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  • ALLEZ, ON JOUE : une image, un film !

    Merci de trouver le titre des films suivants à partir d'une seule image.

    Et merci de respecter cette petite règle simple : pour laisser leur chance à tous de cogiter et de prendre le temps de donner des réponses, veuillez ne donner que 3 réponses.

    Les numéros sont AU-DESSUS.

    JEU CINEMA

    Bon amusement.

    1

    Le Bison a trouvé :

    Epouses et concubines

    JEU CINEMA

    2

    Ronnie a trouvé :

    Jusqu'au bout du monde

    JEU CINEMA

    3

    Ronnie a trouvé :

    Toto le héros

    JEU CINEMA

    4

    Benjamin a trouvé :

    Europa Europa

    JEU CINEMA

    5

    Ronnie a trouvé :

    Taxi blues

    JEU CINEMA

    6

    Igobow a trouvé :

    Hamlet

    JEU CINEMA

    7

    Igobow a trouvé :

    Joyeux Noël et Bonne Année

    JEU CINEMA

    8

    Ronnie a trouvé :

    Face à face

    JEU CINEMA

    9

    Rima a trouvé :

    Cent mille dollars au soleil

    JEU CINEMA

    10

    Ronnie a trouvé

    Le goûter (ou repas) de bébé

    JEU CINEMA

    11

    Rima a trouvé :

    La kermesse héroïque

    JEU CINEMA

    12

    Igobow a trouvé :

    Citizen Kane

    JEU CINEMA

    13

    Althea a trouvé :
    Elena et les hommes

    JEU CINEMA

    14

    Ronnie a trouvé :

    Paris brûle-t-il ?

    JEU CINEMA

    15

    Karine a trouvé :

    Norma Rae

    JEU CINEMA

    16

    Rima a trouvé :

    Fanny et Alexandre

    JEU CINEMA

    17

    Karine a trouvé :

    La boom 2

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    18

    Muriel a trouvé :

    Les nanas

    JEU CINEMA

    19

    Kp16 a trouvé :

    Nikita

    JEU CINEMA

    20

    Igobow a trouvé :

    L'année dernière à Marienbad

    JEU CINEMA

  • UN JOUR DANS LA VIE DE BILLY LYNN

    d'Ang Lee ***

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    Avec Joe Alwyn, Kristen Stewart, Garrett Hedlund

    Synopsis : En 2005, Billy Lynn, un jeune Texan de 19 ans, fait partie d'un régiment d'infanterie en Irak victime d'une violente attaque. Ayant survécu à l'embuscade, il est érigé en héros, ainsi que plusieurs de ses camarades. Et c'est avec ce statut qu'ils sont rapatriés aux Etats-Unis par l'administration Bush, qui désire les voir parader au pays... avant de retourner au front.

    Quelques mots car je suis charrette... Oui je sais, je l'ai déjà dit.

    Après les films ennuyeux (sauf les quelques exceptions exceptionnelles) de janvier, voici les films étranges de février. Il est évident que je préfère, et de loin, la seconde catégorie.

    Le titre est trompeur car tout au long de cette journée, ce cher Billy (Joe Alwyn un piège à minettes dont c'est le premier rôle je crois, est une révélation) ne va cesser de se remémorer quelques autres jours importants depuis qu'il s'est engagé pour servir son pays... en Irak...

    Il y a donc d'un côté, le retour provisoire au pays, la fête insensée à laquelle les "héros" doivent participer et la mémoire obsédante de ce qu'ils ont fait, vu ou vécu là bas. Ces jeunes gens dont l'Amérique occulte totalement l'ESPT (Etat de Stress Post Traumatique) sont exposés comme des guignols qui doivent se montrer, parader, se tenir au garde à vous derrière Beyonce qui les récompensera généreusement d'un "coucou"... Le moment où ils ont fini leur pantalonnade totalement mise en scène et qu'ils sont oubliés sur la scène m'a déchiré le cœur.

    Ce film est révoltant. Enfin, ce qu'il montre évidemment car il est étonnement bien fait. On espère (ATTENTION SPOILER) une embellie pour Billy Lynn dont la virginité désespère sa sœur (Kristen Stewart... que j'aime de plus en plus, je vais demander l'adoption) qui rencontre une cheerleader belle comme le jour. Mais la connasse bigote ne voit en son Billy qu'un héros qu'elle a hâte de voir repartir au combat pendant qu'elle priera pour lui. Que cette abrutie s'étouffe avec ses pompons ! (FIN DE SPOILER). J'ai eu honte pour elle. Enfin, pour tous les gens qui envoient ces gamins comme chair à canon et chantent l'hymne national, la main sur le cœur en pleurant sur un drapeau.

