Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

cinéma - Page 246

  • LE DERNIER VOYAGE DE TANYA de Aleksei Fedorchenko °

    1286065925_le_dernier_voyage_de_tanya__ovsyanki___silent_souls_.jpgle-dernier-voyage-de-tanya_p9.jpg

    Tanya, l'épouse chérie de Miron vient de mourir. Il ne souhaite pas faire intervenir les pompes funèbres mais se charger lui-même du dernier voyage de sa femme en la ramenant, selon le rite de la tribu des Méria dont elle est issue, à l'endroit où ils ont été heureux ou un truc comme ça. Il demande à son ami Aist, qui vraisemblablement a également aimé Tanya (si j'ai bien compris) de l'accompagner. Après avoir longuement fait la toilette du corps, les deux hommes partent pour un périple de deux jours avec la défunte dans le coffre et deux passereaux dans une cage.

    Bon ! J'aurais bien aimé m'extasier devant la beauté de ce film... Sauf que, comme je vous l'ai sans doute déjà dit, je n'y entrave que pouic à la poésie qui me gonfle puissante 10 et j'imagine que ce film, si j'en crois le joli texte qui l'accompagne non stop en est une illustration. En effet, les deux garçons du film étant absolument incapables d'incarner la passion, le chagrin et le manque qu'ils sont censés éprouvés, une envahissante voix off nous explique pendant 1 h 20 ce que nous sommes nous, censés voir et ressentir. Alors bon, que les rites des Méria imposent que lorsqu'un mec perd sa femme il parle exclusivement des prouesses sexuelles qu'il est persuadé avoir accomplies, soit, mais ça ne me bouleverse pas. Que la pauvre Tanya livrée à son mec libidineux dont la rumeur prétend qu'elle en avait peur et qu'elle ne l'aimait pas se prenne des litres de vodka sur la tête et sur le corps pour faire plaisir à monsieur, re soit... mais le cinéma dans tout ça ??? Hein ?

  • BURIED de Rodrigo Cortès *

    19500063_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100830_063123.jpg19500064_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100830_063124.jpg

    Paul se réveille, oppressé et mal en point. Normal, il doit être six pieds sous terre, enterré vivant dans un cercueil sommaire, une boîte en bois. Le temps de reprendre ses esprits et d'avoir dépassé l'intense moment de panique qui lui fait appréhender la situation, il se souvient. Paul n'est pas un soldat, il est chauffeur de camion pour une société américaine qui envoie du matériel nécessaire à la reconstruction d'un pays : l'Irak. Le convoi dont il faisait partie a été caillassé, attaqué près de Bagdad et tout le monde à l'exception de Paul a vraisemblablement été tué.

    C'est étrange, il arrive parfois que la fin, l'épilogue d'un film ne soient pas à la hauteur du film lui-même. Et là, c'est l'inverse, le film n'est pas à la hauteur de sa conclusion totalement scotchante, sidérante, inattendue. Quel dommage, mais quel dommage ! Néanmoins, il y a deux superbes idées dans ce film. Cette fin donc, absolument immense, déconcertante et inattendue et le fait que l'acteur Ryan Reynolds soit  seul à l'écran du début à la fin. Les autres acteurs crédités au générique ne sont que des voix. Jamais nous ne sortons du cercueil pour voir ou comprendre ce qui se passe à l'extérieur. Ce qui rend d'autant plus étrange et regrettable le fait qu'à plusieurs reprises le réalisateur nous montre le personnage dans la boîte toujours, mais sans couvercle ou sans montant sur un des côtés... Comme pour nous dire à nous autres pauvres abrutis de spectateurs que "hé ho, c'est pour du faux... l'acteur est pas tout seul enfermé dans une boîte !!!". Oui Monsieur Cortès on se doute qu'une équipe de tournage ne tient pas dans un cercueil de 2 mètres de long sur 50 cms de hauteur. Merci.

    Alors oui, la métaphore est hardie et l'on comprend que les Etats-Unis se sont enlisés (buried ?) en Irak dans un conflit jamais justifié. On comprend que la vie d'un homme ne pèse pas lourd dès qu'il s'agit d'un anonyme, d'un civil, simple victime collatérale. On comprend que l'administration américaine soit un poil trop lourde : lorsqu'un citoyen appelle au secours on lui demande son numéro de sécu et j'en passe...

