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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 54

  • OSS 117 Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius **

    OSS 117 : Rio ne répond plus - Jean DujardinOSS 117 : Rio ne répond plus - Jean DujardinOSS 117 : Rio ne répond plus - Jean Dujardin

    Trois ans après, l’agent secret français le plus con de France, Hubert Bonisseur de la Bath allias double un sept, est de retour, mais 12 ans ont passé. C’est la magie du cinéma. Heureusement, OSS l’est toujours autant. Con, je veux dire. Sa mission, car il en a une et il l’accepte : récupérer un micro film à Rio, dont on apprendra qu’il peut être très compromettant pour l’État. Pour retrouver un ex nazi, il aura comme partenaire une (séduisante bien sûr) lieutenant colonel du Mossad, Dolorès, dont il aura évidemment bien du mal à admettre qu’elle est son égale.

    Comme dans le premier « épisode », on se fiche un peu de l’intrigue car on sait qu’elle sera résolue à la surprise de 0SS lui-même qui ne comprend pas grand-chose à ce qu’on lui demande mais qui bénéficie toujours d’un pot monumental pour se trouver sur les bonnes pistes et s’en sortir sans (presque) une égratignure. Ce qui l’intéresse davantage c’est de tester son pouvoir de séduction qu’il juge lui-même irrésistible sur toutes les jupes et maillots de bains qui passent et aussi de prendre très à cœur le rôle de couverture qui lui revient. Ici, il est censé être photographe reporter pour un magazine. Ne ratez donc pas l’album de ses photos qui défile pendant le générique : c’est du grand.

    Pour le reste c’est un festival Dujardin avec un véritable récital de répliques qu’il profère parfois avec la certitude qu’elles sont évidentes de drôlerie et d’autres fois persuadé qu’elles sont d’une intelligence, d'une finesse d'analyse à toute épreuve. Mais qui d’autre que Jean Dujardin pourrait les débiter sans nous faire hurler de honte. Car sa bêtise, son ton péremptoire, sa prétention et sa misogynie ne sont rien à côté de son racisme qui démontre plutôt son ignorance et son incompréhension de tout ce qui n’est pas français mais qui frôle parfois le négationnisme. Qui d’autre que Dujardin peut réussir à nous faire rire avec « ah oui ? l’Holocauste ? Quelle histoire !!! » ou encore « ne pourrait-on un jour envisager une réconciliation entre l’Allemagne Nazie et les Juifs ? ». Sans parler de sa définition d’une dictature ou des communistes !!! Tout ce qu’il dit est une accumulation d’énormités qui résume pourtant assez bien tout ce qu’on peut entendre comme banalités, âneries, lieux communs et clichés. Mais concentré dans une seule et même personne, c'est "énorme" ! Dans un tout autre registre, qui d’autre que Dujardin peut porter un tel maillot de bain ? Qui d'autre que Dujardin peut hésiter entre aller à droite ou à gauche quand il n'y a qu'un seul chemin à suivre ? Qui d’autre que Dujardin danse le twist comme ça ? Qui d’autre que Dujardin rit comme ça ?

    Sinon, il y a du soleil et des belles filles, Louise Monnot qui porte parfaitement la mini-jupe s’en sort mieux que je ne l’imaginais (mais la pauvre qu’a-t-elle à faire à part se désoler ou s’agacer d’avoir un tel boulet comme partenaire ?) et Pierre Bellemare en chef de service est vraiment très bien.

    Mais vous l’avez compris, ce qui est irrésistible dans ce film, c’est Jean Dujardin.

  • Prédictions d’Alex Proyas **

    PrédictionsPrédictions - Nicolas Cage

    En 1959, les enfants d’une classe d’école primaire de Boston-States-Unis mettent des messages dans une « capsule temporelle » qui sera ouverte lors d’une cérémonie par les élèves de la même école 50 ans plus tard. En 2009 donc. C’est le petit Caleb, orphelin de mère et fils d’un père statisticien (ça tombe hyper bien) qui hérite du message chiffré de Melinda, petite fille pâlotte et perturbée qui avait une étrange façon de se faire une manucure !