    Je ne cesserai jamais de me demander ce que les américains sont allés foutre en Irak, à part un sacré bataclan ! Tout comme les armes, les guerres... bref ma naïveté au galop !

    Comme je vous le disais, le jeune Joe Alwyn ne se contente pas d'être d'une beauté lumineuse, il rappelle les Leo, Jake et Matt à leurs débuts, il est aussi d'une présence, d'un charisme et d'une émotion qui font qu'on a du mal à le quitter des yeux. J'ai du mal à trouver mes mots pour l'interprétation de Garett Hedlung... Kristen Stewart dans un beau mais très petit, trop petit rôle de balafrée anti-guerre ne cesse de me fasciner. Steve Martin et Vin Diesel sont pour moi absolument irregardables mais j'ai fait abstraction et ils ne m'ont pas dérangée.

    Bref, ce film, fichtrement bien foutu, les scènes très longues, totalement surréalistes alternent avec celles en plein coeur de l'action et superbement interprété fait mal au bide.

    NB. : jetez un œil sur la belle affiche française (ci-dessus), le "détail" m'avait échappé.

  • UN BEAU VOYOU / ASAKO I & II

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    Deux films très différents, voire opposés. Le premier, plutôt farfelu voire parfois burlesque avec quelques touches mélancoliques, le second, franchement désenchanté mais également romantique.

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    UN BEAU VOYOU de Lucas Bernard ***

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    Avec Charles Berling, Swann Arlaud, Jennifer Decker, Jean-Quentin Chatelain

    Synopsis : Le commissaire Beffrois attend la retraite avec un enthousiasme mitigé quand un vol de tableau retient son attention. Est-ce l’élégance du procédé ? L’audace du délit ? La beauté de l’œuvre volée ? Beffrois se lance à la recherche d’un voleur atypique, véritable courant d’air, acrobate à ses heures. 

    Ce qui compte ici ce n'est ni l'enquête ni le délit mais les personnages et les dialogues. Un régal. Dès le départ on sait qui est l'auteur des vols de tableau. C'est Bertrand, un jeune type séduisant et futé en rupture de ban avec sa famille de petits bourgeois de l'Ouest Parisien. Il vit de magouilles dans l'immobilier et de ses larcins de monte-en-l'air. Sa rencontre avec une restauratrice de tableaux dont il tombe amoureux va devenir son point faible. Parallèlement on suit le parcours chaotique du Commissaire Beffrois, pas ravi de voir sa retraite arriver. Pour palier cette descente vers la solitude et la vieillesse, il va s'offrir une dernière montée d'adrénaline en poursuivant, essoufflé, le jeune larron.

    Dès la scène d'ouverture on plonge dans un univers loufoque. Un cambrioleur malchanceux pénètre par effraction au domicile du Commissaire. Il s'ensuit une conversation surréaliste où le flic conseille à l'infortuné de s'appliquer à être blanc. Le commissaire est veuf. Ses enfants quittent l'appartement et il continue de fréquenter les galeries d'art dans lesquelles son épouse l'entraînait. Charles Berling et ses chemises fleuries, très années 80, son humour désabusé, sa dégaine fatiguée de jeune retraité dont il abuse sont un délice.

    Même si les rencontres sont plus opportunistes que logiques, le repas chez Justine (Jennifer Decker, révélation au tempérament de feu) et son père par exemple, elles donnent lieu à des échanges verbaux de toute beauté.

    On s'amuse beaucoup même si on ne se tape pas sur les cuisses, et on sent que le quatuor d'acteurs en grande forme, s'amuse également. J'ai également beaucoup aimé les jolies balades/poursuites sur les toits parisiens même si on est loin des cascades d'Ethan Hunt.

    Je vous encourage à passer un bon moment en leur compagnie.

