-en à Hulk. Un autre machin super moche a été créé encore plus fort qu’Hulk. Dedans y’a Tim Roth (Tim, arrête de faire le con, redeviens « L’homme sans âge »). Il grogne et il casse tout, même sans raison. Bien sûr, ça se termine à New York, la ville que les réalisateurs et les trucs zarbis aiment démolir. On comprend pas pourquoi ça s’arrête, mais ça s’arrête alors qu’il n’y a aucune raison vu que les deux sont aussi forts l’un que l’autre. En gros, j’ai pas vu le temps passer et franchement Edward Norton, il en a sous le capot pour arriver à être crédible, pas ridicule et convaincant alors qu’on sait que de temps en temps il va devenir un gros géant vert ! Il est tout triste et tout malheureux et c’est joli à voir, en plus de sa jolie peau et de ses jolis muscles qu’on n’a pas QUE envie de regarder... A la fin il va se planquer en Colombie… un endroit sûr comme on sait et il nous fait un gros clin d’œil, l’air de dire : I’ll be back.

    Donc, y’a ça… Edward, je veux dire, et puis, y’a les 30 dernières secondes et rien que pour ces 30 secondes là j’aurais envie de dire « faites le déplacement » mais je ne peux rien vous dire parce que je suis pas là pour faire des révélations, mais franchement les trente dernières secondes et une "apparition" maousse costaud… redonnent le sourire après ce combat nazebrock !

  • Hancock de Peter Berg **

    Hancock - Will Smith
    Hancock - Jason Bateman et Will Smith

    Hancock est un super héros super fort mais super mal élevé et super alcoolo qui se rase directement avec les ongles. Et, même s’il s’emploie à débarrasser Los Angeles de ses délinquants, à chacune de ses interventions, la ville ressemble de plus en plus à Bagdad. A chacun de ses atterrissages ou décollages il détruit la route, casse des voitures, éventre des buildings, fait couler des bateaux (aaaaaah le sauvetage de la baleine !!! encore !!!)… Au fond Hancock semble se moquer éperdument de ce qu’on pense de lui et des dommages collatéraux qu’il occasionne (mais rassurez-vous, on découvrira la fêlure de la bête..). Il fait son taf blasé et contraint. Il est donc impopulaire comme aucun super héros ne l’a jamais été.

    Il va rencontrer Ray (Jason Bateman, craquant), idéaliste béat qui veut sauver le monde avec ses faibles moyens de mortel. Ray voit le bien partout et croit même en la rédemption de Hancock. Il va l’aider, via un séjour en prison, à se racheter une conduite et à devenir un super super héros. Mais…

    La première partie est tout simplement jubilatoire tant on n’est pas habitué à croiser un personnage aussi incorrect à tous points de vue. Il ose même s’en prendre aux obèses, aux enfants et là, on (enfin, je) en redemande carrément. Will Smith, toujours beau comme un basketteur de la NBA (ce type me fait écrire n’importe quoi, vraiment !) prête sa dégaine, son physique (on voit même des morceaux qu’on n’avait jamais vus jusque là), son charme et son incommensurable capital sympathie à cet hurluberlu impoli. Et on rit, on rit beaucoup de tant d’incorrection. Je ne pensais d’ailleurs jamais qu’un jour je rirais autant même en entendant 10 fois « la tête dans l’cul ! »… et oui, j’avais prévenu que je ne ferais pas dans la finesse cet été. C’est fuckingment bien parti. La deuxième partie vire un peu de bord et  change un peu/beaucoup de ton mais reste néanmoins assez originale avec un final étonnamment ultra romantique. Aaaaaaaaaaah l’amour !!! Et Will Smith !

    Hancock - Will Smith, Jason Bateman et Charlize Theron
  • La personne aux deux personnes de Nicolas et Bruno **

    La Personne aux deux personnes - Daniel Auteuil
    La Personne aux deux personnes - Alain Chabat

    Gilles Gabriel, chanteur has been des années 80 entend une chanson de lui dans son auto-radio. Complètement distrait par ce qu’il considère comme un come-back possible il percute un piéton et meurt au volant. Le piéton, c'est Jean-Christian Ranu, petit comptable minable boudiné dans son sinistre costume. Il se relève de l’accident sans une égratignure mais ne tarde pas à s’apercevoir qu’il est ‘habité’ par Gilles Gabriel. D’abord complètement paniqués et incrédules, les deux hommes que tout semble opposer vont devoir apprendre à cohabiter !

