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Sur la Route du Cinéma - Page 303

  • PAPERBOY de Lee Daniels **(*)

    Paperboy : photo John Cusack, Matthew McConaugheyPaperboy : photo Matthew McConaughey, Nicole Kidman, Zac EfronPaperboy : photo John Cusack

    En 1969, dans un coin paumé et très moite de la Floride, le shérif a été assassiné. Ce n'était pas un type bien mais néanmoins pour tout crime il y a un coupable. Et Hillary Van Wetter a la sale tête et le comportement de l'emploi. Chasseur d'alligators, il a toujours la machette à la main. Dans le couloir de la mort, il entretient une correspondance torride avec Charlotte, poupée blonde plus très fraîche mais naïve et sentimentale qui a deux obsessions : ses cheveux (pas facile d'avoir le brushing nickel par ces chaleurs !) et les courriers qu'elle échange avec différents détenus à travers les Etats-Unis. Elle finit par déclarer qu'Hillary est "son homme" et entend faire éclater la vérité sur son innocence. Pour reprendre l'enquête, elle engage Ward Jansen, reporter au Miami Times qui entend se refaire une popularité avec cette affaire. Il sera aidé dans la tâche par son ami Yardley et son petit frère Jack qui tombe instantanément sous le charme de la peu farouche Charlotte.

    Deux atouts fondamentaux dans ce film, les acteurs qui mettent le paquet pour casser leur image et l'atmosphère poisseuse, acqueuse, suitante imposée par le climat subtropical humide et chaud. L'histoire et l'enquête arrivent en troisième position. D'ailleurs, quitte à céder au délit de sale gueule, dès que l'on découvre Hillary (John Cusak, méconnaissable, véritable repoussoir, méchant jusqu'à l'os) on a beaucoup de mal à croire à son innocence. Ce qui compte ici, ce sont les personnages, les rapports qu'ils entretiennent et l'effet que produit sur eux le peu de variations climatiques. Il fait chaud, on étouffe. Que faire sinon éventrer des crocodiles ou baiser ? Pendant que les blancs tentent à peine de réprimer ou de céder à leurs plus bas instincts, les noirs luttent ou subissent le racisme latent, rampant, omniprésent. Il y a donc du sexe, de la haine, de la violence et du sang à Lately/Floride. Et même un petit côté Delivrance, tant il saute aux yeux que, même s'ils ne sont pas des virtuoses du banjo, les inquiétants membres de la famille d'Hillary que l'on visite au coeur de marais inaccessibles, se reproduisent entre eux !

    Plus l'enquête avance moins la culpabilité d'Hillary fait de doute. Mais on s'en moque un peu. On préfère observer et voir évoluer cette étrange faune accablée par la chaleur qui triche et dissimule des secrets. Les deux frères sont au coeur de la tourmente qui émerge peu à peu. Matthew McConaughey dont j'espère qu'il n'a cette fois plus à prouver quel acteur étonnant il est. Après Magic Mike et Killer Joe, il dévoile avec beaucoup plus de sobriété une autre facette de ses multiples personnalités. Zac Efron est épatant et ne se contente pas de jouer les beaux gosses torse nu la plupart du temps. Beaucoup d'émotion émane de son personnage. Les relations d'amour qu'il entretient avec son frère et sa nourrisse noire sont très touchants. John Cusak est parfait. Un salaud aussi irrécupérable doit être aussi jouissif à interprétrer par l'acteur qu'à découvrir par le spectateur.

    Je suis hélas moins convaincue par la prestation de Nicole Kidman. En Barbie défraîchie, naïve, fleur bleue et spontanée, elle est d'une vulgarité aux antipodes de ses rôles de grande gigue élégante et bourgeoise. Mais les trois scènes bien trash dont elle est "l'objet" (dont une (hilarante) qui renvoie Sharon Stone dans ses 18 mètres) ont l'air d'être parachutées là comme pour dire "regardez-moi, je suis Nicole Kidman et je pisse sur Zac Efron !" (entre autre). Elle semble crier "OSCAR" à chacune de ses apparitions et c'est agaçant. Qu'est devenue Virginia Woolf ?

