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cinéma - Page 303

  • Coluche, l’histoire d’un mec d’Antoine de Caunes *(*)

    Coluche, l'histoire d'un mec - François-Xavier Demaison

    En fait, ce n’est pas l’histoire d’un mec, c’est juste l’histoire d’une année dans la vie d’un mec, mais pas n’importe quelle année de n’importe quel mec. L’année c’est 1980, juste avant les élections du 10 mai 1981 où l’on crut dur comme fer que quelque chose allait changer. Le mec c’est notre « enfoiré » préféré, Coluche qui, alors qu’il triomphe tous les soirs en spectacle, décide de se présenter aux élections présidentielles « pour leur foutre au cul »… Il invite donc tous les « les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour » lui. En fait, Coluche n’obtiendra jamais les 500 signatures nécessaires à sa canditature qu’il retirera en mars 81, terrifié par l’ampleur que prend ce qui avait commencé comme un canular (16 % d’intentions de votes !), son éviction des chaînes de télé et de radio, des menaces de mort…

    La reconstitution est impeccable mais je reproche à Antoine de Caunes de ne pas s’être « concentré » sur son sujet. On ne sent pas suffisamment l’angoisse monter, l’ampleur que prend le phénomène et surtout comment cette ascension fulgurante et cette chute vertigineuses ont détruit Coluche et sa famille. Un jour ça l’amuse, puis il prend peur et ça ne l’amuse plus. Par contre, on nous affirme sans nous le démontrer que la prise de pouvoir par la gauche en 1981, nous la devons à Coluche…

    Par ailleurs, on est accablé de scènes sur la vie de la star et sur le fait que la notoriété donne beaucoup de désinvolture… Entouré d’une cour de parasites pique-assiettes, la maison de Coluche avec piscine et billets de 500 francs qui traînent à disposition, ne désemplit jamais. Si on ne connaît pas (comme c’est mon cas) la vie de Coluche dans le détail, on n’a aucune idée de ce que ces gens font là, qui ils sont, lesquels « travaillent » réellement pour lui ou sont ses amis. Evidemment, ce qui saute aux yeux, c’est que le fait d’être constamment entouré, avec de rares moments d’intimité (entre la cuisine et le salon) avec sa femme Véronique, étrangement passive, qui finira par le quitter parce qu’il ne la fait plus rire, n’empêche pas l’infinie solitude de cet homme. Mais cela n’émeut jamais. On comprend l’amour démesuré du réalisateur pour son personnage et son acteur mais il ne le nous transmet pas. Il parsème son film des meilleurs bons mots du comique et finalement la prestation la plus tordante est celle, quasi silencieuse de Georges Marchais.

    Par contre, le sans faute, l’idée de génie est d’avoir dégoté et vu en François-Xavier Demaison LE Coluche indiscutable. Si ce rôle écrasant risque de lui coller aux basques un certain temps c’est qu’il y est tout simplement génial, prodigieux, étourdissant. Le moindre de ses gestes, sa voix, sa démarche, tout est là et c’est parfois même très troublant. Pour lui, ce film est une vraie curiosité.

    Cela dit, on se prend quand même à rêver ou simplement à se demander quel pourrait être le clown qui aujourd’hui ferait obstacle à la farce actuelle…

  • Tokyo ! de Michel Gondry, Leos Carax, Joon-ho Bong ***(*)

    Tokyo !

    “Film à sketches” dont les thèmes traités dans la tentaculaire ville japonaise aussi pluvieuse que Seattle sont la solitude, la difficulté de communiquer, le racisme, la peur des autres, des différences, des étrangers… « Tokyo ! » est particulièrement jouissif, délirant, poétique, rare, inventif, passionnant et cohérent. Il nous offre trois films magnifiques et plutôt fantastiques (dans tous les sens du terme) pour le prix d’un. Foncez.

     

    « Interior Design » de Michel Gondry***

    Tokyo !

    Un jeune couple amoureux et plein d’humour cherche à s’installer à Tokyo où le prix des loyers est inversement proportionnel à la taille et la salubrité de l’appartement. Le garçon n’a qu’une passion, le cinéma. Il a d'ailleurs déjà réalisé un improbable film expérimental qui « dépasse les limites de l’écran » ; tandis que la fille plus rêveuse et hésitante ne trouve pas bien sa place. A force de comprendre et s’entendre dire qu’elle est un boulet sans ambition, elle va peu à peu se transformer pour finalement trouver une utilité et un sens à sa vie.