    Drôle de bonne idée de comédie s’il en est, on imagine aisément comment avec un tel sujet, les réalisateurs auraient pu foncer droit dans le mur avec tout ce que les situations auraient pu avoir de répétitif et de trivial. Or, il se trouve qu’il paraît que Nicolas et Bruno (dont je n’avais JAMAIS entendu parler avant, shame on me !) sont des champions du burlesque. C’est vrai qu’ils s’en sortent plutôt bien en intégrant également à leur farce une vision assez cauchemardesque du monde de l’entreprise. Mais aussi et surtout, il doivent énormément à leur époustouflant duo d’acteurs. Alain Chabat, invisible pendant les trois quart du film s’impose par sa voix seule et le second degré irrésistible qu’il arrive à imprimer à chacune de ses interventions. Que dire de Daniel Auteuil, capable de passer du personnage on ne peut plus sombre et suicidaire de « Mr 73 », il excelle ici, en roi de la comédie. Ridicule, ratatiné, coincé, pratiquement seul à l'écran la plupart du temps, il se sort de toutes les situations. Un exploit !

  • Les orphelins de Huang Shui de Roger Spottiswoode **

    Les Orphelins de Huang Shi - Chow Yun-Fat et Jonathan Rhys-Meyers
    Les Orphelins de Huang Shi - Michelle Yeoh

    Dans les années 30, la Chine est divisée par une guerre civile entre nationalistes et communistes. Les japonais en profitent pour envahir le pays. Un reporter anglais, George Hogg échappe de peu au massacre de Nankin et se retrouve isolé dans un orphelinat où tentent de survivre une soixantaine d’orphelins terrifiés et plus ou moins traumatisés, eux aussi rescapés et une vieille femme. La rencontre d’une infirmière américaine et d’un chef de partisans communistes va changer la vie du journaliste. Les enfants risquant d’être enrôlés de force dans l’armée, George décide de les emmener dans un endroit où ils seront en sécurité… L’étrange troupe va parcourir 1 000 kms à pied !

    Avec un tel sujet : l’histoire VRAIE d’un authentique héros, quasiment un saint, on devrait assister à un film ample, épique et bouleversant. Il n’en est rien ou presque. Si l’épopée est parsemée de péripéties, si le rythme romanesque ne faiblit guère, si surtout les paysages sont d’une beauté saisissante à chaque plan, l’émotion n’est jamais au rendez-vous. Il y a des pertes, des morts, des suicides, des actes de bravoure, et tout laisse étrangement froid. On ne comprend jamais comment le déclic s’est fait dans la tête du journaliste qui au départ ne cherchait que le scoop à ramener en occident. Comment et pourquoi devient-on un héros ? L’idylle sentimentale providentielle ne tient pas trop la route non plus. Cela tient-il au fait que le couple vedette soit d’une étrange fadeur et n’ait pas l’étoffe et le romantisme échevelé que leur aventure exige ? L’histoire est forte et le film a le mérite de nous la faire connaître. J’aime les super héros impossibles mais aussi les héros réels de la vraie vie et l’étonnante expédition, la naïveté et l’abnégation de George Hogg méritaient un bien meilleur traitement. Restent des paysages littéralement à tomber de beauté, des enfants formidables, le grand Chow Yun Fat et l’aristocratique Michelle Yeoh, impeccables !

    Photos de 'Les Orphelins de Huang Shui'
  • Les insoumis de Claude-Michel Rome **

     

    Les Insoumis - Richard Berry, Bernard Blancan, Moussa Maaskri, Pascal Elbé et Aïssa Maïga
    Les Insoumis - Bernard Blancan, Moussa Maaskri, Pascal Elbé et Aïssa Maïga
    Les Insoumis - Bernard Blancan, Moussa Maaskri, Pascal Elbé et Aïssa Maïga

    Le Capitaine Vincent Drieu, flic surdoué mais brisé par un drame personnel et professionnel est volontairement muté dans un commissariat pourri près de l’étang de Berre. Il se retrouve face à une équipe démotivée, menée par une femme, commissaire, enceinte et qui ne demande qu’une chose à ses collaborateurs, qu’ils ne fassent pas de vague en attendant la démolition du commissariat prévue pour dans trois mois. C’est compter sans Drieu, cow-boy incorruptible qui entend bien ne plus laisser la mafia locale mener la ville.

