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  • Jacques Wéber est

     

    Seul en scène.

    Il se met à parler toutes langues. Celle de Molière, de Duras, de Musset, de Courteline, de Baudelaire, de la Fontaine, de Claudel, de Corneille, de Flaubert… alors qu’à aucun moment on ne sait de qui sont les textes car tout s’enchaîne admirablement.

    Le comédien est sans transition enfant, violent, Artaud, drôle, Cyrano, terrible, lyrique, naïf, femme ou Rimbaud. Car au théâtre, « je » c’est les autres.

    Et… miracle ! lors de cette rencontre, de ce moment d’échange et de partage, Jacques Wéber nous procure la joie rare de le quitter sur cette merveille :

    … « N'écrire jamais rien qui de soi ne sortît,

    Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit,

    Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,

    Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !

    Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,

    Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,

    Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,

    Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,

    Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,

    Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! »

     

  • La flûte enchantée de Kenneth Branagh****


    Combien de fois êtes-vous sortis d’une salle de cinéma avec un sourire banane d’une oreille à l’autre cette année ? Moi, c’était aujourd’hui. J’étais étourdie et ravie.
    Après avoir revisité (avec bonheur) Shakespeare, Kenneth Branagh avec Shikaneder et Stephen Fry au livret, James Conlon à la baguette, déplace l’intrigue de « La Flûte enchantée » de Mozart pendant une guerre de tranchées. Tamino, soldat blessé à la recherche de la paix et de l’amour est sauvé par trois infirmières. Elles le conduisent à la Reine de La Nuit, belle femme déchirée depuis l’enlèvement de sa fille par le monstre Sarastro. Elle confie à Tamino et à Papageno l’oiseleur, la mission de retrouver Pamina. Or, dans cette histoire les gentils et les méchants ne sont pas ceux qu’on croit.
    Laissez-vous embarquer par la féerie et le tourbillon où l’humour et l’émotion ne sont pas absents. C’est virtuose et cinématographique. Les chanteurs sont vraiment acteurs (mention spéciale à René Pape, charismatique et étonnant Sarastro) et maîtrisent parfaitement le play-back. On rit, on chante, on s’amuse, on tremble, on pleure, on danse avec un bonheur communicatif et les « tubes » s’enchaînent avec un plaisir constamment renouvelé. La rencontre de Tamino et Pamina rappelle celle de Tony et Maria dans « West Side Story ». Tout est excessif et démesuré et c’est enthousiasmant d’entrer dans la folie de Kenneth Branagh qui rend cette épopée pleine de rebondissements, inventive et originale. Quant à la musique !!! Les mots à employer ne seront jamais suffisants mais on la savoure jusqu’à la dernière note de la dernière page du générique.
    Un film qui dit : « L’humanité aspire à la paix : Deux jeunes gens qui s'aiment parviendront-ils à influer sur le sort des nations et la vie de millions d'êtres humains ? »… c’est naïf, c’est utopique mais pendant deux heures c’est bon d’y croire.

  • Arthur et les Minimoys de Luc Besson***

     

     

    Arthur 10 ans vit avec sa grand-mère dans une ferme qui semble tout droit sortie du « Magicien d’Oz ». Un promoteur véreux veut acquérir la maison et le jardin pour y construire des immeubles bétonnés. Arthur a 36 heures pour venir en aide à sa grand-mère. Pour cela il doit rejoindre le monde fantastique des Minimoys, créatures minuscules qui vivent sous le jardin et récupérer le trésor que son grand-père y a caché avant de disparaître mystérieusement.

    Je ne peux faire l’impasse sur le premier quart d’heure particulièrement éprouvant où on se dit : « oulala, dans quelle galère me suis-je embarqué ? ». Si les décors et l’environnement d’Arthur sont magnifiques, la « performance » de Mia Farrow, ridicule et monstrueuse, atteint des niveaux d’exaspération rarement atteints au cinéma !!!

    Dès qu’on plonge dans l’univers des Minimoys : tout s’arrange, pour le meilleur. Luc Besson a dû prendre tout le plaisir qu’il fallait pour enfin pouvoir créer un monde à sa démesure dans lequel il peut assumer sa naïveté et le fait de refuser de grandir. Les trouvailles, les rebondissements et les aventures se renouvellent en permanence et c’est un enchantement ininterrompu. Le personnage (délicieux) de la Princesse Selenia est un mix de Nikita, Leeloo et Jeanne d’Arc, guerrière sensible, boudeuse et amoureuse !

