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Cinema - Page 222

  • DE BON MATIN de Jean-Paul Moutout ***

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    Comme chaque matin Paul, cadre dans une banque qui subit de plein fouet les effets de "la crise", se prépare pour à aller au travail. Les gestes sont les mêmes, la toilette, le rasage, le brossage minutieux des dents, un baiser sur l'épaule de sa femme encore endormie et il quitte sa banlieue proprette. Sauf que ce matin là, contrairement aux autres, Paul prend le bus en sachant qu'il va commettre l'irréparable. En arrivant dans la banque située dans une tour où se croisent sans se voir tous ces cadres affairés, Paul va accomplir ce qu'il a minutieusement préparé. Froidement il tue son responsable direct puis il abat de dos un jeune collègue qui tentait de s'enfuir. Les deux hommes ont peu à peu réduit Paul au silence et au désoeuvrement. Ce long et lent travail de sape à coup de harcèlement psychologique et pour cause de restructuration est venu à bout des nerfs de Paul, ce type consciencieux et sans histoire qui fait partie de cette génération d'hommes qui tend à disparaître. De ceux qui passent une grande partie de leur existence, négligeant souvent leurs proches, à se consacrer à un travail qu'ils aiment, persuadés que la reconnaissance viendra en son temps.

    Le réalisateur ne cherche évidemment pas à justifier l'acte de Paul mais à démontrer comment un homme tranquille travailleur scrupuleux en arrive à cette terrible extrémité. Alternant flash-backs et retour au présent, Paul enfermé dans son bureau de verre attend patiemment la suite des événements non sans avoir crié à ses collègues terrifiés et stupéfaits : "c'est ce que vous vouliez non ?" Il se souvient de l'arrivée de la crise, des pertes de la banque, des collègues injustement voire illégalement poussés vers la sortie et de sa progressive mise au placard. Il réalise également s'être parfois un peu trop éloigné de sa femme pourtant aimante et compréhensive et de son fils (composé de tous les ingrédients constitutifs d'un ado, portes qui claquent incluses)...

    L'entreprise est un univers froid, glacé, fait de verre, de murs et de portes. A l'intérieur on peut écrabouiller et anéantir les plus faibles.  "L'ambiance" du film est sinistrement réaliste. On s'y croirait. L'arrogance du chef de service (Xavier Beauvois, impeccable) à la fois hautain et familier, la rapacité d'un jeune loup tout imbu de lui-même mais pas vraiment hostile qui accepte la "formation" de son aîné avec une condescendance écoeurante ajoutent au réalisme. Qui a un peu "fréquenté" l'entreprise se reverra plongé en pleine horreur. Pour y avoir séjourné de longues années sans jamais avoir pu m'y intégrer, ce film m'a vraiment donné la nausée. Rien ne change et le monde du travail est une machine qui broie l'être humain au lieu de l'épanouir.

    Jean-Pierre Darroussin, acteur parfait, se livre corps et âme à ce film et à ce rôle. Voûté, abattu, incrédule, il laisse la caméra de Jean-Paul Moutout se balader sur son corp nu où les premiers signes de vieillissement, le gras, les taches, apparaissent. C'est aussi ainsi que l'entreprise anéantit les hommes. En reléguant ceux qui n'ont plus cet atout pourtant ô combien éphémère : la jeunesse. Comme si être jeune était une qualité. L'expérience, le savoir faire, la connaissance n'ont pas leur place ici.

    Et cependant le monde est impitoyable très rapidement. Pour illustrer cette évidence, le réalisateur place en début de film une très belle scène muette où dans le bus Paul observe une petite fille de 8 ou 9 ans qui pleure silencieusement. Elle se rend à l'école comme Paul se rend au travail. Peut-être est-elle en train de vivre le même cauchemar fait de blessures à l'âme et d'humiliations quotidiennes.