    John le père va rapidement découvrir que ces séries de chiffres sont en fait des dates, avec latitude/longitude et nombre de victimes de toutes les catastrophes des 50 dernières années (11 septembre 2001 compris)… et que les trois dernières séquences annoncent des pépins à venir. Comment faire pour éviter le bordel terminal alors que d'étranges bonshommes viennent murmurer à l'oreille de votre rejeton un peu dur d'oreille, that are the fucking questions ?

    Le premier et le dernier quarts d’heure sont à extraire de ce film catastrophe patapouf où même les scènes de traumas familial ne nous sont par épargnées : la mère/épouse morte, le père qui arrive systématiquement en retard pour aller chercher le moutard à l’école, le même qui, coupable, regarde sa montre en se tapant le front : « merde, j’ai oublié la fête de Caleb !!! », la mésentente père/fils, le copain qui ne croit pas les histoires abracadabrantesques etc…

    Même si les effets spéciaux des catastrophes en cascades sont nickel chrome (pour comprendre le nouveau procédé utilisé, renseignez-vous !), tout est prévisible et vu archi vu et Nicolas Cage fait son job en réfléchissant et en courant beaucoup.

    Et pourtant, j’ai comme l’impression qu’Alex Proyas est passé pas loin de réussir un beau grand film. La scène d’ouverture située en 1959 est intrigante à souhait et rappelle davantage l’univers thriller horrifique style Guillermo del Toro (toutes proportions gardées évidemment, pas la peine de me tomber dessus à cinéphilie raccourcie !) qu’un blockbuster. Quant au dernier quart d’heure ésotérico biblique et totalement improbable sans doute, il m’a néanmoins laissée complètement baba, jusqu’à quel sacrifice est-on capable d’aller pour tenter de sauver son enfant ? En tout cas, pour une fois qu’un réalisateur va au bout de son hypothèse de départ, c’est dommage de bouder son plaisir… même si, je le répète, entre le quart d’heure initial et le quart terminal, il est difficile de ne pas un peu gigoter sur son siège !

  • Duplicity de Tony Gilroy **

    Duplicity - Paul Giamatti et Tom WilkinsonDuplicity - Julia Roberts et Clive OwenDuplicity - Clive Owen

    Claire est agent de la CIA (prononcez « si aie hé », ça le fait) et Ray, agent du MI6 (dites « aime aïe sixe », that will do). Ils se rencontrent à Dubaï lors d’une mission chabadabadaboum et avant qu’il n’ait le temps de lui prouver son amour, Ray finit saucissonné (drogué) par la belle qui lui vole les secrets cachés dans sa chaussette. MDR.

    Les deux tourtereaux se retrouvent, (hasard ou coïncidence ?) se font des yeux de crapauds morts d’amour en se balançant des vacheries, Claire ôte son string, Ray sa chemise, craque boum hue , ils démissionnent et montent un coup qui devraient les mettre à l’abri du besoin pour le reste de leurs jours et leur permettre de se compter fleurette les pieds dans l’eau !

    L’arnaque, on s’en bat l’œil, il s’agit de piquer la formule d’un produit pharmatico capillaire révolutionnaire et ainsi prendre de vitesse deux maousses multinationales costaudes qui se tirent la bourre sans concession. Mais ce qui compte vraiment c’est le duo de charme qui sévit à l’écran et dégaine ses répliques cousues bouches plus vite qu’ils n’enlèvent le bas et grâce à leurs mines d’innocents, on ne sait jamais qui dit vrai et qui ment ! C’est un régal pour l’oreille mais aussi pour les yeux. Julia Roberts très en formes (y’a une justice, je vous le dis, Julia Roberts a des bourrelets… et le cheum qui m’accompagnait a dit élégamment « elle n’a jamais si bien porté son nom… ») mais en petite forme (voyez ce que je veux dire !) est associé à Clive Owen qui alterne les mines déconfites, réjouies… tout frais, un peu idiot parfois, un petit air « canaille » craquantissime et fou d’amour comme jamais est sexissime même quand il a sa chemise.

