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  • LE MONDE DE CHARLIE de Stephen Chbosky **(*)

    Le Monde de Charlie : affiche

    Charlie entre au lycée. Il n'est plus tout à fait un enfant et pas encore un adulte. Ses années de collège furent éprouvantes et son entrée dans ce nouvel univers risque de l'être tout autant. Charlie est différent, studieux, introverti, timide. Il cherche à la fois à ne pas se faire remarquer (ainsi ne répond-il pas aux questions du professeur de littérature alors qu'il est le seul à en connaître les réponses) et rêve pourtant de se faire des amis. C'est tout à fait par hasard que Patrick et sa demi-soeur Sam repèrent Charlie. Ils sont en terminale et accueillent néanmoins sans réticence le garçon dans leur groupe. Ils sont à l'oppposé de Charlie, extravertis, complices, épanouis, libres et vont lui faire découvrir un monde fait de soirées, de musique, de drogue, de sexe. Le trio devient rapidement complice et inséparable.

    Evidemment ces trois là sont à des années lumière des ados rebelles de Foxfire : confessions d'un gang de filles et le parcours initiatique, le délicat passage vers l'âge adulte est ici moins semé d'embûches, moins chahuté que celui des filles de Laurent Cantet. Une fois encore les parents sont curieusement absents ou indifférents à l'évolution de leurs enfants et ces jeunes semblent vivre chaque jour, chaque expérience comme si leur vie en dépendait, avec à la fois un sérieux et une désinvolture inébranlables. Néanmoins, il se dégage de ce film un peu désuet et charmant un doux parfum de fraîcheur et de sincérité.

    Le "twist" étrange du dernier quart d'heure à la fois attendu et surprenant est assez déconcertant et pourrait faire l'objet d'un tout autre film.

    Une chose est sûre et évidente, Le Monde de Charlie passerait sans doute davantage inaperçu sans son incroyable, charmant et sympathique trio d'acteurs. Et j'envie la génération d'ados qui vont faire la connaissance de ces trois acteurs brillants.  Logan Lerman dans le rôle de Charlie est une révélation (presqu')à la hauteur de celle de Jake Gyllenhaal il y a une dizaine d'années dans Donnie Darko. La délicieuse et pétillante Emma Watson parvient totalement à faire oublier qu'elle a été l'Hermione d'Harry Potter pendant de si longues années. Mais évidemment Ezra Miller, incandescent, embrase une nouvelle fois l'écran. Après We need to talk about Kevin et Another Happy Day où il était un ado terrifiant ou border line, il démontre qu'on peut être si jeune et déjà un grand acteur indispensable. Ce garçon est l'ami de la caméra qui en est folle. Les scènes où il chante, danse mime The Rocky Horror Picture Show déguisé en Tim Curry/Dr Frank-N-Furter valent à elles seules le déplacement...

  • FOXFIRE, CONFESSIONS D'UN GANG DE FILLES de Laurent Cantet ****

    Foxfire, confessions d'un gang de filles : affiche

    Au milieu des années 50 dans une banlieue morose des Etats-Unis, il ne faisait déjà pas bon être une fille à l'école comme ailleurs. Legs, adolescente orpheline de mère et dont le père alcoolo dragueur l'a confiée à sa grand-mère s'échappe et rejoint sa meilleure amie Maggie, plus sage mais prête à la suivre au bout du monde. Il faut dire qu'elle a un tempérament de feu cette Legs et elle va réussir à convaincre toutes les filles victimes d'humiliations sexistes de la rejoindre dans sa lutte contre le monde macho, sexiste et misogyne qui les entoure. Et on applaudit bien fort ces agitatrices insoumises, véritables rebelles feministes qui hélas vont frôler régulièrement les limites de la délinquance et finir par prendre une décision fatale...

    Une véritable bande va se créer autour de la très charismatique et révoltée Legs, presque malgré elles. Elles vont inscrire dans leur chair la marque de leur appartenance à leur communauté nouvelle. Une espèce de feu follet tatoué sur l'épaule en signe d'allégeance lors d'une cérémonie à la fois naïve et solennelle. Leurs premières actions, bien que spectaculaires auront plus l'allure de blagues potaches qu'elles signeront chaque fois de leur marque le "foxfire". Mais toutes auront comme objectif de rendre aux hommes et aux garçons les outrages plus ou moins graves qu'ils leur font quotidiennement subir au nom d'une prétendue supériorité. Un acte plus imprudent que les autres va conduire Legs en maison de correction. Un cauchemar. Ses amies seront là à sa sortie des mois plus tard. Elles n'ont qu'une quinzaine d'années et vont réussir à vivre toutes ensemble dans une grande maison  selon leur idéal de justice et de liberté. Entre filles. Elles devront rapidement faire face à une réalité bien prosaïque : pour survivre comme pour vivre, il faut de l'argent. Comment s'en procurer ? Là où il se trouve décident-elles : dans la poche des hommes...

