Sur la Route du Cinéma - Page 305
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ANNALISA de Pippo Mezzapesa **
C'est l'été, il fait très chaud dans ce village du Sud de l'Italie et forcément les ados s'ennuient. Après une scène de torture inaugurale, Veleno "Poison" le torturé, et Zazà le sauveur, deviennent amis. Et pourtant tout les sépare, notamment leur milieu social. Zazà joue au foot et son entraîneur l'a convaincu qu'il pourrait se faire remarquer par le sélectionneur de la Juve. Il rêve de se sortir des quartiers populaires où il croupit, parfois "utilisé" par son frère aîné pour ses traffics en tout genre. Quant à "Poison", il aimerait s'émanciper, se libérer de son milieu bourgeois où il ne s'épanouit pas non plus.
Les matchs de foot, les baignades, la drague rythment mollement la vie des amis jusqu'au jour où ils aperçoivent en haut d'un bâtiment, une jeune fille prête à se jeter dans le vide. Libre, belle, sensuelle et énigmatique, Annalisa devient l'objet de tous les fantasmes et l'imagination des garçons va bon train. La légende qui entoure la jeune fille donne aux garçons un peu d'audace et pas mal de crétinerie.
Parallèlement aux divagations des jeunes gens, les élections municipales se préparent. Et à force de multiplier les pistes, le réalisateur nous égare, on ne sait plus trop où il veut en venir et l'attention se détourne un peu d'une histoire insaisissable. Dommage car il parvient par moments à imprégner son film de troublants battements de coeur. On peut également regretter, comme il arrive fréquemment, qu'un traducteur fou (restons bien élevé) ait choisi de remplacer le titre initial Il paese delle spose infelici (Le pays des épouses malheureuses) par Annalisa...
Cela dit, le film est visuellement très beau. L'écran est constamment écrasé de soleil dans des tons ôcres très élégants. L'utilisation des ralentis appuyés de musique classique surprennent par la rupture insolite qu'ils imposent soudain. Mais cette éloquence, cette virtuosité maladroites et déconcertantes laissent néanmoins présager d'un avenir pour Pippo Mezzapesa dont il ne nous reste plus qu'à attendre un deuxième film plus convaincant.
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LE TEMPS QUI RESTE de François Ozon (DVD) ****
C'est l'été et j'ai décidé de me faire une cure de Melvil, car s'il est Laurence Forever et Anyways... ce garçon, malgré une filmographie impressionnante, a peu de premiers rôles à son actif. En voici un qui m'avait bouleversée en 2005. Si vous n'avez jamais vu ce crève-coeur de François Ozon, précipitez-vous sur le DVD.
Un jeune homme, mourant, choisit de refuser tout traitement et de vivre les quelques jours qui lui restent seul, absolument seul. Il choisit de faire le deuil des vivants, il s’applique à se montrer antipathique à tout son entourage pour ne leur laisser que remords et culpabilité. Ce jeune homme n’est pas sympathique.
C’est le monde à l’envers. Dans une telle situation « on »cherche l’amour, la compassion, à laisser de soi une belle image ou à vivre « le temps qui reste » dans l’urgence en réalisant tout ce qu’on n’a pas pu faire… Romain est différent et au fond peut-être a-t-il raison, quand rien ne va plus, quand la fin est proche, c’est sûrement l’enfance qui nous appelle vers des plages bretonnes… Romain c’est Melvil Poupaud, beau et athlétique au début puis beau et squelettique à la fin, un sourire d’ange, une démarche de plus en plus incertaine et chancelante, il se révolte à peine sinon par quelques larmes, quelques sanglots et un long cri déchirant, à se claquer la tête contre les murs.
