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Sur la Route du Cinéma - Page 548

  • LE CONCILE DE PIERRE

    de Guillaume Nicloux °

    le concile de pierre -

    Avec Monica Bellucci

    Synopsis : Laura Siprien est une mère de famille qui se demande si elle ne perd pas la raison. Depuis peu, elle est en effet en proie à des cauchemars récurrents et à des hallucinations qui la plongent dans une terrible angoisse. Lorsqu'elle découvre un jour une marque étrange apparue sur le torse de son fils adoptif Liu-San, âgé de sept ans, une grande panique s'ajoute à ses troubles psychologiques. Mais quelques jours avant son anniversaire, Liu-San est enlevé

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  • Je m’appelle Elisabeth de Jean-Pierre Améris ***

    Betty est une petite fille de 10 ans impressionnable, fantasque et mélancolique. Quand sa grande sœur dont elle se sentait proche quitte la maison pour aller en pension elle se retrouve seule avec des parents en pleine crise conjugale et une rentrée des classes à affronter. Elle va rencontrer et cacher Yvon, jeune « fou » échappé de l’asile psychiatrique dont son père, psychiatre est directeur. Entre les deux, la confiance et l’amitié s’installent pendant que l’aventure s’organise car Betty a l’imagination débordante dès qu’il s’agit de défendre son protégé.

    Voilà un beau film tendre, simple et profond porté par une petite fille (Alba Gaïa Kraghede Bellugi), une merveille, frémissante, triste et lumineuse. Aucun pathos dans cette chronique de l’enfance qui souffre à cause de parents, affectueux mais inattentifs, qui ne savent ni entendre ni voir les craintes et les douleurs de leur enfant. Les bruits, les ombres, les lumières tout est prétexte à effrayer Betty que personne ne peut rassurer. Lorsque son père lui explique qu’un « fou » est un être démuni, elle assène cette sentence : « Je vais devenir folle. Moi aussi je suis démunie ».

    Il se dégage de cette histoire une grâce qui emporte parfois à la lisière du fantastique, en partie parce qu’elle reste constamment à hauteur de son incroyable héroïne et qu’aux yeux de cette enfant émotive, la nuit, les étoiles, la lune, le vent dans les arbres prennent parfois des allures de fantasmagorie. Un charme indiscutable se dégage de ce film jusque dans son séduisant et très bienvenu côté rétro.

    Elégant et sensible, il ressemble à son auteur.

  • Le Prestige de Christopher Nolan*

    C’est osé de terminer un film par ces mots : « vous n’avez pas envie de comprendre, vous avez envie d’être dupé »… surtout quand il s’agit d’un film qui semble se moquer si ouvertement du spectateur égaré dans la salle.

    Deux magiciens à Londres au début du XXème siècle subjuguent les foules par leurs tours ! Mouais. Une haine et une lutte sans merci pour obtenir les « trucs » de l’autre vont les opposer. Tous les coups (surtout les plus bas) sont permis, jusqu’au crime tant qu’on y est.

    De là s’ensuit la répétition une bonne vingtaine de fois du même « tour » (plutôt minable à mon avis.. même Garcimore en son temps m’avait épatée…) appelé successivement « L’homme porté », « Le nouvel homme porté » et enfin « Le véritable homme porté ». Qui est qui ? Qui est dans la boîte ? Qui est mort, qui est vivant ? Je dirais que c’est un peu comme le sort d’Elizabeth Short récemment : ON S’EN FOUT !

    Mais, heureusement Londres, humide, ocre et sombre est bien reconstituée et surtout, surtout on peut assister à un véritable défilé de bons et beaux acteurs : Hugh Jackman (il fait chaud), Christian Bale (il fait très chaud), David Bowie, Michaël Caine, Scarlett Johanson, Andy Serkis (Gollum). Le réalisateur c’est Christopher Nolan, responsable du cultissime et autrement plus sophistiqué « Memento » ainsi que du brillant « Batman begins »… donc, on l’attend !

  • BABEL de Alejandro Gonzales Inarritu ****

     

     

    Un peu d’histoire pour commencer et comprendre : « La tour de Babel était selon la Genèse une tour que souhaitaient construire les hommes pour atteindre le ciel. Ces hommes étaient alors les descendants de Noé, ils représentaient donc l'humanité entière et parlaient tous la même et unique langue sur Terre. Pour contrecarrer leur projet, Dieu multiplia les langues afin que les hommes ne se comprennent plus… » No comment, c’est signé Dieu : pas de surprise !

