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Synopsis : Dans les coulisses, quelques instants avant le lancement de trois produits emblématiques ayant ponctué la carrière de Steve Jobs, du Macintosh en 1984 à l’iMac en 1998, le film nous entraîne dans les rouages de la révolution numérique pour dresser un portrait intime de l’homme de génie qui y a tenu une place centrale.
Paul Dédalus porte un nom impossible et il se souvient de trois "choses". Son enfance à Roubaix, un voyage en URSS, son amour pour Esther... un temps perdu qui ne reviendra pas. Nostalgie, mélancolie, regrets et humour sont au menu.
"L'éducation est un droit fondamental. Il doit être assuré par la famille et si elle n'y parvient pas, il revient à la société de l'assumer..." Cette phrase, l'hypersensible Emmanuelle Bercot l'a lue dans le livre d'un juge et elle résume tout à fait le sujet de son film. Le parcours éducatif de Malony de 6 à 18 ans, qu'une juge pour enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver de la dégringolade.
Grâce au Festival Télérama qui permet chaque année de revoir en salle POUR 3.50 €UROS les meilleurs films de l'année écoulée, j'ai pu re-re-voir celui que j'ai classé numéro Un de mon top 2014.
Eve et Adam... oui, Adam et Eve, s'aiment depuis des siècles. Ils sont toujours jeunes et beaux. Plutôt intemporels, sans âge et éternels. C'est normal ce sont des vampires.
Comment parler de Laurence Anyways sans le trahir, sans l'abîmer, sans le ternir ? Film-fleuve imparfait, troublant, déroutant mais inattendu, inespéré. De ceux qui se glissent jusque sous la peau, dans les rêves de la nuit, qui accompagnent dès le réveil et offrent la certitude que oui, enfin, on a vu quelque chose de tumultueux certes, mais aussi de différent, nouveau, moderne. Pas révolutionnaire, non, puisque son sujet est vieux comme le monde et le cinéma, mais bien plus que cela. Unique. Merci donc à Xavier Dolan de m'emmener aussi loin, de me faire ressentir autant d'émotions en 2 h 39 mn. Le résultat est là. Impressionnant dès la première image de ce rideau flottant, vaporeux qui se soulève, jusqu'à la toute dernière qui arrive trop tôt et nous laisse orphelins de Laurence !
De quoi s'agit-il ? D'une bonne dizaine d'années dans la vie de Laurence (c'est un garçon) et de Fréd (c'est la fille !) qui s'aiment d'amour fort et rédigent des listes de tout ce qui pourrait éventuellement ne pas leur procurer du plaisir. C'est mainstream. Laurence enseigne la littérature de façon très rock'n'roll à de jeunes gens qui apprécient beaucoup la méthode. Fréd travaille dans le cinéma, script sans doute. Ils s'aiment fort je vous dis, se comprennent au moindre regard, s'amusent et parfois même parlent comme dans les livres. Et puis un soir, Laurence explose "il faut que je te parle sinon je vais mourir", et tout s''effondre, mais pas tout de suite. Il parle et ne meurt pas. Laurence veut devenir une femme. En fait, il EST une femme puisqu'il ne s'est jamais senti homme. Il (se) ment depuis 35 ans et il souffre. Fréd s'écroule : "tu me mens depuis qu'on se connaît, pourquoi tu ne m'as pas dit que tu es gay ?". Sauf que Laurence n'est pas gay. C'est juste qu'il n'est pas un homme mais cela ne change rien, il aime toujours Fréd, plus que jamais. C'est décidé, dès la rentrée, il s'habille en fille. Le coup accusé, Fréd décide d'accompagner son homme dans la métamorphose et de le soutenir. Vaillante et généreuse, fougueuse, amoureuse, la jeune femme est même fière de son Laurence qui va devoir affronter ses proches, ses collègues, ses élèves, le monde... Laurence, le premier matin du reste de sa vie, se présente au lycée où il enseigne, pour la première fois habillé en fille et maquillé, alors que ses cheveux sont encore très ras et l'allure bien masculine. La traversée du couloir est un moment inouï. Insolent et déterminé Laurence avance à grandes enjambées. Appuyé sur le bureau face à sa classe qui fait brusquement silence en le découvrant ainsi vêtu, le coeur de Laurence palpite au-dela de l'écran et fait vibrer celui du spectateur. Cet instant suspendu semble interminable. Ne comptez pas sur moi pour vous dire qui va rompre ce pesant silence et comment se conclut cette scène magistrale !