  • GOD BLESS AMERICA de Bob Goldthwhait ***

    God Bless America : photo Joel Murray, Tara Lynne BarrGod Bless America : photo Joel MurrayGod Bless America : photo Joel Murray, Tara Lynne Barr

    En peu de temps Frank accumule la poisse. Divorcé? sa fille (une peste XXL) refuse de le voir au motif qu'elle s'ennuie chez lui. Il est fichu à la porte de son boulot après avoir été accusé (à tort) de harcèlement sexuel par une collègue. Il est en proie à de violentes crises de migraines. Ses voisins lui pourrissent la vie par leurs nuisances sonores et leur sans-gêne et, cerise sur le clafoutis, son médecin lui annonce sans ménagement qu'il est atteint d'une tumeur au cerveau inguérissable. Vautré devant sa télé qui diffuse des programmes affligeants Frank zappe d'une chaîne à l'autre et décide de mettre fin à ses jours. Au moment d'appuyer sur la détente, une idée germe dans son cerveau chahuté à la vision d'une émission de télé réalité consternante où une gamine de 16 ans capricieuse, colérique, détestable, (auto-)proclamée "reine du lycée" filmée 24 h/24 clame "les gens m'aiment car je suis riche et belle". Franck décide donc de partir en guerre contre la bêtise humaine. Vaste programme. Après avoir volé la voiture de ses exécrables voisins, armé, il se rend au lycée de la prétendue princesse et le carnage commence... Roxy, une lycéenne délurée, en révolte contre le système elle aussi, assiste réjouie à l'expédition punitive ! Finalement convaincu par la jouvencelle de ne pas se suicider Frank l'embarque dans son périple justicier.

    Le premier massacre donne le ton, il s'agit d'un rêve... Frank rêve d'exterminer ses insupportables voisins dont un bébé qui a le tort de hurler beaucoup et d'avoir la morve au nez. La bouillie qui jaillit sur les murs et la pauvre mère persuadée qu'un type ne tirerait pas sur un nourrisson donnent le ton, on est là pour rigoler. Cela n'empêchera pas de réfléchir un peu sur les pourquoi et les comment d'une société gangrénée entre autre par l'usage intensif de programmes débilitants et humiliants diffusés par une télévision de plus en plus écoeurante.  Mais il est dommage que le réalisateur n'assume pas le côté immoral, discutable voire contestable du traitement de son propos ce qui l'aurait rendu vraiment dérangeant. Car s'il est vrai que régulièrement des tarés s'érigent en redresseurs de torts et tirent sans discernement sur des "innocents", Bob Goldthwhait nous rend ses deux justiciers éminemment sympathiques. Alors on suit ce jeu de massacre en souriant et en faisant mine de s'offusquer "non, ils ne vont pas oser !"... mais heureusement, ils osent ! L'homme triste entre deux âges et la toute jeune fille survoltée trouvent mille et une raisons de tirer dans le tas, scandalisés que cette civilisation qui prétend évoluer compte si peu de gens civilisés. Alors tout y passe : les racistes, les cathos intégristes, les mal embouchés qui mangent du pop corn au cinéma, un présentateur intolérant... Et la quasi généralisation du port d'armes aux Etats-Unis est évoquée.  Mais là où le réalisateur et ses deux acteurs se "lâchent" complètement c'est dans la condamnation sans appel d'un reality-show, équivalent de feue notre Star'Ac où des candidats convaincus de leur talent viennent beugler leurs rengaines. L'humiliation et les moqueries cruelles dont fait l'objet un garçon obèse, débile et inaudible rend Frank particulièrement vindicatif et le carnage final met un point final granguignolesque à la sanglante cavale.

    Tary Lynn Barr, délicieuse et implacable petite poupée et Joel Murray (le frère de Bill) nounours nonchalant à l'incessante loghorrhée forment un couple improbable mais parfaitement réussi. La question de la pédophilie est résolue en une scène incroyablement belle et pure où le bonhomme qui a une morale, explique à la gamine qui considère leur aventure comme celle des Bonnie and Clyde du troisième millénaire, qu'il ne la désirera jamais puisqu'elle n'est qu'une petite fille. Une évidence. Par contre qu'elle devienne un sniper très doué et sans état d'âme ne le perturbe nullement. Jubilatoire.

