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kristin scott thomas

  • MY OLD LADY d'Israël Horovitz **

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    Dans un Paris de carte postale ripoliné, sans circulation, sans crottes de chiens, baigné de soleil et au son de l'accordéon, Mathias arrive de New-York pour prendre possession du seul bien que son père mort lui a légué : un appartement de 400 m² avec jardin en plein Marais.

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  • DANS LA MAISON de François Ozon ****


    Dans la maison : photo Ernst UmhauerDans la maison : photo Fabrice LuchiniDans la maison : photo Ernst Umhauer, Fabrice Luchini

    C'est la rentrée des classes. Germain prof de français dans un lycée semble un peu plus désabusé que les autres années et que ses collègues. Et encore davantage lorsqu'il découvre accablé que le Proviseur (discours incroyable de Jean-François Balmer impayable !) entend mettre en pratique une expérience faisant du Lycée Gustave Flaubert un "pilote". Tous les elèves porteront l'uniforme dans le but de les mettre sur un pied d'égalité sans signe ostentatoire de classe sociale. Pour Germain cela donne à ces ados une apparence encore plus grégaire. Mais il n'est pas au bout de ses surprises. Pour connaître le niveau de ses élèves il leur demande de rédiger un texte où ils racontent leur dernier week end. Le résultat est affligeant de banalité et de médiocrité et Germain est persuadé de tenir la classe de seconde la plus nulle qu'il ait jamais connue. Jusqu'à ce qu'il tombe sur le texte de Claude Garcia, élève de sa classe également mais qui raconte avoir observé une famille tout l'été et avoir réussi à devenir le meilleur ami de Rapha le fils. Epaté par l'aisance, le style et l'imagination du garçon bien que choqué par la formule "le parfum particulier de la femme de la classe moyenne" le professeur l'encourage à continuer son histoire. Dès lors le jeune homme va s'ingénier à tenter de retranscrire le récit de ce qu'il observe puis d'interpréter, de modifier le sens ou le cours des événements. La perversion des faits va bouleverser l'existence de pas mal de personnes.

    Et mine de rien la construction du film est vertigineuse et m'a évoqué une oeuvre musicale, une symphonie inachevée. D'abord piano, le récit va crescendo jusqu'à atteindre une forme d'apothéose où tout n'est plus que confusion pour s'achever dans une espèce d'apaisement illusoire, un trompe l'oeil très Fenêtre sur cour où l'on se dit que le prof et l'élève, complices désormais, n'ont pas fini de sévir. Jubilatoire. A suivre... comme dirait Claude Garcia. Le jeune homme, visage d'ange, corps gracile et délicat incarne au premier abord la douceur et l'innocence. Mais parfois sur sa frimousse parfaite passe l'ombre cruelle de l'ironie. Le professeur, comme nous, se laisse prendre par cette apparence inoffensive. Et à un moment on ne sait plus qui du prof ou de l'élève manipule l'autre. Qui admire l'autre, qui le désire peut-être, ou l'idéalise ? Le professeur envie t'il son élève pour son talent, lui qui n'a réussi qu'à écrire un roman médiocre ? C'est un peu comme si Verlaine avait trouvé son Rimbaud et voulait le façonner comme il l'entend. Et les références pleuvent à chaque scène. Comment ne pas évoquer le Visiteur du Théorème de Pasolini puisque Claude parvient à tour de rôle, en fonction des exigences de son prof qui réclame un peu plus d'aspérités, d'obstacles, à séduire chaque membre de la famille très ordinaire de son copain ? D'abord le fils, Rapha, garçon quelconque, sans charme ni talent. Puis le père (Denis Ménochet, acteur impeccable et décidément "transformiste"), brave type fruste, bon père, bon mari quoique vaguement macho mais finalement fragile et harcelé dans son travail. Et la mère (Emmanuelle Seigner, insaisissable, lasse et troublante), la femme qui s'ennuie le plus sur terre et rêve de véranda, son Maison & Travaux continuellement à la main. Et Claude n'a qu'à paraître pour capter l'attention. Il trouble et ensorcelle avec un minimum d'effets (Ernst Umhauer est une révélation).