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    ASAKO I & II de Ryusyke Hamaguchi ***

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    Avec Masahiro Higashide, Erika Karata, Koji Seto

    Synopsis : Lorsque son premier grand amour disparaît du jour au lendemain, Asako est abasourdie et quitte Osaka pour changer de vie. Deux ans plus tard à Tokyo, elle tombe de nouveau amoureuse et s’apprête à se marier... à un homme qui ressemble trait pour trait à son premier amant évanoui. 

    C'est dans une expo photo qu'Asako tombe en pâmoison devant Baku qui ne la remarque pas. Lorsqu'il la voit enfin, il n'y va pas par quatre chemins et embrasse la jeune fille. Ils ne se quittent plus. Baku est beau et mystérieux mais il a la manie ou l'habitude de disparaître sans prévenir mais il promet de toujours revenir. Un jour pourtant il ne revient plus. Deux ans plus tard, Asako fait tout pour éviter Ryôhei qui ressemble trait pour trait à Baku, mais cette fois c'est le jeune homme qui est irrésistiblement attiré par Asako. Ils finissent par s'aimer au point de se marier.

    Par ellipses de plusieurs années parfois et par rebondissements successifs le réalisateur avance dans son récit que l'on suit, accrochés aux basques d'Asako qui va se montrer plus imprévisible que prévu. Il démontre comment en idéalisant un amour de jeunesse on peut se pourrir la vie et celles des autres. Pourtant malgré la cruauté de certaines situations, le film reste toujours doux et délicat.

    C'est très beau. Les acteurs sont magnifiques. J'ai regretté néanmoins sans pour autant que cela me gâche le plaisir, l'apathie, la mollesse de l'actrice principale quoique très belle, mais proche de la somnolence parfois.

  • ÔTEZ-MOI D'UN DOUTE

    de Carine Tardieu ***(*)

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    Avec François Damiens, Cécile de France, André Wilms, Alice de Lencquesaing,

    Synopsis : Erwan, inébranlable démineur breton, perd soudain pied lorsqu’il apprend que son père n’est pas son père. Malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour l’homme qui l’a élevé, Erwan enquête discrètement et retrouve son géniteur : Joseph, un vieil homme des plus attachants, pour qui il se prend d’affection.

    Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Erwan croise en chemin l’insaisissable Anna, qu’il entreprend de séduire. Mais un jour qu’il rend visite à Joseph, Erwan réalise que le vieux monsieur est le père d'Anna et qu'elle est donc... ? Gagné, sa demi-sœur. Quant au faux père d'Erwan (celui qui l'a élevé), il se rend inopinément chez Anna qui est médecin.

    Vu comme ça, je comprends, ça ressemble à un beau sac de nœuds. Vous ne serez pas trompé sur la marchandise : c'en est un. Et pourtant le synopsis ne dit pas tout, la fille d'Erwan a 23 ans et elle est enceinte, elle souhaite garder l'enfant mais surtout ne pas connaître le père. Du coup je comprendrais ceux qui ont envie de fuir à toutes jambes dans le sens opposé, mais je leur dis sans hésiter : REVENEZ !

    Jamais je n'aurais pensé être aussi émue par une histoire de famille. Et je dois même révéler pour être tout à fait honnête que j'ai pleuré deux fois et que j'ai fini comme une flaque sur mon siège, mais mon water proof a tenu, merci. Ceux qui me suivent savent que plus je pleure au cinéma, plus j'aime le film. Mais ce n'est quand même pas tout.

    J'y suis allée pour le couple présent sur l'affiche. Craquant. L'un comme l'autre, j'aurais envie de passer une journée de ma vie avec eux, ensemble ou séparément. Néanmoins, sans y aller à reculons, je n'étais pas bien vaillante car j'avais vu la bande-annonce plusieurs fois (pas terrible la BA) et que je sortais tout récemment d'une épreuve terrible après être allée voir un film pour le couple d'acteurs adoré à l'affiche : Gérard et Catherine pour les nommer (oui, je déteste l'expression "pour ne pas les nommer" qui ne veut RIEN dire, puisqu'en ne voulant pas les nommer... bref !), ils m'ont fait honte d'avoir tourné dans un film d'une débilité sans nom et sans fonds. Même la musique semble avoir été composée pour accompagner les tribulations des Charlots en Espagne !