  • À VENIR...

    LA CHASSE de Thomas Vinterberg ***

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    vu en présence de Thomas Vinterberg

    LA CHASSE de Thomas Vinterberg,GOD BLESS AMERICA de Bob Goldthwait,J'ENRAGE DE SON ABSENCE de Sandrine Bonnaire, cinéma

    GOD BLESS AMERICA de Bob Goldthwait ***

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    J'ENRAGE DE SON ABSENCE de Sandrine Bonnaire ****

    vu en présence de Sandrine Bonnaire et Augustin Legrand

    images.jpgLA CHASSE de Thomas Vinterberg,GOD BLESS AMERICA de Bob Goldthwait,J'ENRAGE DE SON ABSENCE de Sandrine Bonnaire, cinéma

    PAPERBOY de Lee Daniels **(*)

    la chasse de thomas vinterberg,god bless america de bob goldthwait,j'enrage de son absence de sandrine bonnaire,cinéma

    en présence de Zac Efronla chasse de thomas vinterberg,god bless america de bob goldthwait,j'enrage de son absence de sandrine bonnaire,cinéma

  • LOTTE

    n'est pas un thon, ce n'est même pas un poisson. Souvenez-vous... en 2010 au Festival D'Annonay nous avions rencontré cette actrice merveilleuse, Lotte Verbeek et elle était à l'affiche d'un film extraordinaire Nothing personal qui hélas n'a jamais trouvé de distributeurs (HONTE SUR EUX). Elle a pourtant pour ce film reçu le Prix d'interprétation au Festival de Marrakech et au Festival de Locarno.

    Comme l'anniversaire du Warrior tombe toujours en plein festival et réciproquement, il s'était même passé ceci :

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    Ensuite il y avait eu un bisou (car il a décidément une têtabisous) mais je n'ai pas eu le temps de flasher. Je n'avais pas encore mon super appareil de compèt.

    Cette jeune personne n'est pas seulement belle, intelligente et gentille, elle est aussi une formidable actrice. Pour ceux qui suivent les séries elle est d'ailleurs Giulia Farnese dans Les Borgias. Mais ce soir, vous aurez l'occasion de la découvrir dans un téléfilm de l'italien Maurizio Zaccaro où elle tient l'un des trois rôles principaux (vous pourrez par ailleurs y retrouver Sylvia Kristel) :

    sur Arte à 20 h 45 - LES DEMOISELLES DU SWING

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  • CAMILLE

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    Camille chanteuse, auteur, compositrice, bohême, bohémienne au pieds nus nous affirme qu'elle est "la plus belle maman, pour le plus beau bébé sur la plus belle planète". Et sa voix de cristal pur emplit la salle comme dans une cathédrale. Sa voix si musicale qu'elle n'aurait besoin d'aucune musique d'accompagnement pour nous ravir le coeur et les oreilles. Camille a compris que la voix, la sienne en tout cas, est un instrument de musique et elle en joue admirablement. Les variations qu'elle lui impose, ses vocalises donnent parfois l'impression que plusieurs personnes chantent. Etonnant ! Tirant partie d'une tessiture impressionnante qui va des plus graves au plus aigüs, parfois dans la même phrase. Chaque chanson devient une prouesse vocale alors que jamais on ne sent l'effort mais au contraire l'aisance d'un jeu. Et c'est jouissif, on frissonne, au bord des larmes parfois tant la première partie n'est que douceur et sérénité !

    Ses acolytes sont entrés en scène, deux beaux garçons coiffés d'étranges casques micros et une jolie fille. Ils sont chanteurs et musiciens. Il n'y a que des instruments à vent. J'ai envie de dire de "vrais instruments". C'est un bonheur. Et après quelques instants de grâce parfois voluptueuse, c'est un joyeux bastringue qui s'installe. Camille joue toujours avec les ampoules qui se balancent et font constamment alterner l'ombre, la lumière et les ombres chinoises. Tout est chorégraphié et mis en scène et pourtant Camille laissera libre court à l'improvisation à plusieurs reprises. Et Camille se déchaîne, clown, danseuse, acrobate mais toujours chanteuse remarquable et s'amuse avec son public qui intervient sur scène, qu'elle fait chanter aussi évidemment.

