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  • JACK REACHER de Christopher McQuarrie °°

    Jack Reacher : affiche

    Je n'ai que peu de temps pour tailler un costard cravate à Jack Reacher pourtant ce film idiot et sans intérêt mériterait une thèse. J'ai vu peu de films couillons cette année mais je crois que celui-ci remporte haut la pellicule le yoyo en bois du Japon avec la ficelle du même métal ! Et pourtant je l'avoue honteusement, j'aime Tom Cruise, même si je sais que c'est un péché mortel d'apprécier un acteur qui dans la vie n'est pas forcément un homme bien. Oui j'aime des gens peu recommandables. C'est mon côté punk. Et dans la même corbeille, je peux aussi empiler Clint républicain qui cause à une chaise avec une voix de portail manquant d'huile et Gérard Depardieu qui livre pourtant une nouvelle fois une prestation remarquable dans LE Conte de Noël que je vous invite à voir avec vos ados et enfants (et même sans, car on n'a pas toujours ce genre d'accessoires dispensables sous la main) au lieu de claquer 8 à 10 €uros pour ce machin sans âme, sans humour et sans intérêt.

    Il s'agit donc ici d'un beau jeune homme (l'air un peu benêt d'un Sam Whorthington en cadeau bonus) avec une coupe de cheveux de GI Joe et des lunettes de soleil (je n'ai pas vu la marque) qui fait un carton sur 5 personnes. 4 femmes et 1 homme. A un moment on tremble un peu pour une petite fille sur laquelle le sniper pointe son viseur... mais non, on ne tue pas les enfants, on ne court pas dans les camps, on ne juge pas des personnages de films etc ! Un autre type, James Barr est arrêté car plein d'indices sont laissés sur la scène de crime qui mènent directement à la chambrée du pauvre gars. Un vétéran shooté à mort et revenu d'Irak sans avoir pu tuer un seul bronzé, sauf que si, quand même un peu mais ce serait trop long à raconter ! Quand on propose à James de signer ses aveux sinon il va se retrouver en taule où on lui "défoncera tellement le cul que quand il ira chier on aura l'impression qu'il baille" (ami du chic et de l'élégance bienvenue), il écrit simplement "Get Jack Reacher" (trouvez ce fucking Jack Reacher, pour les non anglicistes). Entre temps ce malchanceux de James qui n'a pas signé d'aveux se fait défoncer le portrait (et nullement le fondement) par une bande de mecs en tenue orange et le voilà dans le coma...

    Mais Jack Reacher c'est un peu le Chuck Norris du troisième millénaire. En gros : on ne trouve pas Jack Reacher, c'est Jack Reacher qui te trouve. Thanks Lord.

    Et effectivly, Jack Reacher débarque en ville en autobus avec sa bite dont il ne se servira pas et son couteau qu'il jettera. C'est un ancien officier de police militaire, enquêteur hors pair, sombre, solitaire, malin comme un singe, rusé comme un renard. Une vraie bête ! Il se rend direct à l'hôpital où le proc' Alex Rodin et sa fille Helen Rodin (avocate de James, le GI comateux, suivez un peu !) blonde en manque d'amour, de reconnaissance paternelle et néanmoins à forte poitrine lui disent : "pourquoi votre ami vous a t'il fait mander ?". "Ce garçon n'est point mon ami" répondra Jack sans bouger une oreille. Il rabâchera cette sentence environ quarante huit fois pendant deux heures et je pense qu'on tient là ce qu'on peut appeler communément LE comique de répétition.

    Après avoir fait piaffer Helen en lui laissant croire que l'enquête ne l'intéressait pas... Jack Reacher ce mariole lui dit "LOL, je reste !" Dès lors on n'aura de cesse de se demander si les deux coéquipiers coucheront ou coucheront pas ! Il faut dire qu'Helen agitera régulièrement sa blonde tignasse et ses gros seins sous les yeux indifférents de Jack qui de son côté exhibera sans pudeur son torse glabre et couturé. Helen bavera et hyperventilera beaucoup devant Jack qui fera toujours mine de ne rien voir. Mais les palpitations de ses maxillaires ne tromperont personne. On découvrira également que Jack Reacher n'est pas pédophile mais pas toujours courtois avec les dames non plus. Mais l'histoire serait trop longue à vous narrer par le menu.