Malgré la progression implacable de la maladie, malgré la fin qui se rapproche inéluctable, le film ne déploie ni pathos ni scène racoleuse. Après l’exécrable « 5X2 » François Ozon réussit l’exploit de nous tirer les larmes sans violon et sans tirade explicative. Cet anti-héros avance jusqu’à cette plage de sable où il s’offre une dernière glace au chocolat qu’il savoure des yeux avec gourmandise, mais les métastases au foie l’empêchent d’aller au bout de cet ultime plaisir qui le ramenait aux douceurs de son enfance. Avant ce plongeon dans la mer, il aura essayé de dire au revoir à ceux qu’il aime malgré tout… mais lorsqu’il dit « pardon », il est seul et personne ne l’entend.
Seule sa grand-mère aura droit à ses confidences Et la grand-mère c’est Jeanne Moreau, capable d’entendre qu’elle est la seule à pouvoir le comprendre puisque comme lui « elle va mourir bientôt ». Jeanne Moreau est sublime et magnifique, belle et magique, émouvante et consolante. En deux scènes, elle nous rappelle ce qu’est une actrice : une présence indiscutable…et lors de ces deux scènes on n’a aucun doute : Jeanne Moreau et Melvil Poupaud sont une grand-mère et un petit-fils. Entre ces deux-là il s’est vraiment passé quelque chose et là, notre plaisir de spectateur est à son comble et à travers le brouillard qui embrume le regard on se prend à rêver d’une grand-mère comme elle, qui ne juge pas, qui ne conseille pas, qui dit « je t’aime ».
Voilà, des acteurs magnifiques, une histoire forte racontée simplement, c’est le cinéma.
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BOWLING de Marie-Castille Mention-Shaar *
Catherine parisienne coincée mais néanmoins cadre sup' débarque dans un hôpital breton avec pour mission de restructurer le service maternité très déficitaire. Dès son arrivée à Carhaix (prononcez Carré pour éviter de vous faire traiter de con) elle fait la connaissance de Mathilde sage-femme forte en gueule et ronchon, Firmine puéricultrice antillaise toute en rondeurs et Louise, propriétaire du bowling. Je vous laisse le soin de deviner qui interprète qui ! Un indice : il n'y a AUCUNE erreur de casting.
Les trois amies bouseuses de longue date intègrent immédiatement Catherine la bourgeoise à leur équipe et cette dernière devient en deux entraînements championne du strike et permet à la dream team de remporter des tournois. Mais la révolte gronde à l'hôpital qui ne fait plus de chiffre et la belle amitié s'assombrit d'une dure lutte syndicale pour tenter de faire en sorte que le service maternité ne soit pas fermé. Car il est inconcevable que plus aucun bébé ne naisse à Carhaix !
Ce film est fait pour vous, si, armés d'une indulgence sans borne :
- vous avez envie de faire le décompte d'un empilement de clichés à propos des parisiens bourgeois ptés de thunes qui n'ont jamais vu une vache et des pedzouilles bretons qui jouent du binious et sont têtus comme des bourriques,
- entendre qu'il pleut en Bretagne,
- voir comment Firmine Richard (à perruque improbable) vous résoud un baby-blues simplement en passant la tête par la porte d'une chambre,
- entendre Mathilde Seigner grogner et balancer ses quatre vérités à tout le monde,
- admirer des strikes en rafales,
- contempler des hommes mous du genou et complètement à côté de la plaque,
- être consternés par un inspecteur du permis de conduire ravagé d'eczéma posé des jugements et des diagnostics sur chacun de ses candidats,
- voir la scène finale la plus débile qui soit... etc !
Je sais j'ai mis une étoile ! Mais bon, Catherine Frot est irréprochable !
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STUDIO CINÉLIVE
Deux exemplaires à gagner :
Dans ce numéro où une fois encore Batman a les honneurs de la couverture, vous pourrez trouver les articles suivants :
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- toutes les critiques des films à venir,
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- une interview de Christian Bale, Marion Cotillard et Joseph Gordon-Levitt,
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- un port folio des 10 films les plus attendus de la rentrée,
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- la leçon de cinéma de Michel Gondry,
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- le tournage du prochain Tarantino : Django Unchained...
