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Sur la Route du Cinéma - Page 541

  • Zone Libre de Christophe Malavoy **

    Quelques juifs et quelques « justes » qui les hébergent en zone libre néanmoins occupée par quelques allemands…

    Christophe Malavoy passe derrière la caméra et s’inspire de sa propre histoire (ses parents ont caché des juifs pendant la seconde guerre mondiale) pour raconter celle de cette famille. Fluide et joliment raconté avec une évidente sincérité et de réelles qualités, ce film hésite pourtant parfois entre drame et comédie. Dommage, compte tenu du thème, qu’il lui manque le souffle nécessaire pour en faire une œuvre bouleversante et que le petit garçon de l’histoire dont le rôle est très important soit interprété par un petit garçon qui joue très très mal... c’est-à-dire qu’on voit constamment qu’il joue.

    Néanmoins, cela est gommé par les interprétations absolument exceptionnelles de Lionel Abelanski et Jean-Claude Roussillon. Le premier est d’une justesse incroyable et absolument touchant lorsqu’il cache sa trouille permanente en explosant de colère régulièrement. Il est aussi capable en une seule réplique de faire passer à la fois sa peur et son évident talent comique lorsqu’il dit à sa belle-sœur enceinte : « c’est vraiment pas le moment de mettre au monde des petits youpinots alors qu’on sait pas quoi faire des anciens ! ». Quant à Jean-Claude Roussillon, il est simplement parfait. Tout le monde doit rêver de l’avoir pour grand-père, toute personne en difficulté doit rêver de le rencontrer.

    Pour eux deux donc, en priorité mais aussi pour l’histoire qui résonne toujours fort non ?

  • Les climats de Nuri Bilge Ceylan ***

    Comment, à partir d’une petite histoire de rien du tout, tirée à des milliers d’exemplaires, faire un beau grand film ? C’est tout simple : Isa (c’est le garçon) et Bahar (c’est la fille) passent leurs vacances sous le soleil éclatant de Kas, splendeur de la côte turque. Gros plan sur le très beau visage de Bahar. Elle sourit en regardant son homme au loin… puis une larme coule. Le couple se sépare avec fracas. La vraie raison, banale et impardonnable, on la connaîtra bien plus tard.

    Le réalisateur (également (très bon) acteur) nous propose l’autopsie d’une rupture. Il le fait de façon à la fois abrupte et bouleversante avec une économie de mots impressionnante mais des images d’une beauté renversante. Il est bien aidé en cela par les paysages turcs absolument prodigieux et des plans fixes à tomber. Après le soleil de l’été, il nous glace d’émotion en explorant les réactions de ces cœurs en hiver.

    Certains se comprennent sans parler alors que d’autres se parlent et n’entendent rien. Une sonate de Scarlatti est interrompue, la promesse de la réconciliation s’estompe, un visage se fige dans l’étonnement et l’incompréhension. Comment Isa s’y prend-il pour passer à côté de tout, ne rien comprendre, s’enferrer dans son égoïsme surdimensionné ?

    La démonstration est faite une nouvelle fois : les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus… comment voulez-vous que le monde tourne rond !

     

  • L’Illusionniste de Neil Burger ***

    Eiseinheim est un illusionniste réputé et adulé dans la Vienne du début du XXème siècle. Le Prince héritier Léopold prend ombrage de cette fascination qu'il ne comprend pas. Il devient vraiment méchant lorsqu’il s’aperçoit que la douce Sophie (qu’il n’aime pas mais qui peut servir ses rêves de pouvoir) a jadis eu de tendres sentiments (partagés) pour le magicien. Il charge un inspecteur, sorte de Colombo des années 1900, de révéler ce qu'il considère comme des impostures. D’abord opportuniste, puis fasciné par le charismatique Eiseinheim, le flic prendra finalement conscience des desseins obscurs de son protecteur. Les deux rivaux vont entrer en guerre pour la belle Sophie.

