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  • JOURNAL DE FRANCE de Raymond Depardon et Claudine Nougaret ***

     journal de france de raymond depardon et claudine nougaret,cinéma

    journal de france de raymond depardon et claudine nougaret,cinéma

    journal de france de raymond depardon et claudine nougaret,cinéma

    Raymond Depardon et sa femme, complice et associée depuis 25 ans Claudine Nougaret exercent leurs métiers avec passion. Lui à l'image et elle au son. Ce film est double. Il convoque l'espace et le temps. Il est à la fois un road-movie et la résurrection de bouts de films totalement inédits. Il est un  assemblage et s'il est "une somme dont la valeur est bien inférieure à ses composants" (dixit Thomas Sotinel du Monde), il n'en est pas moins ce genre de films qui donne envie de voir ou revoir tous les autres. Parce qu'il est passionnant.

    Depardon est cette espèce d'homme dont on se dit qu'il a déjà sûrement eu plusieurs vies. Il n'a même pas 20 ans lorsqu'il part à la découverte du monde, du Sahara d'abord, armé de son appareil photo. Il en gardera une passion inextinguible pour le désert. Il hésite entre la photographie et le cinéma. A 26 ans, il crée la célèbre Agence de Photographie Gamma. Parfois il se jette littéralement dans la foule parisienne et filme des anonymes qui parfois croisent le "regard" de sa caméra sans rien manifester de surprise ou désapprobation. Depardon aime suivre les jolies filles du bout de son objectif aussi. Il parcourt le monde, là où il peut témoigner de l'état du monde qui va mal... Il fera quelques jours de prison pour avoir filmé le "Printemps de Prague". Il parviendra à interviewer l'archéologue Françoise Claustre, otage au Tchad pendant trois ans. Cette interview diffusée au Journal de 20 h (disparu des archives...) va émouvoir la France, du coup le gouvernement paiera la rançon. Depardon fera encore de la prison, officiellement pour "non assistance à personne en danger". Puis, il témoigne des conditions inhumaines des hôpitaux psychiatriques en Italie, mais aussi filme en 1974 la campagne de Giscard d'Estaing qui sera interdite de projection jusqu'en 2002, pénètre la 10ème chambre du Tribunal Correctionnel de Paris pour des instants d'audience, rend compte du quotidien des paysans de France... Et Mandela lui offre face caméra une minute de silence ! Ce n'est pas uniquement l'histoire de la France mais aussi du monde que les deux cinéastes nous font parcourir en 1 h 40. C'est fluide, évident, plein d'anonymes et de gens connus, célèbres, de "people" même !

    Et depuis quelques années, Depardon s'échappe parfois pour parcourir la France qu'il prétend connaître moins bien que le Sahara. Il s'embarque seul dans son camping-car et photographie à l'ancienne, à la "chambre". Il traverse des villages et attend le coup de coeur qui le forcera à s'arrêter. Il installe alors son appareil sur son trépied, nous explique les réglages et évoque le temps, la patience. Il faut attendre la bonne lumière mais faire attention à ce qu'elle ne soit pas trop belle, trop flatteuse. Et patienter encore qu'il n'y ait ni piéton ni véhicule dans le champ de vision.

    Mille et un détails évoqués par Raymond Depardon et Claudine Nougaret qui posent l'un sur l'autre un regard émerveillé, admiratif. Ah qu'elle était jolie Claudine à 28 ans ! et là, dans ces très longs et très gros plans sur le beau visage de la jeune femme, on entend bien la déclaration d'amour ! Un film somme je vous disais.

  • TRISHNA de Michael Winterbottom **

      Trishna : photoTrishna : photo

    Trishna : photo

    Trishna ne ménage pas sa peine pour aider sa famille défavorisée de la campagne du Rajasthan. Le jour elle trime comme une bête de somme dans les champs avec son père, le soir elle danse dans un hôtel pour touristes anglophones. Jay, un jeune homme fortuné, vaguement dilettante et flemmard la remarque et lui offre une place de serveuse dans l'hôtel de luxe qu'il dirige pour le compte de son père. Le salaire proposé permettra à toute la famille de vivre plus décemment, de rembourser les dettes, d'envoyer ses petits frère et soeurs à l'école. Trishna quitte donc sa cambrousse pour rejoindre Jay qui tente de ne la considérer que comme une employée mais l'attraction exercée par la jeune fille est trop forte. Elle se laisse séduire, en éprouve de la honte, quitte l'hôtel pour retourner dans sa famille qui ne comprend pas son acte (et j'en passe des événements dramatiques...). Son père l'expédie donc cette fois pour travailler dans l'usine de son oncle. Jay retrouve Trishna, l'embarque illico pour Bombay où les jeunes gens vivent une idylle de courte durée avant que ne s'enchaînent à nouveau les catas...

