Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur la Route du Cinéma - Page 557

  • Fair Play de Lionel Bailliu**

     Malgré un titre et une affiche loin d’être convaincants et attirants, voici un film hors du commun où, fait rarissime, pas un seul personnage n’est sympathique.

    Mettez cinq ordures ordinaires dans une entreprise (qu’on ne voit jamais… tout se passe à l’air libre et en dehors des heures de travail) et là tous les bas instincts se révèlent. Pour garder son travail, pour être promu, pour s’en sortir, tous les coups sont permis et surtout les plus méprisables. Soif de pouvoir, harcèlement (sexuel ou psychologique ou les deux), arrivisme, corruption, humiliation… à quelque niveau de la hiérarchie qu’ils se trouvent, rien n’arrête les personnages de cette histoire machiavélique. Le sport est vécu comme le lieu où chacun va se révéler et manifester ce dont il est capable. Même la plus innocente victime se transforme en pire bourreau. C’est à la fois réjouissant et écoeurant.

    Entre séances d’aviron, squash, parcours santé, golf, canyoning (les séquences les plus flippantes..), les acteurs (excellents) s’en donnent à cœur joie pour faire tomber les masques et les hommes… La partie de squash, assez longue, vaut à elle seule un court métrage et devrait être diffusée dans toutes les écoles de commerce.

    Bref, un film suffisamment différent et original (malgré ses faiblesses) pour ne pas le bouder 

  • Belle toujours de Manoel de Oliveira ***

     

    Standing ovation de cinq minutes pour ce film à la Mostra de Venise, vu dans la grande salle du Palais des Festivals en présence de Manoel de Oliveira. C’est touchant de voir ce petit homme bientôt centenaire, toujours aussi avide de cinéma. Jamais sans doute il ne lâchera sa caméra car il aime toujours le septième art et je l’ai déjà dit, les films de cinéphiles pour cinéphiles sont toujours une émotion grand format.

    Ici, Manoel De Oliveira décide de rendre hommage à un film sulfureux et pervers : « Belle de jour » de Luis Bunuel.

    Les deux personnages du film de Bunuel, Séverine et Monsieur Husson se retrouvent 38 ans après. Ce dernier promet de faire une révélation essentielle à Séverine, qui la libérerait de la honte de ses perversions sexuelles de jeunesse !

    Comment rendre compte d’une mise en scène parfaite avec plans fixes sidérants, lumière renversante, intermèdes musicaux et acteur grandissime ? Le film s’ouvre sur le plan d’un orchestre symphonique qui joue devant une salle comble. Parmi les spectateurs : Husson, (Michel Piccoli), plutôt distrait, aperçoit Séverine, pas revue depuis presque 40 ans. Pas un mot pendant 10 minutes au moins, mais le trouble, la nervosité du personnage sont palpables. Il faudra attendre plus de la moitié du film pour que Monsieur Husson et Séverine se retrouvent enfin devant un repas, filmé en temps réel, à la bougie et sans un mot. Entre les plages de silence de longues digressions sur la vie, l’amour, les êtres et surtout les femmes. C’est sublime !

    Michel Piccoli est gigantesque et prodigieux capable d’être à la fois sobre et démesuré : une présence.

    Un seul regret, le rôle de Séverine a été confié à Bulle Ogier (pas du tout à la hauteur). Si Catherine Deneuve (avec sa classe, sa fausse froideur, son débit inimitable et son incomparable façon de remettre les gens à leur place…) avait repris ce rôle qu’elle avait créé, on se surprend à rêver au chef d’œuvre qu’aurait été ce film !

  • Venise 2006 : un palmarès entre surprises et bizarreries.

     

    Accueilli par les sifflets de la presse et quelques applaudissements de spectateurs c’est le film du chinois Jia Zhang-Ke « Still Life » qui se voit couronner du Lion d’Or cette année, succédant à un autre chinois, Ang Lee !

    Catherine Deneuve et son jury auront fait fort en récompensant des films et des acteurs pour le moins inattendus. Sans doute ont-ils préféré attirer l’attention sur un jeune réalisateur plutôt que de consacrer un « vétéran » tel qu’Alain Resnais (Lion d’Argent) à la carrière exemplaire.

    Pour le Palmarès complet, vous pouvez cliquer ici :

    www.venise1.com/mostra-de-venise-4603.html

    Pour ceux qui attendent impatiemment les photos de mon périple vénitien… je dirai que je suis confrontée à un problème de taille : mon ordinateur refuse obstinément de les charger ! Donc, en attendant mieux (les preuves), sachez qu’à plusieurs reprises, Stanley Tucci (oui, le seul, le grand (au moins 1m68), l’unique Stanley Tucci…, j’en vois qui salivent !) m’a poursuivie de ses assiduités, du Musée Guggenheim à l’Hôtel des Bains. Moitié n’est pas jaloux mais commençait à voir rouge. Pour ceux qui ne suivent pas je précise que Moitié est un mix entre Paul Newman (jeune) et Julien Clerc.