    Les références cinéphiles pleuvent en cascade : « Le Seigneur des Anneaux », « La fièvre du Samedi soir », « Pulp fiction »…

    Quant au « message », on ne peut l’ignorer : sauvegarde de l’environnement.

    Cerise sur le clafoutis, le casting de voix est un régal : Mylène Farmer, Alain Bashung, Marc Lavoine, Sergio Castellito, Stomy Bugsy, Dick Rivers, José Garcia…

    Allez-y, accompagnés ou pas d’un « Mini » !

  • Hors de prix de Pierre Salvadori °

    Irène, jeune et belle gigolette alcoolique écume les palaces de la côte d’azur pour y trouver les pigeons qui l’entretiendront le temps de se faire larguer et d’en trouver un autre. Un soir par inadvertance, comme tous les hommes sont habillés en pingouin, elle confond Jean avec un riche héritier alors qu’il est serveur au bar. Il joue le jeu pour la nuit, se ruine pour la belle et devient gigolo à son tour…

    Deux heures dans un Palace, me suis-je dit, ça se prend ! Et bien non, car très vite, l’ennui s’installe et c’est effaré qu’on regarde la même scène se répéter jusqu’à l’éccoeurement et au final consternant.

    Seules Audrey Tautou et Marie-Christine Adam, très très belles toutes les deux, semblent s’éclater dans ce loooooong sketche… sans doute parce qu’elles ont eu la chance de porter (à merveille) des robes vertigineuses.

    Quant à la réflexion sur le pouvoir de l’argent je la cherche encore. J’ai surtout vu un profond mépris aussi bien pour les riches que pour les pauvres, pour les jeunes que pour les vieux. Je me demande qui y trouvera son compte.

    Comme il est beaucoup question de comédies flamboyantes américaines à propos de ce film… Reconnaissons lui au moins le fait qu’il m’a donné une folle envie de revoir MES deux joyaux de la comédie sentimentale ricaine, indépassables, les modèles :

    « A love affair » de Leo Mac Carey

     

      et

    " The shop auround the corner" d’Ernst Lubitsch

     

    Et vous quelles sont vos comédies sentimentales préférées ?
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  • Les répliques cultes des films d'action

     

    En général dans les films d’actions on ne perd pas son temps en palabres. Ça rosse, ça se bat, ça castagne, ça nous la joue moyen-âgeuse, ça éparpille aux quatre coins, ça balance de la bombe ou du missile... on n’est pas là à un pince-fesses de l’ambassadeur pour faire dans le raffiné. La réplique doit être assassine et le maître de guerre de tout ça est bien Clint Eastwood qui n’a pas son pareil pour faire comprendre à l’ennemi que ça va être dur de l’impressionner. La réplique des répliques étant pour moi :

    « Dans la vie, il y a deux sortes d’hommes. Celui qui a le flingue, et celui qui creuse. Toi, tu creuses ! ».

    On peut quand même répartir les répliques cultes des films d’action en 10 catégories. Je vous citerai un exemple pour chacune d’entre elles et si ça vous amuse, donnez-moi simplement le titre du film dont elle est extraite.

    Ah oui, éloignez les enfants, le costaud fait rarement dans la dentelle.

    MERCI A TOUS POUR VOTRE CONTRIBUTION A MUSCLER MES ZYGOMATIQUES !

    1 - Le temps des menaces :

    « Je suis venu pour faire de ta vie un enfer. Prépare-toi à goûter aux raisins de ma colère ».

    BATMAN ET ROBIN

    2 - Les grandes pensées :

    « Si vis pacem, sors ta pétoire ».

    POINT BREAK

    3 - Les grandes métaphores :

    « Repars dans le New Jersey Caïd. Ici, c’est la cité des anges et t’as oublié tes ailes ».

    L.A. CONFIDENTIAL

    4 - L’humour au bout du canon :

    « - Capitaine Reda.

    -          Marie.

    -          - ça tombe bien, je vous présente Jésus ».

    LES RIVIERES POURPRES 2

    5 - Dur à cuire :

    «  - Il y a un dicton en Italie : on peut se brûler la langue avec un bol de soupe.