    Si je n'avais lu qu'il s'agissait de l'adaptation du roman de Thomas Hardy Tess d'Uberville, je ne l'aurais pas deviné tant on est loin de l'oeuvre initiale et de l'adaptation que Roman Polanski en avait fait avec Nastassia Kinsky dans le rôle-titre : Tess. Le chef d'oeuvre lyrique et follement romanesque ayant été accompli par Roman, le très prolifique Winterbottom a préféré détourner l'histoire de l'Angleterre du XIXème siècle à l'Inde contemporaine. Soit.

    Je crois le dire à chaque fois, mais dès que sort un film de Winterbottom je me précipite car il est un de mes réalisateurs préférés. Et pourtant j'oublie toujours de le citer tant sa filmo est éclectique et disparate. Il n'est pas de ces réalisateurs dont on peut dire qu'il a un style car il semble en changer à chaque réalisation. C'est d'ailleurs dès Jude (tiré également d'un roman de Thomas Hardy, l'un des plus tristes que j'ai jamais lu) que je suis devenue inconditionnelle.

    Ici son héroïne, comme la Sue de Jude d'ailleurs semble se complaire et s'engloutir inexorablement dans la tragédie et le malheur. Dépendante et soumise à son père, puis à son oncle et enfin à son "amour", elle ne réagit et ne se révolte jamais. Tout juste ose t'elle un "je ne veux plus partir" lorsque sa mère lui annonce ce qui a été décidé pour elle. Dépendante et esclave consentante pour éviter à ses jeunes frère et soeurs de subir le même sort, elle ne cesse de leur répéter d'aller à l'école, son unique leitmotiv, elle sera tour à tour dépucelée (contre son gré ?), avortée, ballotée d'un bout à l'autre du pays, sans réaction et toujours contrainte de travailler. Trishna accepte TOUT et croyant sans doute son cauchemar terminé lorsque Jay s'installe avec elle dans un appartement avec vue sur la mer, elle deviendra finalement son esclave sexuelle. L'épilogue, d'une violence sans nom surgit brutalement mais Trishna garde néanmoins son impassibilité. Avant cela, nous aurons eu une carte postale de l'Inde et l'efferversence de Bombay entre tradition et modernité, quelques scènes bollywoodiennes colorées, chantées, dansées et au final un sentiment mitigé de réussite et donc de ratage.

    Riz Ahmed dans le rôle de Jay est surprenant d'ambiguité. On ne sait jamais réellement s'il aime Trishna, s'il en a honte, s'il se fait à honte lui-même d'être attiré par une fille du peuple et le lui fait payer. Quant à Freida Pinto, belle comme une danseuse de kathak est l'image même de la soumission et de la souffrance.

  • STUDIO CINÉ LIVE

    Deux emplaires à gagner de ce numéro 39  "Spécial Hollywood" et Bilan du Festival de Cannes.

    Sans titre.JPG

    dans lequel vous pourrez trouver :

    - les secrets de la résurrection de Spider-Man,

    - le fabuleux destin de Scrat, mascotte des studios Blue Sky,

    - la prochaine performance "sexe" de Tom Cruise,

    - le classement inattendu de ceux qui comptent le plus à Hollywood,

    mais aussi :

    - Le Festival de Cannes en images,

    - Roschdy Zem et Leïla Bekhty père et fille chez Jolivet,

    - La Mythe Parade de Marilyn...

    ......................

    Pour remporter un exemplaire, vous devez retrouver les titres des films cachés derrière les images même pas déformées... Révolutionnaire non ?

    SEULES LES RÉPONSES 1 et 2 permettent de gagner.

