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  • L'enfant de Kaboul de Barmak Akram***

    L'Enfant de KaboulL'Enfant de KaboulL'Enfant de Kaboul

    Une femme couverte d'un tchadri abandonne son bébé sur la banquette arrière du taxi de Khaled. Père de quatre filles alors qu'il rêve d'avoir un garçon, Khaled trime dur pour faire vivre la famille à sa charge, ses enfants, sa femme et son père. Une bouche supplémentaire à nourrir est inconcevable. Il va se heurter au refus de différentes "autorités" où il souhaite laisser le bébé, commissariat, orphelinat, ONG... puis entreprendre de rechercher la mère dont il n'a aperçu que la cheville, puis d'une certaine façon s'attacher à cet enfant perdu.

    3 jours dans la vie de Khaled vont être le prétexte à nous faire parcourir Kaboul, ville survoltée, effervescente, bouillonnante, ravagée par plus de 20 années de guerre mais en pleine reconstruction. Et le réalisateur ne va pas chercher à nous faire pleurer en nous démontrant de façon quasi documentaire que ce pays et cette ville en particulier ont souffert, souffrent encore des dommages des guerres et des talibans dont les ombres planent toujours. Et pourtant son film étreint le coeur tant il expose comme jamais le quotidien de personnes qui vivent et redressent la tête quoiqu'il en soit. Il n'élude rien : la pauvreté, la mendicité, le manque de travail, l'état des routes et des habitations, le manque d'électricité, le couvre-feu, un attentat suicide parfois, un hélicoptère qui survole la ville, une bombe qui explose, le pouvoir de l'argent, la domination des hommes, l'asservissement des femmes toujours isolées chez elles ou sous leurs voiles. Entre archaïsme, intégrisme et modernité ce pays et ses habitants tentent de faire face.

    Le parcours de Khaled pour se "débarrasser" de ce minuscule mais si encombrant paquet oscille constamment entre le drame et le comique tant il doit faire face à des situations burlesques. L'acteur étonnant qu'est Hadji Gul fait le reste, pétri d'humanité, de compassion et d'intelligence il est notre guide à travers ce film et cette ville cruels, drôles et bouleversants. HUMAIN.

    D'abord symboliquement désigné comme étant Moïse sauvé miraculeusement, on apprend le prénom du bébé : Massoud...

  • Deuxième jour - Festival International du Premier Film d'Annonay

    Deux films aujourd'hui, une rencontre qui en fera regretter plus d'un de ne pas être venu... et la découverte d'une actrice absolument fascinante, Lotte Verbeek

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    Les premiers films que j'ai vus sont :
    le bouleversant Enfant de Kaboul*** (cliquez ici pour voir mon avis) :

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    et le troublant Nothing personal**** (cliquez ici pour lire mon avis) :
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    Mais pendant que je vous tiens, j'en profite pour évoquer ma journée en quelques images :

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    Festivalière accréditée et fière de l'être
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    Le Palais/Théâtre assailli dès le matin
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    Salle(s) comble(s) jusqu'au bout de la nuit
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    The place to be...
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    AH AH AH !!!
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    EFFECTIVEMENT
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    Je ne sais pas vous, mais moi j'adore.
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    En pleine action
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    Bouh...
    Et pour finir, charmantes, disponibles, enthousiastes : Florence Loiret Caille et Sarah Leonor venues présenter leur film "Au voleur" (l'un des derniers de Guillaume Depardieu)

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    A très bientôt !

  • Premier Jour - Festival International du Premier Film d'Annonay

    Il s'agit bien évidemment de mon premier jour à moi et voici les premières images de mon arrivée à l'hôtel. Attention, ça peut être douloureux...

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    Vous le savez tous, le Festival a démarré vendredi soir avec en ouverture, un film de haute tenue, "Complices" en présence du réalisateur Frédéric Mermoud et de l'actrice principale Nina Meurisse. Je vous recommande plus que vivement ce film que j'ai eu le bonheur de découvrir récemment, et qui est encore à l'affiche.

    Gaël le Directeur artistique et Marianne la Directrice du Festival m'ont assuré que le week end en présence de Jonathan Zaccaï avait été très intense et chargé en émotion tant l'acteur s'est impliqué dans l'"animation" de ces deux jours qui lui étaient en partie consacres et où il a pu présenter certains de ses films dont le déroutant, atipyque et formidable "Simon Konianski". Paré de son humour, de sa rêverie, de l'amour de son métier, de son goût des rencontres avec le public, Jonathan, irrésistible a charmé et conquis tout le monde.

