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cinéma - Page 202

  • BROKEN de Rufus Norris *** - DAVID ET MADAME HANSEN de Alexandre Astier ** - DARK HORSE de Todd Solondz **

    Il me reste peu de temps pour vous parler des films que j'ai vus et qui valent le détour. Je vous propose donc un bref aperçu de ce que j'en ai pensé.

    Portez-vous bien en mon absence car si pour vous l'été et les bienfaisantes vacances ne sont plus qu'un souvenir, pour moi, ils ne font que commencer... ENFIN !

    Soyez sages, allez au cinéma et ne lâchez rien !

    BROKEN de Rufus Norris ***

    Broken : photo Eloïse Laurence, Tim Roth

    Les menaces grondent de toute part autour de Skunk, pré-ado de 11 ans ! Elle n'est guère rassurée par son frère aîné qui lui assure que son entrée en sixième sera un cauchemar. Et brusquement dans cette période transitoire, même son quartier semble devenir hostile. Son voisin Rick, un peu fêlé du bocal mais inoffensif se fait tabasser par un autre voisin tout récemment veuf et père de trois filles qu'il tente de protéger. Bizarrement, c'est Rick que la police vient arrêter. Il faut dire que les trois pestes délurées et perturbées par la mort de leur maman sans doute, passent leur temps à racketer leurs camarades d'école, à les rosser à la sortie de classe ou à accuser les hommes qu'elles rencontrent de les avoir violées. Un garçon de passage et un tout nouveau prof (Cillian Murphy...) offriront à Skunk ses premiers émois amoureux. Le diabète de type I qu'elle combat depuis la naissance lui causera quelques tracas...

    Malgré les catastrophes en cascade qui s'abattent sur Skunk, son entourage, son quartier... il serait dommage de passer à côté de ce (premier) film pas vraiment réjouissant mais étrange et attirant. La première scène où un bébé très agité dans une couveuse est apaisé par la main de son papa qui se pose sur son front donne néanmoins le ton et l'on comprend qu'il y aura beaucoup d'amour dans cette histoire. Et puis par la grâce d'une petite actrice d'une dizaine d'années, rayonnante, craquante, au sourire irrésistible, gloire à Eloïse Laurence (...) et à un acteur immense (par le talent) ici paternalissime et d'une douceur incroyable, Tim Roth, le film devient fort et attachant.

    DAVID ET MADAME HANSEN de Alexandre Astier **

    David et Madame Hansen : photo Alexandre Astier, Isabelle AdjaniDavid et Madame Hansen : photo Alexandre Astier, Isabelle Adjani

    Madame Hansen-Bergmann souffre d'une amnésie intermittente suite à un violent traumatisme (que nous découvrirons beaucoup plus tard). Elle est placée dans une clinique suisse très chic. Le protocole de soins prévoit qu'elle puisse sortir parfois accompagnée d'un membre de l'équipe soignante et avec un programme précis. Tout nouvel ergothérapeute dans cette clinique et pas vraiment à cheval sur le règlement, David finit par céder aux pressions de sa patiente qui s'ennuie pour détourner un peu le protocole.

    C'est le propre des personnes entreprenantes et audacieuses de s'aventurer là où on ne les attend pas. Alexandre Astier, artiste multi-cartes et multi-fonctions, devant, derrière la caméra et au pupitre de la très jolie partition musicale est de cette trempe. Et son film bénéficie et souffre de son trop plein d'énergie, de talent et d'imagination. Du côté des "moins", je placerai le dernier quart d'heure qui vire hélas à la psychologie de bazar et offre une (presque) résolution miraculeuse des problèmes. Par ailleurs, ne pas connaître le traumatisme de Madame Hansen n'aurait nui en rien à l'entreprise. Et même si on lui souhaite évidemment d'aller mieux, que ses progrès surgissent par l'agilité d'un ergothérapeute qui justement ne paraissait pas très doué n'est pas très crédible.

    Par contre, on ne remerciera jamais assez Alexandre Astier (excellent acteur, bougon, boudeur et drôle) d'avoir choisi Isabelle Adjani pour être sa madame Hansen. La star s'est totalement fondue dans l'univers et le langage abrupt du réalisateur. Elle est drôle, déconcertante, brutale, hautaine, méprisante. Elle manie l'insulte avec brio. Et on la retrouve telle qu'on l'aime, capable de brisures soudaines. D'une fragilité incroyable et envahie soudain d'une détresse déchirante (qu'hélas Alexandre Astier explique un peu maladroitement) Isabelle Adjani est semblable à la "Elle" de l'Eté meurtrier (30 ans déjà !) où elle pouvait passer de façon étonnante voire inquiétante de la joie à une tristesse inconsolable !