    UNE SEULE RÉPONSE À LA FOIS PAR PERSONNE.

    ON NE REJOUE QUE LORSQUE J'AI VALIDÉ LA RÉPONSE.

    1

    LES SENTIERS DE LA GLOIRE trouvé par Florence

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    ELLE ET LUI de Leo McCarey trouvé par king72

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    FENÊTRE SUR COUR trouvé par lalalère

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    L'HOMME TRANQUILLE trouvé par flo 

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    NIAGARA trouvé par personne 

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    FRENCH CANCAN trouvé par personne

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    LE CRIME ETAIT PRESQUE PARFAIT trouvé par marion

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    CHANTONS SOUS LA PLUIE trouvé par Yohan

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    MON ONCLE trouvé par Lenny

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    LA PRISONNIERE DU DESERT trouvé par damss

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  • BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR de Rupers Sanders **

    Blanche-Neige et le chasseur : photo Charlize Theron, Rupert SandersBlanche-Neige et le chasseur : photo Chris Hemsworth, Rupert SandersBlanche-Neige et le chasseur : photo Kristen Stewart, Rupert Sanders

    Une jeune et jolie Reine fragile des bronches rêvait d'avoir une fille aux lèvres rouge comme le sang, aux cheveux noir comme les ailes d'un corbeau et à la peau blanche comme la neige et patatra elle enfanta Kirsten Stewart. Son voeu le plus cher se réalisa et ainsi vint au monde Blanche-Neige. Hélas, la reine ne survécut pas à un hiver rigoureux. Le père fut inconsolable et partit guerroyer contre une armée d'étranges chevaliers  noirs et revint avec dans sa musette une reine captive dont il tomba raide dingue amoureux et qu'il plaça illico sur le trône. La nuit même des noces, la cruelle et paranoïaque Ravenna planta sa dague dans le coeur de son époux qui roucoulait dans son cou et elle s'empara du royaume. Elle jeta Blanche-Neige au fond d'un cachot et le royaume ne fut plus que l'ombre de son ombre, au point que la nature finit par s'en prendre à elle-même. Tout n'était que ruine, désolation et misère noire. Et les choses se compliquèrent davantage lorsque le miroir magique que Ravenna consulte régulièrement pour savoir qui est la plus belle, lui annonce que Blanche-Neige est devenue une bombe anatomique ! Courroux de l'usurpatrice. Elle fait mander la donzelle afin de lui signifier son fait mais le tendron réussit à s'échapper... On connaît la suite mais à partir de là, hollywood n'en fait qu'à sa tête.

    Après une nuit de cauchemar dans la sombre forêt, la Blanche se voit coursée par un chasseur sans peur et sans reproche (veuf et alcoolique) à qui la Reine a promis une récompense. Mais le fufute découvrant qu'il s'est fait berner par la cruelle s'allie à la fugitive et ensemble ils vont rencontrer un troll des forêts droit sorti du Seigneur. Alors que Thor... le chasseur est dans les vaps, Blanche démontre qu'elle peut gueuler aussi fort qu'un troll, puis elle lui parle à l'oreille. Le troll se fend d'un étrange sourire et s'en retourne tout confus chez lui. Capturés et pendus par les pieds par 7 nains bandits des forêts, le chasseur et Neige parviennent à convaincre les rase-mottes qu'ils devraient s'unir pour la bonne cause. Ils deviennent copains comme cochons. Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais, ils vont lever une armée, Blanche se transforme en Jeanne d'Arc et s'en va bouter les forces du mal hors de Tabor avec ses nouveaux amis. Le royaume reconquis trouve une nouvelle Reine en la personne de Blanche-Neige qui cherche du regard  humide dans la foule son chasseur et là... on comprend qu'on est pas au bout de nos peines et que la suite ne devrait tarder à arriver car ils n'ont pas eu le temps de consommer dans cet épisode. Forcément, Blanche se croit amoureuse de son copain d'enfance alors que nous, de l'autre côté de la forêt on voit bien à l'oeil nu qu'il s'agit de la nouvelle endive d'Hollywood dont nous tairons le nom par respect pour la famille, et que le chasseur ne va pas pleurer indéfiniment sa moitié trépassée.