    On ne peut nier que la première scène lorgne du côté de « Heat » avec l’attaque d’un fourgon qui emmène un prisonnier au tribunal. C’est nerveux, violent, radical, pyrotechnique et percutant. La suite sera (parfois) plus calme mais réservera quand même de belles surprises mouvementées et notamment la longue scène finale où tous les membres du commissariat sont obligés de s’enfermer pour résister à l’attaque d’une véritable troupe surarmée. Avant d’en arriver au dénouement qui hélas est complètement aberrant et bâclé, il convient de ne pas bouder son plaisir devant un film ambitieux et efficace.

    La partie qui évoque la vie du commissariat est particulièrement réussie. D’une part par son environnement, autour de l’Etang de Berre, le paysage est assez apocalyptique et donne un sens à cet espace de non-droit sinistré. Elle permet d’autre part à de beaux personnages de prendre vie bien qu’ils soient assez nombreux et aussi à des femmes, ce qui est rarissime, dans un film de cow-boys souvent prêts à dégainer. Si Richard Berry est idéal en flic désabusé à qui on ne la fait pas, il ne surprend pas et son « trauma » personnel (entièrement réglé par téléphone) laisse relativement indifférent. C’est dans sa relation avec chaque membre de l’équipe de bras cassés qu’il va d’abord surprendre, déranger puis séduire que son histoire est la plus convaincante. Il va rendre leur dignité et leur compétence à des flics réduits à remplir la « main-courante » sans intervenir ou à consoler les vieilles dames à qui on a volé le sac. Aïssa Maïga, toujours dynamique et impliquée se dévoue corps et âme à son chef, dès lors qu’elle peut l’admirer. Pascal Elbé, le plus récalcitrant finira par retrouver les valeurs d’un boulot qu’il a aimé grâce à un chef qu’il respecte. Bernard Blancan est un flic fatigué mais intègre qui y croit encore à condition d’être mené par un patron juste et vertueux. Sans oublier Moussa Maaskri et Guilaine Londez particulièrement convaincants eux aussi. Tout ce petit monde joue du flingue et de la réplique qui tue avec beaucoup de punch et donne au film son intérêt et son énergie. Un film efficace qui dépote !

  • Affaire de famille de Claus Drexel **

    Affaire de famille - André DussollierAffaire de famille - André Dussollier (photo exclusive)Affaire de famille - Miou-Miou (photo exclusive)

    Une famille de province sans histoire, le père, la mère, la fille mais sans beaucoup d’affinités et de choses à se dire découvre un sac de sport rempli de billets de banque. Jusque là, le père ressassait ses rêves de gloire footbalistique passée (il a failli entrer chez « les verts » dans les années 70 et les vieux de mon âge se souviendront « qui c’est les plus forts, évidemment c’est les verts… »), la mère s’occupe d’un magasin ringard de souvenirs dans la banlieue de Grenoble, et la fille ado ronchon, ronchonne. Tout cet argent va contraindre ce trio à faire tout et n’importe quoi. Cachotteries, mensonges, trahisons, chacun va chercher à berner l’autre volontairement ou pas, jusqu’à l’arrivée d’un policier, l’inspecteur Mort Vivant, d’un loubard à scooter et de ce fichu sac qui ne va cesser de changer de mains sans qu’on s’aperçoive de rien.

    Voilà typiquement le genre de film qui n’a d’autre ambition que de distraire (j’espère que j’ai bon !) et qui réussit parfaitement son pari. Il fait du bien et on en sort plutôt en grande forme. Car même si le scénario n’a rien d’exceptionnel : où est ce satané argent ? le réalisateur a eu la bonne idée de nous raconter l’histoire trois fois selon le point de vue de chacun des membres de la famille. Comment ont-ils découvert la chose ? Comment l’ont-ils interprétée en fonction de ce qu'ils ont vu ? Quel rôle jouent-ils vraiment chacun, ensemble ou séparément ? C’est vivant, enlevé, drôle, sans prétention et l'épilogue douloureux me fait penser qu'un tel sac tombé du ciel serait le bienvenu...

    Miou Miou et André Dussolier s’amusent manifestement sans jamais sourire car ils sont champions l’un comme l’autre dans l’art de manier le second degré avec un air parfaitement abruti.

