Justine est une grande fille pas bien finie dans sa tête. La seule "chose" qui fonctionne à peu près, c'est son boulot... et encore, on sent que manifestement être radiologue ne l'intéresse guère, sauf à composer d'étranges et bien moches oeuvres d'art en réalisant des radios de tout ce qui lui tombe sous la main. En outre, elle change de fiancé tous les quatre matins mais chacun d'entre eux lui reste étrangement attaché comme pour la protéger, de loin. Elle n'a pas de logement et squatte chez sa soeur Dom et son beau-frère qui, en manque d'enfant, cherchent à adopter. Mais le gros souci de Justine, c'est son père. Envahissant, incapable de cacher la moindre de ses pensées quitte à blesser son entourage, il se montre particulièrement cassant avec Justine qui considère sa maladresse comme un manque d'amour. Lorsqu'elle découvre qu'il va de nouveau être père à 60 ans et qu'il est resté en relation avec tous ses anciens petits amis alors qu'elle est en train d'entamer une nouvelle relation avec Sami qu'il risque de gâcher, Justine est effondrée...
Bonne surprise que ce "petit" film qui passe constamment de la comédie pure (on rit beaucoup) à l'émotion (on ne va pas jusqu'à pleurer mais ça aurait pu...) et qui interroge finalement sur les sempiternelles questions de sa place à trouver au sein de la famille, dans le monde et de la distance à prendre avec les siens, les proches, les amis, la famille, les parents et j'en passe et de plus infernale..! Vaste programme évidemment mais la réalisatrice n'a pas la prétention d'apporter de réponse universelle au fait que "l'enfer c'est les autres" (ma devise !). Elle prend l'exemple des dégâts que peuvent causer le manque de communication, l'incompréhension, les interprétations et tous ces isolements qui pourrissent la vie, provoquent des ravages irréversibles, jusqu'à ce qu'on se dise "trop tard" !
Michel Blanc est tout à fait crédible, insupportable et charmant dans ce rôle de soixantenaire juif infantile égoïste qui ne sait comment dire à sa fille à quel point il l'aime. Mélanie Laurent est parfaitement à l'aise dans celui de la grande fille perdue et fantasque. Géraldine Nakache est tordante en râleuse renfrognée. Et la meilleure nouvelle est que Jennifer Devoldère a bien compris que le désormais indispensable Guillaume Gouix est beaucoup plus à l'aise lorsqu'il tourne sans vêtements (si ça peut en intéresser certaine...).
Et puis, pour une fois que tous les malheurs des enfants ne sont pas la faute de la mère, on ne va pas se plaindre !