    - Il y a un dicton en Irlande : rien à foutre des dictons italiens ».

    PIEGE EN EAU TROUBLE (Steven Seagal).

    6 - Conseil d’ami :

    « Dans les années 90, tu cognes pas d’entrée, faut dire un truc cool avant ».

    LE DERNIER SAMARITAIN

    7 - Cassssssé :

    « - Le dernier qui s’est foutu de mes cheveux, je lui ai carré la tête dans le cul jusqu’aux poumons.

    -          Ta vie sexuelle, j’en ai rien à cirer ».

    DOUBLE TEAM (J.C.V.D)

    8  - Nonsense :

    « - J’ai peur Trinity.

    -          Moi aussi, j’ai mis dix minutes pour mettre une seule botte.

    -          On ne voit pas plus loin que les choix qu’on ne peut pas comprendre ».

    MATRIX

    9 - Soyons clairs :

    «  Votre seul espoir, votre seule peine, consiste à le comprendre. Comprendre le pourquoi. Voilà ce qui nous sépare d’eux, ce qui vous distingue de moi. Pourquoi ? est la vraie seule source de pouvoir. Sans lui, vous êtes paralysés. Et c’est ainsi que vous venez vers moi, sans « pourquoi » donc sans pouvoir ».

    (NDLR : si vous pensez qu’il manque des mots ou au contraire qu’il y a des mots en trop… c’est que vous êtes normaux… Le film est à l’image de cette réplique… débile !)

    MATRIX RELOADED

    10 - Moments d’émotion :

    « Vous n’avez jamais reçu cinq cents gnons en pleine poire en une soirée ? Je vous garantis que ça picote à la longue ».

    ROCKY

  • Red road d’Andrea Arnold ***

     

    Jackie, jeune femme au visage et à l’attitude fermés à double tour, est employée municipale au service de vidéo surveillance de la ville de Glasgow. Devant elle, des dizaines d’écran d’où elle observe, parfois inquiète, parfois attendrie mais toujours vigilante la vie de ses concitoyens. La vie, faite d’isolement et de misère sexuelle de Jackie est impressionnante. Un jour sur un écran apparaît un homme qui la laisse d’abord pétrifiée et l’amène à mettre en place une machination hallucinante. La réalisatrice nous distille peu à peu les failles, les douleurs insurmontables, le chagrin colossal de Jackie.

    C’est un film d’une noirceur absolue, plein de lumières étranges. Il dérange et fascine d’autant plus qu’une partie nous est racontée par l’intermédiaire des écrans de contrôle. Il nous parle de deuil, de pardon, de compassion et nous montre une femme qui réussit enfin à pleurer.

    Moi-même, il y avait longtemps que je n’avais pas pleuré au cinéma.

    Il a obtenu le Prix du Jury au dernier Festival de Cannes. On le comprend, il est singulier et captivant. Quant aux deux interprètes principaux, audacieux et totalement engloutis dans leur rôle respectif, ils sont époustouflants : Katie Dickie et Tony Curran.

     

  • La faute à Fidel de Julie Gavras **

     

    La petite Anna, 9 ans, vit une vie tranquille et bourgeoise avec son petit frère et ses parents, fréquente une école privée et rêve de princesses en robe de mariée… Nous sommes en 1970 et la mort de son oncle en Espagne va bouleverser ce train-train lorsque ses parents vont prendre fait et cause en militant pour le Chili.

    Cet engagement va amener une véritable révolution : d’abord un déménagement inattendu dans un tout petit appartement mais aussi l’apprentissage de l’altruisme, du partage, la découverte du féminisme, des manifestations, des réunions…

    Cette histoire est filmée à hauteur d’enfants et c’est la petite Nina Kervel-Bey (épatante) boudeuse et réac’ qui mène la danse en essayant de combattre (pour un retour à sa vie d’avant) mais surtout de comprendre. Elle aurait pu être antipathique, elle est absolument remarquable !

    La reconstitution de l’époque est impeccable et on peut voir poindre une réflexion sur les limites de l’engagement.

