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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 55

  • Le bal des actrices de Maïwenn **

    Le Bal des actrices - Maïwenn, Jeanne Balibar et Julie DepardieuLe Bal des actrices - Linh Dan Pham, Mélanie Doutey, Maïwenn, Julie Depardieu et Jeanne Balibar

    Ni tout à fait un film, un documentaire ou une comédie musicale… un peu les trois à la fois mais pas vraiment non plus, le nouvel opus de Maïwenn a tout pour surprendre, séduire et agacer. Tout comme sa turbulente et manipulatrice réalisatrice d’ailleurs. En ce qui me concerne, je ne suis pas parvenue à croire une seconde qu’il s’agit d’un quelconque documentaire où les actrices seraient  prises sur le vif dans leur vraie vie alors qu’on voit systématiquement que tout est mis en scène. Je ne crois pas non plus à l’amour démesuré de Maïwenn pour les actrices mais plus à un règlement de comptes entre filles où mine de rien, la réalisatrice « balance », comme souvent, avec l’air le plus innocent du monde. Maïwenn part du postulat incontournable que les acrtrices sont des femmes qui ont davantage besoin d'être aimées que les autres. Ah bon !

    Ce n’est pas (toujours) déplaisant pour autant car le casting quatre étoiles qui défile ici réserve de bien beaux moments où chacun trouvera ses préférences. Tout ceci étant éminemment subjectif. En ce qui me concerne ce sont Jeanne Balibar, Julie Depardieu, Charlotte Rampling et Romane Bohringer qui emportent tous mes suffrages car ce sont elles qui me semblent les plus sincères, à la fois originales et spontanées. Véritablement « aimables ».

    Le numéro de furieuse qui galère de Karole Rocher est trop systématique et répétitif pour finalement émouvoir. Quant à Christine Boisson en prof de théâtre qui confond manipulation et humiliation, elle est (enfin, son rôle est) exécrable et pathétique.

    Evidemment, on ne doute pas un instant que le métier d’actrice qui consiste aussi  à être la plus belle, la plus irréprochable, qui n’a pas le droit de vieillir pour un public exigeant prêt à fondre sur la moindre info « people » et s’en délecter ne soit pas de  tout repos toujours. Mais on a quand même du mal à s’apitoyer sur le sort d’une telle qui touche une enveloppe de 20 000 €uros pour poser un quart d’heure avec une bouteille de champagne à la foire de Trifouillis les Pedzouilles même s’il est évident que ce soit moins glamour et valorisant qu’un tapis rouge. Tout comme il est difficile de s’attendrir sur telle autre qui part à l’autre bout de la planète pour un temps illimité car elle n’en peut plus de ce monde impitoyable.

    Maïwenn coupe court à toute tentative de critiques en se les servant elle-même lors d’une avant-première où toutes « ses » actrices présentes « descendent » littéralement son film prétendant qu’elles ont eu honte de le tourner et qu'au final on ne voit qu'une actrice, Maïwenn herself. C'est effectivement un cinéma et un film qui disent "moi je, moi je, moi je" en prétendant le contraire.

    Elle est mignonne Maïwenn quand elle se fait tancer par Joey Starr qui lui dit : « avec ton cinéma intello, tu te prends pour Sofia Coppola », et elle pleurniche en affirmant qu’elle veut se débarrasser au contraire de son image « branchée ».

    Bref, en un mot comme en cent, j’avais mille fois préféré « Pardonnez-moi » où Maïwenn nous invitait à une analyse en direct, nous comptant par le menu les pires moments de son enfance et de sa vie, mais avec de vrais acteurs qui jouaient les vrais personnages de sa vraie vie.

    Ici, de bons moments donc, de moins bons aussi. Des numéros chantés et dansés où les actrices sont soignées aux petits oignons grâce à des textes et des chorégraphies qui leur collent à la peau. Une révélation : Joey Starr. Une sensation étrange de malaise. Et un texte de Musset qui s’est imposé à moi en sortant de la projection :

    « Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux".

  • Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan **

    Les Trois singes

    Après avoir tué accidentellement un homme sur la route, un politicien demande à son chauffeur d’endosser la responsabilité et d’aller en prison à sa place moyennant finances. Pendant son année d’emprisonnement, son fils va s’enfermer dans l’oisiveté et sa femme le tromper. A son retour, chacun saura, chacun verra ou comprendra et tout le monde restera silencieux, essayant de « faire comme si ».

    Voilà typiquement le genre de film que je qualifierai de beau mais chiant. Je sais, c’est imprudent de « défendre » un film de cette façon et de tenter de vous donner envie avec une telle entrée en matière ! Et pourtant, il faut reconnaître que la langueur s’installe peu à peu et que même si elle est en parfaite adéquation avec l’abattement des personnages qui s’emmurent dans leurs mensonges et leurs dissimulations, on s’approche à plusieurs reprises de l’ennui. Cependant, certaines scènes portées par la souffrance et le désarroi offrent un suspens certain et des fulgurances qui vont jusqu’au choc notamment lorsqu’on ne sait si la femme va se suicider ou pas et si l’homme va intervenir. On est sûr d’une chose : le drame couve à tout moment et les images d’une vertigineuse beauté valent à elles seules le voyage.

    Mais on est loin de l’enivrement de « Les climats »…

  • Il Divo de Paolo Sorrentino **

    Il Divo - Toni Servillo

    Giulio Andreotti, aujourd’hui sénateur à vie, a été Président du Conseil Des Ministres italien à sept reprises jusqu’en 1991. Plus que la carrière politique, ce film relate quelques unes des « affaires » de meurtres, d’exécutions et de magouilles dans lesquelles Andreotti dit « l’inoxydable » a été impliqué. Condamné à 24 ans de prison qu’il ne fit jamais pour cause d’immunité parlementaire, le jugement a été annulé par la Cour de Cassation.

    Evidemment on est toujours saisi d’effroi chaque fois qu’on nous rappelle par quels grands malades nos pays sont gouvernés. Hélas ici il s’agit d’un film italien fait pour les italiens et à part quelques « grands » noms célèbres (Aldo Moro, le général Dalla Chiesa, le juge Falcone en ce qui me concerne…) un pauvre petit français pas bien calé en politique étrangère ou en politique tout court a beaucoup de mal à suivre les multiples histoires, la profusion d’informations qui lui sont livrées à un rythme trépidant. Car ici, il faut le reconnaître, la caméra est virtuose, la musique renversante, les couleurs, les décors sublimes, les ralentis appropriés, les cadres magnifiques… mais au bout d’une heure vertigineuse on perd complètement pied devant la surabondance de noms et de personnages.

    Dommage car cet homme détestable, craint par tous, toujours calme, sournois, froid, cynique est un personnage de cinéma hors du commun qu’on a parfois du mal à croire réel. Laid, bossu, petit, le réalisateur semble le faire évoluer à dessein dans des décors trop grands pour lui qui le rendent encore plus insignifiant physiquement. Mais dès qu’il ouvre la bouche, chacune de ses phrases tranche comme un couperet. Son visage est une espèce de masque impénétrable, épais et presque effrayant. Les rares sourires qui fendillent ce faciès se transforment en rictus qui le rendent encore plus repoussant. Même sa façon de serrer la main en ne tendant que le bout des doigts est antipathique. Et pourtant cette ordure a bien de la religion et ses actes sont évidemment dictés par Dieu lui-même. A un moment Andreotti confesse 217 morts et plus de 700 blessés. Seule la mort d’Aldo Moro (un pur naïf) tourmente quelque peu sa conscience, ainsi que des migraines insupportables qui semblent lui faire vivre l’enfer et l’empêcher de dormir.

    La performance de Toni Servillo, à la fois drôle et inquiétante est assez époustouflante.