  • Française de Souad El Bouhati **

     

    Française - Maher Kamoun et Hafsia Herzi
    Française - Farida Khelfa, Maher Kamoun et Hafsia Herzi

    Sofia est née en France de parents marocains. Lorsqu’elle a 10 ans, son père est au chômage, il décide et contraint toute la famille (sa femme et ses trois enfants) à aller vivre au Maroc. C’est pour Sofia que c’est le plus dur. Pour elle son pays c’est la France, elle ne cessera jamais d'y penser. Elle se jure d’y revenir dès qu’elle sera majeure. Hélas pour elle, son rêve se heurte sans cesse aux traditions et aux valeurs et au fait que ses parents, comme beaucoup de parents avec la meilleure volonté et les meilleures intentions du monde, pensent savoir ce qui est bien pour elle.

    Encore trop de filles ont comme seul avenir de trouver un mari et d’avoir des enfants, certaines sont même totalement analphabètes. La sœur de Sofia se satisfait parfaitement de ses projets de mariage. Mais Sofia, depuis toute petite aime l’école, elle aime étudier et souhaite faire des études même si après ses journées de cours elle rejoint son père pour l’aider aux champs.

    La relation de Sofia avec son père est la plus forte et la plus touchante. Peu enclin aux discours, comme souvent (hélas !) les pères avec leurs filles, le père de Sofia la regarde pourtant toujours avec tendresse, impressionné aussi manifestement par ses intentions et la patience et l’obstination qu’elle déploie pour que ses espoirs se réalisent.

    Loin des clichés des banlieues et des tentatives d’insertion désorganisées, c’est l’histoire d’une fille cultivée qui veut choisir son destin et son pays.

    Si l’on est quelque peu surpris de découvrir à la toute fin ce qu’est sa décision, on finit par comprendre qu’elle voulait simplement pouvoir choisir sa vie, son avenir, son pays sans que rien ne lui soit imposé. Chapeau !

    Hafsia Herzi confirme la bombe d’énergie, de charisme et de volonté qu’elle était déjà dans « La graine et le mulet ».

    Française - Hafsia Herzi
  • Grace is gone de James C. Strouse **

    Grace is Gone - John Cusack, Shélan O'Keefe et Gracie Bednarczyk
    Grace is Gone - Shélan O'Keefe et Gracie Bednarczyk
    Grace is Gone - John Cusack, Shélan O'Keefe et Gracie Bednarczyk

    Selon l’expression consacrée, Grace meurt au combat en Irak et Stanley ne sait comment annoncer la nouvelle à leurs deux filles de 8 et 12 ans. Lui, si sérieux d’ordinaire, peu enclin à la poilade et même plutôt autoritaire leur propose de faire une chose extravagante là tout de suite, à la grande stupéfaction de l’aînée. La plus jeune choisit le « Jardin enchanté », parc d’attractions kitschissime (nous le découvrirons à la fin) en Floride, et pour s’y rendre cela nécessite un voyage de plusieurs jours. Ce périple assez long permet au père de reculer encore et toujours le moment d’annoncer l’horreur. Comment en effet dire à deux petites filles qu’en mourant, leur mère a accompli son devoir alors qu’elles ont entendu à la télé, qu’éventuellement les Etats-Unis se seraient trompés d’ennemis ?

    Le réalisateur ne nous bassine pas avec l’engagement et le sacro saint patriotisme américain. A peine entrevoit-on une bannière étoilée sur le cercueil de Grace. Par contre, il s’attarde sur le chagrin de ceux qui perdent des proches dans ces conflits absurdes (si tant est que certains ne le soient pas). Le moment de la révélation aux petites filles est sans cesse repoussé. Stanley reprend des forces régulièrement en écoutant la voix de Grace sur le répondeur téléphonique, tandis que la plus petite qui a réglé sa montre sur l’heure irakienne ferme les yeux à heure régulière pour être en communion avec sa mère au même moment. Stanley ne peut laisser exploser son chagrin et si l’aînée soupçonne son père de lui cacher quelque chose, l’aveu final n’en sera pas atténué pour autant.

