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DANS MA DV-THEQUE - Page 7

  • Le plus sauvage d’entre tous de Martin Ritt ***

      

    A la demande générale de Ed., lassée de mes effets spéciaux qui tanguent, et en attendant mon retour dans les salles… voici La révélation ou, comment tout a commencé entre lui et moi !

    Je m’offre la coquetterie de ne pas parler de l’année de ce film mais il se trouve que c’est le premier que j’ai vu avec Paul Newman (à la télé noir et blanc de l’époque…), affectueusement et familièrement appelé depuis « Mon Paulot » !

    Avec le recul du temps qui a coulé sous le Pont Mirabeau, je comprends mieux l’inquiétude de mes parents qui se demandaient pourquoi je n’étais pas plus attirée par « La mélodie du Bonheur » ou « Mary Poppins » mais encore et toujours aimantée par les westerns . Il se trouve que ce film est un drame étonnant où, dans un vieux ranch à l’abandon, se déchirent un père rigide et pas affectueux et un fils (Paul Newman) forcément écorché, que l’absence d’amour de son père a rendu insensible, rebelle, voire violent. Tout ceci est observé par une gouvernante (Patricia Neal, magnifique, plus une midinette) dévouée et troublante. C’est un western moderne à l’ambiance lourde. Aucun manichéisme ne vient stigmatiser les personnages qui ne sont ni aimables, ni détestables. On y parle peu, on s’observe et quand on se parle, c’est pour se dire des horreurs.

    Alors que « La fureur de vivre » de James Dean m’avait paru peu réaliste et que je n’avais rien compris à « L’équipée sauvage » de Marlon Brandon… je découvrais médusée, fascinée et séduite à jamais : Mon « Rebel without a cause ».

    Plutôt que de se laisser enfermer dans des rôles auxquels aurait pu le cantonner son physique, Paul Newman ose des personnages ambigus et déplaisants. Il est ici vraiment antipathique, misogyne, alcoolique et pourtant… !

    Le film lumineusement photographié évolue dans un climat pesant et n’offre aucune rédemption de dernière minute au « héros ».

     

  • Breakfast on Pluto de Neil Jordan ***

    C'est le week-end et vous ne savez que mettre dans votre mange-dvd ! Je vous recommande +++ ce petit bijou sorti dans l'indifférence générale en février avec cet "amazing" acteur Cillian Murphy. 

    "Breakfast on Pluto" vient juste de sortir en DVD.

    Pour vous faire une idée et ne plus hésiter, cliquez ici !

    Et voici la note que j'avais fait à l'époque

     

    Ne vous y trompez pas, cette jolie fille...

     est un garçon .

    Patrick est un garçon. Il vit dans un bled paumé irlandais. A la naissance il est abandonné par sa jolie maman qui cache un secret trop lourd à porter dans cette Irlande ultra catholique... Elle s’est échappée pour vivre dans la ville qui l’a engloutie : Londres. Patrick est élevé dans une famille d’accueil pas très chaleureuse et pas très compréhensive. Patrick aime depuis tout petit s’habiller en fille et il fait un peu/beaucoup honte à sa maman d’adoption. Assez jeune, il s’enfuira lui aussi pour échapper à cette famille.
    Patrick dès lors se fera appeler Pady, Kitten ou Patricia en assumant totalement son désir obsessionnel de changer de sexe. Il part à la recherche de lui-même beaucoup, de sa maman, énormément : « the phantom ladie », la femme adorée, idéalisée et de l’amour, tout simplement mais résolument. Au bout du voyage qui le ramènera au point de départ, il trouvera un père, « son » père. Et quel père…?

    En chemin, il se forgera une personnalité à hauteur de sa démesure mais pourtant faite de légéreté, de délicatesse, de fausse insouciance ce qui est plus commode pour traverser les épreuves. Patrick sera fragile comme une petite fille, espiègle comme un lutin, d'une gentillesse (absolument pas au sens péjoratif) déconcertante et c'est ce cocktail insolite et charmant qui le rend tellement attendrissant.

