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cinéma - Page 192

  • STORIES WE TELL de Sarah Polley ***

    Stories We Tell : affiche

     

    Synopsis : Sarah Polley a une famille (presque) normale… Et presque comme toutes les familles, la sienne cache un secret. Quand Sarah le découvre, elle décide de se lancer à la recherche de la vérité.
    Mais quelle vérité ? Celle de ses parents, acteurs comme elle, celle de ses frères et sœurs, celle des amis d'antan ? Jouant les détectives avec une ironie et un naturel désarmants, elle va démêler sous nos yeux la pelote de toutes ces histoires qu'on raconte, et auxquelles on finit par croire. La légende familiale se construit alors sous nos yeux, entre faux-semblants et sincérité, humour et tendresse.
    A la frontière de plusieurs genres cinématographiques, tordant le cou aux clichés du documentaire et du cinéma vérité, cette œuvre inclassable et si personnelle mêle souvenirs et fiction, mystères et fausses pistes, mensonges et révélations. Bref, l'histoire d'une famille comme les autres !

    Comme il arrive parfois aux réalisateurs, l'actrice/réalisatrice Sarah Polley s'offre une psychanalyse à la face du monde et à la recherche de ses origines. En proposant et magnifiant le portrait d'une mère charismatique, envahissante, "bruyante" dira un de ses frères. Incarnation de la joie de vivre et trop tôt disparue cette femme, aussi exubérante que le père est réservé et solitaire ne se révèle pas aussi superficielle et limpide que tout le monde se l'imaginait. En convoquant ses souvenirs et tous les témoins vivants qui ont côtoyé l'absente, frères, soeur(s), oncles, tantes, amants de la défunte, Sarah Polley interroge chacun. Et chacun livre sa vision, sa perception de l'histoire commune. Et c'est fascinant. Un tel assure avoir rencontré tel autre le jour de l'enterrement et ce dernier assure qu'il n'y était pas. La réalisatrice s'amuse à brouiller les pistes et réussit même à instiller un suspense en brassant interviews, vrais documents et reconstitutions avec des acteurs.  

    Sarah Polley qui semble avoir hérité du tempérament enthousiaste de sa maman, aurait pu réaliser un documentaire lacrymal tant ce qu'elle découvre et confirme remet en question de certitudes et semble perturbant. Elle parvient au contraire à se mettre en retrait, observatrice de sa vie et de sa famille et fait de son film, entre vraie fiction et faux documentaire, une oeuvre touchante et universelle.

  • LA CITÉ ROSE de Julien Abraham ***

    La Cité Rose : affiche

    Synopsis : "Mitraillette" a 12 ans. Il vit à la Cité Rose, sa cité qu'il ne quitterait pour rien au monde. Son univers, c’est sa famille : Isma, son cousin de 16 ans, qui admire Narcisse, le caïd du quartier et prend un mauvais chemin. Son grand frère, Djibril, 22 ans, étudiant à La Sorbonne et qui rêve de devenir avocat. Mitraillette, lui, aimerait juste sortir avec Océane, la plus belle fille du collège... Leurs destins sont liés, au sein d'un quartier, au cœur de ses tours où les rêves, parfois, se payent cash.

    Quelques mots sur ce film formidable avant de partir... car en effet, il vaut bien mieux que son affiche, que la niaiseuse jolie phrase en exergue et même que sa bande-annonce qui donne le sentiment de voir tout le film en condensé. Porté par une énergie et une tchatche vigoureuses, le réalisateur réussit à allier la chronique de la vie dans une cité du 93 et une histoire de gangsters. Ses héros issus de toutes les cultures possibles et imaginables se composent d'un melting pot black, blanc, beur, asiatique et gitan. Pour la plupart d'entre eux, Paris c'est Disney Land et ils n'y mettent parfois les pieds que pour de mauvaises raisons. Car hélas la Cité est gangrénée par le trafic de drogue et les petits caïds à la fois minables et redoutables n'hésitent pas à recruter parmi les plus jeunes attirés par l'argent facile et l'illusoire et éphémère prestige tape à l'oeil.

    Drôle et émouvant, courez voir ce film au casting non professionnel épatant.