    On savait depuis Entre les murs à quel point Laurent Cantet savait comme personne filmer la jeunesse. Ici, son propos est beaucoup plus romanesque puisque d'ailleurs tiré d'un romain de Joyce Carol Oates. Mais en collant aux basques de ces filles épatantes, il séduit et émeut bien davantage. La progression dramatique ne faiblit pas, on tremble pour elles, et on sent rapidement que ces rebelles avec causes vont laisser dans leur lutte quelques plumes et perdre bien des illusions. On en est tout désolés pour elles même si l'on sait que les rêves de jeunesse ne durent pas éternellement ni ne se concrétisent forcément. Mais en outre l'espèce masculine dépeinte ici fait horreur et en prend un sale coup dans les lattes.

    Le casting non professionnel dont s'est entouré le réalisateur fait absolument merveille. Toutes ces filles sont incroyables, compétentes, complémentaires et forment un groupe parfaitement cohérent ! Mais on est obligé de constater que l'extravagante, impétueuse et insoumise Legs interprétée par Raven Adamson domine largement par son tempérament et sa forte présence alors qu'elle est si menue. Sa transformation physique après son séjour en maison de correction, elle abandonne sa longue chevelure contre une coupe garçonne, la rend encore plus irrésistible et inoubliable. Tant de force, d'autorité, de détermination et d'énergie sous cette apparence si fragile est vraiment étonnant. Pourvu que les réalisateurs se l'arrachent désormais !

  • TOURISTES de Ben Weathley **

    Touristes : affiche

    Malgré ses 34 ans bien sonnés, Tina vit toujours avec sa mère, mégère possessive et abusive qui lui reproche régulièrement et ne lui pardonne pas la mort accidentelle de leur petit chien Popy ! On ne se méfie jamais assez des aiguilles à tricoter et des chiens idiots qui font les foufous ! La rencontre de Tina, vieille fille, grande sauterelle pas si mal mais fringuée comme l'as de pic et de Chris géant rouquin plein d'attentions va bouleverser le quotidien de ces deux laissés pour compte qui se trouveront vite foultitude de points communs. Et notamment une entente sexuelle effrénée, débridée, les deux loulous étant parfaitement disposés à toutes les divagations sur le sujet.

    Le départ en caravane pour des vacances ayant comme objectif la visite des musées les plus improbables d'Angleterre à travers la campagne a été méticuleusement préparé par Chris et l'itinéraire soigneusement déterminé. Le périple commence dans la joie et la bonne humeur, malgré la malédiction de la mère d'un tonitruant "je ne vous aime pas" à l'adresse de Chris. Tina et Chris n'en ont cure et après un démarrage prometteur, la véritable nature de ces deux bêtas plutôt bas de plafond va se faire jour.

    Un inconscient touriste va à deux reprises jeter un papier par terre sans le ramasser malgré les exhortations de Chris qui s'érige brusquement en écolo et voilà le malotru malencontreusement renversé et écrabouillé par la caravane ! Comme cela a tout l'air d'un accident, le couple peut reprendre son périple malgré la mort de la victime et la préméditation évidente. Ce qui perturbe le plus Tina et Chris est que leur véhicule soit taché de sang. Et voilà que tous ceux qui n'auront pas l'heur de plaire à Chris, auront simplement la malchance de se trouver sur le chemin de sa mauvaise humeur ou ne correspondront pas au schéma de ses théories à l'emporte-pièces passeront de vie à trépas sans autre forme de procès. Les méthodes du bonhomme seront de plus en plus gores, sauvages et spectaculaires. Si Tina ne sera au début qu'une spectatrice étonnée, elle deviendra rapidement instigatrice, allant jusqu'à éliminer un pauvre randonneur sans la moindre raison.

    Nul doute, ce film est drôle, violent, bête et méchant et les deux acteurs Alice Low et Steve Oram crétins jusqu'au bout des fringues (et également scénaristes) s'en donnent à coeur joie pour jouer les andouilles aussi stupides que gratuitement méchants. Il est dommage que le réalisateur (dont je vous recommande vivement le très dérangeant Kill List) n'ait pas réussi à rendre plus plausible la parfaite entente de Tina et Chris. On sent rapidement que l'imprévisible Chris peut aussi être très très agacé par sa compagne et du coup la fin devient prévisible.