    Cela devient rock, punk, folk et même une Camille des faubourgs avec une "France des photocopies" à mourir de rire ! Deux heures impressionnantes d'énergie et d'enthousiasme. Un concert qui pète la santé et la joie de vivre ! Une artiste belle, extravagante, talentueuse et comparable à nulle autre.

    Camille est en tournée. Profitez-en !

    J'étais trop haut et un peu loin pour faire les belles photos que j'aurais voulu faire. Mais je suis quand même enchantée de mon nouvel appareil photo.

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    camille

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    Palala...

     

  • FESTIVAL INTERNATIONAL DU 1er FILM D'ANNONAY - 30ème ANNIVERSAIRE

     Devenez membre du Jury...

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    Est-il encore nécessaire que je vous présente ce Festival unique en France et si cher à mon coeur ?

    Pourquoi unique ? Pour mille et une raisons mais aussi parce qu'il est le SEUL festival désormais qui offre la possibilité à 8 cinéphiles, NON PROFESSIONNELS donc, de devenir le temps d'un week end, membres du jury sous la Présidence d'un réalisateur ou d'une réalisatrice. Au cours de ces trois jours

    du jeudi 7 au dimanche 10 février 2013,

     

    les 8 films en compétition seront projetés en présence de leurs réalisateurs.

    Je ne peux que vous recommander une fois encore de tenter votre chance et de devenir les élu(e)s comme je le fus moi-même en 2005, année où Jean-Pierre Améris était Président. Vous pouvez déjà faire une croix sur le fait d'avoir un tel Président mais pour le reste, ceux qui ont été "de l'aventure" peuvent en témoigner, l'expérience est inoubliable.

    Pour décrocher le graal c'est simple, il vous suffit d'affûter votre clavier et d'adresser une lettre de candidature. 3 pages maximum  avec vos nom, prénom, âge, profession, adresse et numéro de téléphone.

    Mais surtout, démontrez-y tout ce qui peut aider à cerner votre personnalité de cinéphile et qui donnera aux organisateurs l'envie de vous rencontrer. En outre évoquez les deux ou trois films que vous avez le plus aimés cette année, vos réalisateurs préférés, les genres cinématographiques que vous aimez et ceux que vous n’aimez pas, les raisons pour lesquelles vous souhaitez devenir membre du jury, la place qu’occupe le septième art dans votre vie, etc...

    Votre lettre doit parvenir avant le 15 décembre 2012 à :

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY

    MJC, 35, avenue Jean Jaurès

    07100 Annonay

     

    Mail : cinema@mjcannonay.org

    Site : www.annonaypremierfilm.org

     

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    La chance et l'intérêt de participer à ce Festival précisément cette année sont d'autant plus enviables, qu'il fête ses 30 années d'existence et que les surprises et événements risquent d'abonder.

    se tiendra du 1er au 11 février 2013.
     
    Il organise un grand jeu concours sur le thème :

    « Au cours de ces trente dernières années (1983 / 2012), quel est le premier long métrage français qui vous a le plus marqué ? »

    Pour participer, il suffit de répondre à cette question en indiquant votre choix (trois titres au maximum) par mail ou sur papier libre, avant le 30 novembre 2012.

    Le film ayant recueilli le plus de suffrages sera projeté lors d’une séance spéciale le samedi 2 février 2013, en présence (si possible) de l’équipe de réalisation.

    Pour vous aider dans votre choix, vous trouverez une liste indicative (non exhaustive) ici.

     

    Trois participants seront tirés au sort et se partageront les lots suivants :

    • 1er Prix : un Pass permettant d’assister gratuitement à toutes les séances du Festival 2013 + "le livre collector" des 30 ans du festival.
    • 2ème Prix  : 10 entrées gratuites pour le Festival 2013 + livre.
    • 3ème Prix : 5 entrées gratuites + livre.

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    Enfin, si vous êtes disponible pendant la durée du Festival ou sur quelques jours, pourquoi ne pas devenir stagiaire. L'expérience peut s'avérer passionnante également (cliquez sur l'affiche).

