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cinéma - Page 207

  • LES FEMMES DU BUS 678 de Mohamed Diab ***

     Les Femmes du Bus 678 : photoLes Femmes du Bus 678 : photoLes Femmes du Bus 678 : photo

    • Trois femmes qui ne se connaissent pas mais dont le point commun est d'être régulièrement sexuellement harcelées au Caire en Egypte, se rencontrent et tentent d'agir contre l'impunité des hommes coupables de ces agressions devenues récemment (grâce à leur lutte) des délits. Ce premier film est inspirée de l'histoire vraie d'une femme, la première dans ce pays à avoir osé porter plainte.
    • Fayza est issue d'un milieu modeste. Elle est voilée et vit avec son mari et ses deux enfants. Chaque jour elle prend le bus pour aller au travail et chaque jour elle est victime d'attouchements. Les bus sont bondés et les hommes jouent à ce jeu qui ne semble même pas les amuser, le "frotti frotta", mais qui détruit les femmes. Fayza, honteuse comme toutes les femmes abusées, se refuse à son mari, un homme autoritaire et colérique qui ne comprend pas son attitude et lui avoue ne l'avoir épousée que pour coucher avec elle. Elle rencontre Seba qui elle aussi a été victime d'attouchements lors d'une cohue de supporters à la sortie d'un match de foot. L'étrange réaction de son mari qui n'a pu la protéger, isole encore davantage Seba qui souhaite le divorce. C'est une jeune femme bourgeoise, elle a une boutique de bijoux et n'a aucun problème pour vivre seule mais sa mésaventure l'a amenée à créer un cours dans lequel elle apprend aux femmes à se défendre. Quant à Nelly, c'est une jeune femme moderne. Son fiancé et elle participent à des soirées de "stand-up" et c'est rien de dire que je n'ai strictement rien compris à l'humour égyptien. Alors que la salle est morte de rire, je cherche encore où était la blague. Problème de "culture" évidemment. Ce que j'ai bien vu par contre, c'est que dès qu'une fille monte sur scène et s'empare du micro, les garçons ne rient plus du tout... Nelly traverse une rue pour rentrer chez elle et un homme l'agrippe littéralement par la fenêtre de sa portière et la traîne sur plusieurs mètres uniquement pour la tripoter. Elle parvient à se libérer mais aidée par sa mère et son fiancé, ils réussissent à traîner le pignouf jusqu'au commissariat. Je vous passe les détails car ici la victime est contrainte d'emmener elle-même l'agresseur chez les flics...
    • Bref, en un mot, les femmes ne sont jamais à leur place mais ces trois rebelles vont s'unir et s'efforcer que la justice punisse les violences qui leur sont faites. Mais là encore, malgré un commissaire atypique qui cherche parfois maladroitement à minimiser les effets colatéraux, c'est souvent à une justice d'hommes qu'elles se heurtent. Elles devront même un temps en passer par une forme de terrorisme en punissant elles-mêmes leurs agresseurs là où ils ont péché...
    • Un premier film courageux et militant réalisé par un homme dans un pays où pourtant une grande partie des femmes n'est pas voilée, c'est une magnifique surprise. Parfois le réalisateur s'égare et on a par exemple du mal à justifier le destin de la femme du commissaire, mais on se fiche des maladresses car parler ainsi de la condition féminine, c'est fondamental. Pour moi l'occidentale je suis encore sidérée et consternée de voir à quel point les femmes sont terrifiées et pas en sécurité à travers le monde, parfois au sein de leur propre famille. Nelly se met en effet toute sa famille à dos et se voit contrainte de retirer sa plainte pour éviter le scandale. L'autre drame est de constater que même les femmes entre elles en arrivent parfois à se désolidariser. La voilée reprochera aux autres leurs tenues provocantes et leurs cheveux dénoués, les "modernes" condamneront les idées et comportements rétrogrades de la première.
    • Les trois actrices magnifiques et véritablement impliquées, Nahed El Sebaï, Bushra Rozza et Nelly Karim, portent le film avec leur énergie et leur colère. Et le réalisateur semble aborder en totalité le sujet de la dignité des femmes à reconquérir. Il y a une multitude de détails et de scènes qui peuvent faire de ce film un manifeste. Je citerai encore celle impressionnante où Fayza, mère courage en plus du reste, se porte au secours de ses enfants humiliés quotidiennement par le système scolaire parce que les parents n'ont pu payer la scolarité à temps !!!
    • J'aimerais parfois pourtant me ballader dans le cerveau d'un de ces types (pas trop longtemps quand même) pour tenter de comprendre, car la question demeure toujours pour moi un mystère : qu'est-ce qui peut bien les autoriser à agir comme ils le font ? Pourquoi un individu se permet-il d'abuser une femme alors qu'il sait parfaitement qu'il ne fait pas quelque chose de glorieux puisqu'il refuse de l'admettre (ah ! le coup du citron !!!) ? A quel moment ça capote dans leurs cervelles de piafs malades ?
  • SUR LA ROUTE de Walter Salles **(*)