    Il ne reste plus au spectateur qu'à faire les paris sur qui va zigouiller l'autre !

  • RENOIR de Gilles Bourdos ***

    Renoir : affiche

    En cet été 1915 alors que la guerre, cette boucherie, fait rage, bien à l'arrière en Provence le peintre Renoir, perclus de douleurs qui le font hurler la nuit, les doigts noueux et les jambes déformées continue obstinément son travail. Coincé dans une chaise roulante il peint inlassablement ses modèles vivants. Ces jeunes et moins jeunes femmes lui servent également de gouvernante, soignante, cuisinière. Il n'est entouré que de femmes toutes à sa dévotion. Pour elles, il est le "patron" et on soupçonne que certaines soient passés par son lit. Et puis Andrée déboule dans la vie du vieil homme. Sa jeunesse insolente (la jeunesse est souvent insolente n'est-il pas ?), sa peau laiteuse, son énergie, son franc-parler, sa flamboyante rousseur, sa liberté et ses poses vont donner un nouvel élan à la création du maître. Elle sera son dernier modèle, sa dernière muse. Diminué par sa santé et ses douleurs, Renoir est également affecté par le fait que ses deux fils dont son préféré Jean soient au front, blessés, alors que le plus jeune Claude est abandonné à lui-même. Il gambade dans la campagne, interdit d'école qui ne peut rien lui apprendre selon les dires de son père, mais sommé néanmoins de se cultiver, seul.

    Jean revient du front, blessé et passe sa convalescence au Domaine des Collettes à Cagnes sur Mer. L'endroit est idyllique, entre pins et mer et sous la chaleur écrasante de ce bel été vont éclore désirs et sentiments entre Andrée, plus souvent nue et alanguie et Jean torturé entre son sentiment d'avoir abandonné ses camarades en pleine bataille, son amour naissant pour la jeune femme et sa rivalité avec son père. Et tout n'est que finesse et fluidité dans ce film et la belle idée du réalisateur est de ne pas nous proposer un biopic le plus exhaustif et hagiographique possibles du peintre en fin de vie, mais quelques semaines particulières et essentielles. Où Jean ne sait pas encore qu'il va devenir un des plus grands réalisateurs français, poussé par Andrée qui deviendra son actrice principale... plus tard.

    Evidemment rien ne manque, ni les canotiers, ni les baigneuses même si aucun "titre" d'oeuvre n'est explicitement cité. Et tout est là le mouvement, la vie, la fête, les couleurs, la chair, et c'est d'une grande beauté. Mais les rapports entre les trois personnages principaux sont suffisamment creusés et approfondis pour qu'on les aime et s'intéressent intensément à leur histoire.

    Et puis les trois acteurs principaux ont chacun une bien belle partition à offrir. Michel Bouquet, acteur immense, essentiel, ici bougon, autoritaire, parfois cruel, mais aussi charmant, charmeur, doux, paternel est impérial, touchant et parfois drôle. Vincent Rottiers jusque là souvent cantonné aux rôles de mauvais garçon bien que toujours excellent, est ici, différent, adulte, plus beau que jamais (très Edward Nortonien), hésitant, troublant et troublé. Et Christa Théret, une fois encore démontre à quel point sa jeunesse et sa modernité, son beau visage si particulier proche de ceux des stars du muet (comme je le disais déjà ICI) s'adaptent aux rôles en costume, son énergie, son naturel et sa joie de vivre sont miraculeux. Elle prouve de film en film qu'elle est LA valeur sûre féminine française à des années lumières de l'insipide et surestimée...

  • C'EST LE WEEK END IL FAIT FROID IL FAIT MOCHE.

    SAUVEZ CE FILM QUI LE MERITE ET QUI VOUS SURPRENDRA JE VOUS LE PROMETS. IL Y A URGENCE. ET SI JE NE PARVIENS PAS A VOUS CONVAINCRE, ECOUTEZ CET ENTRETIEN QUI VOUS FERA CRAQUER (http://www.franceinter.fr/emission-eclectik-jean-pierre-ameris)

    Et évitez soigneusement les trois autres dont je parle avant, et ne me remerciez pas des économies de temps et d'argent que je vous fais faire.