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  • DESPUÉS DE LUCIA de Michel Franco ***

    Después de Lucia : photo Tessa IaDespués de Lucia : photo Tessa IaDespués de Lucia : photo Tessa Ia

    Un type récupère sa voiture et le garagiste lui énumère la liste impressionnante et interminable des réparations qui ont été faites. Le type roule et en plein embouteillage, à un feu rouge, abandonne le véhicule sur place avec les clés à l'intérieur et on le voit s'éloigner, de dos ! On apprendra rapidement que la voiture est celle dans laquelle sa femme vient de mourir d'un grave accident et que c'est sa jeune fille Alejandra qui la conduisait. Et le film regorge de scènes de ce type, sèches, brutales, muettes, sans explication. Roberto et sa fille quittent l'endroit paradisiaque où ils vivaient pour venir vivre à Mexico et tenter de faire le deuil de Lucia. C'est ainsi qu'Alejandra intègre un nouveau lycée et se fait rapidement des "amis". Alejandra est une jeune fille superbe et bien qu'adolescente, elle est brillante, intelligente mais aussi secrète et ne révèle à personne le drame qu'elle vient de vivre. Par ailleurs, bien qu'entretenant des rapports très tendres avec son père très affecté par la mort de sa femme, à aucun moment elle n'évoquera l'enfer qu'elle vit. Un soir de beuverie, elle couche avec ce qu'elle croit être un gentil garçon qui filme leurs ébats. Dès le lendemain, la vidéo fait le tour du lycée et Alejandra devient la risée de tout le monde, puis "la pute" et enfin le souffre-douleur de toute sa classe.

    Le réalisateur traite du deuil. Du fameux "travail", impossible à faire, à concevoir. Seuls ceux qui n'ont jamais vécu la mort d'un proche peuvent prétendre savoir de quoi il s'agit. Les autres s'arrangent comme ils peuvent avec l'inconcevable. Et Alejandra et son père, quoique tendrement unis, ne parlent pas de leur douleur et s'isolent chacun dans leur enfer.

    Mais le film aborde aussi et surtout le thème de la violence à l'école, du harcèlement scolaire. Et ce qu'il nous offre à voir est simplement insupportable, insoutenable. Et il vaut mieux avoir le coeur et l'estomac solidement accrochés pour résister et endurer le calvaire d'Alejandra. Pourtant Michel Franco a l'intelligence ou la décence de laisser la plupart des scènes de violence hors champs. Mais pas toutes... Il nous donne ainsi à découvrir "l'adolescent", cette variété de bipède absolument déconcertante, inarticulée et nébuleuse dans toute son épaisse monstruosité. Ceux que l'on observe ici sont au-delà de la bêtise et de la méchanceté qui les habitent. Mus selon les individus, par leur crétinerie ou une jalousie épidermique, ils font de l'insouciance, de l'inconsistance et de l'inconscience un art de vivre. A vomir.

    La dernière scène, plan séquence hallucinant, laisse le spectateur cramponné à son siège pendant plusieurs minutes.

    La petite Tessa Ia, magnifique, courageuse illumine le film de sa douloureuse présence.

  • DANS LA MAISON de François Ozon ****


    Dans la maison : photo Ernst UmhauerDans la maison : photo Fabrice LuchiniDans la maison : photo Ernst Umhauer, Fabrice Luchini