  • GUERRIÈRE de David Wnendt **(*)

    Guerrière : affiche

    Marisa a une personnalité complexe. Elle est tendre avec sa mère, très proche de son grand-père hospitalisé à qui elle rend de fréquentes visites. C'est ce grand-père adoré qui l'a toujours appelée "ma guerrière", lui apprenant dès son plus jeune âge à résister, à la douleur, à l'effort... avec de drôles de jeux bizarres ! Mais Marisa est aussi la petite amie de Sandro et partage ses idées nationales-socialistes. Ils font partie d'un gang de néo-nazis. Ils sèment la terreur et la violence dans leur petite ville du nord de l'Allemagne.

    Marisa aime son pays mais n'est que haine vis-à-vis de tout ce qui n'est pas allemand, responsable selon elle des difficultés économiques du pays. Sa rencontre avec un réfugié afghan qui souhaite rejoindre sa famille en Suède et Svenja, jeune fille sage hypnotisée par la vie du groupe va faire vaciller ses certitudes.

    Terrifiant portrait réaliste d'une jeune femme qui ne s'exprime que par la haine et la violence, Guerrière fait vraiment flipper. Mais en voulant dénoncer (je suppose, j'espère) la montée ou les dérives de ces fanatiques le réalisateur en fait trop. Trop dans la caricature des néo-nazis crânes rasés, croix gammées et aigle de la Werhmacht tatoués sur tout le corps. Ces brutes décérébrées sont incapables d'aligner deux mots, se gavent en boucle des discours d'Hitler, ruminent sans fin leur haine des juifs et des étrangers. Trop dans la dramatisation, la prise de conscience et le destin de son héroïne.

    Il n'en demeure pas moins un (premier) film fort, courageux au sujet rarement traité. Evidemment, la crise, le désoeuvrement, le poids de l'éducation pèsent lourd dans l'évolution de Marisa tout comme dans la rébellion de Svenja. David Wnendt insiste particulièrement sur l'influence décisive des parents, de la famille. La dernière réplique du grand-père (inattendue pour moi) fait froid dans le dos.

    La jeune actrice Alina Levshin dont c'est le deuxième film, est impressionnante.

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  • MYSTERY de Lou Ye ***

    Mystery : affiche

    Une jeune femme est percutée de plein fouet par une voiture lancée à vive allure. A l'intérieur, des jeunes gens ronds comme des queues de pelles ! Ils sortent de la voiture complètement sonnés et l'un deux achève la mourante à coups de pieds ! Démarrage choc et inattendu pour un film qui ne va cesser de changer de direction et additionner les révélations laissant le spectateur et les personnages KO.

    Lu Jie et Yongzhao sont mariés et semblent heureux dans leur bel appartement. Il a un bon boulot. Elle s'occupe de leur petite fille. Flash-back. Lu Jie fait la connaissance de Sang Qi dont le fils fréquente la même école. Les deux femmes se revoient. Sang Qi se confie en larmes à sa nouvelle amie. Elle craint que son mari ne la trompe. Au moment où elle reçoit cette confidence, Lu Jie aperçoit son mari au bras d'une jeune fille, prêts à entrer dans un hôtel. C'est la fille du début qui a succombé à ses blessures. Lu Jie, effondrée, se met à épier son mari, entame une descente aux enfers. Ce qu'elle va découvrir la plonge dans un abyme d'incompréhension, de désespoir. A la lisière des passions qui agitent les personnages principaux, un inspecteur mène l'enquête.

    Comme dans le nauséabond Love and bruises, Lou Ye martèle que la chair est faible et la plupart du temps bien triste. Les personnages ont bien souvent comme seul argument de s'exprimer avec leur corps dans des rapports parfois contraints. Mais ici, les protagonistes sont plus manipulateurs que victimes et le drame familial, conjugal s'étoffe d'un polar dont tous les pièges se referment peu à peu sur ces êtres immoraux, manipulateurs, destructeurs. La ville de Wuhan et ses fréquentes pluies torrentielles créent une ambiance particulièrement appropriée à cette sulfureuse histoire.