    Jack Reacher est un peu la version white d'Alex Cross. Il se plante comme un piquet au milieu de la scène de crimes, tourne la tête à gauche, puis à droite et vous réécrit l'Ancien Testament sans plier les genoux. Chapeau bas. Moult personnages impayables et caricaturaux viendront s'infiltrer à l'histoire pour tenter de lui donner quelque consistance j'imagine dont certains interprétés par des personnes qui ont besoin d'argent, Richard Jenkins, Werner Herzog (palme d'or du ridicule), Robert Duvall. Quelques courses poursuites cheap et inutiles, une scène bien moche et dépourvue de la moindre tension dans une carrière abandonnée agiteront un peu la caméra. Des doutes sur la fiabilité de divers personnages, le proc', le flic qui mène l'enquête achèveront de rendre le spectacle affligeant. Et summum du suspens et de l'intensité, à un moment Jack Reacher et le flic se regarderont intensément pendant au moins trente secondes en serrant très très fort leurs petits poings -gros plan sur les poings-... et là j'ai explosé de rire.

    Mais rassurons-nous, on me souffle dans l'oreillette que Jack Reacher est tiré d'un roman de Lee Child One shot qui comporte 9 tomes. Donc à n'en pas douter Jack Reacher'll be back !

  • ALEX CROSS de Rob Cohen *

    Alex Cross : affiche

    Alex Cross est un genre  de flic psy qui peut te dire que tu as bu un café rien qu'en respirant ton haleine, c'est dire si lorsqu'il arrive sur une scène de crime, il rabat le caquet de son ami d'enfance, son quasi frère le sexyssime Ed Burns (c'est son nom, ça ne s'invente pas) qui s'est acharné à niquer sa carrière d'irlandais imbibé.

    Mais revenons à notre Cross, super flic, super psy, super ami, mari, père, fils... La suite de l'histoire nous prouvera qu'il n'est en fait rien de tout ça et qu'il ferait mieux de la mettre en veilleuse de temps à autre. Dans un premier temps il se la joue, grave. Bref le genre de type insupportable qui se croit le roi du monde alors que c'est une tache congénitale. Et lorsqu'un tordu de première s'en vient en ville faire du hâchis avec les doigts d'une milliardaire pas farouche de l'entre-jambes, on met le Cross sur le coup. Il va tout renifler l'affaire rien qu'en entrant dans la pièce où la meuf a été tuée mais va oublier de protéger sa famille. Et ça c'est un peu l'unique originalité de ce ragoût sans saveur : éliminer des personnages auxquels d'habitude on ne touche pas dans les films américains. Pas la famille !

    Si ce thriller qui lorgne sans beaucoup de talent du côté de Seven se laisse regarder sans honte mais aussi sans aucune passion, on est en droit de se demander où le réalisateur est allé chercher son acteur  principal ??? Tyler Perry !!!! Rarement je crois il est offert de voir un premier rôle aussi dépourvu de charisme et de qualités, incapable de la moindre expression ni d'exprimer la moindre émotion. Si je revois ce nom sur une affiche je fuirai en sens inverse ! Pourtant l'affiche prévient : "ne croisez jamais son chemin".

    Pour une fois qu'on tenait un vrai méchant sans état d'âme et dont on ne cherche pas à savoir s'il a respiré les ptites culottes de sa mère dans l'enfance... voilà que le "héros" est une endive insignifiante... et pourtant il est noir ! Reste donc Matthew Fox que j'avais jadis hâtivement rangé dans la catégorie des Butler, Statham, Worthington et compagnie. Ici, méconnaissable avec trente kilos de moins et néanmoins tout en muscles, visage émacié et tics nerveux, il est un méchant psychopathe sadique réjouissant, hélas le film ne le mérite pas.

  • DE L'AUTRE CÔTÉ DU PÉRIPH' de David Charhon **

    De l'autre côté du périph : affiche

    Ce film est tordant et je vous le recommande.

    C'est un peu court ? Et alors ! Il y a  peu de cinéma ici et une intrigue dont on finit par se foutre royalement. Car ce qui compte c'est le tandem, le duo, l'affrontement des deux show-men pour qui le réalisateur a concocté des répliques aux petits oignons. Laurent Lafitte et Omar Sy sont beaux, drôles et n'ont pas peur du ridicule. Ils sont branchés sur 2 000 volts, sont complémentaires et pourtant réglés sur le même tempo implacable  dans lequel chacun laisse toute la place à l'autre, chacun dans son registre. Banlieue contre XVIème arrondissement. Le rythme ne faiblit pas, les répliques fusent sans mollir. Du pur divertissement haut de gamme. Ce serait dommage de ne pas se laisser emporter !

