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cinéma - Page 212

  • EXTRÊMEMENT FORT ET INCROYABLEMENT PRES de Stephen Daldry °°

    Extrêmement fort et incroyablement près : photo Max von Sydow, Stephen Daldry

    Extrêmement fort et incroyablement près : photo Stephen Daldry

    Où étiez-vous le vendredi 11 septembre 2001 vers 17 heures (heure française). Moi je me souviens très bien. J'étais à la "RNAC" haut lieu de culture où je ne mets plus les pieds car la clim y est une catastrophe thermo-nucléaire et je plains de tout mon coeur sec les gens qui y travaillent (on y gèle en été, on y transpire en hiver !!!) et le personnel quoique très compétent dans les rayons ("je voudrais le livre dans lequel à un moment le héros il porte un tee-shirt vert !" et le gars vous sort le livre...) est particulièrement imbuvable en caisse. Cela dit sommes-nous obligés de boire le personnel de caisse ? Non. Et puis surtout je n'y vais plus car j'ai découvert un endroit beaucoup chaleureux et convivial. C'est donc dans ce lieu à la clim' déréglée où plein de postes de télé sont allumés simultanément que j'ai vu un avion percuter une Twin et même que je le trouvais bizarre ce film aux prises de vue bancale...

    Mais bon, je ne vais pas vous raconter mon 11 septembre étant donné qu'au 105ème étage de la tour et de façon tout à fait imprévue, se trouvait le père d'Oskar, un garçon de 11 ans aussi antipathique qu'insupportable. Autant vous le dire tout de suite, le père ne survit pas et c'est évidemment un drame pour Oskar qui partageait avec lui une passion pour les jeux à la con et les expériences en tout genre telle que la recherche d'un sixième district à New-York. Oskar, reconnaissons-le est une espèce de Raymond la Science qui sait tout sur tout et le fait savoir à qui l'approche dans la seconde. Atteint d'un syndrome d'Asperger pas vraiment diagnostiqué, il est un peu surdoué mais aussi très très angoissé. En gros, il a peur de tout (et ça ne s'arrange pas après les attentats) du bruit, du silence, des avions, des trains, des voitures, des marteaux piqueurs, de faire de la balançoire, de lever la tête, de baisser la tête... pour avoir la liste complète rendez-vous en salle. Lorsque son père meurt, Oskar est évidemment très malheureux et devient absolument excécrable avec sa  pauvre mère qui tolérait que le père et le fils dorment ensemble. Il trouve dans la chambre du père une enveloppe contenant une clé et il devient obsédé à l'idée de découvrir quelle serrure ouvre cette clé. Il est persuadé que son père lui a laissé ce message et souhaite par l'infini et au-delà communiquer avec lui. Comme s'il avait prévu de mourir ! Passons et faisons mine de comprendre. Voilà donc notre génie qui s'en va parcourir en long en large, en travers et à pieds les différents quartiers de New-York à la recherche d'un certain Black qui détiendrait, en plus de la clé du mystère, la serrure qui va avec. Anéfé, sur l'enveloppe était juste inscrit ce mot : Black, et Oskar le génie recense grâce aux bottins de la ville, 476 Black résidant dans la Grosse Pomme. Bon courage. En chemin, il rencontre larirette larireeette, plein de gens dont la plupart très bienveillants prient Dieu pour qu'il atteigne son Graal.

    Puis il rencontre un très vieux monsieur, très seul et complètement muet qui va un temps l'aider dans sa quête. Un beau jour le vieux renoncera trouvant sans doute comme moi que Raymond la science est déplaisant au possible. Il préfèrera prendre un taxi pour s'en aller ailleurs sans se retourner. Oskar est incapable de s'adresser aux adultes sans gueuler et déclamer des tirades interminables pour justifier le moindre de ses actes. Quand il ne s'adresse pas aux personnages du film, il parle en voix off et ce moutard arrogant et insolent, d'insupportable devient quasiment détestable. Le dernier acteur enfant que j'ai eu envie de trucider jouait dans... non, je ne le dis pas, j'avais eu des plaintes... mais celui-ci j'ai eu non seulement envie de l'exterminer mais que ce soit dans les pires souffrances. Les mots me manquent pour dire à quel point il est agaçant, horripilant, crispant. Je ne lui cherche pas d'excuses mais il faut reconnaître néanmoins que ce film idiot et exaspérant n'est pas fait pour le rendre sympathique et encore moins émouvant.

