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Sur la Route du Cinéma - Page 544

  • Lettres d’Iwo Jima de Clint Eastwood****

    En réponse miroir au récent « Flag of our fathers » voici la version nippone (en V.O.) de la même sanglante bataille d’Iwo Jima qui laissa sur le carreau 7 000 soldats américains et plus de 20 000 (soit plus de 95 % de l’effectif…) japonais. Les lettres des soldats japonais, jamais envoyées, ont été retrouvées en 2005 permettant d’éclairer ce que furent ces 40 jours de combats héroïques sous le commandement d’un général déterminé mais humain dont le but était de maintenir en vie le maximum de ses hommes alors que l’Etat-Major leur avait intimé l’ordre de ne pas se rendre à l’ennemi.

    Lettre From Le Bois de L’Est :

    Très Cher Clint,

    On te demandait récemment : « qu’est-ce que ça vous fait d’être vu comme l’un des plus grands réalisateurs actuel ? » Tu répondais, poli et amusé que tu n’y pensais pas trop. Et bien oui, que répondre à une telle question ? Peut-on réellement avoir conscience être en train peu à peu et de plus en plus précisément d’entrer dans la légende car que ce soit comme acteur, réalisateur, compositeur, scénariste ou producteur, tu es bel et bien en train de bâtir une œuvre d’une solidité incontournable ? Ce qui la rend encore plus remarquable est que tu te places au-dessus des modes et que tu ne ressembles à personne. Tu as tout exploré, du documentaire où l’on te trouve énamouré auprès de tes idoles du jazz jusqu’Au Film d’amour, le plus anti-hollywoodien qui soit, en passant par les westerns spaghettis, les policiers bas de plafond, les mélos flamboyants, les drames intimistes.

    Ici tu nous parles d’un épisode particulièrement sanglant pour évoquer tous les conflits qui dépassent les hommes de bonne volonté. Tu dis : « J’ai voulu montrer la futilité de la guerre. Il n’y a ni vainqueur ni vaincu. Mais toujours la même chose : le sacrifice de la jeunesse ». La première partie, d’une lenteur extrême nous fait vivre l’attente de ces hommes (souvent jeunes et « appelés ») qui creusent des tunnels et des tranchées pour résister à l’ennemi, dès qu’il aura débarqué : « Hanako, suis-je en train de creuser ma propre tombe ? » écrit l’un d’eux à sa jeune épouse. Mais quand débarquera t’il ? Les hommes attendent, effrayés (ils savent qu’ils n’auront aucun renfort et certains sont même là par mesure disciplinaire..) et perplexes : « Ne peut-on la laisser aux yankees cette colline ? ». Ils sont par ailleurs confrontés au manque d’eau potable, à l’absence de nourriture et de sommeil.

    Et puis, finalement elle arrive l’armada. Proportionnellement, étant donné la taille de l’île, cela semble aussi gigantesque que le débarquement en Normandie. Et les combats commencent, immédiatement meurtriers, forcément, désespérés. Quelques jours suffisent pour que le drapeau américain soit planté au sommet du mont mais les combats se poursuivent pendant 40 jours. Les japonais résistent héroïquement. La pire honte étant de se rendre, cela donne lieu à une scène de suicide collectif hallucinante qui répond à un passage du « premier épisode » resté sans explication, où des soldats américains entraient dans une grotte et en ressortaient malades d’horreur en pleurant : « que s’est-il passé ici ? ». Dans un dernier geste de désespoir et d’honneur, les soldats dégoupillent une grenade, la frappe contre leur casque et la porte sur leur cœur. Tu filmes cela sans emphase ni à grand renfort de musique (juste les quelques notes du doux piano que tu as confié à ton fils Kyle), c’est effroyable !

    Peu à peu, la couleur semble disparaître de l’écran. Ce clair-obscur que tu aimes tant, si lumineux dans certains films semble être ici ta vision de la vie qui s’échappe peu à peu des visages puis des corps. C’est magnifique.

    Un soldat américain est fait prisonnier. Un officier japonais intime l’ordre de le soigner à la grande surprise des soldats qui voulaient l’abattre. L’américain d’abord terrifié, méfiant répond aux questions de l’officier qui connait les Etats-Unis. Ce dialogue, ce partage, cette connivence se concluent par une poignée de mains franche et bouleversante. Tu filmes ces instants là comme personne. Cela fait écho en moi à LA scène, sublime, irréelle où tu tournes le dos à une fermière de l’Iowa qui est au téléphone et qui, dans un geste superbe, anodin et spontané replace le col de ta chemise ! Qu’est-ce que j’aurais aimé être cette femme pour ce tout petit moment magique !