    Ici rien à voir avec cette comédie franchouille navrante (Bonne pomme donc) où de grands acteurs font n'importe quoi. Ici tout n'est que tendresse, douceur et délicatesse, charme et bienveillance. Comment réunir tout cela sans être gnangnan ou barbant ? Demandez à CarineTardieu et à ses acteurs qu'elle a dirigés avec intelligence et virtuosité. Ils rivalisent tous de charme et d'amabilité. C'est rare que des personnages soient aussi attachants je trouve. Et les situations que l'on observe m'ont toutes semblé justes.

    Cela parle de sentiments, de ceux qui naissent et nous cueillent quand on s'y attend le moins, de ceux tellement évidents qu'on ne les révèle jamais, de ceux qui nous sont comme imposés à la naissance et j'en passe. Et puis il y a les événements de la vie, les rencontres, les séparations, les deuils, les morts partis trop tôt qui crient leur présence à tout moment. Plus de 40 ans après un père et un fils se retrouvent, et ils se trouvent. Et les scènes entre François Damiens et André Wilms sont des Himalaya de bonheur tendre. Si le premier a des regards fondant d'amour lorsqu'il regarde le vieil homme, le second est interprété avec une rare finesse par André Wilms qui évoque la mort dans pratiquement chacune de ses phrases avec une mélancolie à la fois lucide, résignée, ironique et pleine de nostalgie.

    Je regrette de vous parler de ce film de cette façon un peu mièvre car lui ne l'est jamais. La réalisatrice ne tombe dans aucun piège. Même tout ce qui pourrait sembler facile, elle parvient à le désamorcer d'une nouvelle pirouette. On croit que les lois de l'hérédité sont toutes écrites, que l'altruisme est inscrit dans les gênes par exemple, et hop, un nouveau test ADN vient déboulonner nos certitudes ou ce que l'on avait cru déduire. Mais chut..

    A l'énergie de Cécile de France, délicieuse comme jamais et comme toujours, François Damiens oppose un flegme qui correspond au métier de son personnage. Il est touchant comme il sait l'être dès qu'il cesse les grimaces. Une fois encore on succombe à son charme sans résistance. Je le redis, André Wilms est émouvant au possible et Alice de Lencquesaing également touchante avec sa façon de tenter de se montrer une grande fille : "je suis enceinte quand même !".

  • BRUNO REIDAL, CONFESSION D'UN MEURTRIER

    de Vincent Le Port ***

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    Avec Dimitri Doré, Jean-Luc Vincent, Roman Villedieu

    Voici l'histoire vraie de Bruno Reidal, jeune séminariste qui, le 1er septembre 1905, étrangle puis décapite (au couteau) un enfant de 12 ans.

    Après son acte il se constitue prisonnier sans la moindre résistance. Le médecin chargé de tenter de comprendre son geste, le Docteur Laccasagne et deux autres spécialistes demandent à Bruno Reidal de relater sa vie depuis son enfance jusqu'au jour du crime. "Je suis pas fou. Je veux pas l'être" affirme de sa voix douce et calme le meurtrier. La violence et la cruauté de son acte contrastent avec son physique fragile et sa voix enfantine mais fait aussi ressortir la beauté et le mystère de la nature qui est filmée ici.

    Si le film s'ouvre sur le crime pour ne laisser aucun doute sur la culpabilité de Bruno, on n'en voit que le résultat sur son visage sur lequel le sang de la victime gicle. La même scène sera reprise à la toute fin avec plus de détails et d'insistance, et donc assez insupportable.

    Pour son premier film, le réalisateur Vincent Le Port nous emmène dans la paysannerie du Cantal au tout début du XXème siècle. Sans vouloir justifier ou expliquer le geste abominable et impossible à légitimer, le réalisateur s'appuie sur le récit du meurtrier pour dérouler son histoire. Né dans une famille paysanne désargentée, il a 6 frères et soeurs, une mère brutale et sans tendresse qui bat ses enfants et un père, plus tendre mais alcoolique. Contre toute attente, il est un élève brillant et commence à développer de la jalousie vis-à-vis des autres écoliers qui ne subissent pas la même dureté dans leur famille. Et par la suite envers ses compagnons de séminaire beaux et fiers alors qu'il est frêle, timide et voûté.