    Ça va vite, on voyage beaucoup, il y a du soleil (et peu de nanas)… la scène d’ouverture avec Tom Wilkinson et Paul Giamatti (les deux patrons) est le top model des scènes de cinéma au ralenti : HILARANTE et la fin que l’on sent arriver comme un gros patapouf est déconcertamment bien envoyée…

    Vite vu, vite oublié mais réjouissant !

  • La fille du RER d’André Téchiné **

    La Fille du RER - Catherine Deneuve et Emilie DequenneLa Fille du RER - Emilie Dequenne et Nicolas DuvauchelleLa Fille du RER - Catherine Deneuve, Emilie Dequenne, Michel Blanc, Mathieu Demy, Nicolas Duvauchelle et Ronit Elkabetz

    Jeanne vit avec sa mère Louise dans un pavillon de banlieue plutôt cossu s’il n’était sonorisé par le passage régulier et vrombissant du RER. La mère et la fille sont très proches l’une de l’autre, hyper complices. Louise garde des enfants à domicile et se désole un peu que Jeanne sans emploi ne mette pas plus de conviction à en chercher un.Quand Jeanne rentre le soir, elle dit qu’elle a passé sa journée en entretiens mais Jeanne ment. Elle passe en fait son temps à glisser dans les rues en se faufilant sur ses rollers. Puis elle rencontre Franck qu’elle trouve idéal. Elle s’installe avec lui dans un drôle d’endroit. Louise doute que sa fille puisse trouver le bonheur avec ce garçon un peu étrange et direct dans ses paroles, elle reste sceptique sur le comportement de Franck qu’elle trouve agressif… et effectivement, il quitte rapidement Jeanne de façon brutale. En réaction à cet abandon qu'elle ne comprend pas, Jeanne va inventer un mensonge rocambolesque qui va faire chavirer bien des existences…

    André Téchiné brode et imagine la vie de Jeanne qui bascule à partir d’un fait divers réel. En 2004, une jeune fille a porté plainte suite à une agression antisémite dont elle aurait fait l’objet dans le RER. En l’absence de toute preuve et de tout témoin, cette « affaire » a mobilisé pendant 48 heures toute la compassion et toute l’émotion nationales (des média aux 60 millions de citoyens français en passant par l’Elysée… et pourtant nous n’avions pas encore à l’époque un Président prêt à se déplacer et à intervenir personnellement dans chaque foyer dès qu’il y a une fuite d’eau !). L’intox était assez géniale et fascinante mais la jeune femme avait dû rapidement reconnaître qu’elle avait tout inventé !

    N’aimer que moyennement un film d’André Téchiné est suffisamment rare pour que j’en sois encore toute déconcertée le lendemain de sa vision. Et pourtant, même après réflexion, je dois avouer que les aspects gênants ont pris trop de place pour faire de ce film, un film aimable.

    Je n’ai pas aimé que Téchiné :

    - se mette à filmer caméra à l’épaule ? On se doute –même moi- qu’une fille à rollers, sillonne et slalome : inutile de nous mettre la caméra sur roulettes. Cette façon de filmer devient vraiment pour moi très très gênante.

    - qu’il fasse (comme le premier débutant américain venu) tomber des giboulées dignes des moussons tropicales dès que les choses se gâtent pour un personnage ? Avez-vous remarqué vous aussi à quel point il pleut quand ça tourne au vinaigre ?

    - ne nous donne pas l’occasion d’aimer sa Jeanne ni de comprendre réellement pourquoi, comment elle sombre si rapidement dans cette espèce de folie et qu’elle redevienne tout à coup aussi « normale » que vous et moi qui ne nous sommes jamais fait des entailles (très très légères) au visage et aux bras, couper une mèche de cheveux, tatouer des croix gammées sur le ventre pour filer droit à la police accuser des noirs et des arabes ?