    Quant aux acteurs, ici, ils sont tous parfaitement au diapason de ton discours sur la tragédie des guerres. En tête évidemment le magnifique et impressionnant Ken Watanabe.

    Ton film, austère et poignant, est magistral. Je te citerai une fois encore : "Dans la plupart des films de guerre que j’ai vus au cours de ma jeunesse, il y avait les bons d’un côté, les méchants de l’autre. La vie n’est pas aussi simple, et la guerre non plus. Les deux films ne parlent ni de victoire, ni de défaite. Ils montrent les répercussions de la guerre sur des êtres humains dont beaucoup moururent bien trop jeunes ». C’est aussi simple que cela un discours pacifiste et humaniste ! C’est toujours bon de le rappeler à l’heure où résonnent tant de bruits de combats et où s’enlisent encore des soldats dans des bourbiers ! Comme toujours c’est avec une finesse exemplaire que tu poses ton regard désolé sur la bêtise et la folie des hommes. Tu ne cesseras jamais de dire avec force et sobriété que la guerre c’est con. Sois-en remercié. Puisses-tu être écouté !

    Le plus cruel quand je viens de voir un de tes films (et ici, deux en quatre mois quand même, je sais…) est de me dire qu’il va falloir attendre pour découvrir le suivant. Ne tarde pas. Pour celui-ci, message reçu : Peace

    And Love.

     

  • La nuit au musée de Shawn Levy **

    Pour pouvoir assurer la garde en alternance de son filston, Larry doit trouver un travail. Il devient gardien de nuit du Musée d’Histoire Naturelle de New York qui est en perte de vitesse niveau fréquentation. A la grande surprise de Larry, chaque nuit, tous les personnages en carton pâte ou en cire s’animent. C’est la folie car il doit composer avec Théodore Roosevelt, Attila et les Huns, un général romain, des cow-boys en manque d’action, la momie d’un pharaon, un tyranausore qui ne pense qu'à jouer... etc, et remettre de l'ordre dans ce chahut avant le lever du jour.

    Autant le dire, j’y allais pour m’amuser et je n’ai pas été déçue. Ben Stiller aux commandes est tordant, Robin Williams est en grande forme, Steeve Coogan et Owen Wilson forment un duo hilarant. L’ensemble n’a je pense nulle autre prétention que de distraire et c’est réussi. C’est fantaisiste et dynamisant, du niveau cour de récré et alors ? On nous promet bien une petite leçon d’histoire à un moment qui n’arrive jamais, mais peu importe. C’est marrant aussi de retrouver trois papys manifestement ravis d’être là : Mickey Rooney vieux ronchons de 87ans, Dick Van Dyke (82 ans), vous n’avez pas oublié le Bert élastique de « Mary Poppins » qui dansait sur les toits en ramoneur ?? et Bill Cobbs.

    Emmenez vos moutards à partir de 6 ans et vous vivrez une cure de jouvence en participant à leurs éclats de rire, bien plus salutaire que toute récente production bessonnienne… et qui sait cela leur donnera peut-être envie de visiter un musée qui fera travailler leur imagination !

  • Les CESAR, Les OSCAR

    Samedi c’est la grande fête du Cinéma français…

    Voici les nommés aux CESAR des catégories principales (pour moi).

    La photo correspond à mon choix.

    MEILLEUR FILM :

    INDIGÈNES, de Rachid Bouchareb,

    JE VAIS BIEN, NE T’EN FAIS PAS, de Philipe Lioret,

    LADY CHATTERLEY, de Pascale Ferran,

    NE LE DIS À PERSONNE, de Guillaume Canet,

    QUAND J’ÉTAIS CHANTEUR, de Xavier Giannoli.

    MEILLEURE ACTRICE :

    CÉCILE DE France (Quand j’étais chanteur),

    CATHERINE FROT (La Tourneuse de Pages),

    CHARLOTTE GAINSBOURG (Prête-moi ta main)n

    MARINA HANDS (Lady Chatterley).

