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Sur la Route du Cinéma - Page 532

  • Très bien merci d’Emmanuelle Cuau ***

    Un jour Alex est verbalisé dans le métro pour avoir allumé une cigarette. Aucune discussion n’est possible avec l’agent RATPiste qui menace d’appeler la police. Plus tard, Alex observe stupéfié un contrôle d’identité musclé et arbitraire dans la rue. Refusant d’évacuer les lieux, il se retrouve embarqué au poste où il passe une nuit après l’humiliation de la fouille, du tutoiement etc… Jugé « agité » par les policiers il est directement emmené à l’hôpital psychiatrique où sa femme, pensant avoir affaire à un formulaire administratif signe une HDT (hospitalisation à la demande d'un tiers)… C’est l’engrenage !

    Emmanuelle Cuau observe un couple ordinaire qui s'aime et travaille (lui comptable, elle chauffeur de taxi) et se retrouve confronté à des situations exceptionnelles qui s’enchaînent implacablement avec une logique déconcertante. Elle décortique surtout et parfois au scalpel, les comportements de citoyens d’une société où chacun veut donner son avis sans écouter l’autre. Des sentences toutes faites auxquelles on ne peut rien répondre servent d’échanges : « le client est roi », « est-ce que je vous dis comment faire votre travail ? ». La réalisatrice ratisse large mais sans lourdeur, sans stigmatiser, sans porter de réel jugement. Ainsi peut-on découvrir les rapports entretenus au travail, la délation, le harcèlement, la lourdeur des démarches administratives, le comportement et l’accueil dans les commissariats ou les hôpitaux… Et toutes ces situations nous parlent car elles sont d’une justesse et d’une honnêteté sans faille. Impressionnant et flippant, c’est un peu la France d’aujourd’hui !

    Quant au couple d’acteurs, il est merveilleux car ces deux là jouent comme ils respirent. Dans l’histoire, ils s’aiment… pas besoin de se le dire, ça saute aux yeux et on les croirait bien réellement mariés depuis 10 ans. Sandrine Kiberlain, douce, attentive et énergique est forte et fragile. Gilbert Melki, border line comme jamais compose avec le regard toute une palette d’expressions qui vont de la révolte à la soumission en passant par l’accablement, l'inquiétude. Il flirte constamment avec la folie. Etourdissant. Et son grand numéro « à la De Niro » où il s’entraîne à prononcer des phrases en anglais vaut presque à lui seul le voyage.

    Ne vous fiez pas au titre « Très bien merci » est une véritable claque qui fait peur et donne l’impression qu’on vit vraiment dans un milieu hostile.

    Bravo !

  • CHRIS(topher Joseph) ISAAK

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    13 dates uniquement dans toute l’Europe et savoir pourquoi ce fringant cow-boy californien de 50 ans (que je classe dans la catégorie : « on n’est pas tous égaux face au temps qui passe… ») est passé près de chez moi restera un mystère. Peu importe, le « show » d’hier soir fut « amazing ». Entre rock, rockabilly, country et balades (slow de l’été qui tue) Chris Isaak a embrasé la salle grâce notamment à ses « séjours » parmi le public où il compte fleurette à ses fans énamourées leur demandant si « elles » préfèreront un spectacle « romantic » ou « satanic »... De l’avis du « djeunz » qui m’accompagnait, tout surpris que malgré la moyenne d’âge sur scène l’ambiance surchauffée soit électrique, le verdict fut sans appel :

    « il assure comme une bête ».

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    medium_Chris_Isaak_032.jpgmedium_Chris_Isaak_034.jpgmedium_Chris_Isaak_004.jpgmedium_Chris_Isaak_037.2.jpgmedium_Chris_Isaak_041.jpgJouant parfois de sa ressemblance vocale avec Elvis, il n’hésite pas à entonner un vibrant « don’t be cruel » et à revêtir une improbable tenue de scène tout droit sortie de Las Vegas. Constamment souriant et énergique il parle avec le public, raconte des histoires, invite des danseuses d’un soir sur scène, ne lâche pas sa guitare et communique l’authentique complicité qu’il partage avec ses musiciens qui l’accompagnent depuis… presque 30 ans ! Au-delà de l’attente, mieux que ce que j’espérais !

