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Sur la Route du Cinéma - Page 546

  • Je pense à vous de Pascal Bonitzer°°

     

    Hermann vit avec Diane. Il est éditeur et va publier le livre de Worms qui a jadis été l’amant de Diane. Diane fait la gueule (normal c’est Géraldine Pailhas… désolée de dire ça, mais quand sortira t’elle enfin de ses rôles de femme trompée ou infidèle, de biche effarouchée aux grands yeux étonnés ???). Puis ressurgit Anne, une ex d’Hermann qui n’a pas réglé la rupture et vit avec Antoine qui va coucher avec Diane et là c’est Hermann qui va faire la gueule.

    Même dans « Au théâtre ce soir » je n’avais jamais vu autant d’amants dans le placard ? Mais au moins c’était drôle. Ici, ce n’est ni drôle ni dramatique, c’est consternant, branchouille, snob ! Ce film parle de mensonge, de trahison, de doutes, de jalousie. Les personnages sont vains, creux. Ils s’ennuient et il plane au-dessus d'eux une profonde vacuité. Surprise de taille néanmoins, les tourtereaux resteront finalement ensemble tout en s’avouant mutuellement qu’ils se font horreur : pouah !

    Une bonne nouvelle pourtant, Edouard Baer semble pouvoir se sortir de ses rôles d’adulescent trentenaire immature et irresponsable, capable d’aimer et de protéger une femme, d’avoir une grande fille de 17 ans. Bonne nouvelle non ?

    Pourquoi ça s’appelle « Je pense à vous » ??? Pourquoi Géraldine Pailhas dit 5 fois : "J'ai envie de faire pipi" ? C'est sûrement psychanalytique et donc j’en sais rien du tout.

    P.S. : tous ces gens ont un portable aux sonneries d'ascenseur, et ils s'en servent !!! La nouvelle génération de film à portables a trouvé son chef de file !!!

  • Mauvaise foi de Roschdy Zem **

     

    Clara et Ismaël s’aiment. Ils vont vivre ensemble, ils vont avoir un bébé, ils ont un beau métier (lui : prof de piano au conservatoire, elle : psychomotricienne… dans un film étasunien, ils seraient architectes ou avocats), ils sont heureux, ils sont beaux (elle c’est Cécile de France, lui c’est Roschdy Zem). Cette comédie sentimentale aurait pu être un drame (Clara est juive, Ismaël est musulman), mais Roschdy est un optimiste qui a « foi » en la nature humaine.

    C’est à l’arrivée future du bébé que les problèmes se révèlent. Chacun doit présenter l’autre à ses parents et le poids des traditions remonte brusquement à la surface. Clara accroche une mezouza à la porte, Ismaël décrète que le fils qui naîtra (ce sera un fils) portera le prénom de son père, qui n’a pas un prénom facile : Abdelkrim… Les parents des tourtereaux, franchement décontenancés voire hostiles devant cette «union sacrée » déclarent qu’un enfant qui naîtra juif/arabe n’aura pas la vie facile !!! Comme les télés sont souvent allumées dans ce film, on sait qu’il se passe quelque chose actuellement du côté d’Israël et de la Palestine.

    On rit beaucoup dans cette histoire car c’est bien écrit et franchement attachant et si on ne tremble pas vraiment pour l’avenir des amoureux, on peut dégager l’esquisse d’une réflexion ce qui est rare dans une comédie sentimentale. On sent toute la générosité, la sincérité du projet et aussi quels sont les thèmes qui tiennent à cœur Roschdy Zen mais pour ce premier film (réussi) il a préféré dire que c’est l’amour qui triomphera de la balourdise humaine.

    Cécile et Roschdy forment un beau couple convaincant. Pascal Elbé et Antoine Chapey sont les amis fidèles et irrésistibles. Jean-Pierre Cassel (craquant), Martine Chevalier et Naïma Elmcherqui sont des parents évidents et Leïla Bekhti est une petite sœur battante et énergique.

    Allez-y ! Pour eux, pour cette jolie histoire bien racontée et parce qu’il faut montrer à Roschdy Zem qu’on attend un deuxième film.

  • L’enfant sauvage de François Truffaut (1970)***


    Bénéficiant d’une séance pour des scolaires j’ai pu revoir ce bijou en salle, et je confirme que rien ne remplacera jamais le grand écran.

    Un « enfant sauvage » capturé dans une forêt de l’Aveyron en 1798 est amené au parisien Docteur Itard qui s’emploie à éveiller ses capacités intellectuelles. Très rapidement l’enfant, Victor, sera capable de respecter quelques règles de vie sociale mais aussi et surtout, il deviendra parfaitement inadapté aussi bien à cette vie qu’à la vie sauvage. Il trouvera un semblant d’équilibre près des fenêtres qui marquent la transition entre l’enfermement et le dehors et lui permettent de contempler, de sa prison dorée, cette nature qui l’a maintenu en vie.

    Le film est magnifique, réalisé dans un noir et blanc soigné et François Truffaut est parfait dans le rôle du professeur, un peu rigide et pourtant fréquemment bouleversé par les progrès phénoménaux de son protégé. La scène où, pour lui faire prendre conscience du bien et du mal, le professeur inflige une punition non méritée à son élève est poignante.

    Quant au jeune Victor, il est interprété par Jean-Pierre Cargol qui est réellement impressionnant.

    «Nous avons imaginé que le Docteur Itard, au lieu d’écrire ces rapports, avait tenu son journal quotidien, ce qui donne au récit l’allure d’une chronique et préserve le style de l’auteur, à la fois scientifique, philosophique, moraliste, humaniste, tour à tour lyrique ou familier.» François Truffaut.