  • L'HOMME QUI RIT de Jean-Pierre Améris ****

    Le film est inspiré de l'oeuvre dense, complexe, passionnante et intimidante de Victor Hugo. Une histoire terrible et incroyable. Celle de deux enfants. L'un Gwynplaine défiguré dès son plus jeune âge par une cicatrice qui donne à son visage un sourire permanent, victime des comprachicos qui a l'époque enlevaient ou achetaient les enfants, les mutilaient pour les exposer comme des monstres. L'autre Déa, une fillette aveugle que Gwynplaine a sauvée de la mort une nuit de tempête. Les deux enfants abandonnés, orphelins sont recueillis pas Ursus, un saltimbanque, philosophe et guérisseur. Sous des dehors rugueux et misanthrophe le vieil homme dissimule des trésors de tendresse et de bonté. Incidemment, il découvre que le visage du garçon provoque l'hilarité et c'est ainsi que le spectacle de "L'homme qui rit" voit le jour. La petite troupe sillonne alors avec bonheur les routes d'Angleterre. Gwynplaine et Dea s'aiment et deviennent inséparables, sous l'oeil bienveillant et inquiet d'Ursus qui sait que pour vivre heureux il est préférable de vivre cachés. Les foules se pressent pour découvrir Gwynplaine, lui assurent une célébrité sans cesse croissante jusqu'à arriver aux oreilles de la Cour...

    D'emblée il faut écarter l'idée de l'adaptation à la lettre d'une oeuvre littéraire grandiose et colossale. Il s'agit ici de la vision d'un réalisateur à propos d'une histoire qui le hante depuis ses quinze ans. L'histoire de deux adolescences meurtries par la différence. Alors que le handicap de Dea aveugle semble vécu sereinement, Gwynplaine souffre de son apparence. Comment en étant à ce point différent, monstrueux, trouver sa place dans ce monde et être heureux ? Rien que l'idée d'évoquer cette douleur, celle de ne jamais se sentir à sa place suffit à me bouleverser. Et le film l'est, bouleversant, par la grâce de cette vision personnelle qui transforme l'oeuvre, sans jamais la trahir, en un conte horrifique, terrifiant sans pour autant négliger un humour apaisant alors que le drame pèse inéluctablement. Et par celle d'acteurs véritablement habités par la beauté et la puissance de leurs personnages. Chacun semble avoir compris que "La vie n'est qu'une longue perte de tout ce qu'on aime". Malgré cette menace qui les nargue, Gwynplaine s'abandonne un temps à l'illusion d'être accepté sans masque, malgré sa différence et à celle encore plus folle de changer le monde puisqu'il obtient soudainement le pouvoir de siéger au Parlement. Sa diatribe face à la Reine et aux parlementaires : "Ce qu'on m'a fait, on l'a fait au genre humain", puissante, bouleversante vire à la farce. Des bouffons ridicules le remettent à sa place, trop tard.

    Dans un décor de carton pâte assumé, revendiqué, Jean-Pierre Améris ne cherche pas la réconstitution historique. On ne verra donc pas de "carrosses rouler devant des châteaux du XVIIIème siècle". On restera plutôt concentrés sur les personnages principaux et leurs visages, même si l'ambiance "timburtonnienne" évoque Edward aux Mains d'Argent et la mer synthétique celle admirable du Casanova de Fellini. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le sublime, génial, inoubliable Joker composé par Heath Ledger s'inspire totalement de l'Homme qui rit de  Victor Hugo (et non l'inverse). Il n'y a donc rien de paradoxal à ce que le "masque" de Gwynplaine l'évoque de façon aussi troublante. Mais alors que le Joker blessé aussi au plus profond de sa chair n'aspire qu'au mal, Gwynplaine est d'abord un jeune héros courageux qui a sauvé une fillette, puis un homme honnête qui rêve de justice et d'amour. Marc-André Grondin incarne avec une belle présence inquiète et naïve cet être meurtri, aimé au-delà de ce qu'il espère et totalement ébloui par cet amour.

    Emmanuelle Seigner belle et cruelle Duchesse se servira un temps de Gwynplaine pour surmonter un ennui abyssal et l'utilisera comme une distraction. Elle verra en lui le véritable miroir de son âme noire. "Ce que tu es dehors, je le suis dedans". Et l'actrice offre à son personnage une intensité et une fêlure touchantes qui évoquent la Madame de Merteuil des Liaisons Dangereuses. 

