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  • WOODY ALLEN : A DOCUMENTARY de Robert B. Weide ***

    Woody Allen: A Documentary : photo

    • Woody Allen est l'un des plus grands réalisateurs du monde et de tous les temps. Ceux qui ne sont pas d'accord avec cet axyome de base peuvent aller voir ailleurs si j'y suis se dispenser aisément de voir ce documentaire.
    • Passer presque deux heures en compagnie de ce garçon attachant est un délice et on se surprend à maintes reprises à avoir un sourire béat sur les lèvres. Il faut dire que, bonne nouvelle, malgré ses 78 ans, Woody semble aller très très bien. Il est calme, souriant, comme apaisé et revient sur son incroyable carrière en nous livrant ça et là mais parcimonieusement quelques secrets de fabrication de ses nombreux films. Un par an, depuis quarante ans. Il est obligé de maintenir ce rythme dit-il, car de cette profusion jaillira peut-être un jour le grand film qu'il considère ne pas encore avoir réalisé... Oui, Woody n'est pas satisfait de son oeuvre. Il aurait même aimé pouvoir jeter Manhattan à la poubelle tant il avait honte du résultat.
    • Il revient sur son enfance de cancre à Brooklyn, temps béni d'après lui où un enfant de 8 ans pouvait passer ses journées dehors du matin au soir sans risque. Son quartier a bien changé et le cinéma où il a découvert ce qui allaient devenir des classiques n'existe plus. Il arpente les rues et les gens le reconnaissent. A l'occasion il se laisse tirer le portrait. L'entendre évoquer sa folle jeunesse d'humoriste où il était une véritable usine à gags est étonnant. En tout cas, merci à Clive Donner d'avoir bousillé son scénario de What's news Pussycat ? pour n'en faire qu'une farce poussive, car c'est à partir de ce ratage que Woody a décrété ne plus jamais laisser quiconque tourner un de ses films. C'est ainsi qu'il est devenu réalisateur, sans véritable compétence si on veut bien le croire, mais simplement pour avoir toujours le contrôle entier de ses scenarii.
    • On revoit certains passages obligés et connus où sa mère regrette d'avoir été trop dure avec lui parce qu'elle ne le comprenait pas. Les témoignages de sa soeur, de Diane Keaton ou de Martin Scorsese qui n'apportent pas grand chose. Mais le plus étonnant est de pouvoir découvrir Woody tout jeunot, véritable ancêtre du stand-up, bafouiller devant des gens à table. Ou chez lui face à sa machine à écrire d'un autre temps sur laquelle il écrit toujours ses scenarii. La bécane a quarante ans et devrait lui survivre longtemps l'a assuré le vendeur. Cela dit, la mort, il est toujours farouchement contre. Il faut le voir aussi découper et agrafer ses morceaux de scenario qu'il colle ensuite sur des feuilles volantes. Imaginer que c'est ainsi, de ses bidouillages, le "copier-coller" d'avant le traitement de textes, que sont nés La Rose Pourpre du Caire, Tout le monde dit I love you (mes préférés) ou encore Match Point et Midnight in Paris (ceux qui suivent de près) est fascinant.
    • Tour à tour très drôle et touchant ce documentaire sans ombre et plein d'extraits, nous replonge dans l'histoire de ce petit bonhomme étonnant et génial et nous donne l'envie de revoir toute la filmographie. Et comme le faisait remarquer un des intervenants du film, il est heureux que son père et sa mère soient morts pratiquement centenaires, cela nous assure que Woody sera encore là longtemps.
  • LES FEMMES DU BUS 678 de Mohamed Diab ***

     Les Femmes du Bus 678 : photoLes Femmes du Bus 678 : photoLes Femmes du Bus 678 : photo