    Le cheminement pour en arriver là est beau, lent et intrigant mais la métamorphose inattendue, cloue littéralement sur place et rend le film totalement surréaliste et d’une touchante poésie.

     

    « Merde » de Leos Carax****

    Tokyo !

    Merde, c’est son nom, est une créature hideuse qui vit dans les égouts de Tokyo et sort de temps à autre pour terroriser les tokyoïtes. Il a le corps tordu, une démarche de dément, un œil crevé, des griffes à la place des ongles et une étrange barbe rousse. Pouah ! Un jour il trouve un lot de grenades abandonnées et fait un carnage dans les rues de la ville. Il est capturé par l’armée et mis en prison. Seul un avocat français parle son énigmatique langage et va assurer la traduction lors de son procès.

    C’est Denis Lavant qui prête ou plutôt qui offre son physique étrange et sa naïveté à cette créature rebutante. Mais le voir déambuler complètement hagard et halluciné dans les rues des quartiers chics est un pur régal et d’un niveau comique assez élevé. Il ose arracher sa béquille à un handicapé, jeter son mégot dans un landau etc, et on… enfin j’en redemande car comme l’affirmait W.C Field :

    « Un homme qui n’aime ni les enfants, ni les animaux ne peut être totalement mauvais ».

    Et puis survient l’avocat français et Jean-François Balmer, grandiose, compose un immense numéro à mi-chemin entre Nicholson (version Joker ou Jack Torrance), Nosferatu et Raspoutine. L’épilogue est vraiment marrant et j’aimerais que le cinéma nous propose plus souvent des personnages aussi inocemment méchants !

     

    « Shaking Tokyo » de Joon-Ho Bong****

    Tokyo !

    Ne pouvant plus supporter le contact avec son prochain, avec le soleil, un jeune homme est devenu “hikikomori”, un ermite. Il vit reclus chez lui. Son père assure sa subsistance en lui adressant chaque mois, sans un mot, une somme d’argent. Jusqu’au jour où ça arrive ! Lui qui n'avait plus croisé le regard de personne depuis 10 ans, il tombe amoureux d’une jeune et belle livreuse de pizza qui disparaît. Impressionnée par l’ordre et la perfection qui règnent dans l’appartement du jeune homme elle devient elle aussi « hikikomori ». Pour la retrouver et la sauver il n’a d’autre moyen que de sortir de chez lui.

    Coup de foudre et tremblements de terre vont secouer deux êtres que l’angoisse de vivre dans une ville déshumanisée a rendu névrosés. C’est l’épisode le plus romantique mais certainement pas le moins angoissant…

    car mieux qu’un certain film récent, ce trytique sur la solitude dans les grandes villes montre bien l’isolement et l’aveuglement qui gagnent notre univers urbain.

  • A GUILLAUME,

    ..."il était soucieux...

    guillaume depardieu,cinéma

     

    Mais quelque chose le rassura...

    Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route. Il s'était évadé sans bruit. Quand je réussis à le rejoindre il marchait décidé, d'un pas rapide. Il me dit seulement :

     

    - Ah ! tu es là…

     

    guillaume depardieu,cinéma

    Et il me prit par la main.

    Mais il se tourmenta encore..."

    guillaume depardieu,cinéma

  • Tonnerre sous les Tropiques de Ben Stiller **

    Tonnerre sous les Tropiques - Jack Black, Robert Downey Jr. et Ben StillerTonnerre sous les Tropiques - Robert Downey Jr. et Ben Stiller Tonnerre sous les Tropiques - Brandon T. Jackson, Ben Stiller, Robert Downey Jr., Jay Baruchel et Jack Black

    5 acteurs hollywoodiens à l’égo pachydermique et à l’ambition de mammouth (un Oscar sinon rien !) sont engagés pour tourner « le plus grand film de guerre de tous les temps ». A la direction : un réalisateur anglais déclaré incompétent par un producteur survolté. Pour tenter de relancer le tournage du film dont un technicien a malencontreusement fait exploser les décors, le réalisateur emmène son quintet d’acteurs en pleine jungle pour une séance de cinéma vérité. Ils vont vite se rendre à l’évidence que plus aucune caméra ne tourne et qu’ils se trouvent plongés dans une vraie guerre !

