FISH TANK
d’Andrea Arnold ***
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d’Andrea Arnold ***
Aaron vit dans un quartier populaire de Jérusalem avec sa femme et ses quatre enfants. C’est un juif orthodoxe. Il vient de perdre son père et rouvre la boucherie kasher qu’il tenait. Tout semble aller pour le mieux dans le plus banal, rassurant, lugubre et ultra orthodoxe des quotidiens possibles.
Banal pour cet endroit précis de la planète régi intégralement par la religion pratiquée sans compromission possible. Car vu d’ici, on a plutôt l’impression que ce petit coin du monde en est resté au moyen-âge ou à l’inquisition. Aaron, très respecté de sa communauté, tout comme sa femme et ses enfants s’accommodent fort bien de cette harmonie arbitrée par l’école talmudique, les prières, le rabbin.
Jusqu’à ce jour de pluie où Ezri vient s’abriter dans la boucherie d’Aaron. Difficile pour ce dernier (et on le comprend…) de résister à ce jeune étudiant, un peu triste et perdu, si seul et si beau. Du jour au lendemain, Aaron va voir avec effarement son monde de certitudes, de croyances et de convictions infaillibles se fissurer jusqu’à s’effondrer. Lors d’une étreinte avec Ezri, il murmurera « comment en suis-je arrivé là ? ». Mais aussi, il découvrira des sensations et des sentiments qui lui étaient inconnus. « Avec lui, je vis » dira t’il au rabbin venu lui demander pourquoi il est si difficile de se séparer du jeune homme.
Car évidemment les amours d’Aaron et Ezri ne sont pas concevables. Pire encore, dans cette religion, l’homosexualité n’existe pas, il n’y a ni place ni discussion possible sur ce point.
Parcouru de scènes d’une beauté et d’une profondeur insensées, étouffé par une musique lancinante qui laisse présager le drame à chaque instant, ce film met en évidence avec subtilité une facette des ravages de l’intégrisme religieux capable de salir la pureté de sentiments qui le dépasse.
Comment l’aveuglement, l’intolérance et la bêtise peuvent (tenter de) détruire des êtres.
Comment les textes religieux peuvent donner lieu à des interprétations qui affirment tout et appliquent le contraire. A cet égard d'ailleurs, le titre français est (pour une fois) pas mal choisi, même si le titre original "Eyes wide open" donnait le vertige également.
Le réalisateur ne cherche pas à séduire le spectateur avec une romance édulcorée et c’est plus dans les regards et l’urgence que dans les discours que tout se joue. Il n’élude pas non plus la scène difficile où les deux hommes s’embrassent pour la première fois. Elle est très belle, brutale et douce. Et ce qui est encore plus beau c’est l’étincelle que l’on voit s’allumer dans l’œil jusque là éteint d’Aaron. Ezri va même l’apprendre à sourire. Et c’est sublime, tout simplement.
Mais les deux hommes surveillés en permanence (la beauté d'un plan fugace où l'on voit dans le reflet d'un autobus qui passe qu'un groupe les observe est sidérante...), harcelés, menacés, ils vont devoir choisir.
Le dernier plan fixe, long, insistant laisse le spectateur face lui aussi à un choix. Douloureux de toute façon, mais beau.
S’agit-il de renoncement, de sacrifice, d’altruisme ?
si ce matin vous ne savez pas quoi faire et que vous avez envie de pleurer un peu, allez faire un tour ici tiens... moi, j'attaque ma deuxième boîte de kleenex (je les jette au fur et à mesure dans un container prévu à cet effet), je renifle dans mon coude dans les règles de l'art étou étou...
18 août 1952 - 14 septembre 2009
Vous savez quoi ? J'ai pleuré des rivières en 1990 quand Patrick/Sam a dit à Molly/Demi :
"l'amour qu'on porte en soi, on l'emporte avec soi"...
C'est pas d'aujourd'hui que je suis une midinette au coeur d'artichaud et c'est pas demain que ça va s'arrêter et c'est tant mieux.
Mais la mort, je ne l'aime pas. Et encore moins quand des personnes (encore) jeunes meurent dans d'atroces souffrances.
Je n'ai pas vu "Dirty dancing" (shame on me), mais j'avais aimé "Point break" et je l'ai trouvé plutôt bon dans "La cité de la joie" et dans son rôle difficile de personnage immonde dans "Donny Darko".