    • Trois femmes qui ne se connaissent pas mais dont le point commun est d'être régulièrement sexuellement harcelées au Caire en Egypte, se rencontrent et tentent d'agir contre l'impunité des hommes coupables de ces agressions devenues récemment (grâce à leur lutte) des délits. Ce premier film est inspirée de l'histoire vraie d'une femme, la première dans ce pays à avoir osé porter plainte.
    • Fayza est issue d'un milieu modeste. Elle est voilée et vit avec son mari et ses deux enfants. Chaque jour elle prend le bus pour aller au travail et chaque jour elle est victime d'attouchements. Les bus sont bondés et les hommes jouent à ce jeu qui ne semble même pas les amuser, le "frotti frotta", mais qui détruit les femmes. Fayza, honteuse comme toutes les femmes abusées, se refuse à son mari, un homme autoritaire et colérique qui ne comprend pas son attitude et lui avoue ne l'avoir épousée que pour coucher avec elle. Elle rencontre Seba qui elle aussi a été victime d'attouchements lors d'une cohue de supporters à la sortie d'un match de foot. L'étrange réaction de son mari qui n'a pu la protéger, isole encore davantage Seba qui souhaite le divorce. C'est une jeune femme bourgeoise, elle a une boutique de bijoux et n'a aucun problème pour vivre seule mais sa mésaventure l'a amenée à créer un cours dans lequel elle apprend aux femmes à se défendre. Quant à Nelly, c'est une jeune femme moderne. Son fiancé et elle participent à des soirées de "stand-up" et c'est rien de dire que je n'ai strictement rien compris à l'humour égyptien. Alors que la salle est morte de rire, je cherche encore où était la blague. Problème de "culture" évidemment. Ce que j'ai bien vu par contre, c'est que dès qu'une fille monte sur scène et s'empare du micro, les garçons ne rient plus du tout... Nelly traverse une rue pour rentrer chez elle et un homme l'agrippe littéralement par la fenêtre de sa portière et la traîne sur plusieurs mètres uniquement pour la tripoter. Elle parvient à se libérer mais aidée par sa mère et son fiancé, ils réussissent à traîner le pignouf jusqu'au commissariat. Je vous passe les détails car ici la victime est contrainte d'emmener elle-même l'agresseur chez les flics...
    • Bref, en un mot, les femmes ne sont jamais à leur place mais ces trois rebelles vont s'unir et s'efforcer que la justice punisse les violences qui leur sont faites. Mais là encore, malgré un commissaire atypique qui cherche parfois maladroitement à minimiser les effets colatéraux, c'est souvent à une justice d'hommes qu'elles se heurtent. Elles devront même un temps en passer par une forme de terrorisme en punissant elles-mêmes leurs agresseurs là où ils ont péché...
    • Un premier film courageux et militant réalisé par un homme dans un pays où pourtant une grande partie des femmes n'est pas voilée, c'est une magnifique surprise. Parfois le réalisateur s'égare et on a par exemple du mal à justifier le destin de la femme du commissaire, mais on se fiche des maladresses car parler ainsi de la condition féminine, c'est fondamental. Pour moi l'occidentale je suis encore sidérée et consternée de voir à quel point les femmes sont terrifiées et pas en sécurité à travers le monde, parfois au sein de leur propre famille. Nelly se met en effet toute sa famille à dos et se voit contrainte de retirer sa plainte pour éviter le scandale. L'autre drame est de constater que même les femmes entre elles en arrivent parfois à se désolidariser. La voilée reprochera aux autres leurs tenues provocantes et leurs cheveux dénoués, les "modernes" condamneront les idées et comportements rétrogrades de la première.
    • Les trois actrices magnifiques et véritablement impliquées, Nahed El Sebaï, Bushra Rozza et Nelly Karim, portent le film avec leur énergie et leur colère. Et le réalisateur semble aborder en totalité le sujet de la dignité des femmes à reconquérir. Il y a une multitude de détails et de scènes qui peuvent faire de ce film un manifeste. Je citerai encore celle impressionnante où Fayza, mère courage en plus du reste, se porte au secours de ses enfants humiliés quotidiennement par le système scolaire parce que les parents n'ont pu payer la scolarité à temps !!!
    • J'aimerais parfois pourtant me ballader dans le cerveau d'un de ces types (pas trop longtemps quand même) pour tenter de comprendre, car la question demeure toujours pour moi un mystère : qu'est-ce qui peut bien les autoriser à agir comme ils le font ? Pourquoi un individu se permet-il d'abuser une femme alors qu'il sait parfaitement qu'il ne fait pas quelque chose de glorieux puisqu'il refuse de l'admettre (ah ! le coup du citron !!!) ? A quel moment ça capote dans leurs cervelles de piafs malades ?
  • SUR LA ROUTE de Walter Salles **(*)