    Quand l'homme sauvage s'élève au rang d'homme social : voici la scène "abominable" :

  • Les infiltrés de Martin Scorcese****

    Bill et Colin sortent brillamment diplômés de l’école pour intégrer la prestigieuse Police d’Etat. Ils ne se connaissent pas mais tous les deux sont des taupes, des rats, des infiltrés. Bill (Léo) doit infiltrer le gang du parrain Franck Costello que la police souhaite éliminer, tandis que Colin (Mat), protégé dudit parrain, infiltre la police !

    Les deux hommes sont non seulement contraints de mener une double vie, mais aussi chargés de traquer le parrain, puis surtout de découvrir le traître caché dans leur propre camp et enfin de se traquer eux-mêmes !

    C’est simple, époustouflant, démoniaque et brillant !

    Inspiré du récent, magistral, hong-kongais et machiavélique « Infernal Affairs » de Andrew Lau (à voir ou à revoir), Martin Scorcese n’en tire pas un banal remake mais bien plus, il le restitue quasiment plan par plan ce qui me paraît être le plus bel hommage qui soit. Il est immense dans cet exercice. Pour réaliser ce divertissement violent, cruel et fascinant, Scorcese quitte New-York et Little Italy pour sonder les abysses de la pègre irlandaise de Boston.

    Si Matt Damon, trop lisse à mon avis, manque d’ambiguïté, Martin Sheen, Mark Whalberg et Alec Baldwyn composent des policiers à la fois antinomiques et complémentaires. Ils sont parfaits. A la tête du réseau de mafieux/malades, le plus « coucou » d’entre tous : le Grand Jack, le Big Nicholson qui "Jacknicholsonise" ce rôle en or brut taillé pour sa carrure et son visage de possédé. Il cabotine avec tant de maestria qu’on en redemande, on sait que c’est totalement maîtrisé.

    La surprise vient évidemment de Leonardo di Caprio, tout simplement magnifique dans ce rôle torturé qu’il porte avec une intensité bouleversante. La phrase marquante lui est adressée : « votre vulnérabilité me fait vraiment flipper ». Et c’est vrai qu’il incarne cette vulnérabilité avec beaucoup de puissance. Il est touchant et émouvant comme il ne l’a jamais été, perdu, inquiet puis terrifié.

    Au-delà du banal polar, ce film allie action et réflexion et on y trouve également la quête improbable du père qui manque tant et la recherche de sa propre identité.

    Scorcese, incapable de laisser impunis les responsables des souffrances physiques et morales infligées à Léo nous propose une fin différente (et bienvenue) de l’original pour venger son nouveau protégé (depuis trois films déjà). 

  • Fast Food Nation de Richard Linklater**

    A la suite d’un contrôle qualité, on découvre de la matière fécale (autrement dit, de la merde) dans les hamburgers d’une grande chaîne de restaurants les « Michey’s Fast Food ». Un cadre de l’entreprise est chargé de visiter l’usine où sont conditionnés les surgelés ainsi que les élevages et les abattoirs.

    N’ayant jamais consommé un hamburger de ma vie, ce film ne changera rien à mes habitudes alimentaires mais hélas je ne pense pas qu’il révolutionne non plus les usages des plus fervents. Il me semble que la charge aurait pu (dû ?) être plus virulente. Or, elle ne l’est pas vraiment et le film ne fait que constater sans véritablement accuser ou dénoncer.

    Evidemment il y a des scènes à vomir littéralement au niveau du traitement de la barbaque mais plus encore à propos des conditions de vie des troupeaux et par-dessus tout évidemment en ce qui concerne l’exploitation des clandestins qui travaillent pour leur survie dans les abattoirs.

    Cela fait trop pour un seul film. Chaque thème est survolé et tout cela reste bien « light ».

    Dommage !

    Par contre rien à reprocher au casting grand luxe trois étoiles : Bruce Willis, Greg Kennear, Patricia Arquette, Catalino Sandino Moreno (la merveille de "Maria full of grace"), Ashley Johnson (la merveille, fille de Mel Gibson dans "Ce que pensent les femmes", photo), Ethan Hawke, Kris Kristofferson, Paul Dano (la merveille, frère de "Little Miss Sunshine), Luis Guzman...

    Quant au réalisateur, il est l'auteur du récent très beau et très désespérant "A scanner Darkly"

  • The Host de Joon-Ho Bong*

     

    Suite à une pollution au formol (!!!), une créature "pouah beurcke" déboule dans la rivière Han à Séoul. Un jour la bestiole reçoit une cannette de bière sur la tête et ça l'énerve. Du coup, comme elle est amphibie, elle se met à cavaler dans un parc d'attractions et fait ses provisions pour l'hiver en dégommant tout ce qui lui barre le passage. Elle a le tort de mettre dans son caddie une petite fille toute mimi.

    La famille de branquignoles (le grand-père, le père immature, l'oncle chômeur alcoolo et la tante championne ratée de tir à l'arc) effondrée par la disparition de la petite, part à sa recherche.

    Quand on entend partout crier au génie, on s'attend à un minimum de bouleversements... hors, ce petit film gentillet hésite constamment entre la grosse farce comique et le drame familial.Au bout d'un moment on en vient presque à se demander s'il n'est pas inconvenant de rire, ou naïf d'avoir envie de pleurer devant le courage de cette famille décîmée.

    Quant à la charge contre le gouvernement coréen, il y a bien ça et là quelques moments qui font trembler comme celui de l'état brusquement policé qui ment au peuple (oh l'évènement !), la peur collective face au virus ou une pratique des soins en hôpital plus que douteuse... mais c'est peu.