    Sa mère toujours de mauvaise humeur et violente, une agression sexuelle et surtout l'égorgement d'un cochon auront sur lui un impact décisif. Mais ce n'est bien sûr pas suffisant pour expliquer ces envies de meurtre qui le tourmentent depuis l'âge de six ans. Et il reconnaît : "Quoi que je fasse, les scènes de meurtre sont pour moi pleines de charme” et il se trouve particulièrement désemparé après être passé à l'acte que le plaisir ressenti qu'il identifie au plaisir sexuel, soit de si courte durée, qu'il le mène directement à la culpabilité et à la haine de lui-même.

    Le film m'a inévitablement fait penser à cet autre film Moi, Pierre Rivière ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère de René Allio et à celui de Nicolas Philibert qui revenait de façon admirable sur les lieux du crime dans Retour en Normandie (deux films que je vous recommande grandement, trois avec celui-ci). Pierre Rivière comme Bruno Reidal nous font explorer sans les comprendre le mal et ses origines. Tous les deux ont également le point commun d'être des paysans mais loin de l'illéttrisme qu'on aurait pu attendre d'eux, ils ont relaté leurs crimes dans une langue magnifique.

    L'interprétation de Dimitri Doré, jeune homme au parcours personnel atypique, révèle un talent époustouflant. Je suis sûre qu'on le reverra vite, je l'espère en tout cas.

  • DANS UN JARDIN QU'ON DIRAIT ÉTERNEL

    de Tatushi Omori ***

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    Avec Haru Kuroki, Mikako Tabe, Kiki Kirin

    Noriko et Michiko viennent de terminer leurs études. En attendant de savoir à quoi consacrer leur vie, elles sont poussées par leurs parents vers l’art ancestral de la cérémonie du thé.

    Dans une petite maison traditionnelle de Yokohama, Noriko, d’abord réticente, se laisse peu à peu guider par les gestes de Madame Takeda, son exigeante professeure. Elle découvre à travers ce rituel la saveur de l’instant présent, et prend conscience du temps précieux qui s’écoule au rythme des saisons...

    Je fais partie d'une espèce étrange qui surprend beaucoup les personnes que je croise et veulent partager un moment de convivialité : je ne bois pas d'eau chaude. Café, thé, tisane : j'ai essayé, je trouve ça très déplaisant, le goût, la sensation de brûlure… Par contre, le rituel de la cérémonie du thé révélé et décortiqué dans ce film est absolument fascinant. D'ailleurs, je me trompe peut-être mais on ne voit pratiquement jamais les femmes du récit boire le breuvage. Ce qui compte c'est le geste, la connexion à l'instant présent.

    Le film est hypnotique et à vivre comme une expérience véritablement sensorielle au rythme de saisons bien plus nombreuses que 4, car chacune a sa spécificité : un automne pluvieux, un hiver glacial ou doux, un été humide ou écrasé de chaleur… Mais accrochée au mur de la pièce où se tient la cérémonie, une phrase comme une injonction : Chaque jour est un beau jour. J'aurais plutôt dit Chaque jour est un nouveau jour ou Chaque jour est un jour unique et il faudra plus de 20 ans à Noriko qui suit chaque semaine les recommandations précises et immuables de son Maître Takeda (dernier rôle de la délicieuse Kiki Kirin) pour comprendre que chaque geste répété qui semble identique, répétitif est pourtant chaque fois différent et unique. Il en va de même de la vie. On se croit pris dans une spirale de répétitions et de routines mais en fait chaque instant est le seul dont nous disposons pour tenter d'en profiter.

    Une véritable séance de méditation dans une petite maison traditionnelle japonaise qui ouvre sur un jardin à la fois exubérant et délicat qu'on rêve de fouler pieds nus.

  • ENQUÊTE SUR UN SCANDALE D'ÉTAT

    de Thierry de Peretti ***

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    avec Roschdy Zem, Pio Marmaï, Vincent Lindon, Julie Mounier, Alexis Manenti, Valeria Bruni Tedeschi

    Octobre 2015. Les douanes françaises saisissent sept tonnes de cannabis en plein cœur de la capitale. Le jour même, un ancien infiltré des stups, Hubert Antoine, contacte Stéphane Vilner, jeune journaliste à Libération.

    Il prétend pouvoir démontrer l’existence d’un trafic d’État dirigé par Jacques Billard, un haut gradé de la police française. D’abord méfiant, Stéphane finit par plonger dans l'enquête.