    • Sur la route : photo Garrett Hedlund, Sam RileySur la route : photo Sam RileySur la route : photo Sam Riley
    • A la mort de son père en 1946, Sal Paradise ne va pas bien du tout. Il a une vingtaine d'années, vit à New-York avec sa mère et rêve de devenir écrivain. Sa rencontre avec Dean Moriarty dont rien que le nom fait fantasmer va bouleverser son existence. Ainsi que le précise Jack Kerouac dès la première page de son roman, véritable manifeste de la beat generation dont le film est tiré : avec l'arrivée de Dean Moriarty commença le chapitre de ma vie qu'on pourrait baptiser "ma vie sur la route". Dean est un être à part qui séduit tout ce qui remue dans la seconde où il apparaît et se met à proférer ses sentences nihillistes. Sal est plutôt un suiveur et sa complicité mêlée d'une admiration sans limite avec Dean est instantanée. Ce mauvais garçon n'est pas peu fier d'avoir fait de la prison. Il est par ailleurs marié à une gamine délurée de 16 ans Marylou qui lui voue également un véritable culte. Lorsque Dean et Marylou quittent New-York, Sal n'a plus qu'une idée en tête, les rejoindre. Commence alors une vie d'errance à travers les Etats-Unis où les trois jeunes gens épris de liberté partagent leurs aventures.
    • Tout comme le livre, le film qui lui est très fidèle, est empreint de monotonie (ce qui ne signifie pas ennui), malgré le souhait des protagonistes de vivre à 100 à l'heure une vie sans contrainte. Cette monotonie imposée par le hasard des événements et des imprévus lui imprime son rythme. Parfois de brusques accélérations surviennent et finalement on prend la route avec ces gens d'un autre temps, surpris mais rarement émerveillés par leurs aventures qui sont loin de (me) faire rêver. Dean Moriarty n'est en fait qu'un séducteur, baratineur, d'un égoïsme délirant qui ne cherche qu'à satisfaire son plaisir personnel et fait souffrir tout son entourage. Est-ce de la naïveté ou du machiavélisme ? En tout cas, personne ne lui résiste et il parvient presque toujours à faire en sorte que les autres lui pardonnent. Il est de toute façon clair qu'il souffre lui aussi, dans sa position auto-destructrice d'éternel insatisfait. Il abandonne Marylou pour Camille avec qui il fait des enfants. Mais Dean peut-il se contenter d'une vie de famille ? Il revient vers Marylou pour la délaisser à nouveau, incapable de résister à la moindre donzelle qui passe à sa portée. Même Marylou, sexuellement très libérée finira pas se lasser des incertitudes extravagantes de sa tête brûlée.
    • S'il manque au film la sensation d'extrême solitude dans laquelle se débattaient parfois tous ces garçons et filles enivrés par leurs délires poétiques (une photo d'Arthur Rimbaud trône dans la chambre de Sal et Du côté de chez Swann ne les quitte pas), le voyage par contre est magnifique. Traverser les Etats-Unis d'Est en Ouest, à pieds, en stop, en camion ou en voiture donne forcément la possibilité de composer des plans et des images magnifiques comme des tableaux. Les arrêts au milieu de nulle part dans une station-service, les quartiers miteux de New-York ou Denver, les champs de coton dans lesquels Sal se fera un temps exploiter (il faut bien parfois un peu de monnaie), la Nouvelle-Orléans ou San Francisco dans la brume, les routes poussiéreuses sous un soleil implacable... toute la photo de ce film est sublime.
    • Le credo de cette beat generation était de défier le mode de vie conformiste de l'Amérique bien pensante. Baignés et bercés de Jazz les vagabonds célestes grillaient par les deux bouts la chandelle de leur vie qu'ils voulaient trépidante. Et cela rimait pour eux avec des nuits sans fin d'insomnie, de l'alcool, des drogues dont la benzédrine qui leur donnait la sensation d'être plus beaux, plus forts, plus intelligents, la marijuana à gogo, le sexe, l'homosexualité, la prostitution à l'occasion (étonnnante scène avec Steve Buscemi !) assortis à l'occasion d'une quête mystique... dans le plus grand sérieux et avec un manque d'humour. impressionnant. Cette recherche d'un absolu sans contrainte ni concession ressemble souvent à une descente aux enfers où le désespoir et les envies de suicide ne sont jamais bien loin. Et si les filles sont parfois consentantes, sauf cette pauvre Camille qui a cru un temps que sa normalité calmerait les ardeurs de son Dean, pour suivre les garçons qui s'estiment supérieurs, elles sont vraiment mal traitées par ces égocentriques.
    • Question casting ! Grosse erreur concernant Melle Stewart qui n'incarne pas l'aimante et pétillante Marylou. Elle est une junkie, elle roule des joints comme aucune fille avant elle et sait faire beaucoup de bien aux garçons. Mais en gros, comme toujours, menton en avant et bouche entrouverte elle fait la gueule ! Sam Riley est un peu en retrait mais très concerné, tout à son admirative amitié et concentré sur les carnets qu'il noircit et qui aboutiront à ce rouleau de 36 mètres sur lequel il écrira son chef d'oeuvre.  Et c'est Garrett Hedlund qui surprend le plus car il ne se contente pas d'être un garçon irrésistible à belle gueule, mais traîne parfaitement le spleen romantique et contagieux de Dean Moriarty entre euphorie et abattement jusqu'à une transe comme une apogée de ses délires.