Pour gagner il faut retrouver à quels films appartiennent ces images.
UNE SEULE RÉPONSE À LA FOIS PAR PERSONNE.
ON NE REJOUE QUE LORSQUE J'AI VALIDÉ LA RÉPONSE.
LES GAGNANTES sont Ladybug et Claire
GAME OVER. Merci.
1
SEPT ANS DE REFLEXION trouvé par Ladybug
2
HUMAN NATURE trouvé par Claire
3
LE MYSTERE VON BULOW trouvé par Jordane
4
LE DISCOURS D'UN ROI trouvé par Martin K
5
çA REND HEUREUX trouvé par Florence
6
JANE EYRE trouvé par Pauline
7
BRONSON trouvé par Mister Loup
8
MARTHA MARCY MAY MARLENE trouvé par Fréd
9
38 témoins trouvé par Ph
10
LA RIVIERE SANS RETOUR trouvé par marion
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THE DARK KNIGHT de Christopher Nolan **
Bruce Wayne et Batman qui ne font qu'un (j'espère ne choquer personne !) ne vont pas fort. Le chevalier noir est en pièces détachées. Souffreteux et boitillant il vit reclus dans son immense domaine aux bons soins du brave Alfred. Son dernier combat avec le Jocker l'a laissé KO. Par ailleurs, souvenez-vous, pour laisser aux habitants de Gotham une bonne image de leur héros et procureur Harvey Dent (alors que c'était un vilain) le Bat s'est accusé de son meurtre. Depuis huit ans il ne met plus le nez dehors, ne sort plus sa batmobile, ne se rend plus aux pince-fesses en ville entouré de potiches et vit dans le remords et le souvenir de sa fiancée qu'il n'a pu sauver. La bonne nouvelle c'est que le crime a été totalement éradiqué et que les flics de la ville en sont pratiquement réduits à aider les vieilles dames à traverser dans les passages piétons ! Jusqu'au jour où une grande fille longue et fine habillée en chatte s'introduit jusqu'au coffre fort de Bruce pour lui subtiliser le collier de perles de maman mais surtout lui piquer ses empreintes digitales et les vendre à un vilain. Ce dernier s'adjoint les services d'un terroriste bien fêlé du bocal, Bane pour vous servir, qui manie la bombe atomique comme un gadget et a la charge qui le réjouit fort, d'assujetir New-Y... euh, Gotham ou de tout faire péter, ou les deux... On ne comprend pas tout. Si on est par ailleurs bien peu convaincus par la partie écologique de l'affaire, on comprend fort bien qu'en quelques clics bien placés Monsieur Wayne se retrouve ruiné ! Du coup le Bat se sent obligé de reprendre du service, mais mal en point comme il est, c'est pas gagné. Il va falloir soulever de la fonte !
ATTENTION, ça va SPOILER, et pas qu'un peu, enfin je crois.
Donc il y a du bon, et du moins bon, mais pour faire vite, c'est une déception. Le sublime (rare) côtoie le banal et le porte nawak. Et contrairement à ce que j'ai lu et entendu très doctement dire, Christopher ne parvient pas à conclure sa trilogie, bien au contraire. J'ai donc adoré la première fin qui aurait été très triste mais audacieuse sauf que Monsieur Nolan n'a pas de couilles. J'ai détesté la deuxième fin, bêtasse et hollywoodienne comme pas possible. Et j'ai finalement soupiré d'agacement à la troisième fin finale qui laisse envisager tous les possibles dans un futur proche. J'espère donc que JGL aura la force, le courage et le talent de dire non, Non et reNON.