    Quelques aberrations scénaristiques n’empêchent pas d’aimer ce film à la folie. De rencontre en rencontre, Patrick traverse cette époque troublée des années 70 et sera même mis en cause dans un attentat de l’IRA (très réaliste) et soupçonné d’être un terroriste. Au cours de l’interrogatoire, plus que musclé, on passe brusquement à un film brutal et cru alors que jusque là, et malgré les difficultés du héros, on était plutôt dans la poésie et la douceur.

    Patrick, c’est Cillian Murphy qui habite ce rôle démesuré sans avoir l’air de forcer jamais. A aucun moment son jeu n’est caricatural, même si le personnage l’est, forcément. Et ce personnage rêveur on l’aime parce qu’il est un mélange de douceur, de naïveté, d’innocence, de bonté et pour le spectateur (fille ou garçon) comme pour certaines personnes qu’il rencontre, il est difficile de ne pas succomber. Patrick est irrésistible tout simplement et il habille son désespoir (très poignante scène où il supplie littéralement les terroristes qui le méprisent, de le tuer : « vous n’avez même pas une balle perdue pour quelqu’un tel que moi ! ») avec un humour et un optimisme inaltérables. Il sourit et rit beaucoup pour éviter que la vie ne soit que cette vallée de larmes…

    Ses rencontres sont à la fois cocasses et attendrissantes car étonnamment ce sont les hommes les plus virils et machos possibles qui tombent sous le charme de cette adorable personne. Elles peuvent être également d'une cruauté sans nom lorsqu'un "magicien" l'utilise, sous hypnose et lui fait revivre en public et à son insu, des scènes traumatisantes. Le public raffole et se tord de rire...

    Liam Neeson, Brendan Gleeson et Stephen Rea (entre autres) entourent avec bonheur Cillian Murphy mais c'est ce dernier qui  est magnifique, renversant et impressionnant dans un rôle remarquable et époustouflant.

  • Cavale de Lucas Belvaux***

     

    Deuxième volet de sa trilogie exemplaire "Un couple épatant", "Cavale", "Après la vie", cette cavale est fascinante et semble être l'esquisse (déjà très aboutie) du formidable "La raison du plus fort" sorti récemment. Quel acteur et quel réalisateur que ce Lucas Belvaux !

    Bruno s'évade de prison et souhaite se venger de ceux qui l'ont trahi et reprendre contact avec ses anciens compagnons de lutte (il prône la révolution prolétarienne). Mais les temps et les gens ont changé et il ne trouve plus écho nulle part à son idéal. Pas même chez Jeanne (merveilleuse Catherine Frot) qui partageait la lutte avec lui et semble l'avoir aimé. Elle l'aidera néanmoins dans sa cavale solitaire, car curieusement ce sont les femmes (superbes, étonnantes) qui sont "fraternelles" dans cette histoire, avec un sens de l'honneur au sommet.

    La course folle de Bruno pour échapper à la police est fascinante, passionnante et bouleversante. C'est violent, romantique, tendu et mélancolique. Lucas Belvaux n'explique pas, n'excuse rien. Il montre, et bien. C'est magnifique. C'est enragé, désespéré, à la limite de la perfection.

    Un acteur et un réalisateur rares, uniques, essentiels.

  • MAGNOLIA de Paul Thomas Anderson****

     « Magnolia » était une fleur, c’est devenu un vertige.

    « Magnolia » est un film « choral », exercice cinématographique périlleux, mais celui-ci aboutit. Aucune histoire n’est oubliée en chemin et ici, pas moins de neuf personnages croisent et entremêlent leurs destins. Chaque histoire, cocasse, drôle, émouvante, bouleversante, mais toutes passionnantes, aurait pu faire l’objet d’un film et pourtant à aucun moment P.T. Anderson ne s’égare, délaissant ou privilégiant l’une ou l’autre. Il conserve tout au long de son récit une limpidité absolue sans oublier de surprendre, malmener, ébouriffer le spectateur médusé, déconcerté et consentant.