    Décidément illusion et cinéma sont deux mots qui vont très bien ensemble, et ici voir Edward Norton et Paul Giamatti excellentissimes l’un et l’autre, s’affronter est un pur régal. En outre, la mise en scène est raffinée et élégante. Le suspens est rondement mené. L’intrigue est rythmée et ponctuée de numéros de magie très élégants bien qu'invraisemblables. Par ailleurs, Edward Norton (waouh, il est beau) en magicien romantique est parfait en amoureux transi mais efficace. C'est un plus non négligeable.

    Ce film est une belle surprise qui fait naître un grand sourire de satisfaction et l’envie de dire : je me suis encore une fois laissée surprendre par un dénouement que je n’attendais pas. Merci, donc.

  • Jacquou le Croquant de Laurent Boutonnat°

     

    Jacquou est orphelin. Son père meurt au bagne lors d’une tentative d’évasion. Sa mère en meurt foudroyée par une sorte de pneunomie/chagrin mais n’oublie pas de demander à Jacquou de venger son père, bou diou ! Jacquou se laisse mourir aussi mais il est sauvé et recueilli par un curé qui l’aide à grandir et à se couper les cheveux (halleluya ! si en plus, le beau visage de Jacquou était caché !!!).

    Quelle est donc cette chose ???Je n’ai vu moi qu’une succession de tableaux (la forêt, les champs, le château, les lavandières…) qui s’enchaînent de façon souvent maladroite et sans toujours un véritable lien entre eux.

    Où sont la lutte contre l’injustice de Jacquou, son désespoir, son combat au côté des pauvres et des opprimés, sa soif de vengeance contre le méchant Comte de Nansac, son histoire d’amour ? Ici rien n’est épique… tout est plat voire ennuyeux. Les scènes s’étirent jusqu’à ce qu’on n’en puisse plus rien tirer (ah ! la danse en sabots censée sans doute représenter un grand défi !!! un summum de ridicule !). Quant aux tonnes de flotte qui tombent, quel intérêt… rendre plus sexy les filles aux corsages mouillés sans doute ? En tout cas, méfiez-vous de la mousson périgourdine !

    Seule la tentative d’évasion de Jacquou, jeté dans un puits, donne une petite dimension romanesque à l’ensemble, mais c’est bien peu pour un film si long !!!

    Quant aux acteurs : ils sont soit ridicules (palme à Gourmet, Karyo, Croze), soit très mauvais (les deux actrices amoureuses de Jacquou, une rousse, une brune sont d’une fadeur !!!).

    Trois acteurs semblent y croire néanmoins : Albert Dupontel (père de Jacquou) intense et enragé mais on l’élimine dans le premier quart d’heure ; Jocelyn Quivrin (le méchant et sadique Comte de Nansac) mais on ne lui donne que l’occasion de faire son regard qui tue… et surtout, évidemment Gaspard Ulliel qui a tout du héros romantique capable de faire se soulever les foules. Hélas, malgré leur évidente bonne volonté, tout ceci tourne en rond sans fougue et sans passion.

    Au générique, Mylène Farmer est convoquée pour conclure et là… j’ai vraiment eu envie de crier : « au secours !!! ». Je l’ai peut-être fait d’ailleurs.

    En résumé : POUR l’irrésistible fossette de Gaspard, oui, le reste : NON.

  • Le serpent d’Eric Barbier **

     

    Vincent et Hélène vont divorcer et s’envoient des vacheries et autres noms d’oiseaux par l’intermédiaire de leurs avocats respectifs. Vincent doit se battre, prouver qu’il est un bon père, pour qu’Hélène ne retourne pas s’installer en Allemagne, son pays d’origine, avec leurs deux enfants. C’est ce moment précis dont profite Joseph pour réapparaître dans la vie de Vincent alors qu’ils ne s’étaient pas vus depuis le collège. Joseph orchestre une manipulation infernale et virtuose dans laquelle Vincent sera accusé de viol, de meurtre et se retrouvera bien seul pour tenter de convaincre de son innocence.