    Venons en au film.

    Un couple de touristes américains plein de chagrin au Maroc, un coup de feu en plein désert, une nourrice en situation irrégulière, deux enfants blonds perdus dans le désert mexicain, une adolescente japonaise sourde et rebelle… Qu’est-ce qui relie ces trois continents, ces quelques destins ? Qu’est-ce qui les sépare ?

     

    La douleur, l’isolement, l’incompréhension !

     

    A l’heure d’Internet et des moyens de communication en tout genre qui permettent à l’information (souvent déformée…) de circuler quasiment instantanément, Inarritu nous démontre de façon implacable que la barrière de la langue, de la culture peut être insurmontable, que les a priori et lieux communs ont la vie dure. Que ceux qui n’entendent pas ne sont pas forcément sourds, que personne n’écoute personne et se comprend encore moins.

     

    La démonstration est efficace, féroce et accablante. C’est beau et virtuose car c’est aussi un film qui n’abandonne pas son spectateur en chemin bien qu’il franchisse les continents. C’est une œuvre triste et belle et aussi pleine d’espoir car au-delà des chocs, des blessures et des chagrins insurmontables, chacun découvre que l’autre lui est indispensable et combien il l’aime.

     

    Cadeau supplémentaire : un grand et beau Brad Pitt, tout en rides et tempes grisonnantes et admirablement dirigé. C’est beau un acteur qui grandit en vieillissant et réciproquement.

    Une vision ne semble pas suffisante pour intégrer toute la portée de ce film douloureux qui crie ou chuchote son désespoir, chaotique, virtuose et perturbant.

    Pouh !

     

    babel -

     

  • C’est beau une ville la nuit de Richard Bohringer **

     

    C’est un film de Richard Bohringer, acteur, chanteur et réalisateur franco-sénégalais, donc c’est un film qui a les yeux délavés, un regard et un sourire d’enfant. C’est un film poétique, rocky, jazzy, bluzy, total foutraque, qui part sur les routes parce que le chagrin, ça fait de la peine et réciproquement. C’est un film qui dit « ils sont venus, ils sont tous là », les amis, les potos, les frérots, les paulots : Robinson Stévenin (lumineusement radieux), François Négret (sosie étonnant de Bohringer jeune), Luc Thuillier (émouvant clone de Mickey Rourke), Jacques Spiesser (toujours plein de douce amertume), Annie Girardot, Annie Cordy (forcément émouvantes), Farid Chopel (un sourire) etc…

    Et Romane, ah Romane !!!

    C’est un film énergique, sincère, désespérément plein d’espoir qui ressemble à son réalisateur mais en fait… j’ose le dire, ce n’est pas un film.

  • Les fragments d’Antonin de Gabriel Le Bomin ***

    L’époque des films de guerre qui nous présentent des hommes qui y vont la fleur au fusil en poussant des cris guerriers et/ou patriotiques semble bien révolue, et c’est tant mieux. Voici une nouvelle démonstration où des hommes plongés dans le chaos du monde ont pour préoccupation principale de sauver leur peau. Le reste du temps, ils crèvent de trouille avant d’aller se faire massacrer sous les ordres d’un état-major bas de plafond. Quant aux survivants, ils sont la proie de séquelles physiques ou psychiques indélébiles.

    C’est aux conséquences psychologiques que s’intéresse ce film. Au temps où la psychiatrie n’en est qu’à ses balbutiements et où seules les blessures des « gueules cassées » sont reconnues, un professeur va s’attacher au cas d’Antonin revenu du front, halluciné et traumatisé, bégayant de façon obsessionnelle cinq prénoms et cinq gestes. En privilégiant les blessures de l’âme, le réalisateur offre un film de guerre atypique, sensible avec, comme il se doit, une vision de l’horreur à la limite du supportable parfois.

    Grégory Derangère est Antonin, fiévreux et hypersensible comme toujours.

  • Nouvelle chance d’Anne Fontaine**

    Odette vieille actrice qui s’étiole parmi ses souvenirs dans une maison de retraite reprend du service par l’entremise d’Augustin, improbable metteur en scène, qui doit monter une pièce. Il choisit également Betty, héroïne de feuilletons télé pour compléter le casting.