    Alors oui, six feet under, personne ne vous entend pas crier, certes... mais alors pourquoi n'ai-je jamais ressenti de sympathie pour le personnage alors qu'il n'a absolument rien d'antipathique, m'a même tout l'air d'être un brave type le Paulot, super papa, gentil mari, bon camarade de travail, quoiqu'un peu injurieux avec une pauvre fille qu'il agresse au téléphone. Pourquoi n'ai-je jamais éprouvé cette impression d'asphyxie, de suffocation et d'angoisse que la situation filmée au plus près de la peur du héros aurait dû provoquer ?

    Chaque événement est proposé l'un après l'autre comme autant de chapitres, Paul et son briquet, Paul et son portable (oui, dans sa caisse Paulot a un téléphone portable, un couteau, un stylo, un zippo et son lexomyl !!!), Paul a peur, Paul se calme, Paul s'énerve... Le grand moment reste sans doute Paul et le serpent (excusez-moi j'ai un peu pouffé !).

    En résumé, la grande scène d'enfermement, d'ensevelissement la plus traumatisante que j'ai jamais vue au cinéma reste celle de Kill Bill II où Black Mamba se débrouillait bien mieux avec ses petits doigts musclés, celle qui m'a fichu la trouille ma vie dans une salle de ciné.

    Reste quand même les cinq dernières minutes de ce film... Pfiou quelle fin !!!

  • FAIR GAME de Goug Liman *

    19452303_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100520_031310.jpg19534139_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101005_041915.jpg19534140_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101005_041933.jpg

    Après la tragédie du World Trade Center le 11 septembre 2001, Valerie Plame (véritable agent de la CIA) mène l'enquête concernant l'existence des ADM (armes de destruction massive) en Irak. Son mari Jo Wilson, ancien ambassadeur, se voit confier par l'Agence la mission de prouver la vente d'Uranium enrichi par le Niger. Bien que les preuves soient apportées que ni les ADM, ni l'Uranium n'existent, George W. Bush ignore les conclusions, se répand en déclarations télévisuelles alarmistes et compassées pour ainsi justifier la guerre qu'il déclare à Saddam Hussein. Dès lors, l'identité et la fonction de Valerie seront révélées dans la presse. L'administration abandonnera lâchement son employée et son mari, grande gueule ne désirant pas se laisser piétiner, multipliera les actions et déclarations publiques via les média le faisant passer un temps pour un ennemi supplémentaire de son épouse.

    Sur ce thème passionnant, Doug Liman nous jump un film mou du genou et le transforme même à partir de la moitié en chronique sentimentalo conjugale encore plus planplan dont on n'a que faire. Ah qu'il est dur et contrariant d'avoir une femme agent secret ! Val et Jo vont-ils divorcer ?

    Tout ici ne semble qu'effleuré. Le sort des "équipes" de Valerie mises en danger de mort car déployées à travers le monde qui saute sous les bombes, est évoqué certes, mais jamais approfondi. Les victimes "collatérales" des décisions sont accessoires. Quant aux risques quotidiens encourus par Valerie et sa famille, il est évoqué par un unique appel téléphonique anonyme et insultant. A aucun moment on ne voit la menace peser. On s'en doute, on nous dit qu'elle existe mais jamais on ne la ressent.

    Sean Penn, acteur et personnalité fascinantes (c'est MON avis !) n'a pas de mal à rendre crédible son personnage de type incapable de se taire, de ne pas s'emporter, qui se bat et réagit épidermiquement au racisme et à l'indignité de l'administration Bush. Mais j'ai toujours trouvé que Naomi Watts était une actrice très très surestimée. Excepté une scène époustouflante dans "Mullholand drive" où elle passe un casting face à un acteur vieillisant, libidineux et très hâlé, je l'ai toujours trouvée inexistante. Ici, elle arbore un brushing soleil "drôle de dame" très seventies (comme la vraie Valerie Plame) et démontre en gros plan qu'elle n'a recours ni au botox ni à la chirurgie (mais quand même, ça n'empêche pas les crèmes hydratantes !). Mais bon, et alors ? Affichant calme et totale maîtrise de soi, elle semble terne et sans réaction. Et puis, je sais que ça ne se fait pas mais j'ai toujours trouvé qu'elle avait des joues de hamster et ça me gêne !