La mort ne va à personne. Pouah. Idem...
de Christophe Honoré ****
oups...
laisse-moi le temps de reprendre pieds sur la terre ferme je te prie. 10 jours de vacances consécutifs, ça ne nous m'était pas arrivé depuis 1999. Tu peux pas comprendre ! De plus, il est un lieu sur la terre (façon de dire bien sûr)... cherche bien tu en as aussi un coin comme ça au fond de la tête... où il n'y a plus d'après, plus d'avant, plus d'insomnie, plus de doutes, plus d'angoisses, plus de... bon t'as compris l'idée générale, il y a un coin sur la terre où je me sens "chez moi" et c'est Venise. Pas très original, trop cliché ? Peu importe. Il se passe quelque chose qu'au fond je ne cherche pas à expliquer dès que je pose le pied "sur" la sérénissime, et bla bla bla...
Bon, Venise, c'est "ça", mais pas seulement :
mais une photo n'approchera jamais l'ampleur et la profondeur de l'émotion qu'elle produit sur un être humain (tel que moi).
Bon, ayé, t'es content, t'as eu assez de "Voici", "Nous deux", "Pleine vie"*, "Notre temps" *, de l'intime, du vécu, des amoureux qui se promènent au ralenti en chabadabadant ?
*magazines "senior" !
Il se trouve aussi que Venise accueille le plus ancien festival de cinéma au monde... non mais tu parles d'une coïncidence ??? Si la vie est pas bien faite parfois ??? C'est fou non ?
Tu veux des stars, des paillettes, des tapis rouges... Tu en auras. Suis le guide. Les films, on en parlera plus tard (quand ils sortiront). Et ne viens pas te plaindre de la qualité parfois/souvent crasseuse des photos. La nuit, même à 1 m 50, c'est pas facile de shooter la star en mouvements. Car la star bouge (surtout la féminine...), en se retournant comme ça :
et en bougeant les cheveux, plein (quand elle en a plein) et en montrant ses dents (quand elles sont belles... les miennes, c'est le bordel... pas de quoi m'appeller "l'ouvre bouteille", mais bon !)... et ce mouvement, il se travaille, je te ferai dire. Y'en a, on voit qu'elles ont de l'entraînement et elles se paient pas un torticolis chaque fois qu'on crie leur nom. Là (en-dessous babache, pas au-dessus...) c'est Eva Mendès... Si, c'est elle. Et de dos, les pattes écartées, c'est Nicolas Cage, si, aussi :
La Mostra de Venise est donc le plus ancien Festival de Cinéma (avant Cannes) puisqu'il est né en 1932. C'est un festival "glamour" et riche en stars mais à l'inverse de Cannes, très très accessible à TOUS les publics. Evidemment, on peut y être invité, accrédité, mais il est aussi facile de s'abonner ou de se présenter la veille d'une séance à un guichet et de dire simplement : "bonjour madame (ou monsieur), je voudrais un billet pour tel film (et là, tu cites le nom du film)...". AUCUN festival, même le plus modeste qui soit ne peut se vanter d'autant de simplicité. Evidemment, ce sera toujours en fonction des places disponibles, le Festival il s'appelle pas Jésus non plus :
mais si tu rates un film, il y a toujours des séances de rattrapage le lendemain dans la grande salle du Palais ou en plein air sur un "campo" vénitien.
Bon revenons en à l'essentiel : LE TAPIS ROUGE. C'est de la folie.
Pour la première fois de ma vie j'ai vu en vrai La Reine des Pipoles catégorie Pintades Gourdasses mais sans cervelle (j'en connais des, mais avec QI supérieur à la moyenne et celles là je les adore parce qu'elles me font rire). Celles du tapis rouge, elles font presque mal au coeur tellement ça sert à rien :
Pour vous les vacances ne sont plus qu'un presque lointain souvenir. Pour moi elles commencent : ENFIN !
Je vous laisse une petite chanson qui vous permettra de découvrir où je serai :
Et qu'y a t'il actuellement là où je vais ???
Hé oui...
Evidemment, je ne vous oublie pas et je vous supplie, je vous recommande, je vous somme,
bref,
je vous ORDONNE, d'aller voir le film de Jacques Audiard qui est magistral, prodigieux et terrassant,
et de prendre soin de Tahar !
Il y aura une interrogation écrite à mon retour.
Soyez sages, ne lâchez rien et allez au cinéma !
Se garer à Tapeï relève de l’aventure. Chen Mo va en faire les frais pendant une nuit de cauchemar où, alors qu’il voudrait rentrer chez lui se réconcilier avec sa femme, sa voiture se trouve bloquée par une autre garée en double file. En essayant de trouver dans les immeubles proches à qui appartient la voiture gênante, Chen Mo va faire de multiples rencontres étonnantes, émouvantes, surprenantes, dangereuses et finira la nuit, bien amoché et sans doute très différent.