    L'HOMME QUI RIT de Jean-Pierre Améris ****

    Le film est inspiré de l'oeuvre dense, complexe, passionnante et intimidante de Victor Hugo. Une histoire terrible et incroyable. Celle de deux enfants. L'un Gwynplaine défiguré dès son plus jeune âge par une cicatrice qui donne à son visage un sourire permanent, victime des comprachicos qui a l'époque enlevaient ou achetaient les enfants, les mutilaient pour les exposer comme des monstres. L'autre Déa, une fillette aveugle que Gwynplaine a sauvée de la mort une nuit de tempête. Les deux enfants abandonnés, orphelins sont recueillis pas Ursus, un saltimbanque, philosophe et guérisseur. Sous des dehors rugueux et misanthrophe le vieil homme dissimule des trésors de tendresse et de bonté. Incidemment, il découvre que le visage du garçon provoque l'hilarité et c'est ainsi que le spectacle de "L'homme qui rit" voit le jour. La petite troupe sillonne alors avec bonheur les routes d'Angleterre. Gwynplaine et Dea s'aiment et deviennent inséparables, sous l'oeil bienveillant et inquiet d'Ursus qui sait que pour vivre heureux il est préférable de vivre cachés. Les foules se pressent pour découvrir Gwynplaine, lui assurent une célébrité sans cesse croissante jusqu'à arriver aux oreilles de la Cour...

    D'emblée il faut écarter l'idée de l'adaptation à la lettre d'une oeuvre littéraire grandiose et colossale. Il s'agit ici de la vision d'un réalisateur à propos d'une histoire qui le hante depuis ses quinze ans. L'histoire de deux adolescences meurtries par la différence. Alors que le handicap de Dea aveugle semble vécu sereinement, Gwynplaine souffre de son apparence. Comment en étant à ce point différent, monstrueux, trouver sa place dans ce monde et être heureux ? Rien que l'idée d'évoquer cette douleur, celle de ne jamais se sentir à sa place suffit à me bouleverser. Et le film l'est, bouleversant, par la grâce de cette vision personnelle qui transforme l'oeuvre, sans jamais la trahir, en un conte horrifique, terrifiant sans pour autant négliger un humour apaisant alors que le drame pèse inéluctablement. Et par celle d'acteurs véritablement habités par la beauté et la puissance de leurs personnages. Chacun semble avoir compris que "La vie n'est qu'une longue perte de tout ce qu'on aime". Malgré cette menace qui les nargue, Gwynplaine s'abandonne un temps à l'illusion d'être accepté sans masque, malgré sa différence et à celle encore plus folle de changer le monde puisqu'il obtient soudainement le pouvoir de siéger au Parlement. Sa diatribe face à la Reine et aux parlementaires : "Ce qu'on m'a fait, on l'a fait au genre humain", puissante, bouleversante vire à la farce. Des bouffons ridicules le remettent à sa place, trop tard.

    Dans un décor de carton pâte assumé, revendiqué, Jean-Pierre Améris ne cherche pas la réconstitution historique. On ne verra donc pas de "carrosses rouler devant des châteaux du XVIIIème siècle". On restera plutôt concentrés sur les personnages principaux et leurs visages, même si l'ambiance "timburtonnienne" évoque Edward aux Mains d'Argent et la mer synthétique celle admirable du Casanova de Fellini. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le sublime, génial, inoubliable Joker composé par Heath Ledger s'inspire totalement de l'Homme qui rit de  Victor Hugo (et non l'inverse). Il n'y a donc rien de paradoxal à ce que le "masque" de Gwynplaine l'évoque de façon aussi troublante. Mais alors que le Joker blessé aussi au plus profond de sa chair n'aspire qu'au mal, Gwynplaine est d'abord un jeune héros courageux qui a sauvé une fillette, puis un homme honnête qui rêve de justice et d'amour. Marc-André Grondin incarne avec une belle présence inquiète et naïve cet être meurtri, aimé au-delà de ce qu'il espère et totalement ébloui par cet amour.

    Emmanuelle Seigner belle et cruelle Duchesse se servira un temps de Gwynplaine pour surmonter un ennui abyssal et l'utilisera comme une distraction. Elle verra en lui le véritable miroir de son âme noire. "Ce que tu es dehors, je le suis dedans". Et l'actrice offre à son personnage une intensité et une fêlure touchantes qui évoquent la Madame de Merteuil des Liaisons Dangereuses. 

