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Sur la Route du Cinéma - Page 518

  • Michaël Clayton de Tony Gilroy ***

    Michael Clayton - George Clooney
    Michael Clayton - George Clooney

    Michaël Clayton est une espèce de « nettoyeur » qui passe l’aspi là où les richissimes clients du célébrissime cabinet d'avocats new-yorkais où il travaille ont fait des cochonneries. Un jour, alerté par son ami Arthur (Tom Wilkinson, parfaitement touchant) qui passera un sale quart d’heure en essayant de se racheter une moralité, il prend conscience des pratiques douteuses puis honteuses d’une puissante industrie (cliente du cabinet) qui cherche à cacher les victimes d’une catastrophe écologique.

    En découvrant la nouvelle production du tandem Clooney/Soderbergh, champions du monde toute catégorie des histoires alambiquées (« Syriana », « Good Night, Good Luck », « The Good German »…) je craignais devoir me faire des nœuds au cerveau pour comprendre, et bien pas du tout. Tony Gilroy (dont c’est le premier film) scénariste de la trilogie Bourne, se sort comme un chef d’une histoire tordue. Le premier quart d’heure où tout se met en place est quelque peu tortueux, et puis tout devient limpide et s’enchaîne jusqu’à un final ni tout à fait noir, ni tout à fait blanc. Le réalisateur déroule sa mécanique parfaitement huilée sans chichi ni maniérisme. C’est sobre et implacable et le manichéisme est évité car, même si la « méchante » de l’histoire (Tilda Swinton, mortellement impassible malgré quelques auréoles sous les bras…) est une pourriture absolue et irrécupérable comme on en voit peu, le « héros » est loin d’être un ange. En effet, Michaël Clayton dont la vie personnelle frise le chaos (autant dire qu’il est dans une merde internationale (notons que notre George semble bien encombré d'un moutard de neuf ans... "que dois-je faire de cette chose ?" s'emble-t'il dire ???) est loin d’avoir une moralité irréprochable comme c’est souvent le cas dans ce genre d'histoire.

    Et puis pour l’interpréter, Tony Gilroy a l’atout number one, l’arme fatale absolue, l’anti-héros sobre et souverain, le demi-dieu délicieusement dépressif et fatigué, le chevalier blanc démocrate citoyen engagé, le géant magnétique… :

     G E O R G E   C L O O N E Y.

    Un film noir, solide, passionnant.

    Michael Clayton - George Clooney Michael Clayton - George Clooney

     

  • Un film c’est d’abord une histoire d’amour…

    Cary Grant and Deborah Kerr in 20th Century Fox's An Affair to Remember
            Deborah Kerr 30 septembre 1921 – 16 octobre 2007

    « Lorsqu’un film est réussi, le spectateur qui sort de la salle ne peut faire de choix. Il ne sait pas si ce sont les comédiens qui sont bons, si l’histoire l’a passionné, si la musique l’a transporté. L’image ne s’est pas imposée… Un film c’est d’abord une histoire d’amour ».

    Inutile de vous dire à quel point cette phrase m’a interpellée. C’est Raoul Coutard* qui l’a écrite dans ses Mémoires, et je décide, sans son accord tant pis, de la faire mienne. En effet, il arrive souvent quand je sors d’une salle que tout se confonde et s’entremêle et que je ne sache comment m’y prendre pour exposer ce que j’ai vécu et ressenti. Je me demande souvent : « comme vais-je réussir à « leur » donner envie ?», à faire passer ces émotions, cette ivresse et cette exaltation que me procurent nombre de films ! Quand je suis transportée, émerveillée voire hantée comme ce fut le cas récemment (devinez pour quel film ???), j’aimerais vous faire frémir et vous enfiévrer comme je le suis moi-même, mais ce n’est pas toujours simple de raconter une histoire d’amour…

    *Raoul Coutard dont le travail fut remarqué sur « A bout de souffle » de Godard, fut le chef opérateur le plus en vue de la « Nouvelle vague ». Jetez un œil au palmarès  de ce baroudeur discret et modeste qui dit « J’ai appris à filmer en filmant, comme d’autres deviennent fumeurs en fumant ».

    « Lola » de Jacques Demy, « Jules et Jim » de François Truffaut, « Le mépris » de Godard, « La peau douce » de Truffaut, « Pierrot le Fou » de Godard, « La 317ème section » de Schoendoerffer, « Z » et « L’aveu » de Costa Gavras etc, etc…