    • Sur la route : photo Garrett Hedlund, Sam RileySur la route : photo Sam RileySur la route : photo Sam Riley
    • A la mort de son père en 1946, Sal Paradise ne va pas bien du tout. Il a une vingtaine d'années, vit à New-York avec sa mère et rêve de devenir écrivain. Sa rencontre avec Dean Moriarty dont rien que le nom fait fantasmer va bouleverser son existence. Ainsi que le précise Jack Kerouac dès la première page de son roman, véritable manifeste de la beat generation dont le film est tiré : avec l'arrivée de Dean Moriarty commença le chapitre de ma vie qu'on pourrait baptiser "ma vie sur la route". Dean est un être à part qui séduit tout ce qui remue dans la seconde où il apparaît et se met à proférer ses sentences nihillistes. Sal est plutôt un suiveur et sa complicité mêlée d'une admiration sans limite avec Dean est instantanée. Ce mauvais garçon n'est pas peu fier d'avoir fait de la prison. Il est par ailleurs marié à une gamine délurée de 16 ans Marylou qui lui voue également un véritable culte. Lorsque Dean et Marylou quittent New-York, Sal n'a plus qu'une idée en tête, les rejoindre. Commence alors une vie d'errance à travers les Etats-Unis où les trois jeunes gens épris de liberté partagent leurs aventures.
    • Tout comme le livre, le film qui lui est très fidèle, est empreint de monotonie (ce qui ne signifie pas ennui), malgré le souhait des protagonistes de vivre à 100 à l'heure une vie sans contrainte. Cette monotonie imposée par le hasard des événements et des imprévus lui imprime son rythme. Parfois de brusques accélérations surviennent et finalement on prend la route avec ces gens d'un autre temps, surpris mais rarement émerveillés par leurs aventures qui sont loin de (me) faire rêver. Dean Moriarty n'est en fait qu'un séducteur, baratineur, d'un égoïsme délirant qui ne cherche qu'à satisfaire son plaisir personnel et fait souffrir tout son entourage. Est-ce de la naïveté ou du machiavélisme ? En tout cas, personne ne lui résiste et il parvient presque toujours à faire en sorte que les autres lui pardonnent. Il est de toute façon clair qu'il souffre lui aussi, dans sa position auto-destructrice d'éternel insatisfait. Il abandonne Marylou pour Camille avec qui il fait des enfants. Mais Dean peut-il se contenter d'une vie de famille ? Il revient vers Marylou pour la délaisser à nouveau, incapable de résister à la moindre donzelle qui passe à sa portée. Même Marylou, sexuellement très libérée finira pas se lasser des incertitudes extravagantes de sa tête brûlée.
    • S'il manque au film la sensation d'extrême solitude dans laquelle se débattaient parfois tous ces garçons et filles enivrés par leurs délires poétiques (une photo d'Arthur Rimbaud trône dans la chambre de Sal et Du côté de chez Swann ne les quitte pas), le voyage par contre est magnifique. Traverser les Etats-Unis d'Est en Ouest, à pieds, en stop, en camion ou en voiture donne forcément la possibilité de composer des plans et des images magnifiques comme des tableaux. Les arrêts au milieu de nulle part dans une station-service, les quartiers miteux de New-York ou Denver, les champs de coton dans lesquels Sal se fera un temps exploiter (il faut bien parfois un peu de monnaie), la Nouvelle-Orléans ou San Francisco dans la brume, les routes poussiéreuses sous un soleil implacable... toute la photo de ce film est sublime.
    • Le credo de cette beat generation était de défier le mode de vie conformiste de l'Amérique bien pensante. Baignés et bercés de Jazz les vagabonds célestes grillaient par les deux bouts la chandelle de leur vie qu'ils voulaient trépidante. Et cela rimait pour eux avec des nuits sans fin d'insomnie, de l'alcool, des drogues dont la benzédrine qui leur donnait la sensation d'être plus beaux, plus forts, plus intelligents, la marijuana à gogo, le sexe, l'homosexualité, la prostitution à l'occasion (étonnnante scène avec Steve Buscemi !) assortis à l'occasion d'une quête mystique... dans le plus grand sérieux et avec un manque d'humour. impressionnant. Cette recherche d'un absolu sans contrainte ni concession ressemble souvent à une descente aux enfers où le désespoir et les envies de suicide ne sont jamais bien loin. Et si les filles sont parfois consentantes, sauf cette pauvre Camille qui a cru un temps que sa normalité calmerait les ardeurs de son Dean, pour suivre les garçons qui s'estiment supérieurs, elles sont vraiment mal traitées par ces égocentriques.
    • Question casting ! Grosse erreur concernant Melle Stewart qui n'incarne pas l'aimante et pétillante Marylou. Elle est une junkie, elle roule des joints comme aucune fille avant elle et sait faire beaucoup de bien aux garçons. Mais en gros, comme toujours, menton en avant et bouche entrouverte elle fait la gueule ! Sam Riley est un peu en retrait mais très concerné, tout à son admirative amitié et concentré sur les carnets qu'il noircit et qui aboutiront à ce rouleau de 36 mètres sur lequel il écrira son chef d'oeuvre.  Et c'est Garrett Hedlund qui surprend le plus car il ne se contente pas d'être un garçon irrésistible à belle gueule, mais traîne parfaitement le spleen romantique et contagieux de Dean Moriarty entre euphorie et abattement jusqu'à une transe comme une apogée de ses délires.