    Les fans d'Astier et d'Adjani peuvent être aux anges ! Ils sont à leur meilleur.

    DARK HORSE de Todd Solondz **

    Dark Horse : photoDark Horse : photoAbe,

    Abe est gros, paresseux, pas bien malin et pas bien sympathique. Il a la chance de travailler dans l'agence de son père, agent immobilier. Mais son incompétence égale sa fainéantise. Il rencontre Miranda, malade et déprimée qui vit aussi chez ses parents. Elle n'a aucune attirance pour Abe mais accepte quand même de l'épouser.

    Pas grand chose à dire de ce film un tantinet soporifique dans lequel il est bien difficile d'éprouver de l'empathie pour son héros, alors qu'il aurait dû (normalement) provoquer beaucoup de compassion compte tenu de la façon dont il est traité par son entourage. Je ne sais à quoi cela tient. A l'acteur sans doute ou au personnage pas bien intéressants.

    Mais il y a dans ce film un Acteur grandiose et qui explose l'utilisation de tous les superlatifs dont je suis capable tellement il est merveilleux. Hélas comme il se fout de ses fans inconditionnelles et de sa carrière en pointillés, il n'apparaît jamais que dans des seconds rôles, qu'il rend géniaux certes mais qui sont insuffisants à combler le manque. Son dernier GRAND rôle il le tenait auprès de Leo dans Attrape-moi si tu peux. Mais où est le Ray de Nos Funérailles, le Nicolas de The Deer Hunter, le Capitaine Koons de Pulp Fiction, le Nathan de La porte du Paradis... sans oublier Dead Zone, Milagro, Le Prince de New-York... Ce qui fait quand même quelques chefs-d'oeuvre à son actif, je suis d'accord.

    Quant à Todd Solondz, il semble s'être endormi sur ses lauriers. Il ne dérange pas, peut-être parce qu'il n'est pas ici question de pédophilie. Mais pour savourer cet artiste à sa juste valeur, mieux vaut découvrir ou redécouvrir les fabuleux et étonnants Palindromes et Life during wartime.

  • MADAME SOLARIO de René Féret **

    Madame Solario : photo Cyril Descours, Marie FéretMadame Solario : photo Marie FéretMadame Solario : photo Cyril Descours, Marie Féret

    Dans un luxueux hôtel sur les rives du Lac de Côme en 1906, des aristocrates plus ou moins fortunés s'enviennent passer l'été et laisser libre court à leur goût des intrigues. La venue de Madame Solario, jeune, belle, ruinée et scandaleuse parce que récemment divorcée d'un homme qui aurait pu être son père met un peu de piment dans le quotidien de ces oisifs. L'arrivée inopinée d'Eugène Ardent, le frère de Madame Solario qu'elle n'a pas vu depuis de longues années, décuple encore l'inclination naturelle de cette société à jacasser sous cape. Eugène et Nelly (qui se fait appeler Natalia !) prennent rapidement conscience de l'emprise naturelle qu'ils exercent sur les autres. Ils s'associent pour séduire de riches partis qui leur permettraient de renflouer leur compte en banque. Sans compter que les sentiments qui unissent le frère et la soeur sont eux aussi scandaleux et vont les obliger à fuir.

    Très friande du cinéma délicat et parfois un peu suranné de René Féret, cette Madame Solario est une déception. La faute en grande partie à Marie Féret (fille de...) jusqu'alors mystérieuse et ici bien peu crédible en femme fatale. On a beaucoup de mal à admettre qu'elle soit responsable de cette hécatombe de jeunes hommes qui voient en elle la femme rêvée. Son physique d'une autre époque est idéal mais son non-jeu lui donne un air totalement fuyant comme si la plupart du temps elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait ! Dommage car autour d'elle, il y a le troublant Cyril Descours, hélas affublé d'une ridicule moustache, Salomé Stévenin coquette et virevoltante. Ces deux là semblent être des professionnels solides perdus au milieu d'un casting d'amateurs. La palme revenant à un acteur (vraisemblablement) russe Andreï Zayats dont le jeu catastrophique a bien failli déclencher mon hilarité !

    Bien que l'ensemble soit par instants légèrement soporiphique, il faut reconnaître que les décors (pas de Roger Hart), les costumes (pas de Donald Cardwel), l'environnement chic et idyllique du Lac de Côme, les dialogues raffinés, les moeurs affectés et hypocrites plongent le spectateur indulgent dans une atmosphère vaporeuse qui n'est pas sans rappeler le cinéma de James Ivory, époque Chambre avec vue, Howards End, Vestiges du jour. Et procurent surtout une irrésistible envie de découvrir le roman de Gladys Huntington dont le film est tiré et qui doit être beaucoup plus troublant que ce que l'on découvre à l'écran. Et rien que pour ça...

