POTICHE
de François Ozon ****
avec Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, Karin Viard, Jérémy Renier, Judith Godrèche
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
de François Ozon ****
avec Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, Karin Viard, Jérémy Renier, Judith Godrèche
C'est à Londres que se situent les aventures à la fois quotidiennes, ordinaires et extraordinaires de 8 personnages dont les destinées vont se croiser, converger ou s'éloigner. Un septuagénaire se réveille un matin terrifié à l’idée de mourir bientôt. Il quitte sa femme vieillissante pour une bimbo blonde et sans cervelle alors qu’une « cartomancienne » prédit à la délaissée qu’elle va rencontrer un sombre et bel inconnu… La fille de ce vieux couple perd les pédales, amoureuse de son patron qui ne la remarque pas, alors que son mari, écrivain raté se met à lorgner sur la fenêtre de l’appartement d’en face où une jolie fille en rouge, pas loin de convoler, joue de la guitare…
Des histoires de couples, d'amour, de sexe, de désir, d'ambition, de déceptions... des erreurs, des quiproquos, des malentendus, des infidélités, des injustices. Beaucoup d'incertitudes, de tergiversations, de lâcheté, de cruauté. Le tout enrobé, pimenté, entortillé, noyé dans un flot de paroles fiévreuses mais toujours d'une justesse et d'une utilité incontestables. Oui, les personnages de Woody parlent beaucoup. Ils s'expliquent, se justifient. C'est rythmé, nerveux, vigoureux, pétillant avec toujours, au bord de l'éclat de rire, cette inquiétude propre au petit bonhomme assez génial qu'est ce grand réalisateur. Dans cette frénésie de dialogues, de rebondissements en tout genre dont un ABSOLUMENT GENIAL, véritable pirouette inattendue qui concerne Josh Brolin l'écrivain et un de ses amis victime d'un accident... et cet autre où un mari (Josh Brolin encore) emménage chez une splendeur (la sublime Freida Pinto) qu'il a longuement observée depuis la fenêtre de son appartement et qui se retrouve à observer la femme qu'il a quittée (Naomi Watts) depuis son nouvel appartement. En un plan vraiment astucieux et magistral, sans effet ni parole cette fois, il nous démontre la bêtise des hommes (en tant qu'humanité) qui s'obstinent toujours à imaginer, que l’herbe verte ou la vraie vie est ailleurs...
Ce film lumineux, plein de drames, de folie, de douceur et d'humour est un grand grand cru qui m'a rappelé l'époque bénie des "Annie Hall" et "Manhattan", pas moins. C'est totalement euphorisant de voir qu'un réalisateur de cette trempe et de cet âge puisse encore innover tout en imprimant son incontestable et tellement reconnaissable virtuosité. Et beaucoup d'allégresse aussi, de délicatesse pour démasquer les failles et fêlures humaines et nous démontrer la vanité, la fragilité des illusions, des apparences.
Quant à la direction d'acteurs, elle est à l'image du reste, virtuose et irréprochable. Woody tire le meilleur de cette toute nouvelle troupe d'acteurs qui se montrent tous à la hauteur de l'honneur et du bonheur de travailler avec lui. L'inconnue Lucy Punch, véritable fantasme ambulant, tout en jambes, en cheveux, en minceur qui a comme son nom l'indique beaucoup de vigueur et de vitalité est LA révélation irrésistible de cette histoire pleine de bruit et de fureur, "much ado about nothing", "très dramatique et très comique", (comme nous le disait Woody en personne et en français en juillet dernier où il a fait l’ouverture du Festival Paris Cinéma) où il est également question de réincarnation et de vies antérieures... Mais grâce soit encore rendue à Woody de permettre à Anthony Hopkins de redevenir le merveilleux acteur qu'il a su être, sans excès ni cabotinage.
La musique qui accompagne, dès le générique, est comme toujours un régal permanent...
Mon seul regret est que Woody s'estime désormais trop vieux pour s'accorder des rôles dans ses propres films. Mais sinon, bravo, bravo et encore bravo et une standing ovation !
Si vous ne l'aviez pas vue en juillet, voici la petite vidéo que j'avait faite de Woody à la soirée.