  • MOONRISE KINGDOM de Wes Anderson ***

    Moonrise Kingdom : photoMoonrise Kingdom : photo

    Lorsque Sam aperçoit Suzy pour la toute première fois, elle est déguisée en oiseau et c'est le coup de foudre ! La bonne nouvelle c'est qu'il est réciproque. Mais les deux amoureux n'ont que 12 ans et sont donc séparés. Suzy, considérée comme psychologiquement fragile et perturbée vit avec ses parents et ses trois petits frères, tandis que Sam, orphelin, passe d'une famille d'accueil à l'autre car il est ingérable. Les deux enfants s'écrivent et promettent de se retrouver. Sam s'échappe du camp scout où il passe l'été 1965 sur une île de la Nouvelle-Angleterre. Suzy se sauve de chez elle en pleine nuit. Alors qu'une tempête s'approche précisément du lieu où les deux tourtereaux se retrouvent, les adultes se mettent à la recherche des enfants.

    Dès la première image on entre dans l'univers visuel très particulier de Wes Anderson avec ses couleurs improbables et ses plans parfois vertigineux. La maison où vit Suzy ressemble à une maison de poupées et l'atmosphère qui y règne est étrange. Les enfants semblent livrés à eux-mêmes et la mère ne s'adresse à ses enfants et son mari qu'à l'aide d'un mégaphone. Pourtant la disparition de Suzy est ressentie comme une tragédie par les parents qui semblaient pourtant apathiques à tout ce qui les entoure. Lorsque Sam manque à l'appel au camp, le chef scout est lui aussi complètement catastrophé. Le point commun de tous ces adultes est une espèce d'attitude mécanique et une tristesse insondable qui semble tous les avoir envahis depuis longtemps. Aucun d'entre eux n'est heureux c'est certain mais tous vont redoubler d'efforts pour retrouver les enfants en danger.

    De leur côté, Sam et Suzy vivent leur aventure comme des grands avec un sérieux qui confine parfois à la tristesse. Mais ces deux là sont à l'image des adultes de l'histoire, dignes, déterminés et un poil désespérés. Mais aussi parfaitement inconscients des risques qu'ils peuvent éventuellement courir et pas informés de la tempête qui approche. Les talents de Sam, scout jusqu'au bout du canif sont parfois contredits par l'impeccable et très futée Suzy. Lorsque Sam lui explique qu'il met des feuilles d'arbre sous sa toque de trappeur pour se rafraîchir la tête, la maline lui rétorque calmement : "tu pourrais aussi bien retirer la toque". C'est tordant, mais ces gosses là ne rient jamais. Ils s'aiment. Et c'est beau. Si Kara Hayward (un nom de star non ?)/Suzy a toutes les chances de nous surprendre de film en film tant elle semble avoir le potentiel d'une Elle Fanning (ce qui n'est pas peu dire), le petit Jared Gilman/Sam est moins convaincant.

    Et bizarrement même s'il s'agit de l'histoire d'amour très forte et très belle de deux enfants, ce sont quand même les adultes qui surprennent ici. Et notamment Bruce Willis, totalement aux antipodes de ce qu'il a fait jusque là en flic très très sérieux d'un bled paumé. Il est aussi amoureux indolent et résigné et d'une tristesse indicible qui lui va très bien. Edward Norton est impayable en chef scout désespéré pour avoir failli à son devoir. Frances McDormand, Bill Murray, Jason Schwartzman et Tilda Swinton sont parfaits. Cette dernière réussit particulièrement sa prestation d'assistante sociale rigide très prompte à prescrire à ces ados récalcitrants quelques séances d'électrochocs pour les remettre dans le droit chemin. Je ne vous dis rien de l'apparition très marrante du Grand Chef Scout dans la toute dernière partie de ce beau film, très original et un peu triste...

  • 11 FLEURS de Wang Xiaoshuai ***

    11 fleurs : photo

    11 fleurs : photo

    11 fleurs : photo

    Pas le temps de vous en dire long sur ce film, mais si vous hésitiez, n'hésitez plus. Il est magnifique. Calme, lent et profond. 

