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Sur la Route du Cinéma - Page 537

  • Au nom de la liberté de Philip Noyce **

    Ce film retrace les débuts de l’engagement de Patrick Chamusso en Afrique du Sud jusqu’à son emprisonnement à Robben Island (+ de 10 ans..) comme prisonnier politique, là où Nelson Mandela a été incarcéré pendant plus de 20 ans. C’est l’histoire vraie d’un homme qui mène une vie tranquille avec sa femme et ses deux enfants et qui, à la suite d’une erreur se fait arrêter. Pour cacher son alibi qui lui ferait perdre sa femme, il avoue ce qu’il n’a pas commis. Finalement relâché, il prend conscience qu’il peut lutter contre l’apartheid et s’engage dans l’ANC (African National Congress), ce parti déclaré hors la loi.

    Ce film démontre avant tout comment à partir d’erreurs, d’aveuglement, de mensonges et d’injustices on fait d’un homme ordinaire et pacifiste un terroriste. L’acharnement et la paranoïa des tortionnaires qui voient des terroristes partout créent un climat de tension permanente : en gros, tout le monde est suspecté. 20 millions de blancs contre 3 millions de noirs dans ce pays, quelque chose cloche car ce sont les blancs qui se sentent agressés.

    Le duo d’acteurs est tout simplement remarquable. Derek Luke/Patrick Chamusso, impliqué sans réserve démontre avec calme et détermination qu’il y a une limite à l’absurdité à ne pas franchir. Quant à Tim Robbins/Nic Vos le policier, il donne tout ce que ce personnage a d’ambigu. Sorte de nazi appliqué à la tâche, père aimant et protecteur, il pousse le sadisme jusqu’à accorder une trêve à son prisonnier le dimanche (jour du Seigneur !!!), interrompre les séances de torture et l’inviter à la table familiale. D’autant plus sidérant que ce film est un film sur le pardon et qu'évidemment c'est la victime qui finit par pardonner, même si le bourreau semble rongé de remords...

    « Patrick Chamusso est un homme remarquable, une source d'inspiration pour nous tous. Il est allé au-delà du drame, au-delà de la haine pour apprendre à pardonner.", raconte le réalisateur.

     

  • Contre-enquête de Franck Mancuso **

     

    Richard Malinowski, capitaine cool à la « Crime » aime son boulot. Il a une belle maison, une belle femme, une petite fille adorable. Il voit sa vie basculer le jour où sa fille est massacrée (violée, tuée à coups de pierres) par un détraqué. Très vite un suspect est arrêté puis condamné. Le coupable clame son innocence du fond de sa prison et Richard, intrigué par la vitesse à laquelle l’enquête a été ficelée, perturbé par les lettres que lui envoie inlassablement le coupable, se met à douter. Il décide de se lancer dans sa propre contre-enquête.

    Dans la série « les clowns se mettent au drame », je vous présente Jean-KC-Dujardin qui s’en sort mieux que bien dans un rôle sombre à la limite du mutisme où il ne vous arrachera pas un sourire. Broyé par un chagrin insurmontable (comment survivre à l'inconcevable ?), il avance telle une machine, obstiné, résolu à trouver l’assassin de sa fille.

    Laurent Lucas est lui aussi parfait dans le rôle du condamné. Son visage peut tour à tour être celui d’un ange ou d’un démon et pendant 1 h 30, on pense alternativement « oui, c’est lui, avec sa tête de psychopathe » et « non, ça ne peut pas être lui, avec sa tête d'innocent ! ».

    Contrairement à certains films, on n’en sait pas plus que l’enquêteur mais finalement, lors du dénouement on ne peut qu’apprécier d’avoir été bel et bien manipulé !!!

    P.S. : celui qui me donnera l’explication de la lettre qui commence par « Mon cher Capitaine » recevra un paquet de Bêtises de Cambrai de la production. Merci.

     

  • Nue propriété de Joachim Lafosse ***

    Pascale (ça arrive même au cinéma de s’appeler comme ça !!!) divorcée dans la rage et les noms d’oiseaux, vit depuis de longues années avec ses deux grands jumeaux François et Thierry. Ils bouffent comme des porcs et entretiennent une relation dénuée de tout complexe avec leur aimante maman. Entre ces trois là, la relation est fusionnelle donc pas viable à long terme. Lorsque Pascale décide de vendre la maison, un fils accepte, l’autre pas. Le drame couve, la guerre est déclarée.