    Dea est la jeune fille pure qui aime et protège Gwynplaine, parfois malgré lui. Elle connaît l'essentiel invisible pour les yeux. Elle ne peut comprendre que Gwynplaine craigne qu'elle ne l'aime plus si elle  venait à découvrir sa laideur. "Comment peux-tu être laid puisque tu me fais du bien ?". Christa Théret, une nouvelle fois surprenante incarne avec une grâce magnifique cet ange aveugle, simple et vertueux. Elle est d'une expressivité réellement impressionnante empruntée aux grandes actrices du muet. Et ici comme une réincarnation, jusque dans ses gestes de la Virginia Cherril des Lumières de la ville de Charlie Chaplin.

    Quant à Gérard Depardieu, jamais aussi bon que dans les grands classiques qui ont contribué à sa gloire, il est ici exemplaire de sobriété. D'une présence forcément imposante, il laisse néanmoins toute la place à ses partenaires et à cet ange fragile et gracile qu'est ici Christa Théret. Et pourtant chacune de ses apparitions alternativement drôles ou bouleversantes le rendent une fois encore inoubliable dans ce rôle de père déchiré, impuissant à sauver ses enfants de leur destin.

    Jean-Pierre Améris nous saisit donc dès la première image implacable et cruelle et ne nous lâche plus jusqu'au final poignant. Il concentre son histoire en une heure trente, sans digression inutile accompagnée d'une musique ample et idéale. Et c'est à regret que l'on quitte ces personnages follement romanesques et romantiques. 

  • L'HOMME QUI RIT de Jean-Pierre Améris

    gagner 5 x 2 places de cinéma OU un exemplaire du roman de Victor Hugo dont le film est adapté.

    Il sortira en salle le mercredi 26 décembre.

    Magnifique cadeau de Noël pour vous, vos enfants et vos ados qui pourront voir en Gwynplaine l'incarnation de leur différence et de leur mal être... mais pas uniquement cela !


    Synopsis : En pleine tourmente hivernale, Ursus, un forain haut en couleurs, recueille dans sa roulotte deux orphelins perdus dans la tempête : Gwynplaine, un jeune garçon marqué au visage par une cicatrice qui lui donne en permanence une sorte de rire, et Déa, une fillette aveugle. Quelques années plus tard, ils sillonnent ensemble les routes et donnent un spectacle dont Gwynplaine, devenu adulte, est la vedette. Partout on veut voir "L'Homme qui rit", il fait rire et émeut les foules. Ce succès ouvre au jeune homme les portes de la célébrité et de la richesse et l'éloigne des deux seuls êtres qui l'aient toujours aimé pource qu'il est : Déa et Ursus.

    Pour ce film qui me tient particulièrement à coeur et que j'ai eu la chance de voir en clôture de la dernière Mostra del Cinema à Venise (vous pouvez retrouver ma critique ICI), le concours sera différent de ceux auxquels je vous habitués et totalement subjectif.

    Vous devrez triplement travailler pour gagner soit deux places, soit le livre (précisez dans votre réponse pour quel lot vous jouez).

    Vous devez donc en un seul commentaire :

    I - répondre à une des 6 questions qui suivent (en vous aidant de la bande-annonce),

    II - mais aussi me citer une phrase en vers ou en prose tirée d'une oeuvre de Victor Hugo (deux ou trois lignes pas plus !!!) susceptible de me plaire, de me bouleverser,

    III - et enfin me dire pour quelle(s) raison(s) vous souhaitez voir ce film !

    ....................................

    1) Quel acteur est à la fois à l'affiche des Emotifs Anonymes et de l'Homme qui rit ?

    2) Qu'est-ce que la vie pour Ursus ?

    3) Quelle est la réaction de la Duchesse lorsque Gwynplaine lui dit qu'il l'aime ?

    4) Terminez cette phrase : "Vivre sans lui..."

    5) Quel est le nom du château où se réveille Gwynplaine ?

    6) Terminez cette phrase : "Les hommes ça échappe aux femmes..."

    ....................................

    Sopel, Ed, Al, Didi, et Mister Loup gagnent 2 places, Aifelle remporte le livre.

    Pour les plus curieux et les plus intéressés, je vous invite à ré-écouter l'interview de Jean-Pierre Améris passionnante, drôle et émouvante effectuée par Rebecca Manzoni ce dimanche 23 décembre en cliquant ICI.