    Je vous propose le synopsis officiel qui pour une fois n'en dit pas trop : "En 1974, au cœur de la révolution culturelle chinoise, un garçon de 11 ans observe le monde des adultes et n’y comprend pas grand-chose. La rencontre avec un meurtrier en fuite le pousse au secret et au mensonge. Cette confrontation signera la perte de son innocence."

    Personnellement je ne trouve pas que le petit héros perd son innocence. Il grandit, voilà tout. Mais bon, je ne vais pas faire ma savante. Il s'agit d'une plongée dans la Chine de Mao qui vit ses dernières heures. Mais l'originalité tient au fait que c'est le point de vue de quatre enfants qui est adopté, mais surtout celui de Wang Han. Il a 11 ans. Il veut une chemise neuve. Il l'obtient, il se la fait "voler". Il rencontre un assassin. Il ment à sa famille. Et voilà, c'est simple et sublime. Et l'on découvre la vie autour d'une usine et d'une école. On entend les hauts parleurs qui diffusent la musique ou annoncent certains événements. On s'étonne des relations entre la mère et ses enfants et on s'éblouit de celles entre un fils et son père. On est encore stupéfait par la vie quasi communautaire et le partage...

    Tout est parfait, les images, les décors, les paysages, les enfants, l'histoire. Courez.

  • CHERCHER LE GARÇON de Dorothée Sebbagh ***

    Chercher le garçon : photoChercher le garçon : photoChercher le garçon : photo

    Emilie se prépare pour la soirée du 31 décembre. Elle se coiffe, se maquille, met son joli collier... et s'installe devant son ordinateur. Il faut dire qu'une fois encore et malgré ses 35 ans, Emilie va passer ce réveillon toute seule. Mais ce que veut Emilie, c'est un amoureux, des enfants peut-être et surtout vivre une belle histoire. Alors ce soir là elle s'inscrit sur le site de rencontre Meet Me, prend un pseudo de fée et entame rapidement le grand tourbillon des rencontres.

    Et c'est drôle, instantanément. Et pour une fois ce n'est pas un catalogue de filles toutes plus ou moins semblables, accros au shopping et à l'épaisseur de leur taille, mais de garçons bien typés qui ne trahissent pas les pseudos qu'ils ont choisis. Le premier "Les yeux bleus" a effectivement les yeux très bleus et tous les prétendants porteront plus ou moins les stigmates de ce qu'ils veulent montrer en se dissimulant sous un pseudo (oula, il est temps que je parte en vacances moi !).

    Ce film est bourré de qualités : sa durée (une heure 10), même si du coup l'épilogue singulier arrive abruptement, sa délicatesse (les garçons sont moqués sans misandrie), le charme XXL de son interprète principale Sophie Cattani (vue récemment en mère qui lâche son bébé dans Polisse...). Emilie/Sophie a un talent incontestable et se donne un mal de chien pour s'adapter à ce panel de garçons qui se la racontent. Il faut dire qu'elle est très motivée et qu'on peut lui reconnaître la qualité de n'être ni très exigeante ni forcément troublée par le physique des candidats. Nous aurons le romantique relou qui ne s'exprime que par poésie empruntée aux auteurs, le gossbo fan inconditionnel de Hugh Grant (son pseudo Yough, mdr !) totalement déconcerté parce qu'Emilie est plus sensible aux charmes de Johnny Depp, le motard survolté, l'éducateur sportif qui se présente de 3/4 pour éviter de montrer son profil de boxeur, Monsieur X qui joue aux playmobils, le danseur qui danse, celui qui veut trouver SA "relation bonobo", le tunisien timide qui... Mais je ne vais pas tout vous révéler. Il y aura aussi de jolies rencontres impromptues et au final un film formidable, adorable comme son actrice.

  • I WISH (nos voeux secrets) de Kore-Eda Hirokazu ***

    I Wish nos voeux secrets : photoI Wish nos voeux secrets : photoI Wish nos voeux secrets : photo

    Depuis le divorce de leurs parents, deux frères vivent séparés. Koichi l'aîné a 12 ans et vit désormais avec sa mère revenue vivre chez ses propres parents au pied du menaçant volcan Sakurajima qui recouvre tout d'une poussière de cendres grises. Le plus jeune Ruy est avec son père, un guitariste de rock, au nord de l'île de Kyushu. Le rêve de Koichi est de réunir sa famille. Aidés chacun par leurs amis respectifs, les deux garçons vont organiser une véritable expédition pour se retrouver et aller ensemble au point de croisement du nouveau TGV. Il paraît que les voeux exprimés au moment précis où se croisent deux trains, se réalisent.