    Jamais encore il ne m'avait été donné de ressentir cette impression qu'un film s'écrit au fur et à mesure qu'on le regarde alors que le scenario est une impressionnante mécanique de précision. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas un hasard si à un moment Germain et sa femme (Kristin Scott Thomas, sensationnelle en gérante d'une galerie d'art très spéciale, mais menacée de fermeture) vont au cinéma et s'arrêtent devant l'affiche de Match Point de Woody Allen. Leur couple d'intellos petits bourgeois, complice et finalement fragilisé ou mis à nu par l'intrusion de Claude, n'est pas sans rappeler celui que formait Woody Allen et Diane Keaton dans Meurtre mystérieux à Manhattan. On rit beaucoup à voir s'affronter leurs points de vue sur la vie, les êtres, l'art, le talent ou le génie. Et à observer leur hypocrisie aussi car le regard méprisant que porte le jeune homme sur la "famille ordinaire" reflète sans aucun doute leur propre opinion. Jusqu'où, sous prétexte de création, sont-ils capables d'aller pour que le récit de Claude devienne une oeuvre littéraire ? L'interprétation d'une oeuvre étant un des thèmes récurrent du film, notamment au travers de la galerie de la femme de Germain. On peut dire tout et n'importe quoi à propos d'une oeuvre, empiler des mot, s'extasier et parler d'art. La double apparition de Yolande Moreau en jumelles est un régal !

    Et à la question "peut-on abandonner toute morale sous prétexte de génie ?". Fabrice Lucchini répond sans hésitation "bien sûr, sinon, on ne lit pas Céline." Et l'acteur débarrassé de la moindre emphase du show man dont il est capable (un régal pour moi qui suis fan par ailleurs) est parfait dans ce rôle idéal du prof de français hyper cultivé. En rien un rôle de composition, puisqu'il empoigne sans cesse dans ce film tous les ouvrages dont il nous parle depuis des années. Flaubert en priorité. Un film qui donne envie de lire et qui brasse un nombre incalculable de thèmes sans sombrer dans un salmigondis psychologisant. Efficace, jubilatoire, cruel, immoral, simple et complexe. Le meilleur Ozon ?

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    Et n'oubliez pas que vous pouvez poser des questions à Denis Ménochet (formidable une fois encore ici), sur ce film mais pas uniquement bien sûr. Je vous laisse jusqu'à dimanche soir, le temps pour vous de voir le film.

  • LA FEMME DU Vème de Pawel Pawlikoski **

    La Femme du Vème : photo

     La Femme du Vème : photo

    La Femme du Vème : photo

    La Femme du Vème : photo

    Tom Ricks est américain, professeur à l'université et romancier. A son arrivée à l'aéroport à Paris il explique au douanier qu'il vient s'installer définitivement en France pour s'occuper de sa fille. Mais dès qu'il se rend au domicile de son ex femme, elle appelle la police et l'empêche de voir l'enfant. Elle affirme qu'il peut être dangereux, violent et qu'il est sous le coup d'une injonction d'éloignement. Sauf qu'à nos yeux, Tom semble être tout ce qu'il y a de plus calme. Dans un bus, il se fait voler ses bagages et se retrouve sans un sou. On sent que pour lui c'est le début de la lose et d'une spirale infernale qui va le tirer irrémédiablement vers le bas. Il trouve un logement dans un hôtel minable et le patron lui retire son passeport jusqu'à ce qu'il puisse payer la chambre. Il lui propose également un travail : gardien de nuit dans un souterrain où ont lieu de mystérieux trafics ! Tom accepte. Il rencontre Margit belle, mystérieuse et sensuelle qui lui donne des rendez-vous dans un luxueux appartement, jamais avant 16 heures. Tout ce qui arrive à Tom semble être placé sous le signe de l'inconnu et de l'incertitude et tout ce qu'il fait l'enfonce un peu plus davantage.

    Tiré du roman éponyme de Douglas Kennedy, le film est aussi énigmatique et obscur que le livre. Mais en ayant lu l'un et vu l'autre, on peut parvenir à trouver les explications "logiques" au comportement parfois étrange de Tom. Et puis l'avantage du film, très fidèle au roman même s'il élude totalement la frénésie cinéphile du personnage, c'est évidemment l'interprétation. La "fameuse" femme du Vème est finalement plutôt inexistante bien que Kristin Scott Thomas l'anime de sa voluptueuse présence. Mais Ethan Hawke dans le rôle de Tom, totalement perdu et infiniment séduisant, fait qu'on suit son extravagant et inquiétant parcours sans le quitter un instant des yeux.