  • L’œil du mal de D.J. Caruso **

    L'Oeil du mal - Shia LaBeoufL'Oeil du mal - Shia LaBeouf et Michelle Monaghan

    Une exécution avec dommages collatéraux minimes (entendez : pas trop de morts innocents…) programmée par le Pentagone et censée éliminer un Ben Laden (ou assimilé) tourne mal. Le grand computador Big Brother-is-watching-you se met à bugger et « active » un brave citoyen lambda (pas tant que ça finalement mais avec trauma familial) et une brave citoyenne oméga (avec moutard et trauma matrimonial) qui vont se rejoindre à l’insue de leur gré et devoir obéir à l’aveuglette à une voix mystérieuse et féminine sous peine d’élimination sommaire. La voix les conduit au bout d’une aventure périlleuse et gouvernementale pas piquée des hannetons.

    Vous suivez ? Non, c’est sans importance. Ça commence pied au plancher, ça ne faiblit pas une seconde, ça n’offre pas le moindre commencement de réflexion, ça vous rince le cerveau et… shame shame shame, ça fait un bien fou ! Jerry et Rachel les deux « plus communs des mortels tu meurs » n’ont pas le choix et doivent se transformer en moins de temps qu’il n’en faut à un portable pour sonner en wonder man et wonder woman et bien sûr s’associer (et plus dès qu’affinités) pour réussir la mission : en gros, sauvez le monde ou mieux encore, le Président des Tas Unis. Et ça ne leur pose aucun problème de sauter d’un toit, courir devant un métro lancé au galop, s'éjecter d’une voiture qui se jette dans le fleuve, braquer un fourgon blindé, atterrir dans des poubelles, voyager dans la soute à bagages d'un avion, s'injecter un produit pour pas faire un arrêt cardiaque, menacer et tirer sur tout ce qui remue si besoin est… et j’en passe et des plus cascadantes, le tout sans que ça déplace une seule mèche du brushing impecc de madame. Waouh !

    Pourquoi c’est plus réussi que la plupart des films copiés/collés sur le même scénario ? J’en sais rien. Peut-être parce que ça se prend très au sérieux en nous démontrant que nous sommes épiés sur nos ordinateurs, nos téléphones et même quand on marche dans la rue. Un film avec caméras de surveillance partout même en plein désert, ça devrait foutre les chocottes. Pas du tout ! L’habitude qu’on a à être épiés certainement !

    Shia Labeouf (clone d’Olivier Besancenot (mon idole) et Edward Norton) s’acquitte comme un chef de son rôle de sauveur qui comprend tout avant le FBI et la CIA, sans bouger une oreille ou palpiter de la mâchoire. Mais le plus fascinant reste le visage de Michelle Monaghan. Attendez je vous la montre. C’est elle :

    L'Oeil du mal - Michelle Monaghan

     Quoi ? Son visage ne vous rappelle personne ? Et là ? :

  • Une fiancée pas comme les autres de Craig Gillespie **

    Une fiancée pas comme les autres - Ryan Gosling, Emily Mortimer et Paul SchneiderUne fiancée pas comme les autres - Ryan Gosling, Emily Mortimer et Paul Schneider

    Depuis que ses parents sont morts Lars vit seul dans le garage de la maison occupée par son frère Gus et sa femme Karin enceinte. Malgré son travail, l’affection de certains collègues et de sa famille, le jeune homme, renfermé et taciturne, refuse tout contact. Un jour, à la grande joie de tous, Lars annonce qu’il va leur présenter Bianca, une jeune femme qu’il a rencontrée par Internet. Mi-danoise, mi-brésilienne, timide, élevée par des nonnes Bianca se déplace en fauteuil roulant, ce qui n’est pas sa plus étrange particularité : elle a été livrée dans une grande boîte et elle est en plastique.

    Le moment de stupeur passé et face au bonheur soudain de Lars, son frère et sa belle-sœur réunissent le village, consultent une femme médecin/psy. Tous sans exception décident d’entrer dans le délire du jeune homme et considérer Bianca comme réelle, l’intégrer dans la communauté de ce petit village enneigé perdu au milieu du Midwest et l’admettre parmi eux.