  • À PERDRE LA RAISON de Joachim Lafosse °

    A perdre la raison : photo Emilie DequenneA perdre la raison : photo Emilie Dequenne, Tahar RahimA perdre la raison : photo Baya Belal, Emilie Dequenne, Niels Arestrup, Tahar Rahim

    Avec beaucoup de surprise et d'émotion Mounir découvre qu'il ne peut plus se passer de Murielle. Il veut l'épouser et "faire sa vie" avec elle. Murielle, heureuse et lumineuse jeune femme, par ailleurs prof de français, accepte. Mounir prend cette décision sans même consulter le Docteur Pinget, le père adoptif grâce à qui il a pu vivre en France depuis son enfance. C'est aussi celui qui a épousé la soeur de Mounir afin qu'elle obtienne des papiers français. Le Docteur Pinget est un "homme bien", généreux. Il assure à Mounir une vie matérielle confortable et après avoir manifesté une légère et très chic réticence -le docteur Pinget est un homme raffiné- ("tu vas quand même pas épouser la première qui te suce") accepte que Murielle vienne s'installer avec eux dans l'appartement. Pour le mariage, le bienfaisant Docteur Pinget offre le voyage de noces aux tourtereaux. Les inconscients acceptent le cadeau, à condition (accrochez-vous au pinceau, je retire l'échelle) qu'il les accompagne !!! Et ainsi va la vie et Murielle se met à pondre un enfant chaque année, une fille, une autre fille, une troisième fille et... enfin, un garçon ! Le rêve pour papa et beau-papa ! Et tout ce petit monde s'entasse dans un minuscule deux-pièces étouffant jusqu'à l'asphyxie qui ne va pas tarder à suffoquer Murielle sans qu'elle parvienne réellement à mettre des mots sur son mal-être croissant ! Le déménagement dans une vaste demeure immaculée ne changera rien à l'affaire. Quand c'est trop tard, c'est trop tard.

    Avec ce film est née une nouvelle catégorie : le film exécrable, agaçant auquel j'ai l'impression que même le réalisateur n'a rien compris. Et moi non plus, tant je me sens en décalage avec la dithyrambe quasi générale.

    Déjà, si comme moi vous n'avez jamais entendu parler de Geneviève Lhermitte dont l'histoire effroyable inspire le film, restez-en là et ne lisez rien, ni ici ni ailleurs car vous risquez de perdre 99% de l'effet de surprise qu'il pourrait effectivement susciter. Et éventuellement l'émotion. Hélas, en ce qui me concerne, et moi qui ai pourtant la larme si facile au cinéma, mes yeux et mon coeur sont restés secs. Et pourtant c'est un calvaire, un chemin de croix, une descente aux enfers qu'il nous est donné à observer ici, en voyeurs. Je n'avais qu'une envie, traverser l'écran et arracher, le personnage et Emilie Dequenne à ce cauchemar. Je me suis longtemps demandée jusqu'où le réalisateur repousserait les limites. Quel plaisir sadique il prenait à démolir, enlaidir et torturer son actrice, admirable Emilie Dequenne et à nous imposer ces épreuves ? J'aurais aimé, comme rarement ça m'est arrivé, être le Président d'un Tribunal et condamner à perpétuité deux hommes (et trois avec le réalisateur tant que j'y suis) pour non assistance à personne en danger qui ne cesse d'appeler au secours.
    "On" va me dire que je juge. Et juger c'est LE mal. Je sais et je m'en fous. Sauf que vraiment je ne comprends pas à quoi sert ce film. Qu'est-ce que le réalisateur a bien voulu faire passer comme messages, comme sensations, comme sentiments ? En gros, où veut-il en venir ? A quoi sert ce film ? Vraiment. C'est un cauchemar sans subtilité. Tout est lourd, prévisible. Les personnages masculins sont des caricatures sans la moindre nuance, réduits chacun à un seul et unique trait de caractère. Mounir est vélléitaire, inconsistant, hésitant. Le Docteur Pinget abusif, envahissant, parfois colérique comme un enfant qui taperait du pied. Rien jamais ne viendra nuancer leur attitude.