    Le montage kaléidoscopique, rythmé et énergique est emporté par une caméra virtuose qui transporte dans un tourbillon d’émotions et de sentiments.

    La musique lancinante, envahissante ajoute au trouble permanent, à la tension constante.

    Et puis, en plein milieu de ce long film jamais trop long : une scène, LA scène sublime où tous les personnages dispersés aux quatre coins de la ville fredonnent la même chanson, « Wise up » d’Aimee Mann. C’est un instant de calme et de douceur, d’abandon, de réflexion suspendu dans la tourmente. C'est ici que même le spectateur peut prendre le temps de se reposer avant de repartir vers le tumulte.

    Les thèmes abordés sont forts et universels : l’amour, l’amour filial, le remord, la rédemption, l’inceste… et là encore P.T. Anderson qui n’a aucune pitié, mais beaucoup de respect, pour son spectateur, le secoue sans ménagement comme un shaker.

     Les acteurs ne sont pas négligés dans cette agitation et offrent TOUS une partition haut de gamme. Le cabotinage n’est pas toujours désagréable quand il est maîtrisé et de ce niveau.

    Tom Cruise est parfait, il ne sauve pas le monde. Il est d’abord ignoble, suffisant et pourtant drôle, puis il se décompose sous nos yeux pour s’effondrer finalement, enfin humain, enfin apaisé. Magnifique.

    Philip Seymour Hoffman d’abord mystérieux puis généreux offre une composition superbe d’une humanité bouleversante. Il est le seul acteur que je connaisse qui soit parvenu jusqu’alors à exprimer par son visage, d’une douceur idéale : la compassion !

    John C. Reilly est touchant en colosse amoureux et maladroit.

    William H. Macy est étonnant et comme toujours irréprochable.

    Julianne Moore, border line et au bord de l’hystérie est sublime.

    Jason Robards (qui reste à jamais pour moi le « Chéyenne » d’ « Il était une fois dans l’Ouest ») impose sa présence magnétique alors qu’il est immobile et mourant durant tout le film…

    Aucun acteur de cette distribution de rêve n’est à négliger, ils sont tous à la fois touchants et intenses. Bravo !

    Ce film est un choc, et ce genre de secousse est aussi fréquent au cinéma qu’une pluie de grenouilles sur Los Angelès... mais :

    "ce sont des choses qui arrivent !"...

  • Lord Of War d’Andrew Niccol***

     Rien que les trois premières minutent valent le détour et auraient mérité de remporter tous les prix internationaux. C’est un reportage, un documentaire, un court-métrage puissant, efficace : on y suit le parcours d’une balle de kalachnikov de sa fabrication jusqu’à sa destination finale entre les deux yeux d’un petit garçon africain !

    La démonstration est terrifiante mais l’exercice est brillantissime.

    Néanmoins, même si elle est incroyablement documentée et tirée de faits réels, nous sommes dans une fiction et Nicolas Cage apparaît, costume impeccable de VRP et nous dit, face caméra : « 1 personne sur 12 sur la planète est armée. Le problème est … : comment armer les 12 autres ? ».

    Glaçant.

    La toute dernière sentence nous assène que les trafiquants d’armes sont prospères, qu’ils soient rassurés, mais aussi que les plus importants fournisseurs d’armes au monde sont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France (cocorico !), et la Chine… soit les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU !!!

    Désespérant.

    Entre les deux, on nous montre le parcours d’un émigrant minable qui voulait s’en sortir. Comme il est sans foi ni loi, immoral et qu’il aime l’argent vite gagné il s’enrôle volontaire dans le commerce d’armes. C’est illégal mais tout le monde est au courant. Qu’importe le conflit, et ce n’est pas ce qui manque dans le monde, vendre aux deux camps qui s’opposent n’est ni un problème moral ni un handicap.

