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1 ***** VERTIGINEUX - Page 7

  • Un prophète

    de Jacques Audiard *****

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    Avec Tahar Rahim, Niels Arestrup, Reda Kated

    Malik n’est encore qu’un tout jeune garçon quasi analphabète lorsqu'il est condamné à 6 ans de prison. Il est terrifié de découvrir l’univers carcéral, et très seul. Dans le bâtiment où il se trouve, la Mafia Corse fait la loi, avec à sa tête un « parrain » Cesar Luciani aux pouvoirs étendus et incontestés qui règne à la fois sur les détenus et sur les gardiens.

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  • Tulpan de Sergey Dvortsevoy*****

    Tulpan


    Alors qu’il rentre de son service militaire effectué dans la marine, Asa revient vivre avec sa sœur, son beau-frère et leurs enfants. Il rêve de se marier avec Tulpan qui ne veut pas de lui, prétextant qu’il a de trop grandes oreilles…
    Cet argument est l’occasion pour le spectateur de découvrir un endroit du monde une planète inconnue, un lieu irréel qu’il est difficile d’imaginer même au plus profond de notre campagne la plus reculée : le Kazakhstan. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’irais y passer mes prochaines vacances tant la dureté de la vie et du climat y est rude pour une petite nature délicate… mais le formidable savoir faire du réalisateur nous plonge, nous immerge dans la quatrième dimension, une région insensée au milieu de nulle part, balayée en permanence par le vent, les tornades, écrasée de soleil. Cela donne des images à couper le souffle, d’une beauté fabuleuse qui aimantent littéralement le regard et rendent ce film inoubliable.
    Sergey Bvortsevoy ne se contente pas de filmer et de nous offrir des images comme on en voit rarement et qui font de ce film une rareté, il nous raconte une histoire : comment Asa va réussir à plaire à la mystérieuse Tulpan en faisant de ses oreilles décollées un atout princier ? La démonstration est d’ailleurs à mourir de rire. Et oui, on rit énormément car les kazakhs de cette histoire ne manquent pas d’humour, même s’il est parfois involontaire. Et si certains d’entre eux rêvent d’un ailleurs meilleur, le réalisateur n’en fait pas des victimes contraintes à une vie d’une dureté implacable. Ce sont des bergers qui aiment leur pays, se battent contre les éléments, les tempêtes, les épidémies qui ravagent sans réelle explication le bétail et placent les liens familiaux au-dessus de tout. Certaines scènes filmées en plans séquences assez époustouflants donnent une vision réaliste, quasi documentaire (notamment « l’accouchement » en temps réel d’une brebis) de cette vie, et l’on retient son souffle, happés par tant de beauté et de précision.
    Le soir tout le monde se retrouve entassé sous la même yourte, et c’est l’amour, la tendresse, l’altruisme, la patience exemplaires de la jeune mère pour son mari, ses enfants et son frère qui illuminent le film tout entier, assurent la cohésion de cette famille cocasse (les enfants sont à mourir de rire parfois), attachante et infiniment touchante.
    Quant aux tentatives d’Asa, le « héros » de l’histoire pour convaincre Tulpan de l’aimer, de l’épouser, elles ponctuent le film de saynètes tendres et burlesques. Le suspens que le réalisateur entretient dans l'attente de nous faire découvrir Tulpan est assez captivant. Mais on n’est pas déçus…
    On comprend que ce film plein de vie et de joie ait reçu le prestigieux prix de la section « Un certain regard » à Cannes et qu’il fasse le bonheur des cinéphiles festivaliers (il a été projeté en clôture au dernier Festival d’Annonay… je ne sais plus si je vous ai parlé de ce festival !!!).

    Faites lui un triomphe car il le mérite et je ne vois pas comment il pourrait décevoir ou même déplaire tant il est beau, ensorcelant, vraiment unique.

    Tulpan - Le réalisateur Sergeï Dvortsevoy

    Lui, c'est le réalisateur ! Pourquoi mais pourquoi il était pas à Annonay ??? Je suis sûre que j'aurais aimé son intelligence !

  • GRAN TORINO de Clint Eastwood *****

     

    Gran Torino : photo Clint EastwoodGran Torino : photo Clint EastwoodGran Torino : photo Clint Eastwood

    Walt Kowalski est ce qu’on peut appeler un vieux con. Sa première particularité est d’être raciste et de le faire savoir à chaque instant. Il est aussi bougon, intolérant, rempli d’idées préconçues sur tout et surtout sur les « autres ». Le jour où il enterre sa femme, de nouveaux voisins s’installent. Encore des asiatiques qui déjà envahissaient « son » quartier. Il ne lui reste rien que sa vieille chienne Daisy et sa sublime voiture, une Ford Gran Torino qu’il chérit depuis 30 ans en la laissant au garage.