  • NOWHERE BOY de Sam Taylor-Wood ***

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    La réalisatrice Sam Taylor-Wood ne nous embarque pas dans un biopic classique. Il n'est pas question ici de la formation et de l'ascension fulgurante du mythique groupe de Liverpool dont le nom ne sera d'ailleurs pas prononcé une seule fois, mais d'une période assez réduite de la vie de son fondateur, John Lennon et plus précisément encore de sa chaotique adolescence.  

    J'aime les Beatles, j'ai les skeuds Blanc, Rouge et Bleu et aussi Abbey Road (mon préféré) et d'autres encore... mais je ne suis pas idôlatre au point de m'être jusqu'ici penchée sur la vie des Fab Four ni de m'être intéressée à leur carrière respective en solo qui suivit la dissolution du groupe. J'ai entendu de fervents adorateurs crier au scandale à propos de ce film. J'ai d'ailleurs retenu une des attaques qui s'avère être complètement fausse mais passons...

    Tout ceci pour vous dire que je vous parle ici du film que j'ai vu, que j'ai adoré et que je ne sais quelle est la part de vérité vraie ou de fantasme de la réalisatrice. En tout cas c'est une histoire, belle, forte, parfois dramatique, deux enterrements et pas de mariage, une histoire pleine de hasards et de coïncidences. La vie et la personnalité de John Lennon ont été marquées de manière indélébile par un événement inconcevable. Alors qu'il avait 5 ans, ses parents lui ont demandé de choisir de suivre l'un ou l'autre. Il choisit son père, et sa mère part sans se retourner. Il regrette immédiatement son choix pour se précipiter vers sa mère. Finalement les deux l'abandonneront et c'est sa sévère tante Mimi qui le recueillera et l'élèvera. Aux alentours de ses quinze ans et alors qu'il n'a toujours pas compris ce qui sépare les deux soeurs à tout jamais, il se partage littéralement entre l'une et l'autre. Autant sa tante Mimi est austère et autoritaire autant sa mère est farfelue, excentrique et totalement immature. C'est pourtant à cette mère fantasque, perturbée et perturbante, dépressive et peut-être pas aussi innocente qu'elle veut le laisser paraître, qu'il doit son amour de la musique. Plutôt bagarreur, mauvais élève et exclusivement préoccupé par les filles, c'est sa mère qui lui enseignera le banjo et lui fera apprécier le rock'n'roll. Lorsqu'il découvrira Elvis Presley, sa vie en sera bouleversée à tout jamais. Très vite il fondera un groupe qui se produira dans de petites fêtes locales. Il rencontrera Paul McCartney, gaucher surdoué et on n'est pas trop surpris en voyant les étincelles immédiates entre ces deux là, la jalousie de petits coqs du haut de leurs quinze ans, de savoir que le groupe n'ait duré qu'une dizaine d'années. Puis George Harrison les rejoindra. Et si le groupe a réussi à se maintenir au-dessus de leur ego respectif, c'est sans doute qu'ils étaient suffisamment intelligents pour comprendre à quel point ils étaient à la fois en osmose (l'harmonie de leurs voix sur les choeurs est unique au monde !) et complémentaires. 

    Mais le propos du film n'est pas là, même si la musique est omniprésente et complètement essentielle à la survie du garçon, c'est ce traumatisme fondateur que John Lennon doit parvenir à dépasser. Constamment tiraillé entre deux femmes, sa mère et sa tante qui se le disputent comme leur possession, il est le plus souvent perdu, ne sachant comme faire pour tenter d'exister sans les perdre ou les blesser. C'est assez déchirant de voir ce garçon colérique, impatient, souvent désorienté, parfois détruit, essayer de se construire au milieu de deux adultes qui aiment trop et qui aiment mal.

    La reconstitution des années 50, l'envie de retourner en Angleterre au bord de la mer, la naissance d'un mythe, le rock'n'roll qui met des fourmis dans les jambes, un bel acteur Aaron Johsnon, une grande actrice parfaite Kritin Scott Thomas, et une autre extravagante, magnifique, femme enfant tourmentée absolument époustouflante Anne-Marie Duff... sont quelques unes des bonnes raisons qui vont vous conduire en salle voir ce film. Et hop yeah ! 