  • La maison du Lac de Mark Rydell

    Le Théma d’Arte de ce soir s’intitule « Pères et filles », illustré par "La maison du lac" de Mark Rydell. Le sujet est sensible et délicat. J’avais vu ce film à sa sortie en 1981, et il m’avait évidemment fait forte impression. Il avait raflé quelques oscars au passage, meilleur scénario, meilleure actrice pour Katharine Hepburn, meilleur acteur pour Henry Fonda. Je ne l’ai jamais revu et ne sais comment il a traversé le temps mais j’ai très envie de revivre ce règlement de comptes en famille avec paysage idyllique, cette histoire de lavage de linge sale qui fait du bien là où ça fait mal, où tout y passe, les regrets, les reproches, les explications, et évidemment l'amour. L’affrontement du père et de la fille plein d’excès et de justesse est souvent douloureux mais à l’écran, ce sont Henry et Jane Fonda qui se bagarrent, ce qui donne encore plus de sens à ce déchirant combat. Jane a dit : « J’ai dit à mon père dans le film, toutes ces choses que je n’avais jamais osé lui dire dans la vie ; des petits bouts de phrases qui se cachaient au plus profond de moi et qui font qu’on garde toujours le souvenir de ceux qui vous ont donné la vie »…

    Par ailleurs et parallèlement à cette lutte entre un père et sa fille qui n’ont jamais su se dire qu’ils s’aimaient, on suit la chronique mélancolique d’un amour qui a traversé le temps, assassin des sentiments parfois, l’amour d’un couple de presque 80 ans incarné par Henry Fonda et Katharine Hepburn, forcément remarquables et beaux !

  • Deux vies plus une d’Idit Cebula **

    Deux vies plus une - Jocelyn Quivrin, Emmanuelle Devos et Gérard Darmon

    Eliane est instit, elle a un mari qui l’aime, une fille (le genre ado qui me donne envie de lui coller la tête dans un seau d’eau glacée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bulles…Voyez « Tout est pardonné » pour découvrir une ado ENFIN « normale »…) qui veut un appart à elle (normal, au lycée on est autonome !), une famille juive bruyante et omniprésente et une mère sénile et envahissante. Eliane étouffe, elle court tout le temps, alors du coup elle veut devenir écrivain. Normal… on a tous des carnets de gribouillages, collages, pattes de mouche, bavardages qui traînent dans un coin ! Sauf que là, un éditeur sexy et craquant (normal c’est Jocelyn Quivrin) va les trouver absolument délicieux et les publier. On croit rêver. Bon, moi j’ai jamais rien compris à l’art contemporain et abstrait. Donnez moi du Van Gogh et du Zola, je risque de m’extasier mais devant ces barbouillages je ne suis que consternée.

    Et oui, hélas, d'abord je n'ai pas compris le titre et j’ai l’impression d’avoir vu cela mille fois déjà et devant le manque de rythme et d’originalité ici, j’étais un peu triste et déçue pour ce premier film plein de bonnes intentions. Les plus jolis moments étant ceux qu’Eliane passe en « compagnie » de son père au cimetière, là où elle va puiser un peu de réconfort et d’énergie. Les morts sont rarement contrariants… quoique ! Sinon, il m’est arrivé une chose comme rarement au cinéma, une sensation d’étouffement, de claustrophobie car tout se passe dans des endroits étriqués (ah les apparts bordéliques et encombrés !!!) qui manquent d’électricité. Tout est filmé dans la pénombre et la réalisatrice a le don (il paraît que c’est génial) de réussir à caser 10 personnes en gros plan dans la même scène qui donne le tournis.

    Bon, cessons de tirer sur l’ambulance, Idit Cebula peut dire un grand merci à son casting formidable très impliqué. Les garçons sont parfaits, Yvon Back en collègue pot de colle et faussement compréhensif, Jocelyn Quivrin (vivement un grand premier rôle à lui tout seul… il peut le faire !) irrésistible. Et bien sûr, Gérard Darmon en mari border line, dépassé par les velléités de sa chérie. Il faut le voir dire « je ne suis pas un homme moderne moi, je ne veux pas évoluer » et se confier à sa fille en pleurnichant (le cauchemar d’une fille, sachez-le, jeunes papas qui me lisez, ne confiez JAMAIS vos peines de cœur à votre grande fille… fin de la parenthèse).

    Mais évidemment la grande réussite de ce film c’est la tornade Emmanuelle Devos toujours juste et jamais ridicule quelles que soient les situations : elle tombe de sa chaise lors d’un repas trop arrosée, elle dégringole d’un canapé après avoir fumé un joint, elle se casse la figure dans l’escalier avec ses courses… Elle est belle, drôle, émouvante. Pour elle donc.

  • Goran, Jacques, Izia, Agla...

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    Goran (au Zénith) et Jacques (au Bataclan) sont deux enchanteurs qui aiment la scène, la fête, la musique, leur public... on ne s'en lasse pas !
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    Mais la "révélation" inattendue est venue d'Izia fille du Grand Jacques (venue dire Joyeux anniversaire à papa en compagnie d'Arthur H.), sorte de réincarnation d'une Janis Joplin clean, charismatique et timide à la présence évidente et à la voix ensorcelante.

    Hélas, je ne trouve rien d'écoutable sur le Net pour vous la faire découvrir

    Sinon, Paris les jours de grève, c'est comme Paris au mois d'août à condition de ne pas s'aventurer entre Bastille et Nation (1 h 30 pour parcourir 500 mètres)... Et c'est le retour qui est plus délicat ! Vive la SNCF !