"On" m'a conseillé à plusieurs reprises d'aller voir ce film, en me le vantant ainsi : "il donne une pêche d'enfer !". Et puis bon, voir des handicapés taper sur des boîtes en ferraille j'avais moyen envie, d'autant que j'avais entendu un extrait et que la musique m'avait semblé plus qu'approximative (alors qu'il n'en est rien). Et puis l'autre jour, j'ai entendu dans mon France Inter, Renaud Barret (l'un des deux réalisateurs) parler, non seulement du film, mais aussi du pays où il a été tourné le Congo et des membres du "Staff Benda Bilili" (qui signifie "au-delà des apparences"), ce groupe improbable de 5 handicapés et 3 valides qui fait de la musique comme on respire, pour vivre, mais aussi pour survivre. Avec des instruments pourris ou bricolés, mais des voix en or, ils composent leurs chansons qui parlent de la difficulté de vivre (handicapés ou non) dans un pays et dans une ville Kinshasa, la capitale pourtant (on n'ose imaginer dans quel état est le reste du pays !) dont j'apprends que 95 % vit dans une pauvreté totale..., mais sur des rythmes de folie (bossa, blues...) qui donnent envie de sauter partout. C'est Ricky qui a réuni tous les membres du groupe et qui rêve de devenir le meilleur orchestre du Congo.
Alors je dirai que non, ce film ne m'a pas donné une pêche d'enfer, il m'a bouleversée mais révoltéé aussi, émue, amusée, emportée. J'espère qu'il passe encore près de chez vous et que vous allez y courir et que comme moi, vous achèterez le disque en sortant car l'histoire de ce groupe est absolument incroyable et extraordinaire, belle, cruelle et brutale.
Armés d'une patience, d'une énergie et d'une volonté que rien n'entame les Benda Bilili vont mettre à peu près 5 ans avant de pouvoir enregistrer leur disque grâce à la rencontre un peu miraculeuse avec les réalisateurs. Le groupe sera même obligé de se séparer pendant une année au terme de laquelle Ricky part à la recherche de tous ses musiciens qui recommencent l'aventure avec le même entêtement. Ce qui rend ce film si fort et attachant c'est que les réalisateurs ne se concentrent pas uniquement sur les étapes de cette success story qui mènent le Staff au triomphe lors des Eurockéennes de Belfort mais aussi aux conditions de vie de tous ces membres et de la population en général. Ils dorment dans la rue sur des "toncars" comme ils le chantent. Ils avaient la possibilité d'être hébergés dans un Centre qui accueille les handicapés mais il a intégralement brûlé lors d'un incendie... Hommes, femmes et enfants se sont retrouvés à la rue sans que personne ne s'en émeuve. Alors qu'ils ont absolument tout perdu du peu qu'ils avaient, Ricky dira face caméra : "c'est la vie, ce sont des choses qui arrivent". Bon.
On surprend une conversation dans laquelle deux ados s'interrogent et s'étonnent du fait que leurs aînés veulent absolument se rendre en Europe. "Qu'est-ce que c'est l'Europe ?" dit l'un d'eux. "Ben, c'est un pays où tout le monde ne peut pas entrer et qui a été créé pour que les habitants puissent se comparer à nous !". On sourit devant le sérieux naïf de la conversation et on est écoeuré de constater encore et encore que quasiment tout un continent est dans cet état d'ignorance et de pauvreté extrêmes.
D'autres répliques font sourire car l'humour fait partie de leur kit de survie. En se rendant à Belfort en bus depuis Orly, voici ce qu'on entend :
- En tout cas c'est une jolie ville BeDfort.
- Oh oui, et qu'est-ce qu'ils sont gros leurs poulets !
- Ben oui, les maigres ils nous les vendent.
- Oui mais ils nous les vendent pas cher."
Et tous éclatent de rire !
Et dans ce film, il y a une star. C'est Roger qui avait 13 ans au début de l'histoire et qui souhaitait plus que tout rejoindre les stars du ghetto. Il a créé un instrument le "satongé", qu'il appelle pompeusement guitare monocorde et qui est constituée d'un arc de bois planté dans une boîte de conserve reliés par un fil de fer. Il en sort des sons absolument inédits, inouïs et stupéfiants. Bien qu'il ne soit jamais allé à l'école, il n'a jamais sombré dans la délinquance grâce à cette passion. Mais en le voyant sur la scène des Eurockéennes mettre le feu à la foule en délire, on ne doute pas que ce petit gars va s'en sortir et qu'il va pouvoir être enfin la fierté de sa maman.