    Le choix des plans fixes par le réalisateur confère à ce film une intensité rare. Les acteurs entrent et sortent du champ ce qui semble laisser au spectateur du temps, de l’impatience et de l’inquiétude. Seule la maison est solide. Elle est le pilier au centre de toutes les tensions, de toutes les luttes.

    Quant aux personnages, ils semblent incapables de s’entendre, de se comprendre, de s’écouter, de communiquer tout simplement. Les deux jeunes acteurs, (Jérémie et Yannick Rénier, vrais frères dans la vraie vie) ne peuvent dissimuler leur évidente complicité. Parler de naturel au cinéma n’a jamais été aussi flagrant et incontestable. Jérémie est fiévreux, Yannick plus doux et fragile. Entre les deux, Isabelle Huppert, aussi égarée que ses deux garçons, compose une nouvelle fois un personnage complexe qui prend vie grâce à cette actrice inspirée.

    Regardez, Ecoutez... et courez-y !

  • Le nombre 23 de Joël Schumacher *

    Un jour la femme de Walter lui offre un roman. Très vite il s’imagine que l’histoire et sa propre vie renferment d’étranges similitudes. Le héros éprouve une incontrôlable et dangereuse fascination pour le nombre 23. Peu à peu Walter se laisse lui aussi envahir par tous les hasards, coïncidences et symboles reliés à cet encombrant nombre. Finalement convaincu que le héros du livre et lui ne font plus qu’un, il se persuade qu’il va en arriver aux mêmes excès, à la même extrémité.

    Schumacher n’a jamais fait dans la dentelle et le final raté n’auront pas raison de la performance remarquable de Jim Carrey qui fait ses premiers pas réussis dans le thriller avec un double rôle dont il maîtrise parfaitement les deux facettes. Pour une fois qu’il est vraiment dingue, il ne gesticule pas. C’est évidemment encore bien plus déroutant et angoissant.

    Inquiétant et paranoïaque, l’acteur qui nous avait habitué à des grimaces et contorsions, nous fait ressentir la folie qui gagne un homme avec une économie louable et impressionnante d’effets. Jim est grand !

     

  • DREAMGIRLS de Bill Condon **

    dreamgirls -

    Des années 60 aux années 80 : l’ascension d’un trio de chanteuses repérées par un manager ambitieux et opportuniste. En gros, l’histoire des « Suprèmes », de la firme de disques Motown et des coulisses pas toujours reluisantes du show-businness.

     

    Comme souvent, on assiste à la découverte, l’ascension, la dégringolade de certains pour finir sur un happy end à paillettes. Il faut reconnaître que les numéros musicaux sont électrisants et qu’on a des fourmis dans les pieds mais on peut regretter que le réalisateur hésite entre comédie musicale (certains dialogues sont entièrement chantés et pas d’autres… on ne sait pas pourquoi) et mélo historique. J’avoue cependant que les chanteuses qui s’époumonent et huuuuuurlent leur partition sont parfois à la limite du supportable. Béyoncé est très belle et Jennifer Hudson s’égosille comme personne. Mais la vraie révélation de ce film (sitôt vu, sitôt oublié) est bien Eddie Murphy que je crois voir pour la première fois tenir un vrai rôle plein de nuances. Il nous honore également de plusieurs numéros musicaux vraiment parfaits dont un en particulier très « James Brownien » absolument saisissant. Pour lui, donc.

  • Chronique d’un scandale de Richard Eyre **

    Sheba, prof de dessin « bobo » mariée et mère de deux enfants, débarque dans un collège londonien dans lequel sa beauté, sa blondeur et sa naïveté vont faire quelques ravages. Barbara, enseignante à la veille de la retraite, vieille fille aigrie, solitaire et autoritaire qui ne vit que pour son chat et son journal intime voit en Sheba l’amie idéale. Lorsque Barbara surprend Sheba dans les bras d’un de ses élèves de 15 ans, la jalousie la consume puis rapidement la volonté de la tenir sous sa coupe par ce secret qui va les lier.

    Une Kate Blanchett fragile et sensuelle et une Judi Dench pathétique et effrayante tirent cette histoire vers le haut. Entre les deux actrices, il se passe quelque chose au-delà de la complicité et de l’admiration mutuelle. Elles vont jusqu’au bout de leurs petits mensonges, de leurs petites trahisons et de leur solitude, de leur soif d'amour, de leur connivence puis de leur affrontement avec une efficacité et une sobriété confondantes. Malgré cela, entre les deux, l'ambiance est électrique.