    MEILLEUR ACTEUR :

    MICHEL BLANC (Je vous trouve très beau),

    ALAIN CHABAT (Prête-moi ta main),

    GÉRARD DEPARDIEU (Quand j’étais chanteur),

    JEAN DUJARDIN (OSS 117 : Le Caire, Nid d’espions).

    MEILLEUR FILM ETRANGER :

    BABEL, d’Alejandro Gonzalez Inarritu,

    LITTLE MISS SUNSHINE, de Valérie Faris et Jonathan Dayton

    LE SECRET DE BROKEBACK MOUNTAIN, de Ang Lee,

    THE QUEEN, de Stephen Frears,

    VOLVER, de Pedro Almodovar.

     

    Dimanche, c’est la grande fête du cinéma américain...

     

    Voici les nommés aux OSCAR des catégories principales (pour moi).

    La photo correspond à mon choix.

    MEILLEUR FILM DE L’ANNÉE

    BABEL, d’Alejandro Gonzalez Inarritu,

    LES INFILTRES, de Martin Scorcese,

    LETTRES D’IWO JIMA, de Clint Eastwood,

    LITTLE MISS SUNSHINE, de Valérie Faris et Jonathan Dayton

    THE QUEEN, de Stephen Frears.

    (Pour des raisons que certains comprendront, je ne pourrai me prononcer qu'après avoir vu "Lettres d'Iwo Jima"...)

     

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN PREMIER RÔLE :

    Leonardo DiCaprio (BLOOD DIAMOND)

    Ryan Gosling(HALF NELSON)

    Peter O’Toole (VENUS)

    Will Smith (LA POURSUITE DU BONHEUR)

    Forest Whitaker (LE DERNIER ROI D’ECOSSE)

    Je ne parviens pas à les départager :

    MEILLEURE ACTRICE DANS UN PREMIER RÔLE :

    Penelope Cruz (VOLVER)

    Judi Dench (CHRONIQUE D’UN SCANDALE)

    Helen Mirren (THE QUEEN)

    Meryl Streep (LE DIABLE S’HABILLE EN PRADA)

    Kate Winslet (LITTLE CHILDREN)

    (par élimination).

    MEILLEUR FILM ÉTRANGER :

    AFTER THE WEDDING (Danemark)

    INDIGENES (France)

    LA VIE DES AUTRES (Allemagne)

    LE LABYRINTHE DE PAN (Mexique)

    WATER (Canada)

  • The Good German de Steven Soderbergh ***

     

    Jake Geismar, journaliste américain, revient à Berlin en 1945 pour couvrir la Conférence de Postdam en présence de Churchill, Staline et Truman, qui doit décider du sort de l’Allemagne et de l’avenir de l’Europe. Il retrouve Lena qu’il a jadis aimée et qui doit coûte que coûte sortir de Berlin. Il met tout en œuvre pour l’y aider mais la belle est pleine de mystères et cache de lourds secrets.

    Impossible d’en dire plus sous peine de haute trahison. Alors pour ne pas trop parler du fond (passionnant néanmoins), parlons de la forme qui moi m’a séduite et bien au-delà ! Une merveille visuelle en noir et blanc tourné selon les techniques cinématographiques des années 40 jusque dans la direction d’acteurs. Les puristes mauvais coucheurs diront « pillage » et moi je vois « hommage » respectueux, amoureux à deux films devant lesquels on se prosterne « Casablanca » et « le Troisième homme ». Des amants désunis aux espions en pagaïe, tout y est. Et quand la fameuse scène de l’aéroport sous la pluie survient on ne peut s’empêcher d’avoir la fibre cinéphile qui palpite. Que c’est bon ! Georges Clooney, amoureux comme jamais, se fait balader avec masochisme par Kate Blanchett, fatale à souhait. Tobey Maguire est un salaud d’envergure. Tout le monde se régale, nous aussi.

    Vas-y « Play it again… » Steven !

     

  • Hannibal Lecter de Peter Webber **

    La seconde guerre mondiale : le jeune Hannibal assiste à la mort de ses parents lors d’un bombardement et au massacre de sa petite sœur chérie (dévorée par des pseudos nazis affamés..). Des années de traumatisme plus tard, il rejoint ce qui lui reste de famille en France : une belle tante japonaise !!! Il se fascine pour de brillantes études de médecine et organise sa cannibale vengeance.