    C’est un mélo comme on n’en fait plus et vous aventurer sans kleenex serait une erreur colossale. Cela dit, il n’y a ni hystérie ni effusion de toutes sortes dans ce film pudique, délicat et sensible. Il faut dire que le père c’est John Cusak, gras double, voire triple, pantalons directement accrochés sous les aisselles à la manière de qui on sait… lunettes minables de la sécu, démarche lourdaude, en un mot méconnaissable, parvient à rendre ce père dépassé, qui devient de plus en plus complice avec ses filles, vraiment attachant. Quant aux deux petites… à des années lumière des gamins têtes à baffe singes savants que l’on découvre régulièrement, elles sont adorables, mignonnes, exquises, drôles et touchantes.

    Les trois vous donnent des frissons de tristesse sans en faire des tonnes. Un exploit avec un tel sujet ! Quant à la musique, les plus finauds reconnaîtront le doux piano de Clint et la délicate guitare de Kyle…

  • Nés en 68 d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau **

    Nés en 68 - Laetitia Casta et Yann Tregouët

    Catherine a 20 ans en 68, elle est étudiante à Paris, elle aime Yves et Hervé qui le lui rendent bien. Après la révolte de mai, gagnés par l’utopie communautaire, ils partent avec quelques autres s’installer dans une ferme abandonnée du Lot. Catherine y passera sa vie entière, ne reniant jamais ses idéaux libertaires, alors que d’autres ne supporteront pas cet isolement, cette façon de vivre. Des enfants naîtront, grandiront, les destins basculeront…

    Prenant à contre-pied la déclaration sarkozisto-sarkozienne « il faut liquider l’héritage de mai 68 » les deux réalisateurs choisissent d’égrainer chronologiquement 40 ans de la vie d’une femme traversée par tous les remous historiques qui ont agité la France depuis ces quatre décennies. De 68 à 2007 et à l’élection de qui on sait, rien ne manque : les traumatismes de la guerre d’Algérie, le manifeste des 347 salopes, la liberté des femmes à disposer de leur corps, les chambardements politiques, la chute du mur de Berlin, l’élection de Mitterrand en 81, puis le dégrisement, jusqu’au désappointement à l’élection de Chirac et à l’effroi lorsque le Pen se retrouve au second tour.

    Le film est emporté par un souffle éminemment romanesque et par Laetitia Casta qui porte solidement et énergiquement tout le monde et les évènements de sa vie. Elle est formidable. Mais l’histoire a du mal à démarrer (trop de fleurs dans les cheveux et de démonstrations d’une sexualité débridée et décomplexée dans la première partie) et à se conclure. La dernière demi-heure est interminable et pourtant, et c’est contradictoire, on a du mal à se faire à l’idée de quitter ces personnages qui nous ressemblent. C’est une fresque humaine et politique où le passé n’est pas idéalisé (la vie en communauté n'a rien de paradisiaque) mais une ombre de nostalgie (pas désagréable) plane néanmoins.

    La deuxième partie qui voit grandir les enfants et entrer dans l’âge adulte en même temps que la découverte de ce fléau mortel, le sida m’a paru encore plus intense et bouleversante par moments. Elle est portée par deux jeunes acteurs encore inconnus Théo Frilet et Sabrina Seyvecou absolument convaincants et poignants, deux échos, deux reflets, deux visions de l’éducation qu’ils ont reçue. 20 ans après 68, la jeunesse continue le combat des parents d’une autre façon. L’héritage militant de leurs parents doit être repensé.

    Un beau film humaniste, engagé et naïf mais surtout sincère, qui aurait gagné à être plus "resserré" !

  • Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal **

    Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal - Harrison Ford

    Pourquoi deux étoiles seulement êtes-vous en train de vous demander ? Je vous rassure tout de suite, ce n’est pas Indy qui est en cause. Il n’est même pas décevant. C’est juste que tout au long et en sortant de la projection on est en droit de se dire ; « n’y aurait-il pas comme une impression de déjà vu dans tout ce remue-ménage ? ». Car en effet, question scénar, ça vole pas au-dessus d’un nid de coucous et niveau surprise c’est Waterloo ! Si vous êtes de bonne humeur (c’était mon cas) vous pouvez décider que non, on ne vous a pas pris pour un c.. et plus si affinités et vous mettez deux étoiles. Dans le cas contraire, mauvaise humeur, levage du pied gauche, digestion lente et délicate, ça peut chauffer !