    Lorqu'on arrive au Palais du Festival (n'ayons pas peur des mots, rebaptisons le Théâtre pour quelques jours) on découvre qu'il s'est paré des oripeaux en relation avec le thème de cette année entre

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    PEUR
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    MÊME PAS PEUR
    Les salles de cinéma, la ville et l"Antre-D'eux" (l'endroit où IL FAUT être entre deux séances pour boire, manger, discuter, écouter, partager...) sont ornés de plein de petites bestioles et décors qui pleuplent nos nuits, du petit mouton rassurant qui peut aider à s'endormir, aux monstres les plus biscornus. Je vous les présenterai tout au long de la semaine.
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    Le côté "rêves" de l'"Antre-D'eux
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    Festivalière tentant d'établir son programme
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    Festivalier se laissant porter par les événements
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    Marianne Ferrand (directrice du festival) et festivalière attentives.
     
    C'est dans le cadre de cette thématique que seront projetés toute la semaine des films tels que "Le Labirynthe de Pan", "Amarcord", "Brazil", "La cité des enfants perdus", "Léolo", "La science des rêves"...
    Mais ce qui m'a fait arriver si tôt à Annonay, alors que depuis 6 ans je n'y viens qu'à partir du jeudi pour suivre et voir les huit films de la compétition, c'est la présence de Jean-Pierre Améris qui était le Président du Jury lorsque je fus moi-même membre du jury en 2005 et avec qui je suis toujours restée en contact.
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    Au cours de cette journée spéciale, Jean-Pierre a rencontré environ 300 collégiens le matin dans le cadre des 20 ans du dispositif "Collège au cinéma". Il leur a présenté son film "Je m'appelle Elisabeth". La projection du film fut suivie d'une rencontre et d'une discussion entre le réalisateur et les jeunes.
     
    L'après-midi j'ai pu assister à "La leçon de cinéma" de Jean-Pierre qui est bien plus et bien mieux qu'une leçon, (terme qui lui semble d'ailleurs totalement inapproprié tant il répugne à en donner), mais plus sa vision du cinéma, sa façon de vivre cette passion vitale et dévorante. Deux heures brillantes, enthousiasmantes et... trop courtes.
    Depuis toujours audacieux et timide il affronte ces "exercices" de partage et de transmission avec angoisse, vaillance et générosité. Et je vous assure que ce dernier terme le concernant n'est ni excessif ni un abus de langage. L'écouter parler avec tant de fièvre, d'humilité et d'humour, mêlant toujours les anecdotes de tournages au récit de sa vie, vous rend le cinéma à la fois insaisissable mais indispensable et ne peut que décupler votre appétit de cinéphilie. Et puis je comprends et ressens tellement ce qu'il dit, comme s'il parlait en mon nom, que c'en est troublant et terriblement bouleversant de l'entendre penser tout haut ce que je ne parviens que rarement à exprimer.
    Jean-Pierre est né à Lyon, là où naquit le cinéma... la ville que j'ai découverte en octobre dernier avec mon Clint mais bon... je vous ai déjà raconté cet épisode :-). Le cinéma a toujours été présent dans sa vie car il était le loisir favori de ses parents. Les jours de Noël, pas de messe de minuit mais une séance de cinéma ! Et à 7 ans : le choc, "La canonnière du Yang Tsé" de Robert Wise avec Steve Mac Queen. Il découvre qu'un héros peut mourir et c'est par le cinéma qu'il appréhende pour la première fois l'idée de la mort. La découverte de la vie est intimement liée et se mêle au cinéma.
    L'appétit se transforme en boulimie à l'adolescence. Complexé, hors norme et "différent" du fait de sa très grande taille, Jean-Pierre considère la salle de cinéma comme un cocon, un "ventre protecteur" et il vit sa vie par procuration. L'envie de filmer lui vient vers 13 ans. Equipé d'une petite caméra, il filme sa famille et scénarise déjà ses petits films et restera encore aujourd'hui convaincu qu'en filmant du vivant il en restera une trace.
    Rapidement fasciné par Bresson (dont le "Pickpocket" demeure un de ses films cultes), Bergman et la musique de Bach, il réalise un premier court-métrage "Le retour de Pierre" en associant le ton monocorde des acteurs bressonniens, l'austérité bergmanienne et la musique du maître. Alors que le thème évoque la "mort du père", la salle est morte de rire. Aujourd'hui c'est avec beaucoup d'humour et de lucidité qu'il évoque cette expérience traumatisante dont il dit avec sa fantaisie dévastatrice : "il faut survivre à ça !". Quand il raconte ces souvenirs, ces épisodes qu'il a traversés il le fait toujours avec cette approche tragi-comique qu'il apprécie tant chez certains réalisateurs. Ainsi considère t'il le dernier film des frères Coen "A serious man" comme un summun de finesse et de cruauté qui caractérisent souvent la vie qui fait qu'au moment où tout semble être en passe de s'arranger, tout s'effondre...
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    Après avoir réalisé trois courts métrages, Jean-Pierre tente le concours de l'IDHEC* à Paris. Il l'obtient et poursuit des études qui l'intéressent énormément.  
    *Institution des Hautes Etudes Cinématographiques devenue aujourd'hui la FEMIS Fondation Européenne pour les Métiers de l'Image et du Son dans laquelle il est aujourd'hui intervenant.
     