    J'ai du mal à croire que ce Stephen Daldry ne soit pas un homonyme. Il ne peut s'agir du même Stephen Daldry responsable de "Billy Elliot", "The hours" ou "The reader" ! C'est impossible. Qu'a voulu démontrer ce Daldry ci ? Le traumatisme des attentats du WTC sur le new-yorkais moyen ? Raté. Complètement. Ce ne sont pas quelques inserts quasi documentaires avec plans fixes sur des gens qui ont l'air vrai ou une visite du mur des "portés disparus" qui vont accorder un semblant de réalisme à ce machin boursouflé et cousu de gros fil blanc. L'enquête d'Oskar ne tient pas debout et le simili suspens entretenu à deux reprises par une musique d'ascenseur (ah ! la grande scène du 2 où il fait écouter les messages laissés par son père en train d'agoniser dans la tour !!!) fait complètement flop. Et les épilogues ont vraiment de quoi faire sourire si l'ensemble ne mettait vraiment de mauvaise humeur.

    A quoi s'attendre avec un titre aussi débile de toute façon dont je ne comprends d'ailleurs pas la signification ? Et que fait le merveilleux Max Von Sydow dans ce ratage absolu ? Quant à Tom Hanks, il semble définitivement perdu pour la science. Ses gesticulations et grimaces stupides ne sont ni drôles ni émouvantes. On est même gêné pour lui de le voir s'agiter ainsi et soulever les épaules comme un débile. Quant au moutard enfin, le miracle "Billy Elliot" ne se renouvelle pas, loin s'en faut, c'est même plutôt l'inverse.

  • LES INFIDELES de Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Eric Lartigau, Michel Hazanavicius, Alexandre Courtès **

    Les Infidèles : photo Alexandre Courtès, Emmanuelle Bercot, Eric Lartigau, Fred Cavayé, Gilles LelloucheLes Infidèles : photo Alexandra Lamy, Alexandre Courtès, Emmanuelle Bercot, Eric Lartigau, Fred CavayéLes Infidèles : photo Alexandre Courtès, Emmanuelle Bercot, Eric Lartigau, Fred Cavayé, Gilles Lellouche

    Le couple est-il synonyme d'infidélité(s) ? Oui répondent en choeur les 7 réalisateurs de ce film à sketches. Mais ce sont ici les hommes qui ont l'adultère et la trahison chevillés au corps. Je reconnais que j'allais un peu à reculons vers ce film car j'en ai vraiment plus qu'assez de la misogynie ambiante au cinéma, de l'image véhiculée sur les femmes (surtout les jeunes) par les réalisateurs avec la complicité des filles elles-mêmes tellement préoccupées par leur apparence et j'en passe (on n'est pas à un congrès du MLF). Mais contrairement à ce que j'imaginais et malgré les lourdeurs, les caricatures, j'ai ri et même souvent. Et il ne s'agit pas uniquement ici de rire DE, mais de rire AVEC. Bien sûr la plupart du temps, la caricature extrême fait plonger les hommes dans un ridicule sans fonds mais franchement, c'est parfois pas mal observé surtout lorsque ces chers machos se prennent pour des séducteurs irrésistibles. On sait de tout temps qu'un homme qui multiplie les conquêtes est un Don Juan, un tombeur, un bourreau des coeurs et qu'une femme atteinte du même symptome de conquérante est une salope, une nymphomane. C'est comme ça ! Qu'à cela ne tienne, je devais être de bonne humeur car je n'ai pas éprouvé ce sentiment de déséquilibre. Et si les hommes sont ici risibles et consternants dans leur addiction, j'ai trouvé que les femmes réagissaient plutôt avec fermeté à leurs petites bassesses et autres tromperies.

    Comme tout film à sketches il est forcément inégal. Le tort dans ce genre d'entreprise est de se réclamer forcément et systématiquement de Dino Risi et de ses Monstres ou d'Ettore Scola. Car si je tiens Jean Dujardin pour un merveilleux acteur, est-ce que Gilles Lellouche peut se réclamer de Vittorio Gassman, de Nino Manfredi ou Ugo Tognazzi ? Faut pas pousser mémère et je compte parmi mes films cultes "Nous nous sommes tant aimés" qui me fait toujours fondre en larmes de bonheur. Je n'imagine pas que ce film ci puisse devenir culte malgré de vraiment bons moments et même un sommet !

    La partie Manu Payet addict aux femmes du troisième âge coquines et S.M. ne m'a nullement convaincue ni même tiré un sourire compte tenu de la chute du sketche. Et puis Manu Payet... bon passons ! L'épilogue à Las Vegas tourne à la grosse poilade et au big porte nawak où il n'y a plus que les acteurs qui s'amusent. Gilles Lellouche aux urgences, "coincés" à l'intérieur d'une fille est l'apothéose de la bêtise et de la vulgarité. Ce qui fait quand même un score de 3 sketches qui sont d'après moi ratés.