    Nicolas Cage, œil de cocker, sourire triste, assume parfaitement ce rôle d’ordure qui par ailleurs mène une vie  de frère, d’époux et de père de famille irréprochable. Par ailleurs, le film recèle de grands moments d'anthologie : les pourparlers avec différents dictateurs africains, le dépouillement d'un avion chargé jusqu'à la gueule d'armes et dépouillé en 10 minutes au mileu de la brousse, les affrontements avec un flic obstiné d'Interpol...

    La démonstration fait vraiment peur et il est difficile de sortir indemne de la projection de ce  film.

    Ce monde est pourri et la barbarie peut dormir tranquille, elle a encore de belles heures devant elle.

  • Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone (1966)****

     

    Sergio Leone est sans doute le réalisateur champion du monde des plans séquences silencieux qui s’étirent à l’infini pour notre (mon ?) plus grand bonheur. Ici les acteurs parlent avec leurs yeux et quand ils parlent vraiment cela devient expéditif…

    1864… plus ou moins, alors que les Etats-Unis sont à feu et à sang et se déchirent dans une guerre fratricide, 3 zigotos pas très recommandables, individualistes forcenés traversent le pays à la recherche d’un magot de 200 000 dollars planqué dans une tombe, dans un cimetière. Quelle tombe ? Quel cimetière ?

    Blondin sait dans quelle tombe. C’est lui le « bon », ce qui est relativement vite dit car, exceptés deux accès compassionnels envers deux mourants, il est plutôt sensible de la gâchette et pas le genre à se laisser marcher sur les éperons. Le Bon, Clint Eastwood, démarche chaloupée, cigare vissé à la bouche, regard pénétrant et énigmatique, taiseux et lymphatique, entrait, sans le savoir avec une classe infinie dans la légende westernienne, et portait comme personne et sans être ridicule (comme d’autres le font pour la cape et le slip rouges…) le poncho !

    Tucco sait dans quel cimetière. C’est lui le « truand » multi condamné, multi récidiviste et la liste de ses forfaits qui va du vol au meurtre en passant par le viol est longue comme un jour sans pain. Le Truand, est un type à la fois pathétique, roublard, menteur et tricheur et on ne peut que saluer bien bas l’interprétation haut de gamme d’Eli Wallach qui le rend tour à tour grotesque, ridicule, humain et émouvant.

    Sentenza ne sait rien mais par ses méthodes barbares s’immiscera dans le duo pour avoir sa part du butin. La Brute, c’est Lee Van Cleef dont le physique atypique et inquiétant s’adapte parfaitement au rôle du très méchant, sadique et sans cœur.

    Absolument sans morale, complètement opportunistes et prêts à tout pour sauver leur peau, les trois lascars seront tour à tour yankee ou sudiste selon les besoins de leur cause et porteront le costume gris ou le costume bleu au hasard de leurs rencontres.

    Mine de rien, Sergio Leone propose une belle charge anti-militariste en montrant les ravages de part et d’autre d’une guerre civile abominable qui s’étire en longueur et multiplie les victimes. La défense d’un pont ridicule est l’un des épisodes dramatique et spectaculaire de cette tragédie. De bien belles scènes pleines de rage et de mélancolie ponctuent ce western sublime et nonchalant comme on n’en fait plus. Une scène de torture assez longue ajoute encore à la barbarie ambiante.

    Arrivés au cimetière de Sad Hill, Sergio Leone nous offre le clou de ce spectacle ininterrompu : la course effrénée d’Eli Wallach est une prouesse où la musique lancinante d’Ennio Morricone transcende les images et la rend magique. Le duel à trois qui s’ensuit s’étire à l’infini et la caméra s’approche des regards pour ajouter une scène mythique à ce film qui en contient déjà tant. Il la reproduira à l’identique dans «Il était une fois dans l’Ouest » avec Henry Fonda et Charles Bronson.