  • L'HOMME QUI VOULAIT VIVRE SA VIE de Eric Lartigau ***

    19501351_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100901_052740.jpg19501353_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100901_052741.jpg19501364_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100901_052821.jpg

    19501362_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100901_052821.jpg

    Paul Exben brillant avocat, père de deux enfants qu'il vénère, propriétaire d'une magnifique demeure en banlieue chic, amoureux de sa superbe femme qui lui reproche de l'avoir mise dans une cage dorée... sent sa vie lui échapper peu à peu. Il s'interroge. Aime t'il correctement ses enfants, se sent-il de taille à reprendre le cabinet d'avocats que son amie et associée lui offre clés en mains ? Il regrette de n'avoir jamais pu vivre de sa vocation de photographe et enfin il soupçonne sa femme de le tromper. Un événement tragique va précipiter les décisions à prendre. Du jour au lendemain, il disparaît, abandonnant tout, famille, travail, patrie...

    Ce film est formidable et je ne dis pas ça parce qu'à une époque Eric Lartigau était amoureux de moi et que depuis il préfère une fille avec des seins creux plus jeune ! Alors que jusque là il avait plutôt pour habitude de nous faire rire, le réalisateur évoque le drame familial et personnel de cet homme perdu à jamais avec une belle intensité et un sens du suspens qu'il rend parfois oppressant. Paul (Romain Duris qui brûle ici d'une fièvre peu commune) est un homme pressé qui semble se bercer de l'illusion que le bonheur est dans la réussite et la possession. Il croit être "arrivé" mais dès le début de l'histoire alors qu'il s'entraîne sur son tapis de course, son regard est déjà absent, ailleurs, plus loin. Quelques scènes, en famille, entre amis, au travail, prouvent que tout lui échappe, qu'il n'est déjà plus là. Le coup d'accélérateur imprévisible et non prémédité qui va survenir serait presqu'inespéré s'il n'était aussi effroyable. Paul va en effet devoir aller jusqu'à quitter le pays, changer d'identité, disparaître comme pour s'échapper de lui-même et fuir l'homme qu'il est devenu et qu'il déteste.

    Le soin méticuleux avec lequel il organise sa "disparition" est absolument fascinant. S'ensuivent un isolement, une solitude qui sont comme une nouvelle prison pour Paul contraint de vivre en homme traqué. C'est pourtant grâce à ce bouleversement qu'il porura, Nikon en mains, réaliser ce dont il a toujours rêvé : des photos. Et à ce titre la "photographie" du film est absolument sublime. Mais là encore, laisser libre court à sa passion le mettra en danger et Eric Lartigau démontre implacablement que nous vivons dans un monde où l'anonymat est devenu impossible.

    Captivant de bout en bout, on aimerait encore poursuivre le chemin en compagnie de Paul lorsqu'il se retourne pour la dernière fois.

    Entouré d'un casting de premier choix, Romain Duris est ici fascinant. Catherine Deneuve est forte, rassurante et fragile, Marina Foïs belle comme jamais est touchante et injuste, et Niels Arestup comme toujours parvient à se rendre irrésistible en balançant ses répliques comme s'il les inventait lui-même. Romain Duris est bouillonnant, tourmenté. Il est crédible en avocat, en papa poule, en mari amoureux. Totalement habité par ce rôle qui le propulse une grande partie du film seul à l'écran et sans dialogue, il nous fait partager ses larmes, ses éclats de rire, ses cris avec cette profondeur et cette intensité qui ne cessent de croître de film en film. Quel bel acteur !

  • LES FILMS QUE J'AI VUS

    Cliquez sur le titre des films pour retrouver mes articles.

