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cinéma - Page 276

  • Vivre ! d’Yvon Marciano **

     Aymeric Cormerais, Yvon Marciano dans Vivre ! (Photo) Aymeric Cormerais, Yvon Marciano dans Vivre ! (Photo) Yvon Marciano dans Vivre ! (Photo)

    Mathieu est atteint d’un cancer en phase terminale. Il a choisi de mourir chez lui, seul, loin de ses proches. C’est donc à Théo, jeune homme compatissant, disponible, très récemment déçu par l’amour et rencontré par hasard dans un café qu’il offre ses dernières semaines. Leur relation amicale éphémère, fugace n’en est pas moins riche d’intensité, de complicité et d’intimité.

    L’agonie et la mort de Mathieu ne sont qu’un préambule à ce qui va suivre. Pourtant les liens qui se tissent entre Mathieu et Théo, magnifiquement interprétés, avec beaucoup de pudeur et de lucidité par Jean-Jacques Levessier et Aymeric Cormerais, mériteraient un film à eux seuls tant leurs rapports généreux dénués d’opportunisme sont beaux. Ce n’est d’ailleurs pas tant Mathieu qui nous manque lorsqu’il disparaît, mais la beauté des attachements qu’il était capable de faire naître.

    C’est aussi Théo qui sera chargé, à la mort de Mathieu, de prévenir ses amis les plus proches. Ils seront donc 4 garçons et 3 filles, entre 22 et 26 ans qui vont se rencontrer autour d’un cercueil pour finalement construire de nouvelles amitiés, trouver un sens à leur vie, et en l’honneur et dans le souvenir de Mathieu : Vivre !

    C’est à partir de là que le film réalisé dans l’urgence, dans l’euphorie et avec l’énergie de la jeunesse de ses interprètes qui célèbrent la vie, nous fait découvrir un cinéma différent qui ne respecte aucun code mais offre un regard nouveau et un hommage sincère et vibrant au cinéma des aînés. On s’attend d’ailleurs à tout moment voir surgir Patricia/Jean Seberg pour nous proposer le « Herald Tribune » dans un Paris si beau qu’il semble presque irréel.

    Nous suivrons sur quelques semaines le chemin de Théo et des autres, avec leurs projets, leurs rêves qui se concrétiseront, ou pas…

    J’aime bien la façon dont Aymeric me parlait du film récemment : « Si on devait faire une comparaison culinaire je dirais qu'un film "normal" c'est : entrée, plat, dessert; alors que celui-ci est comme un buffet où l’on peut grignoter un peu de tout ».

     

    Le cinéma la plupart du temps c’est beaucoup de temps qui passe, beaucoup de patience, des années d’attente parfois, de réflexion, d’hésitation, de doute et puis parfois «un soir d’avril» par exemple, un réalisateur décide que tout doit être différent.

    Voilà la façon dont Yvon Marciano raconte comment l’idée de « Vivre ! » lui est venue, après avoir mis en exergue une phrase de Jacques Rivette :

    « C’est toujours la méthode avec laquelle on tourne un film qui est le vrai sujet ».

     

    « Un soir d’avril, cette idée soudain s’est imposée à moi : tourner un long-métrage, en trois semaines, au mois d’août à Paris, avec des jeunes comédiens, une équipe légère, caméra à l’épaule, dans une totale liberté. Je n’avais aucune idée à cet instant précis du sujet, j’avais juste le désir de tourner dans Paris une histoire de jeunes gens. Je n’avais pas beaucoup d’argent, seulement l’envie de partager cette aventure avec des comédiens de l’École Florent, et des étudiants de l’ESEC, deux écoles où j’enseigne quelques semaines par an. J’en ai tout de suite parlé à mon ami Pierre Befve qui a été opérateur sur plusieurs de mes courts métrages. Il a tout de suite adhéré à cette idée un peu folle. Il fallait faire vite. L’équipe technique a été composée en quelques jours (6 étudiants de l’ESEC, 3 de l’Ecole Louis-Lumière), le numérique s’est imposé tout de suite, le choix du HD après quelques essaie. J’ai réalisé le casting en 5 semaines d’une aventure humaine et professionnelle exceptionnelle, avec des comédiens et des techniciens entre 20 et 28 ans, qui, pour 95 % d’entre eux, n’avaient jamais tourné. Grâce à l’investissement et au dévouement de tous, le pari a été tenu jusqu’ici : 8 personnages principaux, 10 personnages secondaire, 80 lieux de tournage dans Paris, et 150 séquences. J’espère que, dans le film tel qu’il est aujourd’hui, il passe un peu de cette énergie et de cette liberté dont j’avais eu tant envie ce soir d’avril ».