    Vu comme ça, je vous vois arriver. Vous allez me dire ? Pourquoi ** ? J'en sais rien. Je ne me suis pas ennuyée et je ne peux décemment mettre moins d'** à cet opus qu'à celui de Tarsem Singh qui jouait résolument la carte de la farce alors que celui-ce se prend très très au sérieux.

    Question Blanche-Neige, on n'est pas mieux servi qu'avec la fille de... car ici nous avons Kristen Stewart la boudeuse qui de film en film me convainc de moins en moins. Bouche perpétuellement retournée en une mimique de dégoût, elle entrouve parfois légèrement les lèvres pour laisser entrevoir deux dents de lapin et parfois se fend d'un étrange sourire douloureux qui se transforme rapidement en rictus de souffrance ! Finalement la voir tant souffrir à chaque film doit satisfaire mes penchants sadiques !

  • LA PETITE VENISE de Andrea Segre ***

     La Petite Venise : photoLa Petite Venise : photoLa Petite Venise : photo

    Shun Li a récemment immigré de Chine et travaille dans un atelier de couture à Rome. Ses employeurs lui ont payé le voyage et elle doit le rembourser. Elle doit également payer suffisamment pour faire venir son fils de 8 ans resté en Chine. Pour cela, elle est corvéable à merci, mais Shun Li ne se plaint jamais. Brusquement, son patron lui annonce qu'elle doit se rendre à Chioggia, ville côtière sur une île de la lagune vénitienne. Chioggia est aussi un port de pêche et Shun Li devient serveuse dans un bar où se retrouvent quotidiennement tous les hommes des environs, les pêcheurs, mais aussi les chômeurs et les retraités de l'île. Alors qu'elle maîtrise à peine l'italien, elle fait la connaissance de Bepi un vieux pêcheur poète qui lui aussi à émigré de Yougoslavie 30 ans avant elle. La complicité qui naît entre les deux va être la source de bien des bonheurs mais aussi de bien des tourments.
    Car hélas, impossible d'en douter, la bêtise, le racisme, l'envie, la méchanceté sont universels, planétaires et sans aucun doute au-delà !  Bepi observe Shun Li se faire chambrer plus ou moins bêtement puis se charge de lui donner quelques ficelles concernant les étranges mélanges et cocktails italiens. Shun Li s'amuse et apprend vite. Le soir dans sa minuscule chambre partagée avec une compatriote affectueuse mais étrange et solitaire, elle écrit de jolies lettres à son fils et lui promet des retrouvailles prochaines.
    Parfois, Bepi retrouve Shun Li après la fermeture et ils évoquent sans se plaindre leur déracinement. Il l'emmène en barque dans sa petite cabane sur la lagune et il n'en faut pas plus aux types, ses "copains" avec qui il partageait le Spritz, pour se moquer, bavasser comme des commères et en arriver à des supputations ahurissantes. Tout cela en présence de Shun Li qui poursuit son travail sans broncher. La jeune femme serait là pour se faire épouser du vieux et lui piquer tout son héritage. Malgré la judicieuse remarque d'un pêcheur qui aurait éventuellement un peu plus de cervelle que les autres : "mais Bepi ne possède rien !", les balourds ne lâchent pas.
    L'amité de Bepi et Shun Li parvient aux oreilles des chinois qui eux aussi la voient d'un mauvais oeil et ils somment leur "esclave" de cesser cette relation, la menaçant d'avoir à recommencer le remboursement de sa "dette" depuis le début. Les deux communautés, repliées sur elles-mêmes font payer le poids de leur rejet réciproque sur ces deux déracinés inoffensifs...
    C'est donc un conte cruel, révoltant mais émaillé d'instants de grâce pure que deux égarés s'offrent comme une embellie face à l'adversité.
    Les deux acteurs, Zhao Tao et Rade Serbedzija (très beau, regard bleu et traits burinés) sont frémissants, résignés mais dignes. Et la lagune en hiver, nappée de brume épaisse est comme toujours sublime et comme chaque fois un personnage à elle seule ! 
  • 80 JOURS de Jon Garano et Jose Mari Goenaga ***