    En 1987, il obtient le Grand Prix du Festival de Clermont-Ferrand pour son court-métrage "Intérim" qui évoque ses différents et successifs "petits boulots" dans des entreprises lyonnaises qui lui permettent de vivre. Le prix était à l'époque remis "en nature" (pellicules, matériel...) et lui permet de réaliser son premier long "Le bateau de mariage".
    Dans un montage d'une vingtaine de minutes réalisé par Gaël, nous découvrons ou redécouvrons un extrait de tous les films de Jean-Pierre dont "Poids Léger", "C'est la vie", "Je m'appelle Elisabeth", "Maman est folle"... qui nous permet de constater les "progrès", l'évolution, de noter les maladresses qu'il gomme avec le temps. Persuadé jusqu'alors que le travelling, le plan séquence est le nec plus ultra du cinéma, il s'oriente aujourd'hui de plus en plus vers le champ contre champ.
    Actuellement et pour deux mois au moins encore, Jean-Pierre procède au montage de son long métrage qui sortira vraisemblablement à l'automne prochain "Les émotifs anonymes" avec Isabelle Carré, qu'il retrouve avec bonheur après "Maman est folle" et Benoît Poelvoorde... qui sont deux émotifs que la timidité paralyse (ce que le réalisateur a fréquemment expérimenté). Il s'agit de sa première comédie après des thèmes souvent graves mais qui lui sont chers et qui évoquent toujours une part largement autobiographique tels que les soins palliatifs, la mort, le deuil... Ici, il souhaite s'adresser à ceux qui doutent et ont (comme lui, comme moi) la trouille de tout sur le mode tragi-comique qu'il affectionne tant. Rire avec et non rire de...
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    Sâchant que l'attention du spectateur se relâche au bout de 40 minutes, il est essentiel de relancer l'action. C'est ainsi qu'après 8 à 9 semaines de tournage, 60 heures de rushes, il convient d'être sans pitié avec ce qu'on a tourné pour en arriver à environ 1h 40 de film.
    Travaillant toujours avec un co-scénariste, ils ont construit ce récit après environ 40 versions du scénario. Pour "Maman est folle" il disait de son co-scénariste, l'auteur Olivier Adam : « on l’a rêvée ensemble, cette histoire, mais nos désespoirs sont différents ». Il est vrai que l'hyper sensibilité et une certaine forme de désespoir sont omni-présents lorsque l'on rencontre, qu'on connaît et qu'on écoute Jean-Pierre Améris, mais comme ils sont assortis d'un humour souvent foudroyant, de sa créativité d'artiste, sa compagnie est toujours positive, constructive et enthousiasmante.
    Conscient qu'il n'est pas un technicien et qu'un film ne se fait pas seul, Jean-Pierre s'entoure d'une équipe avec laquelle il établit un climat de confiance indispensable même s'il sait que le réalisateur est le seul à être là du début à la fin de la création, qu'il est aussi le seul à avoir le film en tête. Il est celui qui guide et profite du talent des autres, des techniciens aux acteurs.
    Même si le cinéma est très lié à la disparition, qu'il enregistre du vivant avant qu'il ne soit mort, c'est grâce au cinéma que Jean-Pierre qui a un peu/beaucoup tendance à s'isoler du monde, rejoint "la vraie vie" parfois. En se confrontant par exemple au thème des réfugiés de Sangatte.
    Ce que Jean-Pierre Améris préfère, c'est tourner. Son cinéma est un cinéma de personnages et de personnes. Il aime plus que tout rencontrer et diriger les acteurs. Il doit parfois faire face à ce qu'il appelle la révolte de l'acteur (surtout celle des hommes d'ailleurs...). Il est un cinéaste exigeant mais protecteur. Il ne leur vole rien mais parvient à saisir ce qu'ils offrent. Et ceux-ci savent qu'il ne les trahira pas...
     
    C'est à l'"Antre-Deux" que s'est poursuivi ce passionnant échange où nous avons également pu rencontrer l'actrice Aurélia Petit, inoubliable dans "Oublier Chéyenne" de Valérie Minetto et qui assurait ce soir la présentation de "La science des rêves" de Michel Gondry auquel elle avait participé.
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    Aurélia Petit, adorable, charmante avec une idée folle et super géniale dans sa jolie tête
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    Jean-Pierre et une ravie de crèche !
     
    Je reviens vers vous au plus vite pour vous raconter la suite...

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