Etrange film choral, immobile et passionnant ce « Parking » ne ressemble à rien de connu. Le découvrir tient du voyage statique et de la découverte d’un monde et d’une civilisation qui nous sont totalement étrangers.
Un petit bout de l’histoire de chaque personne que Chen Mo (l’excellent et charismatique Chang Chen déjà vu et revu chez Wong Kar-Waï, Ang Lee, Hou Hsiao-Hsien..) rencontre est racontée en flash-back nous permettant de comprendre pourquoi et comment tout le monde se trouve à ce moment précis à cet endroit. C’est très habilement fait et superbement photographié.
C’est drôle, émouvant et surprenant… mais j’ai peu de temps pour vous en parler, alors rendez vous ici.
UN PROPHèTE de Jacques Audiard *****
Je me demande quel film pourra détrôner MON film, MON acteur et MON réalisateur de l'année...
ORDINARY PEOPLE de Vladimir Perisic ***
Dzoni s’est engagé dans l’armée depuis un mois parce qu’il ne trouvait pas de travail. Au cours d’une journée d’été qui commence comme toutes les autres le jeune homme et ses compagnons vont se transformer en tueurs…
Le jour n’est pas encore levé quand on vient réveiller énergiquement tous les soldats. S’ensuivent une inspection des dortoirs et des lits faits au carré (comme les garçons sont censés savoir faire… mouaif ! je demande à voir), une toilette sommaire (c’est fou comme les garçons peuvent se laver peu et ne pas oublier de se raser !), un petit déjeuner vite fait puis une voix autoritaire commande aux hommes de la Section 3 de se tenir prêts. Les 7 hommes et leurs chefs montent dans un bus qui les emmène dans une ferme abandonnée au milieu de nulle part.
L’attente commence en plein cagnard. Lorsque Dzoni demande « qu’est-ce qu’on attend ? », il obtient pour seule réponse : « ne pose pas de question ». En tant que dernier arrivé, il est mis à l’écart, mais les autres ne semblent pas plus proches les uns des autres pour autant. Tout le monde fume, somnole, se rafraîchit à la fontaine, chacun dans son coin.
Il n’y a que le silence à peine troublé par le bruit du vent dans les arbres, la chaleur accablante qui crame tout et l’ennui, évident.
Une camionnette arrive. En descendent quelques hommes. On les fait s’aligner, s’agenouiller dos tourné. Un gradé explique la façon dont il faut tirer et à quel endroit. Dzoni dit « je ne vais pas pouvoir faire ça ». Ce refus n’est pas envisageable car il est un soldat qui DOIT obéir. Il tire sans regarder, puis va vomir.
L’attente reprend. Les hommes boivent et fument, toujours silencieux. Une nouvelle camionnette arrive. Le même rituel s’effectue. Cette fois, Dzoni tire.
Puis, c’est de nouveau l’attente… une autre camionnette, d’autres hommes dont un qui inspirera remords ou regrets ou compassion de la part de Dzoni. On ne sait pas. Cet homme pourrait être son père. Une autre fois, il accompagnera un garçon de son âge devant le peloton d'exécution.
Puis l’attente une fois encore… une camionnette… un homme qui refuse de s’agenouiller, de tourner le dos. Un homme qui veut regarder ses bourreaux en face sans un mot. Ce face à face est plus insupportable pour celui qui tient le fusil…
Il y a longtemps que l’on a compris que cette journée va devenir ordinaire pour ces gens ordinaires à qui l’on ordonne de faire des choses impensables tout en leur faisant comprendre que ces choses ne doivent pas se savoir.
Dzoni s’isole. On ne sait ce qu’il pense, on ne peut que l’imaginer, l’espérer ou le craindre parfois tant son regard et son attitude se durcissent. Mais peut-être n’est-ce qu’une illusion ?
Le réalisateur ne nous parle pas d’une guerre précise. On ne sait dans quel pays on se trouve ni de quelle guerre il s’agit. Peu importe, le crime de guerre est universel et les bourreaux ne sont pas des déséquilibrés poussés par la folie ou la vengeance.
Ils sont d’une banalité sans nom. Ont-ils le choix ? Sont-ils des monstres ? Vladimir Perisic ne répond pas, il nous montre, sans aucun effet mais en pleine lumière comment se mène un massacre organisé.
Le soir venu, les hommes sont fatigués, ils ont quartier libre...
Un film puissant, ramassé en une heure vingt. L’horreur, l’incompréhension, insoutenable, incompréhensible…
C’est con la guerre, et ça fait très très peur !