    Dernière cerise sur ce gâteau déjà savoureux et somptueux, le Bon face au Truand et la réplique des répliques :

    "Tu vois, le monde se divise en deux catégories ! Ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent.... Toi tu creuses !".

    Un chef d’œuvre.

  • Minuit dans le jardin du bien et du mal de Clint Eastwood ***

    Un film de Clint sans Clint demeure quand même un voyage. Ici tout n’est que prétexte et nous sommes embarqués dans une flânerie colorée au cœur de Savannah, ville sudiste moite où tout devient rapidement romanesque.

    John Kelso (John Cusak, bouche bée) jeune journaliste new-yorkais est envoyé à Savannah pour « couvrir » la réception annuelle de Jim Williams (Kevin Spacey, séduisant et dandy) riche collectionneur d’art. C’est donc dans les quartiers riches que nous nous trouvons.

    Dès le lendemain, l’évènement mondain tourne au fait divers et Jim Williams est accusé du meurtre de son amant Billy (Jude Law, bad boy). Le journaliste, emballé, flaire le scandale et décide de s’installer en ville pour suivre le déroulement du procès. Il convainc sa rédaction par un : « c’est génial ici, on dirait Autant en emporte le vent sous mescaline ! ».

    A partir de là, ce sont plus les à côtés pittoresques que l’enquête elle-même qui importent. Tout ici n’est qu’apparences, simulacres et futilités. C’est vain et c’est délicieux.

    Voilà un bien curieux polar, nonchalant et passionnant où les morts, les vivants, les pouvoirs occultes s’embrouillent harmonieusement et où des personnages hauts en couleur assurent le spectacle, notamment l’extravagante Lady Chablis (autochtone dans son propre rôle) exquise et loufoque.

    C’est magnifique, irrésistible et somptueux.

  • UN MONDE PARFAIT de Clint Eastwood****

    L’insomnie a cela de bon qu’elle permet la redécouverte de la Dvthèque, et en cette période de Clinteastwoodite aigue, la cinéphile exulte.

    Ce film est comme son titre l’indique : parfait et Clint offre une fois encore une leçon de cinéma. Un trou étatzunien de plus (les alentours de Dallas à la veille de la visite de JFK), de nouveau les années soixante (donc une musique bluezzy idéale et adéquate) et cette fois, Clint traite à sa façon de l’éclatement de la cellule familiale et de ses conséquences.

    Butch, criminel tout juste évadé de prison prend en otage Philip (8 ans) et entame avec lui une cavale drôle et dramatique qu’il transforme en jeu de piste géant pour cet enfant à l’éducation rigide qui lui rappelle sa propre enfance privée de père. C’est un road-movie (genre cinématographique réjouissant) physique et métaphorique où la recherche du père est centrale. Le petit Philip sera vite atteint du Syndrome de Stockholm qui atteint tout otage tombant sous le charme de son ravisseur. Et de charme, Butch n’en manque pas, ni de fantaisie et la relation tendre qui s’installe entre ces deux paumés en manque d’amour sera l’objet de scènes cocasses, émouvantes, poignantes et dramatiques. A la poursuite de cet improbable duo : l’as des Texas Rangers (Clint Himself), une criminologue (Laura Dern) et un agent du FBI bas de plafond.

    Comme toujours, le casting est magnifique jusque dans le moindre second rôle. En tête Kevin Costner absolument remarquable de justesse, tour à tour inquiétant, déroutant, paternel, amical, trouve ici l’un de ses plus beaux et grands rôles. Le petit garçon n’a rien avoir avec les têtes à claques hollywoodiennes, petits anges blonds bourrés de tics, il est surprenant en petit fantôme aux grands yeux. Laura Dern est magnifique en idéaliste (un de mes rêves étant d’être à sa place lors du coup de genou qu’elle assène entre les jambes du sniper du FBI (physique de top model, une teub et un flingue à la place du cerveau).