Le voici avec son drôle d'instrument dans les mains :
Avant tout, pour ceux qui ne la connaissent pas encore, voici une petite explication du titre aussi mystérieux que parfaitement adapté... Submarino est une technique de torture qui consiste à enfoncer la tête d'une victime sous l'eau. Et c'est bien de cette noyade où la proie s'agite vainement pour tenter de sortir la tête de l'eau dont il est question ici. Si Thomas Vinterberg nous assénait il y a 12 ans déjà une baffe monumentale avec son "Festen" que personne n'a oublié... il nous invite cette fois à une descente aux enfers en apnée en compagnie de personnages qui sont comme aspirés dans une épouvantable et implacable spirale de lose. Il faut bien l'avouer c'est parfois à la limite du supportable tant les malheurs s'abattent les uns après les autres sur ces êtres qui tiennent bon malgré tout parce qu'ils n'ont jamais connu autre chose que le malheur et l'adversité, comme une fatalité. Et peut-être faut-il une sacrée dose de sadisme pour assister ainsi à tant de misère. C'est tout juste s'il n'apparaîtrait pas plus "normal" de s'échapper en courant de la salle pour respirer à fond et se réjouir d'être vivant, épargné !
Malgré le sordide souvent insoutenable des événements qui vont s'enchaîner, ce film s'ouvre et se clôt sur une scène, la même, d'une beauté, d'une douceur et d'une tendresse presque extravagantes. Entre les deux : l'horreur !
L'enfance de Nick et de son jeune frère n'a pas été un cadeau. Seuls avec leur mère alcoolique qui conclut régulièrement ses beuveries en frappant son aîné pour finir par s'écrouler ivre morte dans son urine, ils vont résister, serrés l'un contre l'autre. Et comme peu de choses empêchent un enfant de grandir, ils vont finalement continuer à bousiller leurs ailes d'anges fracassés au cours d'une vie qui ne va jamais les épargner. A l'âge adulte, les deux frères vont se perdre de vue et sombrer chacun dans une addiction, l'alcool pour l'un, la drogue pour l'autre. Et pourtant, s'ils sont marginaux, ils n'en sont pas des épaves pour autant car il leur restera toujours, envers et contre tout, une chose insensée, inouïe qu'ils n'ont jamais perdue même au plus profond du calvaire qu'ils endurent, leur humanité ! Une espèce de chose lumineuse, incontrôlable qui les rend absolument magnifiques et admirables, une aptitude extraordinaire à la compassion, à prendre soin les uns des autres et surtout, surtout à tenter coûte que coûte de protéger l'enfance, tous les enfants ! Il faut dire que Nick et son frère sont hantés par le souvenir d'un événement qu'aucune mémoire ne doit être capable d'effacer, qui les a traumatisés à tout jamais et accablés de culpabilité. Le genre de choc qui cloue le spectateur au fauteuil comme le coup de poing de "Festen"...
Les deux frères se retrouveront finalement dans l'endroit le plus improbable qui soit, mais avant ces retrouvailles où l'on aimerait pouvoir traverser l'écran pour leur permettre et les aider à se jeter dans les bras l'un de l'autre, il faut assister à tous les mauvais choix dont certains conduiront à de véritables tragédies, les mauvaises décisions, les renoncements qu'ils vont faire, les doutes, les hésitations.
Implacable et radical "Submarino" choque et bouleverse. Il est sombre et dur, rarement lumineux mais oserai-je dire qu'une timide lueur d'espoir naît dans la rencontre avec un enfant triste à qui l'on dit "je t'expliquerai bientôt pourquoi tu t'appelles Martin" ? Les flash-backs, qu'on ne voit pas arriver sont d'une subtilité admirable et donnent à ce film une construction particulièrement réussie alors que tout laissait à penser au départ qu'il était réalisé de façon linéaire.
Quant à l'interprétation, elle est magistrale. Dominée en particulier par le jeune Sebastian Bull Sarning, absolument époustouflant dans le rôle de Nick enfant, par Jakob Cedergren, magnifique, véritable bloc massif de douleur parfois mutique, capable de se broyer une main lorsqu'il ne trouve pas ses mots mais aussi du plus caressant des regards sur celle qu'il a aimée, et Peter Plaugborg, le frère de Nick, sorte de mort-vivant, brisé par l'angoisse de mal s'occuper de son fils et qui porte sa détresse dans son regard. Un film pas facile donc, vous êtes prévenus.