    Dea est la jeune fille pure qui aime et protège Gwynplaine, parfois malgré lui. Elle connaît l'essentiel invisible pour les yeux. Elle ne peut comprendre que Gwynplaine craigne qu'elle ne l'aime plus si elle  venait à découvrir sa laideur. "Comment peux-tu être laid puisque tu me fais du bien ?". Christa Théret, une nouvelle fois surprenante incarne avec une grâce magnifique cet ange aveugle, simple et vertueux. Elle est d'une expressivité réellement impressionnante empruntée aux grandes actrices du muet. Et ici comme une réincarnation, jusque dans ses gestes de la Virginia Cherril des Lumières de la ville de Charlie Chaplin.

    Quant à Gérard Depardieu, jamais aussi bon que dans les grands classiques qui ont contribué à sa gloire, il est ici exemplaire de sobriété. D'une présence forcément imposante, il laisse néanmoins toute la place à ses partenaires et à cet ange fragile et gracile qu'est ici Christa Théret. Et pourtant chacune de ses apparitions alternativement drôles ou bouleversantes le rendent une fois encore inoubliable dans ce rôle de père déchiré, impuissant à sauver ses enfants de leur destin.

    Jean-Pierre Améris nous saisit donc dès la première image implacable et cruelle et ne nous lâche plus jusqu'au final poignant. Il concentre son histoire en une heure trente, sans digression inutile accompagnée d'une musique ample et idéale. Et c'est à regret que l'on quitte ces personnages follement romanesques et romantiques.

    et évitez soigneusement les trois

  • L'ODYSSÉE DE PI de Ang Lee °

    L'Odyssée de Pi : affiche
     
    Heureux avec ses parents et son frère aîné à Pondichéry, la côte d'azur indienne, Pi a néanmoins un problème de taille, son prénom. Il se prénomme en fait Piscine Molitor car ses parents sont des petits marrants, mais ses "copains" de classe des petits cons qui l'appellent volontiers Pisse, et ce n'est, reconnaissons-le, pas du dernier chic voire franchement vexant. Après moult réflexions, par un beau matin de rentrée des classes Piscine Molitor explique à ses camarades et ses professeurs médusés que son prénom est en fait Pi, nombre représenté par la lettre grecque du même nom et qui est le rapport de la circonférence d'un cercle à son diamètre, soit 3,141 592 653 589 793 238 462 643 383 279 502 884 197 169 399 375 105 820 974 944 592 307 816 406 286 208 998 628 034 825 342 117 067. ça leur en colmate une fissure mais les moqueries ne s'arrêtent pas pour autant. Pi ne se démonte pas. Il regarde Richard Parker dans le fond de l'oeil et risque d'y perdre un bras. En effet, le père de Pi est responsable du zoo de Pondichéry et Richard Parker un énorme tigre du Bengale qui a tout le temps la dalle. Pi s'en remet à Dieu, à Vichnou et à Allah. Pas regardant sur la religion il devient bouddhiste, catholique et musulman alors que son père dans son infinie sagesse lui assure que "la religion c'est l'obscurité". Mais Pi est un obstiné qui n'en fait qu'à sa tête et se tourne cinq fois par jour vers la Mecque en posant son front sur un tapis.
    Soudain le père décide qu'ils vont aller s'installer au Canada. Ils emmèneront tous les animaux du zoo, les revendront sur place, ça leur fera de la thune pour recommencer à zéro. ça tombe très mal, Pi vient justement de tomber amoureux d'une fille qui danse avec les bras et lui a offert un bracelet en tissu. Et les ennuis ne font que commencer.
    Pendant la traversée, un gros orage envoie le rafiot par le fond et Gérard Depardieu aussi. Seuls sur un canot de sauvetage, ne restent que Pi, un zèbre à la patte cassée, une hyène moqueuse et hargneuse, un singe qui a des montées de lait et Richard Parker qui est carnivore.
    Autant dire que la cohabitation qui va durer des mois ne sera pas simple. Le cas des zèbre, guenon et hyène sera vite réglé mais Pi et Monsieur Parker auront régulièrement des problèmes de voisinage.
    Métaphore et instinct de survie hors du commun sont au coeur de ce périple peu ordinaire certes. Mais bon sang, malgré quelques images sublimes et des digressions chatoyantes et luminescentes destinées à justifier la 3D (que j'ai personnellement soigneusement évitée), ce que tout ça peut être niaiseux !!! Jamais on ne tremble, jamais on ne parvient à réellement éprouver les risques, les dangers, la solitude, la peur de Pi malgré la débrouillardise, la volonté et l'entêtement de ce gentil garçon au prénom stupide.
    Et ce n'est pas le petit twist final qui sauve cette gentille histoire simplette destinée aux enfants de 8 à 12 enfants. Les plus jeunes risquent de sursauter quand le gros tigre surgit, les plus âgés de rire ou de s'ennuyer copieusement comme ce fut mon cas. Sans compter qu'il faut attendre au moins trois quarts d'heure avant que l'histoire commence réellement et c'est bien long !
    Totalment raté donc et franchement ridicule par moments.