    Isabella Ferrari a fait de l’œil à Moitié, et là, c’est moi (qui ne suis un mix qu’entre rien et peu de chose) qui ai vu rouge, mais j’ai de la chance, Moitié n’est pas un homme facile et ne se laisse pas piéger par une robe cousue sur la « bête ».

    Aux alentours de la Fenice, j’ai dit « Bonjour Jeremy », car c’est toujours ce que je fais lorsque je croise Jeremy Irons (il est beau, croyez-moi sur paroles). Il m’a dit « Hi, Pascale please to meet you again !”… et bla bla bla et bla bla bla comme on fait entre potes !

    Au même endroit, Kenneth Brannagh a entrepris l’ascension des marches de la même Fenice et là, je suis restée coite car Kenneth me pulvérise. J’ai juste dit « Kenneeeeth » et j’ai mitraillé mais quand on mitraille en tremblant d’émotion, c’est flou ! Je vous déconseille l'expérience. La cinéphile est très émotive !

    Sur le front de mer du Lido, je me suis transformée en statue de sel momentanément et quand j’ai soupiré « Alesssssssandrooooo ! », Alessandro m’a souri. Comment ? Quel Alessandro ? Alessandro Gassman cette bonne blague !. « Ma, Pascale, non è possibile, sei qui, non lo sapevo ? Che piacere verderti… » e tutti « chianti » come si facce tra amici !

    Charlotte Gainsbourg est la personne la plus douce et adorable que j’ai vue, accompagnée de son Yvan !

    Ce qui s’est passé entre Méryl et moi, ne regarde que Méryl et moi, désolée …!

    ************************************************************************************

    Réponse à tous sur la note "Evènements" du 1er septembre

     

  • The Sentinel de Clark Johnson *

     

    Pete Machin a sauvé la vie du Président Reagan. Quelques décennies plus tard, il fait partie de la garde rapprochée du nouveau couple présidentiel… Plus rapproché, surtout de Madame, on ne peut pas faire !!!

    Le bruit court qu’un complot vise le Président et c’est notre Pete qui est suspecté dudit.

    Pete, c’est Michaël Douglas (comment il se la pète…). La First Lady c’est Kim Basinger (toujours la larme au bord des paupières (crispante) dans le style « je ris quand je me brûle »). Le super flic chargé de l’enquête c’est Kiefer Sutherland (efficace et à côté de la plaque) et son adjointe, Eva Longoria (ridicule).

    Bon, une fois n’est pas coutume, je vous donne un indice : le KGB est dans le coup.

    Et là, il n’est pas interdit de rire.

    C’est très con, sans intérêt mais efficace.

  • Selon Charlie de Nicole Garcia *

     Une ville de bord de mer, froide et venteuse comme les cœurs qui y battent. Quelques hommes, mal dans leur peau, mal dans leur vie, certains trompent leurs femmes, d’autres se trompent de route, tous regrettent, végètent, dépriment, attendent ! Les femmes ? Pas mieux ! Des ombres qui dérangent ou font rêver, mais à peine ! Au milieu de tout ce petit monde « borderline », un petit garçon, plutôt triste et mutique lui aussi : il observe et souffre en silence, mais pas sans agir... cruellement et efficacement !

    Le lien entre tous ces gens : un boomerang pour changer le destin !

    Voilà le film le plus triste, le plus sinistre, le plus noir vu depuis bien longtemps ! Le but et l’intérêt de tout cela semble assez vain, voire incompréhensible, chargé de trop d’ellipses (Benoît Magimel est-il amoureux de son ami scientifique et explorateur ?).

    L’un des principes du film « choral », exercice casse-gueule s’il en est (voir les réussites de Robert Altman ou de P.T. Anderson…) est de ne pas oublier un personnage en chemin. Or, ici, il y a un jeune tennisman (plutôt antipathique) qui s’entraîne manifestement contre son gré, à devenir un champion. Il n’a aucun lien avec aucun des personnages. Il disparaît et on s’en fiche complètement !

    Nicole Garcia peut dire un grand merci à son casting masculin de rêve (tous au top niveau), unique intérêt de cette entreprise atteinte de sinistrose aiguë ! Mention spéciale à Benoît Magimel perdu et tendu.

    Triste !

  • Nausicaä de la Vallée du Vent d’Hayao Miyasaki ****

    Que Miyasaki ne produise que des chefs-d’œuvre est certes une habitude mais cela reste toujours néanmoins une surprise. Et même si ses films nous arrivent dans le désordre avec parfois, comme celui-ci, 22 ans de retard, cela n’a aucune importance, ils ne prennent pas une ride !

    Ici, la terre a été dévastée par une pollution industrielle. Une forêt toxique (magnifique) gagne peu à peu du terrain et oblige les survivants à surveiller sa progression. Les insectes ont la taille d’un immeuble et dès qu’ils quittent la forêt, ils deviennent agressifs, pour leur survie.