     

    Un jour, sur un malentendu, il devient le héros du quartier. Alors qu’il veut chasser de son carré de pelouse les jeunes d’un gang, il sauve par là même le fils de ses voisins, le jeune Thao. Il va d’abord résister et devenir peu à peu, sous la pression de Sue, la sœur de Thao, un ami de cette famille qu’il avait d’abord méprisée.

     

    Ce film est un crève-cœur. Clint, plus masochiste que jamais le livre comme un adieu sublime et définitif. A chaque instant, on croit l’entendre dire « on ne sait jamais, c’est peut-être le dernier », même ou bien qu’il s’achève sur un générique extraordinairement apaisé, aux doux sons du piano de Kyle. C’est comme si, sachant que sa légende en marche est déjà écrite, il avait décidé de la conclure en beauté, par ce film testament sans spectacle et sans pathos.

     

    Il s’offre LE rôle d’un homme de son âge où il semble faire la somme de tout ce qu’il a été au cinéma : le tueur, le séducteur, le solitaire, l’ami, le confident, le vengeur… Et le père… même si une fois de plus la rencontre avec ses fils de cinéma est complètement ratée le faisant ressasser encore et encore la culpabilité de n’avoir pas été un bon père pour ses propres enfants et qu’il offre toute sa tendresse, son attention à ses jeunes voisins chinois. Clint Eastwood dont on oublie souvent quel grand acteur il est, présent devant et derrière la caméra c’est évidemment la cerise sur ce film cadeau drôle et douloureux qui dit « je suis encore là » et « je ne suis (peut-être) plus là pour longtemps ». A presque 80 ans, la démarche parfois hésitante, le regard lointain mais le sourire toujours charmeur Clint s’amuse comme un fou avec ce rôle de xénophobe en multipliant les grimaces, les grognements excédés qui ponctuent chaque phrase. Aucune insulte et noms fleuris pour désigner l’étranger ne lui échappent : niacoué, face de citron, bougnoule (je ne les connais pas toutes). Il ne comprend plus grand-chose au monde qui l’entoure, à la jeunesse surtout, à la violence. Il continue de croire qu’on peut régler les problèmes à la Harry et quand il pointe ses doigts sur les membres des gangs ennemis, on le traite de ‘papy’ mais on recule d’un pas. C’est drôle et toute la filmo défile.

     

    On ne doute pas souvent que le vieux va s’amender au contact de Thao et Sue mais il continue de douter, empêtré dans les souvenirs d’une guerre qui lui a laissé des décorations et des cauchemars, désolé de n’avoir pas compris ses enfants, hésitant entre croire en Dieu et ne pas y croire (Dieu ne réagit pas très vite quand on le sollicite…), se confesser ou pas à un « puceau séminariste suréduqué » qui pourrait être son petit-fils et qu’il doit appeler « mon père » (Christopher Carley vraiment très bien), boire bière sur bière, et simplement se faire faire son premier costume sur mesure... Toutes les questions sans réponse d’une vie hantent ce film. Mais le dernier quart d’heure insuffle un véritable suspens que moi (pas très maligne) je n’avais pas senti venir.

     

    Et j’ai passé tout le générique affalée dans mon fauteuil, plus sonnée qu’une million dollar baby !

     

    Gran Torino - Clint Eastwood

  • FESTIVAL INTERNATIONAL DU 1er FILM - ANNONAY 2009, and MY winner is

    THOMAS de Miika Soini *****

    Finlande

     

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    Thomas est un vieil homme de 83 ans. Il vit (très) seul dans un minuscule appartement ni vraiment au rez-de-chaussée ni vraiment au sous-sol. Un petit soupirail par lequel il accède en grimpant sur une caisse en bois lui offre un peu de lumière et lui permet d’observer les mouvements de sa rue très en pente. Parfois il se risque à l’extérieur pour une promenade qui lui donne immédiatement envie de rentrer chez lui retrouver son quotidien monacal entre son jeu d’échecs, la radio qui ne diffuse que de la musique classique et une photo de sa femme.

    Immobile et silencieux, mélancolique et pas très sympathique, un peu absent au monde, c’est grâce à une rencontre inattendue dans un parc où il se promène parfois que Thomas va trouver un sens, l’explication, la reconnaissance de toute son existence et peut-être enfin la paix avec lui-même et ce monde qui l'a exclu...