     

    Il est difficile de parler d’un film dont on connaît l’acteur principal. J’aimerais que tout le monde le voie et l’aime, et qu’Aymeric ait enfin la carrière qu’il mérite. Vous pouvez vous rendre compte de son talent (les filles, détendez-vous !) en regardant le court-métrage de Romuald Beugnon « Béa » pour lequel il a obtenu le Prix d’Interprétation au Festival du Film Romantique de Cabourg. Et si vous avez une bonne mémoire, vous pouvez vous souvenir d’Aymeric qui avait un rôle (court, pas très gratifiant mais hilarant) dans « Le premier jour du reste de ta vie » de Rémi Besançon. Si vous avez regardé la télé vendredi 2 octobre, vous l’aurez peut-être reconnu dans « Pour une nuit d’amour » de Gérard Jourd’hui dans le rôle d’un jeune homme pas bien malin qui « bouscule » et dénonce Thierry Frémont…

    Vous pouvez également retrouver l’avis de Sandra M. ici, ainsi que l’interview qu’elle a réalisée auprès d’Aymeric et du réalisateur Yvon Marciano.

     

    Et aussi participer au concours qui vous permet de gagner des places et de rencontrer l'équipe de ce film.

  • The Informant de Steven Soderbergh ***

     Matt Damon, Steven Soderbergh dans The Informant ! (Photo) Matt Damon, Steven Soderbergh dans The Informant ! (Photo) Matt Damon, Steven Soderbergh dans The Informant ! (Photo)

    Les pratiques frauduleuses voire criminelles de certaines grandes entreprises : c’est mal !

    Les dénoncer : c’est bien !

    C’est ce que décide un jour Mark Whitacre, dénoncer les agissements de la multinationale agro-alimentaire Archer Daniel Midlands (ADM) dans laquelle il est un cadre supérieur modèle.

    Approché par le FBI, il va devoir « collaborer » avec deux agents et apporter les preuves de ce qu’il avance. D’abord séduit voire stupéfait par l’ampleur des révélations que Mark leur fait, le FBI, de plus en plus ahuri à mesure que l'enquête avance, va rapidement s’apercevoir qu’il doit également faire face à un élément de taille : la personnalité capricieuse ou lunatique de leur informateur dont les renseignements en cascade seront pour le moins fluctuants voire contradictoires, laissant peut-être même apparaître que l’homme n’est pas si innocent qu’il y paraît. A chaque rencontre il affirmera de façon plus que convaincante « je vous ai tout dit » mais ne cessera au fur et à mesure de modifier, transformer ses témoignages, n’hésitant jamais à se contredire.

    Qui aurait cru que Steven Soderbergh réaliserait un jour un grand film comique ? C’est fait et je dois dire que j’ai ri du début à la fin. Tiré de l’histoire vraie de Kurt Eichenwald et du récit qu’il en fit dans son best-seller « The informant : the true story », le réalisateur a choisi le parti d’en tirer un film burlesque, farfelu et de faire de cet anti-héros souvent grotesque un personnage particulièrement attachant.

    Quant au FBI, ridiculisé comme jamais, ne semblant pas se méfier plus que ça d’un type qui, malgré la trahison envers son entreprise, espère encore en obtenir une promotion, il ne sort pas grandi de cette affaire.