    Il reste la virée pathétique des deux amis qui bien que mariés et père de famille pour l'un ne peuvent s'abstenir de sortir chaque nuit et de se retrouver immanquablement le matin, à l'heure où les "balayeurs sont plein de balais", plutôt insatisfaits. La vacuité de leurs bordées régulières démontrent comme jamais à quel point la chair peut être triste et "l'ennui désolé par de cruels espoirs". Mufles de façon extraordinaire ils parlent constamment de leurs légitimes à leurs conquêtes d'un soir.Le séminaire plus vrai que nature d'une entreprise dans un hôtel*** où Jean Dujardin, le sourcil épais, le bide flasque tente en vain jusqu'au petit jour de trouver une femme pour passer la nuit avec lui. Ses tentatives grotesques pour séduire, être drôle le conduiront à se comporter en gamin avec une collègue gentille et très patiente qu'il a quelques heures plus tôt insulter  sont navrantes. Et Jean Dujardin n'a pas son pareil pour jouer les abrutis sans avoir l'air de forcer. La liaison qui finit par le dépasser d'un dentiste bientôt quarantenaire et d'une jeunette de 19 ans qui refuse de se laisser soumettre. L'épisode des "Infidèles anonymes" qui réunit tous les participants de chaque sketche avec Sandrine Kiberlain (tordante et excellente) en animatrice autoritaire de ces "malades" dont Guillaume Canet, hilarant et fayot qui en est à sa 8ème tentative de désyntox.

    Et surtout, surtout, et sans vouloir être rabat-joie, l'épisode intitulé "La question", le seul réalisé par une femme, Emmanuelle Bercot est de loin le meilleur. Il n'est pas seulement le meilleur à l'intérieur du film mais vraiment d'une qualité exceptionnelle. Un couple rentre chez lui après une soirée chez un couple d'amis dont l'homme, infidèle compulsif, évoque ses conquêtes à voix basse pendant que sa femme s'affaire en cuisine. Devant la muflerie de cette attitude Alex... euh Lisa demande à son Jeannot de se parler franchement dès leur retour à la maison. Elle l'assure que leurs 15 ans de vie commune auront raison d'un coup de griffe dans le contrat, d'autant que le temps a sûrement passé sur cette incartade. Mauvaise idée. Et c'est à un véritable "Qui a peur de Virginia Woolf" auquel on assiste. Et si le propos est particulièrement bien observé (la femme dit "qu'est-ce qu'elle avait de plus que moi ?" et l'homme "il baisait mieux que moi ?") et filmé, les deux acteurs en présence : Notre Loulou et Notre Chouchou sont absolument prodigieux et je pèse mes mots. Alexandra Lamy merveilleuse, profonde et intelligente se décompose littéralement sous nos yeux. Et Notre Jeannot beau comme jamais fait preuve d'une mauvaise foi (ça, on a l'habitude) et d'une violence dont on ne l'imaginait pas capable. La complicité, le timing du couple font une fois encore, comme au temps d'Un gars une fille, vraiment des merveilles dans un registre tout à fait inédit.

  • UNE BOUTEILLE A LA MER de Thierry Binisti ***

    Une bouteille à la mer : photo

     Une bouteille à la mer : photo

    La probabilité qu'un message envoyé dans une bouteille jetée à la mer reçoive une réponse est sans doute bien faible. Et pourtant, Tal adolescente française vivant à Jérusalem avec sa famille a demandé à son frère, militaire dans la bande de Gaza de faire ce geste infiniment romantique de jeter son message dans l'espoir qu'un palestinien lui réponde. Elle veut comprendre pourquoi un café de son quartier vient d'être détruit par un nouvel attentat. Et comme nous sommes au XXIème siècle, Tal a la prudence de noter son adresse mail. Elle reçoit un message bref et ironique signé de "Gazaman" qui lui propose de venir se rendre compte par elle-même de la façon dont les palestiniens fabriquent leurs bombes. Après quelques échanges moqueurs dans lesquels le garçon surnomme la jeune fille "Miss Peace", Tal réussit a faire comprendre à Naïm qu'elle souhaite un véritable dialogue qui s'engage effectivement.

    Evoquer le conflit israëlo palestinie, régulièrement dans l'impasse, en se plaçant du point de vue de la jeunesse est judicieux. Cela permet de le faire sans alourdir le propos de considérations politiques trop complexes et qui nous échappent de plus en plus. Tal et Naïm ont la vie devant eux et même s'ils grandissent dans des régions du monde particulièrement agitées, ils sont jeunes et imaginent un monde meilleur où leurs rêves se réaliseraient. Il n'y a que 73 kms entre Gaza et Jésuralem. Mais les deux villes sont séparées par un mur infranchissable et une situation désespérante qui ne trouve pas de solution. Comment une juive et un palestinien vont-ils réussir à s'entendre, se comprendre et s'écouter malgré toutes les horreurs qui les séparent ? Tal a 17 ans, elle refuse de se rendre dans des cafés où des bombes peuvent exploser à tout moment, elle descend parfois rapidement d'un bus parce qu'un homme semble porter un paquet suspect. Naïm a une vingtaine d'années et rêve de faire des études, de partir en France. Il est vite soupçonné de trahison par le Hamas depuis qu'il se rend trop régulièrement dans un cyber café pour écrire des mails, quand il n'est pas terrorisé tout comme sa famille par les bombardements d'une nouvelle guerre en 2008.