    THE AMERICAN de Anton Corbijn ***

    19476863_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100713_064454.jpg

    VERY BAD COPS de Adam McKay***

    19427154_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100420_040842.jpg

    KABOOM de Gregg Araki *

    19499881_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100830_043655.jpg

    AU FOND DES BOIS de Benoît Jacquot *

    19518165_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100930_120430.jpg

    VENUS NOIRE d'Abdellatif Kechiche °

    19504245_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100907_125214.jpg

    MES COUPS DE COEUR

    elina1.jpggeorge-clooney-20050716-55499.jpg

    Mark_Wahlberg.jpg

  • VERY BAD COPS de Adam McKay***

    19541470_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101019_094953.jpg19541482_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101019_095031.jpg19541492_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101019_095108.jpg

    Aux Etats-Unis les flics vont toujours par deux (en France, si je compte bien c'est plutôt 8 ou 10 (1 qui bosse 9 qui regardent)...) . Danson et Highsmith sont même LES deux super flics de New-york autant admirés des foules que de leurs collègues. Pourtant il n'hésitent pas à causer 12 milliards de dégâts matériels pour arrêter un petit dealer en possession de100 grammes de shit... Hé oui, ces deux-là ont leur cerveau dans leurs muscles et leurs braguettes (et Samuel L. Jackson prouve une fois encore si c'était nécessaire qu'il ne sert à rien !). Lorsqu'ils disparaissent (je ne vous dis pas comment, c'est une des premières et nombreuses originalités tordantes du film), le binôme Gamble et Hoitz pense pouvoir prendre la place vacante de super flics. Or le tandem est aussi mal assorti que possible. Gamble est un grand tout mou, très gentil qui ne demande qu'une chose : rester à l'abri derrière son ordinateur à taper des rapports. Qu'il soit la risée de tous, de ses collègues, de ses supérieurs et de son partenaire ne le dérange pas. Il veut la paix. Quant à Hoitz c'est un homme de terrain qui a été mis au placard administratif pour une raison que je vous laisse découvrir également, et qui réclame au contraire de repasser à l'action. Alors que Gamble (Will Ferrell, arme comique fatale que j'avais boudé jusque là pour cause de... oui je l'avoue d'allergie à son physique improbable et à ses cheveux du même métal !) est heureux en ménage avec une femme qu'il traite comme la dernière des mégères et que toutes les filles se jettent sur lui, Hoitz (Mark Whalberg à l'indéniable talent comique insoupçonnable jusque là !) cumule lose sentimentale et profesionnelle. L'enquête qui va les mener sur la piste de grands méchants financiers va évidemment les faire se découvrir, s'apprécier et enfermer les vilains au terme de péripéties et rebondissements qui s'enchaînent à la vitesse du grand 8.

    Evidemment l'enquête on s'en cogne grave. Ce qui compte ici c'est la cascade de gags en série qui ne s'interrompt même pas au générique. Le pastiche des "buddy movies" et films de flics style "Starsky et Hutch" avec voiture rouge ou "L'arme fatale" avec musique jazzy est un régal de tous les instants.

    J'ai ri, mais j'ai ri que même si je m'écoutais j'en redemanderais encore, mais il faut savoir raison garder ! Un gag et une réplique géniale à la minute, ça ne se boude pas. Bien sûr, c'est un peu caca prout bite couille vomis... et franchement ce film n'avait pas besoin de s'attarder parfois sous la ceinture pour être franchement drôle. La bonne surprise du moment. Courez-y pendant votre grand week-end !

     

    P.S. : ah oui, j'oubliais ! Quel plaisir de retrouver Julien Lepers Michael Keaton dans un rôle total barré comme il sait si bien faire.