    Dommage que la traduction française se soit éloignée du titre original : "Miracle", car ce film en est un. Comme toujours en ce qui concerne ce réalisateur d'ailleurs, qui après le bouleversant "Nobody knows", le délicat "Still walking", le très triste et très beau "Air Doll" revient nous parler de l'enfance avec toute la fraîcheur, la subtilité et la grâce qu'on lui connaît. Cela peut être surprenant pour nous occidentaux avec notre tendance à sur-protéger nos chérubins mais Hirokazu s'explique :"...je veux être un adulte qui attend ses enfants au retour de leurs aventures, sans en faire toute une histoire". En effet, les adultes sont ici comme partout des trentenaires pas très bien finis, pas vraiment à l'aise dans leur peau (pour la mère... coupable, forcément car c'est le lot des mères à travers le monde !), pas vraiment sorti de l'adolescence (pour le père qui ne lâche jamais sa guitare) et vivent la "disparition" de leurs enfants pendant 24 heures sans la moindre inquiétude. D'ailleurs lorsque les deux frangins se parlent régulièrement au téléphone, ils prennent respectivement des nouvelles du parent absent et s'exhorte mutuellement à "s'occuper" de l'autre.

    Mais les maîtres mots de cette aventure située à moins d'un mêtre 30 de hauteur sont insouciance et obstination. Un road movie emmené par des enfants incroyablement mâlins et matures qui néanmoins ont encore cette part de folie douce et d'inconscience propre à leur âge. La complicité des deux frères (à la ville comme à l'écran) est un autre miracle, mais toute leur bande de copains sont au diapason. On est à des années lumières de l'horripilante et récente Guerre des Boutons (je n'en ai subie qu'une !) où des gosses insupportables jouaient à la guéguerre à coups de répliques et de faits d'armes stupides. Ici l'enjeu est beau, les enfants sont à la fois joyeux et graves mais à aucun moment on a l'impression d'assister à un numéro de singes savants. Enfants et parents peuvent apprécier l'exercice. Ajoutez à cela une formidable bande originale, des couleurs, de l'action, du suspens...

    Ah oui, dernière chose : les grands-parents totalement brindezingues ont un rôle essentiel !

    N.B. : il est recommandé d'aller voir ce film après avoir mangé ! Kore-Eda Hirokazu aime comme personne faire passer tous ces acteurs à table à maintes reprises !

  • LE PRÉNOM de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière ***

    Le Prénom : photo Alexandre de La Patellière, Matthieu DelaporteLe Prénom : photo Alexandre de La Patellière, Matthieu DelaporteLe Prénom : photo Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte
    Vincent et sa femme Anna enceinte sont invités chez Elisabeth la soeur de Vincent et son mari Pierre. A table, il y aura aussi Claude, un ami de trente ans. A cette occasion Vincent décide de révéler le prénom de son futur enfant, un garçon. Alors qu'Anna tarde à arriver, Vincent décide de tenter de faire deviner le fameux prénom. Lorsqu'il le révèle enfin, c'est un grand bazar !

    Car ce prénom est honteux et scandaleux. Oui un prénom peut porter la honte et le scandale et plus encore. Je vous le laisse découvrir évidemment et vous verrez, il y a de quoi gloser. Il faut dire que donner un prénom à un enfant c'est un peu comme lors d'une finale de coupe du monde de foot ou une élection présidentielle... brusquement tout le monde a un avis sur la question. Sauf qu'ici, vue la nature insolite voire provocatrice du choix, les discussions prennent rapidement un  tour inattendu, et c'est tout simplement tordant... avec néanmoins quelques incursions dans un registre un peu plus grave. Cette discussion un peu animée va être un véritable révélateur, comme si brusquement toute une succession de petites poupées russes s'ouvraient une à une. Chacun va en prendre pour son grade à tour de rôle et les non-dits, les rancoeurs, les rancunes, les bassesses et révélations vont faire surface.

    Quelques tirades bien senties ramèneront forcément le spectateur vers des situations connues même si on est ici en plein vaudeville. D'ailleurs ce film fut une pièce au succès triomphal et ressemble à du théâtre filmé. Les réalisateurs tentent néanmoins à tort et sans grand résultat de sortir à quelques reprises de l'enceinte de ce huis clos jubilatoire où les noms d'oiseaux finiront par voler bas. Bien sûr il y a quelques clichetons sur les bobos, les nouveaux riches, la prof de français cyclothymique brusquement hystérique, le prof de fac en velours côtelé, l'agent immobilier inculte qui a fait fortune (Patrick Bruel, réjouissant !)... mais c'est pour mieux les démonter je trouve. Les acteurs sont rodés comme des formules 1 et balancent leur chapelet de révélations avec délectation.