  • MOONRISE KINGDOM de Wes Anderson ***

    Moonrise Kingdom : photoMoonrise Kingdom : photo

    Lorsque Sam aperçoit Suzy pour la toute première fois, elle est déguisée en oiseau et c'est le coup de foudre ! La bonne nouvelle c'est qu'il est réciproque. Mais les deux amoureux n'ont que 12 ans et sont donc séparés. Suzy, considérée comme psychologiquement fragile et perturbée vit avec ses parents et ses trois petits frères, tandis que Sam, orphelin, passe d'une famille d'accueil à l'autre car il est ingérable. Les deux enfants s'écrivent et promettent de se retrouver. Sam s'échappe du camp scout où il passe l'été 1965 sur une île de la Nouvelle-Angleterre. Suzy se sauve de chez elle en pleine nuit. Alors qu'une tempête s'approche précisément du lieu où les deux tourtereaux se retrouvent, les adultes se mettent à la recherche des enfants.

    Dès la première image on entre dans l'univers visuel très particulier de Wes Anderson avec ses couleurs improbables et ses plans parfois vertigineux. La maison où vit Suzy ressemble à une maison de poupées et l'atmosphère qui y règne est étrange. Les enfants semblent livrés à eux-mêmes et la mère ne s'adresse à ses enfants et son mari qu'à l'aide d'un mégaphone. Pourtant la disparition de Suzy est ressentie comme une tragédie par les parents qui semblaient pourtant apathiques à tout ce qui les entoure. Lorsque Sam manque à l'appel au camp, le chef scout est lui aussi complètement catastrophé. Le point commun de tous ces adultes est une espèce d'attitude mécanique et une tristesse insondable qui semble tous les avoir envahis depuis longtemps. Aucun d'entre eux n'est heureux c'est certain mais tous vont redoubler d'efforts pour retrouver les enfants en danger.

