Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

juno temple

  • KILLER JOE de William Friedkin ***

    Killer Joe : photo Matthew McConaugheyKiller Joe : photo Emile Hirsch, Matthew McConaughey

    Dans la famille Smith, on ne fait pas d'étincelles avec le cerveau. De ce côté de l'Atlantique nous dirions que ce sont des beaufs. Mais des bien gratinés aux petits oignons. Les Groseille au moins ne s'entre zigouillaient pas ! Il y a Chris 22 ans qui a un don inné pour se mettre dans de sales draps de combines foireuses. Le père, pas bien futé, pochtron et remarié à une poupée vulgaire et peu farouche. Et la petite soeur Dottie, Lolita vierge un peu hallucinée, somnambule à ses heures, molle et alanguie sur son lit. On est au Texas dans une banlieue pas reluisante de Dallas et cette bande de déficients mentaux va se mettre dans une situation de plus en plus inextricable "grâce" à Chris qui doit rapidement rembourser une dette de 6 000 dollars. L'idée lumineuse d'assassiner sa mère et d'empocher le montant de l'assurance-vie dont Dottie est la bénéficiaire, germe dans son cerveau débile. Pour se charger du sale boulot, il s'adresse à Joe, shérif réputé pour arrondir ses fins de mois difficiles de fonctionnaire en accomplissant ce genre de basses besognes. Toute la famille approuve le deal. Mais Killer Joe aime se faire payer d'avance ce qui est impossible en l'occurrence. Qu'à cela ne tienne, la jeune Dottie lui a tapé dans l'oeil, elle lui est donc offerte en guise de caution. Mais Joe, en plus d'être très sentimental (il tombe amoureux de Dottie) est du genre qui finit tout travail commencé. Donc, lorsque Chris, sans doute aussi vaguement amoureux de sa soeur... décide de faire marche arrière, il est déjà trop tard !

    On pourrait, pour faire genre court, évoquer les Coen voire Tarantino mais finalement ce film a sa dimension propre et le vétéran William Friedkin démontre à nouveau qu'il n'a pas son pareil pour mettre le spectateur mal à l'aise. Evidemment ce Killer Joe ne filera pas des semaines de cauchemars comme l'Exorciste en son temps, mais l'absence totale de morale de tous les personnages, leur bêtise crasse, l'outrance des situations, la violence latente qui finit toujours par se déchaîner  en font un divertissement à la fois malsain mais finalement réjouissant. Car Friedkin ne se refuse aucun excès et la sacro-sainte famille (américaine) est présentée comme l'endroit et l'entité les plus nocifs, insalubres et pernicieux qui soient. On se dit que non, le père et son fils ne vont pas offrir Dottie à ce psychopathe ! Tout comme on supposait un peu plus tôt que ce petit ange de Dottie s'opposerait à ce qu'on zigouille sa mère ! Mais non, le réalisateur y va à fond les manettes dans l'horreur. C'est tout juste s'il ne nous dit pas que cette mère (qu'on entr'apercevra à peine...) ivrogne, qui a voulu étouffer sa fille non désirée quand elle était bébé, qui se fait sans doute tabasser par son idiot de fils, ne mérite pas ce qui va lui arriver.

    Pourquoi, au lieu de crier au scandale, peut-on se réjouir du spectacle des agissements de cette famille de déséquilibrés ? Parce que c'est tellement bien fait, excessif que ça en devient tordant, que l'énergie jubilatoire qui parcourt le film est contagieuse et aussi, et surtout, que les acteurs sont entrés sans condition dans cet univers délétère. Emile Hirsch encaisse les coups avec beaucoup d'humilité et de courage, et s'emploie avec maladresse à rectifier le tir de ses erreurs. Juno Temple, ambiguë à souhait, allie la provocation involontaire d'une Lolita trash à l'innocence d'une ado vierge qui ignorerait tout de son pouvoir de séduction. Gina Gershon incarne à la perfection la femme plus tout à fait jeune, lasse et vulgaire. Elle a néanmoins l'honneur et le privilège d'être la seule à sembler posséder un cerveau en état de marche. Thomas Hayden Church incarne le père et c'est avec une virtuosité certaine qu'il a l'air parfaitement abruti qui convient.