    Ce pourrait être insupportable si chaque scène un peu gore (je dis bien un peu) n’était annoncée par un grand coup de cymbales donc, pas de problème on peut se cacher les yeux. Prétendre qu’on entre dans cette salle sans savoir ce qui nous attend est de la mauvaise foi, voilà pourquoi ça ne m’a déplu : je n’ai pas eu de surprise et donc pas de déception. Il faut aussi que j’avoue un gros gros faible pour Gaspard Ulliel (pas en temps que « fiancé » puisque mes attirances ont plus de 70 ans… (suivez mon regard) mais en tant qu’acteur, si si !). Et il fallait un sacré acteur pour rivaliser avec Anthony Hopkins, ne jamais sombrer dans la caricature et le grotesque et incarner ce qu’on présente comme « le mal absolu » non ? Et bien, le jeune Gaspard réussit le pari haut la main parce que son visage peut tour à tour être celui d’un ange ou d’un démon et qu’il n’est jamais ridicule en psychopathe impassible que rien (pas même l’amour) ne détournera de sa mission.

    Face à lui, l’impénétrable Gong Li, monolithique, presque fantomatique traverse le film imperturbable, à la limite de l’indifférence… et Gucci (je crois) peut la remercier de nous présenter la dernière collection printemps/été. Il est grand grand temps que Zang Yimou la reprenne en mains !!!

    Les fans du « Silence des Agneaux » crieront sans doute au scandale, pas moi. Hannibal me semble n’être qu’un prétexte… Ici il s’agit d’une vengeance implacable comme on en voit parfois : ni géniale, ni indigne. Et puis… Gaspard Ulliel quand même !

    Bon appétit.

  • Le dernier roi d’Ecosse de Kevin Mc Donald ***

    L’Afrique à nouveau. Nicholas jeune médecin écossais tout juste diplômé souhaite quitter son étouffante famille et vivre quelques aventures. Le hasard le porte en Ouganda où il est bien décidé à aider la population. Tout l’émerveille, les femmes, le pays, son travail… Un nouveau hasard le porte auprès d’Idi Amin Dada qui vient juste d'accéder au pouvoir par son coup d’état. Le général/président, impressionné par la franchise et la compétence du jeune homme lui propose d’être son médecin personnel. Le jeune homme, séduit par ce Chef d’Etat charismatique, accepte. Rapidement, il devient un proche du président et par naïveté, idéalisme et admiration, il ne s’aperçoit pas immédiatement qu’il devient le complice d’un dictateur meurtrier et finalement absolument fou.

    Il fallait sans doute toute la puissance et le génie de Forrest Withaker (absolument époustouflant) pour rendre ce personnage abject et répugnant aussi attachant, et parfois même fragile. On se surprend à trouver humain et attirant l’un des pires criminels qu’a connu l’Afrique. C’est un exploit, même si cela ne retire rien au dégoût que cet homme provoque. Il voulait être aimé et il l’était. Il déchaîne une véritable vénération autour de lui. Son entourage lui est dévoué comme jamais. Forrest Withaker, massif, colossal mais jamais lourd parvient dans le même plan à exprimer la fragilité puis la monstruosité. C’est incroyable. Il faut voir la façon dont il scrute, fouille, d’abord intrigué, le visage de Nicholas la première fois qu’ils se rencontrent ! Tout dans son attitude et son regard sont inquiétants.

    La force de Nicholas semble être de n’avoir jamais peur de rien, d’être d’une innocence et d’une franchise hors du commun, mais c’est surtout sa naïveté et son inconscience qui l’aveugleront un temps. Contre toute attente, le jeune acteur James McAvoy fait mieux que tenir la route face au géant devant lui. 

     

  • LA MÔME d’Olivier Dahan °°

     La Môme : photo Marion Cotillard, Olivier Dahan

     

    La vie d’Edith Piaf c’est :

    Première partie : Les Misérables,

    Deuxième partie : L’Assommoir,

    Troisième partie : Trainspotting… 

    La misère, l’alcoolisme puis la toxicomanie voilà les thèmes… Pour comprendre que ce qui ravage cette femme n’est pas la boisson mais l’arthrose, il faut attendre longtemps et hélas nous sommes à un quart d’heure de la fin du film. J’ai vu une femme ivrogne, bigote, colérique, capricieuse qui hurle, tremble et titube un verre de champagne à la main de 15 à 47 ans en vociférant avec une horrible et ridicule voix de canard. Je n’ai pas vu le biopic d’une chanteuse de génie mais l’histoire d’une femme qui ne cesse de tomber et finit par ne plus pouvoir se relever.