    Ce film est une sucrerie douce et amère. On y rit, on y sourit, on sanglote aussi un peu. C’est bon et même si plusieurs idées sont complètement laissées en plan sans explication, les trois acteurs principaux se chargent de nous en faire oublier les faiblesses. Jean-Chrétien Sibertin-Blanc (frère de la réalisatrice) est un doux dingue, rêveur, un mix entre Woody Allen et Buster Keaton, je trouve. Il est épatant. Arielle Dombasle est délicieuse, à l’aise comme toujours dans son numéro de burlesque existentiel. Quant à Danielle Darrieux, elle est irrésistible dans ce rôle de vieille dame indigne qui exprime comme personne la disproportion que ce doit être de vivre dans un corps presque centenaire avec un esprit de vingt ans !

    Malgré la loufoquerie ambiante de cette comédie, son amoralité, son émotion et sa fantaisie… j’en suis sortie avec un malaise certain que je n’arrive ni à excuser ni à comprendre. La toute dernière scène, les trois dernières minutes et la toute dernière image sont d’une cruauté sans nom que je n’arrive pas à expliquer !

  • Désaccord parfait d’Antoine de Caunes *

    Alice, actrice britannique adulée et Louis, réalisateur à succès se sont aimés mais ne sont pas vus depuis 30 ans. Elle est choisie pour lui remettre un prix d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Les retrouvailles sont épicées et les noms d’oiseaux volent bas !

    Passons sur le scénario plan-plan et la réalisation identique, passons sur le gag répété au moins 10 fois (le chien qui ronfle et qui pète ah ah ah !) parce que le couple vedette n’est autre que Charlotte Rampling et Jean Rochefort magnifiques et en très grande forme tous les deux. Ils s’amusent et du coup on s’amuse avec eux. Les dialogues sont ciselés pour eux. Ils se régalent et nous régalent à les dire. Ils sont drôles et touchants. D’après Jean Rochefort, Charlotte Rampling se déshabille avec « un tonus érectile » et sans complexe.

    C’est à la fois français et délicieusement british. Pour eux deux, donc.

     

  • Le Dahlia noir de Brian de Palma *

    Elizabeth Short, jeune starlette vient d’être assassinée, massacrée devrait-on dire (abominable le meurtre…) à Hollywood. Deux super flics/boxeurs ( !!!) se mettent sur le coup. Qui a tué Elizabeth ? Et pourquoi ???

    On s’en fout.

    Ça démarre plutôt bien, intrigues multiples tarabiscotées, ambiance rétro jazzy années 40, et finalement ça ne démarre jamais… Et De Palma plante le spectateur en chemin et on n’y comprend rien !

    Côté casting, Josh Hartnett n’a pas la carrure d’un détective, Scarlett Johansonn et Hilary Swank (sublimes actrices par ailleurs) ont beau fumer avec des fume-cigarettes, elles ne sont pas des femmes fatales.

    Visuellement (décor, lumière, costumes) : rien à dire c’est superbe.

  • Libero de Kim Rossi Stuart ***

    Ce n’est pas un film sur l’enfance maltraitée ordinaire car ici l’amour ne manque pas mais cet amour est tellement maladroitement exprimé qu’il fait parfois plus de mal que de bien. Tommi, petit garçon de 11 ans (inoubliable Allessandro Morace, la tristesse incarnée) vit avec son père et sa sœur. La mère un peu folle, devenue mère trop tôt les abandonne puis réapparaît repentante, les couvre de cadeaux, de promesses, puis disparaît à nouveau. Les séquelles indélébiles de ces incertitudes font que tous ces êtres, alors que leur préoccupation principale est de prendre soin les uns des autres, crèvent de solitude, de chagrin et d’amour.

    Quand les adultes perdus et blessés font de leurs enfants leurs confidents, c’est douloureux, c’est injuste mais c’est humain et ce film crève-cœur sans pathos est écorché vif.

    Kim Rossi Stuart, acteur récemment sublime dans « Romanzo criminale » devenu réalisateur ne se contente pas de jouer de sa beauté, il s’offre le rôle complexe et limite, ambigu et pas vraiment sympathique du père fou de ses enfants mais complètement bancal, colérique, totalement imprévisible. C’est courageux.

    Allez voir ce film fort, pudique, complexe dont l’étude des situations et des caractères frôle la perfection et emportez en mémoire le visage d’un petit garçon magnifique qui s’accorde le droit de pleurer enfin !