    Le film se termine sur le suicide de Salvador Allende un certain 11 septembre…

     

  • The Last Show de Robert Altman ***

    Un des personnages dit :”la mort d’un vieil homme n’est pas une tragédie”… Non, mais elle est triste néanmoins. Voit-on ce film différemment du fait que Robert Altman est mort récemment, peut-être, peut-être pas ? Peu importe, c’est un très beau film.

    Show must go on !

    Le Fitzgerald Theater va se transformer en parking. Depuis 30 ans un show radiophonique hebdomadaire un peu ringard et public y est donné et nous assistons à la dernière représentation pleine d’entrain et de nostalgie. Tout le monde est triste et tout le monde fait comme si…

    La scène d’ouverture est une merveille et ressemble au fameux tableau d’Edward Hopper. Kevin Kline séduisant et désopilant (plus Douglas Fairbanks que jamais) sort du bar pour rejoindre le théâtre dont il est une espèce de videur. La caméra souple d’Altman va suivre des coulisses à la scène les chanteurs et chanteuses qui font le spectacle, entrecoupant chaque morceau de fausses pubs (très drôles) et de blagues à deux balles (très cons mais hilarantes).

    Une étrange jeune femme en imperméable blanc rôde dans les couloirs et accompagnent certains protagonistes pour leur dernier voyage. Apparemment Altman préférait que la mort ait l’apparence d’une jolie blonde plutôt que d’une ombre noire avec faux. Il faut être sacrément prêt pour qu’un film soit ainsi habité par la mort sans le rendre macabre jamais. C’est d’autant plus émouvant évidemment.

    Le casting de luxe se régale et nous comble. Avec en tête un surprenant (et inconnu pour moi) Garrison Keillor en maître de cérémonie, son physique, son attitude, sa voix, tout chez lui est étonnant.

    Woody Harrelson et John C. Reily sont comme deux gosses à qui on a donné la permission de se déguiser en cow-boys et ils s’en donnent à coeur joie à chanter et à jouer aux frères ennemis qui se balancent des vannes (bad jokes) non-stop :

    - « Pour être présentable, tu devrais perdre 15 kilos… Fais-toi décapiter »

    ou

    - « T’es tellement con, que tu dois être deux ».

    Moi ça me fait rire.

    Mais évidemment, la Reine de ce royaume c’est Méryl Streep, l’immense Méryl qui peut tout, qui ose tout, qui virevolte, s’émeut, se fâche, pince les lèvres, se frotte le nez, saute au coup et embrasse Garrison Keilor et comme elle fait TOUT bien, elle chante bien et même mieux encore. Quand elle est à l’écran, il n’y a plus qu’elle. Cette femme, cette actrice est un miracle. Quand je serai grande je VEUX être Méryl Streep ou Sandrine Bonnaire. La barre est haute !

    Mais revenons en à ce film qui se termine par : « gardez votre humour au sec », car ce film est drôle.

    Altman nous dit que le spectacle et la vie durent jusqu’à la dernière seconde…

    Qu’il en soit remercié.

     

     

     

  • Azur et Asmar de Michel Ocelot ***

    Azur et Asmar sont depuis la naissance élevés par la même nourrice Jenane, une belle et douce femme arabe. Asmar est son fils, Azur celui du riche châtelain. Lorsque les deux enfants atteignent l’adolescence, Azur est contraint de partir faire des études loin du château tandis qu’Asmar et sa mère sont brutalement chassés et retournent dans leur pays sans revoir Azur.

    Devenu adulte, Azur part au-delà des mers rejoindre ce pays magique, plein de contes et de légendes qui ont bercé son enfance. C’est à son tour de se retrouver étranger sur une terre hostile.

    Peuplés de dangers et de sortilèges dans ce pays magnifique, les deux « frères » seront ennemis puis combattront ensemble les maléfices pour conquérir la princesse de leur enfance.

    Au-delà des images féeriques, de l’histoire passionnante de bout en bout, du parti pris (génial) de ne pas traduire les dialogues en arabe, ni les enfants, ni leurs accompagnateurs ne sont pris pour des imbéciles, c’est audacieux parce que rarissimes. C’est d’une beauté et d’une intelligence inouïes.

    Le message de paix vibrant, simple et évident est limpide : les yeux bleu et les yeux marron peuvent vivre en harmonie, les peaux brunes et les peaux claires ont le même sans dans les veines.

    Il est urgent de le dire aux enfants.

    L’avenir est dans leurs mains.