    Devant ces deux abrutis monstres, une femme abandonnée sombre misérablement dans une dépression abyssale sans qu'aucun d'eux jamais ne vienne à son secours. Au contraire, ils semblent prendre un plaisir pervers à l'enfoncer davantage. Mounir en disparaissant pendant des semaines car môssieur a besoin de repos, le Docteur Pinget en humiliant Murielle de ses piques assassines, "pour qui tu te prends ?", "enlève ça, tu es ridicule", "tu crois que c'est bon pour tes enfants de te voir comme ça ?" Et la musique baroque, le Stabat Mater de Haendel entre autre, vient encore enfoncer le clou d'une réalisation patapouf pour nous signifier massivement à grands coups de contrepoint, que le drame qui sourd ne va pas tarder à nous jaillir en pleine face. A ce titre, la petite fille qui rampe vers son supplice pour monter l'escalier est encore une démonstration sadique de la finesse ambiante !

    Et ce ne sont pas les vagues discours prétendûment accusateurs sur le colonialisme, le gentil blanc tout puissant (et tout de blanc vêtu d'ailleurs) s'en vient sauver les pauvres maghrébins reconnaissants, qui vont rehausser le niveau ! Mais je crois que ce qui m'exaspère le plus est que la folie de Murielle soit explicitement affirmée. Or, c'est évident, elle est tout sauf folle. Et non, Murielle n'a absolument pas perdu la raison !

    Cependant, dans ce salmigondis aberrant, il y a trois acteurs prodigieux. Tahar Rahim fabuleux dans son aveuglement, Niels Arestrup dans son numéro parfaitement rôdé de grincheux autoritaire et magnifique et surtout Emilie Dequenne dans une composition inqualifiable tant ce qu'elle fait et donne ici est au-delà de ce que peu d'actrices ont réussi à offrir jusqu'ici !

  • VOIE RAPIDE de Christophe Sahr **

    Voie rapide : photoVoie rapide : photoVoie rapide : photo

    Alex n'a qu'une passion dans la vie : sa voiture, un machin jaune citron customisé jusqu'à plus soif ! On ne peut même pas dire que sa compagne, la courageuse et compréhensive Rachel et leur petite fille Jennifer, passent en seconde position ; au mieux, il ne sait comment s'y prendre avec elles, au pire elles ne l'intéressent pas. En outre, exprimer des sentiments est au-delà de ses compétences. Ce dont il est certain, c'est de s'être fait piéger par Rachel qui lui aurait "fait un enfant dans le dos". Par contre il partage ses soirées avec son meilleur ami atteint de la même ivresse du tuning, du barouf des enceintes, de la vitesse et des jeux vidéo (avec des voitures dedans). Mais un soir alors qu'il est lancé à toutes berzingues sur la voie rapide, Alex renverse, tue un piéton et prend la fuite. Il ne parle à personne de son accident mais rapidement taraudé par la culpabilité, son comportement change.

    Avec un tel sujet, le réalisateur aurait pu faire de son héros un loser marginal. Il choisit et c'est tant mieux, d'en faire un type ordinaire qui a un boulot, un logement, vit une relation durable. Le quotidien sans charme ni saveur d'Alex est parfaitement décrit. Et si lui ne rêve que de voitures qui font vroom, Rachel aspire à une vie de famille avec de vraies vacances à la mer. Elle pourrait être le point d'ancrage d'Alex, mais il est aveuglé par sa passion à laquelle il sacrifie tout. L'accident dont il est l'auteur va justement le mettre face à ses responsabilités. Mais dans un premier temps il va choisir d'épier la mère du jeune garçon mort, puis tout faire pour la rencontrer. En se rendant chez ses propres parents, il tentera bien de chercher une oreille compatissante voire attentive. Quelle erreur ! En une scène cruelle, le sort des relations familiales est réglé. Puis Alex rencontrera la mère du jeune homme... Et là, le réalistateur se prend complètement les pieds dans le tapis. Et la partie centrale du film subit une vraie baisse de régime, d'intérêt et de tension à cause de cette improbable rencontre. La scène où Alex rejoint la mère du garçon à l'étage est d'une absurdité et d'une invraisemblance sans nom ! Etant donné le nombre d'années que Christophe Sahr a passé à travailler et retravailler son scenario, comment se fait-il que personne ne lui ait dit que cette scène ne tenait pas la route ?

    Nonobstant cette sortie de piste, il faut reconnaître que la toute dernière scène, inattendue voire inespérée rattrappe les faiblesses. Johan Libéreau fait une nouvelle fois des prouesses dans le rôle d'un petit merdeux, taiseux et maussade qui résiste à voir la lumière. Et Christa Théret est impressionnante en jeune femme amoureuse, responsable, attentive et tolérante.