    Le film s'inspire du livre éponyme du journaliste Emmanuel Fansten et de son informateur Hubert Avoine. Je ne comprends pas pourquoi on nous informe au début du film qu'il s'agit d'une fiction car les vrais noms des vrais protagonistes (sauf ceux du journaliste et son indic) de l'époque sont cités. Peu importe, il met en lumière les méthodes de la police et plus encore l'éventuelle implication de l'Etat dans la lutte contre les trafiquants de drogue. Et ce n'est pas reluisant.

    Du même réalisateur je n'avais pas du tout aimé le précédent long métrage Une vie violente à l'exception d'une seule scène, ce qui est trop peu. Celui-ci est en tout point passionnant malgré sa complexité surtout pour des blaireaux naïfs tels que moi qui ont tendance à imaginer que quand quelqu'un parle il dit la vérité. Ce n'est pas gentil de se moquer.

    Mais Enquête sur un scandale d'Etat est ce genre de films dont on ne se sent pas frustré de ne pas tout comprendre tant il est mené en tension, en révélations et pourtant sans véritablement d'action. Plein de trucs en ion. D'ailleurs, le réalisateur ne livre pas vraiment le fin mot de l'histoire, laisse planer le doute et l'ouverture vers d'autres "dossiers"...

    La première scène est un modèle. Dans une villa de Marbella avec vue imprenable, un homme seul passe de pièce en pièce, fait le tour du jardin, ça dure un long temps sans explication. Cet homme c'est Roschdy Zem, l'infiltré. Et là on se dit qu'avoir un tel acteur à diriger est une bénédiction. Il est fascinant, silencieux, inquiétant et parfois troublant par ses doutes et ses craintes. Accrocher la caméra et le spectateur rien que par sa présence est la marque des grands acteurs. Roschdy Zem est de ceux là, absolument renversant et d'une beauté ! Vincent Lindon en quelques scènes dans un rôle inhabituel (super flic) lui emboîte le pas avec la carrure qu'on lui connaît. Tous les autres ne déméritent pas, Pio Marmai en tête, d'un sérieux qui surprend de la part de ce garçon.

    Les scènes dans les locaux de Libé avec de vrais journaleux qui gravitent montrent comment le jus de crâne jaillit dans la salle de rédac' pour proposer la Une. Et c'est à l'image du film et du canard, sans la moindre once d'humour, très bavard et pas toujours limpide.

  • LA DAME DANS L'AUTO AVEC DES LUNETTES ET UN FUSIL

    de Johan Sfar ***

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    Dany, secrétaire un peu nunuche accepte de faire quelques heures supp' pour taper 50 pages en urgence pour son patron. Le type lui propose même de venir finir ce travail chez lui. Why not ? Comme la nunuche semble vraiment bécasse, elle accepte.

    Elle retrouve Anita, la femme du patron qu'elle a connue jadis. Retrouvailles réfrigérantes. Le lendemain, alors qu'elle a fini son travail, le patron lui demande de les accompagner, sa femme et lui, à l'aéroport au volant de leur somptueuse Ford Thunderbird vert d'eau puis de ramener la voiture à leur domicile. Elle hésite à peine et s'exécute sous le persifflage d'Anita. Enfin seule dans l'automobile, Dany se dit qu'elle n'a jamais vu la mer, qu'elle aimerait bien voir la mer et que personne ne pourrait savoir qu'elle a gardé l'engin un ou deux jours de plus pour voir la mer. Elle prend donc l'autoroute, direction Monte Carlo. Mais évidemment, le voyage ne sera pas aussi idéal que prévu.

    De rencontres en arrêts imprévus, Dany va perdre les pédales, se demander si elle devient dingo, se parler à elle-même. Elle ne cesse de croiser des gens qui affirment l'avoir vue la veille à des endroits où elle ne se trouvait pas. Malgré ses doutes, ses contestations, sa peur, l'agression qu'elle subit et plus encore... elle continue sa route tout en se demandant si elle n'est pas en train de devenir folle.

    La première demi-heure intrigue fortement. La façon de filmer (split screens qui semblent s'évaporer, flash-back ou foward...), les teintes, l'environnement so seventies, les trognes dans une station-service, l'obstination de l'héroïne à ne pas renoncer... tout est fait pour perdre le spectateur et le cramponner à l'écran. Puis on semble s'acheminer tout doucettement vers une énième histoire de schizophrénie débutée dans la paranoïa. Et finalement, même si la santé mentale de Dany semble bel et bien détraquée, tout n'est peut-être pas si simple...