Ici encore il frappe fort avec ce film noir très noir à l'esthétique impeccablement chic et soignée à chaque plan. Pour nous faire entrer dans la tête d'un fou, psychopathe très très malade et réussir à nous abasourdir en nous surprenant alors que les serial killers bien dérangés de la tête prolifèrent sur les écrans noirs, il fallait le faire. Et c'est réussi, car en plus d'avoir particulièrement bichonné son ambiance années 50 très raffinée, Michaël Winterbottom (gloire à lui !!!) a choisi un acteur de 35 ans qui peut parfois en paraître 12, qui a le sourire aussi angélique que son regard peut brusquement devenir dément. Ce sinoque, schyzophrène, hyper violent c'est Casey Affleck. Acteur rare mais prodigieux dans sa façon de se vouloir discret, comme empêtré dans une gaucherie qui ressemble à de l'humilité, il capture et envahit l'écran de sa modestie et fait éclater une sauvagerie comme on en voit peu. Casey Affleck, MON Casey Affleck porte ce film sur ses timides épaules. Il semble toujours s'excuser d'être là, comme s'il marchait à reculons et déchaîne la barbarie en prenant soudainement le visage des femmes qu'il aime pour un pusching ball ! Je suis sûre que certains réalisateurs auraient offert un exctincteur à leur acteur pour en arriver au même résultat. Lou/Casey ne se sert que de ses mains et semblent tout surpris de ne pas anéantir sa partenaire au premier coup. Alors il les multiplie jusqu'à épuisement de sa victime et du spectateur. Et lui, part en sifflotant fumer un cigare.
Evidemment lorsqu'on se trouve devant le génie d'un acteur tel que Casey Affleck dont la voix de canard marmonne et mâchouille son texte avec nonchalance ajoutant encore à l'exaspération fascinante qu'il provoque, il faut tenir la route. Jessica Alba s'en sort vraiment bien, toute fragile, innocente et sincère qu'elle est, même si elle est en partie responsable de la violence qui se déchaîne. Par contre Kate Hudson vraiment pas gracieuse en plus de ne jamais être convaincante manque de tout ce que sa "rivale" propose.
Un monstre de cinéma, ça fascine parce qu'on se dit que ça ne peut exister dans la vraie vie, la toupie tourne et c'est forcément notre imagination de malade, de killer inside us qui l'invente. Donc, on est tout pardonné de trouver un film avec une pourriture de cette envergure aussi extraordinaire. Casey, je t'aime d'amour.
P.S. : Bill Pullman est vraiment très très bien aussi mais je suis faible et Casey m'hypnotise.
Dom Cobb est le meilleur "extracteur" qui soit. Il est chargé de pénétrer les rêves pour en extraire des données conservées par l'inconscient (si j'ai bien compris). Car oui, je veux bien essayer de vous donner envie de voir ce prodige de film (je suis très très cliente !) mais pour vous le raconter c'est une autre histoire et il faut sans doute que vous attendiez que je le revois une fois ou deux. Ce que je ferai, dès sa sortie (le 21 juillet, encore un peu de patience). Car là, j'étais invitée à la projection presse dans la prestigieuse et magnifique salle du Gaumont sur les Champs Elysées ou sévissait le f...... FBI in black.
De toute façon, parler trop d'Inception reviendrait à en révéler trop également. Il faut dire que comme souvent, je n'avais strictement rien lu pour garder le plaisir de la découverte intacte. Alors que puis-je vous en dire ? D'abord qu'évidemment je ne m'attendais pas à ce que cette grosse machine de guerre lancée la plupart du temps à 200 à l'heure soit un grand film d'amour... Si Dom est donc une sorte d'agent secret très spécial qui peut, dans un sommeil artificiel s'emparer de données essentielles, il a aussi une vie privée qui s'en est foutue le camp. Sa femme (Marion Cotillard, fatale) est morte (ou pas ?) et il cherche coûte que coûte à retrouver ses deux enfants ! Un homme d'affaires très riche (Ken Watanabe charismatiquissime) lui propose une affaire qui lui permettra de les retrouver. La cible (Cillian Murphy, parfait en petit garçon blessé) est le fils d'un très puissant industriel qui doit hériter de l'empire de son père avec qui il entretient des relations conflictuelles.