  • CORNOUAILLE de Anne le Ny **

    Cornouaille : photo Jonathan Zaccaï, Vanessa ParadisCornouaille : photo Vanessa Paradis

    Odile vit une relation compliquée à Paris avec Fabrice. Comprendre que le garçon est très marié et très père de famille. La mort d'une tante qui lui lègue la maison de famille bretonne va éloigner un temps la jeune femme de la capitale. Bien décidée à vendre la jolie bâtisse aux volets qui claquent avec vue sur la mer au plus vite et retourner à la ville, Odile va finalement reprendre contact avec ses racines, revivre ses traumas d'enfance, rencontrer des indigènes, retrouver Loïc son ami d'enfance !

    Et tout cela sans même un petit air de biniou qui aurait pourtant été le bienvenu tant il colle parfaitement au climat, à la faune et à la flore environnantes. Mais Anne Le Ny préfère se concentrer sur l'aspect des contes et légendes qui abondent dans une Cornouaille qu'elle impose délibérément ici comme mythique. Hélas l'aspect fantasmagorique voire fantastique d'une réalisation un peu amorphe ne semble pas maîtrisé. On a du coup un peu de mal à "croire" aux rêves significatifs d'Odile ainsi qu'aux apparitions de fantômes censés apporter des révélations sur l'histoire de sa famille. Dommage, car les bonnes intentions (qui ne font pas forcément les bons films) sont là. Ansi que l'interprétation sensible et efficace de Vanessa Paradis qui porte le film grâce à sa belle et intense présence. Jonathan Zaccaï se sort impeccablement d'un personnage antipathique (preuve qu'il est un excellent acteur !) qui oscille, tergiverse, hésite sans qu'on comprenne toujours bien pourquoi. Quant à Samuel Le Bihan, il est hélas ectoplasmique.

    Et puis les films qui assènent péremptoirement que la famille, les racines sont essentielles et indispensables "on est tous liés les uns aux autres tu ne le savais pas ?" dit le personnage fantôme de la tante, m'agacent un peu !

    Reste qu'Anne Le Ny nous donne la sensation de nous emmener gentiment vers une fin banale, convenue et prévisible et pas du tout. C'est un bon point. Et puis la Bretagne, celle où nous sommes tous frères et soeurs (puisqu'on à Quimper... ah ah ah !) est sublime par tous les temps.

    Mais pour retrouver l'univers humain et hyper sensible de la réalisatrice, mieux vaut se tourner vers ses deux premiers films Ceux qui restent et Les invités de mon père.

  • TOTAL RECALL MÉMOIRES PROGRAMMÉES de Len Wiseman **

    Total Recall Mémoires Programmées : photo Colin FarrellDouglas Quaid est ouvrier à la chaîne. Son métier ne lui plaît pas. La nuit, il fait de vilains cauchemars qui font peur, mais sa gentille femme tente de le rassurer au petit matin en petite culotte. Sauf que tout le monde le sait depuis le Total Recall avec Schwarzie, la femme de Doug c'est rien qu'un fake ! Bon, ça se passe en 2048 (je crois) et le monde est divisé en deux... l'Union Fédérale Britannique dirigée de main de fer dans un gand de velours par une crapule d'un côté et la Colonie où vivent entassés les péquenauds de l'autre ! Un soir de déprime, Doug se rend chez Total Recall. Cette société vend du rêve et consent, moyennant une petite séance de chaise électrique, à vous implanter de beaux souvenirs indélébiles dans la tête. Doug se laisse tenter mais en pleine procédure, la machine s'enraye et notre Doug se trouve propulsé en plein coeur d'un conflit qui oppose la police, l'Etat, de curieux résistants et lui, au milieu est poursuivi et recherché par tout le monde. Son identité n'est pas celle qu'il croit. Il serait agent secret ou double... en tout cas, vraiment de quoi y perdre son latin. Quant à sa femme, elle est bel et bien du côté des méchants mais une autre donzelle très avenante va faire son apparition et semer encore davantage le trouble dans l'esprit perturbé de Doug.

    Après le premier quart d'heure où il nous est offert de contempler Colin Farell torse nu (décidément la saison est aux garçons qui ne pensent qu'à tomber le marcel !), le film passe directement la cinquième et fonce pied au plancher jusqu'à la dernière bobine. Plus une seconde pour respirer et surtout réfléchir. La nature relativement absconse, pour ne pas dire franchement incompréhensible du scenario finit du coup par être accessoire. Dommage que le réalisateur ait choisi l'option de nous en mettre plein la vue (et les oreilles !) sans se préoccuper de laisser une chance à son histoire et à ses personnages. Au bout d'un moment Len Wiseman finit par ne plus être intéressé que par le côté pyrotechnique de son entreprise, et il faut bien le reconnaître, cet aspect est franchement réussi. Les courses poursuites, surtout celles réalisées à pieds, sont exceptionnelles. Les décors futuristes de Londres, crades et pluvieux de la Colonie (très 7ven)sont magnifiques. Les gadgets, notamment un téléphone directement implanté dans la main, les chorégraphies des véhicules en apesanteur impressionnants. Mais au bout d'un moment, trop de bruit et de fureur finissent par lasser et j'ai fini par ne plus du tout me sentir concernée par toute cette agitation sur l'écran et le film devient vraiment fatigant.
    Il est donc permis de s'occuper l'esprit en contemplant la rivalité des deux actrices qui se disputent Colin à grands coups de mandales et dont les visages rivalisent d'étrangeté. Les deux brunettes, jadis bien mignonnes, Kate Beckinsale et Jessica Biel se livrent à un déconcertant concours de duck faces, savant mix entre Lana et Sandra !