    Tant de bonté, de gentillesse, de sourires, de compréhension et de générosité réclament un minimum d’adaptation. Mais dès lors qu’on accepte de considérer qu’on est à « Oui-Oui Land », on peut prendre un plaisir fou à voir ce film définitivement bienveillant et chaleureux. Malgré l’attente légèrement teintée d’aingoisse du méchant qui va surgir et faire basculer tout cela dans l’horreur, ce moment n’arrive jamais et voir Lars s’épanouir au contact de Bianca et de sa psy (délicate Patricia Clarkson) est vraiment plaisant. Bianca la poupée n’est pas comme la « Monique » (film raté) d’Albert Dupontel un objet sexuel, mais un être idéal, bon et généreux qui… hum, hum, crée du lien social et permet aux autres de se découvrir ou de se révéler meilleurs. Dommage que le film manque (entre autre) de clarté sur les relations que Lars entretient avec les uns et les autres avant l'arrivée de Bianca. Cela nous aurait permis de mieux comprendre l'élan de solidarité unanime de tout un village !

    C’est drôle, c’est tendre et Ryan Gosling, gentil neuneu, épaissi, braguette ouverte, moustache de beauf, cheveux gras et pulls inommables ne parvient pas à faire oublier « Halph Nelson » mais prouve au contraire quel merveilleux acteur il est. Et puis si vous voulez le voir jouer au bowling, il faut courir voir cette fiancée pas comme les autres…

    Une fiancée pas comme les autres - Ryan Gosling

  • Sleep dealer d’Alex Rivera **

    Sleep DealerSleep Dealer

    Un barrage infranchissable a été construit entre le Mexique et les Etats-Unis. L’eau est devenue une denrée rare plus chère que le pétrole. Les mexicains ont peu de choix, tenter de survivre sur leurs terres arides ou se faire recruter par les entreprises nommées « Sleep dealers ». Ces usines proposent aux travailleurs exploités, équipés d’implants, de travailler plus pour mourir plus vite… Pour sauver sa famille, un jeune homme, Memo, accepte de se faire implanter des « nodules » et tout en restant au Mexique, va travailler virtuellement, connecté à un robot sur un chantier américain. Il va se rendre compte qu’en fait la machine absorbe peu à peu l’énergie des ouvriers.

    Ça paraît compliqué comme ça, et ça l’est… un peu. Il faut rester bien accroché pour suivre vraiment et tenter de comprendre le cheminement du réalisateur qui (hélàs) abandonne la piste de l’eau ou plutôt du manque d’eau, pour se concentrer sur l’avenir et le passé du jeune héros, traumatisé par la mort de son père dont il se sent responsable. Pourtant le principe de départ entrait complètement en résonnance avec l’actualité où comme dans « Quantum of Solace » il mettait en évidence les aberrations que l’absence d’eau va faire commettre à certains gouvernements.

    Il s’agit d’un premier film et sans doute Alex Rivera a voulu trop en dire en une seule fois. Il n’en reste pas moins que sa démonstration avec de faibles moyens est plutôt bluffante et que nous sommes bel et bien devant un film d’anticipation intelligent. En persistant dans cette voie de la science-fiction, il n’est peut-être pas impossible que nous ayons là le Spielberg du troisième millénaire. Vite, la suite !

    PS : l'acteur principal Luiz Fernando Pena, est épatant.

  • Comme une étoile dans la nuit de René Feret **

    Comme une étoile dans la nuit - Salomé Stévenin et Nicolas GiraudComme une étoile dans la nuit - Salomé Stévenin et Nicolas Giraud

    Anne et Marc s’aiment d’amour fou et se le prouvent plusieurs fois par jour. Ils décident de vivre ensemble, se marier, avoir un enfant… pas forcément dans cet ordre. Mais à la suite d’un contrôle médical Marc apprend qu’il est atteint de la maladie de Hodgkin. Le diagnostic ayant été fait tardivement, les divers traitements (opération, chimiothérapie) échouent. Marc va mourir et Anne décide de l’accompagner jusqu’au bout.