    Et plongez-vous dans un extrait du Making-of

  • MAIN DANS LA MAIN de Valérie Donzelli *

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    Hélène Marchal a la charge prestigieuse de former les petits rats de l'école de danse de l'Opéra Garnier de Paris. Joachim travaille dans une miroiterie à Commercy (Meuse) et vit chez sa soeur qui fait des enfants comme une poule pond des oeufs. Au premier abord, rien ne pouvait les rapprocher, ni leur âge (15 ans d'écart), ni leur situation sociale, elle bourgeoise, lui prolo, ni leur façon de vivre, elle a un chauffeur, il ne se déplace qu'en skate board. Peut-être éventuellement leur amour de la danse, mais là encore, elle ne pense que pointes et entrechats, il s'entraîne pour un concours de danses de salon avec sa soeur. Sauf que la première fois qu'Hélène et Joachim se rencontrent sans l'avoir prévu, ils s'embrassent presque malgré eux et tombent instantanément sous l'effet d'un charme, d'un sortilège dont on n'aura jamais l'explication. C'est LA bonne idée du film, ne pas chercher à donner l'amorce d'une raison au fait que Joachim et Hélène deviennent inséparables au point de faire les mêmes gestes au même moment, de ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre, de devoir vivre ensemble à leurs corps défendant.

    Et sinon quoi ? Pas grand chose. Le coup de foudre serait donc un fait inattendu et imprévisible ! La belle affaire ! On ne s'en doutait pas. Et Valérie Donzelli, dont le capital sympathie n'est pas à démontrer nous envoie un film mignon, frais, gentil et plein d'énergie. Constamment en mouvements. Mais il ne s'agit pas ici d'une énergie fatigante, épuisante comme celle récente du film de Michel Leclerc, mais plutôt de tonus et de vitalité. Quelque chose de positif qui respire la bonne santé. Néanmoins, il ne reste finalement pas grand chose de ses tentatives de rapprochement puis d'éloignement des deux protagonistes qui veulent tenter de résister à l'inévitable !

    Par ailleurs, je ne suis pas sûre que le couple "fonctionne". Le visage ingrat et inexpressif de Valérie Lemercier ne m'a jamais plu. Par contre son corps, puisqu'elle est toujours prompte à nous le montrer sous toutes les coutures, est d'une perfection irréprochable. Jérémie Elkaïm a l'air d'un gamin à côté d'elle et pourtant c'est lui la révélation du film, lui pour qui il vaut éventuellement le déplacement.

    Le personnage de l'amie inséparable qui partage jusqu'au lit du couple, qui finira par être atteinte d'une maladie incurable et dont on découvrira qu'elle tapine quand elle ne soutire pas de l'argent à son amie... est incompréhensible, pénible et totalement hors sujet !

    Un film plus que bancal donc, sans autre grand intérêt que le charme de Jérémie Elkaïm.

  • TABOU de Miguel Gomes ****

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    Tabou est typiquement le genre de films dont il faut en dire le moins possible afin de préserver toutes les surprises qu'il propose. Cela tombe très bien, j'ai peu de cerveau disponible actuellement. Néanmoins, c'est ne rien révéler que de dire à quel point il est déroutant et il faut dépasser le premier quart d'heure réellement déconcertant et ne pas sortir comme certains inconséquents l'ont fait pour accéder à une expérience cinématographique hors du commun. Ce film prend littéralement possession du spectateur et l'envahit encore plusieurs jours après la projection et l'on prend à se demander s'il ne s'agissait pas d'un rêve.

    La première partie se déroule dans un immeuble de Lisbonne où la douce, bonne et très seule Pilar s'inquiète fort pour sa voisine Aurora qui perd beaucoup d'argent au casino et prétend être mal traîtée par la femme de ménage qui vit avec elle. La vieille dame est en réalité en train de totalement perdre la carte et ses propos semblent de plus en plus incohérents. L'explication de cette émouvante et captivante première partie prendra tout son sens dans la seconde. Une enthousiasmante et affolante histoire d'amour qui commence par ces mots "J'avais une ferme en Afrique..." telle une promesse d'enchantement dont le récit des souvenirs peut être fait. Aurora aime un homme qu'elle épouse. Il lui offre un bébé crocodile. Cadeau insolite pour une femme imprévisible... Puis Aurora n'aura plus d'yeux et de coeur que pour un autre homme, Ventura, ré-incarnation même de l'aventurier irrésistible, tout comme Denys Finch Hatton coureur invétéré soudain foudroyé d'amour et condamné à ne plus aimer qu'une seule femme.