  • VENUS NOIRE d'Abdellatif Kechiche °

    19545806_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101021_123414.jpg19500847_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100901_102901.jpg19509489_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100914_105656.jpg

    Plus personne aujourd'hui n'ignore l'histoire de Saartjie Baartman dont la vie fut un roman d'une cruauté sans nom que personne n'aurait osé écrire. Née en Afrique du Sud à la fin du 18ème siècle, elle perd ses parents puis son unique enfant. Elle fut amenée en Europe par un "afrikaaner" chez qui elle avait été esclave ou servante... En raison d'une morphologie inhabituelle (hypertrophie des hanches, des fesses et des organes génitaux), son "maître" fit d'elle un phénomène de foires qui réjouira d'abord les londoniens lors de spectacles avilissants où la jeune femme enchaînée dans une cage doit simuler une bête sauvage ! Elle sera vendue plus tard à un montreur d'ours qui l'emmènera en France et l'exploitera encore davantage en la livrant à la prostitution où elle servira d'objet sexuel aux fantasmes des parisiens dans des bordels ou lors de soirées privées. La science s'intéressera également à son corps hors normes. Elle sera observée sous toutes les coutures, mesurée, comparée. Au-delà de sa mort même Saartjie sera disséquée, son cerveau et ses organes génitaux conservés dans du formol pour être étudiés et un moulage de son corps entier sera réalisé puis exposé. Un zoologue chirurgien dont je tairai le nom pour ne pas lui faire de promo post-mortem a donc grâce à cette femme qui n'était en fait qu'une grosse femme... pu établir de belles théories racistes en comparant son visage à celui d'un orang-outang et ses fesses à celles d'un mandrill et déclarant l'infériorité définitive de cette "race"... au "crâne déprimé et comprimé". N'en jetez plus, la cour est pleine !

    Et puis pour nous conter cette sordide histoire, il y a ce film, et ce film est une horreur. Non pas que je tente de jouer les pucelles effarouchées en prétendant que l'esclavage infâme et poisseux de cette femme soit insupportable à regarder. Ce qui est insupportable c'est l'insistance deux heures et demi durant du réalisateur à nous placer ad nauseam dans le rôle obscène du voyeur qui n'a finalement rien à se reprocher. Car les scènes d'exhibition, d'humiliation, de soumission et tous les mots en ion qui évoquent l'avilissement d'un être humain par d'autres, sont multipliées, répétées, ressassées jusqu'à épuisement. Le réalisateur fait si peu confiance aux spectateurs qu'il lui rabâche jusqu'à plus soif ce que peut être l'exploitation d'un être humain faible et naïf par d'autres aveuglés par les seules ambitions mercantiles. C'est donc dans toutes les positions, à quatre pattes, à plat ventre, jambes écartées, en fumant, en buvant... que le calvaire de Saartjie, le plus souvent nue (pauvre Yamina Torres dont c'est le premier rôle !) et totalement passive, abrutie par l'alcool, nous est servi. Les indéniables talents de chanteuse et de danseuse de la demoiselle sont hélas pratiquement étouffés. Le plus surprenant est que bien que jusque là je tenais Abdellatif Kechiche pour un incroyable directeur d'acteurs, il réussisse l'exploit de ne jamais nous rendre Saartjie sympathique et émouvante ! Et puis il y a Olivier Gourmet qui fait son numéro "regardez comme je suis un grand acteur !". Mais franchement, le voir faire son cinéma avec un godemichet... ça a l'air de bien l'éclater. Moi, ça ne m'a pas convaincue...

    Et au milieu de ce fatras assez écoeurant, une pépite cependant : Elina Löwensohn ! Chapeau.

  • KABOOM de Gregg Araki *

    19446347_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100511_110641.jpg19442129_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100503_033856.jpg

    A quoi rêvent les djeuns sur les campus méringouins ?

    Qui a dit à inventer FaceBook ?

    Nan, à BAISER.

    Moi je dis, saine occupation… à condition que vous ayez fait vos devoirs les moutards et que vous sortiez couverts car tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir 19 ans dans les années 70 !!! Ce qui préoccupe la jeunesse d’Araki c’est de jouir dans toutes les positions en attendant la fin du monde qui est pour dans pas longtemps.

    Donc, voici Smith, un peu à voilvap suivant comment le vent l’emporte. Il aime bien se branler devant des films pornos gays, d’ailleurs son coloc’, un surfer peroxydé très con, le met en appétit. Un soir de beuverie où il ingurgite un cookie psychédélique et qu’une rousse lui vomit sur les pieds, il rencontre London dans les toilettes. Comme elle est très chaude et très dévergondée ils se fiancent illico. Smith a aussi une meilleure amie très gay. Elle s’appelle Stella et fait tout le temps la gueule. Elle sait tout sur tout et même au-delà, d’ailleurs ça se voit : quand elle cause, elle pose son pied sur la table, genre ! ça ne l’empêchera pas de devenir parano comme son copain et de se faire couillonner par une plus tarée qu’elle.