    De leur côté, au lieu de s’unir, que font les humains s’ils ne sont pas de la même tribu et qu’ils doivent survivre dans un univers hostile ? Ils sortent les armes ! C’est Nausicaa, princesse de la Vallée du Vent experte en delta plane et seule capable d’entrer en communication avec tous les êtres vivants qui sera au centre des combats. Plutôt que de devenir folle de haine et de chagrin (comme elle le redoute un moment) après tout ce qu’on lui a fait, elle sera une guerrière pacifiste toujours en première ligne pour tenter d’éviter les combats, n’hésitant jamais à exposer sa frêle nature en sacrifice pour faire barrage aux armes. Impressionnant et magnifique, car comme souvent chez Miyasaki, seule une fille est capable de dépasser ses souffrances personnelles pour faire progresser la paix en s'oubliant.

    Que dire encore sinon qu’en plus d’être un poème humain et écologique, que l’action ne faiblit pas un instant, que les machines volantes sont d’une inventivité stupéfiante, que les décors sont à tomber de beauté, c’est d’une profondeur, d’une intelligence, d’une humanité et d’une poésie de tous les instants !

    Miyasaki est un enchanteur, un magicien  

  • La jeune fille de l’eau de M. Night Shyamalan ***

     Cleveland, bègue pathologique, est concierge d’un immeuble de Philadelphie avec piscine. En se consacrant aux diverses réparations des uns et des autres locataires il a enfoui et essaye d’exorciser un traumatisme. Une nuit, Story débarque chez lui du fond de la piscine, « ce sont des choses qui arrivent »... D’abord perplexe il comprend que cette nymphe aquatique est un personnage de conte, qu’elle a une mission sur terre (faire quelques révélations !) et que pour l’aider à repartir vers son Monde Bleu il doit lui aussi croire au conte et persuader quelques personnages. Pour que Story puisse rentrer chez elle, elle a besoin d’un guide, d’un traducteur, d’un hypnotiseur et autres jeunes filles. C’est à un véritable « casting » fait d’erreurs de jugement et d’appréciation auquel Cleveland doit se livrer. Par ailleurs, la belle est poursuivie par une bestiole malfaisante (sorte de Kraken des prairies…) qui veut la dévorer ! Sursauts garantis.

    Certains resteront sur le bord de la piscine. Il y a même des esprits chagrins qui voient dans ce film le rêve mégalomaniaque de Shyamalan de gouverner le monde et un règlement de comptes à destination des critiques de cinéma !!! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Bêtise ou naïveté de ma part, j’y ai plutôt vu le rêve d’un Peter Pan qui croit en la bonté, qui ne veut pas grandir et j’ai plongé pour de multiples raisons. Comme toujours chez le réalisateur, il y a de bons sentiments (et aussi quelques agaçantes "bondieuseries" mais... je passe) et quand ce n’est pas niais, c’est touchant. Il y a de l’entraide, de la douceur alors que tournent en boucle sur les écrans de télé les images de la guerre en Irak. C’est doux et féerique alors qu’il n’y a pas (ou peu) d’effets spéciaux et puis c’est sublimement filmé comme toujours.

    La nymphe, Narf plus exactement, c’est Bryce Dallas Howard, étrange fille de porcelaine qui pourrait jouer tous les elfes de la création sans maquillage ni oreilles pointues, tant son beau visage est insolite.

    Cleveland, c’est Paul Giamatti : absolument phénoménal !

    N’hésitez pas, plongez.

  • ADIEU CUBA d’Andy Garcia **

    adieu cuba -

     

    Le plus simple est de se laisser envoûter immédiatement par la musique car on danse et on chante d’un bout à l’autre de ce film et la Salsa et le Cha-cha ça met rapidement des fourmis dans les jambes !

     

    Andy Garcia (la coquetterie dans l’œil la plus sexy d’Hollywood…) nous parle amoureusement de son pays, la Havane et nous conte l’histoire d’une riche famille locale dont deux des frères prendront part aux évènements et l’autre pas. C’est lyrique, épique et sentimental et personne ne manque à l’appel : Batista, Fidel Castro, Ernesto « Che » et même Fangio. On sent toute l’implication du réalisateur à chaque plan et bien qu’on s’intéresse, on a du mal à s’émouvoir réellement.

     

    Andy Garcia a tourné avec les plus grands acteurs et réalisateurs et il semble qu’il les ait beaucoup observés. Il « robertdeniroise » et « alpacinise » son jeu, ce qui est loin d’être désagréable. Le plus étrange est qu’il semble plus admiratif quand il regarde Bill Murray que la sublime Inès Sastre. Bill Murray s’extravertit enfin de ses rôles nihilistes et nous régale de sa présence. Je décerne en outre la Palme d’Or, l’Oscar, le César, le Goya et l’Ours d’Or à son habilleuse…

     

    C’est le premier film d’Andy Garcia et il peine un peu à lâcher sa caméra ce qui fait que l’exil à New-York plombe un peu son film d’une demi-heure de trop.

     

    En résumé donc, un film pas révolutionnaire mais honnête et sincère ce qui est déjà beaucoup.