  • UNE ESTONIENNE À PARIS de Ilmar Raag *

    Une Estonienne à Paris : affiche

    EDIT du 2 janvier 2013 : Je pense que le bug de l'an 2 000 est arrivé en l'an 13... Aucun commentaire n'a été publié depuis plusieurs jours. Je suppose qu'il s'agit d'un problème chez haut et fort car la même chose se produit sur d'autres blogs. Je leur ai signalé. Je suppose, enfin j'espère que ce sera réparé rapidement.

    EDIT du 2 janvier 2013  14 h 08 : apparemment c'est réparé, mais les commentaires postés ces deux derniers jours semblent avoir définitivement disparu. Désolée. J'avais moi-même répondu à tous vos commentaires...

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    En Estonie Anne n'est pas à la fête. Elle a quitté son travail pour s'occuper de sa mère gravement malade qui parfois ne la reconnaît même pas. L'agonie dure deux ans. Son ex mari dont elle est divorcée depuis 12 ans est alcoolique et peut devenir violent à ses heures avinées. Mais Anne est une bonne personne, il peut encore lui arriver de ramasser le pochtron dans le caniveau. 

    Lorsque la très vieille dame finit par mourir dans un ronflement de soulagement, Anne est triste, mais ça ne se voit pas car elle n'a qu'une seule expression. Le jour de l'enterrement, elle espère que ses deux grands enfants vont rester un peu près d'elle pour la soutenir, mais non, ils ont un travail, eux. Pourtant Anne est une bonne personne. La Providence va intervenir en la personne de son ancien employeur qui lui propose de partir à Paris pour s'occuper d'une vieille dame qu'on ne peut laisser seule. Anne espère que ses charmants enfants vont la retenir mais au contraire ils sautent de joie : "Paris ??? quelle aubaine ! dégage fonce !". Anne débarque donc à Paris avec son air triste, sa parka moche de la baltique et ses bottines estoniennes. Elle est à peine accueillie par Stéphane qui la conduit chez Frida, la vieille estonienne de Paris, et lui donne pour seule indication que Frida est une personne peu commode et suicidaire à ses heures.

    Effectivement, Frida n'a aucune envie qu'on s'occupe d'elle et qu'une étrangère, même Anne qui est une bonne personne, s'installe dans son luxueux appartement. Frida regrette sa vie de séductrice et surtout l'absence de Stéphane, son soleil, qui fut son amant dans les temps bénis de la folle jeunesse. Malgré l'irascibilité voire l'agressivité dont elle fait preuve à l'égard d'Anne, cette dernière résiste, échine courbée et tête de chien battu de bonne personne.

    Je pense que ce film mériterait une ° mais je ne veux pas commencer l'année sur une si mauvaise impression et puis malgré tout il y a Jeanne Moreau, toujours parfaitement à l'aise et à sa place devant une caméra. Elle est la classe incarnée malgré un scénario bâclé sur un coin de table de bistrot et des dialogues à faire fuir. Une personne entre dans la pièce et elle doit dire : "ah tu es venu ?". Méditons.

    Ni la psychologie ni l'évolution des personnages ne tiennent la route. Le film est lent, monotone, répétitif et en même temps tout arrive comme par miracle sans qu'on sente d'où provient la progression. Et le final enrobé de guimauve rose fluo donne un peu un haut le coeur de lendemain de réveillon.

    Et puis, il y a cette actrice INSUPPORTABLE qui porte la misère, la difficulté et la méchanceté du monde sur ses frêles et généreuses épaules de bonne personne, et j'ai eu grande envie de la secouer pour savoir ce qu'il se passait réellement à l'intérieur ! Son air triste, accablé (quoiqu'un éclair semble furtivement illuminer son regard éteint lorsqu'elle découvre la Tour Eiffel et l'Arc de Triomphe), son attitude prostrée et soumise ne collent absolument pas avec le fait que Frida reprenne brusquement goût à la vie en sa sinistre compagnie de bonne personne. L'incohérence est de taille. Bref, je suis sortie de la salle plutôt irritée, quoique soulagée, mais toute cette bonté me file la nausée !