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    Contre l'avis de son mari, Axun se rend au chevet de Mikel qui se trouve dans le coma suite à un grave accident de voiture. Mikel est l'ex mari de la fille d'Axun dont elle ne veut plus entendre parler. Il partage sa chambre avec un autre homme lui aussi très mal en point à qui sa soeur Maité rend visite quotidiennement. Après un round d'observation relativement cocasse, les deux septuagénaires vont se reconnaître. Plus de cinquante ans plus tôt, elles ont été les meilleures amies du monde. Axun et Maité se revoient ainsi chaque jour à l'hôpital. Elles vont refaire connaissance et vivre ensemble de petites choses que les battements d'un coeur amoureux rendent grandes. Ces retrouvailles vont les réjouir, raviver des souvenirs et finalement bouleverser leurs vies pour 80 jours, ou pour toujours !

    Les amours des personnes âgées sont rarement traités au cinéma ou parfois évoqués du bout de la caméra. Et pourtant c'est évident, le coeur des "seniors" bat encore, le corps peut lui aussi encore vibrer et s'émouvoir. Lorsqu'il s'agit de l'homosexualité chez deux femmes de 70 ans, on se trouve face à un sujet vraiment inhabituel, particulièrement casse-gueule voire tabou. Or c'est avec une sensibilité, une habilité et une délicatesse rares que les deux réalisateurs nous emportent au coeur de la tourmente que le renouveau des sentiments peut provoquer.  La sage, compatissante et dévouée Axun a manifestement passé sa vie à se consacrer et à se dévouer à une fille assez incompréhensiblement agressive et à un mari certes "gentil" mais indifférent et égoïste. Elle partage quelques loisirs de vieille dame avec des "amies" bien ordinaires, ridicules comme des perruches... Et puis, lorsque son mari va se mettre à douter, à se méfier des absences de plus en plus répétées et prolongées de sa femme, il retrouvera lui aussi les réflexes d'un coeur amoureux qui passe parfois par une jalousie stupide qui rend ridicule parce qu'elle fait faire n'importe quoi. Il ira jusqu'à la suivre découvrant et interprétant (mal) les choses qu'il voit. 

    Maité quant à elle a toujours parfaitement assumé son homosexualité même si elle n'a jamais pu vivre au grand jour le grand amour. C'est une femme gaie, fantasque, libre et drôle mais qui cache parfois mal ses fêlures. Elle va tenter et réussir à redonner à son amie la ferveur et l'enthousiasme de la jeunesse, essayer aussi de lui rendre la liberté d'agir. Et surtout elle va lui faire retrouver l'émotion magique des premiers moments où l'on tombe amoureux. Ces instants intenses, incontrôlables, délicieux et douloureux qui font que l'on se réveille la nuit hanté par l'autre et que les rêves mêmes sont habités de sa présence.

    Les réalisateurs accomplissent ce petit miracle de nous faire battre le coeur au rythme de ceux de ces deux femmes touchantes, de nous faire rire de leurs fous rires retrouvés de gamines, de nous faire soupirer à leurs rendez-vous manqués, leurs hésitations, leurs erreurs, leurs sacrifices...

  • QUAND JE SERAI PETIT de Jean-Paul Rouve ***

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    Alors qu'il embarque à Calais avec sa femme pour une croisière qui ne va pas trop s'amuser, Mathias tombe littéralement en arrêt devant un petit garçon de 10 ans qui lui ressemble comme un clone au même âge. De retour à Paris Mathias n'a plus qu'une idée obsessionnelle : retrouver la trace du gamin. Il vit à Dunkerque dans une maison face à  la mer avec son père et sa mère. Il se prénomme lui aussi Mathias, son père est passionné par les avions comme le fut celui de Mathias avant qu'il ne disparaisse alors qu'il avait 10 ans... et le nombre de similitudes troublantes ne vont cesser de déstabiliser Mathias au point de faire passer sa propre famille (il est marié et a une fille de 13 ans) au second plan, de délaisser son travail et finalement de faire ressurgir des secrets et des non-dits embarrassants. Mathias réussit à se faire admettre puis apprécier par la famille du petit garçon, passer ses week-ends à Dunkerque sans donner d'explication à ses proches qui s'inquiètent et interprètent forcément ses absences répétées...