    C'est la rentrée des classes. Germain prof de français dans un lycée semble un peu plus désabusé que les autres années et que ses collègues. Et encore davantage lorsqu'il découvre accablé que le Proviseur (discours incroyable de Jean-François Balmer impayable !) entend mettre en pratique une expérience faisant du Lycée Gustave Flaubert un "pilote". Tous les elèves porteront l'uniforme dans le but de les mettre sur un pied d'égalité sans signe ostentatoire de classe sociale. Pour Germain cela donne à ces ados une apparence encore plus grégaire. Mais il n'est pas au bout de ses surprises. Pour connaître le niveau de ses élèves il leur demande de rédiger un texte où ils racontent leur dernier week end. Le résultat est affligeant de banalité et de médiocrité et Germain est persuadé de tenir la classe de seconde la plus nulle qu'il ait jamais connue. Jusqu'à ce qu'il tombe sur le texte de Claude Garcia, élève de sa classe également mais qui raconte avoir observé une famille tout l'été et avoir réussi à devenir le meilleur ami de Rapha le fils. Epaté par l'aisance, le style et l'imagination du garçon bien que choqué par la formule "le parfum particulier de la femme de la classe moyenne" le professeur l'encourage à continuer son histoire. Dès lors le jeune homme va s'ingénier à tenter de retranscrire le récit de ce qu'il observe puis d'interpréter, de modifier le sens ou le cours des événements. La perversion des faits va bouleverser l'existence de pas mal de personnes.

    Et mine de rien la construction du film est vertigineuse et m'a évoqué une oeuvre musicale, une symphonie inachevée. D'abord piano, le récit va crescendo jusqu'à atteindre une forme d'apothéose où tout n'est plus que confusion pour s'achever dans une espèce d'apaisement illusoire, un trompe l'oeil très Fenêtre sur cour où l'on se dit que le prof et l'élève, complices désormais, n'ont pas fini de sévir. Jubilatoire. A suivre... comme dirait Claude Garcia. Le jeune homme, visage d'ange, corps gracile et délicat incarne au premier abord la douceur et l'innocence. Mais parfois sur sa frimousse parfaite passe l'ombre cruelle de l'ironie. Le professeur, comme nous, se laisse prendre par cette apparence inoffensive. Et à un moment on ne sait plus qui du prof ou de l'élève manipule l'autre. Qui admire l'autre, qui le désire peut-être, ou l'idéalise ? Le professeur envie t'il son élève pour son talent, lui qui n'a réussi qu'à écrire un roman médiocre ? C'est un peu comme si Verlaine avait trouvé son Rimbaud et voulait le façonner comme il l'entend. Et les références pleuvent à chaque scène. Comment ne pas évoquer le Visiteur du Théorème de Pasolini puisque Claude parvient à tour de rôle, en fonction des exigences de son prof qui réclame un peu plus d'aspérités, d'obstacles, à séduire chaque membre de la famille très ordinaire de son copain ? D'abord le fils, Rapha, garçon quelconque, sans charme ni talent. Puis le père (Denis Ménochet, acteur impeccable et décidément "transformiste"), brave type fruste, bon père, bon mari quoique vaguement macho mais finalement fragile et harcelé dans son travail. Et la mère (Emmanuelle Seigner, insaisissable, lasse et troublante), la femme qui s'ennuie le plus sur terre et rêve de véranda, son Maison & Travaux continuellement à la main. Et Claude n'a qu'à paraître pour capter l'attention. Il trouble et ensorcelle avec un minimum d'effets (Ernst Umhauer est une révélation).

    Jamais encore il ne m'avait été donné de ressentir cette impression qu'un film s'écrit au fur et à mesure qu'on le regarde alors que le scenario est une impressionnante mécanique de précision. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas un hasard si à un moment Germain et sa femme (Kristin Scott Thomas, sensationnelle en gérante d'une galerie d'art très spéciale, mais menacée de fermeture) vont au cinéma et s'arrêtent devant l'affiche de Match Point de Woody Allen. Leur couple d'intellos petits bourgeois, complice et finalement fragilisé ou mis à nu par l'intrusion de Claude, n'est pas sans rappeler celui que formait Woody Allen et Diane Keaton dans Meurtre mystérieux à Manhattan. On rit beaucoup à voir s'affronter leurs points de vue sur la vie, les êtres, l'art, le talent ou le génie. Et à observer leur hypocrisie aussi car le regard méprisant que porte le jeune homme sur la "famille ordinaire" reflète sans aucun doute leur propre opinion. Jusqu'où, sous prétexte de création, sont-ils capables d'aller pour que le récit de Claude devienne une oeuvre littéraire ? L'interprétation d'une oeuvre étant un des thèmes récurrent du film, notamment au travers de la galerie de la femme de Germain. On peut dire tout et n'importe quoi à propos d'une oeuvre, empiler des mot, s'extasier et parler d'art. La double apparition de Yolande Moreau en jumelles est un régal !