    Hotissimo et plus si affinités...

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    (Je précise que ce sont mes photos à moi réalisées hier avec mes petits doigts.)

     

    My favorite, tout droit sortie de « Eyes wide shut » de Stanley Kubrik… :

    http://www.youtube.com/watch?v=BOINXJFjKHs 

  • Le candidat de Niels Arestrup *

    Propulsé à la dernière minute pour être le candidat du deuxième tour à des élections présidentielles, Michel Dedieu prépare avec son équipe de choc le débat télévisé qui l’opposera à son charismatique concurrent. Michel Dedieu communique peu, transpire quand il a chaud, ne se tient pas droit… bref, il passe mal à l’écran : ce qui est fondamental pour obtenir des voix… Manipulé par son équipe, il va se rebeller.

    Humain et attachant, Yvan Attal est LE point positif de ce film dont j’attendais un peu plus et surtout beaucoup mieux. Entouré d’une bande de mal embouchés méprisants et familiers, lâché par sa femme qui craque de tant de pression, ce candidat est bien seul pour affronter l’épreuve. Une vision minable et peu ragoûtante de la politique nous est une nouvelle fois donnée par ce film qui pourtant installe une certaine tension voire même un suspens évident : comment le candidat va-t-il se comporter face aux caméras ? Bourré de clichés et invraisemblable, ce film nous dit qu’il suffit qu’un candidat chevalier blanc incorruptible balance quelques vérités pour monter dans les sondages… entre autre. Je ne parle même pas de ceux qui se font exécuter pour avoir trop ou pas assez parlé.
    Est-ce que ce monde est sérieux ???

    Niels Arestrup qui s’est donné un rôle de nabab qui tutoie les candidats (mais ne torture aucun animal (private)), fait vraiment peur. En outre, il se prend pour Marlon Brando et se filme en contre-jour devant une persienne baissée face à des collaborateurs terrorisés qu’il menace d’un « je vais vous faire une proposition que vous ne pourrez pas refuser… » ou quelque chose d’approchant.

    Pour Yvan (vraiment excellent), uniquement !

  • Shooter d’Antoine Fuqua *

    Bob et son ami alavialamort sont en mission de « maintien de la paix » en Ethiopie… ça ne les empêche pas de tirer sur tout ce qui bouge. Abandonnés en haut d’une montagne par leur état-major, Bob s’en sort alors que son ami alavialamort est tué. Ça l’embête. Du coup, se sentant trahi, il va vivre tout seul en haut d’une colline, se laisse pousser les cheveux et fait du bouche à bouche à un chien ! 36 mois plus tard, autant dire trois ans … on vient le chercher (en tant que meilleur « shooter ») pour déjouer un complot visant à assassiner le Président. Il dit qu’il n’aime pas ce Président mais comme il n’aimait pas celui d’avant non plus, il accepte la mission de « maintien du Président ». Il faut dire que pour achever de le convaincre et lui titiller la fibre patriotique, on lui joue l’hymne national et on le fait marcher au ralenti devant une bannière étoilée. A cet instant, je vous jure, je me suis mise debout, au garde à vous !

    Pendant un quart d’heure, on ne plaisante pas et on nous explique qu’il ne faut rien négliger pour se mettre à la place d’un tueur de président : la vitesse du vent, le carré de l’hypoténuse, si je ne m’abuse et l’âge du capitaine. L’heure H du jour J arrive et paf… le président, une balle en pleine tronche sauf que… non, je ne révèlerai pas tout. C’est là que tout se corse. On accuse notre Bobby de l’attentat et le voilà obligé, avec deux balles dans le buffet de s’échapper à travers tout le pays alors qu’il a l’armée, des mercenaires, la police de proximité et le FBI au cul (mais que fait la CIA ???).

    Mâchoire serrée, narine palpitante, Mark Whalberg nous la joue Rambominator : censé mourir d’hémorragie interne en 20 minutes, il se fait une intraveineuse au sucre avec un tuyau trouvé dans une bagnole ou une poubelle (il faisait noir, j’ai pas bien vu) : pour l’antiseptie ils repasseront les améringouins, qu’ils viennent plus nous faire la leçon. Il s’asperge de poudre de perlimpimpin en faisant aïe (quelle mauviette ce Whalberg !) et hop le voilà reparti.

