COMME T'Y ES BELLE
de Lisa Azuelos °
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de Lisa Azuelos °
Ce qu’il y a de plaisant avec la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes (comme la cérémonie de clôture d’ailleurs) c’est qu’elle est brève, concise et efficace. Cette année, je l’ai trouvée intense.
D’abord, et pour la première fois, la « maîtresse de cérémonie », comme il l’a dit lui-même était Vincent Cassel, toujours déroutant avec ce mélange d’élégance et de « bad boy ».
Ensuite, son discours était beau et engagé. Il a souligné la diversité ethnique de la France, « pays laïc et latin ». Il a loué le mélange, le melting-pot, la pluriculturalité en rappelant que « 177 communautés vivent aujourd’hui dans certains quartiers parisiens… plus qu’à Londres, plus qu’à New-York.. ». Puis il a prononcé quelques phrases en arabe, en vietnamien et en bambara (langue officielle du Mali) et a conclu à l’adresse de tout immigré :
« bienvenue à toi et à tous les tiens »…
Ensuite il a appelé un à un les membres du jury et le cœur de la cinéphile a battu plus fort en apercevant Tim Roth et Elia Suleiman (surtout eux). Ce même cœur a manqué un battement devant Wong Kar-Wai dont personne n’a encore jamais vu les yeux…
Ensuite, Vincent Cassel (Vinz pour les intimes) a annoncé un extrait du prodigieux « 2046 » qui avait tant fait médire la croisette l’an passé et qui n’est pourtant rien d’autre qu’un pur chef d’œuvre.
Sur l’écran Tony Leung, perdu, frémissant arpente les couloirs tendus de rideaux rouges, comme toujours, comme souvent… et soudain, comme glissant hors du film : Angela Georghiu chante « Norma » de Bellini...
Wong Kar Wai s’émerveille, la cinéphile se pâme et Sidney Poitier, standing ovationné déclare ouverte la 59ème édition du Festival de Cannes.
L'évènement est mondial, annuel et il commence demain mercredi 17 mai
(c'est la Fête des Pascal(e)... :
A partir de demain donc,
retrouvez Sandra sur son blog : http://monfestivalducinema.hautetfort.com .
Elle sera sur place et elle publiera un compte-rendu quotidien avec des critiques des films en Sélection Officielle mais aussi des sections parallèles.
Et surtout n'oubliez pas d'aller au cinéma...
de Kim Jeewoon ***
Pour qui parvient à dépasser la violence, la barbarie et la brutalité, ce film est un pur moment de rock’n’roll.
Ce film est d'une beauté et d'une cruauté hallucinantes. Beauté des lumières, des décors, des costumes, des cadrages et des dialogues ciselés dans des écrins et cruauté de l'histoire et des personnages qui, dévorés d'ambition se fracassent les uns contre les autres pour se perdre ou pour réussir. Kirk Douglas y est un producteur de génie, tyran cynique impitoyable, prêt à tout pour un film : à sacrifier l'amour, l'amitié, la confiance, trahir... pour un film ! C'est sadique et c'est magnifique. C'est hollywood, c'est le cinéma !
Je suis toujours stupéfaite de contempler Kirk Douglas, avec son jeu étonnamment moderne, naturel il pourrait débarquer aujourd'hui et être encore en avance sur son temps. Je ne peux expliquer à quoi ça tient. C'est d'autant plus visible face à ses partenaires (dont Lana Turner au jeu beaucoup plus outrancier).
C'est une merveille et oui, je le confirme : le cinéma c'est ensorcelant.
Déception.
Ce devait être extravagant et loufoque avec une bonne dose d’amoralité saugrenue dans le genre « Arsenic et vieilles dentelles », et c’est plan-plan, mou-mou… soporifique. Pourtant tout y était : l’histoire (une vieille dame indigne c’est toujours réjouissant) et on sent que les acteurs sont tout prêts à se lâcher et flop.
Donc, une vieille dame meurtrière qui a passé environ quarante ans en prison-hôpital-psy débarque dans une famille au bord de l’implosion et dégomme tout ce qui pourrait l’empêcher de tourner rond. Gloria mère et épouse au bord de la crise de nerfs essaie de donner un sens à son existence morose entre un mari-pasteur (Rowan Atkinson, sobre !) qui la néglige, un fils perturbé et souffre-douleur à l’école, une fille ado nymphomane et un amant grotesque (Patrick Swayze, définitivement grotesque). La pauvre a beau faire la danse des sept voiles devant ces deux nigauds, ils ne voient pas la perle qu’ils ont devant eux. Soit… et bien tout ceci tourne à vide dans la belle campagne anglaise humide et verdoyante.
Quelle dommage pour la grande Kristin Scott Thomas que je n’ai jamais vue aussi farfelue, excentrique, franchement marrante et l’immense Maggie Smith, toujours un peu inquiétante et irrésistible. On les sent toutes deux malicieuses, prêtes à dire et à faire des pitreries… et elles sont entravées par un scénario qui n’ose pas. Encore dommage.
"j'abolirai l'ennui"...
Ce film se regarde sans ennui et sans passion. C’est une espèce d’ovni dans le sens où il ne ressemble à aucun autre mais qu’il semble néanmoins un peu vain. Pratiquement toute la famille Fiennes (sauf Joseph) s’y est mise d’arrache-coeur.
En vrac, nous y trouvons une femme (Kristin Scott Thomas, belle, belle, belle) dépressive, mauvaise mère, amour-propre défaillant, obsédée par son apparence, son mari (Damian Lewis, impeccable) avocat qui prend du galon sans vraiment comprendre pourquoi, un petit garçon malheureux, un ex-flic dépressif itou (Rhys Ifans, plus que bien) reconverti en travailleur social, une prostituée en phase terminale (Penelope Cruz qui prend un nouveau risque : mal coiffée, mal maquillée, mal habillée : elle est moche), un ex Hobbit (Ian Holm) déboussolé, un amateur d’art raffiné et homosexuel qui aime bien les jeunes garçons (Ralph Fiennes : sublime… et oui, la cinéphile est une faible femme !!!) , un ami-traitre et journaliste (Ben Chaplin : œil de velours)… et d’autres encore, car c’est un film «choral».
Quand le final arrive pompeux et grandiloquent, il y a un parfum de grande réconciliation qui flotte et là : j’aime.
Plus on ment, plus la vie se complique.
Dans l’aristocratique campagne londonienne, James et Anna vivent un bonheur pépère, tendre et courtois. L’arrivée de William, Ruppert Everet, irréprochable dans un (premier ?) rôle hétéro, séducteur mais toujours cynique va déjà commencer à faire vaciller les certitudes de ce couple sans histoire. La mort accidentelle d’un homme pas loin de leur maison de rêve va encore enfoncer le clou et obliger chacun (plus ou moins suspect) à révéler ses petits secrets et grandes fêlures.
C’est raffiné comme un baise-main à l’heure du thé, cruel comme un roman d’Agatha Christie et d’une finesse psychologique rare au cinéma. C’est un premier film et il est beau, sans fioritures et pourtant très soigné. Les acteurs sont impeccables et notamment Tom Wilkinson, plus que convaincant, digne, intelligent et touchant dans le rôle de l’amoureux, éconduit et malheureux.
Au final de cette analyse de l'adultère, de la responsabilité et du sentiment de culpabilité, chacun révèlera sa vraie nature.
Delicious et so british.