    La musique, mix de celle de l’Arnaque et de James Bond, est un atout essentiel qui nous confirme bien que nous sommes dans une farce énorme malgré le sérieux du sujet. D’ailleurs Soderbergh nous avertit en préambule sur écran noir avant que le film démarre. Et toc !

    Mais il est évident que la grosse cerise sur cet énorme gâteau c’est Matt Damon qui est tout simplement GÉNIAL, je ne trouve pas d’autres mots pour qualifier son interprétation. Massif, gras du bide, raide dans ses costumes impeccables rarement assortis à d'hideuses cravates (et qui fait une fixette sur celles du FBI), affublé d'un imperméalable mastic à la Hulot, moustachu, brushingué et laqué, il est une caricature du type coincé, sérieux à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Mais il n’y a pas que son look qui soit une révélation. Sa composition délirante quoique retenue de Mark est absolument jubilatoire, un régal de tous les instants. Sa façon de se prendre pour l’agent secret 0014 (« deux fois plus malin que 007 » affirme t’il), sa naïveté, ses mensonges sincères, son aplomb, sa crétinerie involontaire, son innocence le rendent surprenant, déconcertant et attachant.

    Triple ban.

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    Matt Damon en smoking et en Matt Damon à la Mostra de Venise 2009.
  • 500 jours ensemble de Marc Webb ***

     Joseph Gordon-Levitt, Zooey Deschanel, Marc Webb dans (500) jours ensemble (Photo) Joseph Gordon-Levitt, Zooey Deschanel, Marc Webb dans (500) jours ensemble (Photo)

    Nous sommes prévenus dès le générique par la voix off qui l'annonce :

    « c’est l’histoire d’un garçon qui rencontre une fille, mais ce n’est pas une histoire d’amour ». Et pourtant si, quoi que non, mais encore. Enfin bref, d’un côté il y a Tom idéaliste et rêveur qui croit au coup de foudre, qui rêve de l’amour unique qui dure toujours avec un grand T. 

    Il est persuadé de le reconnaître dès qu’il croise le regard bleu des mers du sud de Summer. Summer est le genre de filles qui rend toutes les autres transparentes, inexistantes. En plus d’être très jolie, elle est drôle, gaie, insouciante. Elle prend la vie et les rencontres comme elles viennent sans se poser de questions sur l’avenir. C’est ce qu’elle affirme en tout cas.

    Le fait que ce soit le garçon qui soit l’élément romantique de ce très joli couple, celui qui cherche une relation stable, durable, solide alors que la fille hésite, voire refuse de s’engager, n’est pas la seule originalité de cette comédie romantique, brillante, très drôle et très amère aussi. Le réalisateur ne nous raconte pas l’histoire de deux personnes que tout oppose, qui se chamaillent et finissent immanquablement dans une étreinte sous les violons et sous la pluie. On n’est pas ici dans un conte de fées où on laisse les deux tourtereaux au moment même où tout va se compliquer : « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants… ». On sait que pour Tom et Summer, ça ne durera que 500 jours… et franchement, on est en droit de penser : tant mieux pour Tom… même s’il va souffrir, il s’en remettra.

    Marc Webb décortique l’évolution d’une « love affair » de la rencontre à la rupture. Des premiers regards au moment où on se met à détester l’autre pour exactement les mêmes raisons qu’on l’a aimé. Chaque « qualité » qu’on a tant appréciée, qui rendait l’autre touchant et unique devient ordinaire et agaçante, insupportable. Mais là encore, il a la particularité et l’audace de ne pas le faire chronologiquement mais dans n’importe quel sens sans jamais nous perdre puisqu’un compteur s’affiche à l’écran et nous indique à quelle étape on en est des fameux 500 jours. On passe donc allègrement du 488ème jour au 31ème, puis au 500 et ensuite au 2ème etc. Cela ajoute incontestablement à l’intérêt et à la vivacité de cette comédie qui alterne donc les styles, les humeurs et les façons de filmer. Mais ce n’est pas tout, différents procédés sont utilisés : split screen (scène cruelle où sur l'écran partagé en deux on voit la scène telle que Tom l'avait rêvée et telle qu'il la vit réellement), dessins animés, changement de format, apartés des acteurs, comédie musicale… L’une des scènes les plus réussies étant sans aucun doute celle où Tom sort transfiguré de sa première nuit avec Summer. Le monde est beau. Tout le monde vêtu de bleu sourit… et la ville se transforme en une immense piste où Tom mène la danse et fait partager son bonheur. Drôle et touchant.