    On ne peut évidemment reprocher à René Feret la pudeur et la délicatesse avec laquelle il traite ce sujet délicat mais à force de contourner prudemment tous les dangers d’un thème où l’amour, la maladie et la mort se rejoignent, il oublie également de nous bouleverser. Et j’aurais bien eu envie de pleurer sur ce film d’amour et de mort…

    On a beau admirer l’attitude d’Anne qui reste forte, gaie, courageuse et digne jusqu’à la fin, on ne peut s’empêcher de se dire qu’on ne parviendrait jamais à la cheville d’un tel héroïsme. Car c’est bien être héroïque que de rester debout et pratiquement seule quand votre principale raison de vivre s’échappe peu à peu. Marc aussi est radicalement noble face à sa maladie et son déclin inéluctable. Il cherche même bravement à se trouver un successeur, qu’Anne évidemment repoussera. Tout est admirable chez ces deux là.

    Par contre, pratiquement tout l’entourage, à l’exception de la sœur de Marc, réagira à peu près de la même façon. Terrorisé par la maladie et son issue inexorable, tout le monde disparaîtra ou s’éloignera. Lorsque Anna cherchera du réconfort, personne ne se montrera à la hauteur de son chagrin à elle, la laissant seule pour affronter le combat qu’elle mène pour accompagner son amour dans la mort.

    Ce film fait peur et surprend, car il parle franchement d’un sujet presque tabou. Mais il n’oublie pas de montrer que dans pareil cas, la personne qui souffre le plus est la personne malade et non pas, selon un « dicton », celui qui reste. Cette mort annoncée est d’autant plus injuste qu’ici elle frappe un homme tout jeune plein d’avenir et de projets. Par leur amour, Anne et Marc parviennent à la transcender.

    Salomé Stévenin, digne fille de son père et sœur de ses frères est une beauté, Nicolas Giraud, le sosie de son père. Tous les deux sont éblouissants.

  • Pour elle de Fred Cavayé ***

    Pour elle - Vincent LindonPour elle - Vincent LindonPour elle - Vincent Lindon et Diane Kruger

    Julien et Lisa sont mariés, heureux, amoureux et ils ont un petit garçon forcément génial, Oscar. Tout est idéal jusqu’à ce matin où Lisa se fait (très) brutalement arrêtée devant ses deux chéris. Accusée du meurtre de sa patronne, elle est condamnée à 20 ans de prison. Après que le pourvoi en cassation ait été rejeté et qu’elle ait tenté de se suicider, Julien décide de passer à l’acte pour sortir Lisa de prison.

    Pourquoi un film bourré d’invraisemblances, d’énormités, de coups de bol improbables qui font avancer le héros est-il aussi agréable à voir, intéressant voire franchement palpitant par moments ? Parce qu’il est vraiment bien fait et que pas un seul instant on ne décroche de la folle progression de Julien qui sombre irrémédialement dans l’illégalité la plus dure pour tenter de sauver la femme qu’il aime. On ne croit pas vraiment que monsieur tout le monde puisse se transformer du jour au lendemain en loup solitaire capable du pire et de monter seul un scénario abracadabrantesque pour réussir l’évasion d’une prison, et on s'en fiche car à aucun moment le film n’est ridicule même s’il est extravagant. Et la façon dont Julien prépare son « coup » avec force croquis, références, photos dont il couvre les murs de son appartement, est tout simplement haletante et laisse complètement bouche bée.

    Il faut dire aussi et surtout que le film est tout entier porté et même emporté par un acteur quasi omni-présent qui ne ménage pas sa peine et parvient à être crédible en toute circonstance (un peu moins en prof de français cela dit). Bien que Diane Kruger soit très crédible et convaincante, Vincent Lindon, amoureux fou, mari désespéré, papa poule, voyou, tueur, en peu de mots mais avec sa présence massive et charismatique, est l’homme de toutes les situations et de ce film énergique et fougueux. Pas un "grand" film mais un très, très bon film et c'est beaucoup, une surprise inattendue et un acteur... mais quel acteur ! A un moment, Lisa/Diane dit à Julien/Vincent "tu es beau" en lui caressant le visage et effectivement il l'est, de son étrange beauté, c'est-à-dire plus que beau, magnifique, magistral, intense, douloureux, solide, fiévreux...