    - bâcle sa fin en queue de poisson, au soleil autour d’une table « ami Ricorée »,

    - ait négligé les personnages de Ronit Elkabetz et Mathieu Demy…

    Que reste t’il alors ? Les acteurs évidemment.

    Emilie Dequenne est Jeanne. Dans son regard absent, parfois plongé dans le lointain, on sent toute la fragilité et l’ambiguïté de la jeune fille.

    Nicolas Duvauchelle est Franck, toujours tendu, inquiet et inquiétant.

    Et évidemment, Catherine Deneuve est Louise, parfaite. Crédible en mère attentive, affectueuse puis inquiète, crédible aussi en « assistance-maternelle » de banlieue qui « joue au sable » et raconte des histoires aux enfants. Son naturel, son énergie, sa liberté et sa vulnérabilité font ici, une nouvelle fois des merveilles.

  • Bellamy de Claude Chabrol **

    Bellamy - Marie Bunel et Gérard DepardieuBellamy - Marie Bunel et Gérard DepardieuBellamy - Gérard Depardieu

    Paul Bellamy, commissaire de son état et sa femme Françoise passent leurs vacances à Nîmes dans la maison de famille de Françoise. Mais Paul s’ennuie en vacances tandis que Françoise rêve de croisières. Bien que tout semble séparer cet improbable couple, ces deux-là s’aiment à la folie depuis longtemps et pour toujours et ne cessent de s’échanger caresses, baisers et regards concupiscents… et c’est très beau à voir (et cela prouvera encore à ce sale gosse de Rob Gordon qu’on peut ne plus être très jeune et très gros, aimer et être aimé !).

    Heureusement, alors que Paul s’endort sur ses mots croisés, un mystérieux homme qui s’accuse d’un crime qu’il a peut-être commis mais pas vraiment, va venir lui demander son aide et sa protection, ainsi que l’arrivée de Jacques son jeune frère, très alcoolique et très perturbé vont le sortir de son indolence.

    Quel film étrange ! Sans doute le plus lumineux de son réalisateur, on n’a jamais vu tant de lumière dans un Chabrol mais les personnages se multiplient sans qu’on les comprenne bien tous (Vahina Giocante, décorative, Clovis Cornillac se caricaturant), on se désintéresse de l’intrigue policière, on sourit à peine à la plaidoirie finale en chanson sur un air de Brassens, on se régale des petits plats mitonnés et de la performance de Jacques Gamblin dans un triple rôle.

    Et puis quoi ? Et puis rien. Tout le reste semble mou, plan plan et répétitif… ou peut-être n’ai-je rien compris, Chabrol terminant son film par cette citation « Il y a toujours une autre histoire, il y a plus que ce que l’œil peut saisir » comme s’il y avait un sens caché, à chercher !!!

    On aimerait vraiment rester simplement, sincèrement avec Marie Bunel (douce, charmante, discrète) et Gérard Depardieu qui forment un couple exquis, complice… ou mieux encore seul en tête à tête avec Depardieu enfin retrouvé, ressuscité, attentif aux autres, drôle, touchant. Merci néanmoins donc à Claude pour ce petit Chabrol mais ce GRAND Depardieu.

  • LAST CHANCE FOR HARVEY de Joel Hopkins **

    Last Chance for Love - Dustin Hoffman et Emma Thompson Last Chance for Love - Dustin Hoffman et Emma Thompson Last Chance for Love - Dustin Hoffman et Emma Thompson

    Harvey vit aux Etats-Unis, il est divorcé, il apprend qu’il est sur un siège éjectable au boulot et il se rend au mariage de sa fille en Angleterre auquel il n’est pas vraiment le bienvenu. Autant dire qu’Harvey n’est pas au top niveau moral. Il va croiser, décroiser, recroiser la route de Kate, une anglaise célibataire pas au mieux de sa forme non plus, bien seule et harcelée par une mère parano.