    Bien que très charmante (physiquement), je n’ai pu m’empêcher de penser que cette Summer/Zooey Deschanel (au jeu un peu, beaucoup, enfin, très limité…) ne méritait pas Tom, et que ses atermoiements, contradictions, petites tricheries, gros mensonges et trahisons  finissaient vraiment par être fatigants, le discours étant toujours constamment aux antipodes des actes…

    Par contre, Joseph Gordon-Levitt réalise comme dans chacun de ses films un sans faute, maîtrisant parfaitement la comédie et le drame. Ses airs de cherokee mal réveillé qui semble toujours sortir du lit le rendent particulièrement attachant. Son visage élastique et mélancolique semble sourire quand il ne sourit pas et triste même quand il est souriant. Il est formidable.

    Espérons que l’Automne de Tom sera plus ensoleillé que ce douloureux été de 500 jours qui l'aura néanmoins mis sur le chemin de nouveaux bouleversements !

  • A deriva de Heitor Dahlia **

     Laura Neiva, Vincent Cassel, Heitor Dhalia dans A Deriva (Photo) Vincent Cassel, Heitor Dhalia dans A Deriva (Photo) Laura Neiva, Vincent Cassel, Heitor Dhalia dans A Deriva (Photo)

    C’est l’été de tous les bouleversements dans la famille de Filipa. L’adolescente de 14 ans passe les vacances avec ses parents, son frère et sa sœur sur une île paradisiaque près de Rio de Janeiro. Elle est en conflit avec sa mère, très très proche de son père. Elle surprend des conversations qui tendent à prouver que ses parents sont sur le point de se séparer. Elle découvre que son père, écrivain célèbre en manque d’inspiration, trompe sa mère. Elle épie, écoute, regarde, croit comprendre mais ne voit en fait qu’une partie de la réalité qu’elle interprète à sa façon.

    Ce serait une chronique familiale assez ordinaire s’il ne s’agissait d’une famille brésilienne et que les drames et initiations se jouent dans des paysages sublimes écrasés de soleil. L’autre originalité tient au parallèle qui est fait entre le couple des parents qui se délite, observé par Filipa dont on épouse le point de vue forcément incomplet et à l’éveil de la sensualité de la jeune fille qui va passer l’été à jouer à la poupée qui fait oui, puis qui fait non, puis oui. Devenir adulte, ouvrir son cœur aux sentiments et paradoxalement refuser comme une petite fille de voir ses parents se déchirer et les juger.

    Dommage que le réalisateur n’ait pas davantage resserrer son histoire. Il s’égare parfois en scènes répétitives ou inutiles (le meurtre sanglant dans la villa voisine !!!). Il n’en reste pas moins un film fin et subtil qui permet de découvrir une jeune actrice magnifique Laura Neiva et nous révèle un superbe Vincent Cassel (très beau) très crédible à la fois en mari qui souffre, en amant fougueux qu'en papa poule fou de ses enfants

    L’étreinte de Filipa et de son père qui comprend sans un mot que sa petite fille est devenue une femme est sublime.

    A vous, tous les papas : n’oubliez jamais de prendre vos (grandes) filles dans vos bras !