    Comment vous parler de « Thomas » que peut-être vous ne verrez pas alors qu’il représente pour moi 1 heure et 10 minutes de cinéma parmi les plus vibrantes que j’ai vues dans ce Festival pour ne pas dire 1 heure et 10 minutes de cinéma essentiel ? Car oui, c’est un film qui va à l’essentiel en prenant néanmoins le temps de s’attarder sans jamais s’apesantir. Un miracle de tous les instants, d’une profondeur insensée, où tout s’éclaire peu à peu, où toutes les révélations finales expliquent et justifient la moindre scène, le moindre comportement depuis le début. Un cinéma lumineux où tout se justifie sans peser jamais, de la musique la plus troublante (Mozart) au silence parfait jusqu’au moindre dialogue anodin qui finit par se révéler déterminant.

    Dès l’ouverture du film, on est embarqué et surpris sans jamais être manipulé. Un vieil homme ronchon en reçoit un autre. On sait, en ayant lu le sinopsis qu’il n’en restera qu’un puisqu’on s'attend à suivre l’histoire d’un vieillard seul. Et dès les premières minutes, on est cueilli avec délice car celui qui reste n’est pas celui qu’on attendait. On retrouve donc Thomas à l’enterrement de son frère et l’on rit, comme il arrive parfois aux enterrements. Les surprises ne cesseront jamais dans ce film qui réussit l’exploit d’être à la fois contemplatif et de nous emballer par une histoire, celle de Thomas, dont on VEUT connaître l’issue et l’origine. Par petites scènes cocasses, pitoyables, bouleversantes, pathétiques… (il faudrait TOUTES les citer, ne pas en exclure une seule pour être juste et équitable) le réalisateur colle aux basques de Thomas (même les chaussures ont un « rôle » comique) et nous laisse avec le souvenir inoubliable d’un film, d’un personnage, d’un rôle et d’un acteur hors du commun.

    Gloire aux réalisateurs, de plus en plus rares, qui « posent » leur caméra pour nous raconter une histoire, qui ne poursuivent pas systématiquement leurs acteurs caméra à l’épaule (cela dit Thomas ne va plus très vite mais il marche toujours…) nous donnant des vertiges injustifiés. Ici, tout est calme et mesuré sans que cela nous empêche d’apprécier peu à peu l’ampleur de la tempête qui se joue sous le crâne de « Thomas » et le ronge. Cela donne lieu à des plans d’une beauté rare, à tomber, où tout est parfait, le cadre, la lumière, la durée. Chaque scène est un tableau dans lequel Thomas peut évoluer et se déplacer.

    Thomas c’est aussi un acteur, Lasse Pöysti, une légende vivante en Finlande qui continue d’avoir des projets malgré son grand âge. Il offre à ce rôle sa lourde stature fatiguée et son visage, incroyable masque impassible qui allie comédie et tragédie.

    Gloire également au jury qui a décerné à ce film « Le prix spécial » et surtout au jury des lycéens qui ne se sont pas laisser piéger par d’autres oeuvres plus faciles ou racolleuses et ont accordé leurs voix à « Thomas » malgré les décennies qui les séparent de ce vieil homme et pour un film qui parle de vieillesse, de solitude, de compassion mais surtout comme le revendique sans relâche Miika Soini : d’amour, dont la plus grande preuve reste pour lui de laisser « partir » ceux qu’on aime. Deux tomates d’or pour ce film, c’était le moins.

    Vous l’avez compris Miika n’est donc pas que ce beau jeune homme, sympathique, intelligent, drôle, merveilleux, attirant, chaleureux, charmant, gentil, ouvert, étonnant, spirituel… AIMABLE… c’est aussi un cinéaste. Après avoir été serrurier… il a fait du théâtre pendant des années en Finlande. Il est devenu acteur, mais il souhaitait tout maîtriser. Il a donc d’abord mis en scène des pièces de théâtre et intégré une école nationale de cinéma. Il est très fier d’avoir pu tourner son film « Thomas » en 10 jours avec un budget d’à peine 200 000 €uros. L'histoire est issue d’un recueil de nouvelles qui traitent de la vieillesse et dont il a écrit le scénario. Miika a tenu à plusieurs reprises à insister sur son empathie avec les personnes âgées dans un pays, la Finlande, où une personne de plus de 65 ans sur 2 se suicide…

     

    Ce film est inoubliable et Miika Soini peut en être fier car c’est bien le cinéma qui coule dans ses veines.