    Une comédie sentimentale américaine de plus me direz-vous ?

    Oui.

    Et non.

    Première particularité les protagonistes ont, lui, la soixante bien sonnée (en vrai Dustin à 72 ans mais chut, ça ne se voit pas !) et elle, la quarantaine bien tassée (en vrai Emma a 50 ans mais chut aussi, ça se voit à peine). Et la deuxième particularité c’est que compte tenu de leur âge justement, lui comme elle ont renoncé à croire à un quelconque bonheur avec un autre ou l’Autre, celui qu’on n’attend pas, qu’on n’attend plus. Ils vont résister mollement, émerveillés l’un de l’autre, l’un par l’autre, ne comprenant pas que comme pour deux ados le cœur peut encore faire badaboum et qu’il leur reste encore une chance, la dernière peut-être d’aimer et d’être aimé.

    Alors, chabadabada, oui mais il faut bien admettre que ce film bercé sur la Tamise ne serait rien ou peu sans ses deux merveilleux acteurs : Dustin Hoffman craquant comme jamais et Emma Thompson délicieuse, radieuse, éblouissante comme toujours.

  • Le petit fugitif de Ray Ashley, Morris Engel et Ruth Orkin **

    Le Petit fugitifLe Petit fugitif

    Ça se passe à Brooklyn dans les années 50. Joey 7 ans et Lennie 12 ans vivent seuls avec leur maman dans un petit appartement. C’est l’été mais Lennie considère Joey comme un fardeau car il doit s’en occuper pendant que la mère se rend pendant deux jours au chevet de leur grand-mère. Pour se débarrasser de Joey, Lennie simule un accident. Persuadé d’avoir tué son grand frère, le petit Joey se sauve, saute dans un train et se retrouve à Coney Island qui à l’époque était un immense parc d’attractions au bord d’une plage surpeuplée. Joey va passer une journée et une nuit de rêve et de cauchemar, multipliant les tours de manèges, la dégustation de confiseries, organisant sa fuite devant les policiers, se débrouillant pour gagner les cents qui lui permettent de subsister et se distraire pendant ces 24 heures.

    Entre le bonheur et la culpabilité de Joey la caméra se situe toujours à hauteur du petit garçon qui est une espèce de petit poulbot new-yorkais dont la bouille craquante et le naturel désarmant sont inoubliables. A aucun moment on a l’impression que Joey « joue » mais que toutes ses mimiques, expressions, réactions sont saisies sur le vif.

    Il est incroyable que ce bijou de film soit resté inconnu pendant 56 ans alors qu’il a obtenu un Lion d’Argent à Venise, qu’il était nommé à l’Oscar du meilleur scénario et qu’il est à l’origine de bien des carrières cinématographiques prestigieuses et que François Truffaut en dit :

    "Notre Nouvelle vague n'aurait jamais eu lieu si le jeune Américain Morris Engel ne nous avait pas montré la voie de la production indépendante avec son beau film, Le Petit Fugitif".

  • Los bastardos d’Amat Escalante **

    Los Bastardos

    Chaque jour Jesus et Fausto deux mexicains clandestins parmi d’autres à Los Angeles attendent en discutant assis contre un mur qu’un « yankee » leur offre un travail pour la journée payé une misère. Il s’agit de travailler sur des chantiers, ou désherber, cueillir des fraises… Un jour, un travail très particulier leur sera proposé dans un quartier résidentiel. Leur nouvel outil : un fusil !

    On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec « Funny Games » de Michael Haneke même si ici la violence et la torture morale et physique ne sont pas disséquées. Le réalisateur, en quelques scènes quasi silencieuses, s’attache autant à nous démontrer sans emphase l’avenir tout tracé des « bourreaux » sans avenir que les relations sans joie des « victimes » nanties capables aussi de se transformer en assassins. Il évoque le racisme, l'humiliation... Drôle de monde pas drôle où la violence peut surgir ou plutôt exploser. On la pressent mais elle jaillit soudainement comme la musique, électrique, clouant sur place les personnages et les spectateurs.