    Le Prénom est contre toute attente une excellente surprise parce que les acteurs sont tous formidables (Guillaume de Tonquédec est une révélation !), les dialogues vifs et intelligents et qu'on rit très fort et beaucoup et que ça fait du bien. Quant aux prénoms, moi qui en entends treize à la douzaine par jour... je suis obligée de constater qu'effectivement les parents sont parfois inconscients ou en veulent à leurs enfants. Entre ceux qui veulent faire original à tout prix au risque d'être simplement ridicules, ou prétentieux, ceux qui vont obliger leurs enfants à épeler leur prénom toute leur vie à cause d'une orthographe improbable, ceux qui cèdent à la mode (aaaah que de Léa !!!) ceux qui affligent leur progéniture d'un prénom droit sorti d'une série américaine et j'en passe mais on n'a que l'embarras du choix pour se moquer ou s'indigner. Et finalement, chacun fait comme il veut et surtout "des gens qui ont appelé leurs moutards Myrtille et Apollin n'ont de leçon à donner à personne..."

  • AVENGERS de Josh Whedon **(*)

    Avengers : photo Joss WhedonAvengers : photo

    Avengers : photo Jeremy Renner, Joss Whedon, Scarlett Johansson

    Un joli cube bleu phosphorescent qui donne de super pouvoirs est piqué par (aaaaaaaaaaaaah !) Loki (le frère de Thor) et du coup le SHIELD, organisation chargée de préserver la paix sur terre décide de rassembler des super héros pour rattraper le coup.

    Si j'ai bien compris.

    Ils doivent aussi récupérer deux agents (Barton et le Dr Selvig) qui ont été piqués par la lance magique de (miam miam) Loki et sont passés du côté obscur de la force noire à l'insu de leur propre gré.
    Autant le dire, ce film ne sert à rien sauf à prendre du plaisir (ce qui n'est pas mal) et à nous avertir qu'il y aura les Avengers II (il faut rester après le générique... et ne pas partir comme le fait 9/10ème de la salle en général) rapidement. J'ai toujours aimé les films de super héros et celui-ci est de haute tenue. Le plus réjouissant est de prendre des nouvelles de nos chers super dont on ne sait pas toujours ce qu'ils deviennent après la fin de leurs aventures épisodiques respectives !

    J'avoue que les deux frangins Thor et Loki (Tom Hiddleston : où tu veux - quand tu veux !) ont eu toute mon attention parce que ces deux garçons séparés par un destin contraire sont bien mimis. Le premier, aidé de son inséparable gros marteau, se donne un mal de chien pour ramener le second à la raison. Mais rien à faire, Loki est un teigneux, un bâtard, envieux et jaloux qui fiche une sacrée pagaïe sur terre en rameutant une armée d'affreux furieux grâce à une espèce de couloir lumineux entre la terre et l'espace. Voilà ce que c'est de ne pas aimer ses enfants de la même façon, ça les rend hargneux et leur fait faire des choses comme démolir New-York une fois de plus. Cela dit le New-Yorkais est souvent la cible de la colère extra-terrestre, il a donc l'habitude et connaît les cachettes où se planquer. La partie destruction infernale n'est d'ailleurs pas ma préférée.

    Ce qui est vraiment formidable ici en plus de prendre des nouvelles de tous ces super, c'est de les admirer confronter leurs égos surdimensionnés les uns aux autres. Evidemment le champion toute catégorie est Tony Stark/Iron Man qui ne se départit jamais de son ironie mordante. Il semble se moquer de tout et tous et ne rate jamais une occasion de mettre son égocentrisme en évidence. Cela dit, ses compétences en technologie ne sont plus à démontrer même s'il maîtrise aussi l'art de se rendre agaçant et indispensable  Au fond, il adorerait filer le parfait amour avec sa Pepper Potts qui lui propose des cochonneries à l'oreille, mais il en est toujours empêché. Ici, il s'oppose régulièrement à Captain America qui est beaucoup plus tordant que dans l'épisode qui lui était consacré. L'anachronisme de sa présence et son attirail stupide en font un personnage plutôt attachant. Son esprit semble être resté figé dans les années 40 et il ne s'exprime qu'en termes de stratégie militaire. Son attachement, son dévouement à la Patrie sont un exemple pour les autres même si cette attitude paraît quelque peu désuette. L'autre bonne surprise vient de Hulk qui change pour la troisième fois d'acteur pour l'interpréter et Mark Ruffalo se débrouille comme un chef. Voilà une année que le docteur Banner ne s'est pas transformé en Hulk qui pour la première fois devient expressif même en géant vert. Il maîtrise totalement ses humeurs au fin fond de l'Inde où il soigne les populations les plus pauvres. Il est docteur en physique, une tronche en rayons gamma et ses connaissances sont indispensables pour sauver le monde. A l'occasion, on lui demandera de se mettre en pétard pour devenir tout vert. J'ai toujours adoré voir la chemise craquer sous l'ampleur des muscles et le pantalon prendre miraculeusement la bonne taille !