    Et moi, si prompte à verser ma larme au cinéma, je n’avais pas oublié mes kleenex mais mes yeux sont restés secs. Olivier Dahan doit beaucoup haïr Edith Piaf et Marion Cotillard pour leur avoir fait « ça ». Sous le masque de latex, et celui de la fin fait vraiment très très peur, l’actrice m’a vraiment fait de la peine.

    Néanmoins, la parenthèse « Marcel » (qui ne dure, hélas, qu’un petit quart d’heure) nous montre ENFIN la grande amoureuse que fut Edith avec un bel acteur sobre et sensible Jean-Pierre Martins, dans le rôle du mythique boxeur. A noter aussi, l'apparition quasi irréelle, miraculeuse et renversante de Caroline Sihol en Marlène : LA CLASSE !

    Et puis, les chansons d’Edith ponctuent le film évidemment (play-backs impeccables de Marion), on les connaît et elles illustrent admirablement cette vie de misère, de douleur et de chagrin.

    Et puis finalement, en un dernier sacrifice suicidaire, s’élève vers le ciel la merveille des merveilles de Charles Dumont « Non, je ne regrette rien »… et là, véritablement un ange passe, mais nous sommes au générique.

     

     

  • Annonay : Chapitre IV, épilogue

     En résumé ce 24ème Festival International du Premier Film d’Annonay c’est 

    EUX

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    mais aussi :

    « 34 longs métrages, 6 courts métrages, 44 films numériques, 18 843 kms de bobines, 100 séances publiques, 11 nationalités représentées, 56 451 kms parcourus sur les routes américaines, françaises, italiennes, japonaises, roumaines, suisses, argentines et irlandaises, 36 tubes de guronsan, 228 litres de café, 581 litres de bière du Pilat, 5 litres de sueurs froides à attendre l’arrivée acrobatique de certaines bobines de films… ».

    C’est encore beaucoup d’animaux sacrifiés, torturés, massacrés, tués avec la certitude pourtant qu’aucun animal n’a été blessé.

    C'est enfin une expression énigmatique pour ceux qui ne font pas partie des 15 000 visiteurs d’Annonay durant le Festival :

    " masturber le Douglas, Fairbanks...".

  • ANNONAY : Chapitre III, Les films de la compétition

    Mouth to mouth d’Alison Murray * * * (Angleterre)

     

    Sherry, gamine paumée en manque de repères et d’affection intègre le groupe SPARK dont le charismatique leader “recueille” à travers l’Europe des « chiens perdus sans collier » comme elle. Fouillant les poubelles ou mendiant pour se nourrir, ce groupe rejoint le Portugal où ils vont vivre et travailler dans une propriété vinicole. Rapidement Sherry va prendre conscience des dérives sectaires (viol à peine dissimulé, rasage du crâne en signe d’appartenance, confiscation des biens personnels, punitions sadiques etc…) de cette communauté et tenter de s’en échapper.

    C’est de loin l’un des films les plus maîtrisés de cette compétition, qui a d’ailleurs obtenu le Grand Prix du Jury, le prix de la Meilleure Musique et le prix des Lycéens. Il est porté par une jeune actrice sidérante Ellen Page mais aussi par un récit âpre, douloureux et dérangeant qui n’élude pas les épisodes vraiment perturbants comme la mort d’un enfant qui donne lieu à une scène chorégraphiée bouleversante avec un autre acteur « habité » Maxwell McCabe Lokos.

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    Kissed by winter de Sara Johnsen * * * (Norvège)

    Victoria, solitaire et énigmatique, se consacre entièrement à son métier de médecin de campagne. Elle vit seule et se trouve associée à une enquête concernant le mystère de la mort d’un jeune homme dont le corps a été découvert enseveli par la neige. Cette mort la ramène à ses propres démons qui la hantent et notamment la mort de son enfant.