    Ah oui, entre temps j’ai pas dit ? Ben si j’ai dit. Smith a mangé un macaron qui fait la vision trouble et rend la libido encore plus active sauf que des vilains à tête d’animaux se promènent avec des objets tranchants et attention… ça peut couper. Coup de cymbale, on sursaute. On ouvre une porte ? Ah rien ! Une petite ambiance David Lynchienne pour tenter de corser l’affaire ? Et allez, hop, pourquoi pas !

    C’est moi ou Thomas Dekker a des yeux très bleus ? Je trouve qu’il ressemble un peu à l’autre là… ah oui, Jared Leto. Autant dire qu’il sert surtout à faire joli.

    Ce film m’a fait penser, ne me demandez pas pourquoi, à une connerie que j’avais vaguement regardée dans le poste « Souviens toi… l’été dernier ». Sans doute parce qu’il y était question de djeunz qui s’emmerdent et font des conneries en essayant de se prendre pour des grands. A moins que ce ne soit dans leur tête. Va savoir avec ce qu'ils mettent dans la nourriture ?

    Je me demande si je ne serais pas en train de devenir une vieille conne moi, parce que franchement ce film m’a fait l’effet d’une pilule homéopathique… c’est-à-dire n’a eu aucun effet sur moi. Bon, tant pis.

    Et juste pile poil quand j’étais en train de rassembler mes affaires en soupirant et en me disant que j’allais me tirer… Miracle, Pif, paf, kaboom, tout a pété ! The end.

  • AU FOND DES BOIS de Benoît Jacquot *

    19492911_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100812_011329.jpg19492908_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100812_011300.jpg

    En 1865 dans le sud de la France Joséphine jeune bourgeoise dévote et secrète vit avec son papa médecin. Un jour, alors qu’elle se rend à la messe en robe blanche, son regard croise celui de Timothée un jeune vagabond tout crado qui ne s'est jamais lavé les dents. Fasciné par la jeune fille, il se rend chez elle car il sait que le papa médecin accorde le gîte et le couvert aux miséreux. A table, Joséphine porte une robe rouge et le toubib se montre très intéressé par cet « enfant sauvage » qui l’amuse avec ses tours de passe-passe. Le lendemain Joséphine porte une robe bleu pâle et Timothée la viole sur le sol de la cuisine. Malgré cela, Joséphine en robe sale suit le vagabond. Il la repousse, elle s’accroche. Ils vont finalement vivre tous les deux dans les bois. Il la fera « tomber en faiblesse chaque jour », elle résistera peu au début puis plus du tout. Après avoir vécu une passion sexuelle torride dans les feuilles et les torrents, ils seront contraints de revenir « en ville ». Joséphine assurera avoir été envoûtée. Lors du procès Timothée dira le contraire. Ils se feront des clins d’œil… tout ça.

    So what ?

    Je crois qu’il faut que je me rende à l’évidence, le cinéma de Benoît Jacquot n’est pas fait pour moi. Evidemment, ceux qui veulent s’intéresser à la passion entre un va-nu-pieds et une bourgeoise et tenter de démêler qui est la victime et qui est le manipulé y trouveront peut-être leur compte. En ce qui me concerne, je suis restée de marbre devant le spectacle. La faute peut-être aux deux acteurs aussi sensuels qu’un robot moulinex et au réalisateur qui semble ne s’appuyer que sur leur physique respectif très « atypique ». Nashel Perez Biscayart n’a pas grand-chose d’autre à proposer que son air inquiétant et Isild Le Besco, gros seins, gros yeux, grosse bouche, plus adjanienne que jamais (mais en moins bien) est même franchement risible lorsqu’elle fait l’envoûtée.

    L’hystérie féminine a l’air d’intéresser Benoît Jacquot mais son film n’est pas habité de subtilité.