  • LA RELIGIEUSE de Guillaume Nicloux ***

    La Religieuse : affiche

    En 1765, Suzanne jeune fille de 16 ans charmante et cultivée est envoyée au couvent. Ses parents désirent ainsi parfaire son éducation. Malgré sa foi sincère, elle ne comprend pas cet enfermement auquel n'ont pas été soumises ses deux soeurs aînées, mais y consent puisqu'il ne doit durer qu'une année. Sa bonté et son amour de Dieu provoquent l'admiration de la Mère Supérieure. Mais lorsque le curé, ami de sa famille vient annoncer à Suzanne que sa mère souhaite qu'elle prononce ses voeux, elle ne comprend pas ce désamour, refuse, finit par céder contrainte par une révélation de sa mère qui lui demande de l'aider à expier ses propres péchés, puis se révolte !

    Bien qu'on ne quitte quasiment pas l'enceinte d'un couvent, à aucun moment on a la sensation d'assister au procès des pratiques, rites et traditions de la religion catholique. Respectueux mais pas prosélyte, Guillaume Nicloux ne met pas la religion elle-même en cause mais bien les individualités qui la composent. Au travers du combat obstiné de Suzanne, le réalisateur dessine le portrait d'une scandaleuse dont la foi n'a d'égale que la force de caractère et la volonté implacable. Suzanne aime Dieu mais n'entend pas être "enfermée vivante". Et c'est avec infiniment de douceur, de patience et de courage qu'elle va tenir tête à toute la hiérarchie ecclésiastique. L'affronter sans faillir ni se laisser briser. Suzanne est un roseau qui plie souvent mais ne rompt point et se relève toujours de toute la cruauté dont elle est parfois victime. Même la bienveillance et la gentillesse de sa première Mère Supérieure ne la détourneront pas de son but. La cruauté, le sadisme d'une autre l'affaibliront sans l'abattre.

    Suzanne aura tout à affronter, le chantage affectif, la manipulation, la brutalité, le harcèlement moral et physique. Le courage de dire non, son combat pour la liberté sont un véritable hymne à la résistance, à l'émancipation féminine, à l'audace voire à l'héroïsme. Et tout ça sans jamais renier sa foi à laquelle on cherche aussi à lui faire renoncer. Suzanne est une guerrière d'une douceur impressionnante. Et comble d'impertinence, ce sont des hommes, curé, évêque, avocat, père... qui vont la soutenir dans son combat.

    Dire que Pauline Etienne illumine le film de sa radieuse présence est un doux euphémisme.

    NB. : voici l'autre atout imparable, incontournable, irrésistible de ce film... qui donne envie d'avoir besoin, ou besoin d'avoir envie... d'un avocat : 

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  • WARM BODIES RENAISSANCE de Jonathan Levine **

     Warm Bodies : affiche

    Bon ça y est, une fois de plus la terre a été dévastée par un infâme virus et Bruce Willis n'est pas dans les parages. Il ne reste que John Malkovich, méchant et raciste comme une teigne. Les humains sont barricadés derrière un mur de Berlin, armés jusqu'aux dents du fond pour détruire les morts vivants qui doivent se nourrir des humains, alors que les "osseux", stade terminal du zombie, se repaissent du mort vivant. C'est dire si une ambiance de joyeuse convivialité règne sur la planète bleue.

    Mon voisin de droite m'a interdit de mettre trois *** mais franchement, j'en étais pas loin car j'ai passé un moment de cinéma très plaisant. Les Roméo et Juliette du XXIème siècle m'ont beaucoup plu, même si le film est inégal. L'idée est néanmoins aussi séduisante que naïve : l'amour nous aime et pourrait sauver le monde.

    Le premier quart d'heure se passe chez les morts vivants et c'est R. qui nous conte en voix off son quotidien pas reluisant et c'est drôle, très. R. ne se souvient pas de ce qui lui est arrivé, ni comment il s'appelait, rien. Il sait simplement, qu'il s'ennuie à mourir... Bon d'accord, je suis bon public. Il me suffit d'entendre un zombie dire (oui certains zombies plus évolués parlent) : "mais qu'est-ce qu'on marche lentement !!!" et j'explose. Puis, R. rencontre Julie, bouffe la cervelle de son petit ami et s'éprend d'elle au premier regard.Il la protège de ses semblables et des osseux. Julie s'échappe et doit se rendre à l'évidence : son zombie lui manque. Le film gore vire à la romcom. Et voilà que ceux qui assistent à la naissance de l'amour improbable, inimaginable d'un mort vivant et d'une humaine se mettent à ressentir des émotions, voire plus, qu'ils croyaient totalement perdues.