  • REMISE DU GRAND PRIX CINEMA DES LECTRICES DE ELLE : POLISSE de Maïwenn

    C'était donc hier soir qu'avait lieu la remise du Prix amplement mérité à Maïwenn pour son film plébiscité : "POLISSE". Et comme je vous sais avides de détails glamours croustillants, j'espère ne pas vous décevoir.
    Sur l'invitation (très jolie et originale) ci-dessous, j'ai dissimulé un détail avec une cuillère en argent car j'imaginais que simplicité pouvait rimer avec chic et style d'autant que le magazine Elle n'est quand même pas ce qu'il y a de plus loqueteux...

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    Mais non, il n'y avait que ce genre d'outils :

    et le champagne (que je n'ai pas bu car je n'aime pas) donnait des brûlures d'estomac et j'ai dû sortir ma boîte de maalox avant la fin de la soirée pour secourir des malheureux. Oui, je suis une pharmacie ambulante (un coup de pompe, une allergie, un vertige ? Tapez SOS Pascale sur votre clavier (appel non surtaxé) !).

    Avec beaucoup de discernement et surtout grâce à à cause d'elle, nous sommes arrivés avec une demi-heure de retard sur l'heure prévue sur le bristol, et nous avons bien fait car c'était loooooooooooong comme un jour sans pain cette attente avant de pouvoir revoir le film.

    Ceux qui me connaissent ou suivent ce blog depuis des années ou moins, connaissent mon enthousiasme, mon euphorie et mon exaltation dès lors qu'il s'agit de vivre puis de relater des événements à haute teneur cinématographique (voir mes Festivals d'Annonay, de Cabourg, de Paris Cinéma, de Lyon (que j'ai raté bêtement cette année... je vous raconterai peut-être quand la plaie sera cicatrisée...) etc. Cette fois, au plaisir de croiser en vrai des personnalités telles que toute l'équipe féminine du film Polisse et surtout de pouvoir revoir le film se mêlent la déception et l'étonnement d'avoir vécu une soirée sans charme, froide (malgré le plaisir de rencontrer Jane et de retrouver Charlotte, des élues parmi les plus de mille qui avaient postulé) un peu comme si elle avait été improvisée à la dernière minute. Je n'avais pas d'attente particulière. Le ressenti est que c'était froid et parfois même un peu bricolé et amateur !

    Là où nous avions été 50 pendant le week end de septembre où nous avions vu les films, nous étions sans doute plus de trois cents venus par un prompt renfort et par le fait que nous pouvions inviter une personne de notre choix ! J'avais choisi "qui vous savez" qui (et personne ne peut s'en douter car il arbore une chevelure quasi onctueuse de nouveau-né) souffre toujours de quelques problèmes et effets secondairement indésirables aux multiples chimios. Lorsqu'il a demandé un verre d'eau, un charmant garçon terrorisé lui a dit "je n'ai pas le droit mais je vous le donne discrètement". C'est là que le chef du pauvre garçon lui est tombé dessus à bras raccourcis pour le sermonner vertement et sans doute le faire brûler en Place de Grève dès la fin de la soirée... "Qui vous savez" s'est donc senti obligé (pour venir au secours du gentil) d'expliquer la raison de sa demande (UN VERRE D'EAU). Malades et handicapés du monde : faites en sorte que votre maladie se voit bien pour attirer la compassion !

    Ensuite, les "filles" du film étant toutes arrivées, elles ont dû subir le passage obligé du "photo call" et comme j'avais mon appareil photo je me suis jointe aux photographes!!! Je crois que je n'ai jamais entendu autant d'âneries en un aussi court laps de temps. Déjà, lorsque je me suis pointée avec mon minable Olympus, j'ai tout de suite été avisée que je dérangeais...

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    Je ne vois pas en quoi et j'ai donc continué à prendre des photos alors qu'un photographe hyper intelligent se déplaçait délibérément pour être devant mon objectif !

    Je vous livre quelques bribes de... comment peut-on appeler cela... conversations ?

    Un photographe : "c'est qui celle-là ?

    - un autre : Naidra Ayadi.

    - 'tain t'as bien appris ta leçon toi !"

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     Naidra Ayadi

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    Emmanuelle Bercot, Sandrine Kiberlain, Karine Viard, Naidra Ayadi, Marina Foïs.