Les moins :
- lorsqu'une bombe atomique explose à quelques miles des côtes terriennes, on ne fait pas dire à un personnage : "ouf, on l'a échappé belle, on ne risque rien". Gros risque involontaire de fourire,
- on ne trimballe pas tous azimuts une bombe atomique en la secouant comme un prunier, ça ne se fait pas et ça n'est pas crédible,
- lorsque l'on multiplie les intrigues et les sous-intrigues écologiques, industrielles, commerciales, économiques, sécuritaires, financières et gadgétiques, on s'arrange un minimum pour que les dialogues soient à la portée du commun des mortels,
- lorsque l'on a l'une des rolls des acteurs actuels, Tom Hardy, on ne le dissimule pas sous un masque (baptisé "L'ouvre boîte" par mon Jules...) ridicule. D'autant qu'il suffit de voir la bande-annonce une seule fois pour ne pas même avoir l'once d'une surprise. Le visage de furieux que peut avoir Tom Hardy est bien plus expressif et flippant que ce machin en toc. Grosse, grosse erreur donc ! Depuis le sac en toile de jute de Cillian Murphy on n'a pas fait plus con.
- on ne balance pas 2 h 42 mn de musique tonitruante et inceptionienne sur un film qui en comporte 2 h 44 mn sous prétexte de combler du vide...
Les plus :
- le désossage en plein vol d'un avion ; ça ne sert à rien mais Christopher Nolan aime casser ses jouets et il le fait bien,
- l'humour et l'énergie de Anne Hataway qui s'amuse comme une chatte. Même s'il est urgent qu'elle se débarrasse de ce rouge à lèvres carmin qui coule,
- le rassemblement et l'ensevelissement en une seule étape de TOUTE la police de New... Gotham,
- le fait que le destin de Gotham city soit entre les mains d'un flic novice fan de Batman, et d'un autre mal en point et hospitalisé,
- la réplique de Cillian Murphy chargé de rendre les verdicts d'un tribunal fantoche. A Gary Oldman condamné à l'éxil ou à la mort et qui dit "je ne choisirai évidemment pas l'éxil" (il faut voir la tête de l'éxil :-)), il répond : "très bien, donc, la mort... par l'éxil",
- la noirceur du personnage de Batman/Bruce qui n'en peut plus de vivre (Christian Bale très humain et touchant),
- le casting glamourissime.
Mais Heath peut continuer de reposer en paix, ce Rises n'arrive pas à la cheville du précédent Dark Kgnight dont il était le monstrueux héros bouleversant.
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HORREUR !!!
J'ai fait une fausse manip... En voulant supprimer UNE note dans ma page administrative... J'ai supprimé TOUTES les notes de juillet pratiquement... Même celle de LAURENCE ANYWAYS...
J'ai écrit à Haut et Fort pour savoir s'il y avait moyen de les récupérer. J'attends la réponse mais j'ai peu d'espoir...
Si jamais, (mais je me demande pourquoi quelqu'un aurait ça)... quelqu'un avait mes derniers articles... merci de me les envoyer à uupascale@gmail.com
Quelle nouille je vous jure... et je suis polie !
UN PEU PLUS TARD...
HALLELUYAH
Mon Dada est un génie. Il vient de m'appeler et m'a donné une méthode :
ça marche !!!!
Joie bonheur !
Je vais pouvoir récupérer les articles, par contre il n'y aura pas vos commentaires !
Merci à mon Dada qui m'a bigophoné illico et aux autres qui se sont manifestés, comprenant mon grand désarroi.