    C'est avec infiniment de délicatesse et une justesse impressionnante que Thierry Binisti nous fait pénétrer le quotidien de ce garçon et de cette fille que tout devrait opposer mais que leur intelligence et leur sensibilité vont rassembler dans une relation épistolaire captivante. La modernité, la "normalité" de Jérusalem parfois assombries par les attentats, s'opposent constamment à cette prison à ciel ouvert qu'est la Bande de Gaza, territoire de 41 kms de long où s'entassent presque deux millions de palestiniens. L'injustice et l'imbecillité de la situation, la terreur qui règne des deux côtés font que la relation de Naïm et Tal est constamment interrompue puis elle reprend pour s'interrompre à nouveau. Ils se rejettent puis se recontactent, s'inquiètent l'un de l'autre, l'un POUR l'autre, incapables d'interrompre ou de renoncer à leur étrange amitié. L'histoire des deux jeunes gens est ainsi perçue comme l'expression même des relations israélo-palestiniennes. On pourra parler de naïveté ou de superficialité, on peut plutôt y voir un message de paix et d'espoir et une foi absolue en la jeunesse.

    Agathe Bonitzer et Mahmoud Shalaby sont parfaits !

  • BULLHEAD de Michael R. Roskam ***

    Bullhead : photo Matthias Schoenaerts, Michael R. Roskam

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    Dans une ferme de la Flandre belge profonde, la famille Vanmarsenille élève du bétail et l'engraisse aux hormones. Le fils Jacky se fait subir le même traitement que les animaux et s'injecte les substances qui lui ont donné une apparence imposante voire monstrueuse. Il collabore avec un vétérinaire corrompu et est sur le point de conclure un marché avec le plus important trafiquant d'hormones du pays. Mais un policier est assassiné et le fameux trafiquant rapidement soupçonné. L'enquête policière s'approche de plus en plus de Jacky qui risque d'être inquiété. Dans le même temps refait surface l'ami d'enfance Diederick que Jacky n'avait pas revu depuis 20 ans et avec lui des souvenirs et des secrets profondément enfouis. Faire ressurgir cette époque douloureuse va être éprouvante pour Jacky.

    Je le dis pratiquement à chaque fois, mais le cinéma belge est différent de tous les autres et d'une qualité exceptionnelle. Récemment "Le grand tour" de Jérôme Le Maire ou "Les géants" de Bouli Lanners ont été des chocs. Et ce "Bullhead" ne s'écarte pas de cette règle d'un cinéma singulier même s'il peut être comme ici très dérangeant. Par l'attitude insaisissable, la violence parfois inexpliquable du "héros", ce qu'il fait subir à son corps, le drame invraisemblable dont il a été la victime, que l'on découvrira et permettra une amorce d'explication. Mais aussi par la bêtise, la laideur et la brutalité de la plupart des personnages secondaires. A la fois polar dans le milieu totalement inhabituel de la mafia des hormones et tragédie intime d'un homme dont le destin a cruellement basculé dans l'enfance, ce film évoque ces films américains qui dépeignent une humanité de l'Amérique profonde pas reluisante comme si elle avait été oubliée du reste du monde. Autour de l'affaire mafieuse et policière, on assiste au calvaire d'un homme meurtri et l'on découvre comment un petit garçon au visage d'ange est devenu cet animal effrayant.

    Filmé ample et lyrique dans une campagne dissimulant mal la violence des pratiques de ses habitants, la caméra se ressert et se concentre parfois sur le corps et le visage étonnants d'un acteur impressionnant dans tous les sens du terme. On a hâte de retrouver (dans le prochain Jacques Audiard me souffle t'on dans l'oreillette) Matthias Schoenaert qui n'est pas de ceux que l'on peut oublier. Il donne au film tout son souffle et son rythme, tendu et lent parfois puis brusquement violent. Et lorsqu'il se retrouve seul chez lui, désespéré, qu'il cogne ses poings dans l'air, pleure recroquevillé dans sa baignoire ou qu'il est égaré face à la fille qui le fascine bien qu'elle soit d'une fadeur exceptionnelle, on souffre avec lui. Ce garçon bouleversant est de ces monstres impossibles à détester.

  • LA MER A BOIRE DE Jacques Maillot *

    La Mer à boire : photo Daniel Auteuil, Jacques MaillotLa Mer à boire : photo Daniel Auteuil, Jacques MaillotLa Mer à boire : photo Daniel Auteuil, Jacques Maillot

    Georges prend soin de ses clients, footballeur black au bras d'une strip-teaseuse, retraités aisés qui veulent passer l'hiver à Ibiza... mais son chantier naval, mélange d'industrie de luxe et d'artisanat connaît une grosse crise. En effet, la banque n'accepte de continuer à financer l'entreprise que si Georges se débarrasse d'une partie de son personnel qui lui coûte cher. Il va devoir faire face à la colère des ouvriers et notamment du responsable syndical, à l'occupation des ateliers, sans parler de l'immolation de son ami par le feu. Il va prendre des décisions désagréables, engager des négociations, faire intervenir les forces de l'ordre pour faire évacuer les locaux, s'octroyer le smic, essayer de vendre son propre bateau, sa maison avec piscine et pieds dans la mer... bref réagir avec fermeté et énergie pour ne pas perdre cette entreprise familiale qu'il a fait prospérer depuis 30 ans.