    - Un photographe : "oh les filles ! vous êtes bonnes !!!

    - les autres : ah ah ah !

    - encore un autre : ah, vous êtes bonnes, t'es drôle toi !"

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    Marina Foïs.

    Un photographe : et maintenant on fait quoi ?

    - un autre :  ben on attend Maïwenn !!!

    - Maïwenn Leroy ? La chanteuse ???

    - ah ah ah ah !!!

    - nan, Maïwenn, la réalisatrice*, celle qui a fait le film.

    - euh, elle s'appelle pas Arwen la chanteuse ?

    - Et c'est sûr qu'elle va venir ?"

    *une réalisatrice est une personne qui fait des films.

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    Karine Viard, Maïwenne, Valérie Toranian (directrice de la rédaction de ELLE), un petit bout de Sandrine Kiberlain.

    Un photographe : "et maintenant, i s'passe quoi ?

    - ben c'est open bar !!!"

    Ensuite s'en est suivi le fameux "cocktail dînatoire" qui a été rincé en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire par les incontournables "professionnels" qui ne quittent pas la table où sont étalés les amuse-bouche et l'ont donc toujours pleine (la bouche). C'était inabordable à moins de priser particulièrement les bousculades et grâce à "qui vous savez" et Jane qui a bravé la foule j'ai pu déguster un morceau de tranche de jambon enroulé sur un biscuit apéro et un toast avec un truc qui était bon à l'intérieur ! J'ai bu un verre de rouge aussi, parce qu'on ne se refait pas et que bizarrement les boissons sont toujours plus accessibles.

    Mais le plus beau restait à venir et bien que je sois la première à savoir, craindre et dire que les talents d'orateur ne sont ni innés ni évidents (j'évite donc de prendre un micro), je peux assurer que les deux discours ou présentations qui ont été faits étaient assez pauvres, consternants et involontairement risibles.

    J'en ai quand même conclu que les lectrices de Elle de Lyon et Nantes n'étaient pas plus bêtasses que celles de Paris puisqu'elles avaient choisi le même film. D'ailleurs, il semblerait que quelle que soit la ville, les mêmes films ont été classés dans le même ordre (si j'ai bien compris). Pourtant bien que très surprenant tant il est évident qu'on ne peut apprécier et parler d'un film que si on est professionnel... il avait été choisi aussi des films légers ou des comédies pour les 150 cinéphiles présentes au cas où certains films seraient trop difficiles !!! N'étant ni de Paris, ni de Lyon, ni de Nantes, je me sens encore plus exclue vous pensez ! Mais que suis-je ? Provinciale, c'est certain.
    Enfin, le prix a été remis... ou plutôt le non prix, puisqu'il n'y avait ni trophée, ni morceau de papier... ni rien ! Et Maïwenn a enfin pu monter sur scène avec toute son équipe (féminine puisqu'hélas aucun garçon n'avait fait le déplacement !) et parler de son film. Il a été remis à chacune des actrices et à la réalisatrice un bouquet de roses blanches (qui m'a rappelé Berthe Sylva) emballé dans un papier kraft. Bouquet qui leur a été ôté quasi immédiatement tant il devait faire moche sur la photo !

    Je pense qu'il est heureux que Maïwenn vive une grande et sincère histoire de fidélité depuis 10 ans avec ELLE qui l'a soutenue et encouragée dès ses débuts car cette soirée manquait totalement de la moindre ferveur.

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    Emmanuelle Bercot, Naidra Ayadi, Maïwenn, Valérie Toranina, Karine Viard, Sandrine Kiberlain, Marina Foïs, Florence Ben Sadoun.

    Ensuite nous avons revu le film, certains l'ont découvert. Et à la deuxième vision cela reste le grand film fort, drôle et très émouvant que j'avais vu. Et c'est bien cela l'essentiel.

    Dès le 19 octobre, vous pourrez à votre tour le découvrir sur les écrans, et c'est évident vous lui ferez un triomphe.

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    A présent, nous profitons de notre super appart., si calme qu'on se croirait à la campagne, avec vue sur les toits de Paris.