    Mais le tueur sans émotion, froid comme un reptile, l'ange exterminateur au "regard qui blesse" qui glace le sang dès qu'il apparaît, qui ôte ses gants mieux que Rita Hayworth dans Gilda, qui aime le pilon de poulet... c'est Matthew McConaughey. Enfin, grâce à ce film (et aussi à sa prestation hilarante dans le récent Magic Mike) il semble être reconnu et non plus moqué comme le piège à minettes qu'il a été. Bien sûr, il a souvent sombré dans des rôles faciles et des bluettes sentimentales oubliables. En ce qui me concerne, évoquer Matthew McConaughey et c'est Lone Star qui me vient en tête, film qui commence certes à prendre de la bouteille mais sans rien perdre de sa perfection. Je suis donc d'autant plus ravie de constater que Matthew soit reconnu et fêté. Que fait-il ici ? Il se prend très au sérieux. Il le fait avec tellement de génie que ce rôle sera sans doute LE ou un des grands rôles de sa carrière. Qu'il ôte ses gants, qu'il fasse cliqueter son zippo, qu'il retire son chapeau pour se lisser les cheveux... chacun de ses mouvements semble être la démonstration du second degré. Mais pas seulement, la scène où il raconte, comme s'il s'agissait d'un conte de Noël, à une Juno Temple fascinée ou effrayée que pour se punir de l'adultère de sa femme un type s'est brûlé les couilles est stupéfiante et du même tonneau que celle où Christopher Walken expliquait le trajet de la montre de son père dans Pulp Fiction. Et ce texan pure jus, bon père, bon mari, qui ne parle que famille, enfants et ranch dans ses interviews devra renoncer éternellement à montrer ce film à ses enfants. La scène du pilon de poulet... flippante, hilarante, absolument inconcevable sera sans doute un des grands moments de sa carrière (et de celle de la pauvre actrice...).

    Dottie/Juno Temple prévient dans le film sans qu'on y prenne garde "je vais bien si on ne m'énerve pas". Et vers la fin Dottie le prouve : "je commence à m'énerver là"... Friedkin déchaîne les enfers et nous cloue au fauteuil.

    Merci.

    Oui, j'aimerais être clouée à un fauteuil de cinéma.

  • KABOOM de Gregg Araki *

    19446347_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100511_110641.jpg19442129_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100503_033856.jpg

    A quoi rêvent les djeuns sur les campus méringouins ?

    Qui a dit à inventer FaceBook ?

    Nan, à BAISER.

    Moi je dis, saine occupation… à condition que vous ayez fait vos devoirs les moutards et que vous sortiez couverts car tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir 19 ans dans les années 70 !!! Ce qui préoccupe la jeunesse d’Araki c’est de jouir dans toutes les positions en attendant la fin du monde qui est pour dans pas longtemps.

    Donc, voici Smith, un peu à voilvap suivant comment le vent l’emporte. Il aime bien se branler devant des films pornos gays, d’ailleurs son coloc’, un surfer peroxydé très con, le met en appétit. Un soir de beuverie où il ingurgite un cookie psychédélique et qu’une rousse lui vomit sur les pieds, il rencontre London dans les toilettes. Comme elle est très chaude et très dévergondée ils se fiancent illico. Smith a aussi une meilleure amie très gay. Elle s’appelle Stella et fait tout le temps la gueule. Elle sait tout sur tout et même au-delà, d’ailleurs ça se voit : quand elle cause, elle pose son pied sur la table, genre ! ça ne l’empêchera pas de devenir parano comme son copain et de se faire couillonner par une plus tarée qu’elle.