    Je n’avais pas autant ri (au cinéma...) depuis des semaines. Pourtant le début peut laisser présager le pire : une série de fausses bandes-annonces de faux films des acteurs dans le film du film dont certains (même parodiques, merci j’ai compris) ne sont vraiment pas drôles du tout du tout. Et puis ça s’arrange dès que le tournage du film dans le film commence (vous suivez ?).

    Si Ben Stiller entend parodier et critiquer les films de guerre à gros budget (j’en sais rien, j’ai pas de dossier de presse moi madame), il se plante car son film n’a rien d’un nanar de pacotille tourné avec deux bouts de ficelle de cheval : C’EST un film de guerre à gros budget. Quant à la satire du système hollywoodien (les producteurs mégalos pourris, les caprices de star, les films « franchise » à millions d’entrées, les produits dérivés, la cérémonie des Oscar etc…) si elle est parfois savoureuse n’est pas vraiment vitriolée. La réussite est aussi ailleurs et surtout à découvrir Ben Stiller capable de réaliser un film musclé, macho (on n’en doutait pas), énergique, trépidant et drôle, très drôle.

    Si comme moi, vous vous êtes gavés de « Platoon », « Apocalypse Now », « Voyage au bout de l’enfer » et j’en passe, vous verrez qu’ici tout est là : la jungle hostile, les méchants asiatiques, les tortures, la cervelle qui gicle, les tripes à l’air, les actes héroïques, la franche et virile camaraderie, les soldats qui rient et pleurent en même temps, qui tombent au ralenti au son de musique symphonique, la fin qui n’en finit pas de finir avec sauvetage in extrémis du soldat Ryan, et « Sympathy for the devil » des Rolling Stones (les Stones chantent toujours dans les films qui parlent du Viet-Nam)… Dans les « modèles » tout ceci était émouvant, tragique ou insupportable. Ici, c’est marrant.

    Le plaisir tient également, c’est évident à l’interprétation. Je ne citerai pas toutes les guest stars invitées qui défilent, d’autres s’en chargent mais ceux qui n’ont rien lu pourront avoir des surprises, mais je recommande le rôle proprement ahurissant du producteur vulgaire et accro au coca light. La star d’hollywood qui s’y colle, grasse, poilue, chauve m’a impressionnée et prouve qu’elle peut encore surprendre. Bravo.

    Pour le reste, j’ai découvert deux acteurs très prometteurs et jusque là inconnus, Brandon Jackson et Jay Baruchel qui se collent les rôles des « bleubites » et parviennent à s’imposer face à leurs aînés. Chapeau.

    Jack Black, qui ne m’a encore jamais fait rire, confirme qu’il ne me fait pas rire et hérite une fois de plus du rôle qu’il préfère : caca-prout-vomis. Passons.

    Restent Ben Stiller qui n’hésite jamais à se ridiculiser aussi bien dans les dialogues que dans les déguisements ou attitudes, mais surtout celui qui surprend encore c’est Robert Downey Jr. Son rôle d’acteur proche des thèses de l’actor’s studio qui consiste notamment à entrer dans un personnage fait qu’il a subi une intervention de pigmentation de la peau pour être un soldat noir et adopte le parler « yo man » dans une caricature outrancière qui étrangement le rend plus sobre qu’à l’accoutumé. Bon, il faut le voir et l’entendre pour le croire.

    Allez, faites tourner les hélicos !

  • Le crime est notre affaire de Pascal Thomas *(*)

    Le Crime est notre affaire - André Dussollier et Catherine Frot Le Crime est notre affaire - André Dussollier

    Bélisaire et Prudence Beresford sont à la retraite dans leur immense maison savoyarde. Mais Prudence s’ennuie ferme. Heureusement, la vieille tante Babette qui vient leur rendre visite assiste à un crime qui a lieu dans le train qui croise le sien. Cela permet à Prudence de reprendre sa loupe de détective. Sans avertir son mari, elle se fait engager comme cuisinière dans la famille Charpentier qui vit dans un sinistre château plein de pièces mystérieuses, et dont elle soupçonne chaque membre.

    Le plus réjouissant dans l’histoire n’est pas l’enquête ou l’intrigue mais le duo vedette qui s’en donne à cœur joie et nous réjouit par la même occasion. Toujours amoureux malgré le temps qui passe, le couple n’en finit pas de se faire des niches et chahuter en ricanant comme des gamins. Catherine Frot (délicieuse) et André Dussolier (tendre et ronchon) font ça à merveille. Il faut aimer ces deux acteurs pour apprécier  ce film un peu poussiéreux mais charmant, car en dehors de leur prestation délectable, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent et même les autres acteurs semblent particulièrement absents.