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  • A LA DEMANDE GÉNÉRALE

    d'une seule personne, je vous révèle en avant première mondiale que c'est, sans surprise car ce film s'impose sans restriction mais de façon totalement justifiée, le film de Maïwenn

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    qui a remporé le GRAND PRIX CINÉMA de ELLE.

    C'est donc sans aucun remords que je vous abandonne à nouveau pour me rendre au pince fesses à la soirée de remise de ce Grand Prix, accompagné d'un cocktail dînatoire je vais encore crever la dalle, en présence du tout-Paris, de l'équipe du film et de personnalités du cinéma parlant, et qui sera suivi de la projection du film que j'ai très très hâte de revoir.

  • SAMARABALOUF et tri sélectif

    Il y a peu de films ici en ce moment vous allez me dire. Oui je vais vous répondre.

    Il n'empêche qu'il reste un jeu à finir ici (j'ai tout simplifié pour des raisons de facilité) et j'ai pu constater que quand il n'y a rien à gagner, certains ne viennent même pas ! Pfff, j'ai fait. En fait j'en suis venue à penser qu'il y avait des "professionnels des jeux" sur Internet qui se fichent comme d'une guigne de gagner des places de cinéma ou des carambars et que leur seule raison est de "gagner". J'ai pensé aussi que certains aimaient jouer quoiqu'il leur arrive (marion etc...) et qu'une pauvrette ne gagne QUE lorsqu'il n'y a rien à gagner. Puis j'ai refermé la parenthèse.

    Par contre, Julos et moi sommes allés à un concert de Ouf, les SAMARABALOUF i s'appellent, du jazz manouche qu'ils disent mais pas vraiment j'ai trouvé. C'est surtout, des "oufs" comme leur titre l'indique qui font de la musique avec trois instruments et qui m'ont donné la confirmation que la guitare c'est L'INSTRUMENT absolu qui peut tout, qui sait tout... Un très bref extrait vu que ça faisait du bruit dans la turne :

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    Mais surtout en ce moment, c'est grand chambard dans la carrée, le genre de remue-ménage qui fait mettre les coins au milieu pour réaménager la casbah et dans la catégorie "on fait une bibliothèque" on trouve des pièces de collec' :

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  • UN HEUREUX ÉVÉNEMENT de Rémi Besançon **

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    Bab' et Nico sont victimes d'un coup de foudre réciproque. Bab' laisse un peu mariner Nico dans son jus et finit par céder. C'est l'amour, chabadabada, le bonheur et puis, alors qu'ils s'y attendent le moins, dans un moment de grande inconscience, Nico balance la phrase fatale "j'ai envie d'un enfant de toi", ce à quoi Bab' répond dans le même état de folie douce : "fais le moi", vite, maintenant, comme çaaaaaaaaaaaaaaaa. La grossesse n'est pas une partie de rigolade pour tout le monde. Les vômissements des premiers mois pour madame, la peur de se faire bouffer le kiki pour monsieur et j'en passe car tout y passe. Il ne manque rien et ce film pourrait être un véritable documentaire sur tous les émois et transformations vécus par un jeune couple inexpérimenté qui peu à peu prend conscience de ce qu'ils ont mis en route. On n'échappe pas non plus à quelques banalités du genre : "nous sommes irresponsables, comment pourrions-nous être responsables de quelqu'un d'autre ?". Soit.

    C'est vraiment bien que ce soit un garçon qui se penche sur ce miracle et ce mystère que sont la grossesse puis la maternité. Mais Rémi Besançon aurait dû mieux se renseigner sur certains éléments. J'aimerais en outre qu'il me présente UNE femme une seule pour qui la rééducation périnéale a été un motif de jouissance au point d'en réclamer des séances supplémentaires à son kyné !!! Bon, passons sur les aberrations, il s'agit peut-être là d'un élément de comédie qui ne m'a pas fait rire.