    Ah oui, entre temps j’ai pas dit ? Ben si j’ai dit. Smith a mangé un macaron qui fait la vision trouble et rend la libido encore plus active sauf que des vilains à tête d’animaux se promènent avec des objets tranchants et attention… ça peut couper. Coup de cymbale, on sursaute. On ouvre une porte ? Ah rien ! Une petite ambiance David Lynchienne pour tenter de corser l’affaire ? Et allez, hop, pourquoi pas !

    C’est moi ou Thomas Dekker a des yeux très bleus ? Je trouve qu’il ressemble un peu à l’autre là… ah oui, Jared Leto. Autant dire qu’il sert surtout à faire joli.

    Ce film m’a fait penser, ne me demandez pas pourquoi, à une connerie que j’avais vaguement regardée dans le poste « Souviens toi… l’été dernier ». Sans doute parce qu’il y était question de djeunz qui s’emmerdent et font des conneries en essayant de se prendre pour des grands. A moins que ce ne soit dans leur tête. Va savoir avec ce qu'ils mettent dans la nourriture ?

    Je me demande si je ne serais pas en train de devenir une vieille conne moi, parce que franchement ce film m’a fait l’effet d’une pilule homéopathique… c’est-à-dire n’a eu aucun effet sur moi. Bon, tant pis.

    Et juste pile poil quand j’étais en train de rassembler mes affaires en soupirant et en me disant que j’allais me tirer… Miracle, Pif, paf, kaboom, tout a pété ! The end.

  • Mr Nobody de Jaco Van Dormael ***

    Mr. NobodyMr. NobodyMr. NobodyMr. NobodyMr. Nobody
    Mr. NobodyMr. Nobody

    En 2092 Nemo Nobody a 118 ans et il est le dernier humain vivant sur terre, les autres étant programmés pour être «semi immortels». Considéré à juste titre comme un cas unique, Nemo, alité et mourant est filmé 24 h/24 afin que la population puisse suivre en direct ses derniers instants. Un journaliste parvient à l’approcher et recueillir le récit de sa vie, de ses vies…
    Lorsqu’il a 8 ans Nemo vit avec ses parents qui se sont beaucoup aimés mais ne se supportent plus et se séparent. Sur le quai d’une gare, ils exigent du petit garçon qu’il fasse ce choix déchirant de rester avec son père ou partir avec sa mère.
    L’avenir et la vie toute entière de Nemo vont dépendre de cette décision brutale mais décisive.
    Le réalisateur s’intéresse davantage, et c’est tant mieux, aux vies sentimentales possibles de Nemo son héros. Au fil de tous les hasards et coïncidences décortiqués dans un incessant va et vient entre les différentes histoires et les différents âges du personnage (8 ans, 15 ans, 34 ans et 118 ans) mais jamais de façon chronologique, le réalisateur nous immerge totalement dans toutes les alternatives qui feront de la vie de Nemo un rêve ou un cauchemar, une réussite ou un échec ! Et le personnage explore ainsi quelques façons d’aimer, par dépit, par compassion, par amour, par devoir…