    Mais si vous voulez voir, entre autre, André Dussolier en kilt rejouer la scène de « 7 ans de réflexion » dans laquelle la robe de Marilyn se soulevait au-dessus d’une bouche d’aération, foncez . Moi, j’ai trouvé ça tordant.

  • Blindness de Fernando Meirelles *

    Blindness - Mark Ruffalo et Julianne Moore

    Une « épidémie » de cécité s’abat sur une mégalopole anonyme qui ressemble à New-York ou Tokyo. Les autorités, dépassées par l’ampleur de l’événement, font mettre en quarantaine tous les « malades » dans des baraquements insalubres. Pour ne pas quitter son mari atteint de l’étrange mal, une femme qui voit toujours, se laisse enfermer à l’insu de tous. Les cas se multiplient et la cohabitation se transforme très rapidement en lutte pour la survie.
    Dommage qu’une morale à deux balles (les hommes confrontés à l’apocalypse se transforment immanquablement en monstres barbares, les humains se regardent mais ne se voient pas…) parce que le sujet en or aurait dû inviter à une belle réflexion. Mais tout tourne rapidement à la répétition et à la caricature (par exemple, dans le groupe de tête on trouve quelques noirs, quelques jaunes, quelques blancs, un hispano, une pute, un enfant, un couple qui se dispute, un couple qui s'aime…). Emaillé de quelques jolies scènes et parfaitement interprété (sauf par Gael Garcial Bernal : R.I.D.I.C.U.L.E. parce que manifestement pas à l’aise dans un rôle de méchant!), le pire de ce film sur un univers concentrationnaire où l’homme finit par devenir un loup pour l’homme est à peine flippant...

  • Une lettre oubliée…

     

    Cher Guillaume,

    Savoir que tu ne souffres plus n’est pas une consolation. Pour personne. Et ce matin, je pense à Gérard qui t’aimait, qui n’a jamais réussi à t’en convaincre, à Elisabeth si discrète, à Julie qui s’illuminait quand elle prononçait ces deux petits mots « mon frère ». Je pense à tes parents et à ta sœur, sans aucun doute terrassés.

    Tu étais « programmé pour la guerre » disais-tu et au-delà de tout ce que tu lui as fait subir, alcool, drogue, prostitution, prison, accidents, multiples opérations… ton corps supplicié, couturé de partout criait sa souffrance, son désarroi et ses luttes. Et pourtant tu te relevais de tout, toujours. Aujourd’hui, on est un peu stupéfait d’apprendre qu’un jeune homme peut encore mourir d’une pneumonie… foudroyante.

    Tu étais doué, surdoué pour la musique, le chant, tu composais aussi, tu allais réaliser ton premier film, tu avais écrit un opéra et chacune de tes apparitions au cinéma était un émerveillement. Mais pour la vie tu étais inadapté, mutilé à tout jamais. Tu ne sembles jamais avoir réussi à te relever vraiment de l’ombre du géant qui pesait sur tes larges épaules toujours un peu voûtées. Il émanait de toi beaucoup de rage, de colère et de fièvre mais aussi dans ta voix, dans ton regard une infinie douceur fascinante, ensorcelante. Beaucoup de tristesse aussi. Tu étais si beau, si ténébreux, si mystérieux.

    Quand tu es apparu au cinéma, tu avais l’air d’un ange dans « Tous les matins du monde » à 20 ans. Tu as toujours gardé au-delà des épreuves, cet aspect et ce visage juvéniles et je t’ai toujours associé à l’image du Petit Prince.

    Tu semblais pour mon plus grand bonheur, redonner un grand coup d’accélérateur à ta carrière cinématographique, et artistique en général ces derniers temps avec une foule de projets en cour. Tout s’interromp mais j’ai encore bien en tête l’un de tes derniers films que tu as littéralement embrasé de ta ténébreuse présence et pour lequel je t’avais « traité » d’acteur phénoménal, « Versailles » et ton rôle d’homme des bois solitaire. Douloureux toujours, mais vivant encore.

    Mais non, savoir que tu ne souffres plus n’est pas une consolation, mais je te jure de ne jamais t’oublier.