    Un film âpre, violent, tendu, sobre et… beau.

     

  • Walkyrie de Bryan Singer **

    Walkyrie - Tom CruiseWalkyrie - Le Comte Claus Schenk von Stauffenberg et Tom Cruise, son incarnation à l'écran

    Le Vrai Von Stauffenberg / Le Faux Von Stauffenberg.

     

    De 1942 à 1944 la préparation et l’échec de l’attentat visant à renverser le gouvernement allemand en assassinant Hitler.

    Pas moins de 15 attentats ont été commis pour tuer Hitler lors de la dernière guerre mondiale. Je n’ai jamais lu ça dans mes livres d’histoire, alors merci au cinéma américain de nous éclairer sur ce pan de l’histoire mondiale. En fait nous découvrons que la « résistance » allemande au plus haut niveau de l’armée et du pouvoir s’est organisée dès 1942. Le Comte/Colonel Von Stauffenberg qui n’était au départ qu’un des éléments de cette dernière conspiration visant à éliminer Hitler s’est retrouvé fortuitement chargé de déposer la bombe aux pieds du führer.

    Tous les allemands n’ont pas été nazis. Bon. L’histoire est incroyable, hélas le film trop sage et ressemble aux bons films de guerre d’antan. C’est déjà bien mais pas assez. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’imaginer les milliers voire les millions de vies épargnées si cet exploit avait abouti, tout comme on se prend à envisager comme les protagonistes du film au coup double qui faillit survenir, Mussolini devant être présent lors de la réunion fatale. Tout se passe comme prévu ou presque jusqu’à ce que la sacoche contenant la bombe soit malencontreusement déplacée. La bombe explose bel et bien mais ne cause que quelques blessures sans gravité à Hitler.

    Le réalisateur s’applique consciencieusement à ne rendre aucun personnage sympathique. Ils ont (quand même) tous sans exception signé le pacte nazi. Sans en faire des héros, il les présente comme des militaires prêts à se sacrifier mais néanmoins brisés de devoir rompre leur engagement, trahir leur serment.

    Avec le recul, je m’aperçois que ce film est une succession de scènes formidables qui au final produisent un film pas médiocre mais insatisfaisant. Difficile à expliquer. La préparation de l’attentat donne lieu à de nombreuses scènes bavardes et justifiées qui mettent remarquablement en lumière à la fois les hésitations, les doutes et la détermination des uns et des autres. L’attentat lui-même est assez classique. Mais c’est la dernière demi-heure qui est la plus palpitante à mes yeux. La bombe ayant explosé, Von Stauffenberg déclenche la fameuse opération Walkyrie qui consiste à renverser le pouvoir, prendre le contrôle de l’armée, arrêter les S.S., les ministres… c’est là que Singer réussit l’exploit de nous y faire croire quelques minutes alors qu’on ne devrait avoir aucun doute. Pendant quelques heures l’Allemagne nazie a été sous le contrôle de ces résistants… jusqu’à ce qu’Hitler reprenne la parole.

    Evidemment le gros problème est que ce film aurait dû être réalisé en allemand. Entendre ces Von Stauffenberg, Fromm, Olbricht, Fellgiebel parler un américain impeccable est un peu gênant. La musique boum patatra terrifiante dès qu’Hitler apparaît à l’écran est grotesque. Et les quelques notes de la fameuse Chevauchée des Walkyries me donnent comme à Woody envie d’envahir la Pologne ou comme Coppola de napalmer une forêt.

    Pratiquement tous ces nazis sont des acteurs américains ou anglais, sauf, SAUF Thomas Kreschtmann en maillot de bain (merci Bryan Singer). Quant à Tom Cruise, œil de verre, mâchoire carrée et palpitante, droit dans ses bottes, il est impeccable de sobriété.

    Mitigé, l’avis, donc.

    Walkyrie

    C'est Thomas Kreschtmann (sans son maillot... enfin, je suppose !).