  • Moscow, Belgium de Christophe Van Rompaey **(*)

    Moscow, Belgium - Barbara Sarafian et Jurgen DelnaetMoscow, Belgium - Barbara Sarafian et Jurgen Delnaet

    Matty compte les mois, les semaines et les jours depuis que son mari l’a quittée pour une jeunette. Elle vit donc seule dans le quartier populaire « Moscow » à Gand, avec ses trois enfants. Elle travaille à la poste, esaie tant bien que mal de résister à ses trois ado ou pré-ados mais a un peu perdu le goût de sourire. Sur le parking du supermarché, elle fait imprudemment une marche arrière et fonce dans le camion de Johnny, un routier au premier abord pas très sympa. Une dispute assez mémorable va s’ensuivre mais finalement Matty et Johnny vont se revoir et tomber amoureux l’un de l’autre. Cet imprévu va faire réagir les enfants et le mari volage, redevenu subitement jaloux.

    Une histoire d’amour tout en flamand entre les tours de Bruges et Gand, c’est rare et donc c’est précieux. Ce film est la preuve qu’il n’y a pas que dans les quartiers chics que l’amour peut chambouler les cœurs et les têtes, révolutionner la vie, faire pleurer des rivières, douter, hésiter, fuir, partir, revenir, faire souffrir, redonner goût et sens à la vie et rendre beaux des personnages que l'existence avait un peu fanés.

    Juste, sincère, réaliste parfois cru, le scénario alterne les scènes terre à terre d’un quotidien laborieux et routinier pas toujours rose, celles rayonnantes d’un amour qui se cherche et hésite et d’autres follement drôles, notamment lorsque les deux hommes amoureux de la même femme s’affrontent.

    Encore un ovni sensible et surprenant !

  • Les grandes personnes d’Anna Novion **

    Les Grandes personnes - Anaïs DemoustierLes Grandes personnes - Judith HenryLes Grandes personnes - Jean-Pierre Darroussin et Anaïs Demoustier

    Tous les ans, Albert emmène sa fille de 17 ans, Jeanne qu’il élève seul, visiter un pays européen. Mais comme Albert est aussi bibliothécaire, féru de contes et de légendes, les vacances se transforment toujours en quête d’informations ou comme cette fois d’un trésor viking. La nouvelle destination est en effet une île suédoise. A la suite d’une erreur de planning, la location prévue pour Albert et Jeanne est déjà occupée par deux jeunes femmes. Après une légère hésitation, tout le monde décide de cohabiter.

    Voilà un film étrange, un peu doux, un peu drôle, un peu inutile, un peu juste, un peu trop, un peu pas assez qui laisse un bon souvenir mais ne sera pas inoubliable car il s’y passe peu de choses. Juste quelques petites scènes de vacances, les premiers émois amoureux d’une ado, les inquiétudes d’un père un peu à côté de la plaque, deux co-locatrices sages ou farfelues sentimentalement délaissées. Et tout ce monde repart un peu plus serein après cet été un peu différent…

    Ce qui rend ce film attachant c’est le casting d’une formidable justesse : Jean-Pierre Darrousin exquis en papa poule intello, douillet et patapouf, Anaïs Demoustier adorable en grande fille sage qui commence à grandir, et Judith Henry formidable et dont on se demande pourquoi les réalisateurs ne se l’arrachent pas. Mais aussi les paysages sublimes et terriblement attirants d’un pays pas très connu par ici.

    L’ensemble est très lumineux, très ensoleillé, très tendre mais un peu frisquet (c'est la Suède) et insaisissable.