    De leur côté, Sam et Suzy vivent leur aventure comme des grands avec un sérieux qui confine parfois à la tristesse. Mais ces deux là sont à l'image des adultes de l'histoire, dignes, déterminés et un poil désespérés. Mais aussi parfaitement inconscients des risques qu'ils peuvent éventuellement courir et pas informés de la tempête qui approche. Les talents de Sam, scout jusqu'au bout du canif sont parfois contredits par l'impeccable et très futée Suzy. Lorsque Sam lui explique qu'il met des feuilles d'arbre sous sa toque de trappeur pour se rafraîchir la tête, la maline lui rétorque calmement : "tu pourrais aussi bien retirer la toque". C'est tordant, mais ces gosses là ne rient jamais. Ils s'aiment. Et c'est beau. Si Kara Hayward (un nom de star non ?)/Suzy a toutes les chances de nous surprendre de film en film tant elle semble avoir le potentiel d'une Elle Fanning (ce qui n'est pas peu dire), le petit Jared Gilman/Sam est moins convaincant.

    Et bizarrement même s'il s'agit de l'histoire d'amour très forte et très belle de deux enfants, ce sont quand même les adultes qui surprennent ici. Et notamment Bruce Willis, totalement aux antipodes de ce qu'il a fait jusque là en flic très très sérieux d'un bled paumé. Il est aussi amoureux indolent et résigné et d'une tristesse indicible qui lui va très bien. Edward Norton est impayable en chef scout désespéré pour avoir failli à son devoir. Frances McDormand, Bill Murray, Jason Schwartzman et Tilda Swinton sont parfaits. Cette dernière réussit particulièrement sa prestation d'assistante sociale rigide très prompte à prescrire à ces ados récalcitrants quelques séances d'électrochocs pour les remettre dans le droit chemin. Je ne vous dis rien de l'apparition très marrante du Grand Chef Scout dans la toute dernière partie de ce beau film, très original et un peu triste...

  • 11 FLEURS de Wang Xiaoshuai ***

    11 fleurs : photo

    11 fleurs : photo

    11 fleurs : photo

    Pas le temps de vous en dire long sur ce film, mais si vous hésitiez, n'hésitez plus. Il est magnifique. Calme, lent et profond. 

    Je vous propose le synopsis officiel qui pour une fois n'en dit pas trop : "En 1974, au cœur de la révolution culturelle chinoise, un garçon de 11 ans observe le monde des adultes et n’y comprend pas grand-chose. La rencontre avec un meurtrier en fuite le pousse au secret et au mensonge. Cette confrontation signera la perte de son innocence."

    Personnellement je ne trouve pas que le petit héros perd son innocence. Il grandit, voilà tout. Mais bon, je ne vais pas faire ma savante. Il s'agit d'une plongée dans la Chine de Mao qui vit ses dernières heures. Mais l'originalité tient au fait que c'est le point de vue de quatre enfants qui est adopté, mais surtout celui de Wang Han. Il a 11 ans. Il veut une chemise neuve. Il l'obtient, il se la fait "voler". Il rencontre un assassin. Il ment à sa famille. Et voilà, c'est simple et sublime. Et l'on découvre la vie autour d'une usine et d'une école. On entend les hauts parleurs qui diffusent la musique ou annoncent certains événements. On s'étonne des relations entre la mère et ses enfants et on s'éblouit de celles entre un fils et son père. On est encore stupéfait par la vie quasi communautaire et le partage...

    Tout est parfait, les images, les décors, les paysages, les enfants, l'histoire. Courez.

  • CHERCHER LE GARÇON de Dorothée Sebbagh ***

    Chercher le garçon : photoChercher le garçon : photoChercher le garçon : photo

    Emilie se prépare pour la soirée du 31 décembre. Elle se coiffe, se maquille, met son joli collier... et s'installe devant son ordinateur. Il faut dire qu'une fois encore et malgré ses 35 ans, Emilie va passer ce réveillon toute seule. Mais ce que veut Emilie, c'est un amoureux, des enfants peut-être et surtout vivre une belle histoire. Alors ce soir là elle s'inscrit sur le site de rencontre Meet Me, prend un pseudo de fée et entame rapidement le grand tourbillon des rencontres.