    Si le final déchirant est poignant, ce film est parsemé de scènes d’une force inouïe et parfois inattendue comme celle où Butch et Philip sont recueillis par un couple de noirs et leur petit fils de 6 ans. Pour défendre le petit garçon qui vient de prendre plusieurs gifles d’affilée, Butch, toujours indigné dès que les enfants sont en danger, nous inflige une séance de torture mentale interrompue de la plus ahurissante façon : un choc !

    Clint Eastwood, grand félin magnifique traverse le film de son humanité, forgeant son mythe de film en film. Deux ans plus tard il affirmera encore son incorrigible romantisme, sa pudeur, sa délicatesse et son intensité en révélant sur grand écran l’impossible amour d’une fermière de presque 50 ans et d’un homme de 65 (voir ci-dessous) : une légende en marche ! 

  • Sur la Route de Madison de Clint Eastwood *****

    Dans ma Dvthèque de rêve il y a ce joyau inoubliable qui donne (ou presque) son titre à ce blog modeste qui cherche à lui rendre hommage jour après jour. Si « Sur la route de Madison » n’est pas à l’origine de la passion cinéphile qui m’anime (elle lui est bien antérieure), il est ce genre de film (un par décennie environ…) qui l’alimente, la confirme et la justifie. « Sur la Route de Madison » est LE film d’amour incontestable (je parle toujours en mon nom).

    La question reste : comment d’un roman écoeurant de guimauve Clint Eastwood a pu tirer cette œuvre subtile et déchirante ???

    L’histoire, traitée en flash-backs limpides et harmonieux, est simple : deux enfants Michaël et Caroline viennent régler la succession de leur mère Francesca et découvre son journal intime. Ce journal va leur révéler l’inconcevable, car quelque soit l’âge on reste les enfants de nos parents. Leur mère « parfaite » a donc eu une vie intérieure d’une profondeur inouïe, en dehors de son dévouement (son sacrifice plutôt !) à sa famille, elle a eu une vie, une sexualité, des regrets et…: un éternel amour de quatre jours.

    Francesca, ménagère de plus ou moins cinquante ans, discrète et isolée rencontre de façon inattendue Robert Kincaid, photographe au National Geographic, alors que son mari et ses enfants sont partis pour quatre jours à une foire aux bestiaux. Robert, le charme et la séduction incarnés va comprendre cette femme, s’y intéresser, la faire rêver et Francesca s’épanouira à son contact et dans ses bras et décidera finalement que ces quatre jours suffisent à remplir et légitimer sa vie.

    C’est la perfection que Clint Eastwood donne à son film par le moindre plan, le moindre mouvement de caméra qui rend l’histoire unique et lui confère une puissance émotionnelle rarement atteinte au cinéma.

    Meryl Streep en fermière du fin fond de l’Iowa, douce et frémissante est la douceur et la sensualité mêmes. Clint Eastwood, sobre et nonchalant est le sex-appeal incarné. Les scènes mythiques et bouleversantes se succèdent (point d'orgue : celle où Francesca téléphone, Robert est assis et lui tourne le dos, c'est là que TOUT se joue) et les citer ressemblerait à un catalogue indigne de ce chef-d'oeuvre (le mot est lancé). Mais voyez les regards qu'ils échangent, les fourires qu'ils partagent, la complicité, la connivence absolues !

    « Sur la route de Madison » est le film des ponts au charme ensorcelant, le film de la route au chien jaune, le film de Robert et Francesca qui cherchent toute leur vie le chemin qui les mènent l'un vers l'autre, pour finir par ne plus faire qu'un,

    Le film d’un

    ETERNEL AMOUR DE QUATRE JOURS,

    ce genre de certitude n'arrive qu'une fois dans une vie...