    Si l’on écarte l’histoire d’amour improbable et à côté de la plaque qui arrive incongrue comme un cheveu sur la soupe, les thèmes forts abordés ici m’ont particulièrement émue, voire bouleversée : la maternité, la culpabilité et le deuil. L’actrice solide et sobre ne joue pas avec notre émotion en essayant de se rendre sympathique à tout prix. Quant aux paysages enneigés de Norvège ils sont un atout supplémentaire à l’atmosphère parfois envoûtante voire inquiétante du film.

    Aleluyah une fois encore (mais par Jeff Buckley cette fois) !!!

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    L’audition de Luc Picard * * (Québec) 

    Le rêve de Louis est d’être acteur. Il vit avec une délicieuse poupée Suzie. Ils sont fous l’un de l’autre mais le boulot de Louis (agent de recouvrement aux méthodes musclées) font que Suzie n’ose lui avouer qu’elle est enceinte. Peut-on élever un enfant dans ce climat de violence ? Par ailleurs, Louis, pistonné par une cousine, doit passer une audition. Il répète inlassablement une scène (très belle, où il est question de paternité, de filiation) avec un acteur célèbre.

    Entre drame et comédie, ce film hésite mais les rapports « tarentinesques » de Louis et de son complice (sorte de demeuré impassible), le savoureux accent québécois, la belle prestation des comédiens, le mélange d’humour et d’émotion m’ont emportée… malgré les quelques minutes de fin vraiment grotesques…

    Notons également qu’effectivement quand on a des problèmes de couple, Léonard Cohen et son Alleluyah ne débarquent jamais opportunément pour les résoudre !!!

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    Look both ways de Sarah Watt * * (Australie)

     

     Un jour d’été caniculaire, un tragique accident de train perturbe une petite ville. Quelques personnages vont se croiser et tenter de résoudre leurs problèmes existentiels. Meryl (qui voit la mort partout) est témoin d’un accident, Nick photographie le lieu de l’accident et apprend le même jour qu’il est atteint d’un cancer, Andy est journaliste, il doit affronter son ex femme, assurer la garde (occasionnelle) de ses enfants et faire face à une nouvelle paternité, Julia essaie de surmonter la douleur de la mort de son mari…

    Tous ses personnages sont confrontés de près ou de loin à la mort, à la solitude, au deuil, à la paternité… et la réalisatrice intègre judicieusement des scènes d’animation (dont la violence aurait été insupportable en images réelles) dans son récit. C’est parfois dramatique, parfois drôle. On se laisse emporter par l’histoire et par ce film d’autant plus qu’ils nous viennent d’un continent qu’on connaît si peu !

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    Judios en el espacio * * de Gabriel Lichtman (Argentine)

    Santiago retrouve sa cousine Luciana qu’il aime depuis l’enfance et qu’il n’a pas revu depuis 15 ans. Les membres de la famille éclatée et pleins d’animosité les uns envers les autres essaient sans succès de se réunir autour du grand-père, personnage dépressif, suicidaire et acariâtre. Les deux cousins vont tenter d’organiser un repas de fête le jour de la Pâque Juive comme au temps de leur enfance dans l’espoir d’une grande réconciliation.

    Chronique familiale douce amère, ce film tendre, drôle et charmant m’a touchée parce qu’il est sincère, sans prétention et attendrissant.

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    Il vento fa il suo giro de Giorgio Diritti * (Italie)

    Philippe, berger français s’installe avec sa femme et ses deux enfants dans un petit village des Alpes italiennes. D’abord accueilli chaleureusement, Philippe est rapidement confronté aux problèmes de communautarisme, des traditions ancestrales, de l’intégration et de la solidarité.

    Ça commence plutôt bien, entre docu-fiction et « Padre Padrone » on se laisse embarquer par cette chronique rurale qui semble plus vraie que nature. Très rapidement, il nous faut faire face à plusieurs problèmes de taille : une historiette d’amour absolument « abracadabrantesque », le jeu approximatif de certains acteurs et une erreur de casting monumentale en la personne de la femme du berger (dont j’ai appris par la suite qu’elle avait été choisie pour ne pas faire d’ombre au héros… aucun risque). Au final, il ne me reste que cette amère constatation : la bêtise, la méchanceté et l’intolérance ont encore de belles heures devant elles.

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    La part animale de Sébastien Jaudeau * (France)

    Etienne travaille dans une exploitation agricole où il est chargé de masturber les dindons pour en assurer la reproduction.