    Et c'est drôle, instantanément. Et pour une fois ce n'est pas un catalogue de filles toutes plus ou moins semblables, accros au shopping et à l'épaisseur de leur taille, mais de garçons bien typés qui ne trahissent pas les pseudos qu'ils ont choisis. Le premier "Les yeux bleus" a effectivement les yeux très bleus et tous les prétendants porteront plus ou moins les stigmates de ce qu'ils veulent montrer en se dissimulant sous un pseudo (oula, il est temps que je parte en vacances moi !).

    Ce film est bourré de qualités : sa durée (une heure 10), même si du coup l'épilogue singulier arrive abruptement, sa délicatesse (les garçons sont moqués sans misandrie), le charme XXL de son interprète principale Sophie Cattani (vue récemment en mère qui lâche son bébé dans Polisse...). Emilie/Sophie a un talent incontestable et se donne un mal de chien pour s'adapter à ce panel de garçons qui se la racontent. Il faut dire qu'elle est très motivée et qu'on peut lui reconnaître la qualité de n'être ni très exigeante ni forcément troublée par le physique des candidats. Nous aurons le romantique relou qui ne s'exprime que par poésie empruntée aux auteurs, le gossbo fan inconditionnel de Hugh Grant (son pseudo Yough, mdr !) totalement déconcerté parce qu'Emilie est plus sensible aux charmes de Johnny Depp, le motard survolté, l'éducateur sportif qui se présente de 3/4 pour éviter de montrer son profil de boxeur, Monsieur X qui joue aux playmobils, le danseur qui danse, celui qui veut trouver SA "relation bonobo", le tunisien timide qui... Mais je ne vais pas tout vous révéler. Il y aura aussi de jolies rencontres impromptues et au final un film formidable, adorable comme son actrice.

  • DARK SHADOWS de Tim Burton *

    Dark Shadows : photo Johnny DeppDark Shadows : photo Eva GreenDark Shadows : photo Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Tim Burton

    En 1772, pour avoir brisé le coeur d'une sublime mais cruelle sorcière, Barnabas Collins industriel chanceux en affaire comme en amour, est transformé par la jalouse en vampire et condamné à "non-vivre" enterré et enchaîné dans un cercueil. Brrrrrrrrr. Deux ans cents plus tard le cercueil est ouvert malencontreusement par des ouvriers et notre vampire assoiffé par deux siècles d'abstinence zigouille sans autre forme de procès ses libérateurs. Il s'empresse de rejoindre son domaine tout surpris de le découvrir en bien piteux état. Il y retrouve quelques-uns de ses descendants vaguement décadents et en tout cas ruinés mais tout contents de voir leur ancêtre apparaître. D'autant plus qu'il promet de leur rendre la splendeur d'antan et de faire revivre l'entreprise familiale. C'est compter sans la haine inapaisée d'Angélique (la sorcière) qui est responsable de la faillite des Collins et ne cesse de se venger d'avoir été abandonnée.

    Quel ennui, quelle mollesse, quelle nonchalance ! Alors oui, l'univers baroque, gothique, fantastique et féérique de Tim Burton est là et on ne peut nier la splendeur des décors. Mais un film ne peut se limiter à cela. Et les mésaventures de Barnabas s'étirent de façon bien monotones malgré le déploiement d'intrigues multiples et de personnages d'une fadeur exceptionnelle. Sans parler de la prestation de certains acteurs à la limite de l'amateurisme (Chloé Moretz exaspérante, Jonny Lee Miller fadasse et inutile, Jackie Earle Haley grotesque, Michelle Pfeiffer grimaçante...).