    Nul doute que l'on finit par ne plus être très intéressé par l'épilogue forcément et fortement décevant mais ce qui aimante le spectateur à l'écran pendant toute la durée du film, c'est l'actrice Freya Mavor, une grande tige  de 21 ans, d'1 m 80, écossaise mais parfaitement francophile qui porte, tient, assume et sauve le film par sa présence magnétique. Prise dans un engrenage infernal, juchée sur ses sandales compensées, elle ne se contente pas d'être une splendeur de la création mais se montre tour à tour bécasse myope, femme fatale, fillette terrorisée, froide psychopathe. En un seul rôle elle démontre qu'on ne pourra pas la reléguer au rôle de potiche ou de faire-valoir. Le réalisateur totalement amoureux de son "sujet", la filme sous toutes les coutures, surtout ses interminables longues jambes. Mais aussi son visage sublime qui évoque à la fois Isabelle Adjani et Marlène Jobert. Ze révélation !

  • MAY DECEMBER / UN COUP DE DÉS

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    MAY DECEMBER de Todd Haynes *(*)

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    Avec Natalie Portman, Julianne Moore, CHARLES MELTON

    Le film évoque l'histoire vraie de Grace cette femme qui a cru que séduire un adolescent de 13 ans alors qu'elle en avait trente six serait sans conséquence. Vingt ans et trois enfants plus tard, le couple marié sulfureux qui a choqué le voisinage vit toujours ensemble. L'irruption dans leur vie d'une actrice célèbre dans le but de comprendre Gracie dont elle va interpréter le personnage va bouleverser le ronron.

    Je ne m'attarde pas, je n'ai pas aimé. Je survole l'interprétation des deux stars. Julianne Moore tout en hurlements, regards humides et larmes jaillissantes est insupportable. A cause de cette interprétation tout en hystérie on peine vraiment à comprendre la douleur du personnage. La déambulation de Natalie Portman qui semble dire à chaque scène : regardez la grande actrice c'est moi est tout aussi insupportable. Toute en hypocrisie visible quand son personnage croise des fans qui lui disent leur admiration et qu'elle s'exclame à l'américaine "ooooh, thaaaaank you !!!" (vous l'avez ?), elle n'insuffle rien, ni empathie sincère, ni mystère.

    Au crédit du film :

    - une lumière, une ville, une maison, une végétation. Savannah est un endroit incroyable que la Tillandsia usneoides, aussi appelée mousse espagnole rend presque fantasmagorique,

    - le fait que grâce à une coiffure, certains angles, certains maquillages dont un rose à lèvres immonde, les deux actrices tellement différentes et qui ont vingt ans d'écart finissent par se ressembler.

    Et surtout, selon moi, LE personnage du film totalement écarté qui reste dans l'ombre et dont chaque apparition révèle pourtant toute la souffrance et le désarroi, c'est Joe, l'ado devenu adulte. A trente ans, il se retrouve être à peine plus vieux que ses enfants. Tout à la fois naïf, juvénile et mature, il semble rêver de s'échapper de cette cage où l'a enfermé Grace. Comme les papillons qu'il élève et qu'il libère dès qu'ils sortent du cocon. Grace le traite comme un enfant et se repose pourtant sur lui pour être aimée, rassurée et affirmer son autorité sur leurs trois enfants. Cet enfant qui a toujours tout assumé et notamment le fait d'être père à treize ans est magnifiquement interprété par Charles Melton. Malgré son apparente force tranquille, toute la douleur et la détresse de l'histoire et du film reposent sur lui.  

    Le cabotinage des deux stars ne parvient pas à étouffer sa vibrante prestation.

    NB. : May December est l'élégante expression américaine qui désigne l'importante différence d'âge dans un couple. L'un serait le printemps, le temps des bourgeons. L'autre l'hiver, la fin du cycle qui scande l'année.

    P.S. : Todd Haynes ne le sait sans doute pas mais le thème musical omni-présent et "symphonisé" est celui de Faites entrer l'accusé...