    Même si le papa se montre très concerné dès l'apparition de l'ange blond, ce qui se passe entre un nourrisson et sa maman reste à tout jamais de l'ordre du surnaturel... malgré Laurence Pernoud et autres tyrans de la maternité heureuse. Surtout s'il s'établit comme c'est le cas ici, entre Léa aujourd'hui je pense que si une instit' appelle Léa dans une classe, 22 filles sur 28 se retournent et sa maman, un lien que l'on peut qualifier de fusionnel. L'homme, le mari, le compagnon, le père est totalement exclu de cet indissociable duo. C'est ainsi. Que voulez-vous que la bonne y fasse. Le film décrit et décortique au scalpel comment deux êtres de lumière faits l'un pour l'autre en arrivent à ne plus se comprendre isolés qu'ils sont dans leur monde respectif, séparés, pas forcément à tout jamais par un morceau de la chair de leur chair qui ne leur laisse plus un instant pour vivre, respirer, penser. Comment un petit bout de rien du tout va réussir sans le savoir, sans le vouloir (à moins de s'appeler Kevin), à séparer ses parents qui vont passer le reste de leur vie à lui mentir assurer qu'il n'est pour rien dans cette séparation ? Et pendant que la maman s'enfonce mollement mais sûrement dans une déprime tenace, qu'elle n'est plus que le prolongement de son tout-petit, que son existence sociale et affective est réduite à néant, le papa, ce Robinson abandonné en arrive à prononcer et penser des évidences telles que "je me crève la paillasse pendant que tu restes à la maison". Pour remédier à cela, pourquoi ne pas partir en vacances et en faire un petit deuxième pour la route ? Mais je ne voudrais pas spoiler...

    Il y a donc de bonnes choses, de très bonnes et d'autres nettement moins. Commençons par le moins, les clichés et les personnages insupportables tel celui de la mère de Nico, Gabrielle Lazure. On a beaucoup de difficultés à comprendre comment ce grand garçon, un peu puéril certes mais d'une patience rare et inconditionnellement épris de sa chérie, ne remette pas vertement à sa place son infernale génitrice les garçons savent faire ça sans que ça les empêche de dormir. La mère de Bab', Josiane Balasko (j'adore cette femme) est beaucoup mieux servie même si elle est capable de sortir des horreurs sans nom à ses filles qui continuent de venir la voir sans broncher. Malgré son côté "je suis mère donc je sais TOUT de la maternité", elle a de bien belles scènes de connivence et d'harmonie avec sa grande fille perdue cheveux gras.

    Par ailleurs, le fait que Nico (vendeur de DVD) trouve une situation (costume cravate tickets restau) en moins de temps qu'il ne faut pour le souhaiter, m'agace particulièrement. Peut-on me dire comment on s'y prend ?

    On évite la bande de copains obèses ou libidineux qui semblent être réservés aux américains, et Thierry Frémont et Anaïs (la chanteuse, très bien) font office d'amis à la vie à la mort qui tentent de comprendre ce que deviennent leurs potes.

    Par contre, les parties grossesse (si l'on excepte l'accouchement particulièrement éprouvant) et déprime post partum m'ont semblé plutôt justes, bien observées, réalistes,  ainsi que la désagrégation du couple.

    Et puis l'atout numéro un de ce film c'est évidemment le petit couple que forme Pio Marmaï et Louise Bourgoin (qui ne m'avait jamais convaincue jusque là et que j'ai trouvée vraiment très bien ici, d'autant que la demoiselle n'a jamais procréé ce qui prouve qu'elle est une vraie actrice). Ils sont tous les deux absolument craquants et complices à un point qu'on les croirait ensemble pour la vie. Les premières minutes où ils tentent de se séduire par titres de DVD interposés sont très réussies, drôles et charmantes.

    Et puis, il y a Louis-Do de Lenquesaing et là, j'ai vraiment eu envie d'écrire une thèse en philosophie...

  • WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsay ***

    WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsay, cinéma,Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller,WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsay, cinéma,Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller,WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsay, cinéma,Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller,WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsay, cinéma,Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller,

    Kevin est un ado de 16 ans à qui il est fort déconseillé de confier sa petite soeur. Entre autre. Mal dans sa peau, mal dans sa vie, Kevin n'a jamais trouvé sa place dans ce monde et a décidé de faire de la vie de celle qui l'a mis au monde un enfer. Pari gagné. Dès la naissance de Kevin, Eva devient l'ombre de son enfant, pourtant fort désiré, qui n'est que cris, hurlements de jour comme de nuit. Il redevient l'ange que tout nourrisson se doit d'être dès que papa entre dans la maison. Une chose est sûre, ce film est peu recommandé à toutes celles qui ont décidé de procréer et en tout cas devrait calmer celles qui le voient d'appeler leur rejeton Kevin.

    Dès sa plus tendre enfance, Kevin ne parle pas et refuse obstinément de faire ses besoins aux toilettes. A 6 ans et plus, il ne dit pas un mot et porte encore des couches qu'il souille avec un grand sourire dès que sa mère l'a changé... ce qui nous vaut un lancer de Kevin des plus surprenants, et une réaction étonnante de la part de ce sournois Kevin qui ne dénoncera pas sa mère... Malgré les soins attentifs d'Eva et ses efforts pour tenter de jouer avec son enfant, Kevin ne joue pas et regarde sa mère fixement avec à la fois dégoût et indifférence. Les médecins sont rassurants. Bien que Kevin soit peu réactif, il va très bien et ne présente aucune des caractéristiques de l'autisme. Il faut être patient avec cet ange. Car de toute façon : c'est TOUJOURS la faute des mères !

    Ce petit vicelard n'est que haine et roublardise et avec l'âge il va dans un premier temps développer un sens aigü de la torture mentale et opposer des arguments puissants aux tentatives maternelles d'établir un lien. La scène où Eva emmène son fils au restaurant est un des sommets.

    Ce film est un choc et aucune explication n'est donné au comportement de Kevin qui aboutira à un bain de sang mûrement et froidement préparé. Eva a t'elle détesté son fils alors qu'elle le portait encore en elle ? Une scène de préparation à l'accouchement la montre désemparée alors que les autres futures mères sont rayonnantes. L'éducation de Kevin a t'elle eu des ratés qui expliquent sa déviance ? On ne saura rien. On constate. On découvre scène après scène au travers des souvenirs d'Eva comment le regard de Kevin constamment entre le dégoût et le jugement est vide de toute humanité. La construction du film en flash-backs nombreux nous met peu à peu sur la piste de la naissance et de l'évolution d'un monstre au visage d'ange mais au regard inquiétant.

    Dès l'ouverture, on ne sait ce qu'on va découvrir derrière le rideau qui se soulève doucement. On ne passera derrière ce rideau qu'à la toute fin. Entre temps, tout le film sera destructuré. On suivra Eva, fantôme ambulant, en sursis, en sur-vie. On égrènera avec elle ses souvenirs pour tenter de comprendre, et comme elle, on restera dans un état de sidération suffocant. La réalisatrice choisit le rouge comme couleur dominante (tomate, peinture, confiture...) comme pour prévenir le spectateur que sous l'apparence d'un tout petit bébé innocent se dissimule un psychopathe sanguinaire qui un jour peut-être en aura assez de torturer sa mère. Ou alors cherche t'il à attirer son attention encore davantage ? A rester seul pour toujours avec elle ?

    Evidemment ce film étrange et dérangeant souffre de quelques faiblesses. Notamment la personnalité du père, un bon nounours, et John C. Reilly lui prête son visage de bambin joufflu et son physique rassurant de bûcheron, qui ne voit rien, n'entend rien, ne dit rien. On se demande comment cette femme de caractère ne quitte pas ce mou du genou qui trouve toujours que Kevin est un enfant. Il laisse sa femme se démerder avec le tyran malgré les signaux qu'elle lui envoie : Kevin est un malade mental. Ce sera également lui qui le transformera en Robin des bois...

    J'élude donc les quelques failles de ce film qui est une belle secousse et note évidemment en particulier les compositions impressionnantes de Tilda Swinton qui se balade avec une aisance confondante entre la bourgeoise glacée et le zombie à l'agonie, et aussi celle de Ezra Miller dont le regard fou de déséquilibré est un effet spécial à lui seul !