Puis Laurence se fait tabasser par un gras lourd, devient persona non grata de l'éducnat, rencontre de vieilles dames bariolées exentriques qui vont l'aimer sans condition... pendant ce temps Fréd perd pied, sombre dans la dépression et quitte Laurence. Si la scène ne vous fait pas sangloter, quittez la salle ! Séparés, Fréd et Laurence vont tenter de vivre, mais leur amour est plus grand que le temps et l'espace qui les éloignent désormais. Lorsque Laurence termine enfin son recueil de poèmes et l'envoie à Fréd pour lecture, Xavier Dolan exprime au sens le plus strict du terme ce que torrent de larmes veut dire. Et c'est ce qui est beau et fort dans ce film lyrique, exalté, exubérant. Le réalisateur n'a peur de rien, d'aucun effet, et le cinéma en procurent beaucoup, pour dire la profondeur d'un amour ou l'ampleur d'un chagrin. Ni de pousser l'ampli à 10, ni d'user (sans abuser) des ralentis, de faire tomber les feuilles ou les flocons pour faire joli ou signifier que c'est le début du commencement de la fin du monde. Il n'hésite pas dans la même BO à faire se côtoyer Brahms, Beethoven, Tchaïkovski, Vivaldi, Satie et Céline Dion, Dépêche Mode, Duran Duran. Une des scènes particulièrement réussie, baroque, exubérante est celle du bal où, sur Fade to grey de Visage, Fréd fait basculer sa vie, celle de Laurence (absent) et le film...
Ce ne sont pas seulement les images, les plans, le format carré qui sont magnifiques et originaux, c'est toute la fougue et la ferveur mises pour exprimer la profondeur d'un sentiment qui balaie tout sur son passage mais finalement ne parvient pas à s'accomoder d'un anti-conformisme pas banal. Le réalisateur évoque mais ne s'appesantit pas sur la marginalité de la situation. Rien n'est lourd pour exprimer l'ostracisme, l'exclusion, la solitude et le fait que la transexualité soit considérée comme une maladie mentale. La détermination de Laurence n'est à aucun moment mise en doute mais ce qui intéresse davantage Xavier Dolan, c'est l'intensité insensée d'un amour romantique impossible. Et là, il y va à fond dans les ruptures, les retrouvailles, le manque, les séparations et ce "besoin de consolation impossible à rassasier". Pour tenter de trouver ce réconfort, Laurence se tourne régulièrement vers sa mère (Nathalie Baye, exceptionnelle), la supplie, se jette dans ses bras. Il ne trouve que les paroles embarrassées ou blessantes d'une femme tranchante comme un scalpel qui osera un "je ne t'ai jamais considéré comme mon fils"... Je vous laisse découvrir la seconde partie de la phrase (qui ouvre à nouveau les vannes lacrymales).
Cela dit, entre deux sanglots, il n'est pas interdit de rire franchement car sur le parcours de Laurence et Fréd passe toute une galerie de personnages parfois hauts en couleur. Notamment la soeur de Fréd, l'hilarante et époustouflante Monia Chokry (révélation divine des Amours Imaginaires).
Mais les deux piliers de ce film phénomène ou phénoménal sont évidemment l'impressionnante Suzanne Clément qui est sans faillir, la Fréd aux cheveux rouge, tour à tour extravagante, extravertie, puis border line frôlant la folie. Et bien sûr Melvil Poupaud, tout entier livré, abandonné à Laurence qui décide "de descendre la pente dans la peau d'une femme". Sa voix, ses gestes, le moindre de ses sourires, de ses larmes, de ses clins d'oeil (sexy) est inoubliable.