  • CRIME D'AMOUR de Alain Corneau *

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    Christine est responsable de la filiale française d'une entreprise multinationale. Sa collaboratrice la plus proche est Isabelle une jeune femme pleine de talent. Les deux femmes partagent la même passion pour leur travail qu'elles font passer avant tout. Elles s'admirent, se respectent, sont complémentaires. Entre elles deux la complicité se transforme peu à peu en ce qui pourrait ressembler à un sentiment amoureux. Mais Isabelle est jeune, peut-être encore un peu naïve, trop confiante et influençable. Christine va profiter de cette fragilité pour utiliser Isabelle. Elle se servira de ses idées, de ses compétences pour briller auprès des responsables américains et obtenir un poste qu'elle convoite. Elle ira jusqu'à "offrir" son amant à Isabelle. Mais lorsqu'elle l'humiliera en public, Isabelle, blessée, se montrera aussi machiavélique que sa supérieure.
    Il s'agit d'un polar assez classique dont l'intrigue un peu diabolique mais pas révolutionnaire (la manipulation, la séduction, le rapport dominant/dominé, on a déjà vus) permet d'installer un suspens plutôt réussi. On ne sait plus toujours qui dit vrai, qui utilise qui, qui est sincère ou pas.
    Par ailleurs une trouvaille vraiment judicieuse et originale tirait également le scénario vers le haut. Une coupable avoue le crime qu'elle a prémédité en dissimulant soigneusement des indices qui seront découverts alors qu'elle est incarcérée.
    Mais Corneau nous joue un drôle de tour en nous détaillant à deux reprises ces indices !!! Une fois en temps réel, une autre en flash-back (bleu grisâtre pour qu'on comprenne bien qu'il s'agit de flash-back, j'imagine).
    Rien n'est à reprocher à Kristin Scott Thomas, vraiment très belle, très chic, autoritaire, distinguée et brutale. Est-ce réellement une faille que découvre Isabelle et qui la rend brusquement encore plus impitoyable ? Le doute subsistera toujours quant à ses sentiments véritables grâce à sa troublante et subtile interprétation.
    Mais l'erreur colossale dont le film ne se remet pas c'est cette aberration de casting qui saute aux yeux comme un coup de pied au cul dès les premières secondes du film. Dès l'apparition de Ludivine Sagnier en chemisier rose pâle boutonnée jusqu'à la glotte et lunettes noires en écailles dix fois trop grandes pour elle, on n'y croit pas et on a envie de rire. Ensuite, la voir en "cadre supérieure" d'une grande entreprise, moulée dans ses tailleurs, juchée sur des talons aiguilles, assister à des réunions puis les diriger elle-même face à des nuées de working boys qui se laissent mener par le bout du nez... le fourire gagne. Evidemment on n'est pas toujours responsable de son physique. Ludivine Sagnier a beau avoir 30 ans, elle a la chance et la malchance d'en paraître 10 de moins, et ce ne sont pas les chignons, le rouge à lèvres et les échasses qui pourront y changer quelque chose. Elle a l'air d'une gamine déguisée en grande fille à qui on a confisqué les jouets. On s'attend à tout moment à ce qu'elle se mette à taper du pied en boudant et ronchonnant : "mais heu, arrêtez de m'embêter euh !!!"... et d'ailleurs, elle le fait, elle tape du pied dans un grand moment de désespoir que nous reverrons également deux fois... Si seulement son jeu très limité ne se limitait pas à avoir le sourcil droit constamment étiré vers le haut du front quand elle doit avoir l'air sérieux (une véritable cascade, personnellement je m'entraîne, je n'y arrive pas), et les yeux dans le vague (avec gros plans répétés sur le réveil pour nous prouver qu'elle peut tenir très très très longtemps les yeux dans le vague) quand elle doit avoir l'air triste ou contrarié !!! Il faut également la voir se dandiner, se déhancher, chalouper... Il y a longtemps que je n'avais vu une interprétation catastrophique, calamiteuse aussi pitoyable ! Est-ce du cabotinage, de l'inconscience, une direction d'acteur approximative ? Si peu de finesse, de justesse, de subtilité, d'élégance, d'intuition, de sobriété, de légéreté... finalement ça frôle peut-être le génie !