    On rit aussi et marier vampirisme et humour n'est pas commode sans tomber dans la parodie, mais je suis d'accord avec cette dame qui lit dans les bande-annonces, TOUT, absolument TOUT est montré dans la BA, les meilleurs moments et notamment ceux où l'on rit. Alors à ceux qui n'ont pas de CARTE ILLIMITEE, je recommande la bande-annonce, très bien faite, très attirante mais totalement mensongère puisque si prometteuse et vous fais ainsi économiser entre 9 et 11 euros (suivant les régions et les cinémas)

    Je ne vais donc pas m'éterniser à parler d'un film aussi décevant parce que ça me rend malade que Tim Burton dégringole ainsi avec un opus aussi misérable ! Bien sûr, il y a une scène hot entre Johnny/Barnabas (on se demandait d'ailleurs si cet acteur était encore sexué !) et Eva/Angélique, le vampire tue pour se nourrir (audacieux non ?), néanmoins rendez-nous Sweeny Todd, Sleepy Hollow, Edward, Charlie ou les Noces Funèbres ! Rendez-nous Tim Burton !
    Quid de Johnny Depp allez-vous me dire ? Peu de choses. Son maquillage, son costume, son allure sont splendides. Mais il n'est plus qu'une créature abandonnée consentante à son créateur. Et ses mimiques indignes du grand acteur qu'il m'avait semblé qu'il était. C'était quand déjà ?

    P.S. : Eva Green est sublime, vénéneuse, cruelle, belle, drôle. Vivement un GRAND rôle !

  • MAMAN de Alexandra Leclère **

    Maman : photo Josiane BalaskoMaman : photo Mathilde SeignerMaman : photo Marina Foïs

    Après s'être fait plaquer par un garçon beaucoup plus jeune qu'elle qui partageait sa vie une mère réapparaît dans la vie de ses deux filles qu'elle n'a pas vues depuis 20 ans. Les retrouvailles sont plus que grinçantes et malgré la bonne volonté des deux filles, la mère se montre déplaisante et agressive et n'a que des mots blessants à leur égard. Sandrine et Alice décident donc de kidnapper leur mère pour l'inciter à réfléchir au mal qu'elle leur a fait et continue de leur faire et la forcer à les aimer.

    Peu de surprises dans ce règlement de comptes sous tension extrême entre deux filles mal aimées et leur mère inconsciente des dégâts produits. Une chose est sûre et se confirme encore ici : TOUT est TOUJOURS la faute des mères. Point. Beaucoup de choses sont dites, dont certaines particulièrement bien senties. Mais on n'échappe pas à la caricature. Alice n'a jamais réussi à avoir d'enfant et s'est faite avorter à de nombreuses reprises par peur de reproduire le comportement maternel. Sandrine par contre a deux enfants mais n'a jamais réussi à "garder" un homme ni même à aimer. Son coeur est sec et dur.

    On a surtout ici l'occasion de voir trois actrices particulièrement bien choisies pour leur propension et leur aptitude à être grognons et irascibles. Les trois font merveille dans ce registre et chacune a à son tour son moment de bravoure explosif mais aussi quelques occasions de faire vibrer l'émotion. Je suis balaskophile sans condition. Marina Foïs joue les petits oiseaux perdus à la perfection et laisse exploser sa rage au moment où l'on s'y attend le moins. Et la bonne surprise vient également de Mathilde Seigner sombre et amère.

    Dommage que la réalisatrice abandonne un peu brusquement ces trois femmes blessées, détruites. Comme s'il suffisait d'imposer un dialogue qui n'a jamais eu lieu pour reconstruire ce que tout ce temps perdu a abîmé.

  • BARBARA de Christian Petzold *

     Barbara : photoBarbara : photo

     Barbara : photo Nina Hoss, Ronald Zehrfeld

    En 1980, parce qu'elle est soupçonnée de vouloir passer à l'Ouest, Barbara médecin-pédiatre dans un hôpital de Berlin est punie et mutée dans une petite clinique de Province. On lui attribue un logement minable où régulièrement elle reçoit la visite de deux agents de la Stasi qui lui font subir fouille au corps et de son appartement. Ils ont raison de la pister, car Barbara prépare son évasion vers le Danemark aidée de son bel amant tout blond de l'Ouest qu'elle rencontre de temps en temps en cachette pour une partie de zimboumtralala comme on n'en connaît pas à l'Est. Barbara aussi se méfie, de tout et de tous. De ses collègues qu'elle tient immédiatement à distance et qui prennent son attitude pour du mépris. Cela tombe bien, l'actrice à la bouche déformée par les injections affiche en permanence un petit air supérieur qui convient parfaitement. Doit-elle se méfier de sa concierge aussi ? Mais surtout d'André ce gentil médecin chef au joli sourire qui la regarde avec convoitise mais dont elle craint qu'il soit un agent double ? Désormais la vie de Barbara n'est faite que d'inquiétudes et de soupçons. Heureusement elle a son métier qu'elle aime et pratique avec beaucoup de dévouement et d'application.