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    Dommage pour Colin Farell très convaincant en héros totalement perdu. Avec ses grands yeux d'enfant triste, son regard égaré, affolé, sa fragilité dissimulée sous les muscles, son étonnement réjoui de se découvrir pianiste... ce rôle paranoïaque voire schizo lui convient à ravir ! Et son tout dernier regard inquiet en dit long sur la "guérison" du personnage.

  • MAGIC MIKE de Steven Soderbergh **(*)

    Magic Mike : photo Adam Rodriguez, Channing Tatum, Joe Manganiello, Matt BomerMagic Mike : photo Channing Tatum, Matthew McConaugheyMagic Mike : photo Matthew McConaugheyMagic Mike : photo Alex Pettyfer, Channing Tatum, Joe Manganiello, Matthew McConaughey

    Le jour Mike est couvreur-maçon (le costume lui sied à merveille), la nuit il se métamophorse en Magic Mike (l'effeuillage lui convient parfaitement) ! Il est le "champion", le clou d'un spectacle de strip-tease pour filles orchestré par Dallas, ex strip-teaseur lui-même atteint par la limite d'âge. Il faut dire que dans la profession, afficher 30 ans au compteur est synonyme de has been. Mais le rêve de Mike est de créer sa petite entreprise de "customiser de meubles", sauf que les banques, c'est connu, ne prêtent qu'aux riches. Et Mike a beau chausser ses lunettes d'intello, revêtir un costume du dernier chic et faire du gringue à l'employée de banque pour lui mendier un prêt, l'époque, même sous le soleil de Floride, n'est pas facile, même si vous cumulez idées et talent...  Un jour, sur un toit, Mike rencontre Adam, jeune branleur feignasse de19 ans qui rêve d'argent facile. Mike retrouve en Adam le jeune homme qu'il a été. Il le prend sous son aile, lui fait rencontrer Dallas qui n'a pas de mal à déceler les aptitudes d'Adam pour le grand déballage. Il sera rapidement surnommé Kid et ses 19 ans feront la joie des spectatrices... Hélas, Adam a une soeur aînée étudiée pour gâcher le film pourrir la vie des garçons, ainsi que des prédispositions certaines pour se mettre dans les embrouilles !

    Rien n'est plus différent d'un film de Soderbergh qu'un film de Soderbergh et après le pas bien du tout Piégée, malgré la présence de Michaël Fassbender, cette nouvelle pelloche soderberghienne est beaucoup plus enthousiasmante et pas uniquement grâce aux très beaux garçons payés pour ôter leurs vêtements.

    La question est : pourquoi le réalisateur a t'il boursouflé son intrigue d'une bluette sentimentale uniquement crédible grâce à la force de conviction de Channing Tatum ? Pourquoi cette blonde moralisatrice et donneuse de leçons ? Sans ce personnage insupportable chargé de faire comprendre aux garçons que ce qu'ils font n'est pas bien et cette actrice approximative, le film aurait eu ses *** sans l'ombre d'une hésitation. Soit. Oublions ce personnage superflu dont on a d'ailleurs bien du mal à concevoir qu'elle puisse attirer Mike/Channing dans ses rets.