    Drame social et dégringolade d'un petit patron, le film repose presqu'intégralement sur les larges et solides épaules de Daniel Auteuil, pratiquement imperturbable malgré toutes les catastrophes qui s'abattent sur lui les unes après les autres. Les obstacles et la poisse en cascade, véritables révélateurs des tourments économiques actuels qui pèsent sur les petites entreprises sont particulièrement bien observés et l'on sent tout le travail d'observation et de documentation qui donnent à cette histoire ses accents de réalisme et de vraisemblance. Georges se bat mais fonce dans un mur d'obstacles de plus en plus solide. Daniel Auteuil, même s'il ne fait rien de plus (ni de moins) que "du" Daniel Auteuil est crédible et convaincant.

    La première partie tient la route et se concentre sur l'aspect social de l'affaire. On sent à plein nez l'hommage à Claude Sautet version "Vincent, François, Paul et les autres", "Mado" ou "Max et les ferrailleurs" et ce n'est vraiment pas désagréable. Il y a même une petite trompette dissonnante qui trompine, une scène de pluie torrentielle, une autre dans une brasserie, et un chantier naval est infiniment cinégénique. Mais Georges est obsédé par le fantôme de sa femme morte 8 ans plus tôt qui lui apparaît régulièrement et à qui il parle. Un peu comme Margaret Thatcher avec ce couillon de Denis ! Cela donne l'occasion à une actrice courageuse et parfaitement inconnue de séjourner en plan fixe totalement nue sur un fauteuil ! L'utilité de la scène m'échappe... comme celle de cette danseuse nue également qui se trémousse sur une banquette rouge devant les notables de la ville ! Mais ce n'est pas tout. Un ouvrier particulièrement mal embouché fera couler un bateau de la société sans qu'il soit le moins du monde inquiété. Pas d'enquête, rien. Georges s'acoquinera un temps avec un mafieux russe qui pourrait renflouer les caisses. Il en profitera pour aller faire du patin à glace avec une guide irrésistible avec qui il vivra un parfait amour de deux jours, lui promettant de venir la rechercher rapidement. La visite guidée de Moscou (pas désagréable) tombe là comme un cheveu sur la soupe. Puis arrive le salon du nautisme où Georges et son équipe signent des contrats juteux...

    Jusqu'à une fin démente, délirante, totalement inattendue, grotesque, incroyable, rocambolesque, invraisemblable qui tendrait à laisser supposer que Jacques Maillot a terminé son film les deux doigts dans la prise ! Comment Daniel Auteuil a pu accepter cette fin ? Je n'ai pas le culot de vous la révéler au cas où vous iriez voir le film. Mais je vous garantis un effarement qui vous fera, comme moi, poser le menton sur vos genoux !

  • CHEVAL DE GUERRE de (feu) Steven Spielberg °

    Cheval de guerre : photo Jeremy Irvine, Steven SpielbergCheval de guerre : photo Jeremy Irvine, Steven SpielbergCheval de guerre : photo Jeremy Irvine, Steven Spielberg