    Au début, j'y ai cru. Barbara fait  passer sa solitude, sa trouille et sa méfiance par delà l'écran. J'avais la pétoche. Ne plus pouvoir sortir, entendre un bruit sans se retourner et paf... la paranoïa gagne le spectateur. Et puis le manque de joie ambiant, la tristesse du logement, le style année 80 de l'Est, tout est nickel chrome et donne envie de s'acheter des cornichons Spreewald. Et brusquement j'ai lâché... Le tournant décisif s'est amorcé lorsque son amant annonce à Barbara qu'à l'Ouest, elle n'aura plus besoin de travailler. Là, je me suis dit "aïe, ça sent le roussi !", Barbara n'est pas du genre à se laisser entretenir par un blondin. Nous apprendrons plus tard qu'elle préfèrera cueillir directement le thym et la farigoule dans son jardin pour faire sa ratatouille. Mais je m'égare... Dès lors donc, tout devient affreusement prévisible.

    Mais ce n'est pas uniquement le fait de prévoir chaque scène avant qu'elle n'arrive qui m'a agacée et c'est peu de le dire. Barbara a un métier auquel elle tient et qu'elle exerce avec plus que de la conscience professionnelle. Et là aussi, ça coince. Fallait-il faire de cette femme une quasi sainte qui se dévoue au-delà du zèle à ses patients ? Oui, Barbara est ce genre de médecin (cherchez l'erreur ?) qui passe des nuits auprès de certains malades (soigneusement choisis), qui prend sur son temps de sommeil pour leur lire des histoires... Le gentil docteur André n'est pas en reste et peut écourter un week-end pour revenir à l'hôpital. D'ailleurs, si on le cherche... on le trouve... où ça ? Chez une patiente mourante. Et ô surprise ! Il s'agit de la femme du méchant pourri de la Stasi qui cherche des poux à Barbara ! Hors donc, les ordures ont une vie et ne sont pas épargnés par les calamités ! Les grosses ficelles apparentes commencent à me faire copieusement soupirer !

    Question réalisation, on se croirait chez le Docteur House (oui, mesdames et messieurs au cours d'un zapping frénétique je suis déjà tombée sur le Docteur Mamour).... Barbara et Dédé, mains dans les poches émettent des diagnostics sur leurs patients en un seul regard. C'est fou ce qu'ils sont forts à l'Est, on dirait des américains ! Fallait-il aussi que ce brave nounours de Dédé tombe instantanément amoureux de Barbara rien qu'en l'apercevant par une fenêtre pour la première fois et à 50 mètres ? Evidemment pour ceux qui aiment les filles qui font la gueule (et elle a de bonnes raisons de faire la gueule, merci, je ne suis pas pro stasi non plus...) c'est pain béni. Edith nous a menti. Elle disait "les filles qui font la gueule, les hommes n'en veulent pas !" Il faut le voir ce pauvre docteur, ramer comme un clampin, se faire mousser (en faisant une analyse de texte savante de ceci, à laquelle je n'ai RIEN compris, sauf que du coup j'ai bien vu que la main gauche était inversée) pour tenter de séduire la belle insaisissable qui ne devient souriante que lorsqu'elle a un "service" à lui demander ! Il fait peine à voir.

    Et pendant ce temps Barbara répare son vélo, se lave les cheveux, planque son magot sous un caillou, le change de place, prend des bains, fait du vélo, joue du Chopin sur son piano (et ça me donne envie de revoir "Voyage au bout de l'enfer"), fait un tour à vélo.. et moi je regarde ma montre et ai depuis belle lurette cessé de trembler pour Barbara !

    Et je me souviens de ce film fascinant, romanesque et vraiment flippant "La vie des autres" de Florian Henkel Von Donnersmark.