    Bon vous l'avez compris, ça défouraille de partout à intervalles réguliers, on ne doute pas un instant que New-York sera sauvé mais ça n'a aucune espèce d'importance. Ces 2 h 20 passent à une vitesse folle mais pas seulement parce que c'est rythmé et sans temps mort mais aussi parce que les dialogues sont concoctés aux petits oignons et que les vannes volent bas chez les super héros ! Et puis vous l'avez compris, j'ai un nouvel amour. J'adore son petit attirail :

    avengers de josh whedon,robert downey jr.,chris evans,mark ruffalo,chris hemsworth,scarlett johansson,stellan skargard,jeremy renner,cinéma

    et voilà à quoi la chose ressemble dans sa vraie vie terrestre :

    Et merci à Fréd pour ce grand moment. Je crois que nos deux rires mélangés feraient des merveilles, mais il ne le sait pas encore

     

  • VIVA RIVA de Djo Tunda Wa Munga ***

    Viva Riva ! : photo Patsha BayViva Riva ! : photo Manie Malone

    Viva Riva ! : photo Hoji Fortuna

    Riva revient à Kinshasa et retrouve son vieux copain J.M. qui s'est rangé de la vie hasardeuse des petits truands en se mariant et en ayant deux enfants. Malgré de molles réticences J.M. finit par suivre Riva dans une folle nuit de débauche qui va les mener à rencontrer Nora une mystérieuse beauté locale dont Riva va instantanément tomber amoureux. Hélas la belle "appartient" à Azor, un caïd du coin qui n'entend pas céder sa place. Par ailleurs, impliqué dans une obscure affaire de traffic de carburant, Riva est recherché par César et ses sbires, des truands sans foi ni loi et pas bien malins.

    Au bout d'un moment tout le monde finit par courir après tout le monde pratiquement pour les mêmes raisons ou plutôt LA même raison : l'argent. Mais l'intrigue échappe un peu tant elle devient parfois tarabiscotée. Cela n'a aucune importance. Ce qui compte ici c'est l'énergie et la folie ambiantes. Un film congolais est déjà une curiosité et une rareté mais quand il combine ce dynamisme et cette efficacité, on est aux anges. Le réalisateur place au centre de ces bonshommes chauds comme la braise, une bombe, une tigresse sublime qui se prend pour une princesse mais qui n'hésite pas à trahir, séduire et mentir et se montre capable de se remettre du rouge à lèvres alors qu'un type est en train de se faire massacrer dans son dos. Si les femmes refusent de se laisser malmener, quitte à faire elle-même le coup de poing contre ces machos toujours prêts à dégainer leur sexe ou leur arme, personne ne sera épargné et le final complètement dingue laisse tout le monde KO (et surprend).

    Ce polar africain survitaminé est d'une originalité folle et sous prétexte de trousser un Scarface à l'africaine le réalisateur parvient ça et là à nous montrer la vie telle qu'elle est dans cette ville en constante effervescence que semble être Kinshasa. On voit bien à quel point la corruption fait la loi mais aussi combien la pauvreté devient un véritable pousse au crime. Le monde de la nuit est dépeint comme un véritable exutoire à la dèche où la danse devient transe et la baise l'antidote à la moiteur. Les scènes de sexe sont particulièrement nombreuses et osées mais sont intégrées comme rarement au cinéma et semblent aussi naturelles que boire et manger !

    Le trio d'acteurs Patsha Bay, Manie Malone (qui serait la seule professionnelle), Hoji Fortuna est formidable et particulièrement charismatique et sexy. Tout cela enrôbé dans un humour très savoureux. Il faut voir cette brèle de César, fatigué de ne pas récupérer son fric et son pétrole, dire "il va falloir se radicaliser". Et alors qu'il n'était déjà pas très regardant question tortures, se mettre à flinguer tout ce qui ne lui est pas utile.

    Foncez voir ce petit phénomène, drôle, cruel, efficace, rondement mené sous une chaleur accablante.