    L'idée de l'effeuillage du corps des filles offert en pâture comme de la barbaque me révolte et me révulse. Tout comme ces soirées où des filles -souvent d'âge certain- hystériques glissent des billets dans le string des garçons. C'est donc légèrement hésitante et dubitative que je suis entrée en salle. Mais je ne voulais rester sur l'énorme déception de Piégée... J'aurais eu bien tort de ne pas entrer. Car ce qui mène ce film c'est l'enthousiasme et l'humour. Ces garçons aiment leur sublime corps à la folie c'est évident mais leur strip tease ne ressemble en rien à celui des filles qui ont toujours l'air de souffrir mille morts. Ils s'amusent comme des fous et c'est follement communicatif. En fait tout le monde s'amuse, les garçons sur la scène et les filles du public. Donc, oui, les meilleures scènes de Magic Mike sont les shows, très interactifs car chaque soir des filles sont invitées à rejoindre les garçons. C'est tordant et les chorégraphies sexys et acrobatiques vraiment époustouflantes et jouissives réjouissantes. A ce titre Channing Tatum est très très impressionnant. Mais impressionnant à un point que je ne puis vous expliquer et j'en suis d'ailleurs encore bouche bée ! Mais le plus excitant jubilatoire est surtout que ce soit dans un rôle où son incroyable physique dément de G.I. soit son moyen d'expression que Channing Tatum puisse enfin démontrer qu'il est un acteur. Drôle et touchant, il a enfin un personnage à défendre grâce à ce Mike qui rêve d'une autre vie sans pour autant renier ou avoir honte de celle qu'il vit. Et puis, il a quelque chose en lui de... oui je vais oser, Heath-je pleure-Ledger. Très bonne nouvelle donc.

    Quant à Matthew McConaughey, Lone Star forever, en grand manitou du sexe soft, déglingué et dont les yeux crient dollars, il est déchaîné et hilarant. Les grands numéros de cabotinage maîtrisé sont formidables sur grand écran ! Et lui s'en donne à coeur joie.

  • THE SAPPHIRES de Wayne Blair ***

     Les Saphirs : photo Chris O'DowdLes Saphirs : photo Deborah Mailman, Jessica Mauboy, Miranda Tapsell, Shari SebbensLes Saphirs : photo Jessica Mauboy, Shari Sebbens

    Australie - 1968. 3 soeurs, Gail, Julie et Cynthia ont un talent évident pour la musique et le chant. A l'occasion d'une audition, elles sont repérées par Dave, musicien irlandais, alcoolique. Il s'improvise impresario et réussit à leur obtenir une tournée au VietNam pour soutenir le moral des marines. Leur cousine Kay, aborigène comme elles quoique blanche, les rejoint. Leur périple à travers le Delta du Mékong va leur apporter gloire et amour.

    Résumer ainsi cela peut paraître simpliste et fleur bleue. Normal, ça l'est (parfois). Sans doute le fait que le scenario soit tiré d'un roman écrit par le fils d'une des quatre demoiselles n'y est pas étranger, car oui, cette histoire  s'inspire d'une histoire vraie. Mais cela ne nuit pas à la qualité du film et n'empêche en rien de l'apprécier et de passer 1h40 vraiment euphorisante.

    Alors que le quatuor est plutôt versé dans la country américaine, Dave les oriente avec bonheur vers la soul qui convient parfaitement à leurs voix. Cela donne une bande originale excitante et les filles y mettent leur coeur et toute leur énergie pour assurer des interprétations extraordinaires. Par ailleurs, rarement il est donné de voir des actrices si peu à leur avantage au départ devenir de véritables bombes à mesure que le film progresse. Dès qu'elles sont sur scène et avec des chorégraphies pourtant minimalistes et en dehors de leurs qualités vocales, leurs déhanchements et leurs clins d'oeil sont incroyablement sexys.

    Cette success story chaleureuse et optimiste ne serait évidemment pas si séduisante et différente si elle ne se déroulait en grande partie au VietNam. Depuis Good Morning Vietnam, je ne me souvenais plus avoir vu un film évoquer cette étrange guerre au cours de laquelle semblaient cohabiter les pires excès et horreurs et un côté club méd'. Wayne Blair n'élude pas ces deux aspects même s'ils ne sont évoqués qu'en filigrane. Par ailleurs, un film aborigène avec un réalisateur, des acteurs aborigènes est une denrée suffisamment rare pour qu'on s'y intéresse. Et même si c'est sur un ton simpliste et naïf, on apprend des choses assez écoeurantes sur la façon dont ce peuple est traité et même si les problèmes racistes semblent se résoudre comme par l'enchantement d'une baguette magique, ils sont également évoqués.
    Bouder son plaisir serait un tort.

    Vous ai-je dit que l'acteur principal Chris O'Dowd est formidable et les quatre filles aussi Deborah Mailman, Jessica Mauboy, Shari Sebbens, Miranda Tapsell.

  • EFFRACTION de Joël Schumacher °°

    Effraction : photoEffraction : photoEffraction : photo

    Kyle est négociant en diamants. Bonjour le métier tout pourri. Sa femme Sarah ne tient pas une galerie d'art mais est architecte et a conçu leur maison bunker ultra sécurisée. Ils y vivent au milieu de nulle part avec leur fille Avery bien antipathique comme une ado il se doit. Une bande de malfrats cagoulés se présente à la porte et bien sûr, Kyle leur ouvre !!! C'est bien la peine d'avoir des alarmes et des caméras partout si c'est pour ouvrir au premier gus qui se présente et dont il ne voit même pas les visages. Passé ce détail sans lequel il ne pourrait y avoir de film sachez néanmoins que la suite est à l'avenant du prologue et que jusqu'à la dernière seconde on reste médusé par une chose aussi laide et stupide !