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    UN COUP DE DÉS d'Yvan Attal *(*)

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    Avec Yvan Attal, Guillaume Canet, Maïwenn, Marie-Josée Croze, Alma Jodorowski

    Synopsis : Mathieu doit tout à son ami Vincent : sa maison, son travail, et même de lui avoir sauvé la vie il y a dix ans. Ils forment, avec leurs compagnes, un quatuor inséparable, et vivent une vie sans nuage sur la côte d’Azur. Mais la loyauté de Mathieu est mise à l’épreuve lorsqu’il découvre que Vincent trompe sa femme. Quand la maîtresse de Vincent est retrouvée morte, la suspicion s’installe au cœur des deux couples, accompagnée de son cortège de lâchetés, de mensonges, et de culpabilité.

    Je ne serai pas une attachée de presse très positive pour ce thriller bourgeois car même si j'avais envie de connaître la fin et surtout la façon dont le réalisateur-acteur allait se dépatouiller de cet imbroglio de coups du sort (la fin est assez réjouissante), j'ai eu l'impression d'être devant un "Meurtre à... Grasse/Nice" et l'abus de voix off explicative m'a paru étrange puis agaçant et franchement risible. Exemple : un personnage est en train de tomber amoureux. Que dit la voix off : "je suis en train de tomber amoureux". Et le texte proféré en voix off par la jolie voix d'Yvan Attal himself est assez pauvre, littérairement parlant.

    En un mot, vous pouvez attendre le passage à la télé, si vous êtes friands de thrillers chics tournés entre potes.

    Maigre semaine cinématographique donc. Heureusement et contre toute attente, un gros lézard a relevé le niveau...

  • UN WEEK END À PARIS de Roger Michell °

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    Nick et Meg Burrows la soixantaine, viennent à Paris fêter leurs 25 ans de mariage (tu parles d'un exploit) dans l'hôtel où ils avaient passé jadis un week end. Malheureusement l'hôtel est décrépi et la chambre est beige.

    Bien que n'en ayant pas les moyens financiers, c'est dans un palace parisien qu'ils vont passer leur week end.

    Mais alors que Nick semble toujours très amoureux de son encore très jolie femme, Meg n'est qu'un reproche vivant sur pattes et "menace" même de quitter Nick à l'issue du week-end  (on se dit que c'est ce qui pourrait lui arriver de mieux) voire de finir une des soirées avec un autre homme. Et pourtant elle ne cesse de le vamper, de l'allumer et s'échappe quand il souhaiterait "conclure". Consternant.

    Déjà en ayant vu la bande annonce, et pourtant je m'arrange pour voir peu de bandes annonces, Meg (Lindsay Duncan) m'avait paru particulièrement agaçante. C'est pire sur la durée du film, elle est insupportable, exaspérante. Et on se demande pourquoi ce brave Nick (qui fait du bruit quand il mange) continue de vénérer cette femme qui ne rit que lorsqu'il tombe dans la rue suite à une défaillance de son genou.

    Les péripéties du couple n'aident pas à les rendre sympathiques tant elles sont invraisemblables et manquent de naturel : une course poursuite dans les couloirs et cuisines du palace, leur fuite d'un restaurant pour éviter de payer, leurs étreintes molles et réfrigérantes. Leurs chamailleries et remises en question perpétuelles sont lassantes, répétitives, manquent cruellement d'intérêt et on se demande vraiment comment ce couple a tenu 25 ans !

    On imagine que ça ne peut que s'arranger lorsqu'arrive Morgan (Jeff Goldblum), un ancien ami de Nick rencontré par hasard (celui qui fait si bien les choses). C'est encore pire. Lors d'une fête organisée par Morgan où il convie le couple, ce qui va se passer pendant le repas va finir d'achever l'invraisemblance de l'ensemble le couvrant définitivement de ridicule.

    Les observations sur le temps qui passe, les années perdues qui ne reviendront pas, la retraite, les enfants, les petits enfants font complètement flop et n'attirent aucune réflexion personnelle.

    Et comme ce couple  qui se croit au-dessus de tout, n'en est  pas à une grossiéreté près, il n'hésitera pas à contacter Morgan qu'ils ont quitté sans cérémonie, pour lui demander son aide.

    Je vous passe les clichés sur Paris plus belle ville du monde, sa butte Montmartre, ses escaliers, ses taxis etc...

    Cela dit j'ai trouvé Jim Broadbent vraiment formidable, touchant parfois face à sa mégère... mais la Miss Duncan, brrrrrrrrrrr !


    Pour finir, tant qu'à tenter de rendre hommage à Jean-Luc Godard autant essayer de ne pas rater cette scène :