La réalisation est une succession de prouesses visuelles. On pénètre à l'intérieur des rêves ou à l'intérieur de l'inconscient des personnages. Ce qu'ils créent, imaginent ou détruisent est donc l'occasion de donner libre court à l'imagination d'un réalisateur qui n'en manque manifestement pas. Pour la première fois, que certains effets soient visibles ajoute à la vraisemblance et à la beauté. Des immeubles parisiens qui s'enroulent et s'imbriquent les uns dans les autres, un train qui fonce en pleine ville, des miroirs géants qu'on déplace simplement, des murs qui rétrécissent, des falaises entières qui s'effondrent, l'absence d'apesanteur, des ralentis qui s'éternisent, le temps des rêves inégal au temps réel... tout l'univers étrange des rêves où l'on peut survivre à la pire explosion, où l'on croise des personnes qui ne sont plus là est exploré, décortiqué. Et Nolan nous embrouille encore en faisant parfois rêver les personnages dans leurs propres rêves. Vous imaginez un peu à quels niveaux de perceptions on est confronté ? Une seule vision ne suffit pas, c'est sûr. De toute façon c'est un film captivant également du fait que même s'il est LE blockbuster de l'été, le réalisateur n'en a pas négligé pour autant ses dialogues (scientifiques mais pas trop) et le suspens, le personnage mettant des bâtons dans les roues de l'intrigue étant le plus inattendu qui soit... Quant à son merveilleux casting quatre étoiles, il n'oublie pas d'être des acteurs de tout premier plan. L'humour n'est pas absent non plus grâce en priorité à Joseph Gordon Levit (très "physique", alter ego efficace du personnage de Leo) et Tom Hardy (LE Bronson que j'ai tant aimé) qui ne cessent de s'envoyer des piques.
Et puis l'émotion est un des moteurs de l'histoire et il faut bien avouer que Leonardo di Caprio à l'aise et crédible dans les scènes d'action, se montre une nouvelle fois champion du monde toute catégorie du type amoureux, border line, qui souffre mieux que personne. Son rôle proche de ceux de "Les Noces rebelles" et plus encore "Shutter Island" où il frôle constamment la folie sème parfois le doute autant chez ses partenaires que chez les spectateurs. Capable dans la même scène de se montrer froid, puis d'être submergé par un désarroi et une inquiétude incontrôlables et de se ressaisir tout à coup, font de lui l'un des acteurs les plus intense, sensible, admirable et surprenant actuel.
..................
La réplique de Tom Hardy à Joseph Gordon Levitt :
"il ne faut pas avoir peur de rêver un peu plus grand chéri" mériterait d'être culte.
Ce grand film d'amour sur fond de climat social et de misère est une pure merveille où toute la singularité de Malick explose déjà à chaque scène. On pourrait faire un arrêt sur image de chaque plan tant chacune s'impose comme une photo, un tableau. Le meilleur exemple est cette ferme perdue au milieu de nulle part copiée/collée sur cette d'Edward Hopper.
L'histoire est celle de Bill, Abbie et Linda qui parcourent les Etats-Unis pour survivre en travaillant. L'abondance de main-d'oeuvre aux abois rend les patrons particulièrement odieux qui n'hésitent pas à considérer et traiter les ouvriers comme de la marchandise interchangeable. Mais cela ne rebute pas les courageux qui n'ont d'ailleurs aucun autre choix, l'essentiel pour eux étant de rester ensemble. Ils s'arrêtent pour une saison de moissons chez un jeune fermier solitaire et mourant. Ce dernier tombe amoureux d'Abbie dès qu'il la voit et sous la pression de Bill qui pense qu'en cédant à ses avances cela leur permettra de changer de vie, elle accepte de l'épouser. Evidemment Le Fermier finit par découvrir que Bill est un peu plus que le frère d'Abbie...
C'est définitivement Terrence Malick qui a inventé le vent dans les feuilles, les branches et surtout celui qui caresse les épis de blé. Toutes les images sont sublimes chez ce réalisateur, elles vous emportent loin. Mais pas seulement. L'évolution des personnages, l'économie de discours et de dialogues, la voix off moins présente que dans ses films les plus récents mais déjà la marque de l'univers de Malick, tout concourt à faire de ces dramatiques moissons une magnifique aventure de sensations.
Voilà j'y suis, pour 13 jours... après six éprouvantes heures de route et quelques déboires et difficultés à obtenir une connection qui me permettra de rester en contact avec vous, je pense que je vais pouvoir autant que possible vous relater au jour le jour ce qui se passe dans la capitale pour l'instant accablée de chaleur. Mais qu'importe si le brushing ne tient pas et si le smooky eyes coule, nous sommes quelques uns à être moites de bonheur mais soyez rassurés : on s'hydrate !