    ATTENTION - ÇA VA SPOILER -

    Albert assiste de loin à la naissance d'un petit dada tout mignon dans la campagne anglaise, belle comme une carte postale. Plus tard, son papounet, fermier de son état l'achète à la foire aux dadas. Cela met sa femme en grand courroux car c'est d'un bourrin avec du poil aux pattes dont ils ont besoin pour effectuer le dur travail de labour. Ce cheval tout fin et racé n'aura jamais la trempe de s'atteler à la tâche. Qu'à cela ne tienne, Albert le baptise Joey, et lui enseigne l'art du labourage et du pâturage. Las, en plein youpitralala, la guerre (la grande mon colon, celle de 14/18, celle qu'on préfère) éclate et la récolte est foutue. Papounet ce traître vend Joey à la cavalerie. Albert pleure copieux mais heureusement l'officier très sensible qui fait l'acquisition de Joey promet à Albert d'en prendre un soin jaloux et de faire son max pour le lui ramener en bon uniforme. Albert veut s'engager, mais il est trop jeune. Il fait une bise à Joey et s'en retourne aux labours. Les anglais ne sont pas bien malins, ils jouent de la cornemuse en allant au combat. Et à cause de cette couille Benedict Cumberbatch se font massacrer par les allemands qui leur piquent leurs chevaux, dont Joey. Les allemands disent "nanmého Béné, tu croyais qu'on allait te laisser nous massacrer sans réagir ??? couille que t'es ?". Béné est fait prisonnier (enfin, je suppose) et l'officier qui avait acheté Joey, se fait dégommer, mais hors champs, pour pas faire peur aux petits dans la salle. Les allemands ont engagé des enfants pour faire la guerre et s'occuper des chevaux aussi, dont Joey. Mais les enfants soldats désertent et se font exécuter pour faute lourde et du coup Joey est recueilli par une chieuse de première petite fille française qu'a plus de papa et plus de maman mais qui ne s'appelle pas Armand (comme le pauvre gars). Elle vit à Quiévrechain (pas loin d'min coin donc !) avec son papy qui lui dit "mais euh, oublie pas que t'as la maladie des os en verre et que t'as pas le droit de faire du cheval, sinon tu vas te casser les os en verre que t'as"... "oui mais euh qu'elle dit, quand même, j'ai bien le droit non ?". La dessus, il lui offre une selle pour mettre sur le cheval. Du coup, la petite fait du cheval à dos de Joey qu'elle a rebaptisé François. Sans doute en hommage à François Truffaud dont on fête les 80 ans en ce moment à la télé ! Cette bécasse, et pourtant pépé lui avait dit "t'éloignes pas bécasse !", tombe direct dans le camp retranché des allemands qui récupèrent le bourrin Joey et vont l'utiliser pour monter la Grosse Bertha en haut de la colline car le schleux est feignant et préfère faire bosser l'équin qui sue sang et eau et parfois finit la grimpette sur les genoux. Joey fait camarade avec un autre dada tout jouli aussi, mais beaucoup plus noir et qui ne résiste pas aux mauvais traitements. Du coup Joey en a ras les sabots de servir de chair à canon, alors il déserte et court à travers tout pour s'échapper. Dans sa hâte il ne voit pas les barbelés et s'emmêle tous ses pinceaux dans les tranchées, pile poil entre les teutons et les rosbeefs. Stoppé net, voilà notre Joey tout emberlificoté et incapable de bouger. Un soldat anglais et un soldat allemand se font des signes de drapeaux blancs et s'en vont à coup de tenailles délivrer le dada qui est tout blessé avec des croûtes et du sang qui coule. Entre temps, les années ont passé et Albert, devenu grand a pu s'engager chez les troufions. Bien sûr, comme la vie est bien faite surtout pour ceux qui s'aiment comme eux d'un aussi grand amour, Albert est pile dans la tranchée où Joey est blessé. Ce pauvre Albert, roi de la scoumoune a été gazé et en a perdu la vue, mais ce n'est que provisoire, n'ayez pas peur. Joey, ce génie, le reconnaît à l'odeur et au "houhouhououou" de chouette qu'il fait et qui était leur cri de raliement du temps où ils gambadaient de conserve dans la campagne anglaise, très belle au demeurant d'ailleurs soit dit en passant. Et tous les militaires pleurent au ralenti en disant que c'est trop beau une histoire où un cheval et un type se retrouvent. Mais le grand père de la petite qui est morte entre temps (ah j'avais dit que je spoilerais... quand je dis je spoile, je spoile !) vient récupérer le cheval en disant "oui ben le cheval est à moi vu que ma petite fille que la guerre n'a pas épargnée, elle l'aimait". "Oui mais, qu'il dit Albert, ce cheval c'est moi qui lui ai tout appris. Mais vu que ta petite fille est morte de sa maladie des os qu'elle avait, je te donne Joey MON cheval à moi". Albert explique à Joey, (ce cheval, il lui manque que la parole) : "t'es à moi mais je te donne quand même au vieux, c'est rapport à sa petite fille et à ses os tu comprends ?". "Hi han" qu'il fait Joey vu qu'il est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé et il part avec le vieux. Mais le vieux se retourne et dit à Albert "bon allez, j'suis pas chien, récupère-le ton bourrin". Et voilà notre Albert et notre Joey, bras dessus bras dessous qui rentrent à la maison et ils retrouvent papa et maman dans le soleil couchant et rougeoyant, comme si rien ne s'était passé. Tout ça pour ça ! Fermez le ban.

    Et là, j'entends que dans la salle ça sniffe de tous côtés. Je me dis "crotte de bique, une épidémie de rhumes, c'est bien ma veine, moi qui ne dois rien choper rapport à ce que vous savez...". Mais pas du tout, ça chiâlait dans la salle et pas qu'un peu !!! La dernière fois que j'ai vu une salle pas moufter alors que le générique était déjà bien entamé c'était pour "Melancholia" c'est dire ! Mais moi, j'ai pas tenu le coup, je suis sortie à l'air libre me désyntoxiquer de cette over dose de guimauve !!!

    Donc voilà, ce film c'est l'histoire d'un cheval magnifique et d'un ado qui ne l'est pas moins qui s'aiment et veulent se retrouver. C'est niaiseux à tel point que même les censés être méchants ne le sont pas vraiment. A part les allemands qui dézinguent des moutards qui ont déserté. ça, c'est moche.