    Et à la question "peut-on abandonner toute morale sous prétexte de génie ?". Fabrice Lucchini répond sans hésitation "bien sûr, sinon, on ne lit pas Céline." Et l'acteur débarrassé de la moindre emphase du show man dont il est capable (un régal pour moi qui suis fan par ailleurs) est parfait dans ce rôle idéal du prof de français hyper cultivé. En rien un rôle de composition, puisqu'il empoigne sans cesse dans ce film tous les ouvrages dont il nous parle depuis des années. Flaubert en priorité. Un film qui donne envie de lire et qui brasse un nombre incalculable de thèmes sans sombrer dans un salmigondis psychologisant. Efficace, jubilatoire, cruel, immoral, simple et complexe. Le meilleur Ozon ?

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    Et n'oubliez pas que vous pouvez poser des questions à Denis Ménochet (formidable une fois encore ici), sur ce film mais pas uniquement bien sûr. Je vous laisse jusqu'à dimanche soir, le temps pour vous de voir le film.

  • DENIS MÉNOCHET RÉPOND A NOS QUESTIONS

    Vous le savez depuis plusieurs années, Denis Ménochet est pour moi un garçon acteur indispensable. Le genre qui "grandit" de film en film.

    Vous allez me dire qu'il y a quelques garçons indispensables sur ce blog. Je suis d'accord, sauf que 99 % d'entre eux n'atteindront jamais la destination qui passe par cette route. Tans pis pour eux

    Mais parfois, miracle de la toile, des rencontres se font.

    Ce qui a attiré Denis ici c'est ce titre qu'il a découvert par l'intermédiaire de son agent. Evidemment je lui en voulais à mort un peu à cause de ceci... mais je peux être magnanime et j'ai finalement accepté sa contrition. Je vous passe les détails sur la façon dont nous nous sommes "rencontrés" car il y a de jolies choses (un peu étranges quand même) que je veux absolument garder pour moi...

    Aujourd'hui, à l'occasion du très attirant film de François Ozon dans lequel il est le mari d'Emmanuelle Seigner et qui sortira ce mercredi 10 octobre

    denis menochet,dans la maison de françois ozon,cinéma

    et en accord avec Denis qui accepte de répondre à une interview (en exclusivité mondiale) pour ce blog, je vous propose de participer à cet échange en lui posant des questions si vous le souhaitez.

    Je vous invite donc à m'envoyer vos questions à uupascale@gmail.com Je les lui soumettrai et vous livrerai ses réponses, dès que possible, car depuis des mois, tant mieux pour lui et pour nous, il enchaîne les tournages.

    Souvenons-nous que même s'il travaillait déjà depuis des années, c'est Tarantino, un américain, qui nous a mis face à ce comédien français dans un film prodigieux Inglourious basterds. Denis Ménochet partage avec Christoph Watlz, terrifiant, la capitale et exceptionnelle scène d'ouverture du film. Il est Monsieur Lapadite contraint de faire le choix de sauver sa famille ou protéger ses voisins juifs qu'il cache dans sa cave. La scène époustouflante, renversante est inoubliable et l'un des moments de bravoure du film. Au verbiage obséquieux du nazi manipulateur répondent les doutes, les silences et les larmes de Monsieur Lapadite (Denis). 

    Petite piqûre de rappel :

    Les américains ont essayé de nous piquer Denis puisqu'il a également été de l'aventure Robin des Bois de Ridley Scott (excusez du peu), mais heureusement les réalisateurs français l'ont ramené au bercail. Nous avons entre autre pu le voir en prince charmant chez Mélanie Laurent dans Les adoptés, en ex para traumatisé chez Julie Delpy dans Le Skylab, en amoureux inconsolable et maladroit chez Cécilia Rouaud dans Je me suis fait tout petit. Apparemment, il aime travailler avec des filles...

    A vos plumes claviers donc, soyez imaginatifs et drôles comme vous savez l'être afin que nous sâchions TOUT ce que nous avons toujours voulu savoir sur Denis Ménochet sans jamais oser lui demander.