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  • This is England de Shane Meadows ***

    This Is England - Thomas Turgoose

    Shaun, 12 ans, orphelin de père (mort lors du conflit des Malouines) vit seul avec sa mère, aimante mais dépassée par l’éducation de l’enfant. Solitaire et livré à lui-même il est un peu le souffre-douleur de quelques « grands » de son école. Par hasard, il rencontre Woody et sa bande de punks plus ou moins désoeuvrés et c’est providentiel. Il est couvé et protégé aussi bien par les filles que par les garçons et trouve en eux une nouvelle famille tendre et attentive. Ils font quelques bêtises pour se défouler, mais rien de bien méchant. Lorsque Combo sort de prison, tout est différent. Shaun est fasciné par ce skinhead qui tient un discours vide mais violent et raciste.

    On se retrouve dans la même Angleterre grise et désolée que celle du récent « Control » d’Anton Corbijn. Celle des années 80 laminée par le chômage, celle de Madame Thatcher et de la guerre des Malouines. Dès le générique (absolument génial) on est plongé dans l’ambiance grâce à une reconstitution impressionnante d’images d’actualité de l’époque et une bande musicale qui renvoie directement 20 ans en arrière. Et puis, on ne lâche plus des yeux ce petit bonhomme inconsolable de la perte de son papa qui se laisse impressionné et embarqué dans une histoire trop grande pour lui. On ne doute pas de la part autobiographique de ce film, ne serait-ce que par le prénom du héros et du réalisateur qui dit :" Je pensais que le but ultime à atteindre pour tout homme dans sa vie, c'était cette virilité violente ». Car la violence va surgir, on la sent couver à tout moment, prête à éclater dès que le plus petit grain de sable viendra se glisser dans la cervelle fêlée de Combo et le contrarier…

    Tous les acteurs sans exception sont ici épatants mais la trouvaille c’est ce petit Thomas Turgoose dont le front buté, barré d’une cicatrice lui donne un air d’une dureté incroyable alors qu’il n’est encore qu’un petit garçon qui veut qu’on l’aime.

    Ce film dur, violent et tendre est une excellente surprise !

  • RAYMOND PELLEGRIN

    1er janvier 1925  - 14 octobre 2007

     

    Il a tourné dans plus de 120 films, principalement en France mais aussi aux États-Unis et en Italie. Ses maîtres étaient Marcel Pagnol et Sacha Guitry ; il a aussi tourné beaucoup de films noirs, notamment avec Jean-Pierre Melville.

    Sa voix, qualifiée par Dominique Zardi, de plus belle voix du cinéma français, a servi pour le doublage du personnage de Fantômas dans les trois films réalisés par André Hunebelle.

    Vous le connaissiez forcément, il a excellé comme l’un des éternels seconds rôles du cinéma français. Je me souviens de lui en séduisant instituteur dans le « Manon des sources » de Pagnol.

     

  • Le Dictateur de Charlie Chaplin****

    « Toi, espèce de bâtard, fils de pute, espèce de porc, je sais ce que tu as en tête… ». C’est en ces termes très fleuris que Charlie Chaplin s’adressait indirectement à Hitler lorsqu’il visionnait les bandes d’actualité révélant le Führer lors de ses discours ! Ce soir, les chanceux qui n’ont pas encore vu cette merveille qu’est le film de Chaplin pourront en plus découvrir l’étonnant reportage réalisé par Sydney Chaplin pendant le tournage du film en 1940 où le frère de Charlot mettait en parallèle certaines scènes du film avec des extraits des discours d’Hitler.

    Ça se passe sur Arte, ce soir dimanche à partir de 20 h 45. Je sais que la concurrence est rude et déloyale… mais j’ose espérer qu’il reste quelques irréductibles comme moi que « l’ovalie » laisse de marbre et plus encore !

    Pour ce film, Charlie Chaplin renonçait à son costume de clochard et à être muet. Le tournage débute quelques jours après l’invasion de la Pologne et c’est en véritable visionnaire néanmoins utopiste qu’il dénonce l’horreur et l’indicible qu’il sent pointer. Le discours final jugé trop engagé à l’époque (à écouter, à ré-écouter sans se lasser), est une merveille d’humanisme, d’un homme en lutte contre le racisme et le fascisme. Le voir et l’entendre encore et encore dire à Hanna la jeune juive de se relever et de tourner son regard vers le ciel, vers l’espoir est une scène à intense pouvoir lacrymal…

    Quant au reste, précipitez-vous pour vivre la petite histoire de ce barbier juif, sosie du plus abject dictateur que la terre ait porté, qui va, à cause de cette ressemblance entrer dans la grande histoire. Les scènes d'anthologie se succèdent et je crois qu'on peut parler de génie puisque l'acteur et le réalisateur réussissent avec audace à parler de l'horreur absolue dans un film comique. Car oui ce film est drôle... et poignant, un chef d'oeuvre insurpassable !