    La famille Miller est donc prise en ôtage par quatre voyous qui veulent de l'argent, des diamants, un rein, l'amour... cela fluctue au fur et à mesure que le film avance. Mais Kyle, au lieu d'ouvrir son coffre, résiste et tient tête aux vilains armés jusqu'aux dents.

    Scenario indigent, rebondissements invraisemblables et involontairement risibles, acteurs has been ridicules à la ramasse et que leur réalisateur prend un plaisir certain à torturer, glorification de la légitime défense, célébration de la famille, condamnation de l'adultère... je ne m'éternise pas, j'ai le cerveau liquide ! 

  • LADY VEGAS - LES MÉMOIRES D'UNE JOUEUSE de Stephen Frears **(*)

    Lady Vegas - Les Mémoires d'une joueuse : photo Rebecca HallLady Vegas - Les Mémoires d'une joueuse : photo Bruce WillisLady Vegas - Les Mémoires d'une joueuse : photo Catherine Zeta-Jones

    En Floride, Beth exerce le beau métier de strip-teaseuse à domicile. Lassée de tomber sur des clients pas toujours fiables ou bien intentionnés, elle se rend à Las Vegas avec l'ambition de devenir serveuse dans un bar ! Dès son arrivée, de jeunes demoiselles pas farouches la mettent en relation avec Dink, parieur sportif professionnel. La petite entreprise de Dink connaît parfois la crise mais la facilité déconcertante de Beth à prendre les paris met illico Dink en confiance. Il l'embauche et la considère immédiatement comme un véritable porte-bonheur. Alors qu'il considère sa femme qui répond au doux prénom de Tulip, comme un porte-poisse. La dame, furie botoxée, n'apprécie d'ailleurs guère la complicité nouvelle de Dink et Beth qui saute aux yeux instantanément. Par ailleurs, l'aisance de Beth lui donne rapidement de l'assurance, ce qui va l'amener à commettre des erreurs auprès de bookmakers dont l'activité est illégale aux Etats-Unis...

    Après le calamiteux et pas du tout drôle Tamara Drewe avec l'insupportable Gemma Arterton, Stephen Frears nous offre cette petite sucrerie ensoleillée au royaume du bling-bling et de l'argent facile (et de la faillite catastrophique). Evidemment, je n'ai pas compris le début du commencement du fonctionnement de cette activité lucrative et manifestement addictive qu'est le pari mais l'important n'est pas là. Même si les ressorts et rebondissements de l'histoire permettent de rester connecter, ce sont ici surtout les personnages et les acteurs qui valent le déplacement.

    La jolie et pétillante Rebecca Hall (qui craque pour Dink, je comprends à 200 % !!!) est absolument adorable en banlieusarde naïve mais futée qui manie les chiffres et les lettres avec brio. L'apparition de Catherine Zeta-Jones en mégère vulgaire, cupide et jalouse fait d'abord craindre le pire et une impression de déjà vu. Mais finalement le film est plus subtil qu'il n'y paraît et le personnage de Tulip évolue, montre ses failles, parvient à être touchant et Catherine Zeta-Jones démontre son (ou ses) talent(s) comme il y a bien longtemps qu'elle ne l'avait fait. Mais évidemment, c'est Bruce Willis qui monopolise l'attention. Une nouvelle fois il casse son image de gros dur qui sauve le monde et se montre particulièrement fragile en anxieux, parfois colérique et très hypocondriaque. Son look short et chaussettes blanches montantes lui donne une allure de papy un peu abruti. Bien joué Bruce, car dès que la caméra s'approche de son visage, sourire enjôleur et regard qui tue... on voit bien que cte bombasse en a encore et toujours sous le capot. D'ailleurs la petite Rebecca/Beth a bien du mal à contrôler ses élans malgré la différence d'âge. Mais Tulip et un scenario malin sont là pour que les choses ne soient pas aussi prévisibles qu'on aurait pu l'imaginer.
    En outre, il est rare de voir un film énergique, dynamique avec des personnages aussi positifs et on sort de la projection de ce film plein d'entrain et de bonne humeur !

    Et une furieuse envie de revoir Bruce Willis dans un grand rôle à lui tout seul...

    P.S. : Joshua Jackson est très bien aussi !