  • Bug de William Friedkin **

    Agnès vit seule dans un motel miteux d’une banlieue minable dans la terreur de son ex qui sort tout juste de prison où il vient de purger deux ans pour violences conjugales et dans le souvenir de son fils. Une amie lui présente Peter, un vagabond triste et doux… mais zarbi !

    Agnès va mal. Ça se voit car elle a les cheveux gras et des T-shirts informes et lorsque Peter débarque chez elle, elle est bien la seule à ne pas comprendre qu’il est complètement bargeot… parce que dans la salle, je vous assure qu’on le voit illico qu’il a une araignée dans le plafond le beau gosse ! Peu importe, elle tombe raide dingue amoureuse de lui. Après une nuit youpi tralala, Peter et Agnès commencent à se gratter comme des furieux et Peter révèle à Agnès qu’il est un cobaye échappé de l’armée et que des « men in black » lui ont introduit des insectes espions sous la peau. Et youpla, la fête peut commencer : ça pique, ça gratte… il faut extraire les bestioles : ça coupe, ça tranche (à voir pour le croire : un arrachage de dents maison !!!). Plus la peau est scarifiée, plus ils s’aiment ces deux là et luttent ensemble contre ce secret d’Etat dont ils sont les victimes.

    En fait, c’est un film d’amour… si, si ! mais surtout c’est un cauchemar sur les peurs enfouies, l’obsession de la persécution et du complot, une réflexion sur la folie qui guette et, entre paranoïa et schizophrénie, comment il est facile (et commode ?) de basculer et d’y sombrer ! Le réalisateur referme le piège petit à petit pour en arriver à un huis clos bien barré et claustrophobe sur deux acteurs littéralement possédés (quelle actrice cette Ashley Judd !).

    Réalisé dans une pièce, avec deux acteurs et un téléphone : le strict minimum nécessaire, Friedkin s'amuse : "Le budget du film est de 4 millions de dollars, ce qui représente le budget cantine d'une film standard".  La suprême élégance étant de faire de la dernière scène bien flippante (dans un décor tout alu... superbe), un modèle de tension, non dans les images mais dans le dialogue halluciné et paroxystique des deux tourtereaux, et d’interrompre l’horreur de façon à la fois abrupte mais ô combien subtile…

    Chapeau !

  • Le Parrain I, II, III de Francis Ford Coppola ****

    Enfin ma DVthèque s’orne de ce chef d’œuvre, de cette Œuvre que je termine de revoir dans son ensemble. Une seule évidence : c’est parfait et on ne s’en lasse pas. Une seule histoire, trois volets virtuoses, trois acteurs remarquables, des seconds rôles irréprochables, une musique inoubliable et une voix… Voilà un siècle de la vie d’une famille partie de rien et de Sicile qui se retrouve les rois du monde aux Etats-Unis. Don Vito Corleone (Marlon Brando et Robert de Niro en Vito jeune) en 1945, refuse de s’associer aux trafics de drogue que proposent les autres familles mafieuses et les ennuis commencent. A la mort de Don Vito, c’est Michaël (Al Pacino) qui succède à son père et devient « patriarche » à son tour.

    Entre quête de pouvoir, rivalités, intrigues, trahisons et meurtres l’histoire de cette famille est jalonnée de sang et d’amour. Le génie de Francis Ford Coppola est de nous avoir rendu sympathiques ces êtres ignobles, monstrueux pour nous faire finalement adhérer et que nous soyons touchés par la tragédie qui finit inévitablement par les atteindre. Lorsque Michaël souhaite être réhabilité aux yeux des siens, il s’accoquine avec une Eglise catholique bien corrompue (vision sombre et écoeurante du Vatican) pour finalement se confesser au Pape : « j’ai trompé ma femme, je me suis parjuré, j’ai tué des hommes, j’ai fait tuer des hommes, j’ai ordonné l’assassinat de mon frère… ».

    « Ego te assolvo » lui dit Le Pape (Raf Vallone en Jean-Paul I, la bonté absolue) !

    La fin idéale, éblouissante, au-delà de tout pardon, nous cloue au fauteuil : Michaël reçoit la punition suprême, celle qu’on n'attend pas et Al Pacino (fascinant) nous livre le cri muet le plus assourdissant du cinéma

    (écoutez-le ci-dessous !), ou comment tuer un homme en le laissant en vie ! Si vous ne pleurez pas...