    Que dire ? La vérité vraie. C'est SUBLIME, d'une beauté hallucinante et suffocante. Les yeux en prennent plein la vue. ça se dit ça ? Bon, là je ne plaisante pas. Steven sait tenir et placer sa caméra. La campagne du début est magnifique. Impeccable et parfaite et évoque la Conté de Monsieur Jackson des Anneaux. Des scènes de bravoure, comme on dit savamment, se succèdent à un rythme métronomique. La scène de labour du début, la première attaque anglaise contre les allemands et l'hécatombe qui s'ensuit, la course effrenée du cheval à travers les tranchées, le transport de l'artillerie lourde, l'exécution des enfants etc... sont des scènes fortes filmées avec un art indéniable qui touchent à la perfection visuelle.

    Mais de belles scènes aussi magistrales soient-elles ne font pas un bon film et celui-ci est la cause d'un ennui profond comme j'en connais peu au cinéma et qui s'installe dès la première demi-heure où il ne se passe strictement RIEN. Hélas cela ne s'arrange pas quand il commence à se passer des choses. Deux heures et demi éprouvantes de pathos, de guimauve, de bons sentiments, de gentillesse. Une histoire à dormir debout qui parachute des personnages en une succession d'épisodes et pratique l'ellipse la plus grandiose qui soit pour permettre aux héros de se retrouver. Censé démontrer que la guerre c'est moche et que les animaux, enfin, les chevaux surtout, en ont été des victimes mais aussi le réconfort des soldats, ce film est une aberration, ni plus ni moins. Et pourtant il réunit un casting international impressionnant. A tout moment, je m'attendais à voir surgir Léa Seydoux. C'est dire. Mais non ! Cela dit Spielberg, trop absorbé par sa caméra, ses belles images et son pur-sang en a complètement abandonné ses acteurs livrés à eux-mêmes. Il faut dire que ça doit pas être facile à mater ces bestiaux là, pire que les moutards non ? Mais non Steven, on ne place pas Niels Arestrup (mauvais pour la première fois de sa carrière) face à une gamine impossible qui se prend pour Liz Taylor et ne cesse de couiner. On ne fait pas déclamer au même Niels une tirade absconse sur le génie et le courage des pigeons voyageurs (j'ai failli m'étouffer).

    Parlerai-je des dialogues ? Non je n'en parle pas. Lourdingues et caricaturaux "la guerre n'épargne personne", "ce cheval est un bon soldat"... ils donnent envie de se mettre au garde à vous et de chanter "God save the queen".

    Et le final dans le soleil couchant sur une musique d'ascenseur ? Je ne vous en parle pas non plus !

  • LA DAME DE FER de Phylida Loyd **

    La Dame de fer : photo Phyllida LloydLa Dame de fer : photo Phyllida LloydLa Dame de fer : photo Phyllida Lloyd

    Maggie est une petite mamie un peu ratatinée qui va acheter son demi litre de lait à l'épicerie du coin avec son foulard sur la tête. Personne ne la remarque ni ne la reconnaît, de jeunes malappris la bousculent un peu et elle s'étonne que le prix de son demi litre de lait a encore augmenté. Lorsqu'elle rentre chez elle, Maggie se fait houspiller par sa fille et son intendante car il lui est interdit de sortir seule. Alors la vieille dame s'enferme dans sa chambre ou son bureau et comme elle perd un peu la boule, elle se met à discutallier ferme avec Denis, son défunt mari ! Ce pourrait être touchant si cette gentille mémée n'avait été dans une autre vie, un autre temps la terrible "dame de fer" Margaret Thatcher.

    Ce film est fatigant car il est agité et bizarrement construit et le prétexte pour amener "la Baronne" à évoquer ses souvenirs, un peu artificiel. Mme Thatcher doit se débarasser des effets personnels de son mari chéri et c'est un crève-coeur, d'autant que ce brave Denis présenté la plupart du temps comme un bouffon grotesque, ne cesse d'apparaître à Margaret qui sursaute fréquemment. Cette façon de surgir à intervalles réguliers est agaçante et le pauvre Jim Broadbent est contraint la plupart du temps de faire le fantôme en arrière-plan en costume de parade, un verre à la main, en robe de chambre ou en train de cirer ses chaussures. Ridicule. Mais au premier plan, il y a Margaret Thatcher dont on ne cesse de chercher Meryl la grande, la divine Méryl sous le couscous ! Quel courage ! Quand je serai actrice Si j'avais été actrice, j'aurais seulement voulu être une Princesse moi, de Galles ou d'ailleurs, qu'on m'embellisse, qu'on me photoshopise et pas disparaître sous des couches de latex et une mise en pli haut de forme cartonnée et laquée à outrance ! Ah ! la coiffure de Madame Thatcher, quelle institution ! Et bien croyez-le ou pas ce sont des conseillers en communication qui l'ont imposée. Avant cela, elle avait des cheveux tout à fait normaux.