    Ah oui, j’ai oublié un truc important… Pendant ces trois années d’ermitage il a pas oublié d’envoyer des fleurs tous les ans à la veuve de son ami alavialamort, genre si tu veux penser à autre chose, y’a pas moyen. Et là, tout suant dégoulinant de crasse il va la voir. Pas farouche la fille, elle est en déshabillé et pendant un instant elle se demande : « je le ferme ou je l’ouvre ? ». Elle choisit de le laisser ouvert et elle lui ouvre la porte. Faut dire qu’il est poli… La fille elle doit avoir 18 ans et il lui dit « Bonjour Madame »… Bon, ce qui tombe bien c'est qu'elle est instit mais elle a failli être infirmière alors elle se met un costume d’infirmière (je vous jure que c’est vrai) et elle s’entraîne au point de croix sur ses blessures ! Même pas mal, il s’est fait un shoot au choryphosphatedesiliciummanganate !

    Quand il va mieux, il est fin véner et il dégomme la moitié de l’armée des Etats-Unis sans plier les genoux.

    Je disais récemment que dans tout film il y avait l’instant clé où tout se joue… Il y a aussi LA phrase… celle dont dépend tout un film et dont certains ne se relèvent pas ! Ici, un personnage demande à notre héros s’il croit que le gouvernement des USA a pu être capable de commettre des horreurs dans des pays africains… et le héros répond :

    « ces mecs là ont tué mon chien ! ».

    C’est con, bourré de testostérone, virile et tout ce qu’on veut… mais pas décevant sur les promesses faites !!!

  • Sur la Route de Madison de Clint Eastwood *****

    Une fois n’est pas coutume, laissez-moi vous vanter les mérites d’une programmation télévisuelle haut de gamme, incontournable et indépassable…

    Ce soir mardi à 20 h 50, rendez-vous sur France 3 qui programme « Sur la Route de Madison » de Clint Eastwood. J’envie les chanceux qui ne l’ont pas encore vu.

    Pour les autres, replongez-vous dans ces quatre jours d’éternité, dans cette pépite romantique tout entière parcourue d’intelligence et de finesse. Revivez l’évidence d’un amour éternel qui voit le jour sans mièvrerie et s’épanouit dans une succession d’instants hors du temps, dans la moiteur d’un été béni qui impose la certitude d’une chose qui n’arrive qu’une fois dans la vie. Découvrez comment un homme (un personnage, un réalisateur…) a réussi à atteindre l’âme même d’une femme, en captant tout de ses chimères, de ses regrets et de ses engagements qu’elle ne reniera pas en s’imposant le sacrifice.

    Je dis souvent qu’il y a, en chaque film, un instant clé où tout se joue… Ici, cet instant enchanteur arrive au moment où Robert est assis dans la cuisine de Francesca qui, machinalement replace correctement le col de sa chemise… Pas d’effet vain et inutile, mais le charme et l’efficacité réunis dans un soupir !

    Et puis surtout, pleurez, pleurez sans vous retenir à la vue de ces amants dégoulinant sous la pluie, à jamais séparés mais unis pour toujours par la magie, par la grâce d’un réalisateur/acteur hors pair qui a su saisir la beauté, le don, la justesse avec sobriété et élégance.

    Que j'aimerais voir ce pont !

    Que j’aime ce film sublime !

  • Cria cuervos de Carlos Saura ***

     

    Sinistres vacances d’été à Madrid pour Ana, 9 ans. Après avoir vu sa mère agoniser de chagrin d’amour, elle entend son père succomber dans les bras d’une fougueuse amante. Confiée aux soins d’une tante mielleusement autoritaire, elle partage ses jeux avec ses 2 sœurs et laisse le souvenir de sa maman hanter ses rêves et son quotidien.