    C'est malin, ironique et drôle. Et encore une fois mille fois plus intéressant que l'histoire de ces endives de Bella et Edward Cullen...

    Le petit nouveau (enfin pas si nouveau mais je me comprends !) Nicholas Hoult devra faire ses preuves mais semble capable d'exprimer et interpréter beaucoup de choses malgré une mâchoire étrange. Je suis plus hésitante vis-à-vis de Teresa Palmer, clone de Naomi Watts et Kristen Stewart au jeu aussi limité que ceux de Naomi Watts et Kirsten Stewart... ça fait beaucoup trop !

  • THE PLACE BEYOND THE PINES de Derek Cianfrance ****

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    Luke fait un tabac avec son numéro de cascadeur à moto lancé à toute berzingue dans un globe en feraille. Il va de ville et ville et croise la route de Romina avec qui il avait eu une aventure quelque temps plus tôt. Il découvre alors qu'il est père et décide de ne plus quitter la petite ville de Shenectady pour être près de son fils, le voir grandir, partager sa vie. Mais Romi refuse de quitter l'homme qui partage désormais sa vie. Pour aider ceux qu'il considère comme sa famille, Luke trouve un emploi de mécanicien chez Robin qui rapidement lui propose de commettre des braquages de banques afin d'agrémenter d'un peu de beurre les épinards. C'est alors qu'intervient Avery Cross, jeune flic ambitieux, lui aussi père d'un bébé...

    A partir de là : CHUT ! Et je vous enjoins à trucider de la manière la plus moyen-âgeuse possible (au chalumeau par exemple) toute personne qui vous raconterait quoique ce soit à propos de ce film. En effet, au bout d'une heure, alors qu'on se croit confortablement installé dans un polar un peu crasseux et haletant, le film réalise un virage à 180° totalement ébouriffant. Polar il l'est mais aussi grand mélo des familles, comment et pourquoi être un père, mais aussi un fils ? Et Derek Cianfrance s'y prend comme un maître et prend tout son temps pour raconter une histoire en trois parties bien distinctes et pourtant totalement imbriquées et dépendantes les unes des autres ! Pour une fois la longueur du film n'est pas un handicap et aucun moment de flottement ou d'ennui n'envahit le spectateur. Elle permet en outre de suivre de façon approfondie chaque personnage, son histoire, son destin, ses choix, ses aspirations.

    Difficile de ne pas évoquer James Gray ou Martin Scorsese. Tant pis, c'est fait.

    Côté casting ! Du lourd, du très très lourd. Les deux des trois plus beaux gosses de la planète hollywood actuelle sont là, Ryan Gosling en un long plan (séquence) langoureux d'ouverture torse nu (avec beaucoup de lecture dessus...), merci Derek, Bradley Cooper beaucoup trop habillé, plus fragile et torturé que d'habitude. Ils sont parfaits et portent le film à des sommets. Ray Liotta, plus flippant que jamais fait de son regard un effet spécial. Impressionnant ! A noter également la présence du fiévreux Dan Dehaane, révélé dans Chronicle, confirmé dans Des Hommes sans loi et une fois de plus étonnant ici.

    Un grand film, à voir, à revoir, qui marquera sans aucun doute l'année 2013 et les projets de Derek Cianfrance découvert avec le très très sombre Blue Valentine (apparemment la vie pour Derek, c'est pas de la poilade) à suivre de très très près.

  • LES ÉQUILIBRISTES de Ivano de Matteo ***

    Les Equilibristes : affiche

    Tout allait bien pour Giulio la quarantaine, marié, deux enfants, jusqu'au jour où il donne un malencontreux coup de canif dans le contrat. Pour lui il ne s'agit que d'une "connerie", mais pour sa femme Elena, cette connerie est une souffrance et malgré ses efforts et l'évidence, elle aime toujours son mari, elle ne parvient pas à pardonner. Les semaines passent et le quotidien devient insupportable. Il est de plus en plus difficile pour les parents de cacher la vérité aux enfants. Incapables de feindre et de ne pas se disputer devant eux désormais, ils décident de se séparer. Elena garde l'appartement. Pour continuer de voir ses enfants avec qui il entretient une relation privilégiée, tendre et complice, Giulio essaie de ne pas s'éloigner géographiquement. Malgré son emploi à la Mairie, trouver un logement, payer une pension alimentaire, assurer les dépenses... Giuilio sombre rapidement dans la précarité et c'est la dégringolade...