    Il y a des choses que l'on sait. Margaret Thatcher a été le Premier Ministre du Royaume-Uni  de 1979 à 1990 et pour faire vite, si le niveau de vie s'est amélioré durant les années Thatcher, les inégalités, les écarts se sont encore accrus. En un mot, les plus riches sont encore plus riches et les plus pauvres encore plus pauvres. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté n'a cessé de croître. De cela, il n'est pas question ici. On voit évidemment à deux reprises que la côte de popularité de la dame baisse mais elle remonte notablement après la "Guerre des Malouines" qui lui a permis d'assouvir ses instincts bellicistes. Gérée d'une main de fer comme il se doit, la "crise" a été matée en quelques semaines. Et Mme Thatcher de se réjouir que ce sont les électeurs qui lui donneront trois fois la majorité. De la main tendue à Pinochet on ne souffle mot. Qu'elle ait laissé crever de faim Michaël Fassbender des membres de l'IRA dans leurs cellules n'est effleuré que par quelques banderolles lors d'une manifestation, et il faut tendre l'oreille pour entendre prononcer le nom de Bobby Sands.

    Ce film fait de Margaret Thatcher une femme de milieu modeste qui a dû se battre pour réaliser ses ambitions, et un modèle d'en être arrivée là où elle en est arrivée, seule, par son travail, son acharnement dans un environnement masculin peu favorable à l'ascension d'une femme. Evidemment on ne doute pas un instant, comme c'est le cas pour toutes les femmes qui exercent des fonctions majoritairement réservées aux hommes, que sa "réussite" soit l'aboutissement et le fruit de sacrifices, d'un tempérament et d'une intelligence hors du commun. Mais faire de Margaret Thatcher une femme amoureuse qui a lutté, qui fut trahie et d'enfoncer le clou en nous la présentant affaiblie, diminuée, craignant Alzheimer, est un tantinet gênant.

    Remercions la peut-être de permettre à Ken Loach de s'exprimer avec tant de coeur et de véhémence. Quant à Méryl, la grande, l'impériale Méryl, sa performane est au-delà des mots mais personnellement j'ai plutôt hâte de la retrouver sous sa véritable apparence.

  • DIX HIVERS A VENISE de Valerio Mieli ***

    Dix hivers à Venise : photoDix hivers à Venise : photoDix hivers à Venise : photo

    Lorsque Camilla et Silvestro se croisent pour la première fois, ils se regardent mais ne se voient pas vraiment. Il faut dire qu'ils n'ont pas l'air bien malins, elle, avec son lampadaire un peu ridicule, lui avec son pied de tomates un rien encombrant. Puis ils se retrouvent seuls passagers d'un vaporetto, un soir d'hiver à Venise et Silvestro fait une blague à Camilla qu'elle n'apprécie pas. Il est farceur et dilettante, elle est studieuse et solitaire.  Et voilà, c'est parti pour 10 ans passés à se croiser, se revoir, se chercher, s'éviter, se perdre, se rater entre Venise et Moscou. 10 ans pas forcément perdus à tenter de devenir adultes en réussissant ses études mais en refusant de voir de comprendre et d'admettre qu'ils sont faits l'un pour l'autre.

    Evidemment ce genre de thème (deux tourtereaux sont les seuls à ne pas voir ce qui saute aux yeux et que le bonheur est à portée de coeur) a déjà été maintes fois abordé mais pas de cette façon. Chaque année Camilla et Silvestro vont se revoir sans toujours le décider. Ils vont souvent passer l'un à côté de l'autre ou vivre ensemble quelque temps "en toute amitié", apprendre à se connaître mais aussi s'appliquer à commettre mille erreurs, s'engager auprès d'autres et se pourrir la vie en refusant (on ne sait trop pourquoi) de se rendre à l'évidence. Bien sûr le scénario est un rien artificiel mais on s'en fiche car petit à petit, discrètement et alors qu'on avait l'impression de tourner en rond, la petite musique du film s'insinue peu à peu, les personnages deviennent attachants et on a bien envie de les aider à cesser de se  gâcher la vie, à y voir clair dans leurs sentiments.

    Marlgré ce côté "vie ratée", le film est la plupart du temps infiniment joyeux et d'un optimisme forcené. Il faut dire que les deux jeunes énergumènes, Isabella Ragonese et Michele Rondino déploient un charme, un dynamisme et une vitalité impressionnants. Ils sont tous les deux absolument irrésistibles.

    Que dire de ma chère Sérénissime qui me manque tant ? Toujours infiniment photogénique même l'hiver par temps très brumeux, le réalisateur nous ballade loin des gondoles et des touristes dans deux quartiers que je connais comme ma poche, même s'il s'autorise une petite incursion sur la Place St Marc, et près du Pont des Soupirs (en travaux depuis plusieurs années)  Alors imaginez l'émotion, le bonheur !