    Par contre disons que bon, ouf et youpi, tatatataaaaa tatataaaaaaaaa (sur un air de John Williams), Indy est resté le même, si ce n’est une démarche un peu lourdaude de dos. Mais de dos uniquement car sous la douche : tout va bien ! Indy est toujours cool, nonchalant, grimaçant et prodigue toujours de merveilleux conseils à son entourage bas de plafond : « baissez-vous ! » (quand ça canarde sec alentour), « il était gros ou petit le scorpion qui t’a piqué ? Tu ne me déranges que si c’est un petit » (quand on se fait piquer par un petit scorpion ; les gros ne sont pas dangereux), « si tu veux être un grand archéologue, sors de la bibliothèque » (quand on reste à la bibliothèque pour étudier l’archéologie) etc, etc…

    Justement parlons-en d’archéologie. Moi je suis pas une flèche en archéologie (et en plein de trucs ologie, comme la cuisine par exemple, mais bon…) alors, l’intrigue, le pitch, l’argument d’Indy, quatrième du nom, j’y entrave que pouic. Les masques en cristal plus solides qu’une porte blindée, les incantations au soleil par des tarés idolâtres qui vous balancent des flèches empoisonnées alors que vous passez par là en sifflotant, les cités perdues au fin fond du Pérou qui disparaissent dans l’eau, le rapport avec Staline, les communistes et tutti frutti c’est pas mon rayon, et pourtant c’est pile poil de ça dont ça cause dans Indy le quatrième… mais on s’en fout un peu je dois dire. En ce qui me concerne, je m’en fous total recall. Il y aussi d’autres trucs sentimentalo-familiaux, mais je vous les laisse découvrir, c’est trop bon.

    Moi, ce que je veux c’est Indy… en veux-tu en voilà quand y’en a plus, y’en a encore. Et là c’est bon j’en ai eu. Il est beau, il est grand, il est marrant. C’est Indy. J’adore quand il ramasse son chapeau (il arrête pas de tomber son chapeau) ou qu’il joue du lasso avec son fouet. Ouais ! Sinon, je sais pas s’il s’est transformé en titane ou quoi depuis l’autre jour (y’a 20 ans) que je l’avais vu mais déjà dans le temps d’avant, il pouvait se sortir des pires situations sans une égratignure… maintenant il parvient à échapper à une explosion nucléaire en se protégeant dans un réfrigérateur (vous pouvez pas comprendre). La bonne idée du truc, c’est qu’après il faut qu’il se fasse décontaminer à la brosse de chiendent… et ça, ca ne peut pas se faire en duffle-coat… Alors voilà, il faut attendre le quatrième épisode des aventures d’Indy pour le voir tout nu. C’est pas mal du tout, pour un vieux chnok (on arrête d’ailleurs pas de lui répéter qu’il n’est plus de première jeunesse, ce que je trouve d’une indélicatesse sans nom.). Un truc de sûr, il aime pas qu’on chipote à son sguègue avec une brosse ! Preuve qu'en plus d'être tout ce qu'il est, Indy est délicat.

    Bon à part ça, il saute trois fois dans des précipices, il bondit dans des voitures lancées à toute berzingue, il se prend des coups de pieds, des coups de poing, il écrase de fourmis géantes… que dalle, il se relève. Mais il a toujours peur des serpents. C’est marrant. Les phobies des autres, c’est toujours marrant. Sinon ?  ben, rien, enfin la routine parce que Steven a choisi de ne pas faire du neuf avec du vieux : un traître c’est toujours un ami, les méchants sont toujours des méchants et quand ils ne sont pas nazis, ils sont communistes. Karen Allen et Shia LaBeouf jouent les utilités et sont réduits à rouler des billes d’admiration tellement Indy il est incroyable pendant que Kate Blanchett roule les « r » pour faire russe et que John Hurt se ridiculise !

    Steven, j’aime bien que tu nous l’aies gardé intact notre Indy, que tu n’aies pas rendu ses aventures trop pyrotechniciennes, il  a toujours son bon goût de madeleine qui revient du coup, et un bon en arrière de 20 ans, je prends… mais tout de même, un petit truc en plus qui aurait fait la différence, j’aurais pas été contre !

    Quant à toi Indy, méfie-toi du ptit jeunot qui ressemble à Besancenot... oui, celui qui a failli te piquer ton chapeau...

    Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal - Harrison Ford
    Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal - Harrison Ford