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    Et voilà... je vous laisse un peu tranquille avec "mon" cinéma d'Annonay. J'espère que vous pourrez au moins voir les 3 films de mon palmarès... Le film de clôture (une merveille) doit sortir en salle le 4 mars, je vous en parlerai donc à ce moment pour ne pas vous embrouiller et vous rappeler de ne pas le rater le moment venu...
  • LA NUIT NOUS APPARTIENT de James Gray *****

    La Nuit nous appartient - Affiche américaine

    Bob et Joseph sont frères. Jo est la fierté de son père, comme lui il est devenu flic à New-York, alors que Bob est la brebis galeuse, gérant d’une boîte branchée où la drogue circule. Bob se constitue une nouvelle famille accueillante chez les Buzhayev très proches de la mafia russe et Joseph est nommé responsable de la brigade des stups. La guerre fratricide est engagée.

    Ce film est une « tuerie ». Je dis ça pour parler djeuns mais surtout parce que les superlatifs vont me manquer pour évoquer ce film exceptionnel.

    Je ne vous dirai rien de plus de l’histoire tant les rebondissements inattendus pleuvent en cascade au rythme d’un scénario irréprochable qui ne cesse, du début à la fin, de réserver des surprises colossales. C’est un film qui assume son manichéisme et un certain pathos (j’ai pleuré… dans un tel film, c’est surprenant !) mais avec une telle maestria, qu’on est littéralement aimanté, stressé, bouleversé dès les premières secondes. Je n’ai pu (car les sujets sont proches et la sortie des deux films aussi) m’empêcher de penser à Ridley Scott qui doit être parti se cacher au fin fond du désert du Taklamakan pour se faire oublier… James Gray n’a tourné que 3 films en 13 ans (« Little Odessa » et « The yards") qui étaient déjà des ovnis en forme de tragédie familiale noire proches de la perfection. On hésite entre l’envie de dire au réalisateur de continuer à prendre son temps et l’impatience de l’implorer de nous donner à voir la suite.

    Ce film est exceptionnel. Je l’ai dit, mais pas seulement, il est inattendu, extraordinaire et surprenant. Je ne me souviens pas avoir été autant concentrée, tendue, concernée, angoissée pendant une projection. La course poursuite en voiture, impressionnante, spectaculaire, époustouflante est un sommet du genre qui renvoie toutes les autres à l’ère paléolithique du cinéma. Le spectateur est DANS la voiture, en sort essoufflé et, comme Bob, tombe à genoux, en larmes… Quelques scènes très mouvementées alternent avec d’autres très intimistes qui à aucun moment ne retardent ou ralentissent l’action. Tout ici est à sa place.

    Le réalisateur maintient le spectateur dans un état de stress permanent, une tension constante qui l’entraînent dans un final déconcertant. Le courageux héros, celui qui meurt ne sont finalement pas ceux que l’on croit.

    New York est pratiquement constamment plongée dans une nuit où se succèdent bâtiments désaffectés et endroits chébran. L’histoire d’amour n’est pas un accessoire et l’amoureuse sacrifiée n’est pas un gadget, c’est un véritable beau personnage porté par la sublime Eva Mendès, délicieusement vulgaire. Bob veut devenir le roi de New-York mais il se brûle les ailes et quand on connaît un peu l’histoire de Joaquin (dites « Ouakin », vous n’avez pas oublié ?) ses larmes et ses sanglots sont encore plus bouleversants. Que dire des acteurs ! Mark Whalberg s’efface progressivement en intériorisant de plus en plus son personnage. Impressionnant. Robert Duval, froid, mais pas tant que ça, prêt à tout pour défendre ses grands garçons, en être fiers, est magnifique. Mais le voyage ne serait rien sans Joaquin Phénix dont le beau visage tourmenté mériterait un documentaire à lui tout seul tant il exprime sans trop en faire l’évolution de son merveilleux et complexe personnage. L’arrogance du début fait place à l’inquiétude et l’anxiété et James Gray s’attarde longuement sur le cataclysme et la tempête qui se jouent sous ce crâne.

    Bouleversant (l'acteur... et le film !).

    Courez-y ! Je n’adresse plus la parole qu’à ceux qui présenteront leur ticket de cinéma DE CE FILM en passant sur cette route. Oui, La route du Cinéma devient à péage. Tant pis pour vous.

    En sortant de la salle j’ai couru acheter le DVD « Walk the line » pour me faire une cure de Joaquin…