  • La loi et l’ordre de Jon Avnet °

    La Loi et l'ordre - Robert De Niro et Al Pacino

    Tom et David sont deux flics-co-équipiers new-yorkais (plus tout jeunes) et aussi amis alavialamort depuis des lurettes. Un tueur en série laisse des poèmes sur ses victimes : ça les agace, ils sont là pour faire régner la loi et l’ordre tout de même. L’enquête les mène à l’idée que peut-être éventuellement le tueur serait flic. Ça les énerve vraiment.

    Que peut-on attendre d’un film au titre aussi con, à l’affiche aussi moche et au sous-titre aussi ringard « La plupart des gens respectent l’insigne. Tout le monde respecte le flingue » ? Eueueuh, je sais pas moi, revoir Bob et Al ensemble peut-être ? Bingo ! Sauf que la rencontre mythique a déjà eu lieu et que donc là, il ne reste pas grand-chose à voir même si incontestablement Al (qui n’en est plus à une fantaisie capillaire) semble se donner un mal de chien pour apporter un semblant de connivence au duo alors que Bob grimace à se faire péter les maxillaires. Les deux stars grasses du bide et plissées comme des shar-peïs se tapent dans le dos, se font des sourires, des clins d’œil, se disent qu’ils s’aiment, qu’ils s’admirent, que l’un est le modèle de l’autre et si tu crois pas celle-là, je t’en raconterai une autre... Au début, c’est marrant et puis ça devient consternant. La scène finale qui essaie tant bien que mal (plutôt mal évidemment) de lorgner du côté de « Heat » est grotesque.

    Quant à l’histoire, quand on y comprend quelque chose, on s’en cogne. Pour ceux qui iraient quand même assister au naufrage de ces deux stars qu’on a tant aimées, vous pouvez toujours chercher à décider laquelle des deux vieillit le plus mal… Moi je dis Robert.

    P.S. : en dernier recours vous pouvez aussi tenter de trouver de quel mot AVNET (nom du réalisateur) est l'anagramme...

  • Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen

    Vicky Cristina Barcelona - Javier Bardem, Penélope Cruz, Scarlett Johansson et Woody Allen

    Moi “allenienne” de la première (ou de la deuxième...) heure, qui ai tout vu, tout absorbé de Woody, qui ai toujours clamé qu’un « petit » Woody était quand même TOUJOURS nettement au-dessus de la production générale, je déclare ne pas avoir aimé ce « Vicky Cristina Barcelona » (quel titre couillon aussi, j’aurais dû me méfier). En fait, c’est impossible que je me méfie car je vais voir TOUS les Woody, comme tous les films de certains autres, quasiment les yeux fermés… enfin, je me comprends. Disons que je ne lis rien et me fiche comme d’une guigne de ce que le monde en pense. J’y vais, c’est Woody. Cette fois, la seule, la première, la dernière j’espère, ce n’est même pas que je me sois endormie, pire : je me suis ennuyée. Et ferme, et assez rapidement.

    Pourtant je crois que j’ai bien compris l’histoire, de toute façon au moindre doute, une insupportable et quasi ininterrompue voix off est là en permanence pour expliquer ce qui se passe à l’écran, ce que les personnages pensent, croient, imaginent, espèrent. Ça peut aider mais quand tout est aussi linéaire, ça agace plutôt. C’était pour moi EXASPÉRANT.

    J’ai compris que l’amour c’est pas rose tous les jours, qu’il faut faire des choix, qu’on ne fait pas toujours les bons, que dans ce cas on risque de passer une vie de tristesse et que même quand on est sûr de ce qu’on ne veut pas, on n’est pas forcément heureux et blablabla.

    Alors pourquoi ça n’a pas pris sur moi ? A vrai dire je n’ai pas vraiment l’explication. Je sais que les attermoiements sexuelo-sentimentaux de ces insatisfaits chroniques (Vicky est sur le point de se marier mais tombe amoureuse de Juan-Antonio, Cristina couche puis vit avec Juan-Antonio qui aime toujours son ex-femme suicidaire qui débarque etc) ne m’ont jamais émue. Si aucun personnage n’est antipathique, aucun non plus n’est vraiment touchant et ça m’a gênée. Ils sont pourtant tous « géniaux » on nous l’affirme, en peinture, en photographie en littérature. Et moi je n’ai vu que de oisifs bourgeois frustrés et inquiets qui n’ont plus rien à voir avec les sublimes névrosés new-yorkais qui pétaient aussi dans la soie certes mais avec tant de vivacité, d’intelligence et d’humour que ça les rendait fascinants et drôles. Ici, je n’ai pas ri, pas une fois, pas été émue, jamais.