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JANE EYRE de Cary Fukanaga **
Pour les quelques rares qui n'auraient pas lu le Roman de Charlotte Brontë, jetez-vous dessus, c'est magnifique et follement romantique. Je rappelle que Jane Eyre est une riche héritière (qui l'ignore) orpheline recueillie par une tante qui la déteste et la martyrise moralement et un cousin qui la déteste et la martyrise physiquement. Entre deux coups sur la tête et des enfermements dans une chambre rouge prétendûment hantée, Janette n'est pas à la fête pendant son enfance. Convaincue qu'elle est une mauvaise personne, la tata l'a fait enfermer dans un institut pour jeunes filles non désirées. Et les sévices continuent. Mais Jane y acquiert intelligence et éducation. Elle est ainsi engagée par Mrs Fairfax au domaine d'Eward Rochester pour éduquer la pupille de ce dernier. Le garçon est taciturne et plutôt mal embouché et dans son immense demeure il se passe de drôles de choses dont personne ne peut parler. Jane la parfaite, se fait admettre, désirer, aimer mais boude, persuadée (entre autre) que sa condition prolétaire ne peut convenir à l'aristocratique Edward ! Elle s'échappe, manque mourir, est recueillie par Saint John et ses soeurs et Edward dans tout ça ?
Well. Comment dire ? C'est beau, c'est bien fait, follement classique, tout à fait pris au pied de la moindre lettre du roman dont les fans pourront applaudir la fidélité. Et puis un film qui donne envie de (re)lire ne peut être tout à fait mauvais.
Mais ce qui ne va pas mais alors pas du tout c'est l'erreur monumentale et impardonnable de casting dont le film ne se libère jamais. Et oui, Mia parvient à être Jane lorsqu'elle est seule à l'écran mais en présence de Rochester campé ici avec beaucoup de prestance et de cynisme, comme le personnage l'exige par l'impeccable Michaël Fassbender qui a bien du mérite, on n'y croit pas, mais alors pas du tout. En effet, et c'est incompréhensible que ça n'ait pas sauté aux yeux du réalisateur... le couple Mia-Jane/Michaël-Rochester ne fonctionne à aucun moment. L'actrice, charmante au demeurant est ici amochie à un point incompréhensible. Elle est d'une fadeur voire d'une transparence impressionnante. Mais ce ne serait rien si la différence d'âge (réelle dans le roman) ne donnait constamment l'impression d'une petite fille face à son père. Et l'inceste n'est pas d'actualité dans le roman de Charlotte Brontë que je sâche. Mia Wasikowska a certes 23 ans mais elle en paraît 10 de moins et Michaël Fassbender qui n'a que 35 ans IRL en paraît 10 de plus. ça ne passe jamais à l'écran. En outre, Mia/Jane manque furieusement du feu de la passion qui anime Jane, et voir Michaël/Edward se consumer devant cette petite fille finit par devenir risible. Lorsqu'elle se trouve face à Saint John (Jamie Bell, très bien) qui lui aussi tombe amoureux d'elle... là encore, on n'y croit pas. De petite fille, elle se transforme en petite soeur ! Par ailleurs, le réalisateur oublie complètement de montrer comment Jane et Edward finissent par se comprendre et s'aimer. Comment leur complicité se joue de tous les obstacles.
Néanmoins, la fidélité au roman que j'ai tant aimé m'a fait passer un moment littéraire mais pas cinéphile ! Dommage.
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LES ENFANTS DE BELLE VILLE de Asghar Farhadi ???
Synopsis officiel : Akbar est jeune, il vient d’avoir 18 ans, mais Akbar est condamné à mort. Alors qu’il attend son exécution dans une prison de Téhéran, son meilleur ami et sa sœur vont tenter d’obtenir le pardon du père de sa victime, seul moyen pour lui d’échapper à son destin.
Donc, j'ai vu ce film. J'avais d'abord décidé de ne pas vous en parler car il m'a fait un drôle d'effet... Et puis finalement j'en parle. Je suppose que la sortie de ce film de 2004 n'est dû qu'à l'immense et mérité succès du prodigieux Une séparation. Mais celui-ci n'a rien à voir même s'il parle de la famille et de la société. Il est surtout infiniment plus lent, répétitif (Akbar et la soeur de son ami doivent se rendre une bonne dizaine de fois chez le père de la victime pour implorer le pardon...) voire franchement soporifique... malgré des révélations sur la société et la "justice" iraniennes vraiment révoltantes.