Antoine vit de nos jours à Montréal avec Rose sa femme adorée et ses deux filles. Tout est lumineux, beau et sourit à ce "remixeur" canadien qui parcourt le monde avec son étrange musique. La musique d'ailleurs est au centre de sa vie depuis toujours et il a partagé cet amour depuis l'adolescence avec une fille aimée à la folie, Carole, la mère de ses deux petites. Tout n'est donc pas si rose et éclatant que la lumière éblouissante qui baigne le film le laisse supposer. Car Carole souffre, gravement, durablement. Elle ne parvient pas malgré les années qui passent à se remettre de la séparation d'avec l'irremplaçable et irremplacé Antoine qui lui non plus ne l'oublie pas...
A Paris dans les années 60, Jacqueline donne naissance à Laurent un enfant différent, un petit trisomique et il n'y avait d'autre choix dans ces années là que de placer directement ces enfants dans un centre pour handicapés. Jacqueline refuse, se débarasse du père qui ne se sent pas de taille à élever un tel enfant et elle va se battre jour après jour pour tenter de faire de l'enfance de son fils un véritable enchantement.
Quel rapport entre les deux histoires ? Chut ! Jean-Marc Vallée met pratiquement une heure et demi à amorcer un début de réponse. Avant d'en arriver là, il nous balade au son et au rythme d'un film d'une ambition folle et démesurée, totalement déstructuré
Malgré la difficulté qu'on a à faire le lien entre les deux histoires, les deux époques, les deux styles du film (la lumière et les couleurs à Montréal, les tons froids et la tristesse à Paris) on est embarqué. Le réalisateur s'empare du spectateur et ne le lâche plus. Comment réussit-il ce miracle ? C'est indicible, insensé et intraduisible un miracle. Mais on s'attache avec passion aux quatres personnages principaux. On les comprend, on partage leurs joies et leurs peines, on tremble pour eux et on a qu'une envie : les voir heureux enfin et pour toujours. Evidemment ces gens sont beaux, intelligents, chaleureux, compréhensifs, sensibles mais il n'est pas interdit de regarder un film comme on rêve. Et puis, ils nous parlent de sentiments comme c'est rarement arrivé au cinéma et il y a dans ce film au moins deux déclarations d'Amour tellement sublimes que je vous mets au défi bande de sans coeur de ne pas écraser une larmichette.
Jean-Marc Vallée vous avait emballés, surpris et amusés avec "C.R.A.Z.Y.", il va vous bouleverser avec ce "Café de Flore". C'est un film d'amour comme je vous assure vous n'en avez jamais vu, qui fait frémir d'émotion. La douceur, l'intelligence, le charme des personnages sont époustouflants. Ils évoquent l'amour éternel, l'âme soeur, l'amour maternel, le pardon, la réconciliation et c'est magique. On frissonne jusqu'aux dernières secondes pleines de rage, de tristesse et d'apaisement et on reste envoûtés par l'atmosphère planante, volatile, touchés en plein coeur par ces histoires, bercés et agités par la musique (bande orginale GRANDIOSE !).
Les acteurs ? Des merveilles (même les enfants) ! Vanessa Paradis mère courage dénuée du moindre attrait physique, amoureuse de son fils, est LA mère. Elle est exceptionnelle. Les autres, inconnus chez nous, Kevin Parent, Hélène Florent, Evelyne Brochu sont inoubliables.
N'écoutez pas ces pisse-froids qui parlent d'artifice et de manipulation. Ecoutez-moi qui vous dis qu'un film aussi beau, intelligent, inventif, à la construction tellement exigeante, qui aborde la réincarnation, frôle le mysticisme sans y sombrer, vous affirme que chacun d'entre nous a sa "flamme jumelle" qui brille quelque part, sans être jamais ridicule, c'est une aubaine, un bonheur, un frisson. C'est pour ce genre de films rares et précieux qui nous rappelle qu'au cinéma tout est possible qu'on endure des navets sans âme. Ce genre de films est une récompense.
Je l'avais vu à Venise il y a une éternité (septembre 2011) en présence de l'équipe du film, acteurs et réalisateur et je l'ai encore davantage aimé.