    Cela dit, si Vicky (Rebecca Hall) est plutôt fade, Penelope Cruz « horripilamment » hystérique, Javier Bardem est très bien et Scarlett Johansonn très très bien.

    Dernière chose, comme Woody je suis convaincue que l’amour c’est primordial, vital…Je sais, ça n’explique ni n’excuse mon rejet de ce film. J’en suis la première surprise et la déception est à la hauteur de l’attente.

  • DE LA GUERRE de Bertrand Bonello °°°

    De la guerre - Mathieu Amalric

    En repérage dans un magasin de pompes funèbres pour son prochain film, le réalisateur Bertrand (mouarf, trop drôle !) se fait malencontreusement enfermé dans un cercueil. Contrairement à Black Mamba, il n’a pas été éduqué à l’art d’ouvrir un cercueil avec les doigts, il est donc contraint d’y passer la nuit. Brrrr, j’ai peur. Lorsqu’il sort le lendemain, il est un peu choqué et souhaite retrouver l’état d’hébétude dans lequel il était. Ça tombe bien, Mathieu Amalric a pile poil le regard qu’il faut pour jouer l’hébétude pendant deux heures dix (c’est long !). Bon, il veut bien retrouver cet état mais il ne veut pas repasser la nuit dans le cercueil parce qu’en plus, c’est con, il ne sait pas nager. Mais, la vie est parfois bien faite et il rencontre TrucMuche (c’est Guillaume Depardieu, et malgré tout sa présence est toujours magique, c’est comme ça) qui lui dit « suis moi mon gars, j’ai ce qu’il te faut ». Et voilà notre Bertrand intégré dans une secte « bienvenue mon frère » dont la devise est « quand on ne jouit pas on se repose » avec à sa tête, une allumée qui se bande les seins avant de composer des morceaux abscons sur son orgue bontempi (Asia Argento, comme d’hab’, fatigante et toujours phonétiquement incompréhensible).

    La vie dans le château, oups pardon « Le royaume » est simple : on boit, on dort, on danse, on écoute la chef lire des textes pornos en se carressant le bras, on écoute Mozart en prenant des poses alanguies, on assure qu’on est joyeux (alors que tout prouve le contraire et surtout la gueule d’enterrement que tout le monde tire). Parfois toute la clique se rend dans les bois et entre en transe jusqu’à tomber au son de musiques tribales, ou se met à ramper en treillis dans la boue, ou à se tirer dessus dans des tranchées improvisées.

    C’est la guerre, bordel ! Vous avez lu le titre ou il faut que je vous fasse un dessin ?

    Parfois aussi, un jeune gars se suicide mais ce n’est rien, on le fout à l’eau pour s’en débarrasser… Des trucs chouettes quoi.

    Soudain, Bertrand/Mathieu se transforme en Martin Sheen et veut tuer le colonel Kurtz. Alors, on entend la voix de Marlon Brando et Michel Piccoli se lève de son lit pour dire qu’il est le Messie. Aurore Clément pique sa crise parce qu’elle se souvient qu’elle a tourné dans « Apocalypse Now » mais que toutes ses scènes ont été coupées au montage. Bertrand tue le Colonel Kurtz qui fait des bruits de lion et du coup il devient Capitaine alors qu’il ne fait même plus partie de cette putain d’armée.

    En fait, le seul grand malheur de Bertrand, il le dit à plusieurs reprises « c’est de ne pas savoir chanter » et surtout de ne pas chanter comme Bob Dylan. Mais je vous jure la vie c’est que du bonheur. A la fin, il écoute son poste et qui c’est qui chante dans le poste ??? Bob Dylan.

    Quelque chose a dû m’échapper car je me suis retrouvée dans le même état que lorsque j’ai vu « Inland Empire » de David Lynch. Un peu énervée. Mais les lapins de Lynch m’avaient fait rigoler, le lapin de Bonnello ne m’a pas fait rire du tout. Et au fait, pourquoi ne s’applique t’il pas la réplique qu’il fait dire à son acteur « tout le monde fait des films alors ça va, pas un de plus » ?