    Ce travail insolite perturbe sa femme en particulier et tout le monde en général. Confronté à cette tâche très particulière chacun va révéler la part d’animalité qui est en lui et qui se résume en sexe et violence ! Trop de vide entre les pleins, je n’ai pas aimé et rien compris à ce film qui parfois nous gratifie d’une belle séance diapos avec des plans superbes de la nature en automne… Ce n’est pas non plus le jeu outré de Anne Alvaro et le visage poupin de Sava Lolov qui emporteront mon adhésion. Néanmoins, ce film a obtenu le Prix Spécial du Jury.

    MAIS, comme je ne peux me résoudre à détester, je dirai que Niels Arestrup (ogre qui vampirise l’écran) est IMMENSE (ce qui n’est pas une surprise) !

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    Ping Pong de Matthias Luthardt * (Allemagne)

     

    A noter que ce premier film (film de clôture du Festival, hors compétition) est sorti en salle.

    Paul récemment orphelin de père, débarque chez son oncle, sa tante et leur fils Robert. Il n’est pas le bienvenu, d’où l’importance de ne jamais lâcher cette phrase à tort et à travers : « tu viens quand tu veux ». Paul est attiré par sa tante Anna qui devient son initiatrice. C’est une belle jeune femme autoritaire, hystérique et… amoureuse de son chien. Paul est amoureux mais Anna l’utilise. Robert, le fils, jeune homme alcoolique prépare une audition pour le conservatoire (des séances de répétition d’une sonate de Berg virtuose rythme le film), l’oncle part en voyage d’affaires… l’ambiance s’alourdit, le vernis éclate, le drame peut se jouer.

    Quatre personnages antipathiques, une issue prévisible, des scènes répétitives m’ont verrouillé l’accès à ce film à côté duquel je suis complètement passée.

  • ANNONAY : Chapitre II, LE FILM !

    « LA VRAIE VIE EST AILLEURS » * * * *

    de Frédéric Choffat, scénariste Julie Gilbert

    Frédéric Choffat, le réalisateur.

    Gare de Genève. Une femme va à Marseille donner une conférence capitale pour sa carrière. Un homme part rejoindre sa femme qui vient d’accoucher à Berlin. Une jeune fille décide d’aller vivre à Naples. Trois journées à la fois banales et extra-ordinaires pour trois personnages qui vont chacun faire une rencontre exceptionnelle les amenant à se poser cette question : « la vraie vie est-elle ailleurs ? ».

    Le film s’ouvre sur un plan séquence énergique où les trois personnages principaux, qui ne se rencontreront jamais, prennent un couloir différent qui doit les mener à leur destination. Chacun va faire une rencontre. Dès lors l’espace se réduit et chaque histoire devient un huis clos à deux personnages : une chambre d’hôtel, un quai de gare vide, un compartiment de train.

    La première audace de Frédéric Choffat est de ne pas avoir transformé son film en trois sketches traités séparément et de façon linéaire. On passe régulièrement d’une histoire à l’autre de façon fluide et subtile ce qui crée une tension et un suspens captivant. Chaque « couple » se cherche, se forme dans la méfiance, l’attirance ou l’agacement. Les six personnages ont un point commun : la surprise et l’éblouissement de ce qu’ils vont vivre et qui n’aboutira pas forcément au sexe.

    Il s’agit d’une parenthèse enchantée dans leur parcours, d’un éternel amour de quelques heures où les corps et la parole se cherchent et s’explorent sans cesse pour aboutir à une sorte de fusion hors du temps. Ce qui est surprenant et émouvant c’est que le geste le plus bouleversant est un geste finalement inabouti : l’homme dans le compartiment du train est réveillé par la jeune fille avec qui il a discuté une bonne partie de la nuit. Tout embrumé par cette nuit sans sommeil, il s’éveille en sursautant et dirige instinctivement ses mains vers le visage de la jeune fille penché sur lui. Tous les deux souriront, conscients que cette nuit de communion va bien au-delà du contact physique.

    Que dire encore du travail d’improvisation des comédiens magnifiques, du cœur qui palpite en les regardant vivre leur aventure si douce et si banale, de la musique un peu jazzy qui berce l’ensemble ? C’est tout simplement magique.

    Un beau film sur les hasards, les coïncidences, les rencontres… tout est inattendu.