    Autant le dire et se fier au titre. Pour apprécier ce film, malgré ses maladresses, il faut laisser sa logique, sa grammaire et sa conjugaison au vestiaire ! En frôlant le fantastique et la folie, Jean-Paul Rouve devant et derrière la caméra court après son enfance perdue mais aussi cherche à retrouver le père qui lui a tant manqué. Se projeter totalement sur un petit garçon considéré comme un double et essayer d'inverser ou d'influencer le cours de son existence est vraiment déconcertant à observer. Toutes les coïncidences et concordances finissent par être étonnantes et peu crédibles. Mais on s'en fiche, on est au cinéma où tout est possible et l'acteur réalisateur insuffle à son film une fraîcheur, une douceur, une sensibilité et une sincérité telles que finalement, oui, on souhaite avec lui, le coeur battant, qu'il retrouve son père mort il y a trente ans. Dommage qu'il conclut son joli film de façon inutilement dramatique.

    Pour nous embarquer dans son doux et inoffensif délire, Jean-Paul Rouve choisit les paysages apaisants et hautement cinématographiques des plages du nord sous le soleil. Mais aussi il s'entoure d'un casting brillant tout entier acquis à sa cause enfantine. Les parents sont Miou-Miou faussement froide et brutale et Claude Brasseur tout embarrassé des silences familiaux. Jean-Paul Rouve et son mini double le très pro Miljan Chatelain sont au diapason. Mais une fois de plus c'est Benoît Poelvoorde (Benoît Poelvoorde je t'aime d'amour) qui fait des étincelles. Qu'il soit le père ou le mari aimant, l'amateur de photos, le copain, qu'il s'interroge sur le bonheur ou joue sur la plage avec son fils, il est extraordinaire, convaincant, toujours à sa place. Impressionnant de douceur, vieux punk à chien extraverti un jour, homme mélancolique un autre, cet acteur immense est INDISPENSABLE.

  • 21 JUMP SREET de Phil Lord et Chris Miller **

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    21 Jump Street : photo
    • Ça commence au lycée où Jenko le beau gosse avec des muscles et pas trop de cerveau s'amuse beaucoup à humilier Schmidt le ptit gros gentil comme tout qui se prend pour Eminem et des rateaux par des filles jolies mais plus salopes mufles qu'un wagon de mecs à la troisième mi-temps. Ils se retrouvent à l'école de Police, 7 ans plus tard à la fin de leurs études. Ils deviennent copains comme cochons, d'abord par intérêt et complémentarité puis par réelle amitié. Leur déception est grande d'être au départ des flics à vélo chargés de surveiller les jardins publics. A la suite d'une opération qui foire, leur chef, conscient qu'ils ont conservé un physique et une cervelle d'ados leur confie une mission d'infiltration au sein d'un lycée afin d'intercepter un traffic de drogues. Les voilà donc intégrés dans l'équipe du colérique capitaine Dickson au 21 Jump Street dont les bureaux siègent dans une église au Jésus coréen... Ils reprennent le chemin du lycée. Jenko sûr de redevenir le coq de basse-cour qu'il était et Schmidt convaincu d'être à nouveau un souffre douleurs. Sauf que les codes des ados changent régulièrement et que les deux baltringues vont voir leurs rôles complètement inversés !

      D'abord, sachez que je viens seulement de découvrir qu'il y avait eu 103 épisodes de 21 Jump Street la série en plusieurs saisons et que je n'en ai pas vu UN SEUL ! Oui. C'est possible. Moi Johnny Depp je l'ai découvert dans Crying Baby et ce fut le choc, et en souvenir de cette époque, je souhaiterais qu'à présent il se ressaisisse !

      Bon, ce film ne sert strictement à rien sauf à bien se poiler. Et je ne m'en suis pas privée, malgré les baisses de rythme régulière et une fin qui n'en finit plus de finir. Mais tant pis. Il n'y avait ni punks, ni filles maltraitées et ça fait du bien de rire bêtement. Alors sachez que c'est totalement pipi caca bite couilles vomi... mais cette fois ci, c'est bien passé. Une autre fois je pourrais dire qu'un film pipi caca bite couilles vomi c'est insupportable, mais pas aujourd'hui. C'est comme ça.

