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MAY DECEMBER de Todd Haynes *(*)
Avec Natalie Portman, Julianne Moore, CHARLES MELTON
Le film évoque l'histoire vraie de Grace cette femme qui a cru que séduire un adolescent de 13 ans alors qu'elle en avait trente six serait sans conséquence. Vingt ans et trois enfants plus tard, le couple marié sulfureux qui a choqué le voisinage vit toujours ensemble. L'irruption dans leur vie d'une actrice célèbre dans le but de comprendre Gracie dont elle va interpréter le personnage va bouleverser le ronron.
Je ne m'attarde pas, je n'ai pas aimé. Je survole l'interprétation des deux stars. Julianne Moore tout en hurlements, regards humides et larmes jaillissantes est insupportable. A cause de cette interprétation tout en hystérie on peine vraiment à comprendre la douleur du personnage. La déambulation de Natalie Portman qui semble dire à chaque scène : regardez la grande actrice c'est moi est tout aussi insupportable. Toute en hypocrisie visible quand son personnage croise des fans qui lui disent leur admiration et qu'elle s'exclame à l'américaine "ooooh, thaaaaank you !!!" (vous l'avez ?), elle n'insuffle rien, ni empathie sincère, ni mystère.
Au crédit du film :
- une lumière, une ville, une maison, une végétation. Savannah est un endroit incroyable que la Tillandsia usneoides, aussi appelée mousse espagnole rend presque fantasmagorique,
- le fait que grâce à une coiffure, certains angles, certains maquillages dont un rose à lèvres immonde, les deux actrices tellement différentes et qui ont vingt ans d'écart finissent par se ressembler.
Et surtout, selon moi, LE personnage du film totalement écarté qui reste dans l'ombre et dont chaque apparition révèle pourtant toute la souffrance et le désarroi, c'est Joe, l'ado devenu adulte. A trente ans, il se retrouve être à peine plus vieux que ses enfants. Tout à la fois naïf, juvénile et mature, il semble rêver de s'échapper de cette cage où l'a enfermé Grace. Comme les papillons qu'il élève et qu'il libère dès qu'ils sortent du cocon. Grace le traite comme un enfant et se repose pourtant sur lui pour être aimée, rassurée et affirmer son autorité sur leurs trois enfants. Cet enfant qui a toujours tout assumé et notamment le fait d'être père à treize ans est magnifiquement interprété par Charles Melton. Malgré son apparente force tranquille, toute la douleur et la détresse de l'histoire et du film reposent sur lui.
Le cabotinage des deux stars ne parvient pas à étouffer sa vibrante prestation.
NB. : May December est l'élégante expression américaine qui désigne l'importante différence d'âge dans un couple. L'un serait le printemps, le temps des bourgeons. L'autre l'hiver, la fin du cycle qui scande l'année.
P.S. : Todd Haynes ne le sait sans doute pas mais le thème musical omni-présent et "symphonisé" est celui de Faites entrer l'accusé...
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UN COUP DE DÉS d'Yvan Attal *(*)
Avec Yvan Attal, Guillaume Canet, Maïwenn, Marie-Josée Croze, Alma Jodorowski
Synopsis : Mathieu doit tout à son ami Vincent : sa maison, son travail, et même de lui avoir sauvé la vie il y a dix ans. Ils forment, avec leurs compagnes, un quatuor inséparable, et vivent une vie sans nuage sur la côte d’Azur. Mais la loyauté de Mathieu est mise à l’épreuve lorsqu’il découvre que Vincent trompe sa femme. Quand la maîtresse de Vincent est retrouvée morte, la suspicion s’installe au cœur des deux couples, accompagnée de son cortège de lâchetés, de mensonges, et de culpabilité.
Je ne serai pas une attachée de presse très positive pour ce thriller bourgeois car même si j'avais envie de connaître la fin et surtout la façon dont le réalisateur-acteur allait se dépatouiller de cet imbroglio de coups du sort (la fin est assez réjouissante), j'ai eu l'impression d'être devant un "Meurtre à... Grasse/Nice" et l'abus de voix off explicative m'a paru étrange puis agaçant et franchement risible. Exemple : un personnage est en train de tomber amoureux. Que dit la voix off : "je suis en train de tomber amoureux". Et le texte proféré en voix off par la jolie voix d'Yvan Attal himself est assez pauvre, littérairement parlant.
En un mot, vous pouvez attendre le passage à la télé, si vous êtes friands de thrillers chics tournés entre potes.
Maigre semaine cinématographique donc. Heureusement et contre toute attente, un gros lézard a relevé le niveau...