    Les cœurs d’artichaut, les romantiques, les midinettes, les rêveurs, les sentimentaux ont toutes les chances il me semble de se laisser happer par ce film, les autres risquent de le trouver naïf, inutile ou prétentieux… en fait je ne sais comment ils le trouveront et je m’en fiche car vous avez compris dans quelle catégorie je me situe.
    D’autant qu’au-delà de l’aspect narratif, le réalisateur nous plonge dans de multiples univers et multiplie les trouvailles visuelles qui ne sont pas toujours inédites mais font néanmoins de ce film une véritable curiosité envahie de bonnes surprises. Tantôt kitsch, vintage, réaliste ou d'anticipation, les différentes époques sont particulièrement soignées. Il n’est pas non plus impossible de refaire un petit tour mélancolique voire nostalgique du côté de sa propre histoire tant il joue sur les odeurs, les gestes, les souvenirs et mille détails de l’enfance qui marquent ou conditionnent la vie future de chacun.
    Puis vient le temps des amours enfantines et adolescentes, le temps des promesses et des serments impossibles à tenir ou qu’on tient quoiqu’il en coûte.
    L’atout supplémentaire et essentiel tient au casting, à l’excellence de l’interprétation et au charme XXL des différents interprètes autant des enfants, des adolescents que des adultes. Je citerai en priorité Toby Regbo (Némo à 15 ans) passé inaperçu dans le dernier Harry Potter mais étonnant de romantisme et de maturité ici, la désormais incontournable mais parfaite Juno Temple, Rhys Ifans très émouvant dans le rôle du père, mais aussi les trois femmes de Nemo, la délicieuse et délicate
    Linh Dan Pham fragile et touchante Jeanne épousée par dépit et donc sacrifiée, Sarah Polley très émouvante dans le rôle pas facile et pas très valorisant d’Elise l’épouse dépressive que Némo aime au-delà de tout, protège et tente d’aider, et puis Diane Kruger qui est Anna, peut-être la plus aimée de toute, celle qu’il perd, qu’il retrouve peut-être ou pas… Allez voir !
    Et puis évidemment Jared Leto qui ne se contente pas d’être un très joli garçon mais se plie admirablement aux exigences de ce rôle multiple et décline avec conviction toutes les incertitudes, la complexité et la fragilité de ses personnages. Il nous entraîne et nous étourdit parfois en nous démontrant que la vie est émaillée de choix décisifs qui l'enrichissent, l'embellissent ou la gâchent, que parfois on aimerait ralentir le temps et d’autres fois l’accélérer… C'est tout simple, mais c'est beau !

  • Cracks de Jordan Scott **

    CracksCracks

    Miss G. exerce une fascination impressionnante sur les jeunes filles d'un pensionnat isolé où elle est leur professeur de plongée. Surtout sur la jeune Di qu'elle semble préférer aux autres et qui lui rend son affection au centuple. La jeune femme est fantasque, moderne, d'une grande beauté et elle captive les élèves par le récit de ses voyages et de ses aventures. Elle prône la liberté du corps et de l'esprit. Elle les incite à dépasser leurs performances pour se surpasser elles-mêmes. Jusqu'au jour où une nouvelle élève arrive qui va bouleverser toutes les certitudes en créant des rivalités et des jalousies. Il faut dire que Miss G. est irrésistiblement attirée par Fiamma, aristocrate espagnole libre, solitaire, différente et mystérieuse placée là à la suite d'un scandale. Lorsqu'elle va refuser l'amitié puis les avances de Miss G. le comportement de cette dernière va changer du tout au tout, révélant sa véritable nature.

    Il y a incontestablement une ambiance dans ce film où des jeunes filles en fleurs, évanescentes, rêveuses mais pas forcément aussi naïves et ingénues qu'elles paraissent ou qu'on tente de leur faire croire vont se livrer à des jeux de moins en moins innocents. Elles pimentent leur vie de cloîtrées en imaginant ce qu'elle pourra être plus tard et se racontent des contes et des légendes qui alimentent leur imagination. L'environnement de cette campagne sublime où elles évoluent ajoute encore à l'atmosphère éthéré. Après une première partie idéale où chacune tient une place déterminée et où tout paraît idyllique, la tension monte insidieusement et la jalousie, l'incompréhension et le dépit vont être à l'origine d'actes condamnables et irréparables.

    Eva Green, superbe, est cette prof passionnée mais redoutable qui peu à peu devient inquiétante puis menaçante jusqu'à perdre totalement le contrôle d'elle-même. Elle va se révéler bien différente de l'image parfaite qu'elle présente et l'actrice maîtrise admirablement l'évolution ou plutôt l'involution de son personnage qui va basculer.