    Thriller à l’américaine, ce « Serpent » est la version encore plus tordue d’« Harry, un ami qui vous veut du bien» et même s'il n’est pas absolument inédit (la cinéphile en a tant vu de scénarios tortueux !) la tension, l’intérêt et les revirements sont suffisamment maîtrisés pour mettre honorablement les nerfs à vif jusqu’au dénouement. Par ailleurs, en victime d’abord hébétée, Yvan Attal est parfait dans le rôle de l’homme ordinaire mis dans une situation extraordinaire. Quant à Clovis Cornillac, l’acteur à transformations du cinéma français, il se délecte de son rôle de psychopathe. Notons également Pierre Richard dans le premier rôle inattendu de sa belle carrière.

    De toute façon, découvrir (au cinéma) ce qui se passe dans un cerveau malade est toujours délectable.

    Cela dit, si au collège vous avez fait des blagues vaseuses à un petit copain souffre-douleurs, méfiez-vous !

  • Stranger than fiction de Marc Forster **

    Le titre français est tellement débile (« L’incroyable destin d’Harold Crick ») que je garde l’original…

    Harolc Crick, contrôleur fiscal terne (Will Ferell est donc idéal…) a une vie très solitaire réglée à la seconde et uniquement rythmée par son travail de fonctionnaire zélé. Tout va bien dans le plus banal et incolore des mondes jusqu’à ce qu’il commence à entendre une voix qui commente la moindre de ses actions. Le jour où cette voix lui annonce sa mort imminente il découvre que c'est celle d’une romancière à succès qui écrit le roman de sa vie. Avec l’aide d’un professeur de littérature il va chercher à découvrir de quel écrivain il s’agit et surtout à entrer en contact avec elle.

    Dommage qu’avec un scénario vraiment roublard et original on reste autant sur sa faim et sa fin au cours d’un film paresseux qui pourtant avait de belles occasions de s’envoler vers une fable farfelue flirtant avec le paranormal. Est-ce que cela tient aux acteurs ? Will Ferell est vraiment très très insipide, Emma Thompson, sadique et masculine, très grimaçante et Dustin Hoffman totalement absent. Seule Maggie Gyllenhaal éclaire l’histoire de sa fantaisie.

    Cela dit, on peut voir avec stupéfaction et bonheur à quel point ce sont de petits détails insignifiants qui peuvent nous sauver la vie (ou nous la faire perdre).

     

  • Truands de Frédéric Schoendoerffer

     

     

    Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !

    N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

    Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers

    Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?

    Dans la série « je me ferais bien un petit trip d’ultra violence », oubliez « Bad times » (c’est Blanche-Neige), oubliez « Apocalypto » (c’est « Alice au pays des Merveilles »), c’est ici que ça se passe, et je pense que cette fois tous les critiques vont pouvoir déployer leur talent et leur mauvaise humeur.

    Plusieurs bandes de truands, tous très cons (français, arabes, gitans) dont la place vacante laissée par le cerveau est désormais occupée par une bite et un calibre font régner l’ordre sur Paris : trafic de drogues, de cartes grises, rackets et meurtres en tout genre. J'oubliais l'une des dernières répliques : "la livraison d'uranium va bientôt arriver...". 

    De scènes de torture en crises de nerfs, Claude Corti semble régner un peu plus sur tout ça. Il faut dire qu’il vaut mieux ne pas l’énerver car il règle ses problèmes à la perceuse, à la petite cuillère, au flingue ou à la batte de base-ball (petit détail pour ce dernier instrument, il ne frappe pas avec, il l’introduit…). S’il n’est pas armé de ces divers instruments, il n’est jamais à bout d’argument, il encule une fille avec son petit gadget, ça soulage !

    Les hommes sont effrayants, minables et pitoyables, les femmes sont de la barbaque !

    L’histoire, vous me demandez l’histoire ???

    Mais quelle histoire ???

    Face à la sobriété de Benoît Magimel (plus que bienvenue dans ce truc de tordus), Philippe Caubère hurlant, vociférant, grimaçant anéantit devant nos yeux de fan consterné, tout ce qu’il avait porté au génie sur scène.

    Ah oui, j'oubliais, un dernier conseil :

    "Pour pas être dans la ligne de mire ; faut tenir le flingue !"

    On oublie ?