    Romantique, romanesque et passionné, oui. Mais qu'est-ce qui donne à cette romance tragique sa différence ? En fait un objet cinématographique insolite et à nul autre pareil ? Une réalisation unique, personnelle, follement ambitieuse, difficile à retranscrire en mots... seuls une voix off et les sons, le clapotis de l'eau, le bruissement du vent, le bruit des pas, nous sont audibles alors que les dialogues sont muets... Les personnages eux aussi follement séduisants et attachants, Ana Moreira et Carloto Cotta sosies de Greta Garbo et d'Errol Flynn, d'un charme exceptionnel achèvent de nous emporter dans le tumulte de leur amour.

  • LA CHISPA DE LA VIDA de Alex de la Iglesia ***

    LA CHISPA DE LA VIDA de Alex de la Iglesia, cinéma,

    Un énième jour de poisse pour Roberto qui n'en peut plus de ses deux années de chômage qui s'éternise. Lors d'un nouvel entretien où il s'humilie pour tenter de trouver un emploi Roberto décide de réserver une chambre dans l'hôtel où sa femme, qui lui prodigue un indéfectible soutien, et lui ont vécu leur lune de miel à Carthagène. Au cours d'un enchaînement d'événements aussi fous qu'imprévisibles Roberto fait une chute sur un chantier interdit au public. Lorsque le gardien du chantier vient porter secours à Roberto, il ne peut plus bouger, sa tête est empalée sur une tige de fer. Impossible de déplacer Roberto sans risquer une hémorragie fatale. Rapidement les médias ont vent de l'événement. La foule se masse autour de l'endroit qui devient un grand barnum diffusé en boucle sur toutes les chaînes de télé. Et Roberto, ex publicitaire, se met à imaginer un stratagème insensé, profiter de sa situation pour en tirer un substantiel profit qui mettrait sa femme et ses deux enfants à l'abri du besoin.

    La première originalité vient évidemment du fait que c'est la victime elle-même qui met en place les négociations. Mais si sa femme est scandalisée par ce projet absurde, bientôt plusieurs chaînes de télé font monter les enchères, ainsi que les médecins qui entendent tirer profit de cette soudaine notoriété, sans parler du citoyen moyen prompt à filmer avec son téléphone portable pour proposer la vidéo... Tout y passe donc, la télé réalité scandaleuse, ouverte à toutes les dérives, le pouvoir de l'argent, le désespoir qui conduit aux pires extrémités dans une société en crise. Et même le SDF n'est pas épargné qui moleste le pauvre Roberto car pour lui, c'est évident, un type en costume est plein aux as.

    Burlesque et dramatique, le réalisateur réussit un film qui fait un portrait assez angoissant de la société dans laquelle nous vivons, écrasée par le désespoir mais aussi le voyeurisme, l'appât du gain, l'étrange fascination du "vu à la télé" !

  • SUR LE CHEMIN DES DUNES de Bavo Devurne ***

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    Yvette a un fils, Pim, qu'elle n'a manifestement pas désiré. Cette femme enfant charmeuse et égoïste a jadis été reine de beauté et vit aujourd'hui de ses talents de chanteuse accordéoniste dans des galas des bords de mer. Pim est souvent seul. Il passe son temps à dessiner, à se déguiser en "miss" devant sa glace et il rend souvent visite à ses meilleurs amis Gino et Sabrina qui vivent aussi seuls avec leur mère, une femme aimante mais gravement malade.Les enfants vont grandir et la relation entre Pim et Gino va évoluer vers des sentiments que Gino ne va pas assumer alors même que Sabrina va également tomber amoureuse de Pim.

    A partir de la complexité des sentiments lorsqu'ils ne sont pas partagés et des orientations sexuelles souvent difficiles des adolescents Bavo Devurne réalise un premier film différent (puisque belge), tendre, doux et cruel comme le sont parfois les premières amours. La reconstitution des années soixante, le chemin des dunes balayés par les embruns, les couleurs si souvent changeantes des bords de la mer du Nord lui offrent un écrin de toute beauté. L'intensité, la beauté, l'implication des deux jeunes acteurs Mathias Vergels et surtout Jelle Florizoone dont c'est le premier rôle assurent le reste.