  • Le dernier pour la route de Philippe Godeau **

     François Cluzet, Philippe Godeau dans Le Dernier pour la route (Photo) François Cluzet, Michel Vuillermoz, Philippe Godeau dans Le Dernier pour la route (Photo)

    Hervé est patron d’une agence de presse, marié et père d’un grand garçon. Tout serait pour le mieux s’il n’était dépendant depuis de longues années à l’alcool. L’histoire commence le jour où Hervé décide de se rendre dans un centre de désintoxication en pleine nature. Après avoir pris plusieurs « petits déjeuners » à sa façon : deux verres de vin blanc au café du coin, un verre de vin blanc au buffet de la gare… il découvre l’endroit où il a choisi de vivre pendant six semaines, la chambre qu’il partagera avec un autre pensionnaire, le groupe avec qui il vivra chaque jour obligatoirement jusqu’à 22 heures (extinction des feux), la « quarantaine » d’une semaine (aucun contact avec l’extérieur, pas même les proches), les réunions où chacun évoquera tour à tour sa dépendance et les conséquences qu’elle a eues sur la vie… Il fait la connaissance de ces compagnons blessés et de l’équipe soignante qui est intégralement composée d’anciens alcooliques, des médecins aux infirmiers et divers psys…

    Ce n’est qu’en quelques flash-backs que l’on voit comment Hervé complètement addict se levait la nuit pour vider des bouteilles seul dans la cave en pleurant de honte, jusqu’à tomber. Comment sa femme le regarde (Anne Consigny, la souffrance faite actrice…) et son fils l’évite.

    En écoutant le récit de ses compagnons qui tentent de reprendre goût aux choses avec douleur, ironie, colère ou découragement selon les cas, il découvre qu’il n’est pas seul et que ce « problème avec l’alcool » comme disent la plupart des dépendants, est une maladie dont on ne guérit jamais mais qu’on peut contrôler. Il réalise peu à peu les dégâts irréversibles qu'elle a également provoqués sur les êtres les plus proches (sa femme, son fils) soulagés enfin qu’il ne soit plus à la maison.

    Interpréter de façon plus qu’impeccable par un François Cluzet abîmé, constamment dense et profond sans jamais être excessif qui sait d’ailleurs exactement de quoi il est question, mais aussi par quelques autres dont Michel Vuillermoz et Marilyne Canto, ce film souffre de son manque de… souffrance ! Il n’y a pratiquement jamais une tête qui dépasse dans ce scénario bien rangé qui aligne des sentences thérapeutiques bien proprettes et prévisibles et où personne ne semble ressentir le manque (ou si peu).

    Les deux (donc trop rares) apparitions du médecin du centre (très très étonnant et inquiétant Philippe du Janerand) qui décrit de façon clinique et chirurgicale les risques, dangers et ravages de l’alcoolisme sur l’organisme (sur le foie : hépatites, cirrhose, reflux, gastrites… ou sur le système nerveux : démence) devant son auditoire épouvanté sont suffocantes.

  • Hôtel Woodstock d’Ang Lee ***

     Emile Hirsch, Ang Lee dans Hôtel Woodstock (Photo) Demetri Martin, Ang Lee dans Hôtel Woodstock (Photo) Demetri Martin, Jonathan Groff, Mamie Gummer, Ang Lee dans Hôtel Woodstock (Photo)

    Quelle bonne idée de la part d’Ang Lee de nous raconter la fabuleuse histoire du concert mythique d’août 1969 («trois jours de musique et de paix») non pas du point de vue de l’organisation du concert en lui-même mais d’un point de vue beaucoup plus trivial et logistique. Comment très concrètement accueillir les 5 000 spectateurs prévus, qui au final seront 500 000 dans un trou paumé du nord de l’Etat de New-York ?

    Le film s’inspire donc de l’histoire d’Elliot Triber (l’acteur Demetri Martin une nouvelle révélation) qui retrouve ses parents dans leur motel minable qui n’accueille plus que de rares clients mécontents et menacé de saisi par la banque pour cause de traites impayées. Découvrant que le village voisin refuse de recevoir les hippies qui « menacent » d’affluer, Elliot contacte les producteurs (dont Jonathan Groff, roi de la coolitude absolue, impayable) et leur propose le champ voisin qui lui appartient. C’est ainsi que le garçon va connaître la plus grande aventure de sa vie, tacher de faire savoir à ses parents qu’il est gay, vivre son premier trip sous acide, renflouer les caisses du motel et tenter de voir un concert…