Le truc étrange qui s'est produit c'est qu'au bout d'un moment j'ai ressenti comme une over-dose de bondieuseries et d'injustice... qui m'ont rendu incapable de "profiter" encore intelligemment (oui je sais...) du film. Je n'avais plus qu'une idée, une obsession en tête : dire aux filles de jeter leurs foulards à la poubelle et aux garçons de tirer un coup bordel, avec une fille de leur âge, consentante si possible ! Ce qui n'est pas très cinématographique ! Tant pis.
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JE ME SUIS FAIT TOUT PETIT de Cécilia Rouaud **
Yvan vit une période difficile qui s'éternise. Lorsque sa femme l'a quitté 5 ans plus tôt pour suivre un nouvel amour en Thaïlande, elle lui a laissé leurs deux filles. Les deux adolescentes ont préféré vivre chez Ariane, la soeur d'Yvan, une jeune femme dévouée mais perturbée par des TOC (Léa Drucker) et protégée par un mari attentif (Laurent Lucas). Malgré ses maigres et maladroits efforts pour reconquérir ses filles, Yvan ne parvient à rien et décide d'aller enseigner le français et l'attribut du sujet dans sa Bretagne natale où l'attend une maison familiale isolée. C'est alors que débarque dans sa vie Léo, le petit garçon de 5 ans de son ex qui décidément s'y entend pour pondre et abandonner la couvée ensuite, et que lui tombe dans les bras Emmanuelle, une jeune femme farfelue qui ne tient pas bien sur ses pattes arrière, mère également de deux enfants.
Recomposer tout ce bazar sans faire trop de dégâts ne va pas être de tout repos pour Yvan qui ne s'y entend pas trop mal pour ne pas prendre les bonnes décisions.
Ce film aurait pu être un drame épouvantable tant les situations vécues par les enfants sont révoltantes. En particulier celle du petit Léo trimballé, délaissé, pas désiré. Complètement mutique, soudé à sa poupée Arlette, la situation du petit garçon est un véritable crève-coeur qui atteindra son apogée lors de son anniversaire au cours duquel sa mère (qu'on aurait envie d'aller chercher à coups de triques, mais le film se garde bien de porter ce genre de jugement !) se manifestera d'une bien cruelle façon. Les deux ados ne sont pas en reste et l'une d'elles fera d'ailleurs justement remarquer qu'avec de tels parents, elles assureront la survie de quelques psy pour pas mal de temps !
Pour être quotidiennnement au contact de familles composées, décomposées, surcomposées je peux affirmer que ces situations abracadabrantesques ne sont pas spécialement cinématographiques mais bien réelles. Le reproche que je ferai donc au film est de ne pas avoir choisi entre comédie sentimentale et familiale épanouissante et réflexions sur les ravages causés par des événements et comportements à haute teneur traumatisante. On surfe donc constamment entre les considérations à propos du rôle des parents et les dégâts collatéraux provoqués sur les enfants, et la résolution des problèmes sentimentaux d'Yvan qui donne au film une direction beaucoup plus légère.
Ce qu'il faut reconnaître par contre c'est que les deux acteurs principaux s'adaptent admirablement au style un peu bancal du film et qu'ils lui offrent tout l'humour, la fantaisie et le charme qui en font un plaisant divertissement. Vanessa Paradis et Denis Ménochet sont très drôles. Elle est adorable et lui craquant en papa maladroit qui se découvre, et en amoureux d'une poupée qui voudrait lui dire non...
Denis me disait hier (oui messieurs dames, mais ce serait trop long à vous expliquer et cela ne vous regarde pas) de ne pas me gêner s'il avait le "charisme d'une huître" (je le cite) dans un film, de le signaler. Donc, je ne me gênerai pas. Promis. Mais dans ce film Denis, tu es aussi charmant et adorable que Vanessa !