    Deux choses avaient (en partie) valu la renommée de ce film : une chanson « Porque te vas » et les yeux d’une petite fille, Ana Torrent… et effectivement, si l’entêtante ritournelle est exécrable à mes oreilles, le visage, le sourire triste, les yeux d’Ana sont absolument inoubliables. Ce film est magnifique, doux et cruel. Ana, cette petite fille qui ne pleure pratiquement jamais, a vu la mort si près qu’elle en est hantée. Elle refuse le monde des adultes. Aucun de ceux qui l’entourent ne lui inspire confiance. Elle s’enferme et s’abandonne dans le souvenir de cette maman rêvée (idéale et fragile Géraldine Chaplin). A la fin de l’été, elle, et nous avec, sortons de cette maison fantôme, cimetière, au jardin laissé à l’abandon pour retourner, petit soldat docile, à l’école. Devenue adulte, elle fait ce constat : « mon enfance ne fut pas si terrible finalement ! ».

    Les enfants sont étonnants !

  • Jean-Pierre Cassel

    27 octobre 1932 - 19 avril 2007

    Jean-Pierre Casel suit les pas de sa mère chanteuse d'opéra et intègre le cours Simon après l'obtention de son baccalauréat. Dans les années 1950 il rencontre Gene Kelly (son idole) qui lui donne un petit rôle dans" La route joyeuse" (1957). Après quelques figurations, il se fait connaître grâce au film "Les jeux de l'amour" de Philippe de Broca. Sa carrière est alors lancée et les films se succèdent…

    Il a tourné avec les plus grands (Renoir, Molinaro, Melville, Deville, Chabrol…), et il n’hésitait pas depuis quelques années à honorer de sa présence des premiers films.

    Il était le symbole de l’élégance et de la joie de vivre.

    Prochainement sortira « J’aurais voulu être un danseur » d’Alain Berliner.

    C’est dans « L’ours et la poupée » de Michel Deville qu’il m’avait enchantée pour la première fois où il était le souffre-douleur d’une délicieuse Brigitte Bardot. Hélas je ne trouve pas d’extrait de ce film à vous proposer.

  • L'affiche du 60ème Festival de Cannes

     

    « Un saut vers le futur » !

    C’est ainsi que se définit l’affiche officielle du 60ème Festival International de Cannes.

    Une sélection (à retrouver ICI et nulle part ailleurs) à l'image de l’affiche du 60e anniversaire.

    Pour fêter ses 60 ans, le Festival de Cannes a voulu éviter la commémoration.

    L'affiche le résume.

    Elle se veut le manifeste d’un festival en mouvement vers l’avenir.

    A partir de clichés de l'édition 2006, pris par Alex Majoli de l'agence Magnum, le graphiste Christophe Renard a composé une chorégraphie réunissant :

    Pedro Almodovar, Juliette Binoche, Jane Campion, Souleymane Cissé, Penelope Cruz, Gérard Depardieu, Samuel L. Jackson, Bruce Willis et Wong Kar Wai.

    La Sélection Officielle, est bien dans cette ligne du mouvement. Du glamour certes, mais surtout une avalanche de nouveaux cinéastes.

     

  • Election 1 de Johnnie To ***

     

    Hong-Kong. Une triade est une société démocratique (si, si) : le nouveau « parrain » doit être élu. Lok et Big D. (pour gros débile sans doute) sont en lice. Le premier, bon père plutôt calme et réfléchi (en apparence) remporte cette élection sur le second, plutôt excité et violent. Une guerre fratricide se déclare.

    Comme tout (bon) film de mafia, les scènes de parlote autour d’une table où l’on doit prendre des décisions alternent avec les bastons et autres expéditions punitives. Les mafieux d’extrême orient n’ont rien à envier aux fous furieux ritals de la Little Italy, ils sont aussi timbrés, sadiques et mégalos dans le crime organisé. Pour notre plus grand plaisir au cinéma, la guerre des gangs si elle est terrifiante, est aussi l’occasion de nous offrir des scènes en tension constante avec apologie de la violence gratuite qui semble en totale contradiction avec un code de l’honneur que chaque participant doit prononcer pour être digne d’être un « neveu ». Tous ces tueurs sans foi ni loi, sans cœur ni morale se prennent tellement au sérieux, qu’ils seraient risibles s’ils n’étaient si dangereux. Néanmoins, c’est passionnant, excitant, magnifiquement filmé et la musique envoûte.