    Film à la fois déjanté et très sage ces deux heures sont un bonheur très drôle et nostalgique. On les passe en compagnie de cette faune bigarrée et insouciante qui rassemble les opposants à la guerre au Vietnam, les vétérans qui en sont revenus cassés (Emile Hirsh, encore très bien), les fous de musique qui attendent Bob Dylan qui ne viendra pas, les riverains catastrophés de l’ampleur de l’ «invasion». C’est formidable, réjouissant, ça a marqué à tout jamais toute une génération et pourtant dans ce film, on ne fait qu’apercevoir très au loin l’extravagance et le gigantisme de l’évènement et entendre furtivement quelques notes ou quelques échos de la voix reconnaissable entre mille de Janis Joplin.

    P.S. : à noter une prestation de Liev Schreiber absoluement adorable en représentant du service de sécurité très particulier...

  • L’affaire Farewell de Christian Carion ***

     Emir Kusturica, Guillaume Canet, Christian Carion dans L'Affaire Farewell (Photo)

    Dans les années 80 les blocs de l’Est et de l’Ouest étaient en pleine guerre… froide ! Un colonel du KGB qui ne croit plus au communisme tel qu’il est pratiqué dans son pays décide de faire passer des documents et informations confidentiels aux services secrets occidentaux. Il y parvient par l’intermédiaire d’un jeune ingénieur français qui travaille à Moscou. C’est cette « affaire » qui est à l’origine de l’affaiblissement du régime soviétique, de la fin de cette guerre froide et finalement de la chute du mur de Berlin.

    Christian Carion aime que la petite histoire rejoigne la grande et il réussit après « Joyeux Noël » à nous conter un des évènements les plus marquants du XXème siècle par le biais de faits totalement inconnus du grand public.

    Des faits d’espionnage on ne connaît que ceux de James Bond. Ici, rien n’est spectaculaire et les protagonistes très humains ont une vie, une famille à protéger, des sentiments et même beaucoup d’estime l’un pour l’autre. En nous montrant ces hommes très ordinaires immergés dans l’histoire du monde, le réalisateur choisit une atmosphère froide et brutale qui peut surprendre mais finalement tout est beaucoup plus réaliste. Pas d’action donc, mais une ambiance de complot, de méfiance, de doute, de suspicion, de danger et de peur.

    Guillaume Canet est l’ingénieur français sans histoire entraîné malgré lui dans cette histoire insensée et d’abord utilisé à son insu. Toujours conscient des risques qu’il prend il est constamment inquiet et tendu. Partagé entre le désir de protéger sa femme et donc de lui mentir et séduit par la détermination du colonel russe.

    Ce dernier est interprété par Emir Kusturica, crédible dans son désir de sauver ou au moins de changer le monde et touchant de lucidité sacrificielle.

    Avec l’insistance à montrer Ronald Reagan comme un ex acteur dépité de n’avoir pas tourné avec John Ford et qui regarde en boucle la scène finale de « L’homme qui tua Liberty Valance », le réalisateur semble nous dire que ceux qui tirent les ficelles ne sont pas toujours les plus compétents pour le faire. On le sait.

    Les quelques (trop) rares apparitions de Niels Arestrup en directeur des services secrets français dont Mitterrand doute, rappellent à quel point on a envie de voir et revoir encore cet acteur gigantesque.

    Un film d'espionnage à échelle humaine, c'est rare et captivant.

  • Clint, les autres, et moi, et moi, émoi…

     

    Vous le savez sans doute à présent dans trois semaines j’ai rendez-vous en tête à tête avec Clint. Si vous ne le savez pas encore, allez voir ici.

    Pour fêter l’évènement, nous serons entourés de quelques curieux (environ 3 000) mais peu importe… Arrête de rêver Trêve de plaisanterie, je serai à Lyon du 13 au 18 octobre pour la première édition du Festival LUMIÈRE 2009. Pour tout savoir, rendez-vous là.

     

    clint-eastwood-20070120-200779.jpg clint au bain image by zaza069