      Bizarrement Jonah Hill est un peu en service minimum, mais il est agréable de constater que Tatum Channing est capable de jouer autre chose que l'endive dans des bluettes à l'eau de rose

       

      ATTENTION CA VA SPOILER 

    •  Passer la souris ci-dessous si vous souhaitez lire.

    • J'aurais aimé ne pas le savoir mais hélas je le savais. Johnny Depp apparaît pour une scène dans ce film. En fait il apparaît plusieurs fois mais on ne peut le savoir qu'à la fin... Et c'est une bonne nouvelle, il est beau, il vieillit bien, il est drôle... et il JOUE LA COMEDIE... Et ça c'est une grande nouvelle. Il peut encore faire autre chose que rouler les yeux et tituber. Il est donc absolument urgent que ce garçon abandonne pour quelque temps (je ne dis pas qu'il faut renier ses amitiés quand on en a, mais qu'il oublie un peu) TIM BURTON et les Pirates. Merci.

  • COULEUR DE PEAU : MIEL de Jung et Laurent Boileau ***

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    •  Un petit garçon de 5 ans erre seul dans les rues de Séoul en 1970. Recueilli par un policier, il est confié à une association locale et très rapidement adopté par une famille belge qui compte déjà 4 enfants. La seule annotation figurant sur la fiche d'adoption de Jung est : couleur peau, miel ! 200 000 petits coréens abandonnés parce que beaucoup de femmes se sont retrouvées enceintes de soldats américains ou devenus orphelins pendant la guerre, voilà l'un des dégâts colatéral d'une guerre fratricide.
    • Jung est particulièrement bien accepté par ses nouveaux frères et soeurs qui le considèrent immédiatement comme l'un des leurs. Ils accueilleront d'ailleurs quelques années plus tard une autre petite coréenne, ce qui déclenchera la colère et la jalousie de Jung : "c'est moi l'asiatique adopté de la famille !" Et c'est l'une des originalités de ce beau film tendre et cruel, ne pas faire de Jung une victime angélique soumise. Le petit garçon peut être une sacrée teigne malgré la complicité sans faille d'une de ses soeurs dont il sera un temps amoureux et il traversera des périodes difficiles où il volera, mentira. Il aura fort à faire avec sa mère et puisqu'il n'en connaîtra pas d'autres, il l'acceptera telle qu'elle est : vive, impatiente, colérique et pas câline pour deux sous. En période de crise, elle lâchera le terrible "tu es une pomme pourrie et je ne veux plus que tu t'approches de MES enfants !" Mais il découvrira que cette sévérité parfois brutale et injuste est sa façon d'aimer à elle. Puis elle lui avouera et lui prouvera bien tard, mais pas TROP tard, son amour. Le père quant à lui reste toujours très en retrait de tout ce qui se passe même si l'on comprend que c'est lui qui souhaite absolument adopter des enfants coréens. Il n'intervient, à son grand dam, que pour corriger sa progéniture rebelle, selon la bonne vieille méthode des années 70. Mais en règle générale il laisse sa maîtresse femme diriger la famille.
    • Jung traverse sa petite enfance dans une relative insouciance mais les choses évoluent très rapidement. Il rejettera toute "asiatitude" en lui puis se mettra à chercher absolument une connexion entre la tête qu'il a et une culture asiatique. C'est ainsi qu'il vivra une période japonaise. Il entrera en conflit avec ses parents, avec lui-même, cherchera d'où il vient, tentera de comprendre comment et pourquoi une maman abandonne son enfant. Lui pardonnera...
    • Mais c'est finalement par le dessin que Jung parviendra toujours et dès le plus jeune âge à extéroriser ses démons, son déracinement, sa recherche de racines...
    • C'est ainsi que ce film mêle avec bonheur l'animation (adaptation du roman graphique de Jung), films super 8 de la famille (on passe parfois du dessin au film avec beaucoup de finesse) et documentaire, puisque Jung est retourné pour la première fois, quarante ans après dans son pays d'origine. Si une certaine mélancolie baigne l'ensemble, le Jung adulte a d'ailleurs conservé son regard infiniment triste de petit garçon abandonné, il n'en demeure pas moins une chronique très tendre et parfois drôle. Un petit bijou tout miel !