    Ce film est un peu la version italienne et masculine de Louise Wimmer de Cyril Mennegun. Même acharnement du personnage à essayer de s'en sortir, mêmes difficultés, même dignité et surtout même mutisme. Comme Louise, Giulio ne confie pas ses difficultés à son entourage proche. Lorsqu'il suppliera un copain maraîcher de lui fournir un emploi en complèment du sien, ce dernier ne verra pas à quelle extrémité Giulio en est réduit. Tout comme l'assistante sociale avait taxé Louise d'arrogance. Après avoir passé quelques nuits chez un collègue, Giulio se retrouve à l'hôtel, puis dans un foyer. Il cherche un appartement aidé de sa fille (une ado et jeune actice étonnante Rosabell Laurenti Sellers)  soutien tendre et indéfectible. Mais trouver un logement à Rome avec un salaire médiocre est une mission impossible. Payer par ailleurs l'appareil dentaire du plus jeune, le voyage à Barcelone de la grande et les dettes s'accumulent. Giulio emprunte à l'un pour rembourser l'autre. Le goufre se creuse et il ne lui reste plus que sa voiture comme dernier refuge.

    Cette lente et douloureuse chute est d'autant plus cruelle et touchante que le réalisateur évite tout sentimentalisme et que son film est d'un réalisme bluffant. On suit Giulio dans le labirynthe de ses démarches auprès des services sociaux et différents organismes censés venir en aide aux plus démunis. Mais Giulio fait partie de ces nouveaux pauvres qui ont un travail et n'entrent dans aucun cas de figure pour obtenir des aides. Il ne lui reste plus que le secours des bénévoles de type Restau du Coeur ou Secours Populaire. C'est sinistre et terrifiant cette sensation que le pire peut advenir aussi rapidement.

    L'acteur Valerio Mastandrea, obstiné et désespéré, est très impressionnant. A mesure que le fim avance il semble maigrir à vue d'oeil, devient hagard, déboussolé, tantôt mélancolique, découragé, révolté.

  • QUEEN OF MONTREUIL de Solveig Anspach °

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    Agathe se trimballe avec une urne funéraire contenant les cendres de son époux fraîchement décédé. Alors qu'elle se demande quoi faire de l'objet, elle rencontre deux islandais paumés et sans abri (une mère (Didda Jonsdottir, actrice catastrophique ! et son grand dadais de fils) ! Les deux hurluberlus trouvant Agathe bien sympathique, s'installe chez elle sans lui demander la permission.

    Il semblerait que le film veuille traiter de "thèmes" forts tels que le deuil, la solidarité et la crise pourquoi pas, tant qu'on y est... sauf qu'à force de vouloir à tout prix mettre de la loufoquerie dans des sujets forcément dramatiques, la réalisatrice ne parvient qu'à accoucher d'un machin pas drôle, pas triste et sans intérêt. Les acteurs se débattent, se démènent devant nos yeux consternés.

    Projeté et vu dans la belle et grande Salle Darsena au dernier Festival de Venise, je suis restée (difficilement, nous avons failli quitter la salle !) après la projection pour entendre ce que l'actrice principale Florence Loiret-Caille et Solveig Anspach avaient à dire de ce film. Comment elles le défendaient !

    Hélas, la réponse est  à l'image du film : VIDE, NEANT, RIEN. Aussi gênées que peu prolixes, les deux femmes étaient ridicules.
    Je suppose que la réalisatrice a eu très envie de filmer une grue (l'engin de chantier) et un phoque (la bête de zoo)... C'est son droit le plus strict et grand bien lui fasse. Mais de là à faire un film... L'absence visible de moyens n'excuse et n'explique en rien ce gâchis.