La soirée d'ouverture du Festival Paris Cinéma a donc eu lieu comme prévu au Cinéma Gaumont Capucines près de l'Opéra et en tant que membre du jury des blogueurs (innovation cette année pour cette 8ème édition ; Aude, Anne, Alexandra, "piliers" du Festival, merci et encore merci !), j'étais vraiment très très bien placée... Près de moi Marisa Berenson, Rosanna Arquette (vraiment très jolies toutes les deux), agréables et souriantes (mon homme est d'ailleurs tombé amoureux de Rosanna qui lui a touché la main et fait le plus beau sourire du monde...), Tom Novembre, Lisa Sednaoui, Eric Reinhardt, Valérie Donzelli...
J'ai retrouvé Sandra M. qui comme moi fait partie de ce jury, et comme moi est ravie (elle fait tout comme moi en fait) comme si c'était Noël, et fait la connaissance d'Anne-Soizic. Je regrette que les autres membres du jury présents ne se soient pas joints à nous, mais nous aurons très prochainement l'occasion de faire connaissance.
Le film projeté en avant première ce soir, qui sortira en salle le 6 octobre prochain est
"You will meet a tall dark stranger" **** de Woody Allen.
C'est déjà formidable de pouvoir voir le film d'un de mes réalisateurs préférés si longtemps avant sa sortie dans de si prestigieuses conditions... mais le cadeau inestimable de cette soirée est que Woody en personne était là, cool, souriant, tranquille, drôle... accueilli par Charlotte Rampling, présidente du Festival et Bertrand Delanoë, maire de Paris.
Un bonheur.
LE FILM
C'est à Londres que se situent les aventures à la fois quotidiennes, ordinaires et extraordinaires de 8 personnages dont les destinées vont se croiser, converger ou s'éloigner.
Des histoires de couples, d'amour, de sexe, de désir, d'ambition, de déceptions... des erreurs, des quiproquos, des malentendus, des infidélités, des injustices. Beaucoup d'incertitudes, de tergiversations, de lâcheté, de cruauté. Le tout enrobé, pimenté, entortillé, noyé dans un flot de paroles fiévreuses mais toujours d'une justesse et d'une utilité incontestables. Oui, les personnages de Woody parlent beaucoup. Ils s'expliquent, se justifient. C'est rythmé, nerveux, vigoureux, pétillant avec toujours, au bord de l'éclat de rire, cette inquiétude propre au petit bonhomme assez génial qu'est ce grand réalisateur. Dans cette frénésie de dialogues, de rebondissements en tout genre dont un ABSOLUMENT GENIAL, véritable pirouette inattendue qui concerne Josh Brolin l'écrivain et un de ses amis victime d'un accident... et cet autre où un mari (Josh Brolin encore) emménage chez une splendeur (la sublime Freida Pinto) qu'il a longuement observée depuis la fenêtre de son appartement et qui se retrouve à observer la femme qu'il a quittée (Naomi Watts) depuis son nouvel appartement. En un plan vraiment astucieux et magistral, sans effet ni parole cette fois, il nous démontre la bêtise des hommes (en tant qu'humanité) qui s'obstinent toujours à imaginer que la vraie vie est ailleurs...
Ce film lumineux, plein de drames, de folie, de douceur et d'humour est un grand grand cru qui m'a rappelé l'époque bénie des "Annie Hall" et "Manhattan", pas moins. C'est totalement euphorisant de voir qu'un réalisateur de cette trempe et de cet âge puisse encore innover tout en imprimant son incontestable et tellement reconnaissable virtuosité. Et beaucoup d'allégresse aussi, de délicatesse pour démasquer les failles et fêlures humaines et nous démontrer la vanité, la fragilité des illusions, des apparences.
Quant à la direction d'acteurs, elle est à l'image du reste, virtuose et irréprochable. Woody tire le meilleur de cette toute nouvelle troupe d'acteurs qui se montrent tous à la hauteur de l'honneur et du bonheur de travailler avec lui. L'inconnue Lucy Punch, véritable fantasme ambulant, tout en jambes, en cheveux, en minceur qui a comme son nom l'indique beaucoup de vigueur et de vitalité est LA révélation irrésistible de cette histoire pleine de bruit et de fureur, "much ado about nothing", "très dramatique et très comique ", où il est également question de réincarnation et de vies antérieures... Mais grâce soit encore rendue à Woody de permettre à Anthony Hopkins de redevenir le merveilleux acteur qu'il a su être, sans excès ni cabotinage.
La musique qui accompagne, dès le générique